Erreures de teintures

Mes plus grosses erreures de teintures

Toutes les expériences ne peuvent pas réussir,  des erreures peuvent survenir à n’importe quel moment, en voici quelques unes. J’ai déjà fait un peu allusion à ce sujet dans un article précédent. Mais, comme la pratique diffère parfois de la théorie, je me permets d’y revenir…

La betterave

Une erreure courante est de croire que la betterave teint d’un joli rose, certains « spécialistes » l’affirme même à la télévision chilienne, je ne vois pas l’intérêt de diffuser de telles erreures.

J’ai essayé à plusieurs reprises, même en formations (en particulier à Santa Fe, Argentine), à titre de contre-exemple, soit avec des feuilles, soit avec la racine elle–même, rien à faire, je n’ai obtenu que des jaunes pâles, malgré un mordançage à l’alun.

Exemple de teinture à la betterave, à Santa Fe, Argentine
Exemple de teinture à la betterave, à Santa Fe, Argentine

Rien à faire, cela ne donne qu’un jaune décevant à moins de tricher en ajoutant des teintures chimiques ou de la cochenille.

Ecoprint ratés

J’ai raté plusieurs ecoprint avant de les réussir, j’ai consulté beaucoup de sources d’informations, sans vraiment comprendre quelles étaient mes erreures. Dans toutes les video et autres articles, il manque toujours un détail important.

Je doit remercier les deux participantes au stage que j’ai donné à La Redonda, Santa Fe, Argentine, pour leurs précieux renseignements et leur démonstration.

Il y avait des erreures au niveau du mordançage et certainement, je ne serrais pas assez mes rouleaux de feutre qui étaient trop moux, donc les feuilles n’entraient pas assez en contact avec la laine. Le feutre n’était pas assez feutré.

Essai d'ecoprint raté. Plusieurs erreures : pas de mordançage, pas de temps de trempage, attaches pas assez serrées
Essai d’ecoprint raté. Plusieurs erreures : pas de mordançage, pas de temps de trempage, attaches pas assez serrées

Mon plaisir a été très grand quand j’ai réussi mes premiers ecoprint.

Ecoprint sur soie réussis, à Antsirabe, Madagascar, pas d'erreures cette fois-ci
Ecoprint sur soie réussis, à Antsirabe, Madagascar, pas d’erreures cette fois-ci

Teinture en alambic

Chez mon amie Lucia de Rancagua qui prépare des huiles essentielles grâce à un petit alambic, pour ses crèmes à bases de produits de la ruche, nous avons fait plusieurs expériences.

L’une d’elles a été de teindre une écharpe en feutre, en ecoprint, à l’intérieur de son alambic. Nous avons réparti des feuilles de boldo sur une écharpe en feutre que nous avons enroulée et attachée, puis nous l’avons mise à l’intérieur de l’alambic au milieu de feuilles de boldo.

Le boldo contient des tanins, et donne une tisane d’une jolie couleur cuivrée. Cela aurait dû teindre joliement.

Mais l’écharpe est ressortie couleur crème et les feuilles se voient à peine. L’huile essentielle est sortie très sombre. Sans doute, les tanins sont partis dans l’huile essentielle. Les feuilles ont commencé à apparaître un peu plus après une longue exposition au soleil, à Mamiña.

Erreures de chimie, la teinture est partie dans les huiles essentielles
Erreures de chimie, la teinture est partie dans les huiles essentielles

J’ai aussi raté quelques shibori

Lors d’un petit atelier à la médiathèque de Loches, où habitent mes parents, nous avons essayé de faire des échantillons de shibori avec des enfants, avec des pelures d’oignons et de la cochenille, peut-être qu’ils n’étaient pas attachés assez serré, la teinture a pénétré sous les attaches dans les deux cas, la toile de coton était peut-être trop épaisse.

Bain d’indigo au plâtre

Il s’agit d’une erreure involontaire, on m’avait vendu du plâtre au lieu de la chaux. J’ai tout de même réussi à récupérer le bain en ajoutant de la chaux.

Le bleu tirait un peu sur le gris.

Essai d’indigo avec confusion de plantes

La persicaire ressemble beaucoup à une plante qui pousse un peu partout sur les terrains humides, nous en avons trouvé avec mon amie Lucia et nous en avons ramassé pour la tester.

Plante à jaune appelée
Plante à jaune appelée « duraznillo » au Chili

Nous avons donc appliqué la technique de Michel Garcia dans son DVD pour extraire de l’indigo à partir de feuilles de pastel fraîches.

Nous n’avons obtenu qu’un jus jaune, qui n’a jamais donné d’indigo, nous l’avons utilisé pour teindre en jaune.

Jaune de
Jaune de « duraznillo », bleu d’indigo et rouge de cochenille

Nous avons aussi essayé de faire du savon, mais j’avais acheté une mauvaise graisse, celui-ci n’a jamais voulu durcir. Et cette graisse économique, beaucoup de gens l’utilisent pour fabriquer leur pain!

Lampaya

La lampaya est une plante médicinale (bonne pour les articulations, se prend en tisane), elle pousse dans la haute cordillère des Andes, dans le nord du Chili.

Lors du cours que j’ai donné à Pica, une des femmes en avait amené pour que nous l’essayions.

Nous avons toutes été très surpris d’obtenir un très joli pourpre, qui en outre s’est avéré très solide quand nous lui avons appliqué les modificateurs pour faire les fiches.

Teintue avec la lampaya
Teinture avec la lampaya
Fiches de résultats des modificateurs
Fiches de résultats des modificateurs

J’étais très contente, il est à noter que nous l’avions mise à tremper un ou deux jours avant de teindre.

Quand le cours a été fini, on m’en a donné un peu pour que je puisse l’utiliser sur mes laines.

De retour à Mamiña, j’étais très pressée de réessayer et j’ai oublié de faire tremper à l’avance. Je n’ai obtenu qu’un beige sans grand intérêt. Cela correspondait d’ailleurs à l’échantillon mis sur le livre concernant la teinture avec les plantes de l’Altiplano que j’ai trouvé à la bibliothèque de Pica.

Livre sur les teintures naturelles de la Cordillère des Andes
Livre sur les teintures naturelles de la Cordillère des Andes
Page d'échantillon de ce livre
Page d’échantillon de ce livre

Remplacement de l’alun par de la limaille d’aluminium

Lors du second atelier à La Redonda, à Santa Fe, Argentine, nous avons manqué d’un élément crucial : l’alun, devenu introuvable dans tout Santa Fe.

Quelqu’un à proposé que, comme nous utilisions de la soupe de clous pour remplacer le sulfate de fer, pourquoi pas utiliser de la limaille d’aluminium, l’une des stagiaires avait un voisin qui faisait des structures en aluminium. Elle lui en a demandé un peu et nous avons essayé dans une casserole.

Je doutais que cela fonctionne car je sais que l’aluminium s’oxide immédiatement et se protège ainsi, mais apparemment, il y a agit quand même, de même que l’aluminium des casseroles qui finissent par se percer à cause de l’acidité des bains de teintures.

Le problème, c’est que nous n’avons pas mis la limaille dans une pochette en tissu pour la séparer de la laine. Et voici le résultat.

Limaille d'aluminium accrochée dans la laine
Limaille d’aluminium accrochée dans la laine

Il m’est arrivé un problème un peu semblable lors d’une teinture au brou de noix, où celui-ci était resté collé dans du ruban de laine cardé, la couleur était très jolie, mais la laine inutilisable…

Teinture aux colorants alimentaires, erreures basiques

Je vivais à Longotoma, à 40 km de La Ligua, Centre du Chili, un ami menuisier qui m’avait fabriqué quelques métiers à tisser m’avait dit qu’il teignait le bois avec des colorants alimentaires. J’ai aussi vu plus tard sur internet des articles montrant ce genre de teinture.

Je suis donc allé en acheter quelques petites pochettes pour faire des essais, j’avais plusieurs couleur, j’ai pris deux écheveaux de laine, et je leur ai fait des rayures de toutes les couleurs, cela semblait intéressant, alors je les ai rincé, avec de l’eau et tout est parti, je ne crois pas que le mordançage aurait ajouté beaucoup.

Le bois ne se lave pas habituellement et la teinture le pénêtre. Les fibres textiles, elles doivent généralement pouvoir se laver.

Teinture au Parqui

Quand je vivais à la Quebrada del Pobre, je commençais  seulement à teindre. On m’avais dit que les baies de Parqui teignaient, qu’on les utilisait autrefois pour marquer les sacs de blé.

Un jour, j’ai donc ramassé un peu de baies, mis un petit écheveau de laine dans une petite casserole avec de l’eau et un peu d’alun et mis à cuire sur le gaz, dans ma cabane très aérée.

Puis je suis sortie, le parqui est une plante normalment très puante, mais je ne m’imaginais pas que cela allait prendre une telle ampleur. J’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, tellement c’était nauséabond. Il en est cependant sorti un joli vert émeraude pastel. Mais je ne recommencerai pas.

Le parqui est médicinal, mais aussi toxique!

Que nous apportent les erreures

Nous devons souvent faire attention à de petits détails pour éviter des erreures. Mais celles-ci peuvent nous apprendre beaucoup. Si toutes les expériences réussissaient, ce ne serait plus intéressant.

Ces erreures me poussent à lire encore plus, à comparer les recettes, à faire plus d’expériences, à répéter les essais en faisant varier quelques détails… pour voir où se trouvent les erreures.

Il faut parfois aussi essayer d’oublier ce que l’on a appris en théorie et que l’on n’a pas testé soi-même. Beaucoup de recettes répètent des informations erronées, parfois sciemment, parfois par confiance dans la source utilisée…

Les questions posées lors des cours peuvent permettre d’être très créatifs pour les expériences, c’est pourquoi j’ai choisi de faire ma présentation pour l’IFPECO sur les ateliers à La Redonda (www.academia.edu, www.slideshare.net), même une question qui peut paraître idiote peut déboucher sur quelque chose de très intéressant.

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