/// Graines pour teindre ///
Article modifié le 27 septembre 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
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Graines et fruits peuvent aussi teindre
Pourquoi ne pas travailler avec les graines et fruits?
La nature est généralement très généreuse en ce qui concerne les graines et les fruits, les plantes ne pouvant pas se déplacer elles-mêmes, les graines sont une admirable solution. Le vent, l’eau, les animaux et même les êtres humains les transportent et les resèment (voir Francis Hallé).
Vu que les graines sont le plus souvent en surnombre, on peut en profiter pour en réutiliser un peu pour teindre…
Quel est l’intérêt des graines
Les enveloppes des graines contiennent généralement beaucoup de tanins pour les protéger contre les animaux qui pourraient les manger. En outre, la nature est généralement très généreuse.
Les glands, les marrons, les gousses de mimosa…
Je n’avais pas encore testé les glands, c’est plutôt rare au Chili, la plupart des chênes ont été remplacés par des eucalyptus et des pins… mais, par les livres (Dominique Cardon…), je sais qu’ils peuvent être utiles en teinture. Je viens de le faire cet été à Gletterens en Suisse. Un matin, jai ramassé les premiers glands tombés à la suite d’un bon coup de vent.
J’ai testé les bogues de marrons d’Inde, et j’ai obtenu un beige.
Les gousses de mimosa, comme celle de tous les acacias sont bourrés de tanins et devraient être intéressantes à essayer, ces arbres en produisent vraiment beaucoup.
L’aulne et ses jolies graines
He aquí un nuevo experimento bien simple.
Pour m’assurer un meilleur résultat, j’ai laissé tremper une semaine.
L’Eucalyptus
Je n’ai pas testé les réceptacles des graines d’eucalyptus (en effet, les minuscules graines s’échappent très vite des petits cônes), c’est beaucoup plus simple avec les feuilles et l’écorce.
Les pommes de pin, ainsi que les aiguilles et les écorces de ces arbres doivent contenir des tanins, mais je ne les ai pas essayés.
Les châtaignes, les pistaches, les amandes…
Vu que ces graines sont comestibles et très bonnes pour la santé, mieux vaut les manger et utiliser les déchets pour la teinture. Dans le cas des châtaignes, on peut aussi bien utiliser les bogues que les enveloppes dures que l’on ne consomme pas.
Les écorces des amandes m’ont donné une couleur rosée cuivrée qui m’a beaucoup plû.
En Equateur, j’ai testé l’écorce de noix de coco, le résultat était un peu décevant, mais je n’ai pas tenté de reteindre ensuite.
Des graines spéciales: les noix
Comme dans le cas des châtaignes, l’écorce dure des noix peut être utilisée. Mais la partie la plus intéressante est l’enveloppe qui est molle, d’abord verte puis marron foncé, c’est le brou de noix, bien connu en menuiserie.
L’idéal est de le laisser fermenter un maximum de temps, afin qu’il libère le plus possible de colorant. Cela donne de très jolis bruns très solides dont la réputation n’est plus à faire.
Les fruits non mûrs
Les fruits verts qui tombent des arbres après une tourmente ou des pluies trop violentes sont aussi bourrés de tanins, ils peuvent remplacer les mordançages classiques à l’alun.
Au Brésil, j’ai aussi découvert les fruits non mûrs de genipap. Ils servent notamment pour teindre des gâteaux ou des alcohols. On les utilise aussi pour des tatouages temporaires.
Et les noyaux
Les noyaux d’avocats servaient à marquer de manière indélibile les vêtements des enfants pour l’école, simplement avec une aiguille ou une épingle.
Cependant, j’ai testé les feuilles, au Chili qui sont intéressantes.
N’étant pas très friande de cet excellent fruit, je n’ai eu l’occasion de l’essayer que sur de petites quantités de fibres, cela donne un rosé intéressant, même sur coton.
Quand, je vivais à Mamiña, j’ai récupéré un sac de noyaux de mangue dans un café qui offrait des jus naturels sur le marché d’Iquique. J’ai obtenu un jaune rosé très intéressant.
D’autres noyaux peuvent êtres utilisés, je pense aux jolis noyaux de néflier, de lucuma, ils sont si beaux, je n’en ai pas encore eu l’occasion.
Je serai curieuse de tester les noyaux d’olives, de pêches, d’abricots, de prunes, de cerises, chirimoya… malheureusement je suis trop mauvaise consommatrice de fruits pour pouvoir en réunir une quantité suffisante pour teindre, et je préfère les resemer.
Le maïs noir
A Iquique, on trouve un maïs noir, produit au Pérou. Je l’ai laissé tremper quelques jours dans de l’eau, puis je l’ai filtré, j’ai donc teint dans le jus violet foncé qui m’a donné un gris. Je ne sais pas s’il s’agit d’une teinture grand teint.
Le roucou
Le roucou est une graine utilisée comme épice dans les régions où cette plante pousse (en Equateur, elle très utilisée en cuisine, teint en rouge tous plats). En Amazone, il est utilisé comme peinture corporelle, certainement très bénéfique car doté d’un taux très élevé de vitamine A. C’est donc aussi un colorant alimentaire sans danger.
A Madagascar, il est aussi très utilisé en teinture, bien qu’il ne soit pas grand teint vu sa plus grande affinité pour les graisses.
Les baies
Un certain nombres de baies peuvent teindre, dans ce cas, ce n’est pas la graine, mais ce qui l’entoure et plus souvent la peau noire: sureau, mûres, maqui, mirtilles, cassis, raisins…
Malheureusement, ces teintures ne sont pas très fiables, varient avec le pH, et sont peu solides.
En outre, certaines sont toxiques: sureau yèble, parqui… mieux vaut les laisser aux oiseaux qui s’en nourrissent…
Les gales
Les gales sur les chênes, mais aussi sur beaucoup d’autres arbres, ne sont pas des graines, elles sont le résultat de la piqure d’un insecte pour pondre ses oeufs et de la réaction de l’arbre qui produit des tanins pour se protéger.
L’intérêt des gales, c’est qu’elles donnent des tanins très clairs qui n’influencent que très peu la couleur définitive tout en la fixant.
Evitez certaines graines
Je vous conseille pas les graines de parqui (parqui cestrum), j’en parle dans un autre article.
Quand on teint avec des fleurs qui ont de petites graines, il faut faire attention à ce que celles-ci ne viennent pas se coller dans la laine, je pense notamment aux bidens qui ont le don de s’accrocher partout, au Chili, on les appellent « amores secos » (amours sèches). Cette plante appelée benoite en français, donne un très joli jaune (utilisé par les Incas), je l’ai utilisée à Mamiña.
Les fruits murs de la plante hémiparasite quintal du molle, sont très collants, et le restent même bouillis.
Comment utiliser les graines
L’idéal est d’utiliser essentiellement les enveloppes, gousses… et semer ou consommer ce qui peut l’être, comme dans le cas des noix, des châtaignes…
L’idée est d’utiliser avant tout, les déchets, comme par exemple, le marc de café, les épluchures (pommes, poires, châtaignes…).
Et si, le résultat était un mordançage
Il y a quelques jours, j’avais des graines de potiron et je me suis dit « pourquoi ne pas teindre avec?« . Alors, j’ai essayé, le résultat a été très décevant.
Puis deux jours plus tard, je lis sur internet, sur un document ancien sur les teintures domestiques en Angleterre, mentionnait les graines de potiron comme mordançage.
Je viens de mettre à tremper cette laine pour quelques jours avec une laine blanche sans traitement dans un vieux bain de garance et de cochenille, pour l’épuiser. Il va falloir attendre le résultat.
Et si, on veut semer les graines
C’est encore mieux et je vous y encourage vivement.
Lors du cours que j’ai donné à Pica, nous avons teint avec le tara (ceasalpina), avec ses graines, mais on a utilisé seulement les gousses, une des femmes qui assistait au cours, a emmené les graines chez elle, elle les a semées, elle a eu un grand nombre de petits arbres!
L’idéal est d’ailleurs le plus souvent, de ne pas utiliser les graines, mais plutôt les enveloppes, dans les graines, il y a beaucoup d’amidon et celui-ci peut être gênant.
En effet, quand je vivais à Longotoma, j’ai essayé de teindre avec des graines de sorgho (curaguilla, utilisées au Chili pour que les poules aient envie de pondre). Je les ai fait fermenter pendant au moins un mois, avec la laine dedans, puis j’ai fait chauffer, cela a teint, un marron rose cuivré intéressant, mais le problème c’est que la laine en est ressortie très dure, malgré les rinçages, certainement à cause de l’amidon. Mais ma laine n’était pas seulement dure mais aussi cassante!
Conclusions
Les graines sont donc de bonnes ressources tinctoriales, il faut en profiter.
On reste souvent dans la gamme des beiges, brun rosé, mais on a souvent un mordant naturel qui peut être employé en combinaison avec d’autres plantes.
Ces tons s’harmonisent facilement avec les autres couleurs, ce qui est un avantage.