/// Teindre, c’est malin ///
Nouvel article du 14 Février 2020
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Malin, recycler des vêtements
Jeter des vêtements qui peuvent être remis à jour, ce n’est pas malin… Nous allons voir ce que nous pouvons faire avec peu de moyens… La quantité de vêtements «fast fashion» jetés à la poubelle ne fait qu’augmenter chaque année, générant chaque fois plus de déchets polluants. En outre, nombre de ceux-ci sont détruit avant usage. Quel gâchis!
Cependant, je ne veux pas vous écraser sous des monceaux de chiffres alarmants. Il paraît que cela fait sérieux dans les blogs. Hélas, ceux-ci sont fort inquiétants. Sans doute, pouvons-nous faire notre apport créatif et personnel.
Ainsi, nous devons donc d’abord choisir des vêtements en fibres naturelles. Ils seront plus durables et nous pourrons les reteindre. Enfin, nous leur donnerons une nouvelle vie. Il suffit de les choisir de couleur le plus clair possible, car les teintures naturelles ne sont pas couvrantes (si vous avez des toiles noires, ne cherchez pas à les teindre, essayez plutôt de les déteindre à l’eau oxygénée).
Moi-même, j’ai testé avec des vêtements d’occasion au Brésil. J’investissais peu pour des résultats surprenants. Le coton n’est pas la fibre la plus facile à teindre, loin de là… En outre, la production du coton est souvent loin d’être écologique, malheureusement… Donc, si on a des vêtements en coton, essayons de les faire durer.
Ecoprint
L’ecoprint est un système de teinture très malin. Il suffit de très peu de plantes, car c’est plutôt une technique d’impression.
Voici comment profiter de n’importe quelle ballade, pour décorer un vêtement blanc ou de couleurs claires, en récoltant de feuilles et des fleurs. L’idéal est de les garder fraîches afin qu’elles ne se recroquevillent pas trop.
Puis, on passe à l’étape créative, en appliquant les feuilles sur le textile. Éventuellement, on peut tester avec du papier un peu fort. On plie ou on enroule directement le support. Maintenant, il faut patienter en laissant tremper. Et enfin on fait chauffer et on laisse à nouveau reposer.
En effet, la patience est nécessaire. Car, il faut laisser la nature relâcher ses colorants cachés au fonds des cellules. La surprise est au bout du chemin.
Une fois le support déroulé et épluché, il faut le laisser sécher pour que se développent des réactions chimiques qui influent sur la couleur et sa solidité.
Après cette étape, il faut laver et rincer la pièce.
On peut facilement pratiquer cette teinture maline avec des enfants.
Shibori
Le shibori (tie-dye) est une technique de réserve que les Japonais, notamment à Arimatsu, ont développé de manière très poussée.
Ils s’agit de protéger des zones à ne pas teindre à l’aide de nœuds, d’attaches, de broderies qui empêcheront la teinture de pénétrer la toile.
C’est malin et aussi à la portée des enfants qui y prennent plaisir.
L’idéal est bien sûr l’indigo que l’on peut préparer simplement et de manière très sûre avec le bain 1-2-3 de Michel Garcia.
Batik
Le batik est une autre technique de réserve intéressante. Normalement, on utilise de la cire fondue. Mais, il existe des pâtes qui fonctionnent à froid, il faut patienter le temps qu’elles sèchent.
Cette technique, nécessite de travailler avec des teintures sans chauffer et surtout avec des toiles fines. L’indigo est encore une fois ici l’idéal.
Malin, teindre avec des déchets
Beaucoup de déchets organiques peuvent teindre avant d’arriver dans le bac à compost ou à la déchetterie.
Épluchures d’oignons
Aujourd’hui, j’ai reçu un message, me disant qu’il en faut beaucoup. L’oignon est très sain, il vaut mieux utiliser les épluchures d’oignons de garde, qui contiennent plus de quercétine. Moi, j’en récupère auprès des marchands de légumes ou auprès des restaurants. Il vaut mieux les laisser tremper quelques jours dans l’eau avant de mettre à chauffer, elles libéreront plus de colorants.
Voici le résultat de ce bain, pure récupération. Cela peut se faire avec de nombreuses teintures, le résultat s’éclaircit au fur et à mesure des bains.
Les artichauts
Quand on mange des artichauts, on en jette plus de la moitié. On peut récupérer tout ce que l’on élimine habituellement. À cela on peut ajouter les tiges et les feuilles, ainsi que l’eau de cuisson dont le sel participera aussi à la teinture.
Épluchures de pommes, de poires…
Vous faites un tarte aux pommes ou aux poires, les épluchures et les trognons peuvent donner un joli ocre.
Désolée. j’avais des photographies, elles ont eu des problèmes, je n’arrive pas à les récupérer.
De même, si vous faites des gelées de coings, il faut profiter de toutes les épluchures. Si vous avez des arbres fruitiers, les fruits non mûrs qui tombent au sol doivent aussi être utilisés car ils sont bourrés de tanins.
Les noyaux doivent aussi être testés. Je l’ai fait avec les noyaux de mangues récupérés auprès d’un vendeur de jus de fruits naturels à Iquique, cela m’a donné un magnifique jaune saumoné.
Les tailles de fruitiers, des haies
Les déchets de tailles de haies ou des arbres fruitiers, en BRF (bois raméal fragmenté) ou pas, sont de grandes sources de tanins. C’est malin d’en tirer parti.
Selon si ces déchets contiennent plutôt des feuilles ou plutôt des branches, ont obtiendra des résultats différents. À mes débuts en teintures naturelles, quand je vivait à Longotoma, j’ai testé de jeune branches d’abricotiers. J’avais séparé les feuilles et les tiges. Les feuilles m’ont donné un joli vert et les branches du beige.
Les «mauvaises herbes»
Partout, de nombreuses plantes invasives et «mauvaises herbes» teignent, il est facile d’en tirer parti. Je n’aime pas le terme «mauvaises herbes«. Car souvent, nous les connaissons mal, beaucoup sont médicinales, telles le plantain, la bourse à pasteur, les orties, le buddleia, les chardons… et on peut en tirer parti en teinture naturelle.
Ainsi, les orties nous donnent aussi des fibres qui étaient très employées au Moyen-Âge. Voici deux liens de videos sur la filature des orties.
Les ronces, les érigerons du Canada vous donnerons de jolis jaunes. En outre, les jeunes rameaux de ronces émettront une agréable odeur de confiture.
Les feuilles mortes
Au lieu de les jeter à la poubelle, ou avant de les mettre au compost, on peut teindre malin avec. En effet, elles présentent des taux élevés de tanins qui peuvent donner de jolis beiges, marrons, verts olive, ou gris selon si l’on ne mordance pas ou si l’on mordance au fer (ou au cuivre). On peut les mettre au compost après la teinture.
Brou de noix, coques de d’amandes, bogues…
Nous avons là de très bonnes sources de tannins. La réputation du brou de noix n’est plus à faire. Il s’agit de l’enveloppe verte et molle des noix qui devient brune par la suite, l’idéal est de la laisser fermenter le plus longtemps possible. Les coquilles dures peuvent aussi teindre, mais moins foncé.
Les coques d’amandes donnent un très joli beige rosée.
De même, les bogues de châtaignes et de marron d’Inde sont aussi bourrées de tannins.
Teindre avec des parasites
On peut aussi teindre avec des parasites, par exemple avec le Quintral del Molle…
Voici le résultat…
La cochenille qui donnent une très grande variété de couleurs orange, roses, rouges, violets, gris… est aussi un parasite qui s’attaque tout particulièrement aux figuiers de Barbarie…
Malin, économique et écologique
Dans ce cas, comme souvent teindre naturellement est à la fois écologique et économique.
Malin, pourquoi
Pourquoi, parce que cela permet de recycler des vêtements et de prolonger leur vie en utilisant éventuellement des déchets, d’une manière à la fois ancestrale et innovante.
Malin et personnalisé
La personnalisation de ses vêtements permet un habillement original et créatif, qui sort de la standardisation habituelle, sans être forcément excentrique…
Malin et économique
Comme on peut s’entraîner avec des matières tinctoriales qui proviennent de déchets, et avec des vêtements d’occasion, les coûts se réduisent à la source de chaleur.
En outre, quand on a du temps et un peu d’espace à l’extérieur, on peut même teindre sans chauffer le bain.
Écologique aussi
Tout ce que je viens d’expliquer montre qu’il s’agit là d’une technique écologique.
Si vous avez le temps et un peu d’espace, vous pouvez utiliser le soleil.
Sain, bien sûr
Les teintures naturelles sont saines, il suffit d’éviter les plantes toxiques. En outre, l’indigo a même la réputation d’être répulsif pour les moustiques.
Une grande majorité des plantes à teindre sont aussi médicinales.
D’autre part, les teintures chimiques sont à base de produits toxiques tels que le cadmium ou le chrome. Mieux vaut les éviter.
Malin et facile
Si vous n’osez pas teindre de grandes quantités, ont peut teindre des fils pour broder… Il suffit qu’ils soient de fibres naturelles. En outre, cela permet de tester des couleurs facilement et utilement. Broder, peut être une autre manière de personnaliser pour pas cher un vêtement, ou de cacher certains défauts…
On peut aussi teindre un peu de laine à feutrer, et l’utiliser en feutrage pour faire des bijoux ou broder à l’aiguille avec sur des vêtements que l’on peut personnaliser avantageusement ainsi.
Quelle aubaine! Une vieille casserole, la plus grande possible que vous n’utilisez plus pour cuisiner. Les plantes de votre choix, un peu de mordants, ou des extraits préparés par Michel Garcia si vous êtes pressés.
Déchets perdus pour belles teintures, pas malin!
Il y a même des déchets qui se perdent, c’est le cas des «locos» et «locates«, fruits de mer très appréciés au Chili au point que leur pêche est parfois interdite. Il sont doté d’une glande hypobrachiale jaune du vivant du coquillage, qui devient violet-pourpre à l’exposition aux rayons ultra-violets du soleil, de même que les murex dont était tirée la fameuse Pourpre de Tyr dans l’Antiquité.
Ceux qui pêchent ces coquillages reviennent avec les mains pourpres, car ils nettoient les coquillages en pleine mer et y jettent tous les déchets, ce merveilleux colorant compris.
Conclusion
Que vous manque-t-il pour commencer à teindre malin, c’est facile. Vous trouverez sur ce blog de nombreux conseils et nous pouvons organiser des ateliers où nous pourrons combiner toutes ces astuces.
J’attends avec impatience vos commentaires.