Festival Yelen

/// Festival Yelen ///
Article cr´éé le 8 décembre 2021, publié le 6 mai, non terminé
Retour en Europe le 10 mai 2022 – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
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Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.

Teinture naturelle 10 – 15 juillet
Tissage artisanal 17 – 22 juillet

Rejoignez nous à Zonca!

Le Festival Yelen, j’y suis arrivée grâce à Camille. Elle est venue me visiter lors du Rassemblement Préhistorique, à Gletterens. Nous avons partagé nos pratiques lainières et elle m’a parlé de ce Festival. J’ai pensé que ce serait intéressant, un avant goût de mon tour du monde textile. Mais, cela a été beaucoup mieux que je ne le croyais. J’ai découvert une organisation admirable qui a créé un Festival exceptionnel.

Yelen, signifie Lumière en Bambara, une des langues parlées au Mali et ce festival était vraiment lumineux de beauté et de bonté. Cet article sera un Festival de photographies. Sans doute, parleront-elles mieux que mes mots de ce Festival.

Festival des enfants

En effet, les premiers arrivés au Festival furent les enfants. De nombreuses activités leur étaient dédiées.

Bien sûr, il y avait des classes entières accompagnées de leurs enseignants. Mais, il y avait aussi beaucoup d’enfants qui font l’école à la maison. C’est assez courant en Suisse. Il y a beaucoup de zones qui sont très enneigées en hiver, ce qui complique la circulation. Ce système permet aussi de lutter contre l’exode rurale et permet à de nombreux villages de rester vivants.

Les enfants se sont rués sur les activités dès 9h du matin.

Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen
Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen

Festival textile

Mireille Keita et sa collection Festival Yelen

J’attends les photos, je n’ai pas réussi à voir le défilé, il y avait trop de spectateurs!

Un tisserand burkinabé

Il y avait 2 métiers à tisser impressionnant sous différents aspects.

Début du tissage, la chaîne est en boule.  Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Début du tissage, la chaîne est en boule. Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Petite video de tissage
Le soir tout est rangé
Le soir tout est rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé

Une fois rangé ce métier ne prend que très peu de place. J’en ai acheté un à mon voisin. Il tient dans un petit sac dans ma valise. Nous remonterons le système de suspension au Chili.

Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien qu’il n’ait que 2 pédales, on peut faire des dessins avec ce métier.
Quand la bobine de trame est vide, il faut la remplir…
Gros plan sur le battant en lamelles de bambou
Le système de suspension des lisses
Ce métier n’a pas d’ensouple, la chaîne est enroulée en boule dans une caisse lestée avec des pierres, la caisse avance au fur et à mesure du tissage

Camille et ses laines

Camille a un petit troupeau de brebis, dans un alpage tout près de Baulmes.

Ce troupeau a l'air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival
Ce troupeau a l’air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus petites et légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival

Elle est venue avec ses fuseaux, son rouet… faire des démonstrations de filage de laine.

Mélange laine et soie, au Festival Yelen
Mélange laine et soie prêt à être cardé, au Festival Yelen
Cardage manuel, j'en profite pour ajouter un peu de soie
Cardage manuel, j’en profite pour ajouter un peu de soie
Le petit rouleau est prêt, je le file
Le petit rouleau est prêt, je le file
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux

Festival teinturier

Le bogolan

Un vrai maître du bogolan donnait l’occasion aux enfant de personnaliser des t-shirts.

Les matières premières utilisées, le jus d’une écorce bouillie et de la boue ferrugineuse
Les stencils ont été découpés dans de vieilles radio

Voici les premières œuvres des enfants du Festival Yelen qui sèchent
La collection s’agrandit vite, ceux qui sont secs s’en vont, de nouvelles œuvres arrivent
Les enfants en pleine action au Festival Yelen

Trempage dans le bain de tanins d’écorces pour révéler les dessins
Et la magie chimique des tannins réagit
Et la magie chimique des tannins réagit
Dessin bicolor au Festival Yelen
Pièce en vente dans l’un des stands du Festival.

On voit, ici, que l’on peut faire varier les nuances.

La collection est belle.

Mes petites démonstrations

Pour moi, cela a été un grand honneur de participer à ce festival international.

Je suis partie un peu vite et encore une fois trop chargée de Gletterens et j’ai oublié les casseroles. Heureusement que Camille était là. Donc elle est allée faire une petite visite à la déchetterie du village. Les déchetteries suisses sont une source inépuisable, on y trouve des objets en parfait état… Grâce à la déchetterie locale, nous pourrons teindre au Festival Yelen.

Indigo, spécialité africaine

J’avais réservé 100 g de précieux indigo.

Festival de danse

Le faux lion

Le faux-lion est vraiment très impressionnant. Les enfants sont entrés dans son jeu avec une découverte participative active des danses et musiques africaines. Nous avons bénéficié d’un merveilleux spectacle de danse théâtrale…

Les marionnettes géantes

Dans leur exagération poétique, les marionnettes géantes créaient l’enthousiasme de tous par leur ingéniosité. Et dire qu’elles ont failli ne pas arriver à temps.

Il y avait aussi un atelier de fabrication de marionnettes recyclage.

Dans les stands aussi, il y avait des marionnette…

Festival d’amitié

Cuisine merveilleuse

La cuisine du Festival Yelen, assurée par des bénévoles est une invitation au voyage.

Quelles musiques

Admirable union des tambours africain et des corps suisses.

Il y avait un atelier de fabrication de tambours recyclage. J’ai encore oublié de photographier. Tout est arrivé trop vite.

Les enfants ont appris à transformer de grosses boîtes de conserve en tambours.

Les stands

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans montrer les stands et autres animations

Le délicieux mouton rôtissait en musique…

Quelles émotions!

J’allais oublier de mentionner les décorations très créatives, depuis la signalétique extérieure en passant par les sièges.

Il ne faudrait surtout oublier les très beaux contes d’Innocent. J’aurai aimé les écouter tous, ils étaient plein de philosophie. Et, souvent, je n’en saisissais que des bribes au passage.

Même une navette était prévue pour revenir à la gare.

Il y avait un dortoir pour héberger ceux qui en avait besoin, décoré comme il se doit. Quelle attention!

J’espère n’avoir oublié personne et je fais appel à vos photographies pour compléter cet album…

Un surprenant espace zéro discrimination!

Fête de la Préhistoire

/// Fête de la Préhistoire /// 4ème article sur le Village Lacustre de Gletterens
Article cr´´eé le 24 novembre 2021, modifié le 1er décembre
J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés
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Fête de la Préhistoire, prochaine étape

Alors, c’est reparti pour 15 jours d’expériences…

Teintures et autres activités

Oui, la Fête de la Préhistoire arrive bientôt à Gletterens, peu après le Rassemblement Préhistorique. En attendant, je continue mes activités qui donnent un petit supplément de vie au lieu. Le feu pour les teintures réchauffe un peu l’atmosphère` fraîche de la maison.

Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire
Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire

L’atmosphère un peu enfumée de la maison donne aussi une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans une maison néolithique. La fumée participe aussi à la préservation de la toiture.

Les particules fines existaient déjà… Tania et Doris fendaient le bois en plus petits morceaux pour essayer d’éviter cet excès de fumée.

La toiture
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j'officiais avec mes teintures naturelles
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j’officiais avec mes teintures naturelles

Celle-ci a plus de 20 ans et est encore apparemment en bon état. Cependant, elle doit être rénovée prochainement. En effet, c’est la première maison construite dans le village lacustre. Cela va être un très gros chantier. À suivre…

9 août

Je joue les prolongations. Martin m’a amenée voir deux boutiques de laines et autres fibres. Nous les avions déjà visitées l’an passé, dans l’Emmenthal. J’avais acheté beaucoup de types de matières premières (soie, lin, alpaga, chanvre, ramie…) et des livres que j’ai exploités pendant toute l’année, notamment pour les teintures cette année. Je suis très contente.

On devait voir aussi les prix pour les laines filées main. C’est très difficile pour moi d’établir un prix juste.

Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire
Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire

Cette fois-ci, j’ai encore trouvé des livres intéressants, un petit métier à tisser les plaquettes, des paquets de plaquettes, des aiguilles spéciales, de nombreux petits outils… Tout faisait envie!

Le rouet

Évidemment, mon acquisition principale a été un tout petit rouet électrique, spécial pour artisan nomade. Il tient dans mon sac à dos. De plus, il est léger et très silencieux. Il voyagera avec moi en Scandinavie.

On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire
On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire

Ces boutiques ont de très bonnes librairies, surtout en allemand et en anglais. Mais c’est très difficile de se retenir d’acheter. Bien sûr, toute cette documentation est vraiment très utile pour moi.

J’y ai également trouvé des fibres de chameau, je suis très curieuse de les filer.

J’en ai aussi profité pour acheter 1 kilo d’alun et j’ai bien fait. En effet, ce mordant a toujours la mauvaise idée de manquer au mauvais moment.

Cette visite est tombée au bon moment. J’aurai encore plus de choses à montrer pour la Fête de la Préhistoire.

Je vous parlerai de tous ces achats dans de prochains articles, quand je commencerai à les exploiter. J’ai complété ces achats en Scandinavie.

De retour à Gletterens, j’ai vu passer un hérisson près de la yourte. Je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est parti se cacher trop vite. On m’avait déjà commenté son existence.

10 août

Nous allons tenter de récupérer au maximum les bains restants. Car, nous pouvons en obtenir des pigments pour peindre. Il faut que je revoie les DVD de Michel Garcia, il y en a un qui traite de ce sujet. Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui, j’espère que demain, je pourrai.

J’ai vidé tous les paquets de feuilles et écorces qui ont servi aux teintures sur le tas de compost. J’ai fait du rangement dans l’atelier provisoire de teinture.

Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens
Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens

Comme aujourd’hui il faisait beau, j’ai lavé presque toutes les laines teintes et je les ai mises à sécher dans l’arbre.

Chaque jour, je décorais l'arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire
Chaque jour, je décorais l’arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire

Du nouveau, teinture aux graines de cornouiller pas mûres, nombreux tests d’indigo avec les visiteurs.

Essai d’évaporation du gros bain mélangé. À la fin de la journée, il en reste beaucoup. Je croyais que la concentrations des vieux bains serait plus rapide.

Le coracle

Il s’agit du projet principal du Rassemblement Préhistorique. Il est presque prêt à l’usage, mais nous devons encore le soigner…

Nous avons remis le coracle sous son “fumoir”, je dois entretenir le feu pour qu’il fume assez longtemps. Ce sera la vedette de la Fête de la Préhistoire.

Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n'est pas tannée, il faut en éloigner la vermine...
Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n’est pas tannée, il faut en éloigner la vermine…

Alors, j’alimente le feu avec des branchages verts, ce qui fume plus.

Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Bogolan

Enfin, j’ai fini par me décider à sortir le drap teint aux tannins pour le test de bogolan, il s’agit d’une technique africaine très intéressante qui consiste à appliquer des boues ferrugineuses sur des toiles teintes avec des tannins légers. Dominique Cardon parle de cette technique, il y a longtemps que je voulais l’essayer.

Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
La technique

La technique est simple, mais donne de très belles possibilités. Elle est pratiquée au Mali, mais aussi en Amazonie péruvienne, notamment par les Shipibo. Elle est basée sur la réaction des tannins avec le fer.

J’avais teint le drap avec un bain de tannins, de différentes écorces récupérées de la fabrication de cadres pour le tannage, d’arcs et du métier à sprang. J’avais de l’argile que j’avais tamisée pour fabriquer un récipient, j’y ai ajouté de la soupe de clous.

Mais, on en s’improvise pas teinturier en bogolan.

Les enfants y laissent leurs traces

J’ai fait faire le test à des enfants sur un drap sec préparé à l’avance. Ne sachant pas où trouver une source dotée des caractéristiques recherchées, j’ai décidé d’utiliser l’argile que j’avais tamisée pour tenter de faire des récipients archaïques pour teindre, elle était encore très humide, j’y ai ajouté ma soupe de clous et dans un autre pot le reste d’oxalate de titane.

Là, une dame a enduit une feuille avec l'argile ferreuse et l'appliqué sur la toile
Là, une dame a enduit une feuille avec l’argile ferreuse et l’a appliquée sur la toile

La réaction se fait bien avec le fer, mais un peu pâle. J’ai aussi voulu tester avec le titane qui devait donner un bel orange, comme en ecoprint, mais cela semble sans effet. Je trouve que le liquide se diffuse un peu trop, laissant les formes peu reconnaissables.

Pour renforcer ma soupe de clous (acétate de fer), j’avais mis à tremper des aiguilles que j’utilise pour les métiers à clous qui avaient commencé à rouiller.

Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous
Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous

Je les ai sorties, nettoyées avec un peu au papier de verre, puis je les ai graissées.

J'ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles
J’ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles

Bien que je ne soie pas totalement satisfaite de ce test de bogolan, l’effet sur les visiteurs est intéressant. Chacun apporte son petit grain de sel, sa technique d’application de la pâte.

Pot d'argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test
Pot d’argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test, chimie verte
Sauvetage de hérisson

Nous allions faire de nouveaux ecoprint avec Doris, mais des visiteurs ont découvert un petit hérisson malade près de l’atelier provisoire de teinture. Il était sortit en plein soleil, ce qui n’était pas normal, il avait l’air très faible.

Doris a décidé de l’emmener chez le vétérinaire à Morat. Il a été recueilli par une association qui essaie de sauver les hérissons. S’il est guéri, il sera relâché près de son nid, là où on l’a trouvé.

Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire
Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire

Le soir nous avons essayé de faire tourner le nouveau rouet, mais il faisait déjà presque nuit.

11 août

À 7h30, j’ai préparé le rouet et je me suis installée dans les toilettes, où il y a une prise de courant. Premier test positif, seulement il faut mieux nettoyer les pailles qui restent dans la laine.

Au premier test, j’ai déjà pu filer assez fin.

Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire
Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire

J’ai de nouveau sorti le drap et pot d’argile modifiée pour le bogolan.

Les graines de cornouiller sanguin ont donné un joli jaune, j’ai plongé la moitié de l’écheveau dans l’indigo, j’ai obtenu une laine bicolore, jaune et vert pâle.

Un peu de graines de cornouiller dans une petite casserole, encore un test pour la Fête de la Préhistoire

Encore quelques tests d’indigo avec les visiteurs.

Rinçage des laines teintes la veille
Rinçage des laines teintes la veille

Aujourd’hui pas de feu. Lavage des laines non lavées.

Nouvelle décoration du saule mort avec les laines teintes.

Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu'à la Fête de la Préhistoire
Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu’à la Fête de la Préhistoire

Préparation d’un petit bain avec les deux garances, de la cochenille, du tannin de galles du chêne et pour m’assurer un peu d’alun. Cuisson demain. Un peu de laine mérinos et de soie.

J'enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu'elles ne se répandent pas trop dans la casserole
J’enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu’elles ne se répandent pas trop dans la casserole

J’ai presque fini les mitaines pour Martin, elles ont beaucoup plu à Doris qui m’en a demandé d’une autre couleur.

12 août

Je suis retournée filer avec mon rouet dans les toilettes, il semble que ma rallonge m’a lâchée. Il faut que je m’habitue à nettoyer mieux ma laine, car cela en pardonne pas. Contrairement au rouet à pédale, là la vitesse est régulière et on en peut pas ralentir sans lâcher la laine. Parfois, la laine se casse et s’enroule sur la bobine et le bout se cache dans la laine enroulée.

Depuis les premiers tests, j’ai filé 5 grammes de laine sale que j’ai retordue au fuseau pour bien voir les défauts et enlever les petites saletés restantes. Je viens de la laver au savon pour faire un test d’indigo avec demain.

J’ai redécoré le vieux saule avec les laines et redéployé le drap à bogolan.

Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Tissage

J’ai fini dans la soirée la petite pochette à rayures commandée par Tania, elle a choisi les couleurs dans l’arbre à laines, m’a indiqué son idée.

Petite pochette pour Tania
Petite pochette pour Tania

J’ai filé un peu de laine de mouton suisse teinte au henné.

Filage de laine suisse teinte au henné
Filage de laine suisse teinte au henné, avec un fuseau turc de ma fabrication
Teinture

La teinture à la garance additionnée de cochenille m’a donné un joli vieux rose après ajout d’un peu de crème de tartre. Ce soir, j’ai complété ce bain avec un peu de garance Rubia cordifolia et de tannin de gale de chêne. Il y aura cette fois un petit écheveau de mérinos, un peu de soie de Madagascar, un peu de soie en ruban et un peu de laine de mouton suisse bien lavé.

Bain de garance complété
Bain de garance complété

Je venais juste de finir les mitaines de Martin et je commençais celles de Doris, le ciel s’est obscurci et le vent s’est mis à souffler très fort. C’est le début d’un orage qui secoue l’auvent de l’abri et sa porte en toile.

Début des mitaines de Doris
Début des mitaines de Doris

Plus qu’une semaine pour la Fête de la Préhistoire

13 août

J’ai filé ce matin de l’alpaga, assez bien préparé, avec beaucoup plus de facilité.

Le bain de garance amélioré a donné quasiment la même teinte qu’hier, la laine de mouton bien dégraissée n’a donné qu’un ton saumon pâle, la soie décreusée bleu clair a donné un joli grenat.

Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire
Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire

Il faudra réessayer demain en mordançant avant.

Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l'arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire
Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l’arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire

J’ai presque fini les mitaines de Doris, il faut que je file la laine pour les coutures et tours de finition.

Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures
Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures

Test d’indigo sur lin pour la chaîne du métier à sprang pour la fête de la Préhistoire, le 22 août.

Il va falloir refaire la cuve d’indigo. Ce sera fait dans quelques jours.

Le drap à bogolan se couvre peu à peu.

14 août

À 7 heures du matin, je m’installe à la porte des toilettes avec une rallonge que m’a prêtée Doris, pour filer. D’abord, je finis la petite quantité d’alpaga gris et teint marron qui me restait. Je change de bobine et démarre la laine pour finir les mitaines de Doris. À 10 heures, j’ai fini de filer les 65 g de laine multicolore.

Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre
Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre

Je range le rouet et je décore de nouveau l’arbre à laine. Puis, je mets sur le feu le mordançage de lin, laine, soie et vue d’un bain de henné et d’un autre de cochenille.

Je retord l’alpaga et la laine multicolore et finis les mitaines. Il reste de la laine et je décide de faire une petite pochette avec cette laine, puis une autre.

Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire
Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire

Normalement le rouet peut retordre automatiquement, il en reste qu’à déplacer la petite bague qui détermine l’endroit où va s’enrouler la laine. Mais pour cela, il faut filer des fibres très propres qui en nécessitent pas de révision, du top, par exemple. Cela est rarement le cas pour moi.

D’autre part, il faut séparer la laine à filer sur 2 bobines égales.

J’aurai l’occasion d’en parler ultérieurement.

Heureusement que je retord à la main. Je dois d’abord préparer une bobine avec deux bouts sur un bâton.

Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération
Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération

Lors de ce bobinage, j’élimine encore des morceaux de paille, je dois renouer parfois quand le fil est trop fragile.

15 août

Ce matin vers 7 heures, je m’installe de nouveau à côté des toilettes. C’est très agréable de filer au grand air. Le rouet est très silencieux, j’entends les oiseaux…

Cette fois-ci, j’ai choisi de filer un reste de Thones et Martod sale, mais sans pailles. En un peu plus d’une heure, j’ai filé presque une demie bobine. Les bobines font à peu près 100 grammes.

Après la décoration de l’arbre à laine, je finis une pochette et j’en fais une autre.

Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire
Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire

Quand je tisse dehors, j’entends des commentaires assez sympathiques. Il y en a qui se demandent si le coracle sert d’urinoir. C’est vrai qu’il en sent pas très bon, mais il s’améliore avec le temps.

Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l'abri dès qu'il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire
Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l’abri dès qu’il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire

J’ai préparé un nouveau bain de cochenille pour demain et j’ai à nouveau mordancé en prévision de cette teinture. En outre, j’ai fait un test de mordançage au lait.

Test de mordançage au lait
Test de post-modançage à la cendre
Test de post-modançage à la cendre

Puis, j’ai encore fais un bain avec du lin dans le reste de henné et de Cosmos sulfureus.

Dans l’après-midi, le village lacustre est très tranquille. Je décide de tester le filage d’un paquet de laine de mouton valais propre et cardée. En environ 2 heures, j’ai filé presque 100 grammes de laine. J’ai même osé accélérer la vitesse de filage.

Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire
Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire

Il faut que j’en fasse une deuxième bobine pour tester le retord qui doit être automatique.

 Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire
Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire

En rangeant le drap à bogolan, je m’aperçois que l’envers semble plus marqué que l’endroit.

De 19 h à 21h30, je suis retournée filer à côté des toilettes la laine des moutons valais que m’a donnée Doris, encore plus fine cette fois-ci et avec un peu de soie. La vitesse doit être un peu plus lente pour un fil plus fin.

16 août

Je rembobine ce que j’ai filé la veille au soir sur un bâton pour libérer la bobine du rouet et avoir une bobine à deux bouts pour la retordre au fuseau, elle est parfois un peu fragile, ce sont encore les premiers essais.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laine, cependant un peu plus tard que d’habitude à cause d’un risque de pluie. Petit bain de cochenille avec laines mordancées et nouveau mordançage.

Évidemment, je parle toujours de laines, mais j’ai aussi teint de nombreuses autres fibres.

Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille

Ce bain de cochenille a très bien pris. Lorsque j’ai enlevé les laine du bain de mordançage j’ai eu la surprise de trouver de gros cristaux d’alun de plusieurs centimètres au fond de la casserole. La veille, j’avais récupérer de l’alun qui s’était échappé de son sachet trop fragile. Peut-être que les impuretés et l’excès ont favorisé la cristallisation.

Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant
Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant

Sur le drap à bogolan, un enfant de 4 ans me dessine un curieux serpent, son grand-père m’explique qu’il s’agit du canal de la Broye, sujet d’actualité du fait des inondations dues aux récentes pluies diluviennes dans la région.

Alors, je retords les 70 g de fil fin de la veille, mais pas dans le sens habituel. En effet, par erreur, le bouton sur la machine était passé en torsion Z. Mais, cela me facilite le retord manuel.

Aujourd’hui, ils ont fait les foins sur le terrain devant la caisse, avec plusieurs mois de retard. Du fait des inondations, le tracteur ne pouvait pas passer, les plantes auront eu le temps de fleurir et de se resemer. Cela sent bon.

Dommage que les odeurs ne passent pas internet
Dommage que les odeurs ne passent pas internet

Dans l’après-midi je file à nouveau un peu de fil fin.

17 août

Aujourd’hui, je devais aller à Neuchâtel pour visiter le Musée Ethnographique que Jacques Reinhard m’avait conseillé d’aller voir. En outre, je dois aussi faire réparer mes lunettes dont un verre s’échappe constamment. Mais, on me dit que les musées sont gratuits le mercredi. Donc, j’irai demain.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laines, un peu teinture, lavage des dernières laines teintes, filage, retord.

Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre
Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre, il s’agit de coton que l’on m’a donné

18 août

D’abord, je rencontre Jack qui avait reçu un petit appareil pour couper des lanières de cuir. Il a toujours de bonnes informations pour les matériels et petits outils pour l’artisanat. L’outil est arrivé très vite. La démonstration et vraiment impressionnante.

Puis, je pars à Neuchâtel en bateau. Les bateaux ont été rétabli, car ils avaient été supprimé pendant plusieurs mois à cause des inondations.

Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel
Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel

J’ai réussi à faire réparer mes lunettes qui paraît-il ont été très mal montées et le verre devrait à nouveau tomber très prochainement. Me voilà prévenue.

Que de magasins de chocolat! Cela fait très envie, mais les prix font peur.

Le musée

Aujourd’hui, je suis partie voir le musée d’Ethnographie, bien caché dans la verdure. Il y avait une exposition de photographie des années 1950 sur des Peuls du Sahel, intéressante.

Voici l'entrée sur la rue
Voici l’entrée sur la rue

Enfin, je finis par trouver l’entrée du musée qui n’était indiquée nulle part.

En réalité, l'entrée de la salle d'exposition est bien cachée au milieu d'un parc
En réalité, l’entrée de la salle d’exposition est bien cachée au milieu d’un parc

J’ai d’abord visité l’exposition permanente organisée par thèmes: plumes, ambassades, sandales, cordes, croix, contenants… J’avoue que j’aurai aimé avoir plus d’informations sur certains objets.

Une salle présente de merveilleuses coiffes...
Une salle présente de merveilleuses coiffes…

Je retiendrai tout particulièrement deux fuseaux très décorés et des bijoux en pailles tressées.

Deux magnifiques fuseaux
Deux magnifiques fuseaux
Les expositions

Puis j’ai visité deux expositions temporaires, l’une sur les missions suisses au Mozambique et l’autre sur le mal du voyage qui montre bien les déformations que peut provoquer le tourisme sur l’artisanat local.

Par exemple au Pérou, une casquette avec des motifs shipibo (d’indigènes d’Amazonie, Nord du Pérou), normalement dessinés en noir (de fer) sur une toile teinte avec des tannins où est écrit Cusco (Andes du Sud du Pérou). Quelle étude de marché a fait produire un objet aussi insensé? Sans compter le fait que ces dessins ont une signification importante pour ceux qui les ont créés. Découpés en petits morceaux, ils deviennent de vulgaires motifs qui pourront être remplacés par d’autres au gré des modes.

Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco
Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco

On peut aussi y voir une video très instructive sur un groupe de femmes qui présentent avec un certain humour, mais très organisées, la teinture à la cochenille, au village de Chinchero à 20 minutes de Cusco que j’ai vu lors mon voyage au Tinkuy.

Le show est intéressant mais si rapide (les touristes sont toujours pressés) que l’on en se rend pas compte de la complexité et de la lenteur du travail représenté.

Cependant, ces femmes qui doivent être des artisanes qualifiées paraissent plus être des actrices. Quand ont-elles le temps de produire de l’artisanat si les groupes défilent les uns après les autres gratuitement et leur salaire provient des ventes? Quand je les ai rencontrées, il y a plus de 10 ans déjà, leur principal intérêt était de me vendre leur chapeau ou leur gilet, quand je cherchais de la laine d’alpaga et des plantes pour teindre en bleu et en rouge.

Certes la partie de l’exposition sensée représenter un marché artisanal faisait la part belle au Pérou qui est spécialiste de l’artisanat industriel, mais il y avait aussi des stands sur les Esquimaux qui produisaient de petites reproductions de kayak en impression 3D ou les imitations d’objets en ivoire africains…

J’ai oublié de prendre une photo des kayaks en plastique fluo. C’est dommage.

19 août

Jack a fini le métier à sprang, alors nous pourrons monter la chaîne demain et commencer à le tisser. Maintenant, il tient droit et devra rester fixé à une poutre. Au passage, j’ai appris le système de nœuds utilisé à cet effet.

Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Recharge du bain d’indigo

Puis, avec Jack nous avons complété la cuve d’indigo. Je l’ai testée comme d’habitude avec des visiteurs.

Recharge du bain d'indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests
Recharge du bain d’indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests

Elle m’a donné un bleu plus soutenu, nous avions récupéré l’eau de rinçage qui contenait certainement assez de pigments. Bien sûr, nous avons utilisé la même cruche.

Le bleu le plus foncé vient d'un simple trempage dans notre bain renforcé
Le bleu le plus foncé vient d’un simple trempage dans notre bain renforcé
Soie en ruban, test d'indigo
Soie en ruban, test d’indigo

J’ai cuit une casserole de cochenille où j’avais mis un peu de soie en ruban, un peu de soie de Madagascar décreusée, un peu de laine propre et du lin pour le sprang. Le tout était mordancé à l’alun avec un peu de vinaigre.

Retord Navajo

Puis, j’ai terminé de filer une bobine de laine de Thones et Martod sale au rouet. Je voulais tester le retord dit navajo avec cette laine. Ce type de retord est à la mode actuellement. Une seule bobine suffit.

Pour cela, il s’agit de retordre en faisant d’énormes chaînettes avec les mains. Ainsi, on obtient une laine à 3 brins. Je l’ai pesée, elle faisait 126 g. puis d’abord rincée, et enfin lavée avec un peu de savon liquide. Elle sera teinte avec des écorces de saule.

Autres teintures

François a coupé des branches de saule pour faire le fonds du coracle, il m’a laissé les écorces pour teindre. J’ai déjà mis à tremper cette laine dans le mordant pour la teindre avec cette teinture, on ne peut plus locale.

Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre
Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre

Comme prévu, j’ai commencé à préparer des étiquettes de prix pour la Fête de la Préhistoire qui approche à grands pas.

20 août

Bain de cochenille avec 70 g de laine de mouton valais filée au rouet, retordue au fuseau. Mordançage de la laine pour le saule.

Au matin, l’eau avait un peu jauni et montrait quelques petites bulles. Laine mise à tremper avec supplément d’écorces et de feuillage.

Bain de déchets de saules, démonstration prête pour la Fête de la Préhistoire

Maintenant, le sol du coracle est fini et est mis en place à sécher chargé de pierres pour qu’il prenne sa forme définitive, les tensions le font craquer le soir.

Maintenant, le coracle a son fond, il est prêt pour la Fête de la Préhistoire

J’ai fait des bobines avec les fils des rayures du sprang. Puis, j’ai commencé à monter la chaîne. Enfin, j’ai décidé de faire 4 petites tresses pour maintenir les débuts et fin de sprang, je ne sais pas si c’est nécessaire. C’est comme cela quand on expérimente en autodidacte. J’ai teint 2 des tresses en indigo.

Cordelettes pour les finitions du sprang
Cordelettes pour les finitions du sprang

Teinture en indigo d’un écheveau de laine de mouton et d’un autre en alpaga-soie beige, comme test. Pour le moment, c’est beau, nous verrons le résultat une fois rincé.

Plusieurs heures passées à faire des étiquettes en cuir avec l’adresse du site, le poids, le prix et le type de fibre, la teinture utilisée. Cela a été long. Maintenant, l’arbre à laines est doté de chiffres.

Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée...
Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée…

Quand j’ai sorti les laines de la cochenille, j’ai ajouté un peu de crème de tartre dans le bain, elles ont donné un rose assez soutenu. J’ai complémenté avec de la garance pour le lendemain.

J’ai aussi préparé un petit bain avec des déchets variés: épluchures d’échalotes, d’avocat…

François a joué de la cornemuse ce soir, c’était beau.

Puis, sont arrivés les constructeurs du coracle. Ils se sont décidés à aller l’essayer tout de suite, essai concluant. Ils ont décidés où ils débarqueraient pour l’arrivée des marchands lors de la Fête de la Préhistoire.

Le test s’est passé dans une très bonne humeur, comme d’habitude à Gletterens.

Fardeau de laines avant de décorer l'arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire
Fardeau de laines avant de décorer l’arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire

21 août – Demain, c’est la Fête de la Préhistoire

Nouvelles journée passée à doter de prix mes travaux, c’est difficile de faire ni trop cher, ni trop peu cher. Les visiteurs sont toujours trop pressés.

Colliers et  bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire
Colliers et bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire

Nouveau test du coracle, cette fois-ci avec les marchandises. Nouveau succès.

Journée très calme, Jack m’a imprimé des cartes de visite, car il ne m’en restait presque plus.

Nouveau bain de cochenille. Encore une expérience, reteinte d’un écheveau rose de cochenille en indigo. Un écheveau de bois de Campêche violet, le bain de déchets variés a donné un très beau jaune, il est resté à tremper.

Derniers préparatifs pour la Fête de la Préhistoire.

C’est la Fête de la Préhistoire

22 août

Il a beaucoup plu pendant la nuit, heureusement la journée a été assez belle.

Comme souvent, j’ai allumé les feux de bonne heure. Bain d’écorces et de feuilles de saules qui trempent depuis 2 jours, épuisement des bains de cochenille et déchets divers. Retord à la dernière minute de laine sale filée au rouet pour alimenter ces bains.

Je viens de retirer l'écheveau de l'aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture
Je vien de retirer l’écheveau de l’aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture

J’ai décoré l’arbre à laine avec les dernières teintures lavées le matin même, les nouvelles teintures de la veille et toujours les rubans et autres fibres non filées.

Les “marchands” débarquent les marchandises, il y a beaucoup de visiteurs. Je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de photos.

Arrivée des "marchands" avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Arrivée des « marchands » avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Les "marchands" de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises
Les « marchands » de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises

Une dame m’a donné 4 grands cônes de coton. C’est un beau cadeau, je pense en teindre une partie pour mes premiers galons aux plaquettes. Il va falloir les passer en écheveaux, les faire bouillir avec du savon et les mordancer.

Mise en écheveaux d'un cône de coton, avant mordançage et teinture
Mise en écheveaux d’un cône de coton, avant mordançage et teinture

Une Mapuche chilienne m’a enseigné à faire une tresse à 5 fils doubles, le résultat est très joli.

Les “marchands” ont bien vendu, surtout des laines teintes.

En fait, la journée est passée si vite que je n’ai presque `pas pris de photos. Il y avait beaucoup de monde.

Après la Fête…

23 août

Vers 6 heures du matin, j’ai vu une grosse pleine lune entre les arbres, j’ai eu beaucoup de mal à la photographier car le ciel s’éclaircissait plus en photo qu’en réalité. Puis, j’ai vu passer un écureuil brun foncé dans les arbres.

Encore une fois, j’ai vidé sur le compost les restes de végétaux qui encombraient les bains de teinture à filtrer.

Préparations pour le départ

J’ai beaucoup à faire pour préparer mon départ. Je dois préparer un peu mon itinéraire.

Il faudrait aussi que je fasse les derniers ecoprint tant que j’ai des casseroles, que j’épuise les bains ou les transforme en teintures ou pigments.

En fait, j’ai passé presque toute la journée à transformer un cône de 850 g de coton en écheveaux. Comme, j’avais besoin de nouveaux récipients pour filtrer les vieux bains et laver le coton, j’ai accompagné Tania à la déchetterie pour se débarrasser des ordures de la Fête de la Préhistoire, j’en ai profité pour récupérer quelques pots utilisables.

J’ai donné une deuxième vie à une bonbonne de bière en plastique, après avoir enlevé l’étiquette, je découvrais une grosse bouteille en plastique que j’ai pu percer avec un couteau en silex, puis j’ai continué aux ciseaux.

Découpe de la bonbonne de bière, déchet de la Fête de la Préhistoire qui deviendra un utile récipient

J’ai aidé Tania à démonter une petite yourte et j’ai beaucoup appris sur le montage de celles-ci, il faudra que je modifie mon article sur la yourte de Chevrainvilliers.

Détail de montage d’une yourte

Aujourd’hui, j’ai pu parler avec Mireille qui organise le Festival Yelen à Baulme en Septembre. Elle m’a confirmé que je pouvais y participer, elle aussi pratique la teinture naturelle et notamment le bogolan. Il me semble que cela va être très intéressant.

Dans la soirée, Doris et Martin sont venu ramener le petit hérisson souffrant à son nid. Il semble avoir récupéré sa santé, il a eu aussi droit à deux jours de nourriture spéciale pour lui. Je suis bien contente.

Doris remet le petit hérisson dans son nid
Doris remet le petit hérisson dans son nid, il aura même droit à un supplément de nourriture spéciale pour lui

Lorsque je rangeais l’arbre à laine, il m’est venu à l’idée de tester l’indigo avec de la soie tussah, le résultat est très beau, je vais sans doute recommencer demain.

24 août

Enfin, vient la teinture des écheveaux de coton, 2 en indigo, mordançage de 2 autres au lait, le reste est réparti entre un bain de cochenille-alun-crème de tartre et mordançage à l’alun.

Épuisement des bains, réduction pour transformer les restes en encre après tamisage. Les filtres à café en servent pas, ils se percent les uns après les autres. Je finis par aller chercher la vieille passoire pour les cendres aux toilettes sèches je l’ai recouverte d’une toile comme tamis.

Malgré le fait que j’épuise les bains, je suis assez contente des couleurs obtenues en coton.

Une dame qui vit au Mali et connaît des artistes qui travaillent le bogolan m’a invité chez elle là-bas. Ce serait passionnant. Mais, ce voyage semble un peu compliqué. Maintenant, alors que j’écris cet article, je me débats avec les bureaucraties tant française que chilienne, tout bêtement pour pouvoir rentrer au Chili.

J’ai commencé le bonnet jaune et violet que l’on m’a commandé dimanche. Je le finirai en voyage.

Dernières teintures sur coton et un peu de soie.

Beaucoup de vent.

Je commence à concentrer les bains. Dernière promenade à la déchetterie pour compléter la panoplie de vieilles casseroles.

Mise au compost des restes solides des bains.

25 août carnet

Fin de concentration des bains accélérée.

Rangement un peu brusqué de tout mon bazar, pour mon départ le lendemain.

Tri organisé rapide des bagages qui m’attendront au Village Lacustre jusqu’au Festival Yelen.

J’ai encore récupéré un peu de fibre de houblon qui avait eu le temps de rouir. Curieusement, j’avais rêvé de ces tiges de houblon.

Demain départ pour la Scandinavie

Prochain article pour bientôt… Si mes démarches pour mon retour au Chili m’en laissent le temps.

Gletterens, préparations

/// Gletterens, préparations/// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver)
Nouvel article du 21 juin 2021 — Mis à jour le 8 octobre 2021 —
Prochain articleLaver la laine
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352

Pour Gletterens 2021, il y a tant à faire que je ne sais plus par quoi commencer! En réalité, je m’y prépare depuis le Rassemblement Préhistorique de l’an dernier, au Village Lacustre. Depuis l’obtention de mon diplôme je mets les bouchées doubles… Je voudrais arriver à tout faire. Un prochain article fera le compte rendu de ces expériences.

Lectures et rencontres pour Gletterens

Comme de bien entendu toute nouveauté est précédée de rencontres et de lectures et bien sûr d’expérimentations.

Quelles lectures?

Les sources

Elles sont multiples et très variées, elles vont des bibliothèques des amis, les médiathèques municipales, ma propre collection personnelle que j’enrichis chaque fois que je le peux et sites aux internet, en passant par les inoubliables leçons de la nature.

Voici quelques précieuses sources internet:

  • hal.fr, thèses et articles en français
  • academia.edu, semblable, mais plus international, m’a beaucoup servi
  • libraryxyz, livres pdf ou epub, mais aussi beaucoup d’articles
  • bnf, multimédia, sur livres anciens, s’avère très intéressant parfois
  • archive.org, de nombreux documents anciens
  • wikipedia, n’est pas toujours sans intérêt, les articles sont parfois un peu légers, mais les liens tels que celui-ci, peuvent être intéressants
  • Pinterest, la recherche peut être longue, mais c’est très visuel et on peut y découvrir des pépites
  • video youtube
  • cours de Ver de Terre production
  • conférences du Collège de France, c’est agréable à écouter quand on file, tisse ou fait la cuisine et j’y ai beaucoup appris…

Quelle panoplie, je ne n’arrive pas à tout exploiter. J’ai de quoi faire pour les longues soirées d’hiver.

Le sujets

Comme vous le savez sans doute déjà, je ne me limite pas à la teinture et au travail des fibres.

Les video

Bien sûr, je continue à m’intéresser aux orties et aux autres plantes à fibres, j’ai donc vu de nombreux documentaires sur ces sujets, certaines sont listées dans cet article.

Les rencontres

Wwoofing

Comme Aline m’a amenée de nombreuses fois à la médiathèque d’Argentan, j’y ai puisé de nombreuses informations qui me seront utiles.

Elle m’a procuré une expérience prolongée de filage au rouet… Elle m’a aussi aidée à monter ma boutique Etsy. Cela m’a donné envie d’avoir un petit rouet de voyage qui me permettrait de filer un peu n’importe où.

Chez elle, j’ai rencontré Gregory, wwoofeur aussi, très doué en vannerie et construction végétale qui sera aussi présent à Gletterens en 2021…

Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021
Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021

Avec Grégory, les surprises ne manquaient pas.

Vue intérieure d'une "petite" hutte kanak que Grégory est entrain de construire
Vue intérieure d’une « petite » hutte kanak que Grégory est entrain de construire, un peu trop long pour en construire une à Gletterens tout de suite, mais qui sait un jour…

Aline m’a aussi présenté une de ses amies tisserande et dentellière qui m’a beaucoup enseigné. J’ai vu chez elle de magnifiques outils anciens.

Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière
Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière

Chez Gilles, j’ai beaucoup appris sur les moutons, sur le cidre accessoirement et sur beaucoup d’autres choses passionnantes…

Je lui dois aussi une très bonne laine brute que j’ai répartie entre filature et feutrage. Toutes les laines que j’ai filées ont été tissées et teintes.

Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens
Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens

Amis

Monique, Gérard, Aline et beaucoup d’autres m’ont beaucoup aidée dans mes recherches et je ne les remercierai jamais assez.

Musées

Dès l’ouverture des musées, Monique m’a amenée au Musée des Civils pendant la Guerre à Falaise et Gérard m’a fait visiter le Musée de la Préhistoire à Nemours.

Fragments de textiles datant de l’âge du Bronze, Musée de Nemours

Nouveautés pour Gletterens

Nouvelles matières premières

Orties, nouvel essai

Chez Gérard, j’ai fait un nouvel essai pour récupérer des fibres d’orties, d’après des informations recueillies sur internet qui a raté encore une fois. J’attends le prochain Rassemblement Préhistorique et de faire la connaissance de Jacques Reinhard pour en savoir plus.

Test pour obtenir des fibres d'orties, mais aussi mauves et liber des baguettes que j'ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens
Test pour obtenir des fibres d’orties, mais aussi de mauves et de liber des baguettes que j’ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens

À Falaise, j’ai eu l’occasion de briser des tiges de roses trémières qui avaient roui naturellement pendant l’automne et l’hiver, elles contenaient de fines fibres blanches, mais il faudrait en avoir de grandes quantités pour en tirer un écheveau ou une bobine…

Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j'ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n'y avait plus de graines pour Gletterens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j’ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n’y avait plus de graines pour Gletterens

Nouveaux tissages pour Gletterens

Les nouvelles matières, les limitations matérielles et le peu de temps disponibles m’ont obligé à essayer d’innover. De plus, je ne pouvais pas revenir à Gletterens qu’avec ce qui me restait de l’an passé. Il fallait du nouveau et de la variété.

Alors, j’ai fait quelques écharpes en laine, deux ponchos légers en coton et lin, des petites pochettes, des bracelets… Vous les verrez dans le prochain article sur Gletterens 2021.

Outils qui sortent du commun, spécial Gletterens

Comme je suis toujours à la recherche de nouveaux outils: fuseaux, métiers à tisser… je m’équipe de mieux en mieux. Vu que cela prend de la place, il faut aussi que j’essaie de faire petit et léger.

Fuseau maya, une nouveauté pour Gletterens

Petite découverte fascinante due à Pinterest. Les rares producteurs étant soit aux États-Unis, soit en Angleterre, je me suis décidée à en faire ma propre version bricolée.

Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne
Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne, j’en ferai une version plus rustique pour Gletterens

C’est très facile à manier et j’ai même pu filer fin avec. En outre, il est démontable, léger et n’occupe que peu d’espace.

En outre, il est totalement archéocompatible. Il suffira de le refaire avec des matériaux moins élaborés que ceux-ci.

D’ailleurs, bien avant le néolithique, des tablettes assez proches servaient à tordre des cordons, ficelles et cordes.

Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d'usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil
Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d’usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil

Fuseau turc léger

Le fuseau turc est très intéressant car il fournit directement une pelote prête à l’usage.

A la fin de mon séjour en Suisse, à Gletterens, l’an dernier, mes amis bronziers m’avaient amené voir une immense boutique de laines. Je m’en suis acheté un. Malheureusement, il est un peu trop lourd, à mon goût.

Ma version est beaucoup plus légère et économique. En effet, le plus léger pèse 7 grammes.

Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, nouveauté pour Gletterens
Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, autre nouveauté pour Gletterens

Fuseau basque

Je l’ai découvert très récemment sur Pinterest et Gérard m’en a fait un à sa façon. Ce fuseau aussi fournit une pelote prête à l’usage.

Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l'essai. Ben qu'assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens
Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l’essai. Ben qu’assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens

« Métier » à bracelets

Vu que je n’ai pas de grosses quantités de laine, le filage au fuseau est très long et qu’il ne me reste presque plus de grandes pièces tissées, je me suis mise à tisser des bracelets et des pochettes.

J’ai cherché un outil archéocompatible (mon métier à clous ne l’est pas).

Voici ce que j’ai trouvé.

Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens
Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens

Lavage de laine

Pour ne pas partir avec autant de laines sales, avec des déchets, j’ai aussi fait des essais concernant le lavage de la laine.

Aussi, j’ai essayé d’éliminer de la paille qui rendait une laine d’alpaga difficile à filer. J’ai tenté une recette vu dans des livres pourtant sérieux décrivant une technique industrielle pour débarrasser les laines des déchets végétaux. Il s’agit de les faire tremper dans une solution à 5% d’acide sulfurique ou chlorhydrique. J’ai testé l’acide sulfurique disponible en bouteille au supermarché.

Alors, j’ai essayé à plusieurs concentrations, j’ai laissé agir pendant plus d’une semaine, mais apparemment pas d’effet, les pailles étaient toujours là.

Je m'attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu'elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d'une semaine.
Je m’attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu’elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d’une semaine.

Feutre

Mes tests de lavage m’ont incitée à feutrer certaines laines.

Préparation d’une écharpe en feutre, laine de brebis Thones et Marthod, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens

D’autres n’ont absolument pas voulu feutrer (shropshire), je les ai préparées pour le filage, certaines ont été teintes chez Gérard.

Ces laines n'ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens,
Ces laines n’ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens, elles ont juste eu le temps de sécher avant mon départ

Autres techniques

Suite à la rencontre de Grégory, le constructeur de huttes kanak, je me suis plus intéressée à la vannerie, technique probablement ancêtre des textiles.

Poursuite de Gletterens l’an dernier

Matières premières non touchées avant Gletterens l’an dernier

Soie, lin, chanvre…

Avant de venir en Suisse, je n’avais pas pu tester ces matières si renommées. Depuis, grâce à mes amis bronzier, j’ai pu essayer de les filer et j’ai même osé les travailler.

Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens
Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens

Lapin angora

Il y a longtemps, j’avais un peu testé les fibres de mes lapins à Mamiña, mais j’en avais si peu que c’était comme si j’en avais pas eu. Avec Monique, nous sommes allées voir un producteur de fibres d’alpaga et de lapin angora.

Ce lapin angora est si poilu qu'on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Ce lapin angora est si poilu qu’on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens

Ecoprint pour Gletterens

Test d’autres plantes en ecoprint pour Gletterens

Depuis, mon arrivée en France, j’ai d’abord accumulé des toiles à teindre (draps et vieux vêtements, mais aussi toiles de soie). Puis, chez Monique et chez Gérard, j’ai eu l’occasion de partager cette technique.

Nouveaux ecoprint pour Gletterens
Nouveaux ecoprint pour Gletterens

Autres supports

À Falaise, j’ai acheté et testé des écharpes en laine fine, une toile de matelas et une toile légère de soie.

Ecoprint sur écharpe en laine fine
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens

Filage pour Gletterens

J’ai filé au rouet pendant près de 4 mois, chez Aline. J’ai donc pu tester plusieurs variétés de laines et dans mes temps libres testés les soies, chanvre et autre lin que j’avais ramenés de Suisse.

Peu de temps avant mon départ pour Gletterens, j’ai reçu un paquet de fibres de bison, cadeau d’Éric d’Archeoshop, Je me suis dépêchée de tester ces fibres, d’abord seules, mais elles sont assez courtes, puis mélangées à de la laine de mouton sale. Là, cela se filait un peu plus facilement. Nouvelle expérience sympathique.

Essai de filage de la fibre de bison d’Éric, seule, pour Gletterens

Cette fibre n’est pas très facile à filer seule, comme c’est le cas pour beaucoup de fibres difficiles à travailler, je l’ai mélangée avec de la laine de mouton, cela améliore la cohésion du fil.

Début de filage, bison et laine pour Gletterens

Voici, les deux produits finaux après retors.

Voici deux échantillons pour Éric, je les lui donnerai quand il arrivera à Gletterens

Filets

Lors de ma visite au Latenium à Neuchatel, l’an dernier, j’ai vu un autre outil ancien pour les filets, à tester.

Je ne me suis pas encore fait cet outil, je pensais le faire à Gletterens, mais je n’en ai pas eu le temps
Après les Rencontres Préhistoriques à Gletterens, je suis allée visiter le Latenium, j'y ai découvert cet outil à tisser des filets
Après le Rassemblement Préhistorique à Gletterens, l’an dernier, je suis allée visiter le Latenium, j’y ai découvert cet outil à tisser des filets

Arrivée à Gletterens en avance

Arrivée le 14 juillet

Voyage sans encombre, un grand merci pour Gérard qui m’a accompagné jusqu’au train à la Gare de Lyon. Des Suisses inconnus m’ont beaucoup aidé avec les bagages au changement de train à Lausanne.

Seul mon petit charriot m’a lâchée juste en arrivant à Gletterens, mais c’est sans doute réparable.

Avec surprise, je découvre l’inondation. Par la suite, le petit supermarché fermera pendant 3 jours de crainte des coupures de courant dues au débordement du Lac de Neuchatel. Tous les lacs de la région ont largement débordés.

Je devais repartir en laissant l’essentiel des bagages pour revenir quelques jours avant le Rassemblement Préhistorique, mais on a eu pitié de moi, ma tente n’était pas adaptée à la météo du moment. On m’a dit de m’installer dans un des abris préhistoriques qui était parfaitement sec.

Du 15 au 19 juillet

Coutures des ourlets sur les écharpes en soie, j’ai tenu à le faire avec des files de soie, ma soie était très emmêlée et j’ai passé beaucoup de temps avec cela.

Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Finition au crochet des pìeces d’ecoprint, à Gletterens en préparation des Rencontres Préhistoriques

En outre, j’ai aussi raccommodé avec de la soie les petits trous des bouffettes sur les sacs en toile de matelas écoprintés. Pour les sacs, il me reste à faire les lanières que je tresserai avec du lin et du chanvre que j’ai filé au fuseau. Ce sera solide.

Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens
Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens

Préparation de nouveaux fuseaux compatibles néolithiques.

Reproduction d’un fuseau trouvé dans une tombe à La Ligua visible au Musée de La Ligua. Là-bas, on m’avait dit qu’il n’avait certainement pas du être utilisé, que ce devait être une miniature. En effet, il était constitué d’un simple bâtonnet et d’une petite huître percée au centre.

Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d'un fuseau traditionnel péruvien
Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d’un fuseau traditionnel péruvien

Les amis de Gletterens m’ont aidé, ils m’ont fourni un petit coquillage, Tatiana l’a percé en frottant l’extérieur d’abord sur une pierre à polir, puis avec un poinçon en silex elle a préparé le trou à l’intérieur, puis elle l’a terminé à la vrille préhistorique.

J’ai trouvé une baguette, je l’ai tout de suite testé avec de la laine mouton. Cela fonctionne bien, il est très léger et peut filer très fin, seulement on ne peut pas produire de grosses bobine avec.

Fabrication d’un fuseau Maya à partir des matériaux du bord. Finition d’autres fuseaux Maya avec des perles ajustées avec une colle néolithique à base de brai de bouleau.

Fuseau dit « maya », recontitution archéocompatible à Gletterens

20 juillet

Pour le Rassemblement Préhistorique, il faut dans la mesure du possible utiliser du matériel qui ne soit pas anachronique.

Et nous manquons de casseroles, il va falloir en faire en argile.

Préparation de l’argile

À Gletterens, il y a un tas d’argile qui sert pour le torchis des murs des maisons, elle doit être bonne, mais elle a été envahie par les racines des arbres et quelques ronces.

Tas d'argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n'ont pas encore disparu de Gletterens
Tas d’argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n’ont pas encore disparu de Gletterens

J’en ramasse un paquet dans un sac poubelle. D’abord, je l’égraine dans un seau d’eau.

Puis, je malaxe bien le résultat, il reste encore beaucoup de radicelles. Enfin, je vais essayer de la tamiser. Puis je la laisse décanter dans un bac en espérant qu’elle sèche. Heureusement, il fait beau et chaud avec un peu de vent. J’essaie d’éliminer les quelques centimètres d’eau qui surnage.

Tentative de préparation de l’argile à Gletter

Le matin, au petit déjeuner, j’ai la visite d’une petite mésange charbonnière très entreprenante. D’abord, elle me picore les mains, puis elle saute sur mes genoux, s’accroche à mon pull, grimpe sur mon épaule et enfin sur ma tête.

Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens
Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens

21 juillet

Je vais chercher un nouveau seau d’argile le matin.

Cette fois-ci, je fais plus simple et rapide. Je rajoute l’eau dans le seau. Puis le soir, je malaxe, j’enlève à la main les grosses racines et je tamise deux fois.

Je laisse décanter la nuit.

22 juillet

D’abord, j’élimine l’eau qui surnage dans les deux récipients. Le premier est déjà plus consistant.

Bac d'argile qui s'assèche à Gletterens
Bac d’argile qui s’assèche à Gletterens

Normalement, j’aurai du aller chercher du sable fin pour amaigrir une partie de cette terre, mais elle est déjà très sablonneuse. Puis, dès que la terre aura une bonne consistance je la battrai pour éliminer les bulles d’air. Enfin, j’essaierai de faire quelques perles et fusaïoles, avant d’essayer de faire des casseroles. De toute manière, la quantité préparée est sans doute insuffisante. Et il faut laisser le temps à la terre de sécher avant de la cuire.

Fusaïoles et perles qui sèchent à Gletterens

Donc, aujourd’hui, la terre sèche tranquillement.

Je suis allée récolter des orties pour refaire des essais. Doris m’a gentiment indiqué ce qu’elle avait fait l’an dernier:

    • Récolte
    • Enlever les feuilles
    • Faire des bottes et les mettre à sécher
    • Une fois sèches, il faut les mettre à rouir
    • Une fois rouies, il faut les refaire sécher
    • Puis, il faudra les battre pour récupérer les fibres à filer

J’ai récupéré les feuilles pour la teinture.

Belles orties de Gletterens
Belles orties de Gletterens

D’autre part, j’ai commencé à récolter des graines de cornouiller sanguin et de bourdaine qui font partie des fameuses “Graines d’Avignon” que je n’ai pas encore testées.

De gauche à droite, plantain, feuilles d'orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour les Rencontres Préhistoriques
De gauche à droite, plantain, feuilles d’orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour ls Rassemblement Préhistorique, pour le moment cela donne un peu de vie à la Maison du Feu

Puis, j’ai avancé sur le poncho entouré de filet. J’avais déjà fait deux côtés, il m’en restait deux autres. J’en suis à la moitié du troisième côté.

Bordures au filet, avec une navette fine pour ce poncho spécial Gletterens

23 juillet

Nouvelle récolte d’orties, il y en a de très grandes. Préparation après quelques heures de séchage, elles piquent un peu moins. Je voudrais les photographier à la loupe. C’est vrai que cela pique, mais on finit par oublier et cela fait du bien aux articulations, je dors mieux la nuit…

Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens
Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens

J’avance sur le filet de bord du poncho, je viens d’attaquer le 4ème côté.

L’argile sèche petit à petit, premier essai de perle.

Gletterens, l'argile commence à prendre de la consistance
Gletterens, l’argile commence à prendre de la consistance, traces de gouttes de pluie

Tressage d’une lanière à 5 fils de lin et soie pour 1 sac ecoprint sur toile à matelas.

Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas
Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas

24 juillet

Petite visite à la déchetterie pour chercher de la ferraille pour la soupe de clous et de vieilles marmites pour la teinture. En effet, ma marmite archéocompatible ne sera certainement pas prête à temps pour les Rencontres Préhistoriques, la semaine prochaine. Les déchetteries sont une source d’approvisionnement très riche en Suisse.

Disparition insolite de l’argile encore mouillée entre 6h30 et 9h00. Donc, préparation d’argile nouvelle.

Couture de la lanière sur le sac, elle était trop fine, je l’ai agrémentée de 2 rangs de crochet de chaque côté.

Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens
Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens

Tressage d’une lanière à 8 fils de chanvre que j’ai du retordre auparavant. Pour la même longueur de fil, elle était plus courte et beaucoup plus longue à tresser. Elle est très douce au toucher.

25 juillet

J’ai tamisé et laisser reposer l’argile qui trempe depuis la veille.

Tressage d’une autre lanière, cette fois-ci combinaison de chanvre et lin-soie. Le résultat me plaît, mais c’est très long.

26 juillet

Tamisage de l’argile

Nouvelle tresse á 8 huit brins et une autre à 10 est presque finie.

J’avance sur le filet du bord du poncho, il ne me manque que 3 rangs.

Les mésanges viennent visiter l’abri préhistorique, elles sont vraiment très curieuses. Leur visite me met de bonne humeur le matin.

27 juillet

Je viens de m’installer dehors pour taper ce texte. Les mésanges viennent manger les miettes, se promènent sur le clavier, elles sont si légères qu’elles ne tapent pas de texte incongru. Puis, elles me picorent les pieds.

J’ai fini les tresses pour les sacs en ecoprint. Elles m’auront pris plusieurs jours.

Comme, j’ai fini le poncho entouré de filets., j’ai commencé la ceinture en filet.

Démarrage d'une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens
Démarrage d’une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens

Arrivée de Gregory, je suis contente qu’il ait pu venir, je pense que ce sera une bonne expérience.

28 juillet

Nouvelles visites des mésanges affamées par la pluie.

D’abord, j’ai cousu toutes les lanières des sacs ecoprint, Je suis contente, mais j’ai passé beaucoup de temps dessus.

Puis, j’ai rangé les bacs d’argile sous clef, car elle est presque assez sèche.

Enfin, j’ai récupéré les écorces de cornouillers et de noisetiers que Gregory a coupées pour faire le châssis pour le tannage de la peau de bison. Elles me serviront pour teindre. La texture du bois de cornouiller est très belle.

À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles
À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles

29 juillet

Poursuite de la ceinture en filet. J’en aurai pour un bon moment, elle n’est pas large, mais c’est très long.

Pour Gletterens, filet à mailles fines
Pour Gletterens, filet à mailles fines

Enfin, j’ai fini le dernier sac, je peux passer à d’autres taches.

Moulage d’un grand bol avec de l’argile que m’avait amenée Doris, j’espère qu’il se démoulera sans problème, pour le moment il sèche dans l’abri préhistorique.

Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement
Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement

J’ai encore fait deux fusaïoles et quelques perles.

Fusaïoles et perles en argile
Fusaïoles et perles en argile

J’ai testé la terre que j’ai tamisée, car elle commence à sécher. Elle se fendille quand on la modèle. Il paraît qu’il faut battre cette terre.

Je ramasse tous les jours de nombreuses feuilles de peupliers attaquées par un insecte qui provoque une boursoufflure sur la tige. C’est intéressant en teinture, car ces boules dues à un parasite concentrent les tanins.

Feuilles de peuplier atteintes par un parasite
Feuilles de peuplier atteintes par un parasite

30 juillet

Récolte de petits pois sauvages, dans le jardin. Il fallait le faire car les gousses commençaient à s’ouvrir et les graines se perdaient.

Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens
Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens

Ramassage d’une grosse botte d’orties

Le soir arrivée des premiers participants au Rassemblement Préhistorique: Andreas – tannage et pièges, il est chimiste, Dominique – tannage à la cervelle est aussi chimiste, Eric – silex, flûte, créateur d’archeoshop.com, puis François et trois amis. Grosse déception Pierre le Frondeur n’a pas pu venir.

Fin de soirée très agréable avec concert folk celtique… Filature de poils de lapin angora, fibre courte qui vole mais feutre aussi avec facilité.

Demain commencent le nouveau Rassemblement Préhistorique!!! Nous sommes prêts, la suite vient dans un prochain article.

Gletterens 2022

Nous espérons tous pouvoir nous revoir l’an prochain à Gletterens.

La casserole spéciale

Quelle drôle de casserole…

Depuis que j’ai lu ce grand livre de Dominique Cardon, il y a quelques années, une photo a retenu toute mon attention, une casserole en tôle ondulée utilisée dans une île de Micronésie pour remplacer un tronc d’arbre évidé. Vous pourrez trouver la photo de ce livre sur ce site.

Elle était utilisée pour des teintures à l’eau de mer, j’espère qu’elle supportera bien les bains plutôt acides que nous utilisons plus souvent.

Photo de l'illustration du livre de Dominique Cardon qui a servi de modèle
Photo de l’illustration du livre de Dominique Cardon qui a servi de modèle

J’étais encore à Longotoma, près de La Ligua, lors de me premières expérimentations, j’avais déjà acheté une tôle, pour faire des essais.

Malheureusement, je n’avais pas d’expérience en travail de la tôle, j’aurais certainement dû la chauffer et je ne l’ai pas fait, elle s’est percée et a fini comme cuisinière solaire.

Tests de teinture solaire à Longotoma (La Ligua)
Tests de teinture solaire à Longotoma (La Ligua)

Mon ami Uldis connaît un spécialiste à Concón, un certain Mac Giver, qui a su transformer une veille tôle ondulée en super casserole.

Arrivée de la super-casserole à l'atelier de teinture
Arrivée de la super-casserole à l’atelier de teinture

Arrivée de la super-casserole à l'atelier de teinture
Arrivée de la super-casserole à l’atelier de teinture

Arrivée de la super-casserole à l'atelier de teinture
Arrivée de la super-casserole à l’atelier de teinture

Nous l’avons donc essayée juste avant que je parte pour Concón.

casserole spéciale
casserole spéciale

La tôle avait quelques trous que Mac Giver n’avait pas bouchés, j’ai utilisé une veille et surprenante technique chilienne pour boucher les trous, cela a parfaitement fonctionné. Il s’agit d’introduire un petit bout de chiffon dans le trou.

Bouchon en chiffon
Bouchon en chiffon

Elle avait un encore un petit trou dans un coin, Uldis l’a colmaté avec quelques pelletées de sable du ruisseau. Nous l’avons donc testé avec quelques écheveaux de laine blanche et un vieux poncho que je pense transformer en tableau abstrait.

casserole spéciale
casserole spéciale, le bain de teinture

Nous avons teint avec des feuilles et de jeunes branches d’eucaliptus et des jeunes ronces.

casserole spéciale
casserole spéciale, le résultat

Cette super casserole permet de teindre d’assez grandes quantités de laine facilement en un seul  bain.

Nous pensons demander à Mac Giver qu’il nous en fasse quelques autres pour les cours. J’espère qu’il saura aussi me réparer toutes mes casseroles percées.

Les casseroles sont en effet un problème en teinture… Celle en aluminium qui sont les moins chères et les plus légères à manier ne durent pas. Les acides des teintures attaquent l’aluminium et les percent rapidement.

Les casseroles émaillées sont l’idéal, mais elles sont très lourdes et il ne faut pas qu’elles soient ébréchées, parce que le fer sous l’émail est aussi attaqué par les bains de teinture et modifie aussi les résultats.

Les casseroles en fonte et les bidons de pétrole coupés en deux s’oxident et libèrent du fer qui modifie beaucoup le résultat et abîment la laine.

Le meilleur serait l’acier inoxidable.

Je n’ai pas encore essayé la terre cuite, il faudrait que j’essaie de m’en fabriquer une, si possible avec de l’argile blanche (à cause du fer). Je n’ai pas encore d’expérience en céramique, j’espère que mes amis céramistes de Santa Fe en Argentine pourront m’aider pour cette expérience. Le résultat risque d’être très lourd… Un peu lent pour monter en température, mais devrait garder plus longtemps la chaleur.

casserole spéciale
casserole spéciale

Plus la casserole est grande, mieux c’est, car il ne faut pas oublier qu’en général, il faut 3 kilos de plantes pour un kilo de laine, et tout cela prend de la place… D’autant plus que plus lentement chauffe le bain de teinture avec la laine, moins celle-ci souffre, une petite casserole chauffe beaucoup plus vite, a toujours tendance à déborder. Il est aussi très difficile d’obtenir deux bains exactement semblables…

Quand je suis revenue à Concón après un court séjour à Puerto Montt, nous avons voulu retester cette casserole spéciale, avec des chardons cette fois-ci. Je n’avais pas de pierre d’alun (introuvable à Viña del Mar). J’ai donc mis un peu de sulfate de cuivre.

Bain de teinture prêt
Bain de teinture prêt

Mise à feu de la super casserole
Mise à feu de la super casserole

Uldis a voulu réaccomoder la casserole qui avait tendance à se déformer avec la chaleur du feu. Elle s’est renversée.

Casserole renversée
Casserole renversée

Les chardons avaient tout de même donné un peu de teinture, le lendemain j’ai récupéré les laines et les ai fait sécher. Les chardons étaient aussi piquants que s’il étaient frais, on observe le même phénomène avec les ronces, la chaleur ne les ramollit pas.

La super casserole renversée, le lendemain
La super casserole renversée, le lendemain

Laines qui sèchent
Laines qui sèchent

De retour à Puerto Montt, je les ai postmordancées au sulfate d’aluminium, avec d’autres essais faits à Concón, ils ont pris plus de couleur.

Laines après postmordançage au sulfate d'aluminium de retout à Puerto Montt
Laines après postmordançage au sulfate d’aluminium de retout à Puerto Montt


Save

Save

Cochenille, cochenille, cochenille…

/// Cochenille, cochenille, cochenille… ///
Article du 12 août 2017, modifi´é le 27 avril 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

La cochenille est une de mes teintures naturelles préférées, la force de sa couleur peut donner l’impression qu’elle est artificielle. Cet article est un des premiers de ce blog et j’y reviens pour la seconde fois. Je viens d’avoir une conversation très intéressante avec un Tunisien qui était très préoccupé par le sort des figuiers de Barbarie de Tunisie. Cela m’a poussée à chambouler l’ordre des mises à jour de mes articles.

J’ai beaucoup d’expériences et d’informations nouvelles sur la cochenille, il était temps de les partager.

Cochenille, surprises assurées

Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Cochenille sous influence du fer
La cochenille sous influence du fer

Cochenille qui teint,
cochenille qui ne teint pas ?

Le terme cochenille désigne un certain nombre de parasites dont seule une infime minorité sert en teinture. Les petits insectes que vous pouvez trouver aux pieds de vos arbres fruitiers ne teignent généralement pas. Rien n’empêche de les tester, cependant.

Nous ne intéressons donc pas à la cochenille farineuse.

J’ai été très surprise de voir récemment sur internet des photos de coléoptères associées aux teintures-additif E120 utilisés en alimentation. Il y a certainement une erreur qui prête à confusion.

Ce ne sont pas des doriphores! Il est à noter que la cochenille n’attaque que les palettes (feuilles) et non les fruits du figuier de barbarie. Cependant, les fruits deviennent très amers.

Voici la vraie cochenille

Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou
Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou

Le colorant de base, l’acide carminique, des cochenilles sèches, entières ou moulues. Si vous voulez teindre avec de la cochenille fraîche, il faudra en utiliser plus.

Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille moulue, prête à l'emploi
Cochenille moulue, prête à l’emploi

Un peu d’histoire

Anciennement, il existait différentes espèces de cochenille servant en teinture, mais elles sont pratiquement toutes disparues ou sont en voie d’extinction :

  • Dans le sud de la France on élevait les vers de kermes, sur les chênes kermes, qui donnait un rouge très luxueux. Quand la cochenille mexicaine est arrivée en Europe, ce marché a été bousculé et a fini par disparaître. Donc, le vers de kermes n’a plus été multiplié et son support, une espèce de chêne, est aussi devenu très rare…
  • il existait aussi une cochenille polonaise et une cochenille d’Arménie, celle-ci vivait dans les racines de certaines plantes des marécages, elle sont aussi en voie de disparition, les marais étant asséchés pour l’agriculture…
  • on mentionne aussi parfois une espèce égyptienne utilisée dans l’Antiquité, mais les spécialistes en doutent encore…
  • en outre, il existe une autre sorte de parasites cultivés sur des arbres en Inde. Il donnent à la fois un colorant rouge (maintenant peu exploité, vue la concurrence des teintures chimiques) et un vernis le lacq qui est encore utilisé… je reprends de mémoire des informations beaucoup plus détaillées dans les livres de Dominique Cardon, mais que je n’ai pas sous la main.
Test d'Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune
Test d’Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune

Toutes ces teintures ont eu une très grande importance, le rouge et particulièrement ces rouges nobles étaient l’apanage des élytes, qui se protégeaient par des lois somptuaires, dès l’Antiquité.

Que reste-t-il ?

La teinture avec le tissage et les tanneries furent les premières industries à se développer et eurent une importance considérable dans l’histoire.

Il ne reste donc plus que la cochenille du nopal (nom mexicain du figuier de Barbarie, au Pérou et au Chili, on parle de Tuna) qui ait encore une certaine importance, mais plus dans le textile, essentiellement dans l’alimentation et les cosmétiques. Les colorants artificiels sont interdits dans l’alimentation en Europe. La garance n’a pas d’autorisation pour d’éventuels effets sur le coeur.

La cochenille seule, se maintient et son marché vient de subir récemment un regain d’intérêt qui a provoqué une flambée des prix.

D’où vient la cochenille ?

La cochenille (dactylo coccus) provient d’un petit insecte parasite du figuier de barbarie (opuntia) et de quelques autres cactus. On exploite la femelle quand elle est prête à pondre ses oeufs. Elle ne mesure pas plus de 3 mm. Celle-ci n’a pas d’ailes, et ne bouge pratiquement pas de l’endroit où elle est née.

Quand la larve naît elle s’accroche au nopal et commence à sucer sa sève. Quand elle est au stade adulte, c’est le mâle qui est beaucoup plus petit et qui a des ailes qui vient la féconder.

Elle vit cachée sous une couche d’une espèce de cire qu’elle produit pour se protéger. Dans la nature, c’est le vent qui les répandent en arrachant parfois des larves de leur feuille.

La cochenille d’élevage est de meilleure qualité, contient plus d’acide carminique, car leurs éleveurs les protègent au maximum et elles produisent moins de cire protectrice. Cette cire pose de petits problèmes lors de la teinture. Donc, moins il y en a, mieux c’est…

Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l'atelier d'un groupe d'artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou
Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l’atelier d’un groupe d’artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou

D’où vient la cochenille

Elle était à l’origine élevée au Mexique sur les figuiers de barbarie appelés Nopal localement. Le Nopal est une plante très importante au Mexique, non seulement pour la cochenille, mais il sert aussi d’aliment courant sous différentes formes et il est aussi médicinal. Un paysan de La Ligua (Chili) me disait que les vaches aiment bien brouter les Figuiers de Barbarie.

La cochenille est aussi médicinale dans le Nord de l’Argentine, où elle existe encore, mais est très rare. On l’utilise pour des affections respiratoires.

Les peuples originaires du Mexique ont très tôt vu des atouts dans ce petit parasite, qu’il se sont mis à élever pour la jolie teinture rouge carmin qui en est tirée.

Il y a un vocabulaire très ample en Nahuatl et dans les différentes langues indigènes d’Amérique Centrale concernant les variétés de ces insectes sauvages ou élevés, les peintures, les teintures obtenues…

Au Pérou et au Chili

Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile
Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

Par la suite les Incas et certainement d’autres peuples précolombiens avant eux, ont collecté, puis élevé la cochenille, que l’on retrouve utilisée dans de nombreux et magnifiques textiles précolombiens.

Pagne précolombien, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La qualité des couleurs des textiles des Indigènes surprirent les Espagnols quand ils arrivèrent en Amérique. Outre les richesses métalliques (or, argent, étain…), de nombreuses matières tinctoriales furent l’objet d’une exploitation à outrance provoquent des désastres économiques à leur arrivée en Europe (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). La cochenille en faisait partie, mais aussi le Campeche, le Pau Brasil, le Quebracho…

Métier à tisser qui s’attache à la ceinture, avec sa chaîne montée, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La cochenille aujourd’hui

J’aurais certainement l’occasion de vous donner plus de détails, quand je pourrais voyager au Mexique prochainement.

Lors de l’IFPECO de Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer un spécialiste de la cochenille. J’irai le visiter dès que possible.

Il y a quelques années, j’avais fait spécialement quelques jours à Moquegua, au Sud du Pérou, pour en acheter. Dans cette zone, la plupart des figuiers de Barbarie sont infestés. Cela se voit depuis le bus.

J’étais passée dans un bureau du Ministère de l’Agriculture, pour savoir où je pourrai en trouver. On m’a demandé combien de tonnes j’en voulais. On m’avait donné quelques adresses pour en acheter au détail.

La foto est un peu floue, je l'ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature
La photo est un peu floue, je l’ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature

Lors de ce voyage, en passant en bus à travers un petit village qui s’appelle La Joya (le bijou), j’ai vu des grands tas au bord de la route. Ce n’était pas des tas de sable, mais des tas de cochenille.

Pendant mon dernier voyage au Pérou, fin 2018-début 2019, j’ai voulu en racheter. J’avais  plusieurs adresses où en acheter, cette fois-ci, il n’en restait qu’une à Moquegua. À Arequipa, zone de production, je n’ai pas réussi à en acheter.

À La Joya, les tas avaient disparu.

Les prix avait beaucoup augmenté. Maintenant, ils exportent les figues de Barbarie, et pour cela, on ne peut plus laisser se développer les cochenilles, car elles rendent les fruits amers.

Belle couleur et problème écologique

En Europe, la cochenille a été introduite dans les Iles Canaries. Je viens de découvrir qu’elle était entrain de s’étendre maintenant à l’Andalousie et à grand partie du Maghreb où elle pose de sérieux problèmes. Mais, je ne sais pas s’il s’agit d’une espèce tinctoriale qui fait des ravages.

Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne
Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne

Par curiosité, j’ai gratté un peu,, pour mieux observer.

Je n'ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées
Je n’ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées

Dans ce très beau jardin botanique, il y avait toute une série de pieds de nopal de variétés différentes, seul ce pied-là était attaqué.

Je viens d’avoir la confirmation, lors de cette conversation téléphonique, du fait que ces parasites se développaient en Tunisie.

Ce ne serait pas la première fois, à Madagascar, une amie me racontait qu’en 1825 les Français, pendant la colonisation l’avait déjà introduite. Ils ont ainsi gravement accéléré ainsi la désertification, puis elle semble avoir disparue.

Je lisais aussi récemment la relation d’un problème semblable en Australie sur des surfaces encore plus importantes, où les figuiers de Barbarie s’était follement développées.

Comment utiliser la cochenille ?

Elle est généralement vendue sèche. Au Pérou, on peut la trouver fraîche. Mais, je ne l’ai pas testée ainsi.

Je les toujours achetées sèches, au Pérou, pour pouvoir leur faire passer la douane pour rentrer au Chili, et ce non sans difficultés. Bien que cela soit expressement autorisé par un texte du SAG, organisme qui prétendait se les approprier.

Au Chili, il y a eu quelques tentatives avortées d’élevage, notamment dans la région de la Serena, près d’Ovalle et près d’Iquique, dans le Grand Nord chilien, à La Huayca.

Là, on raconté l’histoire de quelqu’un qui avait planté 5000 pieds de Nopal, ou plutôt de Tuna comme on dit au Chili. Pour qu’ils prennent bien, on les avait accompagnés de crottes de chèvres et de mouton comme engrais. Peu de temps après, il avaient 5000 pieds de Tamarugo, sorte d’acacia local, dont les troupeaux avaient mangé les graines. La région s’appelle la Pampa del Tamarugal, le Tamarugo comme tous les acacias a une racine pivotante qui peut plonger sous terre à plus de 40 mètres de profondeur.

Préparation

La plupart du temps, on la broie finement pour qu’elle donne plus de couleur. J’utilise habituellement un moulin à café électrique), on peut aussi utiliser un mortier. En cas d’absence de ces outils, on peut aussi faire comme mon ami M. Hilaire sur cette photo. Cela a très bien fonctionné. C’est minimaliste et efficace.

Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar
Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar

On peut aussi l’utiliser entière, on perd peut-être un peu de colorant. Mais la laine est plus facile à laver ensuite. En effet, les particules de cochenilles broyées ont tendance à s’accrocher aux poils de la laine et il faut beaucoup de rinçage pour les éliminer.

Pour éviter la perte de colorant, je laisse maintenant ma cochenille tremper à froid avec la laine, pendant plusieurs jours, avant de chauffer le bain.

Les couleurs

La cochenille peut donner une grande variété de couleurs allant du rose au gris, en passant par le violet, le rouge et l’orange, suivant la qualité de l’eau et le (ou les) mordant(s), plus ou moins foncé selon la proportion utilisée.

T-shirt teint la cochenille lors d'un cours près de Santa Fe, Argentine
T-shirt teint la cochenille lors d’un cours près de Santa Fe, Argentine, les irrégularités étaient voulues

La teinture à la cochenille est très sensible aux différentes traces de minéraux dans l’eau et au pH (acidité ou basicité de l’eau du bain).

Donc, il faut tout d’abord faire très attention l’eau et à la casserole que l’on va employer:

  • Si la casserole est en aluminium, elle participera au mordançage (mais attention, l’acide du bain finira par l’attaquer et la percer, cela m’est arrivé plusieurs fois, même sur de grandes casseroles). Il vaut donc mieux utiliser une casserole émaillée (sans défaut, sinon le fer entre en contact avec le bain et le modifie) ou une casserole en acier inoxidable, les casseroles en grès contiennent du fer, puisque l’argile est colorée par le fer. Les casseroles en cuivre modifient aussi la couleur.
  • L’idéal serait donc d’utiliser de l’eau déminéralisée, l’eau de puits, de rivière, de pluie et du robinet contiennent souvent du fer, de l’aluminium et beaucoup d’autres minéraux.
  • Quand j’étais à Mamiña, petit village thermal à 120 km à l’est d’Iquique (nord du Chili), j’ai essayé différentes sources avec la cochenille et j’ai ainsi obtenu des résultats différents. J’obtenais des couleurs beaucoup plus vives qu’à Puerto Montt.
  • Ne pas oublier le mordançage soit à l’alun ou mieux aux tanins, ce qui garantit la solidité de la couleur.
  • Comme pour toute teinture, il ne faut pas oublier de bien laver les fibres qui arrivent souvent de chez le fabricant avec toutes sortes d’apprêts, de graisses et autres empesages pour la présentation, mais aussi, souvent pour faciliter la filature. Ces produits peuvent nuire à la bonne teinture ou à sa solidité.
Sélection de teinture à la cochenille que j'ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d'alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre
Sélection de teinture à la cochenille que j’ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d’alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre

Processus

  • Faire tremper la veille, la cochenille dans le bain (de 5% à 20% du poids des fibres), éventuellement avec les fibres sèches mordancées, pour qu’elle dégage plus de teinture et qu’elle pénêtre mieux dans la fibre (surtout pour la laine).
  • Mettre à chauffer à feu doux pendant une ou deux heures.
  • Laisser refroidir, si possible jusqu’au lendemain (très important pour la laine).
  • Sortir du bain, faire sécher à l’ombre, puis rincer et laver. Ne pas s’étonner s’il sort du jus rose, il faut bien nettoyer les fibres des débris d’insectes qui peuvent s’être accrochés aux fibres. Faire sécher de nouveau à l’ombre.

Les modificateurs doivent donner :

  • Fer : violet
  • crème de tartre + rouge, + clair
  • cuivre : gris
  • vinaigre : orange
  • citron : orange ou élimine la teinture
  • j’ai fait des tests avec beaucoup d’autres modificateurs, à Santa Fe, en Argentine, et nous avons fait des fiches récapitulatives, curieusement, ils n’ont pas eu beaucoup d’effet. Nous n’avions pas travaillé avec de l’eau déminéralisée.
Tableau d'échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l'ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012
Tableau d’échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l’ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012

Que faire avec le reste du bain ?

Il peut rester de la couleur dans le bain. On peut l’utiliser de nouveau pour obtenir des couleurs de plus en plus claires, on peut avoir ainsi de très jolis roses et mauves pastel en dégradé.

On peut aussi en faire de la gouache ou de l’aquarelle. Je viens de suivre un cours à ce sujet en Argentine. Ce type de procédé peut servir avec pratiquement n’importe quel reste de teinture.

Malgré son coût, la cochenille peut être bien rentabilisée par les bains successifs pour épuiser le colorant.

Teinture solaire

À Gletterens, en Suisse, j’ai fait des tests de teinture solaire. J’ai donc essayé la cochenille.

Teinture solaire à Gletterens
Teinture solaire à Gletterens
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille

Ecoprint

La cochenille est aussi intéressante en ecoprint, elle peut donner des résultats originaux.

Ecoprint à la cochenille d'une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé
Ecoprint à la cochenille d’une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé

Cochenille avec les enfants

On peut tenter une activité très ludique.

Il faut s’armer:

  • d’un marteau en caoutchouc, de ceux qu’utilisent les carreleurs
  • d’une toile de fibres naturelles (coton, lin, soie ou laine) mordancée préalablement à l’alun
  • fleurs, pétales, feuilles
  • cochenilles entières détrempées quelques jours à l’avance
  • 1 litre de vinaigre ou trempent des clous ou de la ferraille (soupe de clous)

Il faut étaler la toile sur une table. On dispose les feuilles et les pétales de fleurs sur une moitié de la toile, on sème des cochenilles entre les feuilles et les pétales. On plie la toile de manière à recouvrir les pétales et les feuilles.

Puis on martèle la toile avec le marteau.

Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent
Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent

Après avoir bien martelé, on ouvre la toile. On enlève les feuilles, les pétales et les cochenilles. Si les empreintes vous semblent un peu pâles, trempez la toile dans la soupe de clous. Les couleurs vont s’assombrirent, les taches laissées par les cochenilles deviendront violettes.

Résultat après le passage dans la soupe de clous
Résultat après le passage dans la soupe de clous

Peinture, aquarelle

Avec la cochenille, comme avec n’importe quelle teinture naturelle, on peut extraire les pigments pour en faire des peintures.

J’avais déjà vu et revu les DVD que Michel Garcia a filmé à ce sujet. Il se trouvait que Luciana Marrone, une autre spécialiste des teintures naturelles et notamment de la cochenille proposait un cours dans son atelier à Necochea.

Nous avons extrait les pigments d’un vieux bain de cochenille.

Pigment de cochenille en pâte et en poudre
Pigment de cochenille en pâte et en poudre

Pigments entrain de filtrer, l'eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l'opération
Pigments entrain de filtrer, l’eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l’opération

Une fois les pâtes de pigments prêtes, nous les avons testés.

Nous avons sérigraphié des t-shirts, fait des tests avec des tampons. J’ai aussi essayé de peindre sur un morceau de cuir.

Voyage au Mexique

Nous avons déjà vu que le Mexique a été le premier à élever, ou plutôt, éduquer la cochenille, comme on dit au Mexique, bien avant le Pérou. Il existe une plus grande variété au niveau génétique des cochenilles au Mexique qu’au Pérou.

Il n’y a apparemment pas de continuité dans l’éducation au niveau géographique. Cela supposerait une exportation mexicaine précolombienne.

Musée de la Cochenille à Oaxaca, Nocheztlicalli

Oaxaca est la principale région de production de la cochenille. Ce sera e but principal de mon voyage. Je nourris beaucoup d’espoir concernant la visite de ce musée.

J’espère pouvoir y voir ce que je n’ai pas vu encore, la culture et la récolte.

Au Mexique, il y a aussi de l’indigo

L’indigo est une teinture avec un procédé bien spécial pour obtenir du bleu. On l’extrait d’un certain nombre de plantes, selon les lieux.

Le climat du Mexique permet la culture de l’Indigo suffructosa, une plante tropicale dont les feuilles possède une grande proportion d’indigo.

Je pense que j’ai beaucoup à apprendre au Mexique sur cette teinture qui me passionne.


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Les mordants, cela ne mord pas!

/// Les mordants, cela ne mord pas ///
Article créé le 22 juillet 2017, mis à jour le 31 mars 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

Préparation du mordançage à l’alun lors du premier atelier à La Redonda, Santa Fe, Argentina

Que sont les mordants?

Les mordants sont des produits que l’on ajoute à la teinture, soit avant de teindre (prémordançage), pendant la teinture, ou après (postmordançage) pour assurer la solidité de la teinture.

Cette gamme de couleur doit  beaucoup aux mordants. Village Lacustre de Gletterens, Suisse
Cette gamme de couleur doit beaucoup aux mordants. Village Lacustre de Gletterens, Suisse

En général, ce processus modifie la couleur. Cependant, il est souvent indispensable pour fixer la couleur en provocant des réactions chimiques qui unissent les colorants à la fibre.

L’emploi des mordants n’est cependant pas systématique.

Certaines plantes peuvent colorer sans teindre définitivement (betterave rouge, plantes à anthocyane…). Dans ce cas, les mordants ne sont d’aucun secours. Ces teintures peuvent servir en alimentaire ou en cosmétiques, mais certainement pas pour les textiles.

Un peu d’histoire des mordants

Des tablettes sumériennes, écrite en cunéiforme, mentionne déjà des recettes de teinture avec notamment l’emploi d’alun.

En outre, déjà au XIIIème siècle, à Gênes et à Venise, en Italie des règlements classifiaient les plantes tinctoriales et faisaient la distinction entre plantes grand teint et plantes petit teint.

Au XVIIIème siècle, de nombreux chercheurs teinturiers et chimistes de renom ont fait des recherches pour améliorer la solidité des teintures et innover en ce qui concerne les mordants. Ils ont préparé des nuanciers très détaillés avec des échantillons. Domique Cardon en parle dans ses livres. Elle vient d’en publier un nouveau.

Voici le dernier livre de Dominique Cardon, j'attends avec impatience de pouvoir le lire, les mordants y joueront certainement un rôle important
Voici le dernier livre de Dominique Cardon, j’attends avec impatience de pouvoir le lire, les mordants y joueront certainement un rôle important

Prémordançage

Le prémordançage consiste à faire bouillir quelques heures les fibres avec le mordant, avant de les mettre dans le bain de teinture, si possible encore humides. Cette pratique permet d’attirer les fines particules de colorants naturels vers l’intérieur de la fibre où elles se fixent solidement.

Cette étape est donc cruciale. Donc, elle ne doit pas être prise à la légère pour une bonne formation et un bon résultat. C’est un temps de travail que l’on ne peut pas éliminer pour faire un cours en 3 heures1, le rêve de beaucoup. Tout n’est heureusement pas instagramable!

Il ne faut pas oublier d’éviter les chocs thermiques pour les laines. En effet, si l’eau vient à manquer dans la casserole lors du mordançage ou de la teinture, il faut rajouter de l’eau bouillante.

Découvrons les différents mordants

Les mordants sont des sels minéraux qui modifient le pH du bain de teinture:

  • alun de potassium
  • sulfate de fer
  • sulfate de cuivre
  • crème de tartre
  • oxalate de titane

D’abord l’alun

L’alun est un sulfate double d’aluminium et de potassium. Cela ressemble vaguement à  des cristaux de sel. Ce produit est très largement utilisé comme antifloculant dans la potabilisation de l’eau.

Il est connu comme désodorant, cependant je ne le conseillerai pas pour cet usage, vu que l’aluminium semble être impliqué dans de nombreuses maladies. Il était anciennement utilisé au Chili par les militaires pour faire baisser l’ardeur sexuelle de leurs recrues.

Préparation d'un bain de mordant d'alun à Gletterens, Suisse
Préparation d’un bain de mordant d’alun à Gletterens, Suisse

Pourquoi mordancer?

Le mordançage à l’alun est incontournable car il fait apparaître beaucoup de tons jaunes qui sinon resteraient cachés ou très pâles. Il est indispensable pour la cochenille qui ne se maintiendrait pas sans cela.

Si la couleur obtenue n’est pas à notre goût, il est toujours temps de faire un post-mordançage, en ajoutant un peu de mordant ou un modificateur à la fin de la teinture. En teinture naturelle, rien n’est définitif.

Michel Garcia fait de nombreuses démonstrations des gammes de couleurs que l’on peut obtenir grâce aux mordants, en faisant varier leurs proportions, en les mélangeant. Ses DVD sont passionnants. Je ne touche pas de commissions, mais ils méritent vraiment que je les recommande.

Nous avons appliqué ces techniques lors d’un atelier que j’ai dirigé à La Redonda, Santa Fe, Argentine.

Préparation des mordants dilués pour peindre
Préparation des mordants dilués pour peindre

Si la laine, la soie et les fibres protéiques ne donnent souvent pas l’impression que le mordançage soit nécessaire (au détriment de la solidité – c’est souvent très trompeur). Cependant, il devient absolument indispensable dans le cas des fibres cellulosiques (végétales) qui attrapent beaucoup moins facilement les couleurs. Sauf cas des tanins qui agissent comme des mordants.

Précautions

J’insiste sur le fait qu’il ne faut surtout pas oublier de laver soigneusement les fibres avant le mordançage. En outre, il faut aussi débouillir les fibres végétales, en les faisant bouillir assez longuement avec du savon. Puis bien rincer.

Il s’agit d’éliminer les graisses d’ensimage utilisées lors de la filature et aussi les différents apprêts et charges appliqués lors du tissage et de la mise en forme industriels de la toile. Lors de ces étapes sont souvent appliqués des huiles, sucres, amidons, plâtres, craie, azurants… soit pour faciliter le tissage, soit pour donner la tenue à la toile, ou pour la blanchir. Si ces ajoûts ne sont pas éliminés, ils attireront les mordants et les teintures et ces derniers partiront au fur et à mesure des lavages (parfois, même d`es le premier lavage) en emportant les colorants.

Éliminer cette étape nuirait gravement à la qualité et à la solidité de la teinture.

Un peu d’histoire

L’alun naturel a été exploité depuis la très haute antiquité, notamment en Egypte où des gisements naturel de minerai d’alun étaient exploités en plein désert (Voir Dominique Cardon). Il semblerait que la recherche du maintien de l’accès aux sources de l’alun (situées à l’époque en Orient) ait été une des raisons économiques des grandes croisades. Par la suite, on a découvert des gisements dans une zone volcanique près de Naples, en Italie. Cet alun s’appelait « l’alun du Pape« .

Le fer

Nous avons trois solutions: une rapide, une plus économique et une plus difficile d’accès pour ceux qui connaissent leur terroir.

Certaines eaux sont riches en fer, comme d’autres peuvent l’être en calcaire. Cela explique que certaines couleurs sortent plus vives à certains endroits. On trouve ici une des raisons de la recommandation d’utiliser, si possible, des eaux de pluie pour teindre.

Sulfate de fer

Le sulfate de fer s’achète en quincaillerie ou en jardinerie. On l’utilise notamment contre les limaces et les mousses. Ce sont des cristaux vert clair.

On doit en utiliser très peu, en principe moins de 3% du poids des fibres.

Il s’utilise le plus souvent en post-mordançage. Il obscurcit très rapidement les couleurs en les faisant virer généralement vers les gris et les verts bronze ou olive. La cochenille passe du rose-rouge au violet, elle est très sensible au fer.

Le changement de couleur est irréversible. Si l’on a des doutes, mieux vaut faire le test sur un échantillon.

Si l’on travaille avec un récipient en fer, le mordançage se fera automatiquement, mais peut-être irrégulièrement.

Cependant, il faut rincer abondamment les fibres après mordançage au fer, car le fer rend les fibres rêches et les fragilise. De nombreux textiles historiques mordancés au fer posent des casse-têtes aux archéologues et aux restaurateurs.

Dans les recettes anciennes, on l’appelle « couperose verte » ou « vitriol vert« . C’était très utilisé dans les encres pour les manuscrits.

Soupe de clous

La Soupe de Clous est une alternative un peu plus douce. Il s’agit en fait d’acétate de fer.

C’est très simple, on fait tremper de la ferraille, de vieux clous, dans du vinaigre (acide acétique) dans un récipient non fermé. La reáction dégage des petites bulles d’hydrogène. Après quelques jours, on récupère le jus pour mordancer.

Seau de soupe de clous. lors d'un atelier à Santa Fe, Argentine
Seau de soupe de clous. lors d’un atelier à Santa Fe, Argentine

Je l’utilise souvent en ecoprint.

Ecoprint sur laine, à Falaise, Normandie, France - Les mordants font ressortir les formes et contours des feuilles
Ecoprint sur laine, à Falaise, Normandie, France – Les mordants font ressortir les formes et contours des feuilles
Une autre application de la réaction des tanins avec le fer, ici sur du cuir tanné avec des végétaux
Une autre application de la réaction des tanins avec le fer, ici sur du cuir tanné avec des végétaux

Boues ferrugineuses

Autre solution, plus douce, mais sans doute plus difficile à trouver, utiliser des boues de sources en forêt qui combinent des sels de fer et des tanins provenant des déchets des arbres.

Ici, au Festival Yelen, les enfants découvrent le bogolan africain
Ici, au Festival Yelen, les enfants découvrent le bogolan africain

Ces boues sont encore couramment utilisées par les femmes qui filent la laine dans le sud du Chili. En Afrique, elles sont indispensables aux bogolans.

Certaines eaux naturellement chargées en fer modifieront aussi les teintes obtenues.

Activité

Cet enfant pratique cette technique en peignant avec de l'argile additionnée de soupe de clous sur une toile qui est passée dans un bain d'écorces d'arbres riches en tanins qui jouent le rôle de mordant
Cet enfant pratique cette technique en peignant avec de l’argile additionnée de soupe de clous sur une toile qui est passée dans un bain d’écorces d’arbres riches en tanins qui jouent le rôle de mordant

Le cuivre

Encore un sulfate, celui-ci est encore toléré en agriculture, même bio. C’est l’un des composants de la fameuse bouillie bordelaise.

Le sulfate de cuivre s’utilise aussi comme anti-algue pour les piscines et pour des traitement du bois.

On peut donc l’acheter en quincaillerie ou en jardinerie.

Ce sont de très jolis cristaux bleu, qui perdent leur couleur quand on les dilue dans l’eau.

Comme tous les dérivés du cuivre, ce produit est toxique et de nombreux teinturiers ne veulent plus l’utiliser. D’ailleurs, selon mes expériences, il ne fonctionne pas toujours.

Si l’on travaille avec un récipient en cuivre, le mordançage se fera automatiquement comme pour le fer.

C’est plutôt un modificateur, car il verdit les jaunes, les beiges et grise la cochenille.

Dans les vieilles recettes, il est appelé « couperose bleue » ou « vitriol bleu« .

L’oxalate de titane

C’est la grande nouveauté!

Je l’ai découvert en regardant le troisième DVD de Michel Garcia. Il permet d’obtenir de très beaux orangés avec les tanins.

J’ai récemment eu l’occasion de le tester, c’est vraiment très beau. J’en suis très contente. Je vous le recommande chaudement.

Mordants oxalate
Application d’oxalate de titane sur un écheveau de laine
Les feuilles orangées mettent en évidence l'oxalate de titane
Les feuilles orangées mettent en évidence l’oxalate de titane
Illustration de la variété des mordants
Illustration de la variété des mordants

La crème de tartre

La crème de tartre s’utilise en très petites quantités pour rectifier l’eau du bain qui peut être très calcaire (ce qui nuit à la teinture) et elle permet aussi d’empêcher l’alun de précipiter au fonds de la casserole et de cristaliser sur les fibres, ce qui les détériore.

En outre, la crème de tartre est inoffensive, elle était extraite des fonds de tonneaux de vin. Elle est actuellement utilisée en pâtisserie. Unie au bicarbonate, c’est l’un des composants de la levure chimique. Je l’achète dans les boutiques de produits pour pâtissiers.

S’utilise en très petites quantités, en particulier pour la cochenille.

Mordants - Ajout de crème de tartre
Mordants – Ajout de crème de tartre dans un bain de cochenille
Mordants - Ajout de crème de tartre dans un  bain de cochenille - Résultat
Mordants – Ajout de crème de tartre dans un bain de cochenille – Résultat; le bain rouge crème de tartre – le bain violet sulfate de fer

Les autres mordants chimiques

Anciennement étaient abondamment utilisés aussi:

  • le bichromate de potassium pour le noir de bois de Campêche, notamment. C’est un produit photosensible, utilisé pour les résines jaunes pour préparer les cadres de sérigraphie. Il faut donc garder les fibres mordanc´ees au chrome à l’abris de la lumière. Il rend les fibres rèches et cassantes. Le chrome est cancérigène.
  • le chlorure d’étain pour les rouges orangés de cochenille, il est très onéreux. Il servait anciennement pour la fabrication des miroirs. Primo Levi en parle dans l’une de ses nouvelles.
  • des sels d’arsenic, de plomb…

Tous ces produits sont bien sûr à bannir pour leur toxicité. D’ailleurs l’aluminium (de l’alun) et le cuivre ne sont pas sans danger. Le fer est à employer avec parcimonie car il rend les fibres rêches et elles se dégradent avec le temps.

Mordants naturels, mordant d’avenir

Les tanins

Ces mordants ne sont pas nécessaires avec les plantes qui contiennent des tanins, beaucoup de feuilles, d’écorces d’arbre, les fruits pas mûrs, les rumex, l’écorce de grenade, le brou de noix, les noix de galles, les pelures d’oignons…

Noix de galles, un concentré de tanins
Noix de galles, un concentré de tanins, elles sont très légères

Récemment, j’ai fait un test chez une amie, l’alun avait mystérieusement disparu, nous avons ramassé les écorces de grenades sous ses arbres et nous les avons utilisées comme source de tanins.

Mordants naturels tanins de grenades
Mordants naturels, tanins de grenades

Certains parlent des épluchures de bananes. C’est assez économique, encore qu’il vaut mieux chercher des bananes bio quand on sait la quantité de pesticides utilisés dans la culture de ce fruit. Je n’ai pas de photo à vous montrer car je n’ai pas encore testé.

Plantes bioaccumulatrices

Il existe aussi des plantes à mordants, en général des plantes bioaccumulatrices qui récupèrent l’aluminium des sols: lycopodes (rare en Europe, lycopodium clavata, miconia argentea, qui poussent sur des sols acides), simplocos (feuilles), camélia (même le thé), le vinaigre de pommes est connu pour être plus chargé en aluminum…

À Puerto Montt, j’ai souvent teint au vinaigre de pommes, résultat de « chicha« , cidre qui avait viré… J’avais ramené plusieurs bonbonnes de 5 litres d’une visite chez une amie à l’île Maillen.

Coucher de soleil à l'île Maillen
Coucher de soleil à l’île Maillen

Il faut bien sûr utiliser une plus grande proportion de ces plantes (en général parties égales) pour obtenir l’équivalent d’un mordançage à l’alun. Mais, la solidité de la teinture est bien meilleure.

Celestina Stramigioli mentionne dans ses livres l’utilisation des cendres de certaines plantes notamment des cactus. Elle décrit les techniques anciennes encore utilisées par des femmes de zones très rurales d’Argentine où l’alun est rare et cher. Il est à noter que l’opération a une importance telle, que ces femmes ont inventé un terme spécifique pour cette opération.

Essai de post-mordançage avec les cendres

Dans de nombreux endroits, notamment dans le sud du Chili, beaucoup de teinturières utilisent encore régulièrement des sources de boues qui contiennent sans doute du fer et d’autres minéraux (c’est une zone volcanique et les volcans relachent de grandes quantités de minéraux, des plus nobles aux plus dangereux).

Les modificateurs

Outre les cendres, de nombreuses traditions populaires utilisent le vinaigre, le jus de citron (qui peuvent renforcer l’action des tanins ou éclaircir les couleurs), l’amoniac, le bicarbonate, la soude, mais aussi l’urine, à mon avis ce sont plutôt des modificateurs  et nous les avons testés, lors des deux ateliers à Santa Fe, Argentine, puis plus en détail, lors de la formation à Pica (Chili) où j’ai préparé une série de fiches qui m’ont été très utiles par la suite.

Fiche de modificateurs et mordants
Fiche de modificateurs et mordants

Les plantes qui ne nécessitent pas de mordants

Dans beaucoup d’endroit où l’alun n’est pas disponible ou trop cher, on a recours à des mélanges de plantes qui apportent soit des tanins, soit des sels d’aluminium. Ces méthodes me paraissent plus écologiques. Elles nécessitent une bonne connaissance des plantes.

Un certain nombre de plantes (en général à tanins) ne nécessitent pas de mordants :

  • noyer (feuilles, brou, écorces…)
  • écorces d’arbre en général
  • sciures de bois
  • feuilles gallées ou attaquées par des insectes
  • peaux d’oignons, épluchures et noyaux d’avocats
  • glands, fruits d’aulnes
  • noyaux de fruits (pêches, mangues,  abricots, avocats…), coquilles de noix, noisettes, amandes, bogues de châtaignes et de marrons…
  • rumex
  • feuilles de chênes, chataigniers, marroniers, avocatiers…

Plantes à teinture substantive

Il existe quelques teintures dites « substantives » qui ne contiennent pas de tanins mais ne nécessitent pas de mordants.

Par exemple: le curcuma. Il n’est malheureusement pas stable à la lumière, ni aux acides et aux produits alcalins. C’est un cas typique de « petit teint« .

Indigo

La teinture à l’indigo est un procédé bien spécial et ne necessite pas de mordants.

Si l’on veut combiner un bain d’indigo avec un bain de jaune, pour obtenir un vert franc, on doit cependant mordancer le bain de jaune pour qu’il se fixe correctement. Il en est de même pour les combinaison avec des bains de rouge de garance ou de cochenille.

Solidité

Pour vérifier la solidité d’une teinture à la lumière:

  • Enrouler un morceau de fil teint (en faisant plusieurs tours) sur un carton,
  • En protéger la moitié avec un morceau de carton noir, bien fixé,
  • Exposer au soleil plusieurs jours, si possible un mois, ou à une lumière à rayons ultraviolets pendant quelques heures,
  • A la fin de l’expérience, défaire la protection et comparer les résultats

Conclusion

Le mordançage est donc un processus très important dans la teinture, bien qu’il ne semble pas toujours visible. Tous les bons livres de teintures naturelles y consacrent de nombreuses pages avant de présenter les recettes, il ne faut donc surtout pas négliger cette étape.

Il ne faut donc pas oublier que toute bonne formation en teintures naturelles doit donner une grande importance à cette étape indispensable bien que peu visible.

  1. Je ne donne pas ce genre de cours, trop superficiel et trompeur. Mes cours doivent comprendre au moins 5 jours pour bien explorer tous les détails qui permettent d’obtenir de bonnes teintures. ↩︎
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