Brésil, quelle aventure!

Brésil, cela faisait longtemps que j’y pensais

Je voulais aller au Brésil. Je n’avais pas de contacts et beaucoup d’excuses, manque de temps – manque de moyens (quand on a l’argent, on n’a pas le temps / quand on a le temps, on n’a pas d’argent), peur de l’inconnu… et pendant ce temps-là la forêt disparaît, chaque jour un peu plus…

Mais les forêts et les montagnes m’ont toujours attirée.

Visite d’un jeune français qui revenait du Brésil

Un jour, il a près de cinq ans, mon ami Angel, voit passer un jeune client français, à son local Rincón de Angel. Dans ces cas-là, il m’appelle et me l’envoie.

Il cherchait une matière décorative pour présenter une collier dans une petite boîte. Pendant que nous cherchons la solution, nous bavardons, il me raconte qu’il arrive du Brésil. Alors, je lui dis que j’ai l’intention d’y aller, mais que je ne sais pas où aller. Lui me dit où je dois aller…

Je vais rester volontairement un peu dans le vague, car Rodrigo ne souhaite pas qu’on vienne le visiter comme une attraction touristique… Certains curieux viennent voir Ureba l’urubu, le vautour très joueur et Keko la macaque d’un voisin qui apprécie beaucoup la tranquilité de l’endroit.

Keko, la guenon d'un voisin,visiteuse régulièreUreba, le vautour Urubu du Brésil, au milieu d'un régime de bananes fraîchement cueilli

Donc, le Français m’écrit quelques mots sur mon carnet d’adresses. Dans le genre; “quand tu arrives dans le village, tu vois une pancarte “Autosustentabilidade”, tu descends. Si tu ne trouve pas, demande Rodrigo. Tout le monde le connaît.” et son nom.

Il me précise que Rodrigo ne parle que Portugais (en réalité, il est entrain d’apprendre le Guarani) et n’a pas de portable. Il vit sans argent.

Et je n’en saurai pas plus.

Végétation typique du Brésil
Végétation typique du Brésil

Le voyage au Brésil

Le temps passe, j’avais un peu d’argent de côté et je trouve des promotions très intéressantes pour des vols et beaucoup d’envie de bouger. C’est ainsi que je suis partie au Pérou, fin novembre 2018.

Ce n'est pas encore, le Brésil, cependant le passage de la Cordillère des Andes, ce n'est pas la première fois pour moi, mais c'est toujours très émouvant.
Ce n’est pas encore, le Brésil, cependant le passage de la Cordillère des Andes, ce n’est pas la première fois pour moi, mais c’est toujours très émouvant.

En même temps, j’ai réservé pour mars-avril 2019, un aller-retour Santiago du Chili-Sao Paolo – Brésil, très économique, avec l’idée d’aller voir ce que faisait Rodrigo… Le peu qu’on m’en avait dit semblait très intéressant.

Le Brésil est un pays mythique pour les produits tinctoriaux, il doit même son nom à un bois exotique très recherché pour les teintures, nommé Brésil.

En avant pour l’aventure!

Une aventure linguistique au Brésil

Seulement deux semaines avant le voyage, quand je suis rentrée du Pérou, j’ai démarré les cours de Portugais sur Duolingo… C’était bien maigre.

Je parle couramment espagnol, j’ai aussi étudié un peu de catalan, d’italien et de latin, je lis donc le portugais sans trop de difficultés, mais à l’oral, c’est toujours plus compliqué. Bien que le Portugais semble plus concentré, plus compact.

Attention aux faux amis

Comme c’est souvent le cas avec des langues proches, il faut faire attention aux faux amis, des mots qui sonnent presque pareil, mais qui changent de sens d’une langue à l’autre.

Mes premiers achats au Brésil furent donc des revues et quelques livres pour mieux me familiariser avec la langue.

Je ne me suis pas trop mal débrouillée. Je suis arrivée sans grosses difficultés au but de mon voyage.

Heureusement, chez Rodrigo, il y avait Iafa, qui parlait aussi espagnol, italien et anglais. On voit souvent dans les magasins des affiches qui disent:

“We speak English, wir sprechen Deutsch, on parle français, Hablamos Portuñol pour les touristes Argentins…

Les discussions étaient donc souvent amusantes, Rodrigo a fait beaucoup d’effort pour apprendre le Portugnol.

Les pancartes

L’endroit se caractérise par un grand nombre de pancartes explicatives ou donnant une idée de la philosophie de l’endroit.

El letrero emblemático
El letrero emblemático

Comment les traduire, leur rédaction est compliquée, comment faire qu’elles soient bien interprètées. Ils provoquent parfois des discussions avec les voisins Guaranis…

Ce qui ne te sers pas
Ce qui ne te sers pas

Le résultat d’heures de réflexions est très artistique, humoristique et philosophique.

Elles correspondent a des besoins très concrêts, par exemple, pour le tri des ordures, mais aussi “Entre sem chamar” (littéralement: Entrez sans appeler) due au fait que les visites ont tendance à se multiplier ce qui interrompt toute activité ou pour pousser à réfléchir “o que sobra?”…

Entrez sans appeler
Entrez sans appeler

Un défi personnel

Vu mes difficultés récurrentes dans la vente de mes produits, vivre sans argent ne pouvait qu’attiser ma curiosité…

Le défi de Rodrigo

Vivre et être indépendant, sans argent, il a commencé il y a plus de 6 ans. Et, il pense bien continuer ainsi. Cela fonctionne assez bien, en faisant des ajustements tous les jours. Cela demande beaucoup d’intelligence.

Philosophie au quotidien

Mais aussi philosophie du quotidien, il s’agit pour lui d’arriver à faire comprendre sa position concernant le rejet de l’argent… et de démontrer que sa décision est juste et viable…

On ne peut y coller d’étiquettes. Cela ne correspond pas toujours à ce que l’on pourrait imaginer comme endroit écologique. Rien n’est systématisé. Tout se réfléchi au cas par cas et on prend le temps nécessaire…

Economie de la Réciprocité

Tout peu entrer en échange… Le temps d’écoute, ses connaisssances, les fruits, le prêt d’outils… C’est un point de rencontre pour les voisins…

Les ordures

Il occupe une partie du terrain en échange du nettoyage des ordures, qu’il recycle dans la mesure du possible. Et il a beaucoup d’imagination pour cela. Le résultat de ses efforts (y compris leçons données à ses voisins…) est visible.

Il y a une différence notoire entre le “meuble à ordures” qu’il gère et les bacs à ordures que l’on peut voir dans le voisinage, débordant, sacs volant partout…

“Meuble à ordures” conçu par Rodrigo

Le terrain est maintenant très propre, alors qu’il y a quelques années, il était parsemé d’ordures en tous genres. Maintenant, les voisins sont priés de faire le tri…

Tout ce qui peut être recyclé l’est… Seul le temps ne se recycle pas, d’où l’importance du tri au départ.

Les petits tas

Un jour, suite à une conversation concernant une voisine qui globalement voulait emporter plus que ce qu’elle apportait.

Je racontais à Rodrigo une histoire, malheureusement je ne me rappelle pas où, je l’ai entendue ou lue.

Ils s’agit de vendeuses de marché dans les Andes, certainement en Bolivie ou peut-être au Pérou, des Indigènes qui arrivent au marché avec leur marchandises dans un aguayo, sur leur dos, les présentent en petit tas sur la toile qu’elles étendent à même le sol… s’assoient devant leur étal et commencent à faire du troc, mais sans un mot. Peut-être parlent-elles chacune une langue différente, elles peuvent être simplement un peu taciturnes, fatiguées du voyage… Elles viennent parfois de très loin.

J’imagine très bien la scène par ce que j’ai vu lors de mes voyages au Pérou et en Bolivie. J’aime beaucoup visiter les marchés…

Elles commencent à faire évoluer les tas de marchandises à échanger, ajoutant, petit à petit de quelques bricoles, elles regardent leurs tas de côté, tout d’un coup l’équilibre est atteint, l’échange se produit et elles remballent chacune son nouveau tas, sans un mot.

Nous en avons beaucoup parlé, il y a encore quelques jours, je recevais un message d’une voisine de Rodrigo, ils voulaient plus d’explications… J’ai renvoyé ce résumé accompagné de photos de vendeuses boliviennes tirées d’internet.

Il est rare que je prenne des photos dans les marchés, on risque un peu les vols, mais aussi par respect pour les vendeurs qui ne sont pas des attractions touristiques.

Il faudrait essayer de le représenter en bande dessinée.

L’Agrofloresta – Brésil

Rodrigo pratique la permaculture. Le terrain qu’il cultive n’est que du sable. Mais il est tout de même assez productif.

Caféier au premier plan, entre des palmiers et d'autres arbres qui lui fournisse de l'ombre, Brésil
Caféier au premier plan, entre des palmiers et d’autres arbres qui lui fournisse de l’ombre

Il cultive différentes plantes (cannes à sucre, patates douces, ignames, plantes médicinales variées) entre des arbres de préférence locaux (palmiers, café, cacao, goyaviers, bananiers, mais aussi à bon bois…) qui servent aussi de support à des filets pour des lianes comme les fruits de la passion ou les “caramuelas”.

Gros hyménoptère entrain de polléniser les fleurs de fruits de la passion, Brésil
Gros hyménoptère entrain de polléniser les fleurs de fruits de la passion

L’espace qui est assez restreint est utilisé au maximum. Il prépare aussi des plants, par bouture ou marcottage pour le troc, pour des projets de récupération de forêt, ou simplement pour l’aménagement du terrain. Rodrigo doit donc utiliser au maximum son espace.

Plantes comestibles et médicinales, Brésil
Plantes comestibles et médicinales

Courbes de Niveaux et Spirales

Une des techniques de permaculture que Rodrigo utilise est la construction de courbes de niveaux, pour que les plantes utilisent au mieux la lumière solaire, mais l’ombre, l’accès à l’eau, pour produire un maximum de masse organique et retenir l’eau au maximum.

Spirale d'irrigation en pleine évolution, elle contourne les arbres existants... Brésil
Spirale d’irrigation en pleine évolution, elle contourne les arbres existants…

La production de biomasse est presqu’aussi importante que la production de fruits. Certaines plantes sont cultivées là essentiellement car elles en protègent d’autres. Cette matière organique couvre le sol, ce qui évite l’évaporation de l’eau et en pourrissant elle apporte des minéraux aux plantes.

Un Chemin qui s’étire

Une des initiatives de Rodrigo a été de rallonger, étape par étape, le chemin d’accès à la maison, pour que les visiteurs voient les différentes plantes, mises en valeur, expériences et ne pas avoir autant à réexpliquer à chaque visiteur tout le processus, ce qui est très long.

Rodrigo privilégie l’action à l’explication, son expérience est unique, basée sur des connaissances pratiques glanées un peu partout, mais surtout sur ses propres observations.

Les Guaranis

Dans les environs, il y a une communauté Guaranie, avec laquelle Rodrigo interagit depuis plus de 10 ans.

Ils viennent le visiter un peu tous les jours, viennent pêcher… voir si les fruits mûrissent… ils parlent… Lui essaie d’apprendre leur langue et de comprendre leur manière de voir le monde…

Le rêve de réparer des zones dégradées

Rodrigo est très préoccupé par la destruction de l’environnement, concrètement de la forêt, des arbres locaux sont remplacés par des plantes exotiques invasives telles que le jacquier qui pousse avec une facilité surprenante…

Il connaît certains endroits qu’il voudrait pouvoir rétablir. Sans doute, Rodrigo ne pense pas global, mais il agit local, comme le colibri de la légende…

Pourquoi teindre?

Rodrigo, qui est très minimaliste, m’a tout de suite demandé quel était l’intérêt de teindre. J’avais oublié que j’avais écrit un article sur ce thème, mais mes réponses d’alors ne l’aurait certainement pas convaincu.

Essai d'ecoprint sur une vieille chemise, avec des feuilles de bois de Brésil
Essai d’ecoprint sur une vieille chemise, avec des feuilles de bois de Brésil

Pour le plaisir

J’aurais certainement d’abord dit pour le plaisir, mais Rodrigo attend d’abord des raisons utilitaires.

Ecoprint

Avec Iafa nous avons fait de nombreux essais d’ecoprint sur coton, sur de vieux vêtements qui ont tout de suite changé d’allure. Nous leur avons redonné vie. Un produit de série devient un produit unique avec de jolies empreintes de feuilles…

Pour la solidité des filets

Dominique Cardon mentionne la teinture des filets et des voiles de bateaux en coton pour les rendre plus solides et sans doute moins visibles des poissons, dans le cas des filets.

Les filets sont un sujet qui intéresse Rodrigo, car il est aussi éventuellement pêcheur…

Un ami de Rodrigo qui montre comment réparer les filets... Brésil
Un ami de Rodrigo qui montre comment réparer les filets…

Filets

Cela faisait très longtemps que je voulais apprendre à tisser des filets, car c’est une technique très ancienne.

Filet précolombien, exposé au Musée Amano, Miraflores, Lima Pérou
Filet précolombien, exposé au Musée Amano, Miraflores, Lima Pérou

Rodrigo savait déjà réparer ses filets, mais il était curieux d’en savoir plus. Il s’intéressait particulièrement à des filets circulaires.

Il a donc demandé à ses amis pêcheurs de nous enseigner.

Filet circulaire décoratif fait par un ami pêcheur, Brésil
Filet circulaire décoratif fait par un ami pêcheur

Les amis pêcheurs se sont succédés

Ils sont donc venus, les plus jeunes nous on enseigné à boucher les trous, ce que Rodrigo savait déjà faire.

Outil de base pour tisser des filets de pêche, Brésil
Outil de base pour tisser des filets de pêche

Puis sont en sont venus d’autres qui nous on enseigné à poursuivre le travail, un dernier savait encore commencer depuis zéro.

Ce n’est pas très difficile, il faut être patient et appliqué. J’ai dû m’adapter pour travailler mes fibres habituelles.

Premier essai de tissage de filet en alpaga
Premier essai de tissage de filet en alpaga au Brésil, le dernier jour

Depuis, j’améliore ma technique. J’ai déjà commencé un article à ce sujet.

Métiers à clous et crochet

Essai de gaze style Chancay, laine sur métier à clous, Brésil
Essai de gaze style Chancay, laine sur métier à clous

Comme je travaille avec des métiers à clous, très faciles à construire avec quelques bouts de bois et des pointes, j’ai enseigné à Rodrigo et à Iafa les bases de ce métier. Ils ont aussi appris à filer la laine.

Mais, Rodrigo était surtout curieux d’apprendre à crocheter. Je lui ai donc enseigné la plupart des points de base, en se faisant un sac-filet qui lui sera utile.

A chaque rang, il apprenait un point en partant du plus simple… Il y a pris goût, après le sac, il s’est fait quelques bonnets…

Les suites

L’endroit est en perpétuelle évolution, selon les apports, les résultats, les idées, les besoins qui apparaissent. Le chemin d’accès doit être encore un peu plus long… Les spirales d’irrigation doivent prendre leurs formes (presque définitives)… Je suis curieuse de revenir au Brésil pour voir cela.

Projets de cuisines solaires

Nous avons vu des plans de cuisinières solaires (pour économiser le bois de chauffage) et de déshidratateurs pour sécher des fruits (par exemple, des bananes qui ont la mauvaise idée de mûrir presque toutes en même temps, pour le cacao et le café…).

Un ami et voisin s’est fabriqué un déshydratateur solaire, il l’utilise déjà. C’est pratique pour conserver des produits naturels, vu le climat chaud et humide.

Rodrigo a déjà préparé une zone plus ensoleillé pour ce projet.

Sacs et autres objets en crochet

Il y a quelques jours, j’ai eu le plaisir de recevoir des photos des amis Guaranis de Rodrigo, tous équipés de sacs et de bonnets tricotés par lui…

Enfant Guarani portant un bonnet tricoté par Rodrigo
Enfant Guarani portant un bonnet tricoté par Rodrigo

Conclusion

Ce petit coin du Brésil est un lieu d’échange de savoir informels entre les diverses communautés qui peuplent l’endroit (Guaranis, voisins, autres habitants, pêcheurs, propriétaires d'”hostel”…). Certains viennent seulement attendre le bus pour la ville en conversant, d’autres passent plusieurs heures…

J’espère que ce lieu unique survivra longtemps à la globalisation. Chacun apporte et repart avec au moins un peu de sagesse…

Filets pour la pêche? ou pour s’habiller?

Ancienneté des filets

Des filets, les hommes en ont tissés dès la plus haute antiquité. Au Pérou et au nord du Chili (surtout dans la zone désertique), la sécheresse du climat a permis la conservation de textiles anciens de nombreuses civilisations.

Filets de pêche, Musée d'Anthropologie d'Iquique
Filets de pêche, Musée d’Anthropologie d’Iquique

Hélas, beaucoup de ces premiers filets et autres textiles anciens se sont souvent désintégrés, vu que les matières organiques resistent mal au temps.

Des fibres végétales sont habituellement utilisées pour les filets de pêche. Notamment, le coton développé par les civilisations précolombines, mais aussi d’autres végétaux moins connus, ont été préférés, car ils ne s’étirent pas autant que la laine, ne supporte pas bien les produits acides qui les détériorent rapidement.

Coton, fuseaux, toiles, Musée de Madgalena de Cao
Coton, fuseaux, toiles, Musée de Madgalena de Cao
Filets présentés au Mus´ée du Site El Brujo, Magdalena de Cao, Pérou
Filets présentés au Mus´ée du Site El Brujo, Magdalena de Cao, Pérou

A Monteverde, près de Puerto Montt au Chili, dans un climat très humide, on a retrouvé des restes organiques extraordinaires datant de plus de 15.000 ans, il y avait notamment des restes de cordelettes.

Apparemment, la bonne conservation de ce site est dû à une inondation subite qui l’a recouvert sous une couche importante d’argile qui l’a isolé de l’atmosphère.

Accès youtube à une petite vidéo sur le sujet.

Filets pour la pêche

On tisse des filets pour la pêche, aussi pour faire des sacs, des pochettes, pour le transport.

Panier - filet de pêche tissé, Musée d'Iquique, Nord du Chili
Panier de pêche tissé, Musée d’Iquique, Nord du Chili

Filets vestimentaires

Mais, il semble que la technique a dépassé la réponse à des problèmes utilitaires liés à la pêche et au transport, en passant au vêtement…

Il semblerait que certaines “vénus” du paléolithique porterait des filets sur la tête.

 La Dame de Brassempouy Source: Wikipedia. Il semblerait qu'elle porte un filet
La Dame de Brassempouy Source: Wikipedia. Il semblerait qu’elle porte un filet

Je rêvais de pouvoir tisser des filets

Depuis longtemps, j’avais des schémas pour tisser des filets (notamment dessins d’Harcourt). Cependant, la distance est longue entre un schéma et une pratique.

Heureusement, on tisse encore des filets aujourd’hui, bien que cette pratique a tendance à ce perdre.

Déjà, à Iquique, j’avais pris contact avec des femmes qui tissaient des filets et les reprisaient. Hélas, il n’y a pas eu de suite.

C’était une zone de pêche très importante. On m’a raconté que toute la ville sentait très fort le poisson. Ce n’est plus le cas. Cette ville vit maintenant du tourisme commercial dû à la Zone Franche.

Port d'Iquique, vu depuis les promenades en bateau, qui partent du Muelle Prat
Port d’Iquique, vu depuis les promenades en bateau, qui partent du Muelle Prat

Recherche de techniques anciennes

Je suis toujours à la recherche des solutions de la préhistoire à des problèmes de leur époque. Ces expériences très variées sont souvent très créatives et ont des qualités esthétiques certaines.

Les filets

Les filets, je viens de vous en parler et je vous en parlerai de nouveau, bien sûr.

Filet rebrodé en coton du début du XXème siècle, vu chez Joëlle de l'Atelier de Joëlle, à Loches, Indre et Loire, France
Filet rebrodé en coton du début du XXème siècle, vu chez Joëlle de l’Atelier de Joëlle, à Loches, Indre et Loire, France

Les gazes

Si on tisse encore des filets aujourd’hui, pour des raisons utilitaires, les gazes anciennes n’ont plus d’intérêt qu’esthétique ou pour la restauration de textiles anciens.

Quel dommage, c’est si beau! La culture Chancay, près de Lima, Pérou produisait de vrais merveilles, dont on peut voir de nombreux exemples au Musée Amano et dans les principaux musées de Lima.

Gaze Chancay, Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou
Gaze Chancay, Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou

Cette technique avait une expansion très importante, car j’ai pu voir une de ces gazes au petit, mais très intéressant, musée de Villazón (Ville bolivienne, à la frontière avec l’Argentine). Cette pièce provenait de la tombe d’une jeune princesse. Malheureusement, je n’ai pas pu la photographier.

Détail de gaze Chancay du Musée Amano
Détail de gaze Chancay du Musée Amano

Malheureusement, il semble qu’il ne reste que quelques restaurateurs textiles et spécialistes qui savent encore tisser ces toiles très gourmandes en temps.

Schéma de tissage de filet - gaze
Schéma de tissage de filet – gaze

J’ai fait quelques essais, quand j’étais au Brésil, récemment, j’ai mis 3 jours pour tisser un carré de 20 cm, qui s’est encore réduit quand je l’ai retiré du métier.

Essai de reconstitution de filet - gaze en laine fine, filée main par une femme d'Incahuasi (Pérou)
Essai de reconstitution de filet – gaze en laine fine, filée main par une femme d’Incahuasi (Pérou)

Les techniques de noeuds

Bien sûr, on pratique encore beaucoup le macramé décoratif, utilitaire. J’ai des amis à Iquique qui fabriquent de très beaux colliers.

Cependant, il existe d’autres techniques anciennes de noeuds. Notamment, celle des fameux bonnets à quatre pointes.

Bonnet en coton
Bonnet en coton “anillado” et tresses de cheveux humains, Côte Sud du Pérou (1100-1450 Après JC) Museo del Oro, Lima, Pérou

Sur le site du Museo Chileno de Arte Precolombino, il y avait une video qui montrait toute la tchnique pour réaliser un de ces bonnets.

Tissages à l’aiguille

Il s’agit d’une technique “primitive” que l’on retrouve partout dans le monde, je l’ai vu travaillée par des indigènes Wichi (Argentine) lors du Tinkuy 2014, à Cusco, Pérou.

J’ai appris les bases de cette technique auprès d’indigènes Péruvien d’Iquitos, lors d’une exposition à laquelle ils participaient.

Filets tissés à l'aiguille, fibre proche du sisal, filée au fur et à mesure du tissage, ce qui évite les noeuds
Filets tissés à l’aiguille, fibre proche du sisal, filée au fur et à mesure du tissage, ce qui évite les noeuds

Sprang

Il s’agit d’une autre technique “primitive” internationale, on la retrouve au Pérou, mais aussi chez les Vikings.

Je ne l’ai pas encore pratiquée, mais j’aimerai bien l’essayer.

Photo

Apprendre à tisser les filets au Brésil

Donc, j’ai fini par apprendre la base du tissage de filets. Mon ami a fait venir ses amis pêcheurs qui nous ont enseigné cette technique.

Un pêcheur montre comment réparer des filets de pêche, chez Rodrigo, Brésil
Un pêcheur montre comment réparer des filets de pêche, chez Rodrigo, Brésil

Premiers essais

Mes premiers essais étaient en coton, pour utiliser des fibres peu coûteuses, pour faire de petits morceaux. Le coton est plus visible que le nylon qui est transparent.

Premier essai de filets en coton
Premier essai de filet en coton

Quand je me suis sentie assez à l’aise, j’ai fait un test en grandeur nature avec un fil d’alpaga que j’avais filé à la main.

Les différentes fibres à tester

Depuis mon séjour au Brésil, j’ai fait des tests grandeur nature avec la soie de mon ami Hilaire, de Madagascar.

Début de filet en soie
Début de filet en soie

J’ai aussi essayé avec de laine d’alpaga filée industriellement et filée main.

Début de filet en alpaga filé industriellement
Début de filet en alpaga filé industriellement

Il y a aussi un essai avec deux fils, un alpaga filé industriel et un fil de soie de Madagascar.

Début de filet soie et alpaga
Début de filet soie et alpaga

Et bien sûr, il ne faut pas oublier le coton qui donne de bonnes possibilités et qui s’adapte bien à cette technique.

Combinaisons de filets et autres techniques

Je pense combiner des morceaux de filets avec du tissage classique… Ce seront certainement mes prochains travaux…

J’ai déjà fait un petit test pour une petite pochette pour clé USB, pour mon dossier de demande de VAE.

Petite pochette en laine filée main, métier à clou et application de lanière en filets
Petite pochette en laine filée main, métier à clou et application de lanière en filet

Mes premières productions

Une des premières choses que j’ai faites en revenant du Brésil, fut de tisser un petit filet à commissions, et de montrer comment en faire à Valentina, la femme de mon ami Angel.

Voici les pièces terminées…

Petit filet carré en soie de Madagascar, finitions au crochet
Petit filet carré en soie de Madagascar, finitions au crochet
Un de mes filets en alpaga, filé industriel, de Bolivie, avec augmentations, finitions au crochet
Un de mes filets en alpaga, filé industriel, de Bolivie, avec augmentations, finitions au crochet
Autre filet en alpaga, filé main et filé industriel, couleurs naturelles, sans teinture
Autre filet en alpaga, filé main et filé industriel, couleurs naturelles, sans teinture

Vous souhaitez en savoir plus sur mes travaux?.. Je vous invite à visiter mes présentations…

Citations en vrac, mais de qualité…

Des citations, on en trouve partout, c’est toujours sympathique. Cela doit provoquer des réflexions, cela fait rêver, voyager…

Dans cet article, après mes lectures, mes voyages, je vais partager des citations qui m’ont plu. Elles pourront parfois concerner des domaines beaucoup plus vastes que mon artisanat… C’est que l’artisanat ne peut pas être séparé du reste du monde, il s’en nourrit. Il fait appel des connaissances de chimie, physique, économie, arts, histoire…

Cet article est à visiter régulièrement, car je vais ajouter des citations au fur et à mesure que je les découvre.

Citations sur la nature

“La nature est l’unique livre qui offre quelque chose de valeur à chaque page” Goethe

Citations sur la créativité

“Soyez humain, si vous voulez être original; plus personne ne l’est.” Max Jacob

“Le jardinier est un artisan, obligatoirement, cee qui suppose une dimension artistique, plus ou moins élevée. Son travail comporte une part de créativité, d’interprétation, l’obligation d’une résolution esthétique. Même s’ils ne le savent pas, les jardiniers sont donc aussi des artistes. L’artiste en France, est considéré, par le regard bourgeois, comme celui qui va diverti et amuser, plus que comme celui qui va subvertir et créer.” Gilles Clément, Paysagiste – Des jardins et des hommes

Citations sur l’homme

“Etre humain signifie essentiellement qu’on ne recherche pas la perfection” Georges Orwell

“La biodiversité humaine n’est pas plus reconnue que la biodiversité végétale et elle également en péril. Il semblerait que chacun se sente menacé d’inutilité et pour beaucoup, le sentiment de ne pas être à sa place s’installe durablement, d’une manière à la fois himiliante et décourageante. L’idéal noble de l’égalité pourrait se dévoyer en une confusion générale; l’égalité par la frustration.” Patrick Scheyder, Pianiste – Des jardins et des hommes

Citations sur l’enseignement

“El elogio  – Al enterarse de que sus antiguos pupilos le elogiaban, comentó el señor K.: 
–Cuando los discípulos ya hace tiempo que olvidaron los errores de su maestro, éste aún los recuerda.”
Bertolt Brecht 

“Beaucoup de richesses humaines en lien avec notre nature en sommeil. George Sand, elle-même jardinière, disait: “Apprendre à voir”. Apprendre à voir au-delà de notre éducation, des habitudes qui orientent trop souvent notre perception. Apprendre à voir au-delà des strates sociales qui affectent arbitrairement des rôles. Apprendre à voir au-delà de ce que l’on souhaite voir.” Patrick Scheyder, Pianiste – Des jardins et des hommes

“Apprendre est une expérience, tout le reste est de l’information.” Albert Einstein

“Nous aimons tous gagner, mais combien aiment s’entraîner?” Mark Spitz

“L’expérience est une lumière qui n’éclaire que soi même.” Lao Tseu

“Il l’a fait parce qu’il ne savait pas que c’était impossible.” Mark Twain

“La lumière est bonne, quelle que soit la lampe dont elle provient.” Proverbe chinois

“La grande faute des éducateurs est qu’ils ne se rappellent jamais assez bien qu’ils furent eux-mêmes des enfants.” Jacques de Lacretelle

“L’éducation ne consiste pas à gaver, mais à donner faim.” Michel Tardy

« L’intelligence, c’est ce que l’on utilise quand on ne sait pas ce qu’il faut
faire »
, Jean Piaget.

L’enseignement, quel sujet!

«Si tu donnes un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour.Si tu lui montres à pêcher, tu le nourris pour toujours.» Tagore

“Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut se parfaire sans épreuves.” Proverbe chinois

“Ce que je fais, vous saviez tous le faire” Gilles Servat

” L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit, mais un feu qu’on allume.” Rabelais

” Nous qui osons enseigner nous ne devons cesser d’apprendre.” Proverbe Basque

” Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant.” Pablo Picasso

“On ne peut rien enseigner à autrui. On ne peut que l’aider à le découvrir lui-même.” Galilée

“Si tu veux unir les hommes, forme-les à bâtir ensemble, tu les changeras en Frères.” Saint-Exupéry

‘‘Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé.’’ Albert Einstein

La sagesse

“Rien n’est plus dangereux qu’une idée quand on en a qu’une.” Paul Claudel

“L’expérience, ce n’est pas ce qui vous arrive, mais ce que vous faîtes avec ce qui vous arrive.” Aldous Huxley

” La vie ressemble à un conte. Ce qui importe, ce n’est pas sa longueur, mais sa valeur.” Sénèque

“Se venger d’une offense, c’est se mettre auniveau de son ennemi. La lui pardonner, c’est se mettre au-dessus de lui.” Proverbe Anglais

“Il n’y a que dans le dictionnaire que le mot succès vient avant le mot travail.” Proverbe populaire

“Un esprit, c’est comme un parachute, il ne fonctionne que lorsqu’il est ouvert.” Franck Zappa

“On peut, assez paradoxalement, définir la conscience comme une expérience qui s’amoindrit et s’efface à mesure qu’augmente la maîtrise d’une technique exercée dans des conditions monotones” Arthur Koestler “Le cri d’Archimède”

“Ne pas savoir est mauvais, ne pas demander est encore pire” Proverbe Wolof

Et encore un peu plus de réflexion…

“Le savoir est la seule matière qui s’accroît quand on la partage.” Socrate

“Si nous avons chacun un objet et que nous les échangeons, nous avons chacun un objet. Si nous avons chacun une idée et que nous les échangeons, nousavons chacun deux idées.” Proverbe chinois

“Nul ne peut nous faire sentir inférieur sans notre propre consentement.” Jérome Sordello

“Progresser, c’est se tromper. Je me suis souvent trompé.” W.Churchill

” Il n’y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va.” Senèque

” Dans une dispute avec un imbécile, c’est le sage qui s’en va.” Proverbe Malgache

“N’écoute pas celui qui crie le plus fort, il est comme le tambour, creux à l’intérieur !” Réflexion Soufi

«C’est un défaut de tout croire, c’en est un autre de ne rien croire.» Sénèque

«L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes.» Bertrand Russell

“La nature nous a donné deux oreilles et une langue afin de pouvoir écouter davantage et parler moins.” Zénon d’Elée

‘‘Va boire à la source de la Connaissance et si on te dit que l’eau est saumâtre, juge par toi-même!‘’ Réflexion Soufi

Ecologie

“La planète ne nous a pas été donnée pour la piller.” Joan Chittister

” Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.” Rabelais

“Un degré extraordinaire d’ingéniosité humaine a été mise au service de l’élimination de l’ingéniosité humaine” Barbara Garson

Et le temps

L’artisanat dévore le temps, et il semble aussi que le temps le dévore, il y a donc certainement de quoi citer.

“Espera 
El señor K. estuvo esperando algo todo un día, luego una semana y por fin un mes entero. Al fin se dijo: “Podría haber esperado perfectamente un mes, pero no ese día ni esa semana”. “
Bertolt Brecht

«Quand tu trouves un sage, use le seuil de sa maison.» Proverbe oriental

Et un petit peu de bonheur!

“Le bonheur, cela ne se commande pas”

“J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé.” Voltaire

«C’est toujours dans un domaine qui nous passionne qu’on a le plus de chance de réussir. On y met le meilleur de soi, on est toujours focalisé sur ce qu’on a à faire sans compter ses heures.» Charles Tisseyre

“Nous agissons toujours comme si le confort et le luxe étaient essentiels à notre existence, alors qu’il suffit pour être réellement heureux de trouver quelque chose qui nous intéresse passionnément.” Charles kingley

“Pour être heureux, nous devons apprendre à utiliser les choses et aimer les gens plutôt que d’aimer les choses etd’utiliser les gens.” J. Powell

“Le fou cherche le bonheur à distance, le sage le cultive à ses pieds.” J. Oppenheim

“Sème le bonheur dans le jardin du voisin; tu seras surpris de constater ce que le vent fera produire au tien.” J. St-Gelais

Et voici les inclassables

Enfin, je vais rajouter quelques citations plus difficile à classer…

“Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie.” Jacques Prévert

“Les plus grandes victoires sont celles que l’on remporte sur soi-même.” Alexandre le Grand

“Qué dificil ser pobre, mejor vale ser rico” “Comme il est difficile d’être pauvre, mieux vaut être riche” une vieille femme, en allant à un marché à Guanaquero, près de La Serena (Chili)

“Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui”, Mallarmé, cité par Bernard Stiegler dans une de ses passionnantes conférences

“Si vous ne faites pas partie de la solution, vous faites partie du problème!” François Gamonnet

Et encore quelques inclassables…

“Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.” Bertolt Brecht

“Vivre ses rêves ou rêver sa vie?”
“Pour faire quelque chose, ou tu trouves un moyen, ou tu trouves des excuses.” Emmanuel Pinda

“Développe en toi l’indépendance à tout moment, avec bienveillance, simplicité et modestie.” Marc Aurèle

“L’erreur consiste à croire que quelqu’un d’intelligent n’est pas capable d’être bête.” Emmanuel Berl

“La bêtise est infiniment plus fascinante que l’intelligence… L’intelligence a des limites, la bêtise n’en a pas!” Claude Chabrol

“On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux.” Antoine de Saint-Exupéry

“Les hommes perdent la santé pour gagner de l’argent et après, dépensent cet argent pour récupérer la santé. À penser trop anxieusement au futur, ils en oublient le présent, à tel point qu’ils finissent par ne vivre ni au présent ni au futur. Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu.” Un vieux sage russe

“Les fonctionnaires sont comme les livres dans une bibliothèque. Les plus hauts placés sont ceux qui servent le moins.” Georges Clemenceau

“Tout le monde savait que c’était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait.” Marcel Pagnol

«Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.» Albert Einstein

“Seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin” Proverbe africain

“C’est en marchand qu’on fait son chemin.” “Se hace el camino al andar” Antonio Machado

“Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d’une vie plus heureuse.” Pythagore

Conclusion

En cherchant ces quelques citations, j’ai pris un grand plaisir, elles me seront toujours utiles.

Si vous avez des citations à partager, je les accepterai volontiers… Je les attends en commentaires. Merci d’avance.

Voyage au Pérou tant attendu

Petite mise à jour le 22/09/2019

Passionnée de textiles anciens, depuis longtemps, je rêvais de visiter les sites archéologiques du Pérou… riches en textiles anciens remarquables. Chaque civilisation avait ses techniques, toutes très surprenantes…

De décembre 2018 à la mi-février 2019, j’ai fait tout un périple au Pérou, mais il faudra que j’y retourne… Je n’ai pas encore tout vu. Alors, le temps m’a manqué… Il y a tant de choses à voir.

Principales étapes au Pérou

Mon voyage a été très passionnant. Il a donc duré beaucoup plus que prévu. Je suis arrivée de Santiago du Chili à Lima, grâce à un billet d’avion très économique.

Lima, capitale du Pérou

Et j’ai continué mon parcours en bus, après 15 jours de visite de musées à Lima, rencontres dans un fablab, bibliothèques, librairie, visites de marchés locaux, d’artisanat, mais aussi de produits pour artisans (laines, cuirs, revues, fuseaux, métiers à tisser et autres outils…). Le temps est passé très vite. Je vous en parlerai prochainement dans un autre article.

Dès le premier jour, ce voyage a été positif. Il y avait une foire-exposition d’artisanat de la zone amazonienne du Pérou. J’ai pu apprendre une technique de tissage à l’aiguille très ancienne que pratiquent encore des indigènes près d’Iquitos, en échange de la création et impression de cartes de visites… Ils filent leur fibre (semblable a du sisal) petit à petit au fur et mesure qu’ils tissent, les bouts sont donc unis sans noeuds.

Les musées

Il sont très nombreux, je n’ai pas réussi à les visiter tous. Les gens ne les connaissent pas forcément, et vous envoie dans une direction erronée. C’est ainsi que je suis arrivé au Musée MALI (qui était très intéressant) en en cherchant un autre.

Certains musées sont si intéressants qu’ils méritaient plusieurs visites. Par exemple, j’ai fait plusieurs passages au Musée Amano et au Musée Larco. Je dois insister sur le fait que bien que je ne sois pas archéologue ni anthropologue, mais mes questions ont toujours été écoutées avec attention, ce qui malheureusement, rarement le cas au Chili.

Dans la plupart des musées, on peut prendre des photos, comme celle que j’ai mise en entête. Ces photos me sont très utiles pour mes recherches sur les techniques anciennes de tissages qui étaient souvent très complexes.

Musée d'Anthropologie de Lima, Pérou
Musée d’Anthropologie de Lima, Pérou

Comme je m’intéresse tout spécialement aux textiles, je ne parlerai pas de la céramique, de l’orfèvrerie et de l’architecture, mais il y a beaucoup à voir dans ces domaines où les civilisations anciennes excellaient aussi.

Les livres

Des livres, on en trouve dans la plupart des musées. Il y a aussi de très bonnes librairie dans la vieille ville et à Miraflores. J’ai donc pu aussi acheter de nombreux livres qui me seront très utiles, j’ai aussi rencontré des archéologues et des artisans…

De plus, il y a aussi des bibliothèques où l’on peut consulter, faire photocopier ou photographier des livres.

Suite du voyage

J’ai décidé de remonter vers le Nord en suivant la côte et de revenir vers le Sud par la Cordillière. En réalité, ce n’est pas aussi facile que l’on pourrait le penser. Les zones de cordillières ne sont pas toujours très bien connectées. L’idéal serait en fait de voyager en zigzag.

Heureusement, les Offices de Tourisme péruviens donnent toujours de très bonnes informations, n’hésitent pas à appeler leur collègues des autres villes… Ils m’ont souvent aidé (toujours gratuitement) à organiser les visites locales et les trajets avec beaucoup de précisions.

Trujillo, seconde ville du Pérou

Après ces 15 jours à Lima, j’ai donc pris un bus pour Chancay, où une civilisation préinca (800-1300 Après JC) créait des gazes d’une finesse remarquable. Ce musée est intéressant, mais un peu décevant du point de vue textile, les plus belles gazes Chancay sont certainement au Musée Amano, à Lima et hors du Pérou, au Museo de Arte Precolombino de Santiago de Chile, aux Etats-Unis, en Europe…

Détail de gaze Chancay (entre 800 et 1300 après JC) des tiroirs du Musée Amano - Miraflores - Lima - Pérou
Détail de gaze Chancay (entre 800 et 1300 après JC) des tiroirs du Musée Amano – Miraflores – Lima – Pérou

A Chancay, il y a un “château” très kitsch datant des années 1920, c’est plutôt un parc d’attraction, que je ne vous le recommanderai pas.

En soirée, j’ai donc pris un bus pour Trujillo, mon étape suivante, où je suis arrivée le matin de bonne heure. J’y suis resté une semaine. Il y a beaucoup de sites à visiter dans cette zone.

Je me suis logée près du marché, le quartier est moins cher, les marchés sont très souvent très intéressants à visiter, on peut y manger bien pour pas trop cher. On y découvre aussi de l’artisanat et des produits pour artisans, des plantes médicinales et toutes sortes de produits traditionnels (une grande variété pommes de terre, mais aussi de farines – blé, riz, maïs, bien sûr, mais aussi banane, tamarugo, yuca, mandioca… il y en avait tellement que j’en oublie).

Comme à Trujillo, on travaille beaucoup le cuir, on peut y trouver des peaux de toutes sorte. Cela fait envie d’apprendre à fabriquer des chaussures… Un projet de plus pour mes prochains voyages…

Mural des Mythes, Huaca de la Luna, Pérou
Mural des Mythes, Huaca de la Luna, Pérou

Chan Chan, la Huaca de la Luna et les autres sites archéologiques de la zone de Trujillo sont vraiment impressionants. Il y a aussi un musée dans la vieille ville où j’ai pu consulter des livres. Dommage que le Musée de Chan Chan était fermé pour réhabilitation.

Chan Chan, près de Trujillo, Pérou
Chan Chan, près de Trujillo, Pérou

Chiclayo

Puis, je suis partie pour Madgalena de Cao pour voir la Dame de Cao, elle a été enterrée avec tous les symbôles du pouvoir, mais aussi ses fuseaux (extrêmement fins et de près de 40 cm de longueur).

Dans ce musée, j’ai rencontré une famille de Trujillo, c’étaient des professeurs d’histoire…

Le lendemain, j’ai pris la route de Chiclayo, où je suis restée aussi une semaine.

Tombes des chefs de Cao, Pérou
Tombes des chefs de Cao, Pérou

J’ai visité de nombreux sites emblématiques tels que Lambayeque, Monsefu, el Bosque de Pomac (forêt tropicale sèche, avec des arbres millénaires et bien sûr des pyramides), Morrope, Ciudad Eten (travail de la paille macora, chapeaux…), Ferreñafe, Tucume, Tumbas Reales de Sipan… J’en parlerai aussi dans un prochain article.

Echantillons de cotons natifs, encore avec leurs graines, production de la Señora Rosita de Morrrope, Pérou
Echantillons de cotons natifs, encore avec leurs graines, production de la Señora Rosita de Morrrope, Pérou

J’avais enquêté sur le coton natif, et je me suis mise à la recherche d’une artisane de Morrope qui en cultive de diverses couleurs (ces espèces de ont bien failli disparaître), c’est surprenant la variété de couleurs, partant du blanc pur allant au chocolat, il y aussi un vert clair et paraît-il un bleu clair. Elle le file au fuseau, puis le tisse au métier de ceinture. Sur celien vous pouvez trouver une petite brochure sur ce coton.

Incahuasi

Une archéologue, spécialiste des textiles, m’avait aussi parlé d’Incahuasi, dans la Sierra de Chiclayo… Elle m’avait dit que c’était un peu loin. J’ai été curieuse de connaître. Et bien m’en a pris. A Ferreñafe, je suis monté dans un fourgon en partance pour Incahuasi. La route est cahoteuse, mais le paysage est très beau. Dans ce petit village, presque tous les habitants sont habillés avec leur costume traditionnel et parlent quechua, les femmes filent la laine de leurs moutons en marchant… J’y ai passé le nouvel an. J’y consacrerait certainement un article prochainement.

Femme d'Incahuasi, Pérou, filant la laine
Femme d’Incahuasi, Pérou, filant la laine

L’artisanat traditionnel de ces femmes est de très bonne qualité et mériterait d’être mieux diffusé.

Cajamarca

Enfin, je me suis enfin décidée pour partir vers le sud. Bien sûr, j’étais invitée avec beaucoup d’insistance en Equateur par de bons amis équatoriens. Mais j’étais un peu inquiète par l’hiver altiplanique, et j’avais réservé mon billet d’avion pour le Brésil début mars. Je suis donc repartie vers la cordillère, à Cajamarca, pour une semaine. Là aussi, je me suis logée près du marché.

Là, près d’un marché, j’ai vu une femme qui filait de laine très fine en utilisant un gros fil de fer comme fuseau. Cajamarca est supposée être une ville à laine, mais en réalité, il faut s’éloigner de la ville pour en trouver.

J’ai rencontré des artisans. En particulier, j’ai connu Segundo (tisserand sur métier à pédales et formateur en teintures) et sa femme. Avec eux nous avons fait des tests d’ecoprint.

Tests d'ecoprint, Segundo tient une feuille de schinus molle, arbre très courant à Cajamarca, qui teint joliment en jaune
Tests d’ecoprint, Segundo tient une feuille de schinus molle, arbre très courant à Cajamarca, qui teint joliment en jaune

Visites touristiques

J’ai visité plusieurs sites précolombien, dont un canal surprenant qui date de 800 Avant JC qui unit deux rivières (l’une allant vers l’Atlantique, l’autre vers le Pacifique – 9 km de longueur, une merveille d’ingénierie), Kuntur Wasi (datant aussi de 800 Avant JC)…

Canal préinca, près de Cajamarca, Pérou
Canal préinca, près de Cajamarca, Pérou

Visite de la Granja Porcón, coopérative agricole qui ne manque pas d’intérêt. Ils ont organisé un zoo avec un élevage de cerfs gris du Pérou qui était pratiquement en voie de disparition. C’était le gibier préféré des grands chefs de la plupart des grandes civilisations précolombiennes du Pérou. Mais ils vivent surtout de la monoculture de 3 espèces de pins sur près de 10.000 ha. L’autre activité importante de cette communauté est l’élevage bovin laitier, dont on trouve les produits dans tout le Pérou.

Comme j’en avais le temps, je suis allée profiter des eaux thermales de Baño del Inca, vraiment très agréables. Cet endroit s’appelle ainsi car la ville de Cajamarca est connu pour être l’endroit où les colons espagnols ont fait prisonnier l’Inca Atahualpa qui était venu s’y reposer à la suite d’une bataille avec son frère Huascar.

Kuelap

Evidemment, je n’ai pas résisté à l’idée de connaître la légendaire Kuelap et je suis donc partie pour Chachapoyas en passant par Celendín. A partir de Celendin, la route était une piste en lacet plutôt dangereuse, mais je ne le regrette pas. Les paysages étaient très intéressants, la végétation évoluant peu à peu avec l’altitude et l’exposition au soleil… Avec un changement brutal, quand on arrive du côté amazonien du Pérou. Tout d’un coup, tout devient vert, avec même des fougères arborescentes… La vallée de Leymebamba m’a beaucoup plu.

Habitations de la forteresse préinca de Kuelap à plus de 4000 d'altitude, Chachapoyas, Pérou
Habitations de la forteresse préinca de Kuelap à plus de 4000 d’altitude, Chachapoyas, Pérou

En quelques jours, j’ai visité l’impressionante forteresse préinca de Kuelap accessible par téléphérique, les musées de Chachapoyas et Leymebamba… Je ne regrette pas le détour.

Récemment, je viens de voir un reportage sur Arte sur Kuelap très intéressant.

Puis j’ai continué en fourgon vers le sud du coté amazonien par Moyobamba, Tarapoto, Juanjuy, Tocache, Tingo María (zone de production de cacao, café et huile de palme) en direction de Huanuco. En passant la cordillère de nouveau peu avant Huanuco, nous sommes passés par un tunnel, le contraste entre la zone Est verdoyante et la sortie du tunnel à l’Ouest quasi désertique est vraiment surprenante.

Chavin de Huantar

A partir de Huanuco, le but était d’aller connaître Chavin de Huantar, autre civilisation datant de 800 Av. JC.

En réalité, cela a été plus compliqué que prévu, il n’y avait pas de bus direct… Ni même de fourgon, j’ai dû prendre une voiture en attendant de 8 heures du matin, jusqu’à 11 heures, que toutes les places soit occupées, pour partir jusqu’à La Union. Et de La Union jusqu’à Catac, j’ai dû prendre une autre voiture. Les distances ne sont pas très grandes, mais les pistes sont très mauvaises. L’hiver altiplanique, saison des pluies (de janvier à mars) commençait avec retard et avec beaucoup de violence, il y avait eu des éboulements, des huaycos, déjà quand j’étais de l’autre côté de la Cordillière.

Succession de
Succession de “têtes-clous” montrant la transformation du shaman, elles étaient disposées tout autour de la pyramide, il en reste une en place

C’est une zone de très haute altitude. Les paysages sont fantastiques. Plein de lacs… J’ai donc dormi à Catac. Le lendemain, je suis allée à Chavin de Huantar. Il y a un Musée et une pyramide avec des canaux mystérieux (qui ont une acoustique particulière), ils ont détourné une rivière, tout cela dans une zone très sismique. La pyramide a été enfouie sous des décombres, mais ne s’est pas écroulée. Ce site date de 800 Avant JC, cette culture a rayonné sur grande partie du Pérou.

Huaraz

De Catac, je suis repartie pour Huaraz où j’ai passé deux jours. Il y a aussi des bains thermaux, bien agréables, des musées, des sites archéologiques et des marchés… Je suis aussi allée au Carhuaz, voir un site archéologique, Tumshukaiko, dommage que le musée était fermé (c’était dimanche).

Mais, sur ce site archéologique, déblayé par les habitants du village, une curieuse structure ronde en spirale, sur une colline, poussaient des figuiers de Barbarie, certains étaient infectés de cochenilles. C’était la première fois que je voyais de près des cochenilles sauvages… On aurait dit des tiques couverts d’une poudre blanche. J’ai pris beaucoup de photos, je pourrait ainsi mettre à jour mon article sur la cochenille.

Feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près Carhuaz, Pérou
Feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près Carhuaz, Pérou

Avant de revenir à Huaraz, j’ai visité encore une petite ferme zoologique, un projet municipal en peu abandonné, mais bien agréable.

Lima, à nouveau

De Huaraz, je suis retournée à Lima, je suis revenue au Musée Amano et au FabLab Esan. J’ai récupéré mes valises que j’avais laissées en consigne.

J’ai cherché une fabrique de laines et je l’ai trouvée, c’est un contact intéressant de plus.

Nouveau départ vers le Sud, avec tous mes bagages, très lourds, beaucoup de livres, un peu de laine, du cuir pour faire des semelles, des moules pour faire des chaussures en feutre…

Ica

Je voulais passer par Huancayo et Huancavélica, mais c’était trop compliqué et le temps passait, d’autant que ces villes sont en cordillière, cela m’aurait beaucoup retardé.

Alors, j’ai décidé d’aller directement à Ica pour voir les textiles Paracas. Il y en a au Musée d’Ica. On ne pouvait malheureusement pas prendre de photos, pour des raisons de sécurité, à cause d’un vol.

Miniature Paracas, exposée au Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou
Miniature Paracas, exposée au Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou

A Paracas même, je n’y suis pas allée, l’ancien musée est fermé, suite à un tremblement de terre, les pièces textiles ont été ramenées au Musée d’Ica, les sites archéologiques ne se visitent pas.

Cette nuit-là, il y a eu une secousse sismique, degré 5 sur l’échelle de Richter, mais cela est courant.

Arequipa

A Arequipa, comme d’habitude, j’ai visité des musées, des marchés, j’ai aussi rencontré un archéologue que j’avais connu lors d’un précédent voyage à Moquegua.

Il m’a aidé à chercher de la cochenille et m’a proposé de garder mes valises pour que je sois plus libre de mes mouvements dans la suite du voyage. Ce que j’ai accepté avec plaisir. Je lui suis très reconnaissante pour toute son aide.

Enfin, nous avons aussi visité une fabrique de laine, très connue pour sa qualité.

Poste de sélection des laines d'alpaga, selon les 24 couleurs naturelles et leur qualité, Fabrique de laine, Arequipa, Pérou
Poste de sélection des laines d’alpaga, selon les 24 couleurs naturelles et leur qualité, Fabrique de laine, Arequipa, Pérou

Moquegua

Passage à Moquegua pour chercher de la cochenille. Visite du marché. Le Musée, je l’avais déjà visité. J’y reviendrai au retour de Bolivie.

Cela a été laborieux, il faisait chaud, j’étais arrivée à 4 heures du matin et n’avait presque pas dormi. De la cochenille, il n’y en a plus autant qu’avant, maintenant ils exportent les figues de Barbarie, ce qui implique l’élimination de la cochenille qui est un parasite qui donne un goût amer au fruit.

Alors, je continue mon voyage vers la Bolivie, direction El Desaguadero.

El Desaguadero, Pérou et Bolivie unis par une foire

El Desaguadero est un endroit qui vaut la peine d’être vu, je connaissais déjà, car j’y étais passé lors d’un voyage en Bolivie avec mes amis équatoriens Ivan et Narcisa. C’est la pointe sud du Lac Titicaca. Le village est séparé par un petit pont entre le Pérou et la Bolivie. On passe quand même par la douane, cela vaut mieux. Les jours de foire, il y a des allées et venues dans tous les sens.

Agents de change, jour de foire, en attendant de passer à la douane, El Desaguadero, Pérou
Agents de change, jour de foire, en attendant de passer à la douane, El Desaguadero, Pérou

A mon avis, il faut y aller les jours de foire, c’est-à-dire les mardi et vendredi, les autres jours, c’est mort. Certaines boutiques n’ouvrent que les jours de foire. Il faut arriver de bonne heure, bien qu’il fasse encore nuit, tous les stands sont déjà installés, il y a déjà des acheteurs. Il y a de tout… On peut y manger et très bien pour pas cher.

Et c’est le passage vers la Bolivie.

Bolivie

Une fois passé le pont, le marché continue, mais il faut chercher le fourgon pour aller à La Paz qui est à 80 km.

El Alto

Il est recommandé de faire un peu attention quand on choisit le fourgon. Mais je n’ai pas eu de problèmes.

En fait, j’allais à El Alto, c’est la banlieue haute de La Paz. J’allais tout spécialement dans le quartier 16 de Julio, très facile d’accès, à partir du “périphérique” local, La Ceja ou depuis la ville de La Paz en contrebas, depuis quelques années en téléphérique (ligne rouge et ligne bleue). Il y a une foire immense les jeudi et les dimanche. Cela occupe des dizaines de rues, chaque rue a sa spécialité. Certaines vendent de l’habillement, d’autres de la laine, d’autres des meubles, de la peinture…

Je suis arrivée un vendredi, je cherchais un monsieur qui fabrique des métiers à tisser et d’autres machines textiles. J’ai bien trouvé sa boutique, mais là aussi tout était fermé.

La solution a donc été d’acheter une puce bolivienne pour le téléphone et j’ai réussi à prendre contact avec lui, il m’a invité à visiter son atelier. Cela a été très intéressant. J’ai vu un hangar rempli de toutes sortes de machines à filer, à carder, à retordre la laine, à tisser… Le dimanche matin, je suis restée pour la foire et je suis aussi allée à sa boutique. Je reviendrai certainement le voir.

J’ai aussi réussi à prendre contact avec le patron d’une fabrique de laine, puis je suis allée visiter sa boutique à La Paz, en téléphérique.

Le dimanche à la foire, j’ai pu trouver de la laine d’alpaga brute de tonte, j’en ai acheté deux tons de gris très beau et du noir, les couleurs qui me manquaient…

La Paz

Je n’y ai passé que très peu de temps, pour aller voir cette boutique, acheter des aguayos et des toiles de laine pour teindre.

La Paz, Bolivie, vue depuis le téléphérique qui descend de El Alto
La Paz, Bolivie, vue depuis le téléphérique qui descend de El Alto

La vue depuis le téléphérique est vraiment impressionante, c’est mieux que les fourgons, il y a dix ans avec mes amis équatoriens, le fourgon s’était retourné et nous avons volé par la fenêtre arrière tous les trois, nous avons passés une semaine à l’hôpital, très bien traités… Je garde de très bons souvenirs, notamment des musiciens invisibles qui s’entrainaient pour une fête religieuse. Ily avait deux groupes, quand la mélodie d’un groupe s’affaiblissait, celle de l’autre groupe se renforçait.

Dommage que je n’aie pas pu rester plus longtemps en Bolivie. Encore une fois, je suis passé devant Tiwanaku sans rien voir de ce site prestigieux. Il faut absolument que je revienne.

Retour au Pérou

El Desaguadero

Enfin, j’ai donc pris le chemin du retour pour le Pérou, en passant par El Desaguadero de nouveau. Cette fois-ci, pas de foire, cétait vide. Une longue queue à la douane péruvienne, le système informatique était en panne.

En tirant mes bagages, j’ai attrapé dès que j’ai pu le bus pour Puno, toujours sur la rive Ouest du Lac Titicaca, après avoir fait trois fois de suite la queue avec mes bagages à la traine.

Puno – Juliaca

Après tout cela, je suis arrivée la nuit tombée, par chance, j’ai vite trouvé où me loger à un prix abordable et près du Terminal de Bus (c’est important quand on est trop chargé). J’y ai passé trois jours. Les gens de l’Hostal m’ont beaucoup aidé.

Là, je cherchais un fabricant de laine, des teintures pour mon ami de Puerto Montt et un métier à tisser de ceinture, que je n’avais pas encore trouvé lors de mon périple.

J’ai encore visité un musée, plusieurs marchés…

Quelle surprise! Des Péruviennes qui nous vendent de l’artisanat chez Rincón de Angel m’ont reconnue et m’ont appelée. Elles vendaient des billets pour aller voir l’île des Uros. J’y suis donc allée. C’est très touristique, mais il est intéressant de voir comment sont confectionnées ces îles flottantes…

Iles de joncs des Uros, Lac Titicaca, Pérou
Iles de joncs des Uros, Lac Titicaca, Pérou

Juliaca

Bien que l’on m’aie prévenue de faire bien attention, je suis allée à Juliaca, à la recherche du fabricant de laine. J’ai fini par le trouver chez son fils qui est dentiste. En passant, j’ai aussi rencontré des gens qui vendent des machines textiles… Et, dans un marché surprenant sur d’anciens rails, j’ai fini par trouver un métier à ceinture, beaucoup plus grand que ce que je cherchais (trop grand pour rentrer dans ma valise) et des fuseaux… Tout cela sans le moindre problème.

Passage de retour à Moquegua

Retour à Moquegua, pour chercher la cochenille que j’avais réservée.

De là, je voulais en expédier en France, cela n’a pas été possible, bien que l’on m’ait donné tous les tarifs à la Poste. Cette déconvenue m’a bien compliqué les choses par la suite…

Trajet vers Arequipa sous une pluie diluvienne.

Retour rapide à Arequipa

De nouveau, Arequipa, comme prévu, pour récupérer mes bagages, dernières visites de musées, nouvelles recherche de cochenille, introuvable… Achat d’un sac de voyage supplémentaire pour mieux répartir les bagages, la valise pleine de livres avait déjà perdu une roue…

La pluie diluvienne continue, en passant par Moquegua, jusqu’à Tacna.

Tacna, sortie du Pérou

Tacna sous une pluie torrentielle digne de Puerto Montt, une ville du désert complètement inondée, plusieurs huaycos ont détruit des habitations, sites archéologiques et bains thermaux fermés.

Derniers jours au Pérou,

Retour au Chili

Les pluies inhabituelles ont provoqués nombreux drames autant au Pérou qu’au Nord du Chili.

L’accès à Iquique était bloqué. Tous les bus étaient suspendu vers le Nord, au Pérou et vers le Sud, au Chili.

Il a donc fallu attendre la réouverture des routes. J’en ai profité pour faire plusieurs aller-retour entre Tacna et Arica. J’avais 7 bagages, en comptant mon métier à tisser. J’en laissait chaque fois à la consigne du terminal de bus d’Arica.

J’ai eu des difficultés avec le SAG chilien, qui voulait récupérer ma cochenille. Ils ne connaissaient pas leurs propres réglementations. Mais certainement, ils savaient le coût de ce produit et la rareté). Quelle honte! J’ai de quoi écrire un roman complet sur ce service qui prétend nous défendre en faisant entrer toutes sortes de produits toxiques. Fini le respect, bonjour la discrimination.

Arica

Je retournais chaque fois dormir à Tacna, c’est plus économique. J’en profitais pour préparer mes laines d’alpaga pour qu’elles passent mieux la frontière, de toute manière cette préparation doit être faite pour la filer.

Enfin, la route a été réouverte pour Iquique, dernier passage à la douane, le SAG a décidé de s’approprié un reste de miel, des gouttes à la propolis avec lesquelles je me soignais et quelques autres bricoles qui leur ont plu. J’ai dû faire du stop en plein désert pour arriver à Arica avec mes bagages, juste à temps pour prendre le bus…

Iquique

J’étais contente de revenir à Iquique, ville où j’ai vécu plus de deux ans. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de retourner à Mamiña. J’ai retrouvé des amis artisans, certains manquaient. Cette ville en plein désert a elle aussi été inondée… J’ai dormi chez une amie, Señora Carmen, qui a un “Hostal“, nommé “Isla Maillen”, nom d’une île en face d’Angelmó, où elle est née.

Cette amie travaille aussi la laine, on a donc toujours beaucoup de choses à nous raconter.

Cette fois-ci, j’ai été un peu déçu par cette ville que j’amais beaucoup et qui a perdu certains de ses attraits.

Santiago

On m’attendait, à Puerto Montt, passage obligé par Santiago, chez la soeur de mon ami Angel, pour différents achats pour la boutique.

Achat d’une valise supplémentaire, pour pouvoir ramener les encres pour teindre et autres produits pour la boutique de mon ami Angel.

Mes bagages en partant de Santiago, il manque le métier à tisser qui a bien failli ne pas partir avec moi
Mes bagages en partant de Santiago, il manque le métier à tisser qui a bien failli ne pas partir avec moi

Dernière nuit de voyage pour arriver vers 9 heures du matin à Puerto Montt.

Puerto Montt

Retour au train-train habituel. Teindre le plus possible de laine à feutre avant mon départ pour le Brésil.

Montrer les nouveautés que je ramenais…

Et me préparer pour la prochaine aventure…

Lors de ce voyage, j’ai fait de nombreuses expériences qui me seront utiles lors de mon tour du monde. J’ai eu des échanges techniques très intéressants, j’ai beaucoup appris.

La prochaine fois, j’essaierai de voyager avec moins de bagages car les consignes à Arica et à Iquique m’ont coûté cher. Je tenterai aussi de dépenser moins en logement, ce qui est sans doute difficile pas impossible, en se préparant mieux.

Cependant, c’était un peu un essai, en modèle réduit, de mon projet de tour du monde, le plus gros problème est que je n’ai pas généré de recettes, alors que je dépensais tous les jours.

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