Instants précieux

/// Instants précieux ///
Article créé le 26 mai 2023 et modifié le 29 mars 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com
Nouvel article https://www.lanitando.com/2023/12/ sur le cours

J’aime ces instants précieux, difficiles à saisir… qui s’échappent à peine arrivés. Je vais tenter de partager les plus précieux d’entre eux.

Instants oiseaux

J’ai pensé à cet article en découvrant un rouge-queue, un matin, en ramassant des herbes pour une tisane. Il a été trop furtif pour que je le surprenne en photo.

Les colibris, plus brillants, sont encore plus rapides et restent hors de portée des appareils photos courants. Ils ne se laissent pas approcher. Le seul que j’ai pu apercevoir de près, je l’ai sauvé de la gueule d’un chat, il s’est tout de suite échappé…

Je ne pourrai vous partager qu’une vue sur une petite mésange très gourmande à Gletterens.

Petite mésange à Gletterens, Suisse, instants de surprise
Petite mésange à Gletterens, Suisse, instants de surprise

Ces moments s’envolent vite.

Instants papillons et abeilles

Les papillons sont difficiles à surprendre, même en les suivant.

Papillon surpris quelques instants dans un musée, Albersdorf, Allemagne
Papillon surpris quelques instants dans un musée, Albersdorf, Allemagne

Les abeilles sont plus faciles à photographier. Avec un peu de chance et de persévérance, on peut même faire le portrait d’une reine.

Elle est vraiment très affairée, l'abeilleElle est vraiment très affairée, l'abeille, instants de la vie quotidienne d'une abeille
Elle est vraiment très affairée, l’abeille, instants de sa vie quotidienne
Cherchez l'abeille en train de naître, quels instants magiques
Cherchez l’abeille en train de naître, quels instants magiques
Avez-vous vu la reine? instants d'émotion
Avez-vous vu la reine? instants d’émotion

Pour saisir des instants papillons, je suis allée au Papiliorama, près de Kerzers, en Suisse.

Instants au Papiliorama de Kerzers, Suisse
Instants au Papiliorama de Kerzers, Suisse

Pendant que je photographiais un papillon qui se posait tranquillement sur un visiteur, un autre s’arrêta sur moi.

Papillon insouciant
Papillon insouciant

Instants lézards

Même des tâches ingrates, comme vider les toilettes sèches, peuvent être l’occasion de rencontrer des lézards.

Ce lézard protégeait mes laines
Ce lézard protégeait mes laines

Il m’est arrivé d’en réveiller un qui dormait dans mon pantalon. Je l’ai réveillé un peu brusquement quand je me suis habillée à 5 heure du matin, il devait être tout engourdi. C’était peut-être celui qui vivait dans une casserole pour teindre et surveillait ma laine.

D’autres lézards sont plus colorés…

Instants sauvés, un lézard très coloré
Instants sauvés, un lézard très coloré

Instants fleurs

Les fleurs restent plus tranquilles, seul le vent les balance à sa guise.

Maintenant, je ne sais plus quelle photo choisir.

Instants de délicatesse, une scabieuse dans un champ
Instants de délicatesse, une scabieuse dans un champ

Instants teintures

La teinture naturelle est une magie mouvante, les changements de couleurs sont immédiats et ne peuvent être saisis qu’en mode avant/après ajout d’un mordant ou d’un modificateur. Les plus surprenants sont les ajoûts d’alun en post-mordançage dans un bain de plante à jaune.

Changement de couleur instantané, ajout de crême de tartre dans un bain de cochenille
Changement de couleur instantané, ajout de crême de tartre dans un bain de cochenille

L’ajoût de crème de tartre à un bain de cochenille est ausssi fulgurant qu’impressionnant.

À gauche bain de cochenille modifié par le fer, à droite modifié par la crême de tartre
À gauche bain de cochenille modifié par le fer, à droite modifié par la crême de tartre

Ce sont des moments oû la chimie magique intervient,

l'indigo reprend sa couleur bleue, instants attendus
l’indigo reprend sa couleur bleue, instants attendus

Instants compréhension

Comme ils sont importants, je suis toujours à leur recherche… Comprendre, c’est découvrir une réponse à une question.

Bizarrement, cela peut intervenir après une longue pratique. C’est ainsi que j’ai compris un jour après des années de filage de laine que de l’énergie s’accumulait dans mon fil.

En fin de compte, la qualité du fil obtenu dépend de la maîtrise de cette énergie. Depuis ce jour, mes fils ont changé.

Laine filée à la main
Laine filée à la main

Mauvais instants

Mêmes les mauvais instants sont bons à être analysés. Il ne faut pas toujours se fier aux apparences, ils sont souvent riches d’enseignements et il n’est pas possible de ne vivre que de bons moments, ces derniers n’ont de valeur, de même que les couleurs qu’en comparaison avec les autres.

Un conte oriental raconte qu’un personnage part en voyage avec deux papiers donnés par un sage qui cachent un conseil à ne lire que quand tout va très (peut-être trop) bien et l’autre à ne lire que quand tout va très mal. Les deux messages disaient: “Cela passera“.

Instants volés

Parfois, on a l’impression de voler du temps, de tourner en rond pour rien. Mais souvent, on vous vole le temps, avec des planifications spécieuses, des demandes de prévisions typiquement incalculables… quand il suffit d’indications claires et réalisables, dans la réalité.

Dois-je chercher une photo d’illustration?

Instants couleurs

Les changements de couleurs, dans le temps ou sur un même fil, me fascinent.

De même, des pelotes ou des écheveaux qui se jouxtent par hasard, attirent mon oeil et m’encouragent à les travailler ensemble. Ces combinaisons de couleurs anticipent souvent mes créations.

Couleurs sources d'inspiration
Couleurs sources d’inspiration

Instants curieux

Certaines remarques laissent parfois perplexe. Nous sommes tous des contradictions sur pattes. Pas d’illustration.

Instants voyages

En voyage, des prises de décision peuvent apporter beaucoup.

Ainsi, ma décision de visiter Kuelap. Je ne sais pas encore quand je pourrais retourner au Pérou.

Vue de Kuelap, Pérou
Vue de Kuelap, Pérou

Temps de lectures

Mais voilà, j’allais oublier les temps de lectures, ils sont primordiaux pour moi. Ils sont indispensables, avant les temps d’écriture.

Livres, source d'instants prolongés
Livres, source d’instants prolongés

Réflexions

Temps de comparaisons, regard en arrière, questionnements sur l’avenir, ces moments qui nécessitent un temps d’arrêt, permettent d’avancer. Ils doivent absolument être préservés.

Il y a aussi des moments où l’on que “No se puede pedir peras al olmo” – On ne peut pas demander des poires à l’orme...

On a l’impression parfois d’être catalogué un peu automatiquement en zéro et un, comme si on vivait en base 2, comme les ordinateurs. C’est plutôt dérangeant.

Instants décisions

Ils doivent suivre les réflexions, ils sont souvent brisures et sauts en avant, surprises et pas de côté…

Départ pour Angelmó

Il y a longtemps déjà, il n’y avait plus de touristes à Mamiña, il me fallait une solution. J’ai fait un déménagement de près de 3.800 km.

C’était une grande décision, certainement bien prise.

Temps déchets

Temps perdus, parfois récupérés… attentes devant un ordinateur, dans une gare ou dans le lit. Les meilleures idées me viennent généralement quand je ne peux pas les appliquer, ni même les noter. Le temps passe et l’oubli fait son travail.

Temps d’informatique

Que de temps passé en attente de copie de fichiers, sauvegardes automatiques ou non, toujours nécessaires, recherches pas toujours fructueuses ou au contraire trop réussies.

Instants filés

Filer la laine, voici une longue série d’instants qui avance centimètre après centimètre. Un travail de patience et d’observation… Le regard peut vagabonder et découvrir…

Instants filés
Instants filés

Découvertes

Parfois, il suffit d’aller se ballader sur la colline en face, qui est encore un bien commun, avec Lucía qui la connaît comme sa poche. On y découvre des plantes pour tout, pour teindre, pour manger, pour des paniers, pour des outils… et sans doute beaucoup plus.

Beautés de la colline, en face
Beautés de la colline, en face

Partage

Découvrir n’est pas suffisant, alors, il faut aussi partager pendant qu’il est encore temps. Le temps court et les instants s’envolent comme les papillons.

Cours de teinture naturelle à Santa Fe, Argentina
Cours de teinture naturelle à Santa Fe, Argentina

En vrac – Conclusion

Il faut savoir vivre ces instants précieux, les découvrir, les apprécier.

Parfois, le recours au secours de la poésie est indispensable, surtout dans les moments difficiles et souvent absurdes. Elle est peut-être le meilleur moyen de lutter contre les injonctions contradictoires, si courantes par les temps qui courent…

Souvent, ces instants sont gratuits, il suffit de les saisir au vol. Ils valent mieux que tous les instants payants que nous offrent les publicités.

Botanique et jardins

/// Botanique et jardins ///
Article créé le 20 mai 2023 et modifié le 10 juin 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Botanique, botanique! Pourquoi s’intéresser aux plantes?

N’est-ce pas normal de s’intéresser aux plantes quand on travaille avec des teintures et des fibres naturelles… Les jardins botaniques sont donc des passages obligés…

Lors de mes voyages textiles, je m’efforce avec plaisir d’inclure une visite à un jardin botanique.

Parfois, je le rencontre sans même le chercher. Quelle aubaine de rencontrer un jardin botanique. Cela donne beaucoup de renseignements sur le lieu…

L’ídéal, concernant les jardins botaniques, serait de les visiter à plusieurs reprises, suivant les saisons, pour pouvoir apprécier les différents stades de la végétation.

Madagascar botanique

À Madagascar, il y a peu de musées. Mais, il y a un jardin botanique et zoologique à Antananarivo où l’on peut découvrir toute l’exubérance et l’extravagance de la flore malgache.

On peut aussi y voir différents types de tombeaux traditionnels.

Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Jardin botanique Antananarivo, Madagascar, que d’exotisme!
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Variété de floraison, Jardin botanique Antananarivo, Madagascar
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Je crois que je n’ai jamais vu autant de variétés de formes végétales que dans ce Jardin botanique à Antananarivo, Madagascar
Fruis, graines et plant de roucou, bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil
Fruis, graines et plants de roucou, Bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil

Stockholm (Suède)

Entre deux musées, on a la surprise de découvrir un petit jardin traditionnel suédois. Y figurent en bonne place le tabac et de nombreuses plantes médicinales.

Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède
Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède. Les moineaux se nourissaient des graines de lavande
Plants de tabac dans ce jardin botanique de Stockholm
Plants de tabac dans ce petit jardin botanique bien coloré de Stockholm
Lin, au jardin botanique de Stockholm
Le lin figure en bonne place dans ce jardin botanique de Stockholm

Il me semble qu’il y avait un autre jardin botanique plus grand, mais je n’ai pas eu le temps de le visiter.

Lausanne, Jardin Botanique (Suisse)

J’ai déjà visité deux fois le Jardin Botanique de Lausanne, et je pense y retourner encore une ou deux fois…

Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022
Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022

Je viens d’y retourner en mai 2023, presque tout est en fleurs. C’est si beau qu’il est difficile de choisir entre les photos.

Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, au jardin botanique, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange
Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange

Les médicinales

Entre autres, il y a différentes sections, dont une avec des plantes médicinales, dont un certain nombres de plantes toxiques et des plantes textiles ou à fibres.

Vue générale d’une partie du jardin botanique où ont été regroup´´ees des plantes tinctoriales, Isatis tinctoria (pastel des teinturiers) y est en bonne place

Les tinctoriales

Il y a aussi des plantes tinctoriales: garance des teinturiers, aspérule, gaillets, pastel des teinturiers…

Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd'hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu'à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd’hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu’à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance - botanique
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance
Gaillet jaune, un cousin botanique de la garance des teinturiers
Gaillet jaune, un cousin de la garance des teinturiers
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes... Ce sont les feuilles du bas que l'on utillise pour les coques.
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes… Ce sont les feuilles du bas que l’on utillise pour les coques.

À la sortie, il est flanqué d’une série de jardins privés très colorés…

pavots jardin botanique
À la sortie du Jardin botanique, on peut admirer ces pavots monstrueux

Musées spécialisés, sujet botanique

Couleur Garance à Lauris (France)

L’une de mes premières rencontres avec la botanique tinctoriale et à fibres, fut le Jardin des plantes tinctoriales de l’Association Couleur Garance, créé à l’initiative de Michel Garcia et Dominique Cardon à Lauris, dans le Vaucluse, Sud de la France.

Quelle beauté!

Ici, se réunissent toutes les couleurs du monde.

Une partie du conservatoire botanique des plantes tinctoriales de Lauris, vue d'en haut.
Une partie du conservatoire des plantes tinctoriales de Lauris, vue d’en haut, botanique utile à l’état pur
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales

Berlin botanique et chanvre (Allemagne)

Après avoir visité de nombreux musées sur l’antiquité, il me restait du temps pour aller visiter le musée du chanvre, une des plantes à fibres historiques.

Musée du chanvre à Berlin
Musée du chanvre à Berlin, à la limite de la botanique

Une plante, une histoire botanique

Cette plante à fibres, avant d’intéresser les générations hyppies pour une autre composante, le THC, pas toujours présente dans la plante, était très largement cultivée en Allemagne jusque dans les années 60, jusqu’à son interdiction en 1981.

Des fibres pour des textiles

De fait, la culture du chanvre en vue de la production de fibres textiles est incompatible avec la production de THC illégale. En effet, comme pour le lin, pour obtenir de bonnes fibres longues et le moins fourchues possible, il faut semer bien serré afin que les plantes développent des fibres longues et souples. Dans ces conditions, les plantes produisent moins de fleurs…

En ce qui concerne le lin que je connais mieux, la récolte idéale doit être faite avant la floraison. Alors, je suppose qu’il en est de même pour le chanvre textile.

Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme
Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme

Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n'était apparemment pas une activité genrée
Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n’était apparemment pas une activité genrée au XVIème siècle

Voici un petit résumé historique de la filature de cette plante.

La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle
La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle

Chaque type de fibres génère ses outils, la machine à teiller sert pour le chanvre, le lin, l’ortie et sa cousine la ramie.

Machine à teiller, s'utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin
Machine à teiller, s’utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin et l’ortie

J’ai été surprises par la finesse de certaines toiles. Cependant, elles étaient un peu raides à mon goût. Notre notion de confort a certainement beaucoup évolué depuis le temps où l’on s’habillait de lin, chanvre, ortie et laine…

Échantillons de toiles de chanvre
Échantillons de toiles de chanvre

Des fibres pour des cordes

Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution

Comme il n’est pas courant d’avoir accès à ces fibres, je me posais beaucoup de questions, et j’espérais les voir résolues dans ce musée.

Rouet prêt à filer
Rouet prêt à filer

Une plante, des usages divers

Autrefois, au Chili, les fibres servaient pour les cordes, les graines pour de l’huile d’éclairage, les feuilles pour protéger les haricots de certains insectes… En outre, cette plante a la réputation de limiter l’érosion des sols, ceux-ci sont souvent en pente au Chili, pays de montagnes…

Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide
Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide, notamment les papiers monnaie
Voici quelques applications modernes du chanvre
Voici quelques applications modernes du chanvre

Dans ce musée, j’ai trouvé de nombreuses informations intéressantes.

Mais, je suis restée sur ma faim. Il y a beaucoup d’informations sur les problèmes légaux et sur les utilisations modernes possibles des fibres et de la chénevotte: entre autres, plastique pour imprimante 3D, ciment, isolation, litières pour chats…

La qualité de mes photos n’est malheureusement pas au rendez-vous, certaines sections de ce musée, fort intéressantes, étaient difficile à lire et encore plus à photographier. L’espace un peu exigü était utilisé jusqu’au plafond et les reflets sur les vitres sont un problème récurrent dans les musées. Celui-ci ne fait pas exception.

Mais, par exemple, j’aurai aimé savoir s’il vaut mieux le filer sec ou plutôt humide comme pour le lin. J’attends encore la réponse.

Turin, quelle surprise botanique (Italie)

Par hasard, j’ai découvert dans cette ville un surprenant musée du fruit.

Montage artistique mettant à l'honneur un minutieux travail de moulage
Montage artistique mettant à l’honneur un minutieux travail de moulage

Il a grandement surpris mon imagination. J’imaginais une série de variété botanique, d’arbres fruitiers, de greffes…

Différentes sortes de poires
Différentes sortes de poires

En r´ealité, un chercheur, Francesco Garnier Valletti, (Giaveno 1808 – Torino 1889), a consacré sa vie à la modélisation des fruits, en plâtre peint, toutes les pommes et poires y passent. Un certain nombre de maladie des fruits sont aussi représentées. Quelle passion botanique!

Représentations de maladies de fruits
Représentations de maladies de fruits

Des fruits en plâtre!

Moules en plâtre au service de l'étude botanique
Moules en plâtre au service de l’étude botanique

En effet, ces fruits sont vraiment très réalistes, y compris les raisins blancs qui semblent aussi translucides que dans la réalité.

Raisins
Raisins

En réalité, chaque fruit a été moulé dans du plâtre. Il y a bien longtemps, j’avais fait des bougies avec ce même système, mais sans les peindre pour leur donner un aspect réel. Quand on voit le réalisme et la quantité de fruits reproduits ainsi, cela donne le tournis.

Légumes racine
Légumes racine

Toutes sortes de végétaux ont ainsi été mod´elisés. Il y a même des tubercules. Il y a aussi des champignons.

Série de champignons
Série de champignons

Je suis curieuse de savoir combien des races de pommes représentées ici ont disparues. Quelle belle image de la biodiversité agricole qui régnait encore au XIXème siècle!

Turku, musée de la pharmacie (Finlande)

Ce musée montre une ancienne pharmacie et le logement d’un pharmacien et de sa famille au XIXème siècle. Dans la cour, il y a de nombreuses plantes médicinales locales.

Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique
Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique

Dans la cour, nous retrouvons les mêmes plantes, vivantes cette fois-ci.

Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin
Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin

Autres musées

En outre, un certain nombre de musées ethnographiques ou préhistoriques présentent une section botanique.

Chateau de Falaise, Normandie, France

Mon amie Monique m’a invitée quelques jours chez elle. Elle adore faire des ballades à pied. Nous sommes allées voir ce magnifique chateau chargé d’histoire. Nous n’avons pas pu le visiter à cause d’un certain virus très préjudiciable à la culture.

Mais, le jardin botanique était, par chance encore accessible.

Normandie textile

Chateau de Falaise et son  petit jardin botanique
Chateau de Falaise et son petit jardin botanique

Nous avons visité à plusieurs reprises ce jardin botanique où figuraient les principales plantes tinctoriales: pastel des teinturiers, garance, gaude, et bien d’autres…

Lin au jardin botanique de Falaise
Lin au jardin botanique de Falaise

La Normandie était une zone textile importante. La ville de Falaise était une des villes de foires commerciales importantes au Moyen-Âge. L’élevage de moutons est encore courant et la culture du lin y était déjà très développée.

Balle de lin chez un fermier normand
Balle de lin chez un fermier normand

Chez un fermier, de la famille de Monique, j’ai pu admirer ces balles de lin, de la dernière récolte.

Ces mêmes fibres de lin vues de plus près
Ces mêmes fibres de lin vues de plus près

Voici, une autre plante liée au monde textile, les cardères. Bien avant de nourrir les chardonnerets de nos jardins, ils servaient à donner un aspect duveteux aux toiles… Ils étaient cultivés à cet effet.

Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande

À Vienne, près de Lyon, j’ai pu voir une machine équipée de ces cardes.

Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne
Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne

Petit test

J'ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que  j'ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l'indigo
J’ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que j’ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l’indigo

Le pastel des teinturiers couvrait de larges superficies de culture pour teindre en bleu, avant l’arrivée de l’indigo d’Indigofera Suffructosa des pays tropicaux.

La garance pour le rouge et la gaude, très réputée pour son jaune, occupaient aussi de grandes surfaces, ces plantes avaient une grande importance économique ce qui explique leur présence dans ce jardin botanique.

Musée de Nemours (France)

Mon ami Gérard, de Chatenoy a eu la grande gentillesse de m’amener voir ce musée. Il s’agit d’un très beau musée de la Préhistoire locale de la Région Île-de-France.

Par chance, il représente le type de flore locale à l’époque préhistorique à laquelle correspondent les vitrines environnantes. Cela donne une bonne idée de l’évolution des conditions de vie des humains à l’époque donnée.

Cela permet de constater que cette végétation a beaucoup évolué entre les périodes de glaciations et de réchauffement.

Vitrine extérieure - botanique de l'époque
Vitrine extérieure – botanique de l’époque

Mucem, Marseille (France)

Le MUCEM, à Marseille est un très beau musée. Le bâtiment principal est entouré d’une très vaste section botanique, un peu dans le genre des Jardins en Mouvement de Gilles Clément. Ceci est un très beau concept, oú l’on laisse le jardin évoluer. Ainsi, les massifs de plantes se déplacent, par eux-mêmes, d’une année à l’autre.

Santolines et lavandes, la botanique des abeilles
Santolines et lavandes, la botanique des abeilles

Par chance, j’ai pu rencontrer le jardinier qui désherbait un peu une rocaille qui attirait beaucoup d’abeilles. Il m’a donné beaucoup d’informations.

Lavandes de Provence
Lavandes de Provence

C’est là que j’ai découvert le caprier, si beau, local, mais un peu envahissant. Je le retrouverai dans la suite de mon voyage en Italie et en Tunisie.

Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs
Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs

Cette année, le printemps avait été très sec, et le jardin en avait beaucoup souffert.

Zone aromatique de ce jardin botanique
Zone aromatique de ce jardin botanique

Musée Égyptien de Turin, section botanique (Italie)

Dans ce musée de premier ordre, il y a un petit jardin botanique des plantes d’usage courant dans l’Égypte des Pharaons. Cependant, il faut insister auprès du gardien qui vous renvoie vers la sortie.

Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens
Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens

De bien jolies plantes, dont certaines sont tinctoriales.

Grenadier
Grenadier
Lotus, la racine peut teindre en noir, la tige donne une fibre précieuse encore utiliséee au Myanmar
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n'arrivera que plus tard
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n’arrivera que plus tard
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune

Les fleurs étaient très importantes pour les Égyptiens du temps des Pharaons. Ils en faisaient des guirlandes. J’ai entendu dire qu’il y en avaient de grandes quantité dans la tombe de Toutankhamon qui n’ont pas attiré l’attention des découvreurs. Quel dommage!

Collier

Dans ce musée de Turin, il y avait des statuettes représentant ces guirlandes de fleurs.

Statuette à guirlandes de fleurs
Collier floral égyptien
Collier floral égyptien
Récolte du papyrus
Récolte du papyrus

Il y avait un diaporama sur la récolte et la fabrication artisanale du papyrus.

Musée Romain et botanique, Lausanne, Suisse

Un petit musée bien sympathique qui s’adresse d’abord aux enfants, mais aussi aux plus grands.

Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique
Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique

Une exposition invite à réfléchir à ce que pourraient trouver des archéologues dans quelques milliers d’années. Cela rappelle une nouvelle de Primo Levi.

Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu'un papyrus égyptien
Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu’un papyrus égyptien

Grande partie de notre production textuelle ne serait pas en mesure de résister au temps. Les interprétations de ce qu’ils pourraient retrouver risque fort d’être aléatoires et erronées à l’instar de certaines explications actuelles de notre passé.

Ce musée est flanqué d’un petit jardin botanique montrant les plantes qu’utilisaient les Romains.

Vue générale de ce petit jardin botanique
Vue générale de ce petit jardin botanique

Des pluies d’orage m’ont obligé prendre les photos en plusieurs épisodes.

Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l'orage n'ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l’orage n’ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Dans ce jardin botanique, j'ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l'imaginais beaucoup plus grand
Dans ce jardin botanique, j’ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l’imaginais beaucoup plus grand
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique, la garance aussi manquait à l’appel

“Open air” et botanique

Généralement, les mus´ées dit “Open Air” présentent souvent des sections Botanique.

En général, ils montrent des fermes de différentes régions du pays, il y a une dimension architecturale, mais aussi ethnographique.

D’habitude, ces musées montrent aussi des économies locales et familiales, artisanats et petite agriculture… Un jardin indique ainsi l’alimentation de la population locale, mais aussi les remèdes disponibles et les fibres utilisées pour les vêtements, l’ameublement, les cordages…

Oslo (Norv`ege)

Fort déçue par le musée des navires d’Oseberg, ceux-ci sont bien sûr très beaux et impressionants. Mais, on ne peut pas voir les trésors, notamment textiles, qu’ils contenaient.

Jolie décoration de l'un des navires d'Oseberg
Jolie décoration de l’un des navires d’Oseberg

Alors que ces trésors sont surprenants par leurs qualités et leur état de conservation, on ne pourra pas les voir avant 2025, quand ils auront enfin un nouveau musée. Quel dommage.

Heureusement, on peut les retrouver dans un livre. Cependant, pouvoir les voir en réalité, malgré la barrière de la vitrine, peut apporter beaucoup d’informations.

Quel beau jardin, botanique familiale
Quel beau jardin, botanique familiale

À coté de ce musée quasi absent, il y avait le musée Norsk Folkemuseum.

De nombreuses constructions traditionnelles s’insèrent dans un cadre botanique.

Belle clôture originale
Belle clôture originale
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés

Turku (Finlande)

Encore un rendez-vous manqué, le musée qui expose les bandes tissées aux tablettes n’était pas ouvert.

J’ai déjà parlé du Musée de la Pharmacie. Mais, il y a aussi un quartier populaire, celui de Luostarinmäki qui a résisté au grand incendie de 1827.

Musée de Luostarinmäki
Cours dans ce quartier populaire
Cours dans ce quartier populaire
Achillée millefeuille, m´edicinale et tinctoriale
Achillée millefeuille, m´edicinale, tinctoriale et anti-érosion

Turku Art Museum

Là, j’ai découvert une artiste qui s’inspire des plantes et peint avec des pigments qui proviennent de plantes: Katja Sirjä.

Petits flacons contenant des pigments naturels
Petits flacons contenant des pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels

Helsinki (Finlande)

Le temps ´´etait court.

Dans une des nombreuses îles d’Helsinki, celle de Seurasaari Open-Air Museum, on peut visiter plus de 80 bâtiments de toutes sortes: des abris pour les bateaux, des églises, des manoirs, des greniers, des maisons pratiquement toutes meublées, suivant l’époque, le niveau économique… J’y ai vu de nombreux rouets pour filer. Malheureusement, ils n’étaient jamais en état de marche.

Je crois que je n'ai jamais vu autant d'oies
Je crois que je n’ai jamais vu autant d’oies
Entrée du musée
Entrée du musée
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Encore des clôtures
Encore des clôtures

Et des clôtures originales.

Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Quelle écorce curieuse!
Quelle écorce curieuse!
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Série de greniers de différentes régions
Série de greniers de différentes régions
Sculpture en vannerie dans le jardin d'un manoir
Sculpture en vannerie dans le jardin d’un manoir

Il y avait aussi des jardins…

Jardins de plantes médicinales
Jardins de plantes médicinales
Jardin potager
Jardin potager
Maisons, moulin et église
Maisons, moulin et église
En partant, j'ai vu un écureuil
En partant, j’ai vu un écureuil

Il me semble qu’il faut consacrer plusieurs heures à ce musée très intéressant et agréable à parcourir.

Kaunas (Lithuanie)

Lors de mon retour de mon dernier voyage en Scandinavie, je suis passée rapidement par Tallin, Riga et Kaunas.

À 26 km de Kaunas, il y a un très beau Musée Ethnographique: Lietuvos Liaudies Buities muziejus. L’accès n’est pas facile quand on n’est pas motorisé. Je dois un grand merci à la dame qui m’a prise en stop et m’a ramenée si gentilement à Kaunas.

Entrée du musée
Entrée du musée
Plan du musée
Plan du musée

Comme dans les villes précédentes, la diversité de l’architecture est soulignée. Mais, ici, la superficie est largement supérieure à la moyenne. Les procédés agricoles sont bien expliqués, bien que je ne comprenne pas le lithuanien.

Petit village reconstitué autour de sa place
Petit village reconstitué autour de sa place
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Maison et clôture
Maison et clôture
Encore une clôture originale
Encore une clôture originale

On peut ainsi visiter un moulin à vent en suivant tout le parcours des céréales à moudre.

Vue d'un des moulins
Vue d’un des moulins
À l'intérieur du moulin
À l’intérieur du moulin
Il n'y avait pas d'indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche
Il n’y avait pas d’indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche

Notamment, il y a une grande grange avec des machines agricoles pour décortiquer les tiges de plantes à fibres, probablement lin ou chanvre.

Machine à teiller artisanale, apparemment, il s'agit de lin, surmonter d'un peigne à carder
Machine à teiller artisanale, apparemment, il s’agit de lin, surmonter d’un peigne à carder

Mais, là, une des fermes peut montrer tout un atelier de traitement quasi-industriel des fibres.

Système de teillage des fibres
Système de teillage des fibres
Il y a des fleurs autour de chaque maison
Il y a des fleurs autour de chaque maison

Il y a de nombreux jardins autour des fermes…

Bordure de maison fleurie
Bordure de maison fleurie
Ingénieux système de jardinières géantes
Ingénieux système de jardinières géantes
Pieds de houblon
Pieds de houblon

Il y a avait bien sûr un petit jardin médicinal… je n’ai retenu que 2 photos. Il était beau et bien renseigné.

Coreopsis, plante tinctoriale (jaune-orange)
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu'il s'agit d'Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu’il s’agit d’Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale

Il y a aussi des tisserands et d’autres artisans présents à qui l’on peut poser des questions.

Tisserand sur son m´etier à tisser
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l'intérieur
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l’intérieur
Cette cabane vue de l'extérieur
Cette cabane vue de l’extérieur

J’y ai passé la journée complète et j’y retournerai volontiers.

Rostkilde (Danemark)

Entrée du musée
Entrée du musée

Outre le bâtiment qui abrite les bâteaux retrouvés au fonds de la mer, à l’entrée du port, il y a une grande partie extérieure.

Utilisation des différentes essences d'arbres pour chaque partie d'un navire
Utilisation des différentes essences d’arbres pour chaque partie d’un navire

À l’extérieur, on peut y voir les différentes essences d’arbres utilisés pour les différentes parties des bâteaux et leurs qualités.

Description botanique et utilitaire d'un arbre utilisé dans la construction d'un navire viking
Description botanique et utilitaire d’un arbre utilisé dans la construction d’un navire viking

Alors, des arbres dans des bacs sont mis en lien avec les diifférentes parties du bateau.

Différentes cordes, botanique exploitée
Différentes cordes, botanique exploitée

De même, les cordes ont aussi leur stand, avec indication de la matière qui les compose.

Gletterens (Suisse)

Ici, les haies jouent un rôle important. Une grande quantité d’arbustes y ont été plantés en fonction de leur possible utilisation à l’époque néolithique. Il y a de nombreux arbres dont les fruits ont été consommés.

D’autres plantes avaient leur utilité en teinture, mais aussi pour le tannage des peaux.

Haies de Gletterens
Haies de Gletterens

Par exemple, il y a aussi des arbustes de viorne. Cet arbuste à de très jolies fleurs au printemps. Mais, ce n’est pas pour raisons esthétiques qu’il figure en bonne place à Gletterens. Ce sont les branches qui ont la réputation d’être d’une grande droiture, ce qui les destinaient à la fabrication des flèches qui lui valent cette place de choix… Les fruits crus de cet arbre sont toxiques.

Haie de Gletterens, que de ressources botaniques
Haie de Gletterens, que de ressources botaniques

Le petit jardin de plantes anciennes, récemment domestiquées au néolithique.

Beau lin en fleurs et en graines
Beau lin en fleurs et en graines
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique

Albersdorf (Allemagne)

À 2 heures de train de Hambourg, il y a un petit musée intéressant et un parc de reconstitution d’un village de l’Âge de Fer.

D’abord, au musée, il y a une salle consacrée à l’ambre, produit courant sur toute la Baltique. Elle peut révéler la micro-faune et la flore d’il y a des millions d’années. Il y a là toute une botanique enrobée dans cette résine végétale.

Quel trésor botanique enfermé dans cette résine
Quel trésor botanique enfermé dans cette résine

Ici, la plupart des maisons sont entourées d’un jardin maraîcher et de petits champs de céréales.

Signalétique du Musée et du Village de l'Âge de Fer
Signalétique du Musée et du Village de l’Âge de Fer
Jardin de plantes aromatiques
Jardin de plantes aromatiques
Potager et céréales
Potager et céréales, on remarquera les toits végétalisées
Encore du lin
Encore du lin
Et quelques moutons
Et quelques moutons

Jardin médiéval de Villeneuve près d’Aigle (Suisse)

En me promenant à Villeneuve, je suis tombée sur un petit jardin public fort intéressant.

Entrée du jardin médiéval
Entrée du jardin médiéval
Vue générale de ce jardin
Vue générale de ce jardin

Botanique sauvage

La botanique, ce n’est pas que les plantes cultivées, d´´ejà domestiquées. Ce sont aussi les plantes sauvages, d’où proviennent les végétaux choisis par nos ancêtres pour nous alimenter, nous vêtir et nous soigner.

Aujourd’hui, ces plantes originelles sont devenues mauvaises herbes, adventices, voire invasives car nous ne les connaissons plus, leur raison d’être a été invisibilisée.

Par exemple, c’est le but des importants travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bioindcatrices.

Jardin d’apicultrice – Codao (Suisse)

Après, la nature ordonnée et maîtrisée, voici un lieu où la nature reprend ses droits. C’est un point de rencontre de graines du monde. Celles qui survivent aux aléas de la vie y prospèrent joyeusement.

Tout un monde botanique
Tout un monde botanique

Comme Lucía est apicultrice à Codao, près de Santa Cruz, Région de O’Higgins, Centre du Chili, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de la visiter quand j’ai dû aller à Santiago.

Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l'entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir
Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l’entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir

Passionnée de botanique, elle collectionne les plantes pour ses abeilles et ses huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Ses plantes entrent dans la composition de ses produits cosmétiques à base de miel, pollen, propolis, cire d’abeilles… Que de bienfaits!

J'espère que cette image laissera s'envoler votre imagination vers ce paradis botanique
J’espère que cette image laissera s’envoler votre imagination vers ce paradis botanique, les abeilles sont déjà passées par là…

Alors, nous allons organiser un cours de teintures naturelles chez elle en novembre/décembre 2023. Je donnerai plus d’informations dans un article en espagnol très prochainement.

botanique en détail

Blog Castellano

/// Blog Castellano ///
Artículo creado el 25 de mayo de 2023
En Europa desde el 4 de mayo 2023 – Vuelta a Chile el 15 de noviembre 2023 – Muchas novedades
2 cursos en Chile en noviembre-diciembre 2023 – Pica et Codao
Organicemos
talleres! Es fácil
+33 7 69 905 352 o +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram y signal) – publicobre2000@yahoo.es
Estoy escribiendo varios artículos nuevos y serán publicados dentro de poco.
Blog recién reorganizado
Por fin, nuevo blog en castellano disponible: www.lanitando.com

Por fin, para mis amigos que hablan castellano

Al fin, escribo en castellano. Tengo informaciones importantes para mis amigos hispanohablantes, y especialmente de Chile.

Esperando la próxima creación de un sitio complementario a este en castellano: www.lanitando.com. Ya se solucionó con la ayuda de un amigo, unos problemas informáticos.

Luego, tengo que ponerme a escribir y esto necesita tiempo. Así, les ruego que sean un poco pacientes. Ya está la página principal y un artículo. Los otros seguirán…

Lo primero que tengo que anunciar es un curso en Noviembre o Diciembre 2023.

Se desarrollará en la casa y el jardín de mi amiga Lucía Fuentes, en Coado, cerca de Santa Cruz, 6a Región O’Higgins, Chile.

Por fin, no olvidé visitar el sitio de amigo Angel, de ahí vendrán las buenas lanas que teñiremos.

¿De qué les hablaré en castello?

En castellano, estos artículos serán distintos de los que publiqué en francés. Así que no serán simples traducciones.

Primero, los cursos, por supuesto

Los estoy preparando desde hace varios meses.

Teñidos naturales al sol, lo podemos hacer en castellano

Las técnicas

Creo que lo están esperando.

Traigo de mis viajes bastante novedades y tengo muchas ganas de compartirselas. Pienso hacerlo con más detalles.

¿Acaso, conocen el anillado? ¿Le gustaría conocer esta técnica ancestral, desarrollada desde la prehistoria, un poco por todo el mundo?

Reflexiones

Nunca faltan y hay que desarrollarlas.

Viajes

Saco gran cantidad de fotos, visito museos, conozco gente nueva…

Teñidos naturales - castellano
Teñidos naturales, en Gletterens, Suiza

Blog Tissage

/// Blog Tissage ///
Article créé le 21 mai 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés

Tissage et autres

Le tissage de ce que je teins est une suite logique. C’est aussi important pour moi.

Les articles se multiplient et pour une meilleure consultation de ce site. Il me semble qu’il est indispensable de diviser ce blog en plusieurs branches.

Après la branche Teinture, voici la branche Tissage. Car les techniques de tissage et tricotage sont nombreuses.

Divers

Je viens d’ajouter une autre branche Divers. Elle complètera À propos qui est une section à la fois un peu plus généraliste et un peu plus personnelle. En effet, j’écris aussi des articles difficiles à classer dans les deux premières branches, mais toujours en lien avec la teinture et tissage.

Dans cette rubrique Divers, je classerai tous ce qui touche au domaine important à mon avis des fibres, matières premières, outils et techniques de recherche.

Mes outils sont très importants, ils occupent trop de place dans mes bagages quand je voyage. C’est la raison pour laquelle je cherche à pouvoir me les fabriquer moi-même, comme le faisaient les anciens nomades.

Un métier à tisser à pédales, c’est beau, cela peut être très productif. Cependant, c’est difficile à déplacer, j’en ai un beau. Il est démonté et n’attend qu’à être remonté. Mais, il encombre un ami depuis 2 ans et je n’ai pas encore trouvé de solution abordable pour l’envoyer à Puerto Montt! Ceci est un appel à l’aide.

N’oubliez pas de visiter les Formations

Suite à la demande persistante de mes amis hispanophones, je pense lancer prochainement un nouveau site, certainement plus orienté vers des tutoriels, en espagnol cette fois. Ce sera www.lanitando.com

Ce ne sera donc pas une traduction de mes deux sites existants, mais un complément nécessaire.

Une petite visite à la boutique de mon ami Angel peut être un bon complément.

Je vous laisse explorer ces articles.

Blog Divers

/// Blog Divers ///
Article créé le 21 mai 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés

Divers, entre teinture et textile

Divers, cette rubrique devient nécessaire. Les articles se multiplient et pour une meilleure consultation de ce site. Il me semble qu’il est indispensable de diviser ce blog en plusieurs branches.

Après la branche Teinture et la branche Tissage, voilà la branche Divers.

Elle complètera À propos qui est une section à la fois un peu plus généraliste et un peu plus personnelle. En effet, j’écris aussi des articles difficiles à classer dans les deux premières branches, mais toujours en lien avec la teinture et tissage.

Dans cette rubrique Divers, je classerai tous ce qui touche au domaine important à mon avis des fibres, matières premières, outils, expériences et techniques de recherche.

Il y aura aussi des articles de réflexion sur ma pratique professionnelle qui n’a rien d’automatique. Cette réflexion est richement alimentée au cours de mes voyages.

N’oubliez pas de visiter les Formations

Une petite visite à la boutique de mon ami Angel peut être un bon complément.

Suite à la demande persistante de mes amis hispanophones, je pense lancer prochainement un nouveau site, certainement plus orienté vers des tutoriels, en espagnol cette fois. Ce sera www.lanitando.com

Ce ne sera donc pas une traduction de mes deux sites existants, mais un complément nécessaire.

Je vous laisse explorer ces articles.

Divers Fibres

Pour tisser, on utilise des fibres. Celles-ci sont très variées et doivent subir un certain nombre de traitements divers, je les traiterai dans cette rubrique.

Divers Techniques

Les techniques et leur histoire ont leur importance. Je donne beaucoup d’importance à mes outils et je vais développer ce sujet qui me tient à coeur.

Je ne me contente pas d’acheter des outils. Parfois, j’essaie de les améliorer. Dans certains cas, je vais les puiser dans la nature.

Autres

Il y a toujours des inclassables même dans les Divers.

Ortie, houblon, fibres anciennes

/// Ortie et houblon, fibres anciennes ///
Article créé le 23 septembre 2022, dernière mise à jour le 29 septembre 2022
Je suis en Europe depuis le 10 mai 2022 – Retour au Chili le 11 novembre – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Il y a quelques années, j’avais déjà fait des expériences avec les orties, elles m’ont même menée jusqu’à Gletterens il y a 3 ans. J’y suis de retour cette année et j’en profite pour faire de nouveaux essais. La sécheresse et la canicule qui interdisaient les feux m’y ont aidée. Dans cet article, je résumerai un été d’expériences à Gletterens dont le travail de l’ortie a été a été l’exercice quotidien.

Houblon, j'appliquerai à cette plante le même traitement qu'à l'ortie pour en obtenir des fibres, bonnes à être filées et tissées
Houblon, j’appliquerai à cette plante le même traitement qu’à l’ortie pour en obtenir des fibres, bonnes à être filées et tissées

Retour à Gletterens

Le cours prévu à Zonca n’ayant malheureusement pas eu lieu, je suis arrivée à Gletterens plus tôt que prévu.

Cela m’a permis de faire de nombreuses expériences, seulement réalisables avec du temps et de la patience, ce qui est le cas du travail des fibres d’orties et des teintures solaires. Ces innovations agrémenteront mon été.

Difficile de teindre sans feu

L’été passé avait sous le signe de la pluie quasi permanente, cet été ce sera la canicule.

L’interdiction d’allumer des feux en extérieur a été proclamée courant juillet dans presque tous les cantons suisses, notamment dans celui dont dépend Gletterens.

C’est vrai que les haies avaient vraiment très mauvaise mine et des arbres adultes comme des bouleaux et des charmes avaient déjà perdu leurs feuilles à la mi-juillet.

Les arbustes de cette haie, pourtant aux bords des fossés, ont beaucoup souffert de la canicule
Les arbustes de cette haie, pourtant aux bords des fossés, ont beaucoup souffert de la canicule

Il y a toujours moyen de contourner les règles, mes feux pour teindre ne sont pas en extérieur, mais mieux vaut éviter des discussions inutiles…

Je me suis donc tournée vers une série de tests de teinture solaire, l’indigo et les expériences sur les fibres d’ortie et de houblon, qui avaient été largement utilisées pendant la préhistoire.

Les rares fois que j’ai pu allumer un feu, j’ai pu teindre les raphias pour le Village Lacustre qui avait trempé beaucoup plus longtemps que prévu et a mieux pris les teintures que l’an dernier.

Pratiquement tous les bains ont largement eu le temps de fermenter et d’infuser, ce qui a certainement influencé la teinture.

Les bains sont en train de patienter sous la canicule
Les bains sont en train de patienter sous la canicule

Le processus de teinture a encore été encore plus ralenti, les fibres ont macéré plus longtemps et les résultats semblent meilleurs. Seuls les récipients manquaient pour plus de teintures.

Collection de bains en attente de l'occasion de faire un feu
Collection de bains de teinture en attente de l’occasion de faire un feu
Les fibres s'égouttent après leur cuisson
Les fibres s’égouttent apr`es leur cuisson
Pendant que les fibres s'égouttent, une brassée d'ortie attend d'être effeuilée
Pendant que les fibres s’égouttent, une brassée de rumex attend d’être mise à tremper

Et, tous les jours, je fais de nouvelles expériences avec les orties. Heureusement, cette matière première ne manque pas…

Petite récolte d'ortie
Petite récolte d’ortie

Teinture solaire

J’avais même envisagé de monter une cuisine solaire en utilisant des élements récupérés à la déchetterie: vieux four électrique, grilles et papier d’aluminium… Cependant, cela n’aurait pas été archéocompatible. Mes casseroles, déjà ne le sont pas. Mais, cela devrait être en partie réglé l’an prochain lors d’une semaine d’expérimentation en céramique néolythique du 16 au 23 juillet 2023, puis lors du prochain Rassemblement Préhistorique du 30 juillet au 6 août 2023 au Village Lacustre de Gletterens.

J’espère pouvoir répéter cette expérience dans des pots en terre.

Petit test de teinture solaire, ces 4 récipients seront exposés au soleil pendant 15 jours. J'essaierai avec de l'ortie l'an prochain
Petit test de teinture solaire, ces 4 récipients seront exposés au soleil pendant 15 jours. J’essaierai avec de l’ortie l’an prochain
Résultat - À gauche, de haut en bas, fleurs d'hibiscus, racine de garance, cochenille et vinaigre - À droite, benoite récoltée autour du Village Lacustre
Résultat – À gauche, de haut en bas, fleurs d’hibiscus, racine de garance, cochenille et vinaigre – À droite, benoite récoltée autour du Village Lacustre, les colliers sont en soie, les autres fibres sont de la laine de mouton et d’alpaga

J’espère aussi tester ces teintures solaires en les plongeant alternativement dans des bains acides et des bains alcalins ou basiques.

Indigo

Comme, j’avais du temps entre chaque épluchage d’ortie, je poursuivais les expériences de teinture.

L’indigo est une teinture à froid. Quelle chance! et le raphia que j’avais teint en vert par l’indigo avait plut à mes amis de Gletterens. C’était donc l’occasion de recommencer.

Test d'un bain d'indigo prêt `a l'emploi avec du raphia qui a patiemment trempé dans la fontaine
Test d’un bain d’indigo prêt `a l’emploi avec du raphia qui a patiemment trempé dans la fontaine

D’autant plus que l’indigo est une teinture intéressante en démonstration, notamment avec son passage du jaune-verdâtre au bleu.

Le raphia restera vert, car il est naturellement légèrement jaune, les couleurs naturelles ne sont pas couvrantes, elles s'aditionnent à la couleur de base, les autres fibres qui étaient blanches bleuiront rapidement au contact de l'air
Le raphia restera vert, car il est naturellement légèrement jaune, les couleurs naturelles ne sont pas couvrantes, elles s’aditionnent à la couleur de base, les autres fibres qui étaient blanches bleuiront rapidement au contact de l’air

Nous avons aussi monté une deuxième cuve d’indigo avec les enfants qui participaient au Rassemblement Préhistorique.

Préparation d'une cuve d'indigo 123 (indigo, chaux hydraulique, miel)
Préparation d’une cuve d’indigo 123 (indigo, chaux hydraulique, miel)
Ce sera l'occasion d'apprendre à utiliser du papier pH, pour voir le degré d'alcalinité du bain
Ce sera l’occasion d’apprendre à utiliser du papier pH, pour voir le degré d’alcalinité du bain
Premier test de ce bain d'indigo, teinture de la robe d'une des fillettes
Premier test de ce bain d’indigo, teinture de la robe en lin d’une des fillettes
Détail de la robe, après séchage et rinçage, on notera la jolie bande tissée au plaquettes par Carole du Village Lacustre
Détail de la robe, après séchage et rinçage, on notera la jolie bande tissée au plaquettes par Carole du Village Lacustre, la cruche du bain d’indigo était certainement un peu petite pour une aussi grande pièce, cela explique les irrégularités de teinture
À la fin du séjour, je teindrai aussi une des chechia d'Othello en Tunisie
À la fin du séjour, je teindrai aussi une des chechia d’Othello en Tunisie

Grosse opération mordançage

Ne pouvant pas faire souvent du feu, je décide de faire une grande casserole de mordançage à l’alun et des tests de mordançage au lait de vache et au lait d’amande (je n’ai pas trouvé de lait de soja au supermarché du coin, ce qui aurait été plus économique).

Ces mordançages alternatifs sont parfois conseillés, notamment pour les fibres végétales. Lors des tests de teinture, je n’ai pas vu de différence dans les résultats. L’intérêt est que ce mordançage est libre d’aluminium.

Préparation d'une casserole de mordançage à l'alun
Préparation d’une casserole de mordançage à l’alun

Petit feu dans la maison longue pour préparer le mordançage, j’en profiterai pour faire défiler les autres casseroles.

Gros bain de mordançage en train de chauffer
Gros bain de mordançage en train de chauffer

j’avais préparé tout un cône de coton, il a ét´é mordancé en compagnie de laine, et de lin…

Test de mordançage au lait d'amandes et au lait de vache
Test de mordançage au lait d’amandes et au lait de vache
Dès que le mordançage aura chauffé, il sera remplacé sur le feu par diverses  casseroles de teintures
Dès que le mordançage aura chauffé, il sera remplacé sur le feu par diverses casseroles de teintures

Je prépare aussi une petite soupe clous (acétate de fer, pour les chimistes) avec du vinaigre et de la ferraille trouvée à la déchetterie.

Soupe de clou, mordant et modificateur, élément clé pour les ecoprint
Soupe de clou, mordant et modificateur, élément clé pour les ecoprint

Cette soupe de clou interviendra dans de nombreux tests.

Tissage et nailbinding

Bandes

Le système avec attache à la ceinture me donne mal au dos

Petit métier à bande norvégien et ceinture tunisienne
Petit métier à bande norvégien et ceinture tunisienne
Beau résultat avec du lin
Beau résultat avec du lin

J’ai testé un petit que j’avais ramené du chili pour tisser des bandes.

Petit métier chilien, bien adapté au tissage de bandes, peu encombrant...
Petit métier chilien, bien adapté au tissage de bandes, peu encombrant…

Nailbinding

J’ai continué avec à m’entraîner à la lente mais préhistorique technique du nailbinding/anillado. Un long travail à l’aiguille présent un peu partout dans le monde. On le trouve aussi bien en Égypte que dans la culture Tiwanaku qui a rayonné autour du Lac Titicaca, que chez les Viking (en Scandinavie cette technique est encore vivante) ou dans des frondes de Nouvelle Guinée…

Pièce commencée au Chili
Pièce une fois terminée
Pièce une fois terminée
Anillado en laine filée main
Anillado en laine filée main

Je viens de suivre un cours du Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili pour apprendre à tisser les bonnets à 4 pointes bicolores Tiwanaku.

Bonnet monochrome, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Bonnet monochrome, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Détail d'un bonnet bicolore, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Détail d’un bonnet bicolore, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Les formes et couleurs varient
Les formes et couleurs varient, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili

J’ai fait plus simple et moins serré, cela m’a tout de même pris environ 50 heures.

Bonnet en coton, travail beaucoup plus simple, fibre beaucoup plus grosse que les modèles des musées
Bonnet en coton, travail beaucoup plus simple, fibre beaucoup plus grosse que les modèles des musées

Cette technique peut avoir beaucoup d’applications.

Anse pour un sac avec cette même technique, en chanvre
Anse pour un sac avec cette même technique, en chanvre
Grosse laine, version créative
Grosse laine, version créative
Il existe de nombreux points, vue de détail d'un sac du Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Il existe de nombreux points, vue de détail d’un sac du Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Sac, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Sac, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili

Sprang

J’aussi préparé une petite chaîne de sprang sur le métier fabriqué à cet effet l’an dernier.

Beau métier à sprang, archéocompatible
Beau métier à sprang, archéocompatible

Dans une autre video de Sally Pointer, je découvre un autre petit métier à sprang.

Avec l’aide de Tania, nous en construisons un avec une branche de noisetier.

Une chaîne est aussitôt montée
Une chaîne est aussitôt montée

J’apprendrais les bases de cette fantastique technique lors des Rencontres Braids 2022, à Svendborg, Danemark. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Colliers

Pour tester les différentes matières tinctoriales et les différentes fibres, j’ai tricoté presque tous les jours des colliers avec des perles en bois à répartir dans les différentes casseroles de teinture.

Petit collier avec des perles en bois
Petit collier avec des perles en bois

À raison d’environ 20 minutes par collier, je me suis vite constitué une gamme de test de couleurs et de matières premières.

Exposition des colliers dans la maison longue du Village Lacustre de Gletterens
Exposition des colliers dans la maison longue du Village Lacustre de Gletterens

Rassemblement préhistorique

Le Rassemblement Préhistorique sera l’occasion de revoir des amis et de partager avec eux des premiers résultats sur les fibre d’ortie et de lancer d’autres expériences.

Tanneurs

Les tanneurs ont préparé une nouvelle peau de bison à la cervelle. Dominique Pflieger avait ramené des objets fabriqués avec la peau de l’an dernier.

Peau de bison en cours de préparation à la cervelle
Peau de bison en cours de préparation à la cervelle

Il m’a donné un morceau de cuir plus souple, travaillé avec cette technique, pour que je puisse éplucher mes fibres d’ortie sur mes genoux sans me mouiller les jambes. En outre les fines fibres ressortaient mieux sur un fonds sombre que sur une toile bllanche.

Le travail de tannage, se termine par un feu pour faire fumer les peaux
Le travail de tannage, se termine par un feu pour faire fumer les peaux

Nous avons eu aussi la visite d’autres spécialistes venant d’un musée français. Il étaient bien équipés.

Outils reconstitué
Outils reconstitué
Peaux tannées à la cervelle
Peaux tannées à la cervelle

Ecoprint sur os

Avant le Rassemblement préhistorique, j’ai fait une petite virée dans les boutiques spécialistes des fibres de l’Emmenthal.

J’en suis revenu avec du fil de lin (archócompatible), de la ramie, de la soie (pour les colliers) et une belle collection de livres.

Notamment, j’ai trouvé un livre sur les teintures naturelles, en allemand. Il proposait de faire des ecoprint sur du ciment.

J’ai testé sur des galets, des bouts de bois avec des résultats plutôt mitigés.

Bains de mordançage aux lait avec les tests d'ecoprint
Bains de mordançage aux lait avec les tests d’ecoprint
Ouverture des ecoprint
Ouverture des ecoprint
Ecoprint sur pierre
Ecoprint sur pierre

Puis, nous avons fait un petit test avec un pendentif en os de Tania.

Pendentif en os
Pendentif en os

Dommage, mais la feuille avait un peu bougé,

Après ecoprint
Après ecoprint

Mais, j’avais demandé à Éric, l’ami d’Archeoshop, de me ramener de gros os pour le Rassemblement Préhistorique.

Os pour expérimenter les ecoprint
Os pour expérimenter les ecoprint

Nous les avons donc testés.

Os prêts à cuire
Os prêts à cuire
Préparation des ecoprint
Préparation des ecoprint

Les os embobinés sont partis dans différentes casseroles de teinture naturelle.

Répartition des os dans les casseroles
Répartition des os dans les casseroles

Le déballage a encore eu lieu avec la participation des enfants.

Nos os après cuisson
Nos os après cuisson
Rinçage avant déballage
Rinçage avant déballage
Déballage
Déballage
Déballage
Déballage
Les bandes d'emballage des os ont bénéficié des ecoprint
Les bandes d’emballage des os ont bénéficié des ecoprint
Collection d'os ecoprintés
Collection d’os ecoprintés

Marbrures au naturel

Ce même livre allemand donnait aussi quelques informations sur les papiers marbrés, sujet qui m’intéresse depuis longtemps.

Une spécialiste de la reliure de livres était aussi présente au Rassemblement Préhistorique. Nous en parlâmes. La technique indiquée ne lui semblait pas être la meilleure.

Nous voulions tester une autre recette, mais celle-ci nécessitait du fiel de boeuf. Nous n’avons pas réussi à nous procurer ce produit sans additifs, et ceux-ci auraient pu perturber le résultat.

Ce sera pour une prochaine fois.

Enfin, retour vers l’ortie

Après tous ces détours, j’en arrive enfin à ce que j’ai annoncé: mes expériences avec les orties.

Le travail de l’ortie aura été quotidien cet été à Gletterens. Les fibres d’ortie sont vraiment très belles.

L’ortie, mais aussi le houblon

Il y avait au Village Lacustre, quelques pieds de houblon peu trop exubérant dans une haie qui avaient une facheuse tendance à étouffer quelques pieds de saules.

C’était l’occasion de tester une autre sorte de fibre. Je mènerai donc les deux expériences en parallèle.

Tiges de houblon effeuillées, attendant un long processus
Tiges de houblon effeuillées, attendant un long processus
Les feuilles sont mises à tremper pour teindre
Les feuilles sont mises à tremper pour teindre
Il suffit de casser les tiges pour faire apparaître de fines fibres
Il suffit de casser les tiges pour faire apparaître de fines fibres
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Premier résultat
Premier résultat

Martelage des tiges fraîches, au fonds, premiers résultats obtenus
Martelage des tiges fraîches, au fonds, premiers résultats obtenus
Cette technique a un autre défaut, les orties sèchent très vite, ce qui rend plus difficile le travail de  nettoyage des fibres
Cette technique a un autre défaut, les orties sèchent très vite, ce qui rend plus difficile le travail de nettoyage des fibres

Comment faire avec l’ortie?

Comment est composée une ortie

Une tige d’ortie comporte une tige en lignine (du bois) au centre, très cassant. Autour, il y a de fines fibres blanches de cellulose qu’il faut séparer de l’écorce verte. À ce stade, les orties bien qu’encore fraîches ne piquent plus.

Fibre d'ortie martelée
Fibre d’ortie martelée
Le bois de l'ortie est arraché, restent les fibres et l'écorce
Le bois de l’ortie est arraché, restent les fibres et l’écorce

Les livres sur l’ortie

J’ai consulté de nombreux livres sur les orties, maintenant je sais comment les manger, me soigner avec et en faire du purin. Je parle de tout cela dans un précédent article. Tout est bon dans l’ortie, depuis la racine à la graine…

Avec un peu de chance, on découvre au détour d’une page qu’on en tirait des fibres filées et souvent tissées d’une très grande solidité. En effet, on faisait des cordes d’arc en ortie, de la vannerie, même des voiles de bateaux, des draps, des vêtements ainsi que des sous-vêtements, au moins jusqu’au Moyen-Âge et parfois encore au XIXème siècle dans certaines régions du monde…

Avec la mécanisation des processus de traitement l’ortie est devenue invisible devant le chanvre et lin.

Il faut choisir les plantes d'ortie les plus longues et les moins ramifiées
Il faut choisir les plantes d’ortie les plus longues et les moins ramifiées

Ces plantes n’ont pas de noeuds et sont beaucoup plus faciles à travailler et donnant de plus longues fibres.

Botte d'ortie en attente de rouir
Botte d’ortie en attente de rouir

Mais, pas un mot sur l’obtention de ces fibres. Ce silence m’intrigue.

Les video sur la fibre d’ortie

Sur Youtube, il y a de nombreuses video, surtout anglosaxonnes sur la préparation des fibres d’ortie. Mais, il y en a pas qui aille jusqu’au bout. Comme dans la grande majorité des tutoriels, il manque toujours une étape cruciale,, un petit détail qui rend possible l’obtention d’un produit correct.

Le produit obtenu est une fibre d’ortie verdâtre, avec encore beaucoup d’écorce rugueuse et désagréable au toucher et encore plus à filer L’ortie ne pique plus depuis longtemps, mais les déchets d’écorce qui adhèrent encore aux fibres de cellulose ne donnent pas un produit très flatteur.

La couleur verte que certains apprécie disparaît très vite, c’est la chlorophylle qui se décompose rapidement à la lumière.

Il semblerait aussi, qu’ils utilisent un autre espèce d’ortie qui mesure plus de 3 mètres!

Une video, ou plutôt une série de video a cependant retenu toute mon attention, il s’agit de celles de Sally Pointer qui en outre fait de la reconstitution archéologique. Et j’y revient maintenant que je rédige cet article. Elle est accompagnée d’un article très intéressant que l’on peut télécharger gratuitement. Je vous le recommande. Puis, pour la première fois, je me donne la peine de lire les commentaires. Cela m’a pris plusieurs heures.

En laissant de côté, toutes les remarques concernant le fait que les orties piquent, et pour une fois, il s’agit d’ortie normale et les commentaires concernant un petit chat apparemment charmant que je n’avais pas remarqué, on peut découvrir des questions très intéressantes auxquelles l’auteur de la video répond très souvent en apportant des détails supplémentaires utiles.

Et le houblon?

Je n’ai pas trouvé d’ortie sèche, rouie par l’hiver passé, on était déjà en juillet, certainement un peu tard. Mais, le houblon présentait encore les deux étapes.

Sec ou frais

Pour le houblon, j’avais le choix entre les tiges mortes de l’an passé et les nouvelles qui étaient vertes. J’ai donc testé les deux.

Dans les deux cas, j’ai mis les tiges enroulées à tremper dans le bac des orties, ainsi que les fibres martelées ou grattées antérieurement comme dans les video.

Comme pour les orties, je les surveillaient. Je n’ai fait qu’une seule récolte dans une haie.

Quand les fibres et l’écorce étaient prêtes, elles se défaisaient facilement du bois de la tige qui était assez cassant et ne pouvait donc pas être utilisé en vannerie.

Fibres de houblon martelées
Fibres de houblon martelées

Puis, il fallait éliminer les écorces, par une longue série de séchage, frottage, martelage, trempage. Les fibres s’éclaircissent et s’adoucissent petit à petit au fur et à mesure que les déchets d’écorces s’en séparent. C’est long et r´épétitif avant d’obtenir des fibres que l’on peut filer au fuseau.

Fibres de houblon rouies

Cette technique est donc une technique de rouissage comme traditionnellement pour le chanvre et le lin.

Une fois sèches, des déchets tombent sur le cuir
Une fois sèches, des déchets tombent sur le cuir
Fibres de houblon battues
Fibres de houblon battues

Mais, selon Sally Pointer, des traces de micro-rayures observées sur les pièces archéologiques indiquent l’usage de gratttoirs.

Ce sera une nouvelle expérience à faire l’an prochain.

La ramie, cousine de l’ortie

La ramie est une fibre blanche, brillante et soyeuse qui provient d’une espèce d’ortie sud-est asiatique qui ne pique pas, ces fibres sont assez longues et peuvent être filées aussi bien au rouet qu’au fuseau. Tous mes amis tireurs à l’arc en ont reçu une petite bobine, j’en aurai certainement des nouvelle l’an prochain.

J’ai essayé de filer ces fibres aussi bien sèches qu’humides. Il semblerait que l’humidification rendrait l’opération un peu plus facile.

Filage d'un peu de ramie, cousine de l'ortie, préparée industriellement
Filage d’un peu de ramie, cousine de l’ortie, préparée industriellement

Tout oublier et tester l’ortie

On m’avait beaucoup insisté qu’il ne fallait pas faire rouir l’ortie trop longtemps et qu’il fallait bien la surveiller…

Après visionnage de nombreuses video et un certain nombre de test en martelant ou piétinant plus ou moins, en surveillant le rouissage… J’ai décidé de n’en faire qu’à ma tête.

J’ai donc arrêté de piétiner, de gratter avec un couteau.

J’effeuillais les orties que je ramassais par douzaine chaque jour et je les mettais à tremper dans un bac d’eau que je surveillais tout de même chaque matin.

Au centre, bain de rouissage des orties et du houblon
Au centre, bain de rouissage des orties et du houblon

Plus d’une fois, j’ai dû renouveler l’eau car des moustiques y avaient pondu leurs oeufs et des larves en forme de petits se tortillaient dans mon bac. Les moustiques manquaient de zones humides où pondre, j’ai trouvé ces petits clous agités jusque dans un pot contenant de la lessive de cendres.

Bain de rouissage, chauffé par le soleil, vérification de l'avancée du processus
Bain de rouissage, chauffé par le soleil, vérification de l’avancée du processus

Petit détail, mon bac de rouissage était noir et concentrait donc la chaleur.

Ces petits clous se développaient dans mon bain de rouissage d'ortie
Ces petits clous se développaient dans mon bain de rouissage d’ortie

Quand l’écorce de l’ortie se ramollissait et commençait à pourrir, je sortait les orties et je grattais les tiges avec l’ongle, de belles fibres blanches apparaissaient. Si elles ne se libéraient pas assez facilement de l’écorce verte, je le remettais à tremper. Je les retravaillais le jour suivant.

Essais de rouissage d'ortie sous la vidange de la fontaine
Essais de rouissage d’ortie sous la vidange de la fontaine

J’en avais aussi mises à rouir dans le petit fossé où se vide la fontaine.

Avec l'avance du rouissage, les fibres de cellulose d'ortie se déachent
Avec l’avance du rouissage, les fibres de cellulose d’ortie se déachent

J’ai donc fini par opter pour la technique moderne sans le savoir. Mes fibres étaient plus blanches, plus douces, mais aussi plus courtes.

Gros plan sur rouissage d'ortie plus avancé
Gros plan sur rouissage d’ortie plus avancé

En effet, le rouissage élimine les pectines et d’autres substances qui unissent encore les fibres entre elles dans la méthode par grattage préhistorique.

Nettoyage de la fibre d’ortie et de houblon

Rinçage à l’eau

Après chaque séchage, après martèlement, je fais tomber le maximum de poussières. Puis, je rince et je remets à sécher. Et des déchets, il en tombe toujours.

Bouillir avec des cendres

Après avoir visionné une video où l’on traitait les fibres avec un shampoing très spécial, mais certainement basique puis avec un bain acide, je décide de faire un test archéocompatible avec un petit peu de fibres mises à bouillir avec de la cendres.

Comme j'avais déjà un bon paquet de fibres d'ortie travaillées, je décide de faire un petit test avec de la cendre
Comme j’avais déjà un bon paquet de fibres d’ortie travaillées, je décide de faire un petit test avec de la cendre
Les différentes qualités de fibres
Les différentes qualités de fibres
Test de filage d'ortie, le fuseau avec la bobine blanche au cenre est un échantillon de ramie
Test de filage d’ortie, le fuseau avec la bobine blanche au cenre est un échantillon de ramie
Test de cuisson avec des cendres
Test de cuisson avec des cendres
Rinçage du test avec les cendres
Rinçage du test avec les cendres
Fin de rinçage des fibres
Résultat: fibres d'ortie en blanc, houblon, beige
Résultat: fibres d’ortie en blanc, houblon, beige

Rinçage au vinaigre

Puis je les ai rincées, et enfin je les ai fait tremper dans un peu de vinaigre et à nouveau rincées.

Après rinçage au vinaigre pour neuttraliser et éliminer le maximum de déchets

Dernier rinçage à l’eau

Après ce dernier rinçage à l’eau, mes fibres étaient beaucoup plus propres et douces. Il ne manquait plus que le cardage.

Fibres d'orties après le dernier rinçage à l'eau
Fibres d’orties après le dernier rinçage à l’eau

Finition de la fibre d’ortie et de houblon

Feuilles et fibres d'ortie et de houblon, un peu d'ortie filée
Feuilles et fibres d’ortie et de houblon, un peu d’ortie filée

Séchage

Heureusement qu’il faisait chaud. Tous les jours, je remettais à sécher mes fibres et ensuite je les secouais pour faire tomber les restes d’écorces récalcitrants. J’ai fait ces opérations depuis le début des tests et je l’ai poursuivi jusqu’au filage.

Cardage

Après tous ces traitements, mes fibres étaient plutôt en désordre et emmêlées, ce qui les rendaient difficiles à filer.

Cardage des fibres de houblon
Cardage des fibres de houblon

J’ai profité de mon retour au Festival Yelen à Baulmes pour utiliser les cardes que m’avait prêtées Camille pour carder mes fibres d’ortie et de houblon en démonstration pour les enfants.

Cardage des fibres d'ortie
Cardage des fibres d’ortie

Filage

Le but de toutes ces opérations était bien sûr d’obtenir un fil.

Fiil de houblon
Fiil de houblon

Je vais donc tester le filage de ces deux types de fibres.

Fibres d'orties cardées
Fibres d’orties cardées

En ce qui concerne le houblon, j’ai préféré le travail avec des tiges sèche de l’an dernier, mais elles sont plus grossières que les fibres d’ortie. Comme elles sont un peu plus longues, elles sont un peu plus faciles à filer.

Filage au fuseau de fibres d'ortie
Filage au fuseau de fibres d’ortie
Incroyable, mais vrai,  après tous ces traitements, il reste encore des déchets dans mes fibres d'ortie
Incroyable, mais vrai, après tous ces traitements, il reste encore des déchets dans mes fibres d’ortie

Conclusion

Avec un peu, beaucoup de patience, on peut vraiment tirer parti, de ces plantes qui sont souvent assez mal vues.

A chaque fois, que je ramassais et effeuillais les orties, je le faisais à main nue. Donc, elles me piquaient un peu, mais la nuit, je dormais mieux.

Comme l'ortie ne produit pas que des tiges, il y a eu aussi une casserole de teinture à l'ortie
Comme l’ortie ne produit pas que des tiges, il y a eu aussi une casserole de teinture à l’ortie
Teinture à l'ortie, une fois cuite
Teinture à l’ortie, une fois cuite
Résultat de la teinture à l'ortie, mordancée à l'alun
Résultat de la teinture à l’ortie, mordancée à l’alun

L’an prochain, j’aimerai tester certaines plantes comme la mauve et les roses trémières connues pour avoir des fibres. L’idéal serait de les récolter rouies naturellement après l’hiver. La difficulté est d’en trouver en quantité suffisante.

Les documents américains mentionnent le milkweed (qui semble être toxique), je ne l’ai pas encore rencontrée.

Je voudrai aussi tester des plantes à tiges dures à couper telles que la chicorée sauvage et le rumex, courants à Gletterens.

Festival Yelen

/// Festival Yelen ///
Article cr´éé le 8 décembre 2021, publié le 6 mai, non terminé
Retour en Europe le 10 mai 2022 – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp/signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….

Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.

Teinture naturelle 10 – 15 juillet
Tissage artisanal 17 – 22 juillet

Rejoignez nous à Zonca!

Le Festival Yelen, j’y suis arrivée grâce à Camille. Elle est venue me visiter lors du Rassemblement Préhistorique, à Gletterens. Nous avons partagé nos pratiques lainières et elle m’a parlé de ce Festival. J’ai pensé que ce serait intéressant, un avant goût de mon tour du monde textile. Mais, cela a été beaucoup mieux que je ne le croyais. J’ai découvert une organisation admirable qui a créé un Festival exceptionnel.

Yelen, signifie Lumière en Bambara, une des langues parlées au Mali et ce festival était vraiment lumineux de beauté et de bonté. Cet article sera un Festival de photographies. Sans doute, parleront-elles mieux que mes mots de ce Festival.

Festival des enfants

En effet, les premiers arrivés au Festival furent les enfants. De nombreuses activités leur étaient dédiées.

Bien sûr, il y avait des classes entières accompagnées de leurs enseignants. Mais, il y avait aussi beaucoup d’enfants qui font l’école à la maison. C’est assez courant en Suisse. Il y a beaucoup de zones qui sont très enneigées en hiver, ce qui complique la circulation. Ce système permet aussi de lutter contre l’exode rurale et permet à de nombreux villages de rester vivants.

Les enfants se sont rués sur les activités dès 9h du matin.

Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen
Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen

Festival textile

Mireille Keita et sa collection Festival Yelen

J’attends les photos, je n’ai pas réussi à voir le défilé, il y avait trop de spectateurs!

Un tisserand burkinabé

Il y avait 2 métiers à tisser impressionnant sous différents aspects.

Début du tissage, la chaîne est en boule.  Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Début du tissage, la chaîne est en boule. Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Petite video de tissage
Le soir tout est rangé
Le soir tout est rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé

Une fois rangé ce métier ne prend que très peu de place. J’en ai acheté un à mon voisin. Il tient dans un petit sac dans ma valise. Nous remonterons le système de suspension au Chili.

Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien qu’il n’ait que 2 pédales, on peut faire des dessins avec ce métier.
Quand la bobine de trame est vide, il faut la remplir…
Gros plan sur le battant en lamelles de bambou
Le système de suspension des lisses
Ce métier n’a pas d’ensouple, la chaîne est enroulée en boule dans une caisse lestée avec des pierres, la caisse avance au fur et à mesure du tissage

Camille et ses laines

Camille a un petit troupeau de brebis, dans un alpage tout près de Baulmes.

Ce troupeau a l'air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival
Ce troupeau a l’air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus petites et légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival

Elle est venue avec ses fuseaux, son rouet… faire des démonstrations de filage de laine.

Mélange laine et soie, au Festival Yelen
Mélange laine et soie prêt à être cardé, au Festival Yelen
Cardage manuel, j'en profite pour ajouter un peu de soie
Cardage manuel, j’en profite pour ajouter un peu de soie
Le petit rouleau est prêt, je le file
Le petit rouleau est prêt, je le file
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux

Festival teinturier

Le bogolan

Un vrai maître du bogolan donnait l’occasion aux enfant de personnaliser des t-shirts.

Les matières premières utilisées, le jus d’une écorce bouillie et de la boue ferrugineuse
Les stencils ont été découpés dans de vieilles radio

Voici les premières œuvres des enfants du Festival Yelen qui sèchent
La collection s’agrandit vite, ceux qui sont secs s’en vont, de nouvelles œuvres arrivent
Les enfants en pleine action au Festival Yelen

Trempage dans le bain de tanins d’écorces pour révéler les dessins
Et la magie chimique des tannins réagit
Et la magie chimique des tannins réagit
Dessin bicolor au Festival Yelen
Pièce en vente dans l’un des stands du Festival.

On voit, ici, que l’on peut faire varier les nuances.

La collection est belle.

Mes petites démonstrations

Pour moi, cela a été un grand honneur de participer à ce festival international.

Je suis partie un peu vite et encore une fois trop chargée de Gletterens et j’ai oublié les casseroles. Heureusement que Camille était là. Donc elle est allée faire une petite visite à la déchetterie du village. Les déchetteries suisses sont une source inépuisable, on y trouve des objets en parfait état… Grâce à la déchetterie locale, nous pourrons teindre au Festival Yelen.

Indigo, spécialité africaine

J’avais réservé 100 g de précieux indigo.

Festival de danse

Le faux lion

Le faux-lion est vraiment très impressionnant. Les enfants sont entrés dans son jeu avec une découverte participative active des danses et musiques africaines. Nous avons bénéficié d’un merveilleux spectacle de danse théâtrale…

Les marionnettes géantes

Dans leur exagération poétique, les marionnettes géantes créaient l’enthousiasme de tous par leur ingéniosité. Et dire qu’elles ont failli ne pas arriver à temps.

Il y avait aussi un atelier de fabrication de marionnettes recyclage.

Dans les stands aussi, il y avait des marionnette…

Festival d’amitié

Cuisine merveilleuse

La cuisine du Festival Yelen, assurée par des bénévoles est une invitation au voyage.

Quelles musiques

Admirable union des tambours africain et des corps suisses.

Il y avait un atelier de fabrication de tambours recyclage. J’ai encore oublié de photographier. Tout est arrivé trop vite.

Les enfants ont appris à transformer de grosses boîtes de conserve en tambours.

Les stands

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans montrer les stands et autres animations

Le délicieux mouton rôtissait en musique…

Quelles émotions!

J’allais oublier de mentionner les décorations très créatives, depuis la signalétique extérieure en passant par les sièges.

Il ne faudrait surtout oublier les très beaux contes d’Innocent. J’aurai aimé les écouter tous, ils étaient plein de philosophie. Et, souvent, je n’en saisissais que des bribes au passage.

Même une navette était prévue pour revenir à la gare.

Il y avait un dortoir pour héberger ceux qui en avait besoin, décoré comme il se doit. Quelle attention!

J’espère n’avoir oublié personne et je fais appel à vos photographies pour compléter cet album…

Un surprenant espace zéro discrimination!

Fête de la Préhistoire

/// Fête de la Préhistoire /// 4ème article sur le Village Lacustre de Gletterens
Article cr´´eé le 24 novembre 2021, modifié le 1er décembre
J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 (whatsapp) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Je vous invite à suivre la suite du voyage…
N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….

Fête de la Préhistoire, prochaine étape

Alors, c’est reparti pour 15 jours d’expériences…

Teintures et autres activités

Oui, la Fête de la Préhistoire arrive bientôt à Gletterens, peu après le Rassemblement Préhistorique. En attendant, je continue mes activités qui donnent un petit supplément de vie au lieu. Le feu pour les teintures réchauffe un peu l’atmosphère` fraîche de la maison.

Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire
Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire

L’atmosphère un peu enfumée de la maison donne aussi une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans une maison néolithique. La fumée participe aussi à la préservation de la toiture.

Les particules fines existaient déjà… Tania et Doris fendaient le bois en plus petits morceaux pour essayer d’éviter cet excès de fumée.

La toiture
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j'officiais avec mes teintures naturelles
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j’officiais avec mes teintures naturelles

Celle-ci a plus de 20 ans et est encore apparemment en bon état. Cependant, elle doit être rénovée prochainement. En effet, c’est la première maison construite dans le village lacustre. Cela va être un très gros chantier. À suivre…

9 août

Je joue les prolongations. Martin m’a amenée voir deux boutiques de laines et autres fibres. Nous les avions déjà visitées l’an passé, dans l’Emmenthal. J’avais acheté beaucoup de types de matières premières (soie, lin, alpaga, chanvre, ramie…) et des livres que j’ai exploités pendant toute l’année, notamment pour les teintures cette année. Je suis très contente.

On devait voir aussi les prix pour les laines filées main. C’est très difficile pour moi d’établir un prix juste.

Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire
Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire

Cette fois-ci, j’ai encore trouvé des livres intéressants, un petit métier à tisser les plaquettes, des paquets de plaquettes, des aiguilles spéciales, de nombreux petits outils… Tout faisait envie!

Le rouet

Évidemment, mon acquisition principale a été un tout petit rouet électrique, spécial pour artisan nomade. Il tient dans mon sac à dos. De plus, il est léger et très silencieux. Il voyagera avec moi en Scandinavie.

On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire
On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire

Ces boutiques ont de très bonnes librairies, surtout en allemand et en anglais. Mais c’est très difficile de se retenir d’acheter. Bien sûr, toute cette documentation est vraiment très utile pour moi.

J’y ai également trouvé des fibres de chameau, je suis très curieuse de les filer.

J’en ai aussi profité pour acheter 1 kilo d’alun et j’ai bien fait. En effet, ce mordant a toujours la mauvaise idée de manquer au mauvais moment.

Cette visite est tombée au bon moment. J’aurai encore plus de choses à montrer pour la Fête de la Préhistoire.

Je vous parlerai de tous ces achats dans de prochains articles, quand je commencerai à les exploiter. J’ai complété ces achats en Scandinavie.

De retour à Gletterens, j’ai vu passer un hérisson près de la yourte. Je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est parti se cacher trop vite. On m’avait déjà commenté son existence.

10 août

Nous allons tenter de récupérer au maximum les bains restants. Car, nous pouvons en obtenir des pigments pour peindre. Il faut que je revoie les DVD de Michel Garcia, il y en a un qui traite de ce sujet. Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui, j’espère que demain, je pourrai.

J’ai vidé tous les paquets de feuilles et écorces qui ont servi aux teintures sur le tas de compost. J’ai fait du rangement dans l’atelier provisoire de teinture.

Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens
Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens

Comme aujourd’hui il faisait beau, j’ai lavé presque toutes les laines teintes et je les ai mises à sécher dans l’arbre.

Chaque jour, je décorais l'arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire
Chaque jour, je décorais l’arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire

Du nouveau, teinture aux graines de cornouiller pas mûres, nombreux tests d’indigo avec les visiteurs.

Essai d’évaporation du gros bain mélangé. À la fin de la journée, il en reste beaucoup. Je croyais que la concentrations des vieux bains serait plus rapide.

Le coracle

Il s’agit du projet principal du Rassemblement Préhistorique. Il est presque prêt à l’usage, mais nous devons encore le soigner…

Nous avons remis le coracle sous son “fumoir”, je dois entretenir le feu pour qu’il fume assez longtemps. Ce sera la vedette de la Fête de la Préhistoire.

Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n'est pas tannée, il faut en éloigner la vermine...
Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n’est pas tannée, il faut en éloigner la vermine…

Alors, j’alimente le feu avec des branchages verts, ce qui fume plus.

Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Bogolan

Enfin, j’ai fini par me décider à sortir le drap teint aux tannins pour le test de bogolan, il s’agit d’une technique africaine très intéressante qui consiste à appliquer des boues ferrugineuses sur des toiles teintes avec des tannins légers. Dominique Cardon parle de cette technique, il y a longtemps que je voulais l’essayer.

Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
La technique

La technique est simple, mais donne de très belles possibilités. Elle est pratiquée au Mali, mais aussi en Amazonie péruvienne, notamment par les Shipibo. Elle est basée sur la réaction des tannins avec le fer.

J’avais teint le drap avec un bain de tannins, de différentes écorces récupérées de la fabrication de cadres pour le tannage, d’arcs et du métier à sprang. J’avais de l’argile que j’avais tamisée pour fabriquer un récipient, j’y ai ajouté de la soupe de clous.

Mais, on en s’improvise pas teinturier en bogolan.

Les enfants y laissent leurs traces

J’ai fait faire le test à des enfants sur un drap sec préparé à l’avance. Ne sachant pas où trouver une source dotée des caractéristiques recherchées, j’ai décidé d’utiliser l’argile que j’avais tamisée pour tenter de faire des récipients archaïques pour teindre, elle était encore très humide, j’y ai ajouté ma soupe de clous et dans un autre pot le reste d’oxalate de titane.

Là, une dame a enduit une feuille avec l'argile ferreuse et l'appliqué sur la toile
Là, une dame a enduit une feuille avec l’argile ferreuse et l’a appliquée sur la toile

La réaction se fait bien avec le fer, mais un peu pâle. J’ai aussi voulu tester avec le titane qui devait donner un bel orange, comme en ecoprint, mais cela semble sans effet. Je trouve que le liquide se diffuse un peu trop, laissant les formes peu reconnaissables.

Pour renforcer ma soupe de clous (acétate de fer), j’avais mis à tremper des aiguilles que j’utilise pour les métiers à clous qui avaient commencé à rouiller.

Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous
Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous

Je les ai sorties, nettoyées avec un peu au papier de verre, puis je les ai graissées.

J'ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles
J’ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles

Bien que je ne soie pas totalement satisfaite de ce test de bogolan, l’effet sur les visiteurs est intéressant. Chacun apporte son petit grain de sel, sa technique d’application de la pâte.

Pot d'argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test
Pot d’argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test, chimie verte
Sauvetage de hérisson

Nous allions faire de nouveaux ecoprint avec Doris, mais des visiteurs ont découvert un petit hérisson malade près de l’atelier provisoire de teinture. Il était sortit en plein soleil, ce qui n’était pas normal, il avait l’air très faible.

Doris a décidé de l’emmener chez le vétérinaire à Morat. Il a été recueilli par une association qui essaie de sauver les hérissons. S’il est guéri, il sera relâché près de son nid, là où on l’a trouvé.

Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire
Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire

Le soir nous avons essayé de faire tourner le nouveau rouet, mais il faisait déjà presque nuit.

11 août

À 7h30, j’ai préparé le rouet et je me suis installée dans les toilettes, où il y a une prise de courant. Premier test positif, seulement il faut mieux nettoyer les pailles qui restent dans la laine.

Au premier test, j’ai déjà pu filer assez fin.

Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire
Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire

J’ai de nouveau sorti le drap et pot d’argile modifiée pour le bogolan.

Les graines de cornouiller sanguin ont donné un joli jaune, j’ai plongé la moitié de l’écheveau dans l’indigo, j’ai obtenu une laine bicolore, jaune et vert pâle.

Un peu de graines de cornouiller dans une petite casserole, encore un test pour la Fête de la Préhistoire

Encore quelques tests d’indigo avec les visiteurs.

Rinçage des laines teintes la veille
Rinçage des laines teintes la veille

Aujourd’hui pas de feu. Lavage des laines non lavées.

Nouvelle décoration du saule mort avec les laines teintes.

Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu'à la Fête de la Préhistoire
Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu’à la Fête de la Préhistoire

Préparation d’un petit bain avec les deux garances, de la cochenille, du tannin de galles du chêne et pour m’assurer un peu d’alun. Cuisson demain. Un peu de laine mérinos et de soie.

J'enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu'elles ne se répandent pas trop dans la casserole
J’enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu’elles ne se répandent pas trop dans la casserole

J’ai presque fini les mitaines pour Martin, elles ont beaucoup plu à Doris qui m’en a demandé d’une autre couleur.

12 août

Je suis retournée filer avec mon rouet dans les toilettes, il semble que ma rallonge m’a lâchée. Il faut que je m’habitue à nettoyer mieux ma laine, car cela en pardonne pas. Contrairement au rouet à pédale, là la vitesse est régulière et on en peut pas ralentir sans lâcher la laine. Parfois, la laine se casse et s’enroule sur la bobine et le bout se cache dans la laine enroulée.

Depuis les premiers tests, j’ai filé 5 grammes de laine sale que j’ai retordue au fuseau pour bien voir les défauts et enlever les petites saletés restantes. Je viens de la laver au savon pour faire un test d’indigo avec demain.

J’ai redécoré le vieux saule avec les laines et redéployé le drap à bogolan.

Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Tissage

J’ai fini dans la soirée la petite pochette à rayures commandée par Tania, elle a choisi les couleurs dans l’arbre à laines, m’a indiqué son idée.

Petite pochette pour Tania
Petite pochette pour Tania

J’ai filé un peu de laine de mouton suisse teinte au henné.

Filage de laine suisse teinte au henné
Filage de laine suisse teinte au henné, avec un fuseau turc de ma fabrication
Teinture

La teinture à la garance additionnée de cochenille m’a donné un joli vieux rose après ajout d’un peu de crème de tartre. Ce soir, j’ai complété ce bain avec un peu de garance Rubia cordifolia et de tannin de gale de chêne. Il y aura cette fois un petit écheveau de mérinos, un peu de soie de Madagascar, un peu de soie en ruban et un peu de laine de mouton suisse bien lavé.

Bain de garance complété
Bain de garance complété

Je venais juste de finir les mitaines de Martin et je commençais celles de Doris, le ciel s’est obscurci et le vent s’est mis à souffler très fort. C’est le début d’un orage qui secoue l’auvent de l’abri et sa porte en toile.

Début des mitaines de Doris
Début des mitaines de Doris

Plus qu’une semaine pour la Fête de la Préhistoire

13 août

J’ai filé ce matin de l’alpaga, assez bien préparé, avec beaucoup plus de facilité.

Le bain de garance amélioré a donné quasiment la même teinte qu’hier, la laine de mouton bien dégraissée n’a donné qu’un ton saumon pâle, la soie décreusée bleu clair a donné un joli grenat.

Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire
Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire

Il faudra réessayer demain en mordançant avant.

Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l'arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire
Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l’arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire

J’ai presque fini les mitaines de Doris, il faut que je file la laine pour les coutures et tours de finition.

Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures
Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures

Test d’indigo sur lin pour la chaîne du métier à sprang pour la fête de la Préhistoire, le 22 août.

Il va falloir refaire la cuve d’indigo. Ce sera fait dans quelques jours.

Le drap à bogolan se couvre peu à peu.

14 août

À 7 heures du matin, je m’installe à la porte des toilettes avec une rallonge que m’a prêtée Doris, pour filer. D’abord, je finis la petite quantité d’alpaga gris et teint marron qui me restait. Je change de bobine et démarre la laine pour finir les mitaines de Doris. À 10 heures, j’ai fini de filer les 65 g de laine multicolore.

Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre
Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre

Je range le rouet et je décore de nouveau l’arbre à laine. Puis, je mets sur le feu le mordançage de lin, laine, soie et vue d’un bain de henné et d’un autre de cochenille.

Je retord l’alpaga et la laine multicolore et finis les mitaines. Il reste de la laine et je décide de faire une petite pochette avec cette laine, puis une autre.

Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire
Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire

Normalement le rouet peut retordre automatiquement, il en reste qu’à déplacer la petite bague qui détermine l’endroit où va s’enrouler la laine. Mais pour cela, il faut filer des fibres très propres qui en nécessitent pas de révision, du top, par exemple. Cela est rarement le cas pour moi.

D’autre part, il faut séparer la laine à filer sur 2 bobines égales.

J’aurai l’occasion d’en parler ultérieurement.

Heureusement que je retord à la main. Je dois d’abord préparer une bobine avec deux bouts sur un bâton.

Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération
Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération

Lors de ce bobinage, j’élimine encore des morceaux de paille, je dois renouer parfois quand le fil est trop fragile.

15 août

Ce matin vers 7 heures, je m’installe de nouveau à côté des toilettes. C’est très agréable de filer au grand air. Le rouet est très silencieux, j’entends les oiseaux…

Cette fois-ci, j’ai choisi de filer un reste de Thones et Martod sale, mais sans pailles. En un peu plus d’une heure, j’ai filé presque une demie bobine. Les bobines font à peu près 100 grammes.

Après la décoration de l’arbre à laine, je finis une pochette et j’en fais une autre.

Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire
Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire

Quand je tisse dehors, j’entends des commentaires assez sympathiques. Il y en a qui se demandent si le coracle sert d’urinoir. C’est vrai qu’il en sent pas très bon, mais il s’améliore avec le temps.

Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l'abri dès qu'il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire
Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l’abri dès qu’il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire

J’ai préparé un nouveau bain de cochenille pour demain et j’ai à nouveau mordancé en prévision de cette teinture. En outre, j’ai fait un test de mordançage au lait.

Test de mordançage au lait
Test de post-modançage à la cendre
Test de post-modançage à la cendre

Puis, j’ai encore fais un bain avec du lin dans le reste de henné et de Cosmos sulfureus.

Dans l’après-midi, le village lacustre est très tranquille. Je décide de tester le filage d’un paquet de laine de mouton valais propre et cardée. En environ 2 heures, j’ai filé presque 100 grammes de laine. J’ai même osé accélérer la vitesse de filage.

Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire
Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire

Il faut que j’en fasse une deuxième bobine pour tester le retord qui doit être automatique.

 Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire
Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire

En rangeant le drap à bogolan, je m’aperçois que l’envers semble plus marqué que l’endroit.

De 19 h à 21h30, je suis retournée filer à côté des toilettes la laine des moutons valais que m’a donnée Doris, encore plus fine cette fois-ci et avec un peu de soie. La vitesse doit être un peu plus lente pour un fil plus fin.

16 août

Je rembobine ce que j’ai filé la veille au soir sur un bâton pour libérer la bobine du rouet et avoir une bobine à deux bouts pour la retordre au fuseau, elle est parfois un peu fragile, ce sont encore les premiers essais.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laine, cependant un peu plus tard que d’habitude à cause d’un risque de pluie. Petit bain de cochenille avec laines mordancées et nouveau mordançage.

Évidemment, je parle toujours de laines, mais j’ai aussi teint de nombreuses autres fibres.

Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille

Ce bain de cochenille a très bien pris. Lorsque j’ai enlevé les laine du bain de mordançage j’ai eu la surprise de trouver de gros cristaux d’alun de plusieurs centimètres au fond de la casserole. La veille, j’avais récupérer de l’alun qui s’était échappé de son sachet trop fragile. Peut-être que les impuretés et l’excès ont favorisé la cristallisation.

Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant
Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant

Sur le drap à bogolan, un enfant de 4 ans me dessine un curieux serpent, son grand-père m’explique qu’il s’agit du canal de la Broye, sujet d’actualité du fait des inondations dues aux récentes pluies diluviennes dans la région.

Alors, je retords les 70 g de fil fin de la veille, mais pas dans le sens habituel. En effet, par erreur, le bouton sur la machine était passé en torsion Z. Mais, cela me facilite le retord manuel.

Aujourd’hui, ils ont fait les foins sur le terrain devant la caisse, avec plusieurs mois de retard. Du fait des inondations, le tracteur ne pouvait pas passer, les plantes auront eu le temps de fleurir et de se resemer. Cela sent bon.

Dommage que les odeurs ne passent pas internet
Dommage que les odeurs ne passent pas internet

Dans l’après-midi je file à nouveau un peu de fil fin.

17 août

Aujourd’hui, je devais aller à Neuchâtel pour visiter le Musée Ethnographique que Jacques Reinhard m’avait conseillé d’aller voir. En outre, je dois aussi faire réparer mes lunettes dont un verre s’échappe constamment. Mais, on me dit que les musées sont gratuits le mercredi. Donc, j’irai demain.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laines, un peu teinture, lavage des dernières laines teintes, filage, retord.

Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre
Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre, il s’agit de coton que l’on m’a donné

18 août

D’abord, je rencontre Jack qui avait reçu un petit appareil pour couper des lanières de cuir. Il a toujours de bonnes informations pour les matériels et petits outils pour l’artisanat. L’outil est arrivé très vite. La démonstration et vraiment impressionnante.

Puis, je pars à Neuchâtel en bateau. Les bateaux ont été rétabli, car ils avaient été supprimé pendant plusieurs mois à cause des inondations.

Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel
Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel

J’ai réussi à faire réparer mes lunettes qui paraît-il ont été très mal montées et le verre devrait à nouveau tomber très prochainement. Me voilà prévenue.

Que de magasins de chocolat! Cela fait très envie, mais les prix font peur.

Le musée

Aujourd’hui, je suis partie voir le musée d’Ethnographie, bien caché dans la verdure. Il y avait une exposition de photographie des années 1950 sur des Peuls du Sahel, intéressante.

Voici l'entrée sur la rue
Voici l’entrée sur la rue

Enfin, je finis par trouver l’entrée du musée qui n’était indiquée nulle part.

En réalité, l'entrée de la salle d'exposition est bien cachée au milieu d'un parc
En réalité, l’entrée de la salle d’exposition est bien cachée au milieu d’un parc

J’ai d’abord visité l’exposition permanente organisée par thèmes: plumes, ambassades, sandales, cordes, croix, contenants… J’avoue que j’aurai aimé avoir plus d’informations sur certains objets.

Une salle présente de merveilleuses coiffes...
Une salle présente de merveilleuses coiffes…

Je retiendrai tout particulièrement deux fuseaux très décorés et des bijoux en pailles tressées.

Deux magnifiques fuseaux
Deux magnifiques fuseaux
Les expositions

Puis j’ai visité deux expositions temporaires, l’une sur les missions suisses au Mozambique et l’autre sur le mal du voyage qui montre bien les déformations que peut provoquer le tourisme sur l’artisanat local.

Par exemple au Pérou, une casquette avec des motifs shipibo (d’indigènes d’Amazonie, Nord du Pérou), normalement dessinés en noir (de fer) sur une toile teinte avec des tannins où est écrit Cusco (Andes du Sud du Pérou). Quelle étude de marché a fait produire un objet aussi insensé? Sans compter le fait que ces dessins ont une signification importante pour ceux qui les ont créés. Découpés en petits morceaux, ils deviennent de vulgaires motifs qui pourront être remplacés par d’autres au gré des modes.

Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco
Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco

On peut aussi y voir une video très instructive sur un groupe de femmes qui présentent avec un certain humour, mais très organisées, la teinture à la cochenille, au village de Chinchero à 20 minutes de Cusco que j’ai vu lors mon voyage au Tinkuy.

Le show est intéressant mais si rapide (les touristes sont toujours pressés) que l’on en se rend pas compte de la complexité et de la lenteur du travail représenté.

Cependant, ces femmes qui doivent être des artisanes qualifiées paraissent plus être des actrices. Quand ont-elles le temps de produire de l’artisanat si les groupes défilent les uns après les autres gratuitement et leur salaire provient des ventes? Quand je les ai rencontrées, il y a plus de 10 ans déjà, leur principal intérêt était de me vendre leur chapeau ou leur gilet, quand je cherchais de la laine d’alpaga et des plantes pour teindre en bleu et en rouge.

Certes la partie de l’exposition sensée représenter un marché artisanal faisait la part belle au Pérou qui est spécialiste de l’artisanat industriel, mais il y avait aussi des stands sur les Esquimaux qui produisaient de petites reproductions de kayak en impression 3D ou les imitations d’objets en ivoire africains…

J’ai oublié de prendre une photo des kayaks en plastique fluo. C’est dommage.

19 août

Jack a fini le métier à sprang, alors nous pourrons monter la chaîne demain et commencer à le tisser. Maintenant, il tient droit et devra rester fixé à une poutre. Au passage, j’ai appris le système de nœuds utilisé à cet effet.

Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Recharge du bain d’indigo

Puis, avec Jack nous avons complété la cuve d’indigo. Je l’ai testée comme d’habitude avec des visiteurs.

Recharge du bain d'indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests
Recharge du bain d’indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests

Elle m’a donné un bleu plus soutenu, nous avions récupéré l’eau de rinçage qui contenait certainement assez de pigments. Bien sûr, nous avons utilisé la même cruche.

Le bleu le plus foncé vient d'un simple trempage dans notre bain renforcé
Le bleu le plus foncé vient d’un simple trempage dans notre bain renforcé
Soie en ruban, test d'indigo
Soie en ruban, test d’indigo

J’ai cuit une casserole de cochenille où j’avais mis un peu de soie en ruban, un peu de soie de Madagascar décreusée, un peu de laine propre et du lin pour le sprang. Le tout était mordancé à l’alun avec un peu de vinaigre.

Retord Navajo

Puis, j’ai terminé de filer une bobine de laine de Thones et Martod sale au rouet. Je voulais tester le retord dit navajo avec cette laine. Ce type de retord est à la mode actuellement. Une seule bobine suffit.

Pour cela, il s’agit de retordre en faisant d’énormes chaînettes avec les mains. Ainsi, on obtient une laine à 3 brins. Je l’ai pesée, elle faisait 126 g. puis d’abord rincée, et enfin lavée avec un peu de savon liquide. Elle sera teinte avec des écorces de saule.

Autres teintures

François a coupé des branches de saule pour faire le fonds du coracle, il m’a laissé les écorces pour teindre. J’ai déjà mis à tremper cette laine dans le mordant pour la teindre avec cette teinture, on ne peut plus locale.

Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre
Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre

Comme prévu, j’ai commencé à préparer des étiquettes de prix pour la Fête de la Préhistoire qui approche à grands pas.

20 août

Bain de cochenille avec 70 g de laine de mouton valais filée au rouet, retordue au fuseau. Mordançage de la laine pour le saule.

Au matin, l’eau avait un peu jauni et montrait quelques petites bulles. Laine mise à tremper avec supplément d’écorces et de feuillage.

Bain de déchets de saules, démonstration prête pour la Fête de la Préhistoire

Maintenant, le sol du coracle est fini et est mis en place à sécher chargé de pierres pour qu’il prenne sa forme définitive, les tensions le font craquer le soir.

Maintenant, le coracle a son fond, il est prêt pour la Fête de la Préhistoire

J’ai fait des bobines avec les fils des rayures du sprang. Puis, j’ai commencé à monter la chaîne. Enfin, j’ai décidé de faire 4 petites tresses pour maintenir les débuts et fin de sprang, je ne sais pas si c’est nécessaire. C’est comme cela quand on expérimente en autodidacte. J’ai teint 2 des tresses en indigo.

Cordelettes pour les finitions du sprang
Cordelettes pour les finitions du sprang

Teinture en indigo d’un écheveau de laine de mouton et d’un autre en alpaga-soie beige, comme test. Pour le moment, c’est beau, nous verrons le résultat une fois rincé.

Plusieurs heures passées à faire des étiquettes en cuir avec l’adresse du site, le poids, le prix et le type de fibre, la teinture utilisée. Cela a été long. Maintenant, l’arbre à laines est doté de chiffres.

Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée...
Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée…

Quand j’ai sorti les laines de la cochenille, j’ai ajouté un peu de crème de tartre dans le bain, elles ont donné un rose assez soutenu. J’ai complémenté avec de la garance pour le lendemain.

J’ai aussi préparé un petit bain avec des déchets variés: épluchures d’échalotes, d’avocat…

François a joué de la cornemuse ce soir, c’était beau.

Puis, sont arrivés les constructeurs du coracle. Ils se sont décidés à aller l’essayer tout de suite, essai concluant. Ils ont décidés où ils débarqueraient pour l’arrivée des marchands lors de la Fête de la Préhistoire.

Le test s’est passé dans une très bonne humeur, comme d’habitude à Gletterens.

Fardeau de laines avant de décorer l'arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire
Fardeau de laines avant de décorer l’arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire

21 août – Demain, c’est la Fête de la Préhistoire

Nouvelles journée passée à doter de prix mes travaux, c’est difficile de faire ni trop cher, ni trop peu cher. Les visiteurs sont toujours trop pressés.

Colliers et  bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire
Colliers et bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire

Nouveau test du coracle, cette fois-ci avec les marchandises. Nouveau succès.

Journée très calme, Jack m’a imprimé des cartes de visite, car il ne m’en restait presque plus.

Nouveau bain de cochenille. Encore une expérience, reteinte d’un écheveau rose de cochenille en indigo. Un écheveau de bois de Campêche violet, le bain de déchets variés a donné un très beau jaune, il est resté à tremper.

Derniers préparatifs pour la Fête de la Préhistoire.

C’est la Fête de la Préhistoire

22 août

Il a beaucoup plu pendant la nuit, heureusement la journée a été assez belle.

Comme souvent, j’ai allumé les feux de bonne heure. Bain d’écorces et de feuilles de saules qui trempent depuis 2 jours, épuisement des bains de cochenille et déchets divers. Retord à la dernière minute de laine sale filée au rouet pour alimenter ces bains.

Je viens de retirer l'écheveau de l'aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture
Je vien de retirer l’écheveau de l’aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture

J’ai décoré l’arbre à laine avec les dernières teintures lavées le matin même, les nouvelles teintures de la veille et toujours les rubans et autres fibres non filées.

Les “marchands” débarquent les marchandises, il y a beaucoup de visiteurs. Je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de photos.

Arrivée des "marchands" avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Arrivée des “marchands” avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Les "marchands" de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises
Les “marchands” de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises

Une dame m’a donné 4 grands cônes de coton. C’est un beau cadeau, je pense en teindre une partie pour mes premiers galons aux plaquettes. Il va falloir les passer en écheveaux, les faire bouillir avec du savon et les mordancer.

Mise en écheveaux d'un cône de coton, avant mordançage et teinture
Mise en écheveaux d’un cône de coton, avant mordançage et teinture

Une Mapuche chilienne m’a enseigné à faire une tresse à 5 fils doubles, le résultat est très joli.

Les “marchands” ont bien vendu, surtout des laines teintes.

En fait, la journée est passée si vite que je n’ai presque `pas pris de photos. Il y avait beaucoup de monde.

Après la Fête…

23 août

Vers 6 heures du matin, j’ai vu une grosse pleine lune entre les arbres, j’ai eu beaucoup de mal à la photographier car le ciel s’éclaircissait plus en photo qu’en réalité. Puis, j’ai vu passer un écureuil brun foncé dans les arbres.

Encore une fois, j’ai vidé sur le compost les restes de végétaux qui encombraient les bains de teinture à filtrer.

Préparations pour le départ

J’ai beaucoup à faire pour préparer mon départ. Je dois préparer un peu mon itinéraire.

Il faudrait aussi que je fasse les derniers ecoprint tant que j’ai des casseroles, que j’épuise les bains ou les transforme en teintures ou pigments.

En fait, j’ai passé presque toute la journée à transformer un cône de 850 g de coton en écheveaux. Comme, j’avais besoin de nouveaux récipients pour filtrer les vieux bains et laver le coton, j’ai accompagné Tania à la déchetterie pour se débarrasser des ordures de la Fête de la Préhistoire, j’en ai profité pour récupérer quelques pots utilisables.

J’ai donné une deuxième vie à une bonbonne de bière en plastique, après avoir enlevé l’étiquette, je découvrais une grosse bouteille en plastique que j’ai pu percer avec un couteau en silex, puis j’ai continué aux ciseaux.

Découpe de la bonbonne de bière, déchet de la Fête de la Préhistoire qui deviendra un utile récipient

J’ai aidé Tania à démonter une petite yourte et j’ai beaucoup appris sur le montage de celles-ci, il faudra que je modifie mon article sur la yourte de Chevrainvilliers.

Détail de montage d’une yourte

Aujourd’hui, j’ai pu parler avec Mireille qui organise le Festival Yelen à Baulme en Septembre. Elle m’a confirmé que je pouvais y participer, elle aussi pratique la teinture naturelle et notamment le bogolan. Il me semble que cela va être très intéressant.

Dans la soirée, Doris et Martin sont venu ramener le petit hérisson souffrant à son nid. Il semble avoir récupéré sa santé, il a eu aussi droit à deux jours de nourriture spéciale pour lui. Je suis bien contente.

Doris remet le petit hérisson dans son nid
Doris remet le petit hérisson dans son nid, il aura même droit à un supplément de nourriture spéciale pour lui

Lorsque je rangeais l’arbre à laine, il m’est venu à l’idée de tester l’indigo avec de la soie tussah, le résultat est très beau, je vais sans doute recommencer demain.

24 août

Enfin, vient la teinture des écheveaux de coton, 2 en indigo, mordançage de 2 autres au lait, le reste est réparti entre un bain de cochenille-alun-crème de tartre et mordançage à l’alun.

Épuisement des bains, réduction pour transformer les restes en encre après tamisage. Les filtres à café en servent pas, ils se percent les uns après les autres. Je finis par aller chercher la vieille passoire pour les cendres aux toilettes sèches je l’ai recouverte d’une toile comme tamis.

Malgré le fait que j’épuise les bains, je suis assez contente des couleurs obtenues en coton.

Une dame qui vit au Mali et connaît des artistes qui travaillent le bogolan m’a invité chez elle là-bas. Ce serait passionnant. Mais, ce voyage semble un peu compliqué. Maintenant, alors que j’écris cet article, je me débats avec les bureaucraties tant française que chilienne, tout bêtement pour pouvoir rentrer au Chili.

J’ai commencé le bonnet jaune et violet que l’on m’a commandé dimanche. Je le finirai en voyage.

Dernières teintures sur coton et un peu de soie.

Beaucoup de vent.

Je commence à concentrer les bains. Dernière promenade à la déchetterie pour compléter la panoplie de vieilles casseroles.

Mise au compost des restes solides des bains.

25 août carnet

Fin de concentration des bains accélérée.

Rangement un peu brusqué de tout mon bazar, pour mon départ le lendemain.

Tri organisé rapide des bagages qui m’attendront au Village Lacustre jusqu’au Festival Yelen.

J’ai encore récupéré un peu de fibre de houblon qui avait eu le temps de rouir. Curieusement, j’avais rêvé de ces tiges de houblon.

Demain départ pour la Scandinavie

Prochain article pour bientôt… Si mes démarches pour mon retour au Chili m’en laissent le temps.

Gletterens, préparations

/// Gletterens, préparations/// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver)
Nouvel article du 21 juin 2021 — Mis à jour le 8 octobre 2021 —
Prochain articleLaver la laine
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352

Pour Gletterens 2021, il y a tant à faire que je ne sais plus par quoi commencer! En réalité, je m’y prépare depuis le Rassemblement Préhistorique de l’an dernier, au Village Lacustre. Depuis l’obtention de mon diplôme je mets les bouchées doubles… Je voudrais arriver à tout faire. Un prochain article fera le compte rendu de ces expériences.

Lectures et rencontres pour Gletterens

Comme de bien entendu toute nouveauté est précédée de rencontres et de lectures et bien sûr d’expérimentations.

Quelles lectures?

Les sources

Elles sont multiples et très variées, elles vont des bibliothèques des amis, les médiathèques municipales, ma propre collection personnelle que j’enrichis chaque fois que je le peux et sites aux internet, en passant par les inoubliables leçons de la nature.

Voici quelques précieuses sources internet:

  • hal.fr, thèses et articles en français
  • academia.edu, semblable, mais plus international, m’a beaucoup servi
  • libraryxyz, livres pdf ou epub, mais aussi beaucoup d’articles
  • bnf, multimédia, sur livres anciens, s’avère très intéressant parfois
  • archive.org, de nombreux documents anciens
  • wikipedia, n’est pas toujours sans intérêt, les articles sont parfois un peu légers, mais les liens tels que celui-ci, peuvent être intéressants
  • Pinterest, la recherche peut être longue, mais c’est très visuel et on peut y découvrir des pépites
  • video youtube
  • cours de Ver de Terre production
  • conférences du Collège de France, c’est agréable à écouter quand on file, tisse ou fait la cuisine et j’y ai beaucoup appris…

Quelle panoplie, je ne n’arrive pas à tout exploiter. J’ai de quoi faire pour les longues soirées d’hiver.

Le sujets

Comme vous le savez sans doute déjà, je ne me limite pas à la teinture et au travail des fibres.

Les video

Bien sûr, je continue à m’intéresser aux orties et aux autres plantes à fibres, j’ai donc vu de nombreux documentaires sur ces sujets, certaines sont listées dans cet article.

Les rencontres

Wwoofing

Comme Aline m’a amenée de nombreuses fois à la médiathèque d’Argentan, j’y ai puisé de nombreuses informations qui me seront utiles.

Elle m’a procuré une expérience prolongée de filage au rouet… Elle m’a aussi aidée à monter ma boutique Etsy. Cela m’a donné envie d’avoir un petit rouet de voyage qui me permettrait de filer un peu n’importe où.

Chez elle, j’ai rencontré Gregory, wwoofeur aussi, très doué en vannerie et construction végétale qui sera aussi présent à Gletterens en 2021…

Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021
Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021

Avec Grégory, les surprises ne manquaient pas.

Vue intérieure d'une "petite" hutte kanak que Grégory est entrain de construire
Vue intérieure d’une “petite” hutte kanak que Grégory est entrain de construire, un peu trop long pour en construire une à Gletterens tout de suite, mais qui sait un jour…

Aline m’a aussi présenté une de ses amies tisserande et dentellière qui m’a beaucoup enseigné. J’ai vu chez elle de magnifiques outils anciens.

Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière
Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière

Chez Gilles, j’ai beaucoup appris sur les moutons, sur le cidre accessoirement et sur beaucoup d’autres choses passionnantes…

Je lui dois aussi une très bonne laine brute que j’ai répartie entre filature et feutrage. Toutes les laines que j’ai filées ont été tissées et teintes.

Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens
Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens

Amis

Monique, Gérard, Aline et beaucoup d’autres m’ont beaucoup aidée dans mes recherches et je ne les remercierai jamais assez.

Musées

Dès l’ouverture des musées, Monique m’a amenée au Musée des Civils pendant la Guerre à Falaise et Gérard m’a fait visiter le Musée de la Préhistoire à Nemours.

Fragments de textiles datant de l’âge du Bronze, Musée de Nemours

Nouveautés pour Gletterens

Nouvelles matières premières

Orties, nouvel essai

Chez Gérard, j’ai fait un nouvel essai pour récupérer des fibres d’orties, d’après des informations recueillies sur internet qui a raté encore une fois. J’attends le prochain Rassemblement Préhistorique et de faire la connaissance de Jacques Reinhard pour en savoir plus.

Test pour obtenir des fibres d'orties, mais aussi mauves et liber des baguettes que j'ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens
Test pour obtenir des fibres d’orties, mais aussi de mauves et de liber des baguettes que j’ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens

À Falaise, j’ai eu l’occasion de briser des tiges de roses trémières qui avaient roui naturellement pendant l’automne et l’hiver, elles contenaient de fines fibres blanches, mais il faudrait en avoir de grandes quantités pour en tirer un écheveau ou une bobine…

Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j'ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n'y avait plus de graines pour Gletterens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j’ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n’y avait plus de graines pour Gletterens

Nouveaux tissages pour Gletterens

Les nouvelles matières, les limitations matérielles et le peu de temps disponibles m’ont obligé à essayer d’innover. De plus, je ne pouvais pas revenir à Gletterens qu’avec ce qui me restait de l’an passé. Il fallait du nouveau et de la variété.

Alors, j’ai fait quelques écharpes en laine, deux ponchos légers en coton et lin, des petites pochettes, des bracelets… Vous les verrez dans le prochain article sur Gletterens 2021.

Outils qui sortent du commun, spécial Gletterens

Comme je suis toujours à la recherche de nouveaux outils: fuseaux, métiers à tisser… je m’équipe de mieux en mieux. Vu que cela prend de la place, il faut aussi que j’essaie de faire petit et léger.

Fuseau maya, une nouveauté pour Gletterens

Petite découverte fascinante due à Pinterest. Les rares producteurs étant soit aux États-Unis, soit en Angleterre, je me suis décidée à en faire ma propre version bricolée.

Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne
Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne, j’en ferai une version plus rustique pour Gletterens

C’est très facile à manier et j’ai même pu filer fin avec. En outre, il est démontable, léger et n’occupe que peu d’espace.

En outre, il est totalement archéocompatible. Il suffira de le refaire avec des matériaux moins élaborés que ceux-ci.

D’ailleurs, bien avant le néolithique, des tablettes assez proches servaient à tordre des cordons, ficelles et cordes.

Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d'usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil
Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d’usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil

Fuseau turc léger

Le fuseau turc est très intéressant car il fournit directement une pelote prête à l’usage.

A la fin de mon séjour en Suisse, à Gletterens, l’an dernier, mes amis bronziers m’avaient amené voir une immense boutique de laines. Je m’en suis acheté un. Malheureusement, il est un peu trop lourd, à mon goût.

Ma version est beaucoup plus légère et économique. En effet, le plus léger pèse 7 grammes.

Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, nouveauté pour Gletterens
Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, autre nouveauté pour Gletterens

Fuseau basque

Je l’ai découvert très récemment sur Pinterest et Gérard m’en a fait un à sa façon. Ce fuseau aussi fournit une pelote prête à l’usage.

Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l'essai. Ben qu'assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens
Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l’essai. Ben qu’assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens

“Métier” à bracelets

Vu que je n’ai pas de grosses quantités de laine, le filage au fuseau est très long et qu’il ne me reste presque plus de grandes pièces tissées, je me suis mise à tisser des bracelets et des pochettes.

J’ai cherché un outil archéocompatible (mon métier à clous ne l’est pas).

Voici ce que j’ai trouvé.

Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens
Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens

Lavage de laine

Pour ne pas partir avec autant de laines sales, avec des déchets, j’ai aussi fait des essais concernant le lavage de la laine.

Aussi, j’ai essayé d’éliminer de la paille qui rendait une laine d’alpaga difficile à filer. J’ai tenté une recette vu dans des livres pourtant sérieux décrivant une technique industrielle pour débarrasser les laines des déchets végétaux. Il s’agit de les faire tremper dans une solution à 5% d’acide sulfurique ou chlorhydrique. J’ai testé l’acide sulfurique disponible en bouteille au supermarché.

Alors, j’ai essayé à plusieurs concentrations, j’ai laissé agir pendant plus d’une semaine, mais apparemment pas d’effet, les pailles étaient toujours là.

Je m'attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu'elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d'une semaine.
Je m’attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu’elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d’une semaine.

Feutre

Mes tests de lavage m’ont incitée à feutrer certaines laines.

Préparation d’une écharpe en feutre, laine de brebis Thones et Marthod, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens

D’autres n’ont absolument pas voulu feutrer (shropshire), je les ai préparées pour le filage, certaines ont été teintes chez Gérard.

Ces laines n'ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens,
Ces laines n’ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens, elles ont juste eu le temps de sécher avant mon départ

Autres techniques

Suite à la rencontre de Grégory, le constructeur de huttes kanak, je me suis plus intéressée à la vannerie, technique probablement ancêtre des textiles.

Poursuite de Gletterens l’an dernier

Matières premières non touchées avant Gletterens l’an dernier

Soie, lin, chanvre…

Avant de venir en Suisse, je n’avais pas pu tester ces matières si renommées. Depuis, grâce à mes amis bronzier, j’ai pu essayer de les filer et j’ai même osé les travailler.

Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens
Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens

Lapin angora

Il y a longtemps, j’avais un peu testé les fibres de mes lapins à Mamiña, mais j’en avais si peu que c’était comme si j’en avais pas eu. Avec Monique, nous sommes allées voir un producteur de fibres d’alpaga et de lapin angora.

Ce lapin angora est si poilu qu'on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Ce lapin angora est si poilu qu’on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens

Ecoprint pour Gletterens

Test d’autres plantes en ecoprint pour Gletterens

Depuis, mon arrivée en France, j’ai d’abord accumulé des toiles à teindre (draps et vieux vêtements, mais aussi toiles de soie). Puis, chez Monique et chez Gérard, j’ai eu l’occasion de partager cette technique.

Nouveaux ecoprint pour Gletterens
Nouveaux ecoprint pour Gletterens

Autres supports

À Falaise, j’ai acheté et testé des écharpes en laine fine, une toile de matelas et une toile légère de soie.

Ecoprint sur écharpe en laine fine
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens

Filage pour Gletterens

J’ai filé au rouet pendant près de 4 mois, chez Aline. J’ai donc pu tester plusieurs variétés de laines et dans mes temps libres testés les soies, chanvre et autre lin que j’avais ramenés de Suisse.

Peu de temps avant mon départ pour Gletterens, j’ai reçu un paquet de fibres de bison, cadeau d’Éric d’Archeoshop, Je me suis dépêchée de tester ces fibres, d’abord seules, mais elles sont assez courtes, puis mélangées à de la laine de mouton sale. Là, cela se filait un peu plus facilement. Nouvelle expérience sympathique.

Essai de filage de la fibre de bison d’Éric, seule, pour Gletterens

Cette fibre n’est pas très facile à filer seule, comme c’est le cas pour beaucoup de fibres difficiles à travailler, je l’ai mélangée avec de la laine de mouton, cela améliore la cohésion du fil.

Début de filage, bison et laine pour Gletterens

Voici, les deux produits finaux après retors.

Voici deux échantillons pour Éric, je les lui donnerai quand il arrivera à Gletterens

Filets

Lors de ma visite au Latenium à Neuchatel, l’an dernier, j’ai vu un autre outil ancien pour les filets, à tester.

Je ne me suis pas encore fait cet outil, je pensais le faire à Gletterens, mais je n’en ai pas eu le temps
Après les Rencontres Préhistoriques à Gletterens, je suis allée visiter le Latenium, j'y ai découvert cet outil à tisser des filets
Après le Rassemblement Préhistorique à Gletterens, l’an dernier, je suis allée visiter le Latenium, j’y ai découvert cet outil à tisser des filets

Arrivée à Gletterens en avance

Arrivée le 14 juillet

Voyage sans encombre, un grand merci pour Gérard qui m’a accompagné jusqu’au train à la Gare de Lyon. Des Suisses inconnus m’ont beaucoup aidé avec les bagages au changement de train à Lausanne.

Seul mon petit charriot m’a lâchée juste en arrivant à Gletterens, mais c’est sans doute réparable.

Avec surprise, je découvre l’inondation. Par la suite, le petit supermarché fermera pendant 3 jours de crainte des coupures de courant dues au débordement du Lac de Neuchatel. Tous les lacs de la région ont largement débordés.

Je devais repartir en laissant l’essentiel des bagages pour revenir quelques jours avant le Rassemblement Préhistorique, mais on a eu pitié de moi, ma tente n’était pas adaptée à la météo du moment. On m’a dit de m’installer dans un des abris préhistoriques qui était parfaitement sec.

Du 15 au 19 juillet

Coutures des ourlets sur les écharpes en soie, j’ai tenu à le faire avec des files de soie, ma soie était très emmêlée et j’ai passé beaucoup de temps avec cela.

Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Finition au crochet des pìeces d’ecoprint, à Gletterens en préparation des Rencontres Préhistoriques

En outre, j’ai aussi raccommodé avec de la soie les petits trous des bouffettes sur les sacs en toile de matelas écoprintés. Pour les sacs, il me reste à faire les lanières que je tresserai avec du lin et du chanvre que j’ai filé au fuseau. Ce sera solide.

Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens
Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens

Préparation de nouveaux fuseaux compatibles néolithiques.

Reproduction d’un fuseau trouvé dans une tombe à La Ligua visible au Musée de La Ligua. Là-bas, on m’avait dit qu’il n’avait certainement pas du être utilisé, que ce devait être une miniature. En effet, il était constitué d’un simple bâtonnet et d’une petite huître percée au centre.

Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d'un fuseau traditionnel péruvien
Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d’un fuseau traditionnel péruvien

Les amis de Gletterens m’ont aidé, ils m’ont fourni un petit coquillage, Tatiana l’a percé en frottant l’extérieur d’abord sur une pierre à polir, puis avec un poinçon en silex elle a préparé le trou à l’intérieur, puis elle l’a terminé à la vrille préhistorique.

J’ai trouvé une baguette, je l’ai tout de suite testé avec de la laine mouton. Cela fonctionne bien, il est très léger et peut filer très fin, seulement on ne peut pas produire de grosses bobine avec.

Fabrication d’un fuseau Maya à partir des matériaux du bord. Finition d’autres fuseaux Maya avec des perles ajustées avec une colle néolithique à base de brai de bouleau.

Fuseau dit “maya”, recontitution archéocompatible à Gletterens

20 juillet

Pour le Rassemblement Préhistorique, il faut dans la mesure du possible utiliser du matériel qui ne soit pas anachronique.

Et nous manquons de casseroles, il va falloir en faire en argile.

Préparation de l’argile

À Gletterens, il y a un tas d’argile qui sert pour le torchis des murs des maisons, elle doit être bonne, mais elle a été envahie par les racines des arbres et quelques ronces.

Tas d'argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n'ont pas encore disparu de Gletterens
Tas d’argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n’ont pas encore disparu de Gletterens

J’en ramasse un paquet dans un sac poubelle. D’abord, je l’égraine dans un seau d’eau.

Puis, je malaxe bien le résultat, il reste encore beaucoup de radicelles. Enfin, je vais essayer de la tamiser. Puis je la laisse décanter dans un bac en espérant qu’elle sèche. Heureusement, il fait beau et chaud avec un peu de vent. J’essaie d’éliminer les quelques centimètres d’eau qui surnage.

Tentative de préparation de l’argile à Gletter

Le matin, au petit déjeuner, j’ai la visite d’une petite mésange charbonnière très entreprenante. D’abord, elle me picore les mains, puis elle saute sur mes genoux, s’accroche à mon pull, grimpe sur mon épaule et enfin sur ma tête.

Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens
Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens

21 juillet

Je vais chercher un nouveau seau d’argile le matin.

Cette fois-ci, je fais plus simple et rapide. Je rajoute l’eau dans le seau. Puis le soir, je malaxe, j’enlève à la main les grosses racines et je tamise deux fois.

Je laisse décanter la nuit.

22 juillet

D’abord, j’élimine l’eau qui surnage dans les deux récipients. Le premier est déjà plus consistant.

Bac d'argile qui s'assèche à Gletterens
Bac d’argile qui s’assèche à Gletterens

Normalement, j’aurai du aller chercher du sable fin pour amaigrir une partie de cette terre, mais elle est déjà très sablonneuse. Puis, dès que la terre aura une bonne consistance je la battrai pour éliminer les bulles d’air. Enfin, j’essaierai de faire quelques perles et fusaïoles, avant d’essayer de faire des casseroles. De toute manière, la quantité préparée est sans doute insuffisante. Et il faut laisser le temps à la terre de sécher avant de la cuire.

Fusaïoles et perles qui sèchent à Gletterens

Donc, aujourd’hui, la terre sèche tranquillement.

Je suis allée récolter des orties pour refaire des essais. Doris m’a gentiment indiqué ce qu’elle avait fait l’an dernier:

    • Récolte
    • Enlever les feuilles
    • Faire des bottes et les mettre à sécher
    • Une fois sèches, il faut les mettre à rouir
    • Une fois rouies, il faut les refaire sécher
    • Puis, il faudra les battre pour récupérer les fibres à filer

J’ai récupéré les feuilles pour la teinture.

Belles orties de Gletterens
Belles orties de Gletterens

D’autre part, j’ai commencé à récolter des graines de cornouiller sanguin et de bourdaine qui font partie des fameuses “Graines d’Avignon” que je n’ai pas encore testées.

De gauche à droite, plantain, feuilles d'orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour les Rencontres Préhistoriques
De gauche à droite, plantain, feuilles d’orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour ls Rassemblement Préhistorique, pour le moment cela donne un peu de vie à la Maison du Feu

Puis, j’ai avancé sur le poncho entouré de filet. J’avais déjà fait deux côtés, il m’en restait deux autres. J’en suis à la moitié du troisième côté.

Bordures au filet, avec une navette fine pour ce poncho spécial Gletterens

23 juillet

Nouvelle récolte d’orties, il y en a de très grandes. Préparation après quelques heures de séchage, elles piquent un peu moins. Je voudrais les photographier à la loupe. C’est vrai que cela pique, mais on finit par oublier et cela fait du bien aux articulations, je dors mieux la nuit…

Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens
Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens

J’avance sur le filet de bord du poncho, je viens d’attaquer le 4ème côté.

L’argile sèche petit à petit, premier essai de perle.

Gletterens, l'argile commence à prendre de la consistance
Gletterens, l’argile commence à prendre de la consistance, traces de gouttes de pluie

Tressage d’une lanière à 5 fils de lin et soie pour 1 sac ecoprint sur toile à matelas.

Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas
Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas

24 juillet

Petite visite à la déchetterie pour chercher de la ferraille pour la soupe de clous et de vieilles marmites pour la teinture. En effet, ma marmite archéocompatible ne sera certainement pas prête à temps pour les Rencontres Préhistoriques, la semaine prochaine. Les déchetteries sont une source d’approvisionnement très riche en Suisse.

Disparition insolite de l’argile encore mouillée entre 6h30 et 9h00. Donc, préparation d’argile nouvelle.

Couture de la lanière sur le sac, elle était trop fine, je l’ai agrémentée de 2 rangs de crochet de chaque côté.

Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens
Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens

Tressage d’une lanière à 8 fils de chanvre que j’ai du retordre auparavant. Pour la même longueur de fil, elle était plus courte et beaucoup plus longue à tresser. Elle est très douce au toucher.

25 juillet

J’ai tamisé et laisser reposer l’argile qui trempe depuis la veille.

Tressage d’une autre lanière, cette fois-ci combinaison de chanvre et lin-soie. Le résultat me plaît, mais c’est très long.

26 juillet

Tamisage de l’argile

Nouvelle tresse á 8 huit brins et une autre à 10 est presque finie.

J’avance sur le filet du bord du poncho, il ne me manque que 3 rangs.

Les mésanges viennent visiter l’abri préhistorique, elles sont vraiment très curieuses. Leur visite me met de bonne humeur le matin.

27 juillet

Je viens de m’installer dehors pour taper ce texte. Les mésanges viennent manger les miettes, se promènent sur le clavier, elles sont si légères qu’elles ne tapent pas de texte incongru. Puis, elles me picorent les pieds.

J’ai fini les tresses pour les sacs en ecoprint. Elles m’auront pris plusieurs jours.

Comme, j’ai fini le poncho entouré de filets., j’ai commencé la ceinture en filet.

Démarrage d'une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens
Démarrage d’une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens

Arrivée de Gregory, je suis contente qu’il ait pu venir, je pense que ce sera une bonne expérience.

28 juillet

Nouvelles visites des mésanges affamées par la pluie.

D’abord, j’ai cousu toutes les lanières des sacs ecoprint, Je suis contente, mais j’ai passé beaucoup de temps dessus.

Puis, j’ai rangé les bacs d’argile sous clef, car elle est presque assez sèche.

Enfin, j’ai récupéré les écorces de cornouillers et de noisetiers que Gregory a coupées pour faire le châssis pour le tannage de la peau de bison. Elles me serviront pour teindre. La texture du bois de cornouiller est très belle.

À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles
À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles

29 juillet

Poursuite de la ceinture en filet. J’en aurai pour un bon moment, elle n’est pas large, mais c’est très long.

Pour Gletterens, filet à mailles fines
Pour Gletterens, filet à mailles fines

Enfin, j’ai fini le dernier sac, je peux passer à d’autres taches.

Moulage d’un grand bol avec de l’argile que m’avait amenée Doris, j’espère qu’il se démoulera sans problème, pour le moment il sèche dans l’abri préhistorique.

Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement
Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement

J’ai encore fait deux fusaïoles et quelques perles.

Fusaïoles et perles en argile
Fusaïoles et perles en argile

J’ai testé la terre que j’ai tamisée, car elle commence à sécher. Elle se fendille quand on la modèle. Il paraît qu’il faut battre cette terre.

Je ramasse tous les jours de nombreuses feuilles de peupliers attaquées par un insecte qui provoque une boursoufflure sur la tige. C’est intéressant en teinture, car ces boules dues à un parasite concentrent les tanins.

Feuilles de peuplier atteintes par un parasite
Feuilles de peuplier atteintes par un parasite

30 juillet

Récolte de petits pois sauvages, dans le jardin. Il fallait le faire car les gousses commençaient à s’ouvrir et les graines se perdaient.

Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens
Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens

Ramassage d’une grosse botte d’orties

Le soir arrivée des premiers participants au Rassemblement Préhistorique: Andreas – tannage et pièges, il est chimiste, Dominique – tannage à la cervelle est aussi chimiste, Eric – silex, flûte, créateur d’archeoshop.com, puis François et trois amis. Grosse déception Pierre le Frondeur n’a pas pu venir.

Fin de soirée très agréable avec concert folk celtique… Filature de poils de lapin angora, fibre courte qui vole mais feutre aussi avec facilité.

Demain commencent le nouveau Rassemblement Préhistorique!!! Nous sommes prêts, la suite vient dans un prochain article.

Gletterens 2022

Nous espérons tous pouvoir nous revoir l’an prochain à Gletterens.

Echarpe, de A à Z

/// Echarpe de A à Z /// —- Encore en cours de rédaction —
Nouvel article du 11 Mai 2021 — Mis à jour le 26 mai 2021 —
Prochain articleLaver la laine ou Matelas de laine à la mesure
Organisons donc des ateliers! C’est facile – +33 7 69 905 352

Une écharpe, une fois n’est pas coutume, je vais vous décrire en détails la création de cette écharpe, en partant de la tonte du mouton, jusqu’au produit fini. Cet article fait suite à celui sur le filage. Il le complète avec une nouvelle expérience lainière. Si vous avez des doutes sur certains termes techniques que j’emploie, ils sont détaillés dans le précédent article.

Je continue mes expériences de Wwoofing et j’arrive chez Gilles Michaudel à Cormes dans la Sarthe. J’aurais pu continuer chez Aline à Sérans et chez Monique à Falaise, mais la prise de contact a été si bonne avec Gilles que je ne pouvais pas manquer de connaître sa ferme, d’autant plus que je voulais en savoir plus sur les moutons.

Cela fut une très bonne idée.

Laines pour une écharpe

Gilles élève des moutons pour la viande, mais ses brebis produisent beaucoup de laine de bonne qualité. Elles en produisent tant, qu’il doit les tondre deux fois par an.

écharpe moutons de Gilles, quelle écharpe vont-ils donner?
Voici les moutons de Gilles, quelle écharpe vont-ils donner?

Un vilain virus dont on parle trop actuellement a aussi fait qu’il n’a pas pu vendre les 500 kg dont il dispose actuellement.

Il m’en a donné quelques kilos pour l’essayer.

Elle est très agréable à filer, si agréable que je n’avais jamais filé aussi fin. Elle peut être aussi très blanche. Voici deux bonnes laines: la Shropshire a été lavée au shampoing et la Thones et Marthod à la lessive de lierre.

laines shropshire et thones marthod
A gauche laine de Shropshire, à droite laine de Thones et Marthod pour cette écharpe

J’ai tellement apprécié cette laine, que je viens de filer écheveau en y ajoutant du doux poil de lapin angora. On n’associe pas des fibres si luxueuses avec n’importe quoi.

La tonte pour une écharpe

Dans les 500 kg de laine en attente de clientèle, je n’ai pas trouvé de laine de couleur, il y en avait certainement, cachée au fonds d’énormes sacs. Les toisons étaient bien roulées, je ne voulais pas tout désordonner.

Choix de la laine

Il y avait un jeune bélier marron, presque noir, avec une touffe de mèches de laine beige sur la tête, surnommé le “Rasta“. J’avais très envie de filer sa laine.

Gilles a accepté de le tondre le dernier jour, je lui enverrai l’écharpe en échange.

En réalité, sa laine est tacheté presque noire et grise, on le voit marron, car la pointe des mèches laine s’est décolorée au soleil.

bélier
J’ai tout de suite eu envie de filer la laine de ce jeune bélier. Et Gilles à eu la grande gentillesse de bien vouloir le tondre pour moi.

La race Thones et Marthod

thones et marthod
Gentils moutons Thones et Marthod, race rustique à protéger.

Avant d’arriver chez Gille, je ne savais rien de la Thones et Marthod. Je vous invite à voir cette petite video pour en avoir une petite idée.

Qualités de la Thones et Marthod

Contrairement à ce qu’ils disent dans la video, sa laine a vraiment beaucoup de qualités. Il suffit de savoir la travailler. D’ailleurs, il n’existe pas de laine parfaite. Ainsi, la mérinos est souvent très courte et perd près de la moitié de son poids au lavage.

Elle peut aussi être d’une grande blancheur. Ce n’est pas toujours le cas des laines réputées. En outre, la blancheur des fibres pose de sérieux problèmes. Michel Pastoureau, grand historien des couleurs parle de “teindre en blanc“, ce n’est pas une blague.

laine Paipote
Ce petit poncho a été crocheté avec la laine de Paipote, près de Copiapo, au Nord du Chili. Je ne connais pas la race.

J’ai aussi été très heureuse de retrouver l’apparence et le toucher presque lisse (proche des fibres de camélidés) d’une laine que mon amie de Paipote (Nord du Chili) m’avait donnée il y a longtemps. Cette laine avait une gamme très variée de couleurs allant du blanc au noir en passant par tous les tons de gris, de beige et de marrons, mais avec l’odeur caractéristique des moutons, se filait très bien.

La viande aussi…

Je peux aussi témoigner que sa viande est excellente, même si les gigots ont des os trop longs pour les fours! Il semblerait que cette race ait fait les frais d’une normalisation exagérée.

Le cardage

Comme la plupart du temps, j’ai cardé à la main.

Laine propre

Avec la laine blanche, cela s’est très bien passé, je l’avais bien sélectionnée. Les moutons, dans cette ferme, sont très propres car ils vivent à l’extérieur.

laine cardée début du filage pour écharpe
Laine blanche cardée á la main sale, début du filage pour cette écharpe

Généralement, les moutons élevés en enclos ou en bergerie fermée ont une laine avec beaucoup de débris de paille ou de luzerne, ce qui complique le cardage.

Laine sale

J’ai des souvenirs de laine de moutons à Mamiña ou à Parca, au Nord du Chili pour lesquelles le temps passé à éliminer les débris de végétaux étaient fort long.

moutons de Parca
J’ai tondu quelques un de ces moutons à Parca, l’élimination des brins de luzerne de luzerne était longue.

Pour la laine noire, cela a été un peu plus compliqué.

La laine était de bonne qualité, mais parfois une collée. Peut-être que sa couleur sombre a fait que ce bélier transpire plus. Je l’ai donc rincée deux fois à l’eau du robinet, sans lessive. Cela n’a donc pas éliminé la lanoline.

Je l’ai laissé sécher et je l’ai cardée encore un petit peu humide. Le plus gros de la terre était parti et les débris de végétaux tombaient facilement quand j’étirais les morceaux de toison. Les derniers déchets se sont détachés lors du filage et du lavage.

Laine qui sèche
La laine a séché tranquillement dans le jardin, avant de la filer pour l’écharpe.

Laine rincée

J’en avais choisi aussi une partie un peu plus courte, mais légèrement beige sur les pointes. Je ne l’utiliserai pas pour l’écharpe. Quand j’ai voulu la préparer pour la filer, elle semblait un peu feutrée. Alors, je viens d’appliquer ce que j’ai fait pour la laine noire, mais à l’eau de pluie cette fois-ci.

Laine Thones et Marthod seulement rincée, petite pelote de la même laine cardée, non rincée. Un simple rinçage a bien blanchit et a décollé les fibres.

Le résultat est incroyable. Cela va être un plaisir de la filer.

Tricoter sans carder

J’ai aussi profité du fait que certaines laines étaient un peu collées pour les crocheter en mèches légèrement torsadées, sans les filer. J’ai lavé ce bonnet après l’avoir tricoté, il n’a pas feutré.

crocheter sans filer
J’aime bien crocheter sans filer, mais cela aurait été trop épais pour une écharpe.

Le filage

Lors de cette expérience, je ne disposait pas de rouet, j’ai donc filé à la main. C’est beaucoup plus long, mais cela permet de mieux apprécier les fibres que l’on file.

J’ai donc filé de la laine blanche, de la laine noire et blanche et enfin de la laine noire.

Les couleurs

J’associe ces laines lors du doublage pour obtenir 4 tons:

  • Blanc
  • Blanc avec un peu de noir
  • Noir avec un peu de blanc
  • Noir
doublage et retorsion de la laine
Assemblage de deux laines et retorsion pour équilibrer le fil, afin que l’écharpe ne s’enroule pas sur elle-même une fois finie.

J’ai filé la laine sale comme à mon habitude, sauf la noire que j’ai décidé de rincer en cours de filage.

étapes de filage
Différentes étapes de filage pour cette écharpe.

La pesée

Comme il s’agit pour moi d’une nouvelle sorte de laine, j’ai aussi pesé avant et après lavage, pour savoir quelles sont les pertes.

pesée laine écharpe
Pesée de la laine pour cette écharpe avant lavage.

Le lavage

Pour laver, j’ai fait une lessive de lierre. Monique avait arraché deux sacs de lierre dans son jardin, j’en ai profité.

J’indique la recette de la lessive de lierre dans l’article qui lui est consacré.

lessive de lierre
La laine pour cette écharpe sera lavée à la lessive de lierre maison

La laine est en écheveaux.

éheveaux pour écharpe
Voici les écheveaux préparés pour l’écharpe

D’abord, un premier rinçage double à l’eau froide, avec un quart d’heure de trempage.

rinçage de la laine
Premier rinçage de la laine destinée à l’écharpe.

Puis lavage à la lessive de lierre. Rinçage.

lavage lessive de lierre pour écharpe
Enfin un lavage à la lessive de lierre pour cette écharpe

Dernier rinçage supplémenté en vinaigre blanc, pour adoucir l’eau très calcaire de Falaise. Cela assouplit la laine.

écharpe rinçage vinaigre
Le rinçage additionné de vinaigre blanc est important pour la douceur de cette écharpe

J’ai profité de cette dernière eau de rinçage vinaigrée pour rincer les derniers ecoprint que nous avions faits. Cela ravive les couleurs.

rinçage vinaigre ecoprint
J’utilise le reste du rinçage au vinaigre de la laine de l’écharpe pour terminer les ecoprint.

Le séchage

Les écheveaux sont déjà entrain de sécher.

séchage laine écharpe
Séchage au bon vent de Normandie pour la laine de cette écharpe

Une fois les écheveaux secs, j’en fait des bobines que je pèse à nouveau.

bobines écharpes
Enfin voici les bobines prêtes pour le tissage de cette écharpe

Voici les résultats:

Tableau de pesée des laines
Il est à noter que la laine noire avait été déjà rincée, donc le poids de la terre est inconnu. D’autre part, j’ai ajouté une laine fine pour information, mais je ne l’ai pas utilisée pour cette écharpe

Le temps

Alors, j’ai mis presque 15 jours pour filer et retordre 350 g de laine.

J’ai bien sûr fait aussi beaucoup d’autres choses pendant cette quinzaine, car filer au fuseau est fatigant, même si la laine est extraordinaire. J’ai entre autre trié des milliers de photos prises depuis plusieurs mois. Cette étape était absolument nécessaire pour l’illustration de cet article, du précédent, de ceux qui vont suivre.

Je dois aussi mettre à jour avec de nouvelles expériences des articles anciens tels que ceux sur les ecoprint ou les mordants.

Le tissage de l’écharpe

Tricoter au crochet aurait pu être plus rapide, mais aurait utilisé le double ou le triple de laine.

Quel métier choisir?

J’aurais pu la faire d’une pièce avec mon métier Tissanova, mais je voulais la tisser seulement avec des laines de chez Gilles. Je ne file pas encore assez régulièrement et assez fin pour pouvoir utiliser mes laines comme chaîne pour ce type peigne. La chaîne aurait sans doute beaucoup trop souffert en frottant continuellement sur les rainures du peigne qui sont très étroites.

peigne Tissanova et laine écharpe
Voici le peigne de mon métier Tissanova et la laine destinée à cette écharpe

Pourquoi?

Je décide donc d’utiliser mon bon vieux cadre à tisser de voyage préféré, mon petit métier à clous de 20 x 20 cm.

début écharpe
Voici le début de l’écharpe

C’est l’idéal pour tisser des laines un peu rustiques, les irrégularités ne se bloquent pas dans le peigne ou les lisses.

Cela me permet aussi de ranger dans ma valise un travail non fini.

Et puis, j’ai hâte de tester une nouvelle solution pour tisser plusieurs carrés à la suite sans devoir les unir.

Les différentes unions possibles pour une écharpe

J’ai l’embarras du choix, mais j’ai choisi la nouveauté.

Couture simple

C’est bien sûr possible, mais je ne pratique pas cela. J’ai impression que ce n’est pas solide, j’ai des difficultés à cacher mes coutures, il reste des noeuds… Je n’aime tout simplement pas coudre.

Couture au crochet

C’est joli, cela fait un petit relief décoratif, mais le crochet utilise beaucoup de laine. J’ai donc cherché d’autres solutions.

Poncho triangle clous
J’ai unis les triangles tissés au métier à clous triangulaire par des points de crochet. Il existe de nombreuses variantes, dont certaines plus serrées.

Voici un autre exemple de couture au crochet.

couture crochet
Autre exemple de couture au crochet, plus serrée cette fois-ci.

Tisser en s’accrochant à la trame du carré antérieur

J’ai découvert cette technique il y a longtemps, à la bibliothèque du musée d’archéologie d’Antofagasta, grande ville du Nord du Chili.

union des carré par tissage type tapisserie
Bien que les civilisations pré-inca n’avait pas de métiers à clous, ils utilisaient des méthodes similaires.

Cette technique peut s’utiliser aussi bien pour la trame que pour la chaîne. Je l’ai souvent utilisée pour de petits ponchos.

poncho carrés unis par tissage
Prescilla, stagiaire chez Aline de Sérans a eu la gentillesse de poser avec mes tissages.

Mais, il faut parfois faire varier les techniques

Nouvelle idée

En me réveillant, ce matin-là, j’ai eu une nouvelle idée. Pourquoi ne pas couper des fils de chaîne de la longueur de l’écharpe, plus les franges avec une certaine marge.

Nouer les fils par paires avant le premier et après le dernier clou de chaîne, laisser pendre le reste et tisser le premier carré. Celui-ci reste bloqué par les noeuds, on le sort du métier.

début deuxième carré écharpe
Début du deuxième carré de cette écharpe

On place les noeuds de fin de chaîne du premier carré en début de chaîne du deuxième et on ferme par un noeud après le clou de fin de chaîne, on tisse.

Début du troisième carré de cette écharpe
Début du troisième carré de cette écharpe

Et ainsi de suite.

détail union des carrés de l'écharpe
Détail de l’union des carrés de l’écharpe à peine visible avec ce type de laine.

Écharpe nouvelle technique

Donc, cette écharpe aura des franges.

J’ai décidé de faire des rayures mettant en valeur les différentes laines que j’avais filées.

J’aime beaucoup le sergé 2/1, c’est un point rapide, facile à pratiquer sur ce genre de métier. En outre, l’effet de diagonal est intéressant.

Je lève un fil de chaîne et laisse deux autres (au lieu d’un) sous l’aiguille. Je décale le motif à chaque rang d’un fil de chaîne, toujours dans le sens. Alors, cela donne l’effet diagonal, différent entre l’endroit et l’envers.

détail point écharpe
Détail du point utilisé pour cette écharpe, avec un fil d’alpaga, plus fin et unis

Avec cette photo macro, on voit mieux l’effet diagonal.

détail ècharpe
écharpe, vue de détail

Normalement, je mets 2 jours pour faire ce genre d’écharpe.

Petite difficulté

J’avais sous-estimé la longueur de laine pour la chaîne, j’ai donc dû faire des ajouts. Heureusement, les noeuds se sont échelonnés sur deux carrés, cela a permis de mieux les cacher.

ajouts de chaîne pour terminer l'écharpe
Ajout de morceaux de chaînes pour terminer cette écharpe

Finitions

Je fais un tour au crochet en point de “crabe“, point qui part en marche arrière sur les deux côtés longs et en mailles coulées juste avant les franges.

Dernière pesée

Poids final de l’écharpe: 150 grammes.

Il me reste 200 grammes pour en faire une nouvelle avec une autre disposition des couleurs.

Habituellement, on réserve les meilleures laines pour les écharpes, car elles sont au contact de la peau. Je n’ai pas été déçue par celle-ci. Même la laine du bélier était très douce, car il était encore jeune.

Conclusion

Cet article n’est pas publicitaire, il relate des expériences que je tenais à vous faire connaître. Un grand remerciement à Gilles Michaudel de Cormes, à Monique de Falaise et à Gérard qui les ont rendues possibles.

Comme je suis une artisane itinérante, cette écharpe a démarré sur un mouton de Gilles, la laine a été filée, lavée et commencée à être tissée chez Monique à Falaise, finie chez Gérard à Chatenoy.

Filer comme au temps jadis?

/// Filer comme au temps jadis? /// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver)

Je suis rentrée en Europe le 4 mai 2023 – Retour au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés
Nouvel article du 21 Janvier 2021 — Mis à jour le 15 mai 2023 —
Prochain articleLaver la laine ou Echarpe de A à Z
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Prochains cours au Chili à Codao, près de Rancagua et Pica près d’Iquique en novembre/décembre 2023

Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.

Pourquoi filer?

Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.

Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.

En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.

Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.

Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.

Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.

Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.

V
Les tiges sèches de roses trémières, rouies naturellement par l’hiver, libèrent des fibres soyeuses qui pourraient être filées

Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…

Liber de tilleul, fibre très utilisée dès la préhistoire, elle n’était généralement pas filée au fuseau, mais tordue manuellement.

La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…

Pour faire ce bonnet, je n'ai pas eu besoin de filer la laine, j'ai seulement préparé un cordon légèrement tordu
Pour faire ce bonnet, je n’ai pas eu besoin de filer la laine, j’ai seulement préparé un cordon légèrement tordu

Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,

Comment commencer à filer?

Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi, j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.

Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.

C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…

Quelles fibres choisir?

Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.

Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.

Laver la laine ou pas avant?

Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.

Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.

Carder ou peigner avant de filer

Peigner la laine

Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.

Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.

Carder à la main

C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.

Nous avons deux options.

Ma pratique habituelle, sans outils

J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.

À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.

Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.

Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.

cardage pour filer
Début du cardage
laine cardée prête à filer
Laine cardée à la main, bonne à filer

Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.

filer alpaga
Je peux filer ces fibres d’alpaga á partir de la toison brute de tonte aprés un simple cardage á la main. Avec un peu plus de patience, on peut en faire autant avec la laine de brebis.

Avec planches à carder

Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.

On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.

planches à carder
Chez mes amis Ivan et Narcisa à Machachi, Équateur, j’essaie les planches à carder que j’avais achetées à Otavalo

C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.

Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.

brosse
Cet ensemble de peignes et brosse m’a coûté environ 3 euros.

Attention

On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…

Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.

Cardage à la machine

Cardeuse manuelle

J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.

À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.

Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.

En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.

Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.

cardeuse manuelle
Cette cardeuse manuelle transforme la laine en une nappe prête à filer ou feutrer.

Cardeuse de tapissier

J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.

cardeuse de tapissier
Essai de cardage de laine d’alpaga pleine de paille avec une cardeuse de tapissier

Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.

Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.

Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.

Cardeuse électrique

Chez “Rincón de Angel”, nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.

Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.

L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer

nappe de laine cardée
Cette nappe de laine cardée blanche a été teinte avec des teintures chimiques, on peut la feutrer ou la filer ce qui donnerait une laine aux couleurs changeantes.

Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.

cardeuse rincon de angel
Cette machine à carder manuelle correspond mieux aux nécessités des clientes de Rincón de Angel. Elles veulent préparer leur laines plus vite pour pouvoir les filer ensuite. Il y en aussi des électriques qui ressemblent beaucoup à ce modèle.
cardeuse
Voici la version électrique.

Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.

D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.

Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.

Astuce “viking”

La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.

Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.

La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.

C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.

cardeuse manuelle
Cet engin inspiré des Vikings m’a permis de récupérer beaucoup de laines qui ne passaient pas dans la cardeuse électrique, on pouvait ensuite les filer

Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.

Filer sec

Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.

Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.

Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.

Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.

bélier
J’ai tout de suite eu envie de filer la laine de ce jeune bélier. Et Gilles à eu la grande gentillesse de bien vouloir le tondre pour moi.
bélier à filer
J’ai donc rincé à deux eaux froides cette toison brute. Après cette étape, j’ai pu carder et filer facilement cette belle laine.

Filer humide

Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.

Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.

laine humide
Je n’ai pas résisté à l’envie d’essayer de filer cette laine encore humide. C’était une bonne idée, elle se filait mieux.

C’est beaucoup plus facile.

J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.

Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.

Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.

Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.

Que filaient nos ancêtres?

Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.

Difficile à filer?

Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.

Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.

La torsion

La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.

J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.

Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).

Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.

Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.

Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.

Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.

Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.

Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.

Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.

Filer S ou Z

A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.

Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia
Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia

Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.

Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.

Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…

Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.

Forte ou pas

Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.

fil trop tordu
Ce fil est trop tordu, j’ai deux solution, soit filer en tordant moins, soit retordre avec une autre laine. je préfère la deuxième solution.

C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.

Doubler ou retordre la laine

Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.

Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.

Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.

filer et retordre
Laine rééquilibrée par retorsion

Filer des laines fantaisie

Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.

Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.

Quel outil choisir pour filer?

Le fuseau

Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.

Grande variété de modèles

Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.

Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.

L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.

J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.

Facilité d’apprentissage

En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.

En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:

  • la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
  • l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
  • les forces centripètes et centrifuges.

Que de science résumée dans un outil aussi ancien!

Filer en marchant

Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.

En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.

filer debout
Filer en marchant est agréable et efficace.

Filer au rouet

En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.

Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.

Le rouet à pédale

Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.

Pendant longtemps, chez mon ami du “Rincón de Angel“, je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.

En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.

Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.

Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.

Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.

Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.

Le rouet électrique

Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.

Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.

On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.

Achat d’un rouet

Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.

Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.

Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.

Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord

Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.

J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.

Taille du trou d’entrée

La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.

En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.

Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…

Taille de la bobine

La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.

Taille des crochets sur la broche en U

La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.

Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.

Bon état de la broche en U

Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.

Possibilités de réglages

Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.

Tension de la courroie

La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.

Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.

Possiblité de retordre (marche inverse)

Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.

On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. “Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?“. 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.

J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.

D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.

Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.

Position de travail pour filer

L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position.

Vitesse de filature

Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.

D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.

Possibilité de démontage

Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.

Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.

Ma recherche actuelle

Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.

Quelques chiffres

Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.

Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.

Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.

toison brute solognote
Voici un morceau de toison brute de brebis de race solognote que je vais filer.

Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.

brebis solognote à filer
Elles sont mignonnes ces brebis. Cela donne vraiment envie de filer leur laine.

Nettoyage et cardage manuel

Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.

Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.

toison brute
Pour carder et filer cette laine, je commence par éliminer les laines trop courtes, les pointes collées et brûlées par le soleil, et bien sûr les brains d’herbes et autres saletés.

J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.

cardage 1
Je tire sur la laine et obtient un gros ruban irrégulier, que j’affinerai à plusieurs reprise pour pouvoir le filer. À chaque fois, des saletés tombent, le ruban s’affine, plus le ruban est propre et fin, plus cela sera facile à filer.

Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.

Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn

La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.

déchets laine
Boules cardées et leurs déchets. Ces déchets peuvent être utilisés comme paillage au pied des plantes, cela les protège de la sécheresse.

Affinage des mèches de carde pour filer

Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.

Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.

Temps pour cette opération: 1h 30 mn

cardée prête à filer
Voici nos boules prêtes à filer. On peut voir les derniers déchets.

Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.

prêtes à filer
Boules prêtes à filer

Encore des déchets…

Temps pour cette opération: 1h

filer sans déchets
Éliminer les déchets est indispensable pour filer correctement, car ils seraient plus difficiles à éliminer après filage.

Filature au rouet

Enfin, on peut commencer à filer.

filer au rouet
Enfin, j’ai commencé à filer

Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.

filer bobine
Après filer, il faut libérer la bobine en faisant une pelote. Pour cela, il faut libérer la courroie qui freinerait la rotation de la bobine.

Encore des déchets, mais déjà moins.

Temps pour la filature: 6h 30 mn

filer bobines
Filer ne suffit pas, il faut maintenant retordre.

Doublage du fil

Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.

Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.

Temps pour retordre: 2h

Reorsion de la laine
Retorsion de la laine.

Mise en écheveaux

Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une “aspa”.

Temps de mise en écheveaux: 30 mn

Poids des écheveaux avant lavage: 340 g

Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.

Lavage

Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.

Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.

Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.

Trempage
On fait d’abord tremper à l’eau si possible froide.

Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.

On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.

lavage de la laine
Aline a choisi un récipient transparent pour mettre en évidence l’effet du lavage.

Plusieurs rinçages.

Rinçage
Le rinçage doit être soigné,

L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.

Lavage au lavoir

La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.

Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.

La solution était le lavoir.

Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.

Filet pour la laine
Ce filet servira pour laver et rincer la laine au lavoir.

Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.

Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.

algues
Quelle déception! Ces algues pourraient détruire tout notre travail.

Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.

Lavoir
Au lavoir, la laine s’est rincée tranquillement.

Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Séchage

Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.

séchage de la laine
Le vent a séché nos laines dans ce joli jardin. Certaines laines ont expérimenté les effets de la pleine lune.

Pesée après lavage et séchage: 225 g

Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %

Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g

Nombre de mètres de laine: 193 m

Temps total: 14 heures

Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.

Mise en pelotes

Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.

Produit fini
Et voilà, c’est fini.

Autres laines travaillées

À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.

Bleues du Maine

Bleues du Maine
Voici les Bleues du Maine dont j’ai filé la laine.

Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.

La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le “beri” à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.

suint et lanoline
Dans cette photo, prise avec loupe, on voit les petites pelotes de lanolines solidifiées. On pourra tout de même filer.

Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?

bleues du maine laine
Voici le résultat final du sac de laine de Bleues du Maine.

Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.

Thones et Marthod

tonnet morteau
Sur cette photo, nous voyons bien les grandes mèches de laine assez peu frisées.

Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.

C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.

Petite remarque

Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être “gratuite“.

Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.

Conclusion

Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.

Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.

D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.

Voulez-vous filer vos moutons?

Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.

Lacustre, le village, en Suisse

/// Lacustre, le village, en Suisse /// —- Encore en cours de rédaction — Cet article vaut pour deux! J’attendais la confirmation des amis de Gletterens pour publier cet article, n’ayant pas eu de réponse à ce jour, je me permets de le faire.
Nouvel article du 2 Septembre 2020 — Mis à jour le 19 janvier 2021 —
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Premiers contacts avec le Village Lacustre

Il y a presqu’un an, une des membres de l’Association La Mère Lison de Loches me parlait du Village Lacustre de Gletterens… où il y avait des spécialistes des textiles anciens… Je prenais contact, mais nous étions déjà en Octobre. Il commence à y faire froid et les activités se congèlent pour passer l’hiver et reprendre au printemps.

Tout commence par…

François m’a donné gentiment les dates des prochaines Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre et m’a beaucoup parlé du spécialiste des textiles, Jacques. Je prenais note.

Puis lors de recherches concernant les orties et mes essais de filature, j’appelais une dame qui faisait des reconstitutions historiques en tissage, elle aussi me renvoyait vers le Village Lacustre de Gletterens.

Alors, nous étions fin juin, j’ai donc rappelé au Village Lacustre pour savoir si les Rencontres Préhistoriques n’avaient pas été éliminées comme tant d’activités culturelles en France par ce vilain virus…

Par chance, en Suisse, la culture n’a pas subi autant de dégâts qu’en France. On m’a dit que je pouvait venir condition d’avoir un déguisement préhistorique.

Mon déguisement préhistorique

Cependant, il me restait peu de temps. Donc, après mes heures de wwoofing, je me dépêchais de me composer un costume…

Teinture

Depuis quelques mois, je filais de la laine que m’avait donnée Cécile, une amapienne, amie de Paul de Biolab Maraîchage.

On m’avait aussi donné quelques bassines à confitures, je les ai mises à contribution pour teindre, de même que celle en inox que j’avais achetée pour faire les savons.

Avec un petit groupe de wwoofers curieux de voire des teintures naturelles, nous avons teint les petits écheveaux que j’avais filés.

Lavage des laines

Je les ai d’abord lavés en testant la lessive de lierre que nous avions préparée. Le résultat a été plus que correct, bien que la laine était très grasse. En effet, je la file brute de tonte, c’est plus facile.

Lavage de la laine à la lessive de lierre pour aller au Village Lacustre
Lavage de la laine à la lessive de lierre pour aller au Village Lacustre

Teintures

Nous avons testés:

  • Les écorces et noyaux d’avocats que nous avions mangés
  • Les écorces de citrons et d’oranges
  • Le thym que j’avais taillé
  • La garance de chez Michel Garcia
  • Les feuilles du pauvre noyer qui avait eu la mauvaise idée de pousser dans la serre en verre et qui faisait trop d’ombre aux poivrons…

Comme je teints de petites quantités, exceptionnellement, je le fais sur la cuisinière.

Teinture dans une casserole en inox, pour le Village Lacustre
Teinture dans une casserole en inox, pour le Village Lacustre

Enfin, certains bains se sont répétés dans différentes casseroles donnant une grande variété de couleurs… Le cuivre modifie les couleurs.

Teinture dans une bassine en cuivre, pour le poncho que je porterai au Village Lacustre de Gletterens
Teinture dans une bassine en cuivre, pour le poncho que je porterai au Village Lacustre de Gletterens

Résultat final

Quand j’ai pesé toutes ces laines, je n’avais pas plus que 400 grammes. En effet, au lavage, la laine perd plus du tiers de son poids. C’était, la graisse (lanoline), le suint (le parfum ou la mauvaise odeur, selon les goûts) et les poussières.

Maintenant, je file plus fin et je retords mes laines pour obtenir un meilleur résultat, c’est donc plus long.

Laines teintes pour les Rencontres au Village Lacustre
Laines teintes pour mon déguisement pour les Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre de Gletterens

Tissage

Le poncho

J’ai décidé d’aller au plus simple, un poncho, des guêtres, et une jupe…

Le poncho, je l’ai fait avec deux bandes sur mon métier Tissanova que j’ai réunies au crochet. Une des bandes avait des broderies incrustées lors du tissage avec les laines teintes naturellement. Ces dessins ressortaient sur un fond de trame blanche en laine de mouton et une chaîne d’alpaga beige. En outre, cela a été l’occasion de tester l’extension de mon métier Tissanova que m’a gentiment fait notre voisin à Loches. Cela a très bien fonctionné.

J’étais tellement pressée de terminer mon poncho que j’ai oublié de prendre des photographies de la première bande…

Montage de la chaîne sur mon métier Tissanova amélioré pour mon poncho au Village Lacustre
Montage de la chaîne sur mon métier Tissanova amélioré pour mon poncho au Village Lacustre

La deuxième bande, plus simple, alternait des rayures de différentes couleurs de laines plus ou moins épaisses.

Elle était un peu plus longue que la première. Pour cacher cette différence, j’ai décalé les deux bandes pendant le montage lors du voyage.

Voici les deux bandes finies du poncho pour le Village Lacustre
Voici les deux bandes finies du poncho pour le Village Lacustre

Les guêtres

Elles étaient constituées de deux rectangles crochetés avec la laine brute, non filée.

Crochetage de la laine brute pour mes guêtres pour le Village Lacustre
Crochetage de la laine brute pour mes guêtres pour le Village Lacustre

Puis, je les ai lavés et teints aux feuilles de noyer, ils ont été cousus au crochet pour faire des tubes avec une laine teinte à la garance.

Rectangles crochetés teints aux feuilles de noyer, deuxième bain, pour mes guêtres au Village Lacustre
Rectangles crochetés teints aux feuilles de noyer, deuxième bain, pour mes guêtres au Village Lacustre

En outre, les guêtres et les ponchos étaient effectivement utilisés en Amérique précolombienne, comme l’attestent les dessins de Guaman Poma de Ayala.

Imagen del Inka Yupanqui
(Guamán Poma de Ayala, 1980 [1616], T. I, pp.: 90).

Costume pas fini, mais suffisant

Enfin, je n’ai pas terminé la jupe qui était crochetée de la même manière, j’ai tout de même obtenu un grand rectangle que j’ai teint à la ronce au Village Lacustre.

Rectangle de laine teinte à la ronce, au Village Lacustre
Rectangle de laine teinte à la ronce, au Village Lacustre

Je n’ai pas eu besoin de la jupe, car il faisait très chaud. Alors, j’ai mis un pantalon en coton teint en ecoprint au Brésil.

Je n’ai pas eu le temps de me faire les chaussures en feutres que j’avais projetées. Mais le feutre n’est arrivé que très récemment en Amérique Latine.

Je n’avais pas non plus de cuir sous la main pour me faire des tongs comme les Incas ou mieux des mocassins. Ce sera pour une prochaine fois.

Le voyage vers le Village Lacustre de Gletterens

En France, quand on veut éviter de passer par Paris, tout se complique, bien que quand on insiste dans les recherches, c’est possible. Les recherches ont été longues mais fructueuse, en partant 2 jours à l’avance.

Détour par Loches

Avant de repartir au Chili en novembre 2019, j’avais laissé un gros sac de tricots et tissages chez mes amis de l’Atelier de Joëlle à Loches.

Mes amis n’étaient pas là l’après-midi. Je suis donc passé le chercher comme convenu chez La Mère Lison.

Le trajet décidé était: Nemours – Montargis – Orléans – Tours – Loches – Tours – Lyon – Genève…

Nemours – Montargis pas de problème, il y a des trains toutes les heures, j’arrive à la gare vers 9 heures, j’attends le suivant.

Maintenant, il y a tant de trains en retard, que l’on annonce ceux qui sont à l’heure…

Les déboires commencent

Montargis – Orléans, il n’y a plus de trains, mais un bus et plusieurs escaliers pour la sortie, pas d’ascenseurs, ni de rampe d’accès pour les handicapés. Ma grosse valise bleue se délabre. En essayant de lui faire passer les marches, la poignée s’est arrachée. J’arrive à l’arrêt de bus, il faut attendre 3 heures. Je m’installe à coudre mes guêtres, puis à lire.

Voici les guêtres finies en attendant le bus, début de mon périple pour le Village Lacustre
Voici les guêtres finies en attendant le bus, début de mon périple pour le Village Lacustre

Le bus arrive, pas d’aide pour mettre les bagages dans la soute. Le chauffeur ne dit pas bonjour, mais “Mettez votre masque“. Il n’est pas content, car il doit me rendre la monnaie qui pourrait le contaminer. La moitié des sièges ne peuvent pas être utilisés.

Arrivée à la Gare Routière d’Orléans, pas d’indications de la Gare SNCF, personne ne sait rien et je dois traîner mes deux valises et mon sac à dos.

Curieuse banalité à la gare d’Orléans

Une fois trouvée la gare, cachée dans un centre commercial, je veux acheter le billet Orléans – Tours. Les machines automatiques me disent que mes cartes bleues ne marchent pas. Quelle inquiétude! Je passe au bureau d’achat, heureusement cela a marché. Mais en sortant, le vigile ne voit pas que je dois tirer deux valises une par une et commence à me menacer.

Arrivée à Tours, il faut à nouveau sortir de la gare pour prendre un bus et il faut que j’arrive avant 19 heures, avant que la Mère Lison ne ferme.

Loches

Arrivée à Loches, je demande à l’employé de la gare s’il y a une consigne. Il dit que oui. J’arrive avec mes valises, il veut d’abord que je mette mon masque alors qu’il est bien protégé derrière une vitre. Puis, il me dit qu’il n’y a plus de consigne depuis les attentats. Je suis curieuse de savoir quand a eu lieu le dernier attentat à Loches, tranquille village de moins de 10.000 habitants?

Je dois donc traîner mes valises jusqu’à la Mère Lison pour ensuite revenir à la gare avec un gros sac en plus! Heureusement, arrivée sur la place du marché, je rencontre la police municipale qui ne peut pas m’aider, mais me dit de voir avec le restaurant. Le restaurant m’autorise à laisser mes valises sur leur terrasse pendant 10 petites minutes. Je file à la Mère Lison. Là-bas quelqu’un qui me connaît m’aide à ramener mon sac de tricots et mes valises jusqu’à la gare. Elle a vraiment été très gentille.

Drôle de tourisme

Retour à Tours en bus. Celui-ci passe par de nombreux petits villages aux gares abandonnées. Joli clocher en pierres à Courçay, je ne l’ai pas photographié, les photos prises depuis un bus ne rendent jamais bien…

Ce voyage est aussi la résistance à la soif. Je m’achète une petite bouteille d’eau au distributeur (il n’y en a pas de grandes). Paiement par carte sans contact pour éviter la contamination au virus…

Tours

De retour à la Gare SNCF de Tours, il est déjà plus de 20 heures. Le bureau de vente des tickets est déjà fermé. Les machines ne vendent que des tickets qui passent par Paris, alors que les trains qui vont à Lyon passent par Tours. Où est la logique? Jusqu’ici, j’avais évité Paris, je n’allais tout de même pas y retourner, et peut-être devoir changer de gare avec mes valises? C’était hors de question.

Bien sûr, je prends mon mal en patience, pensant y être en sécurité, je décide de passer la nuit dans la gare. Pas de toilettes, pas d’internet non plus, bien que j’étais assise dans la zone WIFI. Je voulais attendre le premier train pour Tours-Les Aubrais vers 6 heures.

Mauvaise idée, c’est devenu impossible en France. Plus de train de nuit, donc interdiction d’attendre. Un peu avant 23 heures arrivent 3 vigiles équipé d’un chien me réveille de mon état de somnolence et prétendent que je les retardent pour fermer la gare. Évidemment, ils n’ont pas autre chose à me proposer que de sortir, sans aide. Je crois qu’à leur place j’aurais eu honte. Mais, la honte semble aussi interdite aujourd’hui.

Nuit avec les SDF à Tours

Je traîne donc à nouveau, un à un, à moitié endormie, mes deux valises et mon sac de tricot, sans enlever mon sac à dos, vers la sortie de la gare. Je préfère rester dans le coin le mieux éclairé, c’est-à-dire juste devant la porte de la gare que les vigiles se sont empressés de fermer, à peine l’eus-je franchie.

Il y a bien des édifices qui ressemblent à des hôtels, ils sont sans doutes inabordables et semblent fermés, pas une fenêtre ne montre de lumière.

Un touriste me fait donner un billet de 5 euros par sa petite fille. Je me mets à écrire un premier jet de ce passage.

Un Africain passe à vélo, il écoute une chanson qui dit “Il faut réfléchir tout de suite“. C’est peut-être la chose la plus sensée que j’ai entendue aujourd’hui!

Que faire?

Maintenant, je ne pouvais plus me permettre de fermer l’oeil. Heureusement, je n’avais pas froid aux pieds avec mes guêtres. D’abord, j’étudiais un peu la situation. J’ai osé aller parler un peu avec un chauffeur de taxi. Il me dit que l’on pouvait utiliser le WIFI du MacDonald du coin, mais cela ne marchait pas à cet horaire. J’essaie de me renseigner s’il y a des bus pour Lyon, il me conseille d’attendre le matin.

Parfois, des SDF me demandaient des cigarettes, malheureusement pour eux, je ne fume pas. Ils repartaient déçus. Il y en a un qui trouvait chouettes mes vieilles crocs. Il y avait du monde qui passait…

Ne pas perdre de temps

Voyant que mon coin était tout de même assez tranquille, je me suis décidée à chercher mon gros sac vert qui était dans la petite valise noire et à répartir les tricots récupérés à Loches entre ce sac et la petite valise noire.

Puis, je cherchais les morceaux de mon poncho-déguisement, un crochet et de la laine pour faire les finitions, profitant de l’éclairage nocturne de la gare vide, peuplée de vigiles sans pitié pour les clients qui en fin de compte paient leurs salaires.

J’ai donc tricoté, assise sur ma valise, jusqu’à 5h30, heure à laquelle les vigiles daignent ouvrir les portes.

Nuit de SDF
Voici la photo la plus claire de cette sombre nuit

Que penser de cette nuit?

Tout cela donne l’impression d’une perte de qualité du service. La sécurité concerne le bâtiment, mais non les usagers et clients. Pourtant, tout cela est payé par nos achats et bien sûr nos impôts.

Signalétique hermétique

De curieux pictogrammes souvent liés au COVID 19 ont fait leur apparition un peu partout, même sur le sol. Ils sont si peu évidents que des affiches les expliquent. Cela a dû être rentable pour les designers qui les ont conçus.

Comment les archéologues du futur interprèteront-ils tout cela dans quelques milliers d’années?

Je pense à la nouvelle de Primo Levi, où il imagine des archéologues du futur qui redécouvre Pompéi à nouveau couvert de cendres après une répétition moderne de l’explosion du Vésuve, et ils analysent les différents appareils photographiques des touristes en se posant des questions insolubles…

Froids pictogrammes sur le sol de cette gare
Froids pictogrammes sur le sol de cette gare, mes bagages attendent que je les traîne jusqu’au prochain train

Tours Les Aubrais – Lyon – Genève

Après une nuit pleine d’inquiétude, je prends une des premières navettes pour Tours-Les Aubrais. J’en profite pour enfin pouvoir aller aux toilettes dans le train.

Par chance, là j’arrive à obtenir de l’aide auprès d’une employée qui sait comment faire sortir de la machine à tickets toute une série de billets pour aller jusqu’à Genève, sans passer par Paris.

On dirait que le système s’est un peu dégrippé! Elle a même la gentillesse de m’autoriser à laisser mes bagages au pied de l’escalier le temps d’aller m’acheter quelque chose à manger. J’avais terriblement faim, je n’avais rien mangé depuis la veille à 6 heures… D’autant plus que les dernières heures avaient été très sportives.

Car, il semble qu’il faille être en excellente santé pour voyager dans les transport en commun en France.

Cette fois, le train est bondé, il a récupéré les passagers d’un autre train en retard pour avoir croisé le passage malencontreux d’un chevreuil inattentif. Là encore, le personnel était débordé, mais très accommodant… Voyage assise sur ma valise, car je n’étais pas montée dans la bonne voiture…

Lyon

Changement de train à Lyon, mon pied glisse entre le quai et le train. Une de mes chaussures tombe sur la voie. Je n’en ai pas d’autres. Heureusement, un employé me la ramasse une fois le train partie. Je suis bonne pour une remarquable série de bleus sur la jambequi m’accompagneront pendant 15 jours.

Cela n’aurait pas eu lieu en Suisse où les trains ont de petites extensions devant les portes pour éviter les chûtes, même quand on est chargé.

Enfin, j’espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon périple. Mais, vu le prix des transports, il me semblerait normal de recevoir un meilleur service. Ce service est-il encore public?

Arrivée en Suisse

Je suis tellement fatiguée par la nuit devant la porte de la Gare de Tours, que j’ai dormi une grande partie du voyage. Je n’ai pas pu profiter du paysage.

Passage de la douane à Genève sans problème. Recherche du prochain train pour Fribourg. Ici, les choses sont beaucoup plus faciles, malgré les indications en allemand. Il y a des rampes et aussi souvent des ascenseurs. Et les gens aident spontanément, ce qui est très appréciable.

Près du but

Je reprends contact avec François et Jacques, ce dernier me réponds par message qu’il a eu de gros soucis de santé et que je dois appeler au Village Lacustre. François a aussi eu un accident peu auparavant. J’arrivais un jour avant les Rencontres Préhistoriques, au Village Lacustre, comme me l’avais conseillé Jacques.

À Fribourg, j’ai pris un train pour Estavayer le Lac, car un autre ami wwoofer suisse m’en avait parlé, au lieu de me baser sur le plan du site. J’aurais plutôt dû descendre à Payerne ou avoir pris un bus pour Gletterens à Fribourg.

Plan d'accès au Village Lacustre de Gletterens
Plan d’accès au Village Lacustre de Gletterens

J’arrive à Estavayer le Lac vers 21 heures. Pour descendre du train une dame me dit “¿La puedo ayudar?”, c’était une Chilienne qui vit en Espagne. La gare est déserte et je ne sais pas où passer la nuit… Heureusement, elle me donne le numéro d’un taxi. Celui m’a aidé à trouver une chambre d’hôtel et m’y a amené.

Je me retrouve dans un hôtel sur une aire de repos d’autoroute. L’hôtel est un peu cher (130 Francs Suisses), mais quel repos après toutes ces heures de voyage mouvementé.

Arrivée au Village Lacustre de Gletterens

Le matin, depuis l’hôtel, j’appelle le Village Lacustre, car je ne savais pas comment faire pour y arriver. Jack, un des animateurs-médiateurs culturels, passera me chercher vers 14 heures.

À partir de 11 heures, je sors avec tous mes bagages et je m’installe pour terminer mon poncho, car je n’avais pas encore réuni les deux bandes. Je le fais par une couture au crochet.

Poncho presque fini pour le Village Lacustre
Poncho presque fini pour le Village Lacustre

Juste au moment où j’ai fini mon poncho, Jack du Village Lacustre apparaît. Il m’a tout de suite amenée à Gletterens et j’ai pu faire connaissance avec d’autres membres de cette sympathique équipe.

Le Village Lacustre de Gletterens

Les abris préhistoriques

Il y a un, un peu caché sous les arbres, à côté des autres habitations du village lacustre. Un peu trop caché, certains visiteurs ne le voient pas.

Il y en 3 autres à côtés des tipees qui sont habituellement loués à la nuit. J’ai dormi dans l’un d’eux pendant le temps des Rencontres Préhistoriques. J’ai trouvé cela si agréable que j’aimerai bien qu’on en construise un à Biolab Maraîchage.

La structure

En effet, la structure en bois est facile à monter avec des branches droites et souples attachées, maintenant avec des ficelles, durant la préhistoire avec des lanières en cuir, des nerfs d’animaux ou des cordes végétales.

Cela ressemble à un igloo couvert de peaux d’animaux. C’était sans doute un matériaux courant à l’époque. Les animateurs m’ont raconté qu’ils avaient acheté à bas prix des peaux invendables à une tannerie qui avait été inondée.

La structure est en bois et légère, dans cet abri du Village Lacustre
La structure est en bois et légère, dans cet abri du Village Lacustre

Il y au milieu du toit un carré d’un mètre environ, couvert par une bâche en plastique transparent que l’on peut ouvrir et refermer, laisse entrer la lumière.

Trou central, ici protégé par une bâche en plastique, au Village Lacustre
Trou central, ici protégé par une bâche en plastique, au Village Lacustre

Le sol

Le sol est recouvert de BRF (bois raméal fragmenté), ou pour le dire plus simplement de copeaux.

Ces petits morceaux de bois procurent un sol souple et bien isolé au Village Lacustre
Ces petits morceaux de bois procurent un sol souple et bien isolé au Village Lacustre

Surprenant, ces abris sont suffisamment grands pour que l’on tienne debout, on peut y dormir à plusieurs. Ils sont très étanches, même en cas d’orage…

Les différents types de maison du Village Lacustre de Gletterens

Ce sont des maisons en bois et terre/paille. Elles ont été construites suivant des modèles de bâtiments dont on a retrouvé les traces lors de fouilles.

Si les plans sont précis, grâce aux implantations des pilotis et poutres retrouvés dans les lacs des alentours. Les toits sont des suppositions fort probables, ils n’ont malheureusement pas été conservés.

Les maisons près de la fontaine

Dès le petit pont de l’entrée, on découvre une petite maison sur pilotis, décorée.

Le première petite maison du Village Lacustre
Le première petite maison du Village Lacustre

En outre, il y a trois autres maisons plus grandes et un petit bâtiment qui sert de réserve dans la zone centrale, près d’un point d’eau.

Deux autres maisons du Village Lacustre
Deux autres maisons du Village Lacustre

Ces bâtiments servent pour les animations et ateliers (feu, peinture, tissage…).

Quatrième maison du Village Lacustre
Quatrième maison du Village Lacustre

Pendant les quelques jours des Rencontres Préhistoriques, il y a eu aussi un tipee en cuir tanné àla cervelle et construit par l’un des participants, c’était un des centres d’activités du Village Lacustre, on y taillait des silex, faisait de la céramique et polissait des haches…

À l'arrière plan, on distingue un petit tipee, occupé par un jeune chimiste passionné de préhistoire
À l’arrière plan, on distingue un petit tipee, occupé par un jeune chimiste passionné de préhistoire

La maison du bronze

Derrière une haie, il y a dernière venue, la Maison du Bronze, avec le four à bronze et l’atelier de tissage. je ne sais pas pourquoi, j’ai oublié de la photographier. Sans doute est-ce parce que ce qui se passait à l’intérieur était plus important.

Doris, vient de m’envoyer deux photographies.

La Maison du Bronze, vue extérieure
La Maison du Bronze, vue extérieure
La maison du Bronze, vue de l'intérieur
La maison du Bronze, vue de l’intérieur

Voici un joli détail d’une porte.

Détail de la jointure des planches de la porte de la Maison du Bronze au Village Lacustre
Détail de la jointure des planches de la porte de la Maison du Bronze au Village Lacustre

En outre, des panneaux à l’entrée indiquent comment ont été construits les différents édifices et les dates auxquels ils correspondent. Ces panneaux sont bilingues français/allemand. Ils sont complétés par des brochures distribuées à l’entrée.

Une des pancartes à l'entrée du Village Lacustre qui donne des explicatons sur la reconstitution de ces bâtiments
Une des pancartes à l’entrée du Village Lacustre qui donne des explicatons sur la reconstitution de ces bâtiments

Le jardin néolithique du Village Lacustre

Il a une forme de mandala, c’est plus joli ainsi…

Son but est de réunir des plantes cultivées au néolithique. Car, les fouilles récentes ont mis à jour de nombreuses graines et des restes de plantes médicinales, à fibres et tinctoriales.

Joli bouillon blanc à l'entrée unit l'utile à l'agréable
Joli bouillon blanc à l’entrée unit l’utile à l’agréable

En effet, le bouillon blanc jolie plante médicinale ne pouvait pas manquer à l’entrée. Ses feuilles étaient utiles au moment d’aller au toilettes quand le papier hygiénique n’existait pas encore.

Voici le lin déjà en graines, il va falloir le récolter vite
Voici le lin déjà en graines, il va falloir le récolter vite

Donc, on y voit du lin, dont les fibres étaient déjà très utilisées pour les vêtements et les graines pour l’alimentation. Maintenant, on doit choisir soit la production de fibres ou celle de graines.

Céréales anciennes au jardin du Village Lacustre
Céréales anciennes au jardin du Village Lacustre

À côté, sont aussi présentes des céréales et des légumineuses anciennes, base de l’alimentation à l’époque. Les chaumes des céréales et d’autres graminées servaient certainement pour les toitures.

Légumineuses anciennes protégés des rongeurs par un filet moderne
Légumineuses anciennes protégés des rongeurs par un filet moderne

Une belle touffe de cardères (cabaret aux oiseaux) donne un peu de relief. Les boules de graines, servaient jusqu’il y a peu à carder la laine.

Les cardères avaient déjà leur utilisation au néolithique
Les cardères avaient déjà leur utilisation au néolithique

Lors de mon voyage en Équateur, à Otavalo, ville spécialisée dans l’activité textile, j’ai vu un outil équipé de boule de cardère. Frotter une toile en laine avec cet appareil, arrache de petites fibres et rend le textile légèrement poilu. Ce type de finition est très apprécié.

cardères à Otavalo, Équateur
Cardères à Otavalo, Équateur, prêts à être montés sur leur support, à des milliers de kilomètres du Village Lacustre de Gletterens, la technique est encore utilisée

Le beau n’exclut pas l’utilitaire

Ce jardin n’oublie pas les fleurs qui ont aussi leur rôle à jouer dans la protection des cultures.

Ces fleurs mellifères font aussi leur apport à l'économie néolithique où le miel, principale source de sucre, était fort apprécié
Ces fleurs mellifères font aussi leur apport à l’économie néolithique où le miel, principale source de sucre, était fort apprécié

Les graines de plantes anciennes proviennent de la fondation Pro Specie Rara, qui aide à la diffusion d’espèces agricoles. Elle fournit des semences au Village Lacustre de Gletterens et lors de la récolte, les animateurs renvoient à la Fondation une partie des graines.

Voici le contact pour les espèces rares
Voici le contact pour les espèces rares

Bien que ce jardin semble modeste, il demande beaucoup de travail et n’est malheureusement pas épargné par les rongeurs qui semblent l’apprécier un peu trop.

Grande variété de plantes dans cette haie qui abrite de nombreux animaux
Grande variété de plantes dans cette haie qui abrite de nombreux animaux

Les haies ont aussi été plantées d’arbustes spécialement choisis pour leur utilisation au néolithique, par exemple bois de flèches, manche d’outils… Elles sont vraiment très belles et j’ai eu du mal à choisir la photographie… Jack les entretient tout le long de l’année.

Les ateliers du Village Lacustre

Je n’ai malheureusement pas pris de photographies des ateliers. Il y en a destinés aux enfants, comme la peinture avec des ocres… Pour les plus grands, il y a le feu, le tir de sagaie, la taille de silex… Même les adultes apprécient ces initiations à des techniques mythiques.

Ces ateliers ont généralement lieu l’après-midi.

Enfin, le Village Lacustre de Gletterens fait aussi l’objet de nombreuses visites scolaires.

En outre, il y a des échanges avec d’autres musées.

Les tipees et abris préhistoriques

Il y a trois abris préhistoriques, tels que je les ai décrits antérieurement. M’y voici installée pour 15 jours merveilleux.

Mes babages ont trouvé un peu de repos dans cet abri du Village Lacustre
Mes bagages ont trouvé un peu de repos dans cet abri du Village Lacustre

En outre, il y a deux modèles de tipees, un petit et deux grands. Ils sont vraiment imposants.

Petit tipee et à l'arriere plan un abri préhistorique au Village Lacustre
Petit tipee et à l’arrière plan un abri préhistorique au Village Lacustre

Bien sûr, ils sont plus lumineux à l’intérieur, mais ils semblent moins étanches à la pluie. De même que les abris préhistoriques, le sol est garni de copeaux de bois.

Vue intérieure d'un grand tipee au Village Lacustre de Gletterens, l'effet d'ombres des branches des abres voisins m'a beaucoup plû.
Vue intérieure d’un grand tipee au Village Lacustre de Gletterens, l’effet d’ombres des branches des arbres voisins m’a beaucoup plû.

Ils sont démontés à la mauvaise saison et remontés au printemps.

Vue du camping néolithique au Village Lacustre, depuis la porte de mon abri préhistorique
Vue du camping néolithique au Village Lacustre, depuis la porte de mon abri préhistorique, boucanage d’une peau tannée à la cervelle

Normalement, ils sont loués à la nuit, mais exceptionnellement nous, les participants des Rencontres Préhistoriques, y avons été logés pendant ces jours.

Les Rencontres Préhistoriques

D’abord, elles permettent aux visiteurs d’en savoir un peu plus en voyant en direct des techniques que l’on voit habituellement seulement dans des documentaires, ou même parfois des techniques inconnues du grand public, telle que le tannage à la cervelle.

Ainsi, les visiteurs ont aussi la possibilité d’assouvir leur soif de connaissances en posant des questions. Par chance, ce n’étaient pas des touristes pressés comme au Chili, ils oubliaient de regarder le portable…

Les questions étaient nombreuses et indiquaient un réel intérêt
Les questions étaient nombreuses et indiquaient un réel intérêt

Ensuite, ces rencontres sont passionnantes pour les animateurs et les chercheurs qui peuvent prendre le temps de se perfectionner en partageant avec leurs pairs des détails techniques et des questions qui les font progresser dans leur pratique de tous les jours. C’était vraiment très enrichissant.

Les spécialistes font des découvertes notables chaque année et comparent leurs résultats.

Les techniques représentées au Village Lacustre

Le bronze

C’est certainement la technique la plus spectaculaire.

J’ai pris tant de photographies, que je crois que je vais devoir y consacrer un article entier. C’est vraiment trop beau pour n’y consacrer qu’un chapitre ici.

Doris est entrain de couler une pièce en bronze, quel travail!
Doris est entrain de couler une pièce en bronze, quel travail!
Résultat, reproduction de pièces historiques aussi bien d'objets d'apparât que d'outils de l'époque
Résultat, reproduction de pièces historiques aussi bien d’objets d’apparat que d’outils de l’époque

La taille de silex et le feu

Deux des techniques préhistoriques les plus anciennes étaient très bien représentées au Village Lacustre de Gletterens.

Éric enseignait à qui voulait le suivre tous les détails de la taille du silex. Il avait fait un admirable pendentif salamandre en silex.

Éric entrain de tailler des silex au Village Lacustre
Éric entrain de tailler des silex au Village Lacustre

Puis, il enseignait les différentes méthodes pour produire du feu.

Ici un visiteur apprend à faire du feu selon l'une des dix techniques proposées par Éric
Ici un visiteur apprend à faire du feu selon l’une des dix techniques proposées par Éric

Un peu de musique

Enfin, il faisait sonner toute une série de répliques d’instruments de musique préhistoriques. Les éventuels clients ne pouvaient pas les essayer à cause du COVID! Quelle ironie!

Vous pouvez le retrouver sur son site www.archeoshop.com.

Étal d'instruments de musique d'Éric
Étal d’instruments de musique d’Éric

Il a aussi fait une démonstration d’abattage d’arbre à la hache de pierre. Un aulne à été choisi.

Ici, Éric ébranche l'aulne abattu avec une hache, réplique fidèle jusque dans les techniques de fixations des outils archéologique
Ici, Éric ébranche l’aulne abattu avec une hache, réplique fidèle jusque dans les techniques de fixations des outils archéologique. Nous utiliserons ces branches bien droites pour enrouler les ecoprint, les feuilles s’imprimeront aussi

Le tannage à la cervelle

Dominique, le tanneur, est chimiste de formation. Je suis vraiment très contente d’avoir rencontré un chimiste. Car, beaucoup de mes problèmes d’artisanat, sont des problèmes de chimie. De plus, il s’intéressait aussi aux colorants.

Depuis longtemps, je cherchais des informations sur le tannage des peaux et je n’en ai trouvé que très peu d’utiles. Dominique a publié un petit livre très concret à ce sujet, disponible sur le site d’Éric.

Précis et concret, concernant un domaine où ne trouve pas beaucoup d'informations correctes
Précis et concret, concernant un domaine où ne trouve pas beaucoup d’informations correctes

La technique est simple, elle requiert surtout du temps, de la force et de la patience…

Ici, Franck forgeron et armurier, s'informe des détails du tannage auprès de Dominique
Ici, Franck forgeron et armurier, s’informe des détails du tannage auprès de Dominique

Il a aussi fait des démonstrations de tannage à la cervelle, telle que la pratique encore les Indiens d’Amérique du Nord. Il a tanné la fourrure d’un daim. Le résultat semble meilleur que le tannage à l’alun et ne présente pas la toxicité des sels de chrome qui sont le plus souvent utilisés en tannerie depuis le XIXème siècle.

Une fois la peau de daim bien grattée, Dominique commence à appliquer la cervelle
Une fois la peau de daim bien grattée, Dominique commence à appliquer la cervelle

Les frondes

Là, il y avait aussi Pierre, le spécialiste des frondes. Il faisait des démonstrations de tir à la fronde avec des modèles du monde entier.

Frondes au Village Lacustre
Frondes de Pierre au Village Lacustre

Pierre a aussi profité pour apprendre auprès d’Éric plusieurs technique de taille de silex. Il a appris à filer au fuseau et pourra ainsi filer les fibres qu’il utilise dans ses frondes.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visiter son facebook.

Tissage aux tablettes

Carole, une des animatrices du Village Lacustre faisait des démonstrations de tissage aux tablettes.

Cette technique dite “primitive” est apparue un peu partout dans le monde, elle permet de tisser notamment des galons très complexes, grâce à des tablettes généralement percées de 4 trous. Cela permet de gérer de différentes manières des chaînes de différentes couleurs. En faisant tourner les tablettes, on obtient des dessins qui peuvent même être double face.

Ce type de métier est vraiment peu encombrant (il peut tenir dans une poche) et permet de tisser n’importe où à partir du moment que l’on trouve un point d’attache pour la chaîne. Il est l’idéal pour les nomades.

Carole tisse de très belles ceintures, dommage que l'on ne voit pas les détail du tissage
Carole tisse de très belles ceintures, dommage que l’on ne voit pas les détail du tissage

Je n’ai pas encore pu pratiquer ce type de tissage. Mais grâce à mes amis les bronziers, j’ai pu acheter des métiers à tablettes et des livres pour m’y former.

Documentation très complète et métier à tablettes en attente d'être monté
Documentation très complète et métier à tablettes en attente d’être monté

Fibres de liber de tilleuls

Les fibres de liber de végétaux ont fait partie des premières fibres utilisées par nos ancêtres.

Elles deviennent rares aujourd’hui, car elles exigent l’abattage de l’arbre. En effet, la circulation de la sève dans les végétaux passe par le cambium, c’est-à-dire, la partie interne de l’écorce. C’est justement cela qui est utilisé dans ce cas. Le tilleul est l’un des arbres les plus apprécié depuis des temps immémoriaux. C’était parfois un arbre sacré.

L’écorce est arrachée tout autour du tronc, par segment verticaux, normalement sur l’arbre avant d’être abattu, si possible en mai-juin. Cette écorce est mise à rouir dans de l’eau pendant un certain temps. Alors, les fibres du liber se sépare de l’écorce.

On m’a raconté au Village Lacustre que le tilleul n’est pas très apprécié des forestiers qui sont souvent contents de s’en débarrasser. Cela peut donner l’occasion de récupérer le liber.

Pour cela, on laisse tremper dans de l’eau les écorces. Des fils se séparent en plusieurs couches, on les sépare, les fait sécher. On peut les tresser, les travailler en vannerie et plus difficilement les filer.

Fibres de liber de tilleul entrain de sécher
Fibres de liber de tilleul entrain de sécher

J’en ai ramené un peu.

C’est l’une de mes découvertes au Village Lacustre. Cependant, c’est un produit assez rare et je n’ai pas tenté de le teindre. Mais, cela ne doit pas différer beaucoup du raphia.

Cela ressemble un peu à du raphia, mais c’est plus difficile à travailler.

Chapeau et manteau en liber de tilleul, vu au musée du Latenium à Neuchatel
Chapeau et manteau en liber de tilleul, vu au musée du Latenium à Neuchatel

Les liber d’autres plantes peuvent aussi être utilisés. Á titre indicatif, j’ai vu mentionnés les liber de cigüe et de chêne…

Je viens de découvrir le site du musée d’Albersdorf, au Nord de l’Allemagne qui donne des informations très intéressantes sur les techniques employées pour le tissage de ce type de vêtements.

Poterie et autres activités

Auprès du tipee en cuir, il y avait un groupe de jeunes qui pratiquaient aussi bien le tannage, la taille du bois, la poterie et fabriquait leur habillement.

Pauline avait fait ainsi en terre cuite de jolis verres à boire avec des éclats de mica qui brillaient.

Un autre s’est taillé au couteau une navette pour tisser un filet… ainsi que d’autres outils en bois.

La teinture

Bien sûr, je faisais moi aussi, mes démonstrations.

Nous avons teint de la laine et du raphia avec de la ronce, différentes plantes à tannins, de la cochenille, du bois de Campêche et un champignon que j’ai trouvé près de la fontaine.

Un mélange de plantes à tannins a ainsi permit de donner une patine ancienne à une reproduction de flûte en os d’Éric.

Flûte d'Éric mise à teindre
Flûte d’Éric mise à teindre
Éric essaie sa flûte une fois teinte
Éric essaie sa flûte une fois teinte

Bien sûr, la cochenille et le bois de Campêche sont exotiques. Mais ils faisaient partie de l’arsenal tinctorial des sociétés très anciennes des Amériques et notamment du Mexique d’où ils sont originaires.

En outre, il existait des parents de la cochenille en Europe, notamment les cochenilles dites de Pologne (mais présente un peu partout en Europe) et celles dites d’Arménie. Le Kermès, récolté sur certains chênes des régions méditerranéennes, avait sans doute éveillé l’intérêt des peuples anciens…

Ecoprint

S’il n’y a pas de traces d’ecoprint anciens que je sache, il est fort probable que des taches végétales aient mis les premiers humains sur la voie de la teinture.

Donc, cette technique nous a permet de découvrir les pouvoirs tinctoriaux des plantes locales et de personnaliser nos vêtements. Éric, le tailleur de pierres et Dominique le tanneur ont ainsi redonné vie à leurs vieux tee-shirts et pantalons en les personnalisant ainsi.

Ce vieux tee-shirt a repris vie
Ce vieux tee-shirt a repris vie

Ainsi, nous avons testé, le camerisier à balais, la viorne classique, la viorne lantane (idéale pour la fabrication de flèches), le cornouiller sanguin, le frêne, le charme, noisetiers, saule, bourdaine, chêne, noyer, champignons, ronces et aulnes.

Bon nombre de ces plantes ont été plantées spécialement au Village Lacustre et y sont protégées, car elles étaient fort utiles pendant la préhistoire. On en a retrouvé les traces lors des fouilles archéologiques dans les nombreux villages lacustres retrouvés dans la zone.

Cela a été l’occasion de parfaire mes connaissances en botanique. Enfin, j’ai pu voir en réalité des plantes que savais tinctoriales, mais que je n’avais jamais vues, ou j’étais passée devant sans les reconnaître. Par exemple, Dominique le tanneur, m’a présentée la bourdaine, un des arbustes qui donnent les graines d’Avignon.

La filature

Une amie de François m’a amenée un jour un drap plein de laine, déjà lavée. Elle provenait de moutons valais, une vieille race locale. Cette laine serait très intéressante pour faire des inclusion dans du feutre.

Elle savait filer au rouet, mais pas au fuseau, elle a vite appris et elle est repartie avec un fuseau que lui avait vendu Éric, le tailleur de silex.

J’ai aussi un peu filé pour faire des tests de teinture.

Crochet

Il semble que le crochet est une technique qui proviennent de l’Inde. Mais, je ne sais pas si elle remonte au néolithique. Mes guêtres ont beaucoup plu à mes amis bronziers. C’est vrai qu’elles tiennent chaud. Alors, ils m’en ont commandé deux paires… J’ai réussi à en faire une paire avec la laine que j’avais, la seconde je viens de l’envoyer.

Tissage de gaze

J’avais acheté un livre sur les techniques de gazes, lors de mon voyage au Pérou.

Voici le livre qui m'a enseigné les techniques de gaze
Voici le livre qui m’a enseigné les techniques de gaze

J’ai donc essayé de tisser un échantillon des techniques montrées dans ce livre, en me basant aussi sur les dessins de Raoult d’Harcourt et ce que m’avaient montré des amies Diaguitas qui faisaient des “peleros“, sortes de couvertures épaisses à mettre entre le dos du cheval et la selle.

Fin des teintures

Après les Rencontres Préhistoriques, je suis restée quelques jours encore au Village Lacustre. Je déménageais de l’abri préhistorique vers la yourte de mes amis bronziers.

J’ai terminé des essais de teintures en cours, notamment avec le champignon xylophage de la fontaine et la sciure de bois. Le champignon a donné un beige un peu décevant.

Champignon xylophage trouvé près de la fontaine
Champignon xylophage trouvé près de la fontaine

Dans la sciure, j’ai laisser teindre à froid un ecoprint que mes amis ont développé après une semaine.

Ecoprint à froid dans de la sciure
Ecoprint à froid dans de la sciure

Je recevrai quelques jours après mon retour une photographie du résultat.

Résultat de l'ecoprint à la sciure à la froid
Résultat de l’ecoprint à la sciure à la froid

Visite au Latenium

J’ai souvent entendu parler du Latenium, grand musée de Neuchatel. Il aurait été dommage de repartir sans aller le voir.

Je suis donc partie pour Neuchatel, j’ai traversé le lac en bateau, c’est très joli.

Puis, j’ai pris un tramway pour le Latenium. Ce musée est très grand. J’y ai vu beaucoup de choses intéressantes, notamment au niveau des textiles.

J’y ai découvert un autre outil pour faire des filets.

Outil néolithique à tisser des filets
Outil néolithique à tisser des filets

Enfin, la librairie de ce musée est vraiment très fournie et j’ai eu beaucoup de mal à me retenir d’acheter quelques libres.

Ensuite, je suis allée acheter un charriot pour pouvoir transporter plus facilement mon sac vert. J’avais beaucoup allégé mes bagages grâce aux ventes des tricots. Mais, je repartais avec de nouvelles laines, un peu de cuir et quelques livres, dont ceux de Françoise Rossel que je vous recommande chaudement.

Rencontre avec une possible cliente

Peu de temps avant mon départ pour le Village Lacustre de Gletterens, je reçois un mail d’une artiste suisse qui désirait découvrir l’ecoprint.

Alors, je lui ai aussi donné rendez-vous au Village Lacustre. Je lui est montré quelques un de mes ecoprint et elle m’a montré des photographies de quelques unes de ses œuvres qui m’ont beaucoup plu.

Nous avons aussi éclairci quelques difficultés pour la réalisation de son projet. Enfin, je pense que je vais bientôt faire des tests en grandes dimensions, car je viens de m’équiper pour cela.

Divers

Entre les différentes activités de nombreux participants s’exerçaient au tir de sagaies, à l’arc ou à la fronde.

Nous avons aussi eu le plaisir d’assister à un concert de polyphonie avec le groupe de François Rossel. Ce fut un surprenant voyage musical qui allait de l’Espagne à la Turquie avec de nombreuses étapes.

Suite du voyage

Départ du Village Lacustre

Lors de conversations sur les textiles, le nom de Hallstatt est revenu plusieurs fois. Doris m’a montré des photographies de textiles préhistoriques extrêmement bien conservés.

Cela m’a donné très envie d’y aller. C’est en Autriche, c’est plus proche de Gletterens que de Paris. Et, je ne sais pas quand j’aurais pu y aller par la suite.

J’ai étudié les plans et les solutions de transport proposés. J’ai trouvé un bus qui allait trois fois par semaine de Berne à Salzbourg, beaucoup plus économique que le train.

Je suis donc partie de bonne heure pour Berne avec mon sac à dos, seulement avec ma petite tente et mon sac de couchage et un des livres de François. J’ai laissé l’ordinateur sous la protection de Doris, car il était trop lourd. J’ai bien fait, je ne l’aurais pas utilisé.

Berne

Je suis arrivée à Berne vers midi.

Je suis arrivée à la gare routière vers 13 heures, j’avais quelques heures d’avance. Serait-ce l’effet du COVID, cette gare routière était complètement déserte. Tous les bureaux étaient fermés. Les horaires indiqués n’étaient pas à jour.

Une jeune fille est arrivée à vélo, je croyais qu’elle venait ouvrir le bureau d’une compagnie de bus. En réalité, elle était originaire de Chevroux, village voisin de Gletterens, connaissait Jacques des textiles anciens et venait chercher une amie qui devait arriver en bus.

Je n’avais pas fini d’attendre. Mais, enfin le bus arrive. Petit problème: les chauffeurs ne parlent que slovaque (le bus continuait vers Bratislava, après Salzbourg). Par chance, j’ai étudié le polonais, il y a plus de 30 ans, je les comprends. Mais, je n’avais pas acheté le ticket par internet et il fallait l’avoir imprimé. Il y avait peu de voyageurs, ils m’ont proposé payer 50 francs suisses. Je n’en croyait pas mes souvenirs linguistiques, c’était moins cher que si j’avais acheté le ticket par internet.

Le train m’aurait coûté 135 francs suisses, mais avec départ immédiat.

Je m’embarque donc pour Salzbourg. J’y arrive à 2 heures du matin, à un arrêt de bus.

Salzbourg

Alors, il faut que j’arrive à la gare ferroviaire. Heureusement, un taxi attend tout près. Il m’y emmène. La gare était assez loin, mais elle était ouverte, contrairement aux gares françaises. J’achète un billet pour Hallstatt. J’ai un premier train vers 4 heures du matin et je dois faire un changement. J’arrive à la station de Hallstatt vers 7 heures du matin.

Le deuxième train passe par de nombreux villages bordant des lacs. Le jour se lève à peine, le brouillard s’effiloche peu à peu sur les montagnes et les lacs. C’est vraiment très beau. Cela donne envie de descendre à presque chaque gare.

La gare d’Hallstatt est en fait située de l’autre côté du lac. Il fallait donc prendre un bateau. Il suffit de descendre un peu pour trouver le quai, mais c’est très mal indiqué.

Le bateau

Pour prendre le bateau, je patiente en prenant quelques photographie de la flore sauvage très abondante et du village que l’on aperçoit de l’autre côté du lac.

Vue du village d'Hallstatt depuis la gare, sur l'autre rive du lac
Vue du village d’Hallstatt depuis la gare, sur l’autre rive du lac

Enfin, j’arrive au village vers 9 h 30, c’est trop tôt pour prétendre prendre un petit déjeuner, il faut arriver presque au bout du village pour trouver un endroit où manger.

Il y a déjà beaucoup de touristes qui circulent dans les rues de ce village qui ressemble à un décor de conte de fées. Il me faut encore attendre pour visiter le musée.

Hallstatt

Le sel historique

Hallstatt est un village très (presque trop) touristique. Il est connu depuis la préhistoire pour ses mines de sel qui ont fait sa fortune.

En effet, le sel était jusqu’à il y a quelques siècles, un produit rare, longtemps contrebandé… Il explique l’éthymologie du mot “salaire“. Il a longtemps servi de monnaie. Tradition reprise par certaines monnaies locales alternatives.

D’une part, certains mineurs ont été enterrés accidentellement lors d’effondrements de galeries et le sel les ont conservés. D’autre part, les populations locales qui vivaient souvent dans les mines y enterraient aussi leurs morts.

Le sel est connu pour ses vertus de conservateur depuis la préhistoire. C’est bon pour les jambons, mais aussi pour les textiles.

Des découvertes inestimables

Des centaines de découvertes précieuses ont été faites en parfait état. Elles ont permis de faire de grands pas dans la connaissance de la vie courante au néolithique.

Non seulement des outils et des bijoux ont été découverts. Mais aussi, des vêtements, des chaussures, des paniers servant à transporter le sel… et, même des excréments qui ont permis de découvrir le régime alimentaire de ces gens.

Ces mines ont connues différentes vagues d’effondrement, d’inondations et d’éboulements qui ont attiré l’attention sur les découvertes dès la fin du XVIIIème siècle. Des directeurs éclairés des mines ont fait tout leur possible pour préserver ces découvertes.

Le musée

Certes, le musée est un peu petit, présente un peu de ces découvertes. J’aurai aimé en voir un peu plus. On m’a dit qu’il y en avait certainement plus à Vienne… Ce sera pour un autre voyage.

Reste textile archéologique retrouvé dans une mine de sel, sa qualité est vraiment admirable
Reste textile archéologique retrouvé dans une mine de sel, sa qualité est vraiment admirable

J’aurai peut-être dû aller visiter la mine, dans laquelle on monte par un téléphérique. La queue était longue, mais le prix (32 euros) un peu trop élevé à mon goût.

Il y avait bien sûr beaucoup de boutiques pour touristes avec des articles en bois et du sel sous toutes les formes et de toutes les couleurs… Les maisons ont gardé leur style anciens.

Je viens de recevoir un lien de www.academia.edu pour un article sur les textiles de Hallstatt. Ces textiles sont si beau que je dois partager ce lien.

Retour vers Murten

Vers 14 heures, je reprends le bateau pour retourner à la gare, c’est le meilleur chemin pour retourner à Salzbourg.

Je ferais tout le chemin de retour vers Murten, une petite ville proche du Village Lacustre, par des trains de nuit avec un changement à Innsbrück, où la gare est aussi ouverte la nuit.

Dans les temps d’attente, je savoure les livres de François. Vivement qu’il en publie un autre.

Voici les livres de François Rossel
Voici les livres de François Rossel

Murten

Mes amis les bronziers m’ont invité à passer chez eux, ils ont ramené mes bagages depuis le Village Lacustre. Cela m’a évité bien des efforts.

J’y passerai plusieurs jours, Martin avait un rouet à pédale. Je m’y suis entraînée et j’ai pu ainsi retordre plusieurs pelotes, beaucoup plus vite qu’au fuseau.

Filature au rouet chez Doris et Martin
Filature au rouet chez Doris et Martin

Il y avait aussi une cardeuse et d’autre accessoires. Ils avait aussi fait du feutre. Du très beau matériel.

La cardeuse de Martin, je l'ai utilisée pour préparer de l'alpaga avant de le filer
La cardeuse de Martin, je l’ai utilisée pour préparer de l’alpaga avant de le filer

Doris a appris à filer au fuseau. Cela lui a plu.

Des rouets, j’en ai vu beaucoup au Marché au Puces de Murten, mais je ne vois pas comment j’aurais pu en ramener un avec tous mes bagages.

Les boutiques de laines

Le dernier jour chez eux, ils m’ont invité à visiter deux boutiques de laines et fibres dans d’autres provinces. Les paysages étaient très beaux.

Les boutiques étaient vraiment très intéressantes. Il y avait un très grand choix de fibres de luxe, de nombreuses variétés de laine de mouton.

Première boutique

Ici, on peut découvrir la laine de nombreuses races ovines
Ici, on peut découvrir la laine de nombreuses races ovines

Dans la première, nous avons pu voir la salle de cardage.

Imposante machine entrain de carder de l'alpaga brun
Imposante machine entrain de carder de l’alpaga brun

Nous avons aussi visité la salle de lavage des laines. Le spécialiste nous a donné des informations intéressantes que j’appliquerai certainement lors du prochain lavage.

Ici, on lave les laines de petits producteurs locaux qui souhaitent récupérer leur laine une lavée, cardée, peut-être filée, tricotée ou tissée
Ici, on lave les laines de petits producteurs locaux qui souhaitent récupérer leur laine une lavée, cardée, peut-être filée, tricotée ou tissée

J’ai pu acheter de la soie, de la ramie, de l’angora en ruban prêt à filer. Assez peu, mais suffisamment pour les tester. J’y ai aussi trouvé des métiers à tablettes, des lucettes et un fuseau turc que je cherchais depuis longtemps.

Nouveaux fils et nouveaux accessoires... Dans peu de temps, des nouveautés...
Nouveaux fils et nouveaux accessoires… Dans peu de temps, des nouveautés…

Il y avait aussi une grande variété de métiers à tisser, de rouets et autres accessoires, nous avons bien dû y passer 2 heures, sans nous en rendre compte, tellement il y avait de choses intéressantes.

Deuxième boutique

Dans la deuxième boutique, j’ai acheté surtout des fils de soie et de lin prêt à tisser, que je pourrais teindre naturellement. J’y ai trouvé encore quelques accessoires de tissage et surtout des livres sur les techniques de tresse, la dentelle, la teinture et bien sûr les tablettes. J’ai de quoi approfondir mes connaissances à la fois en allemand et en textiles.

Ensuite, il m’a fallu aller chercher une nouvelle valise au Marché au Puces, j’avais déjà remplacé la bleue détraquée, et mes amis m’ont donné un nouveau sac à roulettes.

Retour en France

Bref, je vous épargne les déboires de mon retour à Chevrainvilliers, avec passage imprévu par Paris, dû à un déraillement de train de marchandises dangereuses dans la matinée…

Enfin, j’ai eu beaucoup de mal à abandonner la Suisse, le Village Lacustre de Gletterens et mes nouveaux amis Suisses. Tous mes remerciements à cette merveilleuse équipe très dévouée.

J’espère que ce lieu pourra se maintenir financièrement, car le fameux virus a provoqué de nombreuses annulations d’activités et par conséquent des pertes. Ce serait dommage qu’un lieu pareil vienne à disparaître…

Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu rencontrer Jacques, le spécialiste des textiles anciens. Je lui souhaite de tout cœur un bon rétablissement.

Orties qui font plus que piquer

Un essai de filature de fibres d’orties m’a rappelé que je ne devais pas oublier mon site. Me voici donc de retour… après le montage de la yourte, celle-ci a vite été habitée par de nombreux wwoofeurs tous plus intéressants les uns que les autres.

/// Orties qui font plus que piquer /// —- Encore en cours de rédaction —
Article mis à jour le 14 Novembre 2022 — ce projet de Biolab Maraîchage ne fait que commencer…
Prochains articles sur les AMAP ou peut-être sur les Ronces, la Filature ou bien encore les Purins, j’attends vos réactions, pour le moment j’accumule les informations…
Je suis bien revenueau Chili et repense retourner en Europe au printemps 2023.
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Alors, une botte d’orties fraîches ramenées par Gérard, l’oncle de Paul Thierry de Biolab Maraîchage m’a incitée à faire un test depuis longtemps repoussé… Il s’agit de la filature d’orties. Il était grand temps de m’y mettre.

J’avais trop hésité. J’avais tout sous la main. Il fallait prendre le temps d’essayer. Et les connaissances s’acquièrent aussi par la pratique. Tout n’est malheureusement pas dans les livres, ni sur internet… Voilà, le premier pas est fait.

botte d'orties fraîches
Orties fraîches attendant l’expérience de filature

Oui, les orties piquent

Mais pas tant, il suffit de se frotter avec un peu de plantain pour oublier ses démangeaisons. Le miel aussi peut aussi être utilisé avec efficacité.

En outre, il semblerait qu’elles piquent moins lorsqu’elles sont mouillées.

Plantain dans la serre
Joli pied de plantain dans la serre, bon remède contre les piqûres occasionnées par les orties

Des gants suffisent pour les ramasser et leur ôter les feuilles que je mets de côté pour la teinture.

orties pour teinture
Orties, les feuilles serviront pour la teinture

En outre, il y a une technique pour attraper les orties sans se piquer. Il suffit de les attraper par en-dessous et l’expérience aidant, on devient presqu’insensible.

comment cueillir une ortie
Comment cueillir une ortie sans se faire piquer? j’attends l’aide d’un photographe amateur.

Donc, leur caractère piquant n’est pas le plus intéressant, il ne doit pas cacher de nombreuses qualités.

Les orties se mangent

Nous l’avions oublié. Gratuites et faciles à trouver, les orties sont comestibles et peuvent remplacer avantageusement les épinards. Elles font partie des merveilleuse et surprenantes comestibles sauvages.

Il existe de nombreuses recettes, notamment de soupes…

On peut difficilement les confondre avec des plantes trompeuses toxiques.

Elles peuvent même se manger crues, il y a une astuce pour cela. Lien Youtube.

Elles sont une excellente source de protéines, de vitamines et de minéraux nécessaires à une bonne santé.

Ces jeunes orties sont excellentes
Ces jeunes orties sont excellentes, dommage de s’en priver

Les orties sont médicinales

Comme de nombreuses “mauvaises herbes“, les orties, ces méconnues, sont aussi très utiles pour la santé animale et humaine et permettent de se soigner par son alimentation.

On peut aussi en faire des tisanes dont les vertues sont multiples.

Il existe une bibliographie assez étendue à ce sujet.

Il ne faut pas les confondre avec les lamiers. Ils sont aussi médicinales et ne piquent pas. Ils appartiennent à une autre famille botanique. Leurs fleurs permettent de les distinguer.

lamiers pourpres
Ici des lamiers pourpres en fleurs se distinguent nettement des orties
lamiers blancs
Les petites fleurs blanches derrière le plan de kiwi sont des lamiers blancs

Il y a de la variété chez les orties

Il y a de la petite, de la moyenne et de la grande… et encore bien d’autres. Mais lors de mon dernier voyage, au Village Lacustre de Gletterens, en Suisse, près du lac de Neuchatel, j’en ai vu une sorte très fine et élégante.

ortie élégante
Ces orties étaient très élégantes

Je vous invite à aller visiter ce site animé par des gens passionnant qui ont beaucoup plus à montrer que de jolies orties.

Mes expériences textiles au Village Lacustre de Gletterens ont été si nombreuses que je n’ai pas eu le temps d’essayer de les filer. Le spécialiste des textiles est aussi malheureusement tombé malade peu avant les Rencontres Préhistoriques. Quel dommage! J’espère pouvoir le rencontrer l’année prochaine.

Les orties se filent et se tissent

Lorsque l’on mentionne des fibres végétales, on pense tout de suite au lin, au coton et au chanvre. Mais, de l’ortie, peu s’en souviennent… Encore un oubli concernant les orties. Nous allons le réparer tout de suite…

Un peu d’histoire sur les orties

Depuis le plus haut Moyen-Âge, les orties se filent et se tissent en Europe. Elles font partie des fibres végétales oubliées, de même que les mauves et le tilleul…

Au Népal, certaines variétés d’orties sont encore filées et tissées traditionnellement.

Mais je n’ai trouvé que très peu de littérature à ce sujet, à part quelques mentions de Michel Pastoureau dans ses livres. Le personnage légendaire de Robin des Bois aurait été vêtu de vêtements à base d’orties.

Lors de mes recherches pour la rédaction de cet article, j’ai appris que les fibres d’orties sont très solides. On en faisait des toiles de tentes, des vêtements de travail et même des uniformes… Mais je n’ai pas encore trouvé d’informations techniques concrètes.

Des videos

Si les écrits manquent, il existent quelques videos en anglais sur Youtube. Je les ai visionnées plusieurs fois pour vérifier certains détails avant de me lancer. Lien. Cette video m’a beaucoup aidée pour mon premier test.

Ma filature d’orties

Après ce temps de recherche, je me suis lancée. Il faut bien se décider à passer à l’action.

Orties, premier essai de préparation de fibres fraîches
Orties, premier essai de préparation de fibres fraîches

La préparation

J’ai dû changer d’outils, revisionner une video… et m’armer de patience, beaucoup de patience. Car, je n’ai filé que 4, oui 4 orties en plusieurs heures. Cela relève presque de la méditation, il fallait observer de nombreux détails.

Le marteau en caoutchouc semblait bon, mais il s’est cassé. je l’ai remplacé par un marteau en fer. Il était cependant trop cassant pour les fibres.

Orties fibres marteau
Ce deuxième marteau était beaucoup plus violent pour les fibres d’orties

Comme les fibres se cassaient trop, j’ai encore cherché une autre solution, un manche d’outil en bois, était plus doux.

manche en bois pour frapper les orties
Ce manche en bois pour frapper les orties m’a semblé être la meilleure solution

Dans cette image, on voit les fibres externes des orties qui ont été sélectionnées. Comme dans la video, je vais les gratter doucement avec le couteau pour enlever la pectine qui unit les fines fibres à filer.

orties fibres
J’enlève mécaniquement la pectine entre les fibres des orties en les grattant doucement au couteau

Voici ce que j’ai obtenu avec une première ortie.

fibres une orties
Résultat de préparation de fibre d’une seule ortie, début filature

Il s’agit, en fait de redécouvrir des gestes anciens, détruits par l’urgence des temps modernes.

Traitement des fibres obtenues

Enfin, le résultat: une petite poignée de fibres verdâtres.

D’abord, j’ai rincé cette première partie à la lessive de cendres, fabrication maison, dans l’espoir d’assouplir un peu ces fibres encore un peu rêches.

Filature orties
Filature de la première ortie, encore humide, après lavage à la lessive de cendres

Puis, une autre partie a été traitée au vinaigre blanc additionné de bicarbonate de soude, dans le même but… Le reste de cette préparation servira pour laver la vaisselle…

traitement des orties
Traitement des orties au vinaigre et au bicarbonate

Ce verre contient les fibres de 3 orties.

Ces deux traitements, le premier plutôt basique, le second plutôt acide, ont été copieusement rincés ensuite.

Je suis à la recherche d’un outil à teiller manuel pour poursuivre mes recherches textiles. Cet outil, s’utilisait encore au début du XXème siècle, pour préparer les fibres de chanvre et de lin.

Machine à teiller qui sert à préparer les fibres de lin, de chanvre, mais aussi d'orties
Machine à teiller qui sert à préparer les fibres de lin, de chanvre, mais aussi d’orties

La filature

Alors, j’ai filé ces fibres encore humides, en espérant qu’ainsi elles s’agglutineraient mieux, comme pour la laine.

filature d'orties
Filature d’orties au fuseau

Il est à noter que les fibres restent vertes, même après avoir séché.

J’aurai donc passé tout un après-midi pour filer seulement 4 plantes. Mais cette expérience valait la peine.

Après quelques mois, il me semble que le vert a un peu pâli. Cela est normal, car la chlorophylle n’est pas un pigment solide.

Photo récente de mon teste de filature d'orties
Photo récente de mon teste de filature d’orties

Prochains tests

Orties séchées

Alors que mon premier test était avec des orties fraîches, j’ai laisser sécher des orties martelées dans l’espoir que les fibres se séparent plus facilement des parties ligneuses.

La partie blanchâtre ligneuse semble se séparer mieux, mais les fibres externes se sont aussi coupées et ont donc rétréci. Il faut encore les séparer de la substance verte qui unit les fibres.

orties preparees
Orties préparées pour la récupération des fibres

Je pense que je vais les faire tremper pour faciliter la suite du travail.

Orties trempées

J’ai aussi laisser tremper une partie de la botte d’orties effeuillées dans une grande auge remplie d’eau de pluie, pour tester une méthode similaire à celle utilisée pour le lin et le chanvre. Cette technique est appelée rouissage.

Le temps de rouissage peut être assez long.

Orties séchées entières

J’ai aussi une réserve d’orties coupées qui attendent aussi d’être testées.

mauves et orties
Mauves et orties en attente de filature

Les mauves et les roses trémières aussi peuvent être filées, mais la documentation à ce sujet est encore plus pauvre.

La ramie, une cousine de l’ortie

La ramie est une plante de la même famille que les orties, mais elle ne pique pas. Elle est cultivée surtout en Asie pour la production de textiles. Ces fibres sont un peu brillantes et très agréable au toucher.

Je suis à la recherche de graines de ramie. J’aimerai pouvoir compléter mon expérience en ce qui concerne les urticacées.

Je n’ai toujours pas vu de ramie, comme plante, mais lors de mon dernier voyage en Suisse, j’ai pu en acheter. En effet, mes amis du Village Lacustre de Gletterens m’ont très gentiment amenée voir des boutiques de laines. Dans l’une d’elles, il y avait de nombreuses fibres, dont de la ramie. J’en ai donc acheté 100 grammes pour la tester.

C’est très doux et résistant. Mes amis qui travaillent dans la reconstitution archéologique me commentaient que l’idéal pour les cordes d’arc était la fibre d’ortie. J’en ai filé un peu, puis je l’ai retordue pour qu’ils la testent sur leur arc.

Enfin, les orties teignent aussi….

Entre autres substances utiles, elles contiennent de nombreux flavonoïdes qui interviennent notamment dans les teintures jaunes

Maintenant, le bain de teinture est en préparation et attends Coralie, la propriétaire de la laine…

bain teinture orties
Bain de teinture d’orties en attente, cuisson prochaine

Sur le feu

Coralie aime le jaune et veut se faire un tapis de yoga. Nous teignons donc la laine en toison après lavage et rinçage.

Le premier bain d’essai était composé de 10 kg de ronces qui ont attendu plus d’un mois le lavage de la laine, le résultat a été un peu décevant. Peut-être que le mordançage à l’alun a été un peu insuffisant. J’avais voulu l’économiser. Mais la casserole était grande. J’ai obtenu de bien meilleurs résultats avec les ronces à Puerto Montt.

preparation teinture ronces
Préparation du bain de teinture aux ronces

Puis, le deuxième bain, plus sympathique a été complété et remplacé les ronces par des camomilles des teinturiers qui ont donné un meilleur jaune. Peut-être que le post-mordançage n’a pas été suffisant, lors du premier bain.

camomille des teinturiers
Les camomilles des teinturiers fourniront un excellent second bain

Voici le résultat de ce deuxième bain.

teinture ronce camomille
À gauche, teinture aux camomilles des teinturiers. À droite, teinture à la ronce. Laine séchée, cardée, doit être relavée…

Le troisième bain sera un bain d’orties pour récupérer les feuilles et les restes de tiges des plantes que j’ai essayé de filer.

Teinture aux orties
Bain de teinture aux orties

Il fallait aussi que je les teste en ecoprint, car ces feuilles sont délicates et devraient avoir un joli rendu. Mais, le test fait au Village Lacustre de Gletterens a été plutôt décevant, curieusement. Il faudra que je recommence avec les orties de Biolab Maraîchage.

Couleur d’orties…

couleur orties
Voici le résultat, valorisation de déchets d’orties

Les orties bio-indicatrices

Je ne peux pas rester sans mentionner le caractère bio indicateur de cette plante et je vous invite donc à voir les nombreuses video passionnantes de Gérard Ducerf et de Konrad Schreiber.

Jeunes orties dans une serre
Jeunes orties dans une serre, future matière première et remède pour la terre

Et le purin…

Il ne faut pas oublier le fameux purin d’orties qui a tant fait parler de lui, tant il était absurde de vouloir l’interdire. Nous avons fait des tests avec différentes plantes, avec une wwoofeuse, Mayeni.

C’était un autre pas à franchir, nous avons profité d’un grand tonneau, de “mauvaises herbes” et de quelques gros orages pour l’eau de pluie… Le temps a fait le reste.

Nous pensons rédiger un article en commun, prochainement, concernant différents purins. L’ortie est bonne pour la santé humaine, animale. Mais, elle est aussi excellente pour les plantes.

purin d'orties
Gregory, wwoofer à Biolab nous aide à enlever les orties du purin, avant de le filtrer. Heureusement, les odeurs ne passent pas par internet. Mais c’est très efficace.

Du papier d’orties

J’aimerai beaucoup faire des essais de papier végétal. Les orties pourraient être une bonne matière première.

J’ai de bons espoirs de pouvoir bientôt faire quelques tests, histoire d’agrandir un peu mes champs de compétences.

Conclusion

Il me semblait nécessaire de rendre justice à ces mal aimées que sont les orties en rappelant quelques une de leurs qualités. Nos temps épris d’urgences (parfois et même souvent inutiles et insensées) nous les ont fait oublier.

Et pourtant, même Victor Hugo leur a dédié un poème

Je dois remercier Madame Marie Pierre Puybarret pour les informations précieuses qu’elle m’a données si gentiment. Je vous invite a visionner un documentaire Neolithic Fashion” où on la voit tisser une reconstitution magnifique de tunique néolithique.

Post-scriptum

Ces recherches et tests m’ont amené à participer aux Rassemblements Pr´ehistoriques au Village Lacustre de Gletterens

Au jardin botanique de Lausanne, j’ai trouvé ce sympathique fascicule sur l’ortie.

Besoin d’artisanat

/// Besoin d’artisanat ///
Article du 15 mai 2018, modifi´é le 30 mars 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est facile, il suffit d’appeler
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

A-t-on encore besoin d’artisanat?

Ces derniers temps donnent plutôt l’impression que l’on n’a plus besoin d’artisanat, et encore moins de qualité…

L’été dernier (2017), j’ai vu des touristes très pressés. Ils ne prenaient pas le temps de voir les processus de production de la laine. C’était chez Rincón de Angel, visite gratuite de l’atelier à l’étage). Puis cet été, ils ne prenaient même pas le temps de faire le tour du local, quand ils entraient… Certainement que les fruits de mer et les saumons d’élevage sont plus importants…

Et pourtant, ce local est bien différent des autres… Pas de produits chinois…

Cet article est ancien. Nous avons dû fermer ce grand local trop onéreux. Et, les produits chinois ont commencé à nous envahir pour pouvoir maintenir l’activité “laine“.

Besoin de luxe

Il est vrai que l’artisanat n’est pas un produit de première nécessité… La question du prix d’un vrai travail artisanal est aussi à prendre en compte. Mais tout le monde n’est pas dans la misère!

L’artisanat n’est que rarement un produit de marque, et créer une marque a un coût très élevé. J’ai assisté à un certain nombre de réunions pour le développement de l’artisanat. On nous disait que nous devions mettre des étiquettes (si possible bien multicolore, pour que cela coûte plus cher et soit moins efficace du point de vue de la visibilité). J’ai aussi eu une petite imprimerie artisanale, donc je sais de quoi je parle. D’autre part, nous devions laisser notre rôle créatif à des designers… En outre, les pièces ne devaient pas être unique!

J’ai vraiment eu l’impression d’avoir été infantilisée, d’autant plus que pour bien nous expliquer tout cela, ils ont utilisé des jeux!

Il y a tant de sollicitations

On aura ainsi tendance à faire passer un nouveau téléphone mobile avant quelques kilos de laine, ou un tricot fait main. Heureusement que tout le monde ne cède pas à la tentation…

Et il devient difficile de vendre quand on est minimaliste. Ceux qui ont les moyens, n’en voient pas le besoin; et ceux qui en ont besoin et qui savent apprécier l’artisanat, n’ont souvent pas les moyens…

Un bon tricot en laine ne se démode pas. S’il est bien traité, il peut durer des dizaines d’années. Certains cherchent même à les raccomoder quand ils arrivent en fin de vie… C’est toute la différence entre un produit de qualité et un produit jettable.

Un besoin passéiste?

A l’origine, l’artisanat n’était pas commercial, mais utilitaire. Il occupait des temps libres pour la fabrication des objets du quotidien, chaque famille devait être autonome ou presque. Les gens fonctionnaient beaucoup avec le troc. On se partageait les techniques entre voisins.

Puis les techniques s’améliorant, des surplus se sont créés, permettant aussi des spécialisations… Certains villages se sont spécialisés dans certains articles. On le voyait encore au Chili. Par exemple, il y avait La Ligua pour les tricots et ses “dulces” (petits gâteaux), Chimbarongo pour les balais, fromage de chèvre à Ovalle

À Madagascar

Il m’a semblé voir le même genre de spécialisation à Madagascar. Lors du trajet entre Antananarivo et Antsirabé, il y a une ville spécialisée dans la fabrication de casseroles en recyclant les moteurs de voitures (Ambatolampy)…

Voici quelques photo prises depuis le taxi brousse entre Antananarivo et Antsirabé. C’est pourquoi elles sont parfois un peu floue ou décadrée…

Postes de vente de fleurs au bord de la route vers Antsirabé, Madagascar - besoin
Postes de vente de fleurs au bord de la route vers Antsirabé, Madagascar
Vente de sculptures en raphia - besoin
Vente de sculptures en raphia
Vannerie traditionnelle et utilitaire - besoin
Vannerie traditionnelle et utilitaire
Encore de la vannerie, un besoin local
Encore de la vannerie, un besoin local
Carte de Madagascar - besoin
Carte de Madagascar
Jouets en cannettes de bières et de boissons recyclées besoin
Jouets en cannettes de bières et de boissons recyclées, un artisanat d’actualité

Je n’ai malheureusement pas pu les photographier tous… il y en avait une grande variété.

Au Chili

Au Chili, il n’y a pas encore si longtemps, les jeunes femmes tissaient encore les couvertures pour leur future famille, à partir des laines qu’elles avaient filées… Les hommes se fabriquaient leurs outils… Le frère d’une amie à Maillen, une île en face de Puerto Montt, se construisait son bateau.

Une amie qui avait vécu un temps à Punta Arenas, me racontait qu’elle avait même dû apprendre à fabriquer son savon…

Maintenant, beaucoup de métiers à tisser se sont perdus quand les grands-mères sont mortes… et les techniques se perdent… A la ville, on considère toutes ces pratiques comme sales. L’odeur naturelle de la laine, quand elle ne rappelle pas de bons souvenirs, devient tout de suite puante… Une cliente qui prétendait être tisserande est partie un jour à cause de l’odeur de mouton de la laine. Heureusement, notre laine ne sent pas le plastique!

Et même à la campagne, on ne veut pas paraître paysan. Sentir le feu de bois, c’est très mal vu ici…

Laine brute, un vrai besoin pour moi
Laine brute, un vrai besoin pour moi

C’est sûr que maintenant, on trouve tout, tout fait, sur internet! Tout est prêt à être acheter pour être jeter et remplacé. L’artisanat ne peut pas entrer dans ce jeu.

Il faut se procurer les matières premières, les rendre utilisables, les travailler pour obtenir un objet unique, qui montre même l’état d’esprit de son créateur (par les couleurs, la qualité des finitions et des détails…).

Ou un besoin pour le futur?

J’ai récemment découvert, en suivant un Mooc, le philosophe Bernard Stiegler, grand spécialiste des technologies, qui se préoccupe pour la perte de connaissances provoquée par les nouvelles technologies qui bousculent toutes les données concernant le travail… Ils propose d’imaginer de nouvelles formes de travail… Cela pourrait être une occasion de se réapproprier les techniques artisanales.

Un retour du besoin d’un artisanat de qualité est-il en cours?

Il semblerait bien que oui…

Le travail de la laine revient comme une thérapie…

Je vois qu’aux Etats-Unis des spécialistes de la vannerie proposent des retraites, non pas purement spirituelles, mais de techniques de vannerie.

Nous pourrions en faire autant sur le thème de la teinture naturelle, de la filature, du tissage ou du tricot. Ces activités me procurent beaucoup de bonheur, autant le partager.

Parfois, un retour aux gestes traditionnels est souvent recherché, comme apportant de nouvelles racines perdues. Cela peut paraître un peu artificiel. Mais cela peut provoquer des questionnements et déboucher sur des changements radicaux.

Rien que le fait de pratiquer une technique lente, qui laisse du temps à la pensée, peut bouleverser un système de travail établi basé sur des automatismes.

Un besoin d’exclusivité

Par chance, il existe aussi un besoin d’exclusivité, d’avoir des vêtements ou des accessoires différents de ceux des voisins… Encore faut-il que ce désir respecte le travail de l’artisan, ce matin on m’a fait la remarque, en me montrant une veste en laine rustique, filée et tricotée à la main “Et, vous n’avez rien de plus économique?“… Tout travail mérite son salaire. Ces tricots ne sont pas virtuels! Rien ne tombe du ciel, et encore moins l’artisanat.

L’artisanat comme hobby

Il y a un regain d’intérêt pour l’artisanat comme loisir, pour la détente. Si tout le monde pense pouvoir faire le travail de l’artisan, parce qu’on a vu des tutoriel sur Internet, où tout paraît facile, il y a cependant beaucoup de détails cachés. Notamment, le temps nécessaire.

Il manque aussi des étapes cruciales. Seule la pratique, le temps dédié et l’approfondissement de ses connaissances permettent un bon résultat. On ne s’improvise pas artisan!

Vivre de l’artisanat

Alors, dans ces conditions, vivre de l’artisanat est difficile. Mais heureusement pas impossible, c’est pourquoi j’ai du mal à admettre des rabais sur mes travaux.

Et si on y prenait goût?

Il y a longtemps que j’y ai pris goût. J’ai même du mal à me cantonner dans mon domaine professionnel de la teinture et du tissage-tricot. Alors, je fais régulièrement des incursions d’autres domaines, papier, cuir, perles… mais aussi botaniqueagriculture, puisque je vise à une certaine autonomie à moyen terme.

Je suis d’ailleurs en formation, mais aussi expérimentation continue, par la lecture, video, Mooc, visites de musées, voyages, conversation avec les clients… Je saute sur chaque occasion.

Besoin de travail bien fait

On apprécie aussi des produits de qualité, avec de bonnes finitions, des fibres naturelles, si possible des couleurs naturelles, une laine bien travaillée… J’admire sincèrement mes collègues artisans qui maintiennent des traditions dévoreuses de temps…

Grandes toiles de raphia et soie, teintes naturellement, techniques d'ikat et shibori, produits par Terre-là, à Mahajanga. Exposition lors de l'IFPECO de Madagascar. Que de temps matérialisé ici! Besoin et art
Grandes toiles de raphia et soie, teintes naturellement, techniques d’ikat et shibori, produits par Terre-là, à Mahajanga. Exposition lors de l’IFPECO de Madagascar. Que de temps matérialisé ici! Besoin et art

Celui qui sait faire de l’artisanat, peut en être fier. Il sait utiliser aussi bien sa tête que ses mains et parfois même ses pieds dans ses créations. Je pense à ces femmes au Népal qui filent en faisant passer les fibres entre leurs doigts de pied. Il y a aussi cet orfèvre nomade Africain qui façonne des bijoux en or, en utilisant son pied comme une enclume.

Enfin, l’artisan doit être précis dans ses gestes. Il doit avoir le sens de l’observation, savoir être patient… pour dompter ses matières premières. Donc, c’est tout un apprentissage quotidien auquel il prend plaisir. Cela devient pour lui un besoin que de créer…

Conclusion

Qu’attendons-nous pour sauver ces techniques qui se perdent et qui sans doute nous feront bientôt défaut?

Par exemple, la teinture à l’indigo était très pratiquée lors du passage de Charles Darwin à Chiloe, dans les années 1830. Un siècle après, un curé allemand qui entretenait de très bonnes relations avec les Mapuche et parlait courrament leur langue écrit un livre sur leurs plantes médicinales. À l’occasion, il signale les plantes qui sont aussi tinctoriales. Dans les dernières pages de son livre, il fait la remarque que pour le bleu, il a des doutes entre trois plantes… Actuellement, nos artisanes lainières n’ont plus de plantes à indigo à proposer.

Je suis très surprise par certaines questions posées sur Facebook. Alors, je constate qu’il y a fort à faire et cela démontre un certain intérêt.

Je suis à votre disposition pour partager mes techniques, pratiques et connaissances.

Partons vite à la recherche des connaissances et techniques perdues. Il faut en profiter pendant qu’il en est encore temps, la pratique est aussi indispensable que la théorie… Cela ne peut pas être remplacé par des ordinateurs…

Translate »
Open chat
1
Je suis attentive à vos commentaires
Estoy atenta a sus comentarios
I'am waiting for your comentaries