Métier à tisser Tissanova – Article mis à jour le 26 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Nouveau métier
Tissanova, ce n’est pas une nouveauté, ils ont plus de 50 ans. Pour moi, c’est un souvenir d’enfance… Cela a été ma première expérience de tissage. La fabrique a fermé dans les années 1960.
C’est très différent du Métier María, des métiers à clous et de ceux de fortune dont j’ai parlé dans des articles précédents. J’aime varier les techniques.
Découverte d’un groupe facebook Tissanova
Par hasard, un jour, j’ai découvert un groupe Tissanova, je ne savais pas que c’était la marque de mon jouet d’enfance.
Si vous êtes intéressés par ce type de métier à tisser, je vous invite à prendre contact avec ce groupe, ce sont des passionnées. Ce sont elles qui m’ont signalé la petite annonce, pour mon troisième métier de ce type.
Il y a aussi un blog dédié, très intéressant.
Mon premier métier Tissanova
Il était petit, environ 20 x 30 cm, il ne me reste que le peigne, mais c’est un miracle que je l’ai encore après 50 ans de déménagements internationaux et interrégionaux, à chaque déménagement on perd des choses, quand j’ai déménagé de Mamiña à Puerto Montt un sac contenant un métier maya et mon métier de ceinture que j’avais ramené de Moquegua avait disparu…
Quand j’étais petite, j’ai tissé des napperons en raphia naturel et synthétique, avec des chaines en coton qui ne faisaient que la longueur du métier.
Le second métier Tissanova
Quand je suis passée en France, pour aller à l’ISEND de Kuching, ma mère m’en a acheté un autre du même style un peu plus grand.
Je l’ai testé de retour à Mamiña avec de la laine d’alpaga, le cadre permet d’enrouler la chaîne et la toile. Mais, j’ai eu de grosses difficultés car les barreaux d’ensouple avaient tendance à se dévisser.
En outre, les fils de chaîne avaient tendance à sortir du peigne, j’ai essayé de les bloquer avec un morceau de Scotch, ce n’était vraiment pas l’idéal. Ce peigne n’a pas la rainure des deux autres métiers Tissanova.
J’ai tout de même réussi à tisser deux écharpes, je n’allais tout de même pas gâcher toute cette laine d’alpaga.
Je n’en ai malheureusement pas pris de photo.
Le troisième métier Tissanova
Il m’est arrivé hier de France, dans son emballage d’origine, je n’ai pas résisté à l’envie de l’essayer tout de suite. Il est très léger, ce qui plaît beaucoup, car ainsi il pourra m’accompagner lors de mon tour du monde textile et tinctoriale.
J’ai dû trouver une laine assez fine, par chance j’en avais une assez grosse pelote, malheureusement, elle n’avait pas été retordue, j’ai profité de notre rouet pour le faire.
A peine la laine retordue, j’ai commencé à monter la chaîne, j’ai envoyé une photo au groupe Tissanova, j’ai tout de suite eu des informations me donnant des conseils très utiles.
J’ai utilisé la barre régulateur pour répartir mieux les fils sur le peigne, j’aurai très bien pu m’en passer.
Puis, j’ai commencé à tisser.
J’aurai dû laver la laine avant de la tisser, en effet, elle glisse mal sur le peigne et quand on passe la navette entre les fils de chaîne, et là, on n’a pas beaucoup de place.
J’ai tout de même réussi à tisser une pièce complète de 34 cm x 1,20 m en un jour et demi.
Comme d’habitude, je fais des finitions.
Comme cette pièce est relativement fine, je vais la laver bien, et je vais la teindre en ecoprint.
C’était donc ma méthode instinctive pour monter ce métier. Il n’est pas exclu que je l’utilise de nouveau.
Nouvel essai sur Tissanova avec de la soie
J’ai ramené de la soie domestique de Madagascar, je vais essayer de la tisser sur mon nouveau Tissanova. Je l’ai utilisée en double pour plus de solidité, je ne l’ai pas retordue, je vais devoir consulter mon ami Hilaire. Il fait un certain nombre d’opérations avec son fil de soie avant de monter sa chaîne.
Je verrai si je la teindrai aussi en ecoprint certainement après l’avoir utilisé comme une pièce de gaze dans du feutre.
Tisser la soie est bien différent. C’est la première fois que je tisse de la soie.
La laine naturelle a tendance à s’accrocher entre les fibres, ce qui est très intéressant au niveau du tissage, cela n’oblige pas à tisser serré. Cela est pour moi une expérience nouvelle.
J’ai donc monté une nouvelle chaîne en suivant les explications de la notice et j’ai commencé à tisser. Les fils s’accrochent moins dans le peigne et l’ouverture se fait plus facilement. J’ai utilisé les fils en double, aussi bien pour la trame que pour la chaîne.
Comme, il me manque une pièce U, j’ai attaché la barre régulateur au cadre provisoirement, le temps de monter la chaîne.
Comme d’habitude, j’ai démarré avec une ligne de point péruvien (je l’explique dans l’article précédent sur le tissage du métier María).
Le tissage se passe bien pour le moment.
Aujourd’hui, j’ai fait avancer le tissage, j’ai assuré la barre régulateur, malgré cela quelques fils se sont échappés, j’ai dû les remettre en place, la chaîne s’est trop détendue, j’ai placé une navette classique entre la barre régulateur et le cadre.
J’en suis à la moitié du tissage.
Cela a été un peu laborieux, les fils sont fins et l’on a du mal à voir où les replacer.
Les fils de soie sont lisses, les trames ont bougé quand j’ai fait tourner le tissage pour avancer.
Ces fils fins s’accroche n’importe où sur le bois, il a d’ailleurs falu limer la navette qui coinçait à chaque passage.
Plus que jamais, il faut commencer et finir par le point péruvien.
Et, c’est presque fini!
Il faut libérer la barre régulateur.
Enfin finie ma première toile en soie.
En quelques jours j’ai déjà tissé deux toiles.
Le Tissanova et le coton
Le coton passe aussi bien en ecoprint, nous en avons à la vente chez Rincón de Angel, je vais donc aussi le tester. Il ne me reste plus de lin pour le tester, c’est dommage, toutes les fabriques ont fermé au Chili.
J’ai donc choisi deux pelotes de coton, l’une lisse pour la chaîne, l’autre flamée pour la trame.
La chaîne est toujours la partie la plus délicate d’un tissage, il faut donc lui accorder beaucoup d’attention.
Le fil doit toujours être bien tendu, les fils extérieurs ont toujours tendance à se détendre.
Il faut bien enfoncer chaque fil pour qu’il ne saute pas pendant le tissage.
L’idéal est de ne pas s’interrompre pendant le montage de la chaîne pour que la tension des fils reste la même partout. Vu que l’ouverture du peigne n’est que de quelques centimètres sur le Tissanova, il est important que les fils montent et descendent bien.
Une fois montée la chaîne, il faut installer le peigne, pour cela j’ai l’aide d’une navette qui soulève un peu les fils.
Il s’agit d’une autre étape importante, il ne faut pas croiser les fils.
Sur cette photo, on voit bien la texture du fil de trame.
Une fois le point péruvien terminé, ont peut commencer à tisser.
Avec le coton, on ne peut pas bloquer les fils de chaîne, en haut du peigne, par chance cela n’a pas été nécessaire.
Ces trois fibres donnent des résultats très différents.
Je n’avais pas encore déplacé le tissage, maintenant je vais le faire.
Les fils sont lisses, ils n’ont pas d’écailles comme la laine, ils ont toujours tendance à bouger.
Il ne restait plus de place pour passer la navette, je finis donc la pièce comme toujours au point péruvien.
Il faut terminer cette toile, je fais donc les finitions au crochet, ce qui régularisera l’espace entre les fils de trame.
Et voilà, elle est finie.
Le Tissanova et l’alpaga
J’ai de petites quantité de laine d’alpaga fine et régulière, malheureusement pas retordue, je vais les tester, j’espère que le tissage ne se retorde pas de trop.
Pour la chaîne, j’ai choisi une laine filée industriellement donc bien balancée. C’est très important. Pour la trame, j’ai pris une laine d’alpaga que j’ai filée personnellement, non retordue, j’ai toujours tendance à filer trop tordu, pour la solidité, je ne l’ai pas retordue car j’avais peur d’en manquer.
Je mets d’abord une navette debout pour ne pas accrocher et étirer les fils de chaîne avec les dents du peigne.
Puis, je redresse le peigne, c’est assez délicat avec un fil aussi fin, on a vite fait d’en mettre deux dans la même encoche.
Il faut faire de l’ordre minutieusement pour que les fils ne se croisent pas.
Comme d’habitude, je commence par le point péruvien pour bien bloquer le démarrage. Je laisse un peu de place pour les franges.
J’ai utilisé deux grosses aiguilles (à coudre les sacs de pommes de terre) qui me servent habituellement pour tisser les métiers à clous, pour obtenir l’espace nécessaire au passage de l’aiguille.
Je peux enfin tisser tranquillement, l’alpaga est très agréable à tisser.
Cela peut donner des idées pour effectuer des points nouveaux. Mais, dans ce cas j’ai redressé la situation.
- Fin du tissage, cela a été agréable malgré de petites difficultés avec la chaîne qui s’est un peu détendue, des noeuds se sont aussi relachés, certains fils se sont libérés de la barre régulateur. Et surtout, le tissage est parti en biais, ce la ne se voit pas sur le tissage fini, il y a seulement des franges plus longues d’un côté que de l’autre.
C’est là que l’on voit que le tissage est parti en biais.
Cela est dû au fait que j’ai utilisé en trame une laine que j’ai filée un peu trop tordue (pour la solidité) et que je n’ai pas retordu en sens inverse pour qu’elle soit bien balancée.
Nouveau test: coton, raphia et racines de vétiver
Malgré ce détail, la chaîne était bien tendue, les fils n’ont pas eu tendance à s’échapper du peigne.
- J’alterne deux navettes, l’une avec du coton, l’autre avec du raphia de Madagascar, j’ajoute à interval régulier des racines de vétiver malgache.
J’avais déjà enlevé le peigne
J’ai fait une finition au crochet, en coton, sur les bords pour cacher les changements de trame. C’est un peu raide à cause des racines de vétiver, mais comme chemin de table, ce n’est pas gênant.
Expérience pour rallonger la chaîne
Il s’agit d’un retour aux métiers de fortune. Le peigne spécial devrait bien s’adapter à ces techniques minimalistes, il s’agit de me préparer pour mon grand voyage textile et tinctoriale.
Je dois pouvoir tisser toutes sortes de fibres (les métiers à clous, ne me permettent que de travailler qu’avec des fibres relativement grosses), même dans les conditions les plus précaires. Ce métier à la grande qualité d’être très léger. C’est bon pour ma valise qui a toujours tendance à dépasser les normes. Notamment les navettes, quelle différence avec celles que l’on trouve habituellement au Chili.
Rallonges pour ce métier
Un voisin qui est excellent menuisier, m’a fait des rallonges pour mon métier. Il faudra que je les essaie.
Expériences FabLabs
Lors de mon voyage au Pérou et dernièrement à Loches, en France, j’ai eu l’occasion de contacter des FabLabs pour voir comment améliorer ce métier.
Quelles sont vos expériences?
Si vous avez des expériences avec ce type de métiers, cela serait intéressant de les partager, j’attends vos commentaires.