L’aventure de Concón a pris fin à cause des chevaux
Le projet
C’est dommage, il y avait beaucoup de possibilités, par malchance il y avait aussi des chevaux. Mais une des composantes les plus importantes de mon projet avait en outre des visées agronomiques : il s’agissait de créer une forêt comestible, tinctoriale et médicinale, afin de contrer l’érosion de sols (très avancée à certains endroits) et bien sûr d’être autosuffisant au niveau alimentaire, mais aussi des teintures naturelles…
Au niveau alimentaire, il y a beaucoup de citroniers (anciens) maltraités par les chevaux sauvages des voisins qui les broutent, des cognassiers, deux néfliers, quelques poiriers, pruniers, figuiers abandonnés… beaucoup de ronces (ce qui n’est pas forcément négatif). Il y a aussi quelques plantes sauvages comestibles qui plaisent aussi malheureusement aux chevaux, il en est de même des plantes médicinales…
J’ai pris de beaucoup de photos de la flore. Si vous êtes intéressé, je publierai une galerie. Je me suis beaucoup intéressée aux plantes bioindicatrices. Je n’ai malheureusement pas encore eu accès aux livres de Gérard Ducerf, mais ses videos, ainsi que celles de George Oxley sur youtube sont passionnantes. J’aimerai bien pouvoir prendre contact avec eux.
Au niveau des teintures, il y a de quoi obtenir de nombreux jaunes (chardons, citrons, alcaparra, ronces, peupliers, baccharis… c’est aussi la couleur la plus facile à obtenir), de nombreux bruns, marrons, café et gris (eucaliptus, boldo, peumo, fruitiers, rumex…). Ces mêmes plantes peuvent donner des verts olive, bronze en mordançant au fer ou au cuivre.
Mais pour obtenir les rouges et les bleus, il faudrait les cultiver, leur importation est compliquée au Chili,et ce ne serait plus de l’autosuffisance. Le terrain s’y serait bien prêté, s’il n’y avait pas eu de chevaux.
D’ailleurs, les premiers conflits avec le bétail est apparu quand je me suis rendue compte qu’il mangeait mes matières premières (murex, camomille des teinturiers…). J’aurais donc rapidement été limitée à la teinture à l’eucaliptus (très abondant) et avec des plantes toxiques (datura, baccharis, palqui… que je n’ai pas envie d’essayer), puisque les arbres natifs sont protégésou ne pas teindre en été, période où j’ai le plus de chances de pouvoir donner des cours de teintures naturelle. Quel paradoxe!
Je comptais cultiver sans labour, en semant selon le système des boules de graines de Fukuoka Masanobu. En utilisant au maximum les différents types de terrains. C’était donc difficile de clôturer des zones. D’autant que j’ai déjà vu (quand j’étais à Longotoma – La Ligua) comment du bétail pouvait sauter des barbelés et traverser des broussailles très épineuses (tebo) pour manger quelques touffes d’herbes encore un peu verte.
L’endroit est aussi intéressant pour l’apiculture, mais dans ces conditions c’était trop risqué.
Mon projet est global, holistique (comme on aime dire maintenant), mais aussi très centré sur la réalité locale.
Lors de mes premières visites en automne, j’avais déjà fait la remarque à mon ami Uldis que la présence de bétail vagabond était un problème.
Les chevaux, un problème insoluble
Malheureusement, les chevaux mangent énormément, piétinent tout, leurs crottes ne constituent pas forcément un engrais et ne compensent pas les dégats, des énormes chardons, il ne reste plus rien en automne, en attendant les pluies, ils sont affamés et attaquent même les citroniers qui sont pourtant d’une variété très épineuse et ont résisté à plus de trente ans sans irrigation (ils les broutent, mais aussi arrachent l’écorce).
Ils sont très jolis, mais sont aussi un facteur d’érosion, de compactage des sols et de destructions plutôt inquiétant.
Ces chevaux, destinés à la boucherie, ne sont pas seuls, il y a aussi toute une bande de « paysans » du dimanche qui viennent les compter, mais ne se préoccupent pas s’ils sont malades, éventuellement, ils volent ce qu’ils peuvent, ils s’y sont habitués pendant les trente ans durant lesquels la propriété a été abandonnée. Il paraît que c’est normal ici d’élever gratuitement ses animaux chez les voisins. Et mon ami, ne sachant pas comment se débarrasser de ses voisins encombrants, qui se croient tout permis parce qu’ils seraient nés là, a préféré les laisser mettre des clôtures pour protéger les chevaux pour qu’il n’aillent pas vagabonder sur la route (ce qui est fréquent).
Ces compteurs de bestiaux ne sont pas malheureux, leur élevage n’est pas leur source de revenu principale, c’est seulement un supplément très lucratif, leur seule inversion est de refaire les clôtures de temps en temps en utilisant les arbres de la propriété! Ils jettent des ordures sur leur passage (papiers de bonbons, pots de yaourt, bouteilles en plastique…). Ils peuvent être dangereux, car ils sont armés.
Ne croyez surtout pas que je hais les chevaux, mais je ne m’imaginais pas qu’ils puissent faire autant de dégats.
La suite du projet
Dans ces conditions, je ne vois pas comment mon projet aurait pu être viable. J’ai donc décidé de redéménager vers Puerto Montt pour préparer mon voyage.
Cependant, je vais faire quand même le tour du monde et me chercherai un lieu avec des voisins moins abusifs où développer mon projet. Cette expérience m’aura beaucoup appris y compris sur les plantes toxiques pour le bétail…
C’est dommage, l’endroit était très agréable et avait de nombreux atouts. Mais il y a certainement un endroit quelque part dans le monde ou ce projet pourra être réalisé dans de meilleures conditions. Si vous avez des propositions, je suis à votre disposition.
Je vous invite à laisser vos commentaires.
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
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