Quelle drôle de casserole…
Depuis que j’ai lu ce grand livre de Dominique Cardon, il y a quelques années, une photo a retenu toute mon attention, une casserole en tôle ondulée utilisée dans une île de Micronésie pour remplacer un tronc d’arbre évidé. Vous pourrez trouver la photo de ce livre sur ce site.
Elle était utilisée pour des teintures à l’eau de mer, j’espère qu’elle supportera bien les bains plutôt acides que nous utilisons plus souvent.
J’étais encore à Longotoma, près de La Ligua, lors de me premières expérimentations, j’avais déjà acheté une tôle, pour faire des essais.
Malheureusement, je n’avais pas d’expérience en travail de la tôle, j’aurais certainement dû la chauffer et je ne l’ai pas fait, elle s’est percée et a fini comme cuisinière solaire.
Mon ami Uldis connaît un spécialiste à Concón, un certain Mac Giver, qui a su transformer une veille tôle ondulée en super casserole.
Nous l’avons donc essayée juste avant que je parte pour Concón.
La tôle avait quelques trous que Mac Giver n’avait pas bouchés, j’ai utilisé une veille et surprenante technique chilienne pour boucher les trous, cela a parfaitement fonctionné. Il s’agit d’introduire un petit bout de chiffon dans le trou.
Elle avait un encore un petit trou dans un coin, Uldis l’a colmaté avec quelques pelletées de sable du ruisseau. Nous l’avons donc testé avec quelques écheveaux de laine blanche et un vieux poncho que je pense transformer en tableau abstrait.
Nous avons teint avec des feuilles et de jeunes branches d’eucaliptus et des jeunes ronces.
Cette super casserole permet de teindre d’assez grandes quantités de laine facilement en un seul bain.
Nous pensons demander à Mac Giver qu’il nous en fasse quelques autres pour les cours. J’espère qu’il saura aussi me réparer toutes mes casseroles percées.
Les casseroles sont en effet un problème en teinture… Celle en aluminium qui sont les moins chères et les plus légères à manier ne durent pas. Les acides des teintures attaquent l’aluminium et les percent rapidement.
Les casseroles émaillées sont l’idéal, mais elles sont très lourdes et il ne faut pas qu’elles soient ébréchées, parce que le fer sous l’émail est aussi attaqué par les bains de teinture et modifie aussi les résultats.
Les casseroles en fonte et les bidons de pétrole coupés en deux s’oxident et libèrent du fer qui modifie beaucoup le résultat et abîment la laine.
Le meilleur serait l’acier inoxidable.
Je n’ai pas encore essayé la terre cuite, il faudrait que j’essaie de m’en fabriquer une, si possible avec de l’argile blanche (à cause du fer). Je n’ai pas encore d’expérience en céramique, j’espère que mes amis céramistes de Santa Fe en Argentine pourront m’aider pour cette expérience. Le résultat risque d’être très lourd… Un peu lent pour monter en température, mais devrait garder plus longtemps la chaleur.
Plus la casserole est grande, mieux c’est, car il ne faut pas oublier qu’en général, il faut 3 kilos de plantes pour un kilo de laine, et tout cela prend de la place… D’autant plus que plus lentement chauffe le bain de teinture avec la laine, moins celle-ci souffre, une petite casserole chauffe beaucoup plus vite, a toujours tendance à déborder. Il est aussi très difficile d’obtenir deux bains exactement semblables…
Quand je suis revenue à Concón après un court séjour à Puerto Montt, nous avons voulu retester cette casserole spéciale, avec des chardons cette fois-ci. Je n’avais pas de pierre d’alun (introuvable à Viña del Mar). J’ai donc mis un peu de sulfate de cuivre.
Uldis a voulu réaccomoder la casserole qui avait tendance à se déformer avec la chaleur du feu. Elle s’est renversée.
Les chardons avaient tout de même donné un peu de teinture, le lendemain j’ai récupéré les laines et les ai fait sécher. Les chardons étaient aussi piquants que s’il étaient frais, on observe le même phénomène avec les ronces, la chaleur ne les ramollit pas.
De retour à Puerto Montt, je les ai postmordancées au sulfate d’aluminium, avec d’autres essais faits à Concón, ils ont pris plus de couleur.