/// Savon – la base /// —- En cours de rédaction permanente —
Nouvel article du 08 Juillet 2020
Prochain article sur les AMAP ou peut-être sur les Ronces, la Filature ou bien encore les Purins, j’attends vos réactions, pour le moment j’accumule les informations…
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre et peut-être même plus.
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Le savon, tout le monde en utilise, mais je n’aime pas les additifs, surfactants, arômes artificiels… et autres suppléments douteux… Leur apport n’est certainement pas indispensable… Cet article est donc le premier de ma série « Trucs et astuces« .
Premier expérience avec le savon
J’avais une petite imprimerie artisanale. Je faisais déjà des bougies, avec mes propres moules. J’avais envie de tester ces moules avec d’autres matières. Le savon, pourquoi pas… J’avais acheté un peu de base de savon.
Dans ce local, je n’avais pas de cuisinière. Je me cuisinais tout au micro-ondes. Mais le savon ne pouvais pas passer au micro-ondes.
Alors, j’avais une petite plaque chauffante électrique que j’utilisais déjà pour les bougies… et deux casseroles pour le bain-marie, comme pour les bougies…
À cette occasion, j’avais mélangé du miel, des flocons d’avoine et diverses épices à ma base. Je faisais chauffer tranquillement mon mélange, le soir, après les horaires d’ouverture… et soudain, la casserole s’enflamme.
Il y avait du papier partout… même des lampes imprimées sur du carton pendaient du plafonds.
Je savais que je ne devais pas utiliser d’eau dans ce genre de feu. J’ai donc attrapé une peau de cuir souple que j’avais achetée peu avant pour faire d’autres types d’artisanat. Je l’ai jetée sur les flammes. Elles se sont éteintes tout de suite.
Curieusement, ce cuir n’a pas brûlé et n’était presque pas tâché.
Heureusement, sinon je ne serais pas là pour vous en parler.
Enfin, mes savons étaient bien parfumés, mais avaient une allure d’excréments. Même, un de mes clients m’a dit qu’il avait envie d’y goûter…
Base de savon expérimentale
Ici, je vais vous présenter la première étape, la préparation de la base que beaucoup de producteurs de savon artisanal ne pratique généralement pas. Ils travaillent le plus souvent à partir d’une base type savon de Marseille produite industriellement.
Avec l’équipe de wwoofers, présente à Biolab Maraîchage, constituée de Anna, Paul, Jason et moi, nous avons décidé de faire cette expérience et de la partager avec vous.
Pas de savon sans aide
Oui, il y a beaucoup de recettes de savon sur internet, mais elles se contredisent parfois. J’ai donc appelé une bonne amie à l’aide.
Donc, nous avons bénéficié d’une aide précieuse à distance, celle de mon amie Lucia de Rancagua, Chili. Elle est apicultrice, elle distille ses propres huiles essentielles pour soigner ses abeilles et agrémenter ses savons et autres cosmétiques à base des produits de ses rûches.
- Miel
- Cire
- Propolis
- Polen
Voilà, son dernier produit qui est d’actualité, il peut aider à lutter contre le COVID19.
Alors, elle nous a très gentiment guidés via Whatsapp…
Certainement, je ferai un petit article sur Lucie et ses rûches prochainement. En attendant, je vous invite à visiter ce lien.
Pourquoi faire son savon?
- Cela permet de recycler des graisses et éventuellement des cendres, si vous en avez.
- Au moins, là, on sait ce qu’il y a dedans.
- On peut leur donner la forme que l’on veut et les parfumer selon ses désirs.
- C’est amusant et utile.
- Et bien sûr, c’est moins polluant.
Par ailleurs, il est toujours bon de savoir comment les choses sont faites. Rien n’est mieux que d’essayer par soi-même. Le savon existe depuis la plus haute antiquité. Pourquoi se priver de ce genre d’expériences.
Comment faire son savon?
Le principe de la fabrication du savon consiste à faire réagir une base (soude, cendres…) avec un acide gras (graisse animale, huile…).
Il n’y a pas si longtemps que cela, au Chili, les paysans réservaient un vieil animal gras par an, souvent un âne pour la fabrication de savon. Toutes les graisses étaient utilisées, y compris celle des os. Ainsi, ils produisaient leur savon pour une année. Sans doute, cela peut encore être vu dans certaines zones très rurales et encore difficiles d’accès.
Les produits de base sont simples, mais il ne faut pas oublier de prendre quelques précautions. La soude est très corrosive et la réaction est exothermique. C’est à dire qu’elle provoque une hausse de température.
Il convient donc de prendre des précautions:
– Usage de masque
– Usage de gants
– Utiliser le thermomètre
– Respecter les températures
– Travailler dans un endroit bien ventilé
Premier test au Chili
Mon premier essai a bien sûr été en compagnie de Lucia. La soude ne posait pas de problème, c’était celle qu’elle utilisait habituellement.
Quant à la graisse, j’avais voulu économiser, j’ai été trop radine, j’ai acheté au supermarché une graisse utilisée pour faire le pain. Eh oui! Au Chili, on fait son pain à la maison et on y met de la graisse, en général du saindoux de porc ou de la graisse de boeuf…
Ils vendent donc des paquets de graisse au supermarché. J’ai acheté l’un des moins chers…
Nous avons bien respecté les températures… Mais ma base de savon ne s’est jamais durcie.
Maintenant, je préfère acheter de la graisse de lard de porc, j’en profiter pour dévorer les « chicharrones« , petits bouts de viande grasse qui résultent de la fonte de la graisse…
Premier essai en France, avorté
Chez Biolab Maraîchage, nous essayons de faire que les wwoofers adoptent des habitudes plus conséquentes avec leurs discours écologiques.
Très souvent, leurs discours sont beaux et bien informés, mais dans la pratique, cela laisse parfois à désirer, notamment en ce qui concerne les produits d’entretien…
L’idéal serait que les eaux sales de la machine à laver puissent aller directement dans la mare où nagent 11 poissons rouges sans perturber gravement leur écosystème.
C’est pourquoi nous sommes passés à la lessive de cendres, sans bulles, mais aromatisée au citron, à l’orange ou à la lavande.
Il y a de nombreuses protestations pour l’absence de bulles dans nos produits naturels. Mais, les bulles ne lavent pas et généralement polluent.
Je parlerai prochainement de cette lessive de cendres dans un article dédié, dans la rubrique « Trucs et astuces« .
Matières premières
Préparation de la graisse
Pour ce projet, j’ai acheté des cristaux de soude ( Na2CO3 ) et Jason a acheté de la graisse de porc que nous avons fait fondre.
Une fois la graisse fondue, nous l’avons filtrée pour récupérer les « chicharrones » que nous avons dégustés dans un plat dont seul Jason a le secret.
Cette graisse fondue est donc restée dans la casserole. La graisse devra être fondue et maintenue à 60ºC.
Nous allons faire fondre cette graisse.
L’eau
L’eau doit être le plus proche possible de 0ºC.
Donc, nous avions mis à refroidir une bouteille d’eau minérale. Elle devait être proche de 0º C, mais elle est restée trop longtemps dans le congélateur. Alors, nous avons dû couper la bouteille pour en extraire l’eau.
Le mélange
Nous avons pesé la quantité de soude indiquée par Lucia.
Enfin, nous avons commencé à mélanger, la température devait monter à 60 ºC, mais elle ne montait pas. Les cristaux ne se mélangeaient pas bien.
Nous sommes passés au mixer à soupe.
Rien à faire. Après une petite recherche sur Wikipedia et quelques questions à Lucie, nous comprenons que je me suis trompée, il fallait acheter de la soude caustique.
Après la visite de nombreux supermarchés avec Jason, on finit par en trouver, presque par miracle. Nemours ne manque pas de supermarchés, mais certains produits sont difficiles à trouver. Je suis encore à la recherche de papier pH, et de pierre d’alun en vrac.
Deuxième essai en France
Une fois la soude caustique ( NaOH ) entre nos mains, nous recommençons nos expériences.
Vu que la température ne montait pas, lors de notre premier essai, nous avions gardé la graisse. Elle va nous servir maintenant.
Heureusement, les masques de l’équipe de savonniers débutants ne sont pas dus à un certain virus très perturbateur, mais à des précautions nécessaires en ce qui concerne la soude caustique.
Matières premières
Nous reprenons notre essai avec:
- casserole pour la graisse
- récipient pour le savon en inox, ou plastique résistant. Surtout pas d’aluminium
- cuillère en bois, mixer
- eau à 0ºC
- graisse fondue à 60ºC
- soude caustique ( NaOH )
Les proportions indiquées par Lucie étaient toujours:
- 1 litre d’eau minérale,
- 240 grammes de soude caustique,
- 1 litre de graisse.
La graisse
Elle doit être chauffée à 60ºC, filtrée auparavant, bien sûr.
Préparation de la soude
Elle doit être versée lentement dans l’eau proche de 0ºC.
Il est important de contrôler la température.
Quand le mélange eau/soude atteint 60ºC, nous ajoutons la graisse, elle aussi à 60ºC et nous mélangeons en tournant toujours dans le même sens.
La température monte, c’est la raison pour laquelle l’eau doit être refroidie, cela calme la réaction.
Le mélange pour la base de savon
Nous versons la graisse dans la solution d’eau et de soude.
Puis, nous utilisons le mixer à soupe.
Un gel se constitue et blanchit, la température baisse peu à peu.
Il faut verser dans des moules avant que cela ne durcisse trop. Nous avons utilisé les pots des yaourts que nous avions consommés.
Nous avons laissé refroidir la nuit.
Petit test de Jason avec le savon
Jason aime beaucoup les plantes aromatiques. Il n’a pas résisté l’envie d’en ajouter à sa base de savon fraîche.
Contrairement aux conseils de Lucie, Jason a mis un peu de lavande et de menthe fraîchement cueillies dans ses pots.
Cela est déconseillé, car la soude caustique détruit les propriétés des plantes.
En fait, les plantes, parfums et autres ajouts doivent être se faire après maturation, j’en parlerai dans un prochain article.
Troisième essai à Biolab
Alors, nous pensons recommencer avec une autre équipe de wwoofers. Nous voulons tester d’une part l’huile de friture recyclée et d’autre part la lessive de cendres car nous en avons beaucoup et c’est plus économique que la soude caustique.
Matières premières
- Huiles de friture recyclées
- Lessive de cendres
- Eau
Ce sera l’objet d’un autre article prochainement, car nous venons seulement de commencer l’expérience et il y a déjà beaucoup à dire.
Le résultat
Nous avons réparti notre base de savon fraîche dans des petits pots de yaourts et des moules à glaçons. Plus les moules sont petits, plus la base de savon séchera vite.
Lucia utilise habituellement des fonds de bouteilles en plastique et des moules en silicone.
Le mûrissage du savon
Ensuite, il faut démouler le lendemain pour faciliter le séchage.
Comme un fruit, le savon doit mûrir… Nous devons donc être patients et attendre une vingtaine de jours.
Lors du séchage, il faut éliminer la poudre blanche qui apparaît à la surface. Lors de cette étape, il faut utiliser des gants, car cette poudre blanche est la très corrosive soude caustique qui reste après la réaction. Cela pique fort.
La suite du savon
Vu que nous devons attendre que le savon mûrisse pendant 20 jours, je vous invite à voir la suite de nos expériences dans un prochain article. Certainement, nous aurons de nouvelles indications de notre experte Lucia.
Jason est très méticuleux et a donc écrit la date à partir de laquelle nous pourrons transformer notre base en véritable savon.
Jason, Paul et Anna ont terminé leur séjour chez Biolab Maraîchage et sont partis avec leurs échantillons de base de savon.
Utilisation des déchets
Comme toujours, je m’efforce de réutiliser les déchets. Dans ce cas, il s’agit d’un reste de savon dans la bassine et des cristaux de soude non utilisés, qui restait de notre premier essai.
Lavage des torchons
Donc, j’en profitais pour laver des torchons sales en les faisant bouillir dans cette solution. Par la même occasion je débouillissait aussi 2 écheveaux de coton blanc achetés récemment lors de notre tournée des supermarchés…
Débouillissage du coton
Il est indispensable d’ôter toute trace d’apprêts sur les fibres avant teinture, c’est ce que fait le débouillissage pour les fibres végétales, dans un bain alcalin qu’elles supportent bien.
Résultat concluant bien sûr, vu que j’utilisais une technique ancienne de lavage.
Réutilisation du déchet
Après le lavage des torchons et le débouillissage du coton, j’ai eu envie de teindre.
Donc, j’ai rincé les torchons et j’ai ajouté au bain des herbes aromatiques du mandala (lavande, sauge, menthe…) et des peaux d’oranges qui trainaient dans la cuisine.
J’ai eu envie de teindre un peu de laine, j’ai donc pris un petit écheveau que j’avais filé, je l’ai lavé à la lessive de lierre.
Et je l’ai mis a teindre.
Il a beaucoup pris la teinture alors que les cotons qui sont restés très clairs.
La couleur était belle, je l’ai mis à sécher.
Puis, je l’ai bien rincé, puis je l’ai remis à sécher. En le regardant, j’étais surprise de voir un fil qui pendait. Une fois sec, je l’ai trouvé un peu rèche…
Puis, en le manipulant, je me suis aperçue que tous les fils se cassaient. Le bain était trop alcalin, la laine ne l’a pas supporté. Les écheveaux de cotons n’ont pas eu de problèmes.
Conclusion
Quoi de mieux que de pouvoir utiliser son propre savon naturel?
C’est l’occasion de faire un petit geste et d’apprendre, donc de mourir moins bête.