/// Au bout de mon âge /// Article du 11 mai 2024, modifi´é le 13 mai 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Une de mes passions est la poésie et j’y reviens régulièrement par mes temps de doutes, et qui ne doute pas ? Surtout par les temps qui courent. Il m’arrive de semer des poèmes dans mes articles. Il sont pour moi une source d’espoir, de créativité et d’encouragement à poursuivre mes démarches.
À l’approche de mon 63ème anniversaire, ce matin, ce poème de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat que j’ai écouté maintes fois dans ma jeunesse m’est revenu à l’esprit.
Il ne parle pas de teintures, assez peu de la nature, mais surtout de la nature humaine… et c’est beau !
Le poème
Je viens de passer quelques heures sur internet pour essayer de retrouver le titre du livre, dont est extrait ce poème. En effet, Louis Aragon a écrit beaucoup de poésies, et je n’ai pas ses œuvres complètes sous la main.
Vu que tout est fait pour nous encourager à tester les fameuses Intelligences Artificielles qui sont censées nous aider dans la rédaction. Je me suis proposée de tester celle qui est le plus en vue ces derniers temps.
Celle-ci m’affirme d’abord que c’est de Paul Verlaine, puis comme j’exprime mes doutes, elle m’affirme qu’elle s’est trompée et que c’est de Léo Ferré ! Elle était supposée me simplifier la vie.
Un maître des arts martiaux et philosophe japonais, Itsuo Tsuda, disait qu’il ne faut surtout pas prendre de raccourci. Il avait raison.
J’ai le plaisir de joindre ici le PDF de notre conversation.
À force de recherches, je trouve un site qui mentionne « Le voyage en Hollande ».1 Ce n’est pas son livre le plus connu, mais tout de même.
Je retrouve ce livre, et dedans, ce beau poème. J’ai une belle surprise. En réalité, il est beaucoup plus long, le refrain de la chanson est une simple strophe.
Cela donne envie d’aller vérifier les autres poèmes qu’a chanté Jean Ferrat.
Paroles de la version chantée
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Je me sens pareil Au premier lourdeau Qu’encore émerveille Le chant des oiseaux
Les gens de ma sorte Il en est beaucoup Savent-ils qu’ils portent Une pierre au cou
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant
Ils n’ont pas le sens De ce qu’est leur vie C’est une innocence Que je leur envie
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Tant pour le plaisir Que la poésie Je croyais choisir Et j’étais choisi
Je me croyais libre Sur un fil d’acier Quand tout équilibre Vient du balancier
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis
Une saison d’homme Entre deux marées Quelque chose comme Un chant égaré
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Louis Aragon
J’ai une pensée pour ceux qui ne comprennent pas le français, ce sera l’occasion de tester les traducteurs automatiques… car la poésie est toujours difficile à traduire. Celle de Louis Aragon semble facile, mais elle est en réalité très recherchée, montrant toute la richesse de la langue française.
Ce texte est un peu triste, mais je persiste à vouloir bien rêver et cela sainement.
« Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant »
Cette strophe, semble me refléter. Pourquoi devrais-je m’arrêter devant les miroirs?, si :
« Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis »
La chanson
Nombreux sont les sites indiqués pour cette chanson, certains donnent même les accords pour la jouer à la guitare.
Au moment où j’essaie à distance de faire mes démarches pour ma retraite française qui n’atteindra pas les 350 Euros, je me forme encore et cherche un travail complémentaire. On est loin de la « Douce France » de Charles Trenet2.
Et ce n’est pas encore assuré. Il faudrait encore que j’arrive à me procurer le livret de famille où figurent mes deux enfants. Depuis le Chili, c’est plutôt compliqué. De plus, pour la CIPAV (10 années de cotisations lourdes), il faut être en France pour faire valoir mes droits. Il ne faut pas compter sur le Consulat.
En attendant, il va falloir trouver une ou plutôt des solutions complémentaires.
Des conférences, pourquoi pas ?
J’ai déjà partagé plus d’une fois, mes pratiques tinctoriales, notamment lors des congrès de teintures naturelles auxquels j’ai participé.
Je vous donne ici les liens pour les fichiers Powerpoint des présentations à ces congrès:
J’ai suffisamment de matériel et de compétences pour organiser des expositions. J’en ai fait une à la médiathèque de Loches, en France, en 2010.
Les panneaux provenaient de l’Association Couleur Garance, mais je suis mantenant en condition de produire les miens sur la base de mes expériences. En outre, j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de la Publication Assist´ee par Ordinateur (aussi bien en français qu’en espagnol).
À la suite de ma participation au Congrès de teintures naturelles à Kuching, Malaisie, nous avons organisé à la médiathèque de Loches, France, un atelier de démonstration pratique de teintures naturelles, avec des enfants.
Il y en aussi eu à Iquique, au Nord du Chili. Pourquoi ne pas recommencer ailleurs?
Des formations
Je reviens à la charge, en effet, c’est encore et toujours, le meilleur moyen de partager une technique, car cela implique une participation.
Le but est de vous rendre indépendant par la pratique, dès le départ… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Ne faîtes pas confiances aux IA dans ce domaine. Mieux vaut une formation vraiment humaine. L’artisanat, la teinture, le tissage, c’est vraiment du réel, cela doit encore se faire avec les mains… et cela ne s’improvise pas.
Cela vaut autant pour les enfants que pour ceux qui arrivent au bout de leur âge… qui comme moi continuent à se former en permanence. N’attendons pas l’après ci ou cela…
Un livre, au bout de mon âge
J’aime tant les livres, il est certainement temps d’écrire les miens.
Pour le moment, je pense plutôt à un e-book sur ma technique préférée actuelle, «anillado», elle sera la vedette d’un prochain article sur www.lanitando.com
Il paraît que c’est ce qu’on appelle des revenus passifs. Êtes-vous intéressés ?
Des créations à la demande ?
Une amie m’avait conseillée de m’acheter un rouet et de proposer de filer la laine de vos moutons… J’ai acheté un beau petit rouet électrique, léger, idéal pour voyager. Cet appareil a d’ailleurs déjà voyagé. Il file fin et en silence.
Il attend vos besoins de laines et autres fibres…
En attendant, je file un peu de poil de chien Akita. C’est très lent, car leur pelage est court.
Cela pourrait aussi être des tricots, des tapisseries ou des bijoux textiles… à la demande.
Au bout de mon âge, que devrais-je faire?
Je voyage toujours trop chargée, l’idéal serait de travailler sur commande, comme mon père qui était géomètre. Il se demandait pourquoi je tissais encore… Évidemment, il ne pouvait pas proposer des bornages à l’avance.
Il faut tout de même que j’ai quelques pièces à montrer…
Et des voyages… Pour bien rêver au bout de mon âge
Pour bien commencer, cela va faire un mois que j’ai débuté l’étude de l’indonésien. Cela fait rêver. En Indonésie, on pratique deux techniques de teintures avec réserves particulièrement remarquables : le batik et l’ikat. Ces deux noms sont d’ailleurs des mots indonésiens.
Batik
J’ai bien sûr quelques livres à ce sujet. Mais encore une fois, rien ne vaut la pratique.
La technique traditionnelle utilise un petit récipient au bout d’une baguette. Mais, je n’ai pas de photo.
Nous avons fait un essai avec mon ami Hilaire, à Madagascar, sur une écharpe de soie de sa production.
Ikat
J’ai déjà été en contact avec cette technique, d’abord à Kuching, quand je suis allée au congrès de teintures naturelles WEFT, en 2010.
La chaîne est tendue sur un cadre, les zones à protéger sont enveloppées de ficelles. Cettee chaîne sera teinte, les protections enlevées. Le processus est recommencé pour une autre couleur
Cette toile a eu deux bains de teinture différents. Elle est donc passé deux fois par la première étape d’attache pour les réserves, certaines toiles ont parfois un troisième et un quatrième bain.
Puis, je l’ai revu à Madagascar, lors de l’IFPECO en 2017.
Puis, j’ai fait un test chez mon amie Solange à Andacollo. Là, la réserve a bien protégé la laine, mais cela a curieusement bougé. Pourtant, j’avais choisi de la laine qui avait déjà bouilli. Elle n’a pas rétréci, d’ailleurs je n’ai pas manqué de laine.
Impression au bloc
Vannerie
Il y a aussi beaucoup à voir en Indonésie et en Malaisie, en ce qui concerne la vannerie. Cette technique m’intéresse aussi beaucoup, il s’agit d’un précurseur du tissage et du tressage.
À Kuching, je me suis acheté un très beau livre sur la vannerie à Borné. Décidément, il y a beaucoup à voir là bas. Mais, que restera-t-il dans quelques années? Ils ont mis 20 ans pour rédiger ce livre. Lors de la publication, beaucoup de plantes utilisées avait disparu ou devait être protégées.
Aller voir sur place
Bien sûr, je connais la théorie de ces techniques, mais rien ne vaut la pratique par et avec les spécialistes, les créateurs. Moi, aussi, j’aime utiliser mes mains.
Il y a aussi des plantes à indigo, des plantes à rouge, des fibres végetales et de la soie.
Commencer un cercle vertueux
Le développement personnel, je ne suis pas très fan, mais il m’a fallu en lire. En outre, un schéma peut remplacer beaucoup de mots. Ce sont les métaphores d’aujourd’hui.
Je l’adapte à l’état de mes méditations de ce jour.
J’en ai assez de regarder vers ce que j’ai fait dans le passé (il y a les Curriculum Vitae pour cela), c’est un peu comme se regarder dans un miroir, cela ne répare rien. Je préfère regarder vers l’avenir.
Remettons la roue en marche
Au bout de mon âge
Il suffit d’un petit coup de pouce.
Un simple contact suffit
Si vous n’aimez pas Whatsapp, j’ai aussi Signal et Telegram.
Le voyage en Hollande, Louis Aragon, Éditions Seghers, 1964 ↩︎
« Douce France Cher pays de mon enfance Berceau de tant d’insouciance… » Quelle ironie! ↩︎
/// Instants précieux /// Article créé le 26 mai 2023 et modifié le 29 mars 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com Nouvel article https://www.lanitando.com/2023/12/ sur le cours
J’aime ces instants précieux, difficiles à saisir… qui s’échappent à peine arrivés. Je vais tenter de partager les plus précieux d’entre eux.
Instants oiseaux
J’ai pensé à cet article en découvrant un rouge-queue, un matin, en ramassant des herbes pour une tisane. Il a été trop furtif pour que je le surprenne en photo.
Les colibris, plus brillants, sont encore plus rapides et restent hors de portée des appareils photos courants. Ils ne se laissent pas approcher. Le seul que j’ai pu apercevoir de près, je l’ai sauvé de la gueule d’un chat, il s’est tout de suite échappé…
Je ne pourrai vous partager qu’une vue sur une petite mésange très gourmande à Gletterens.
Ces moments s’envolent vite.
Instants papillons et abeilles
Les papillons sont difficiles à surprendre, même en les suivant.
Les abeilles sont plus faciles à photographier. Avec un peu de chance et de persévérance, on peut même faire le portrait d’une reine.
Pour saisir des instants papillons, je suis allée au Papiliorama, près de Kerzers, en Suisse.
Pendant que je photographiais un papillon qui se posait tranquillement sur un visiteur, un autre s’arrêta sur moi.
Instants lézards
Même des tâches ingrates, comme vider les toilettes sèches, peuvent être l’occasion de rencontrer des lézards.
Il m’est arrivé d’en réveiller un qui dormait dans mon pantalon. Je l’ai réveillé un peu brusquement quand je me suis habillée à 5 heure du matin, il devait être tout engourdi. C’était peut-être celui qui vivait dans une casserole pour teindre et surveillait ma laine.
D’autres lézards sont plus colorés…
Instants fleurs
Les fleurs restent plus tranquilles, seul le vent les balance à sa guise.
Maintenant, je ne sais plus quelle photo choisir.
Instants teintures
La teinture naturelle est une magie mouvante, les changements de couleurs sont immédiats et ne peuvent être saisis qu’en mode avant/après ajout d’un mordant ou d’un modificateur. Les plus surprenants sont les ajoûts d’alun en post-mordançage dans un bain de plante à jaune.
L’ajoût de crème de tartre à un bain de cochenille est ausssi fulgurant qu’impressionnant.
Comme ils sont importants, je suis toujours à leur recherche… Comprendre, c’est découvrir une réponse à une question.
Bizarrement, cela peut intervenir après une longue pratique. C’est ainsi que j’ai compris un jour après des années de filage de laine que de l’énergie s’accumulait dans mon fil.
En fin de compte, la qualité du fil obtenu dépend de la maîtrise de cette énergie. Depuis ce jour, mes fils ont changé.
Mauvais instants
Mêmes les mauvais instants sont bons à être analysés. Il ne faut pas toujours se fier aux apparences, ils sont souvent riches d’enseignements et il n’est pas possible de ne vivre que de bons moments, ces derniers n’ont de valeur, de même que les couleurs qu’en comparaison avec les autres.
Un conte oriental raconte qu’un personnage part en voyage avec deux papiers donnés par un sage qui cachent un conseil à ne lire que quand tout va très (peut-être trop) bien et l’autre à ne lire que quand tout va très mal. Les deux messages disaient: « Cela passera« .
Instants volés
Parfois, on a l’impression de voler du temps, de tourner en rond pour rien. Mais souvent, on vous vole le temps, avec des planifications spécieuses, des demandes de prévisions typiquement incalculables… quand il suffit d’indications claires et réalisables, dans la réalité.
Dois-je chercher une photo d’illustration?
Instants couleurs
Les changements de couleurs, dans le temps ou sur un même fil, me fascinent.
De même, des pelotes ou des écheveaux qui se jouxtent par hasard, attirent mon oeil et m’encouragent à les travailler ensemble. Ces combinaisons de couleurs anticipent souvent mes créations.
Instants curieux
Certaines remarques laissent parfois perplexe. Nous sommes tous des contradictions sur pattes. Pas d’illustration.
Instants voyages
En voyage, des prises de décision peuvent apporter beaucoup.
Ainsi, ma décision de visiter Kuelap. Je ne sais pas encore quand je pourrais retourner au Pérou.
Temps de lectures
Mais voilà, j’allais oublier les temps de lectures, ils sont primordiaux pour moi. Ils sont indispensables, avant les temps d’écriture.
Réflexions
Temps de comparaisons, regard en arrière, questionnements sur l’avenir, ces moments qui nécessitent un temps d’arrêt, permettent d’avancer. Ils doivent absolument être préservés.
Il y a aussi des moments où l’on que « No se puede pedir peras al olmo » – On ne peut pas demander des poires à l’orme...
On a l’impression parfois d’être catalogué un peu automatiquement en zéro et un, comme si on vivait en base 2, comme les ordinateurs. C’est plutôt dérangeant.
Instants décisions
Ils doivent suivre les réflexions, ils sont souvent brisures et sauts en avant, surprises et pas de côté…
Il y a longtemps déjà, il n’y avait plus de touristes à Mamiña, il me fallait une solution. J’ai fait un déménagement de près de 3.800 km.
C’était une grande décision, certainement bien prise.
Temps déchets
Temps perdus, parfois récupérés… attentes devant un ordinateur, dans une gare ou dans le lit. Les meilleures idées me viennent généralement quand je ne peux pas les appliquer, ni même les noter. Le temps passe et l’oubli fait son travail.
Temps d’informatique
Que de temps passé en attente de copie de fichiers, sauvegardes automatiques ou non, toujours nécessaires, recherches pas toujours fructueuses ou au contraire trop réussies.
Instants filés
Filer la laine, voici une longue série d’instants qui avance centimètre après centimètre. Un travail de patience et d’observation… Le regard peut vagabonder et découvrir…
Découvertes
Parfois, il suffit d’aller se ballader sur la colline en face, qui est encore un bien commun, avec Lucía qui la connaît comme sa poche. On y découvre des plantes pour tout, pour teindre, pour manger, pour des paniers, pour des outils… et sans doute beaucoup plus.
Partage
Découvrir n’est pas suffisant, alors, il faut aussi partager pendant qu’il est encore temps. Le temps court et les instants s’envolent comme les papillons.
En vrac – Conclusion
Il faut savoir vivre ces instants précieux, les découvrir, les apprécier.
Parfois, le recours au secours de la poésie est indispensable, surtout dans les moments difficiles et souvent absurdes. Elle est peut-être le meilleur moyen de lutter contre les injonctions contradictoires, si courantes par les temps qui courent…
Souvent, ces instants sont gratuits, il suffit de les saisir au vol. Ils valent mieux que tous les instants payants que nous offrent les publicités.
/// Blog Castellano /// Artículo creado el 25 de mayo de 2023 En Europa desde el 4 de mayo 2023 – Vuelta a Chile el 15 de noviembre 2023 – Muchas novedades 2 cursos en Chile en noviembre-diciembre 2023 – Pica et Codao Organicemos talleres! Es fácil +33 7 69 905 352 o +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram y signal) – publicobre2000@yahoo.es Estoy escribiendo varios artículos nuevos y serán publicados dentro de poco. Blog recién reorganizado Por fin, nuevo blog en castellano disponible: www.lanitando.com
Por fin, para mis amigos que hablan castellano
Al fin, escribo en castellano. Tengo informaciones importantes para mis amigos hispanohablantes, y especialmente de Chile.
Esperando la próxima creación de un sitio complementario a este en castellano: www.lanitando.com. Ya se solucionó con la ayuda de un amigo, unos problemas informáticos.
Luego, tengo que ponerme a escribir y esto necesita tiempo. Así, les ruego que sean un poco pacientes. Ya está la página principal y un artículo. Los otros seguirán…
Lo primero que tengo que anunciar es un curso en Noviembre o Diciembre 2023.
Se desarrollará en la casa y el jardín de mi amiga Lucía Fuentes, en Coado, cerca de Santa Cruz, 6a Región O’Higgins, Chile.
Por fin, no olvidé visitar el sitio de amigo Angel, de ahí vendrán las buenas lanas que teñiremos.
¿De qué les hablaré en castello?
En castellano, estos artículos serán distintos de los que publiqué en francés. Así que no serán simples traducciones.
Primero, los cursos, por supuesto
Los estoy preparando desde hace varios meses.
Las técnicas
Creo que lo están esperando.
Traigo de mis viajes bastante novedades y tengo muchas ganas de compartirselas. Pienso hacerlo con más detalles.
¿Acaso, conocen el anillado? ¿Le gustaría conocer esta técnica ancestral, desarrollada desde la prehistoria, un poco por todo el mundo?
Reflexiones
Nunca faltan y hay que desarrollarlas.
Viajes
Saco gran cantidad de fotos, visito museos, conozco gente nueva…
/// Filer comme au temps jadis? /// Article créé le 10 mai 2021 —- Mis à jour le 29 octobre 2024
Je suis rentrée au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com Les dernières nouvelles apparaissent souvent sur ce site
Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.
Pourquoi filer?
Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.
Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.
En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.
Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.
Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.
Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.
Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.
Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…
La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…
Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,
Comment commencer à filer?
Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi,j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.
Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.
C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…
Quelles fibres choisir?
Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.
Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.
Laver la laine ou pas avant?
Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.
Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.
Carder ou peigner avant de filer
Peigner la laine
Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.
Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.
Carder à la main
C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.
Nous avons deux options.
Ma pratique habituelle, sans outils
J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.
À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.
Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.
Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.
Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.
Avec planches à carder
Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.
On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.
C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.
Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.
Attention
On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…
Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.
Cardage à la machine
Cardeuse manuelle
J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.
À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.
Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.
En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.
Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.
Cardeuse de tapissier
J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.
Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.
Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.
Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.
Cardeuse électrique
Chez « Rincón de Angel », nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.
Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.
L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer
Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.
Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.
D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.
Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.
Astuce « viking »
La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.
Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.
La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.
C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.
Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.
Filer sec
Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.
Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.
Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.
Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.
Filer humide
Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.
Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.
C’est beaucoup plus facile.
J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.
Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.
Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.
Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.
Que filaient nos ancêtres?
Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.
Difficile à filer?
Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.
Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.
La torsion
La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.
J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.
Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).
Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.
Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.
Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.
Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.
Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.
Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.
Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.
Filer S ou Z
A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.
Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.
Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.
Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…
Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.
Forte ou pas
Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.
C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.
Doubler ou retordre la laine
Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.
Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.
Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.
Filer des laines fantaisie
Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.
Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.
Quel outil choisir pour filer?
Le fuseau
Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.
Grande variété de modèles
Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.
Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.
L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.
J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.
Facilité d’apprentissage
En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.
En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:
la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
les forces centripètes et centrifuges.
Que de science résumée dans un outil aussi ancien!
Filer en marchant
Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.
En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.
Filer au rouet
En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.
Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.
Le rouet à pédale
Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.
Pendant longtemps, chez mon ami du « Rincón de Angel« , je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.
En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.
Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.
Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.
Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.
Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.
Le rouet électrique
Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.
Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.
On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.
Achat d’un rouet
Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.
Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.
Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.
Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord
Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.
J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.
Taille du trou d’entrée
La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.
En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.
Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…
Taille de la bobine
La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.
Taille des crochets sur la broche en U
La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.
Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.
Bon état de la broche en U
Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.
Possibilités de réglages
Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.
Tension de la courroie
La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.
Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.
Possiblité de retordre (marche inverse)
Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.
On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. « Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?« . 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.
J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.
D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.
Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.
Position de travail pour filer
L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position. Il faut arriver à ne pas devoir se rapprocher trop du rouet, cela permet d’avoir un peu d’avance si le fil se coupe, on peut rattraper le fil et arrêter s’il le faut avant que le fil aille s’enrouler sur la bobine.
Vitesse de filature
Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.
D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.
Possibilité de démontage
Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.
Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.
Ma recherche actuelle
Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.
Quelques chiffres
Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.
Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.
Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.
Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.
Nettoyage et cardage manuel
Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.
Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.
J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.
Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.
Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn
La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.
Affinage des mèches de carde pour filer
Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.
Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.
Temps pour cette opération: 1h 30 mn
Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.
Encore des déchets…
Temps pour cette opération: 1h
Filature au rouet
Enfin, on peut commencer à filer.
Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.
Encore des déchets, mais déjà moins.
Temps pour la filature: 6h 30 mn
Doublage du fil
Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.
Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.
Temps pour retordre: 2h
Mise en écheveaux
Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une « aspa ».
Temps de mise en écheveaux: 30 mn
Poids des écheveaux avant lavage: 340 g
Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.
Lavage
Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.
Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.
Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.
Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.
On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.
Plusieurs rinçages.
L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.
Lavage au lavoir
La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.
Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.
La solution était le lavoir.
Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.
Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.
Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.
Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.
Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Séchage
Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.
Pesée après lavage et séchage: 225 g
Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %
Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g
Nombre de mètres de laine: 193 m
Temps total: 14 heures
Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.
Mise en pelotes
Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.
Autres laines travaillées
À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.
Bleues du Maine
Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.
La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le « beri » à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.
Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?
Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.
Thones et Marthod
Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.
C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.
Petite remarque
Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être « gratuite« .
Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.
Conclusion
Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.
Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.
D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.
Voulez-vous filer vos moutons?
Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.
Pourquoi pas un atelier?
Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.
Post-Scriptum
Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer à et partager des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.
/// Besoin d’artisanat /// Article du 15 mai 2018, modifi´é le 30 mars 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile, il suffit d’appeler +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
A-t-on encore besoin d’artisanat?
Ces derniers temps donnent plutôt l’impression que l’on n’a plus besoin d’artisanat, et encore moins de qualité…
« L’été dernier (2017), j’ai vu des touristes très pressés. Ils ne prenaient pas le temps de voir les processus de production de la laine. C’était chez Rincón de Angel, visite gratuite de l’atelier à l’étage). Puis cet été, ils ne prenaient même pas le temps de faire le tour du local, quand ils entraient… Certainement que les fruits de mer et les saumons d’élevage sont plus importants…
Et pourtant, ce local est bien différent des autres… Pas de produits chinois…«
Cet article est ancien. Nous avons dû fermer ce grand local trop onéreux. Et, les produits chinois ont commencé à nous envahir pour pouvoir maintenir l’activité « laine« .
Besoin de luxe
Il est vrai que l’artisanat n’est pas un produit de première nécessité… La question du prix d’un vrai travail artisanal est aussi à prendre en compte. Mais tout le monde n’est pas dans la misère!
L’artisanat n’est que rarement un produit de marque, et créer une marque a un coût très élevé. J’ai assisté à un certain nombre de réunions pour le développement de l’artisanat. On nous disait que nous devions mettre des étiquettes (si possible bien multicolore, pour que cela coûte plus cher et soit moins efficace du point de vue de la visibilité). J’ai aussi eu une petite imprimerie artisanale, donc je sais de quoi je parle. D’autre part, nous devions laisser notre rôle créatif à des designers… En outre, les pièces ne devaient pas être unique!
J’ai vraiment eu l’impression d’avoir été infantilisée, d’autant plus que pour bien nous expliquer tout cela, ils ont utilisé des jeux!
Il y a tant de sollicitations
On aura ainsi tendance à faire passer un nouveau téléphone mobile avant quelques kilos de laine, ou un tricot fait main. Heureusement que tout le monde ne cède pas à la tentation…
Et il devient difficile de vendre quand on est minimaliste. Ceux qui ont les moyens, n’en voient pas le besoin; et ceux qui en ont besoin et qui savent apprécier l’artisanat, n’ont souvent pas les moyens…
Un bon tricot en laine ne se démode pas. S’il est bien traité, il peut durer des dizaines d’années. Certains cherchent même à les raccomoder quand ils arrivent en fin de vie… C’est toute la différence entre un produit de qualité et un produit jettable.
Un besoin passéiste?
A l’origine, l’artisanat n’était pas commercial, mais utilitaire. Il occupait des temps libres pour la fabrication des objets du quotidien, chaque famille devait être autonome ou presque. Les gens fonctionnaient beaucoup avec le troc. On se partageait les techniques entre voisins.
Puis les techniques s’améliorant, des surplus se sont créés, permettant aussi des spécialisations… Certains villages se sont spécialisés dans certains articles. On le voyait encore au Chili. Par exemple, il y avait La Ligua pour les tricots et ses « dulces » (petits gâteaux), Chimbarongo pour les balais, fromage de chèvre à Ovalle…
À Madagascar
Il m’a semblé voir le même genre de spécialisation à Madagascar. Lors du trajet entre Antananarivo et Antsirabé, il y a une ville spécialisée dans la fabrication de casseroles en recyclant les moteurs de voitures (Ambatolampy)…
Voici quelques photo prises depuis le taxi brousse entre Antananarivo et Antsirabé. C’est pourquoi elles sont parfois un peu floue ou décadrée…
Je n’ai malheureusement pas pu les photographier tous… il y en avait une grande variété.
Au Chili
Au Chili, il n’y a pas encore si longtemps, les jeunes femmes tissaient encore les couvertures pour leur future famille, à partir des laines qu’elles avaient filées… Les hommes se fabriquaient leurs outils… Le frère d’une amie à Maillen, une île en face de Puerto Montt, se construisait son bateau.
Une amie qui avait vécu un temps à Punta Arenas, me racontait qu’elle avait même dû apprendre à fabriquer son savon…
Maintenant, beaucoup de métiers à tisser se sont perdus quand les grands-mères sont mortes… et les techniques se perdent… A la ville, on considère toutes ces pratiques comme sales. L’odeur naturelle de la laine, quand elle ne rappelle pas de bons souvenirs, devient tout de suite puante… Une cliente qui prétendait être tisserande est partie un jour à cause de l’odeur de mouton de la laine. Heureusement, notre laine ne sent pas le plastique!
Et même à la campagne, on ne veut pas paraître paysan. Sentir le feu de bois, c’est très mal vu ici…
C’est sûr que maintenant, on trouve tout, tout fait, sur internet! Tout est prêt à être acheter pour être jeter et remplacé. L’artisanat ne peut pas entrer dans ce jeu.
Il faut se procurer les matières premières, les rendre utilisables, les travailler pour obtenir un objet unique, qui montre même l’état d’esprit de son créateur (par les couleurs, la qualité des finitions et des détails…).
Ou un besoin pour le futur?
J’ai récemment découvert, en suivant un Mooc, le philosophe Bernard Stiegler, grand spécialiste des technologies, qui se préoccupe pour la perte de connaissances provoquée par les nouvelles technologies qui bousculent toutes les données concernant le travail… Ils propose d’imaginer de nouvelles formes de travail… Cela pourrait être une occasion de se réapproprier les techniques artisanales.
Un retour du besoin d’un artisanat de qualité est-il en cours?
Il semblerait bien que oui…
Le travail de la laine revient comme une thérapie…
Je vois qu’aux Etats-Unis des spécialistes de la vannerie proposent des retraites, non pas purement spirituelles, mais de techniques de vannerie.
Nous pourrions en faire autant sur le thème de la teinture naturelle, de la filature, du tissage ou du tricot. Ces activités me procurent beaucoup de bonheur, autant le partager.
Parfois, un retour aux gestes traditionnels est souvent recherché, comme apportant de nouvelles racines perdues. Cela peut paraître un peu artificiel. Mais cela peut provoquer des questionnements et déboucher sur des changements radicaux.
Rien que le fait de pratiquer une technique lente, qui laisse du temps à la pensée, peut bouleverser un système de travail établi basé sur des automatismes.
Un besoin d’exclusivité
Par chance, il existe aussi un besoin d’exclusivité, d’avoir des vêtements ou des accessoires différents de ceux des voisins… Encore faut-il que ce désir respecte le travail de l’artisan, ce matin on m’a fait la remarque, en me montrant une veste en laine rustique, filée et tricotée à la main « Et, vous n’avez rien de plus économique?« … Tout travail mérite son salaire. Ces tricots ne sont pas virtuels! Rien ne tombe du ciel, et encore moins l’artisanat.
L’artisanat comme hobby
Il y a un regain d’intérêt pour l’artisanat comme loisir, pour la détente. Si tout le monde pense pouvoir faire le travail de l’artisan, parce qu’on a vu des tutoriel sur Internet, où tout paraît facile, il y a cependant beaucoup de détails cachés. Notamment, le temps nécessaire.
Il manque aussi des étapes cruciales. Seule la pratique, le temps dédié et l’approfondissement de ses connaissances permettent un bon résultat. On ne s’improvise pas artisan!
Vivre de l’artisanat
Alors, dans ces conditions, vivre de l’artisanat est difficile. Mais heureusement pas impossible, c’est pourquoi j’ai du mal à admettre des rabais sur mes travaux.
Et si on y prenait goût?
Il y a longtemps que j’y ai pris goût. J’ai même du mal à me cantonner dans mon domaine professionnel de la teinture et du tissage-tricot. Alors, je fais régulièrement des incursions d’autres domaines, papier, cuir, perles… mais aussi botanique, agriculture, puisque je vise à une certaine autonomie à moyen terme.
Je suis d’ailleurs en formation, mais aussi expérimentation continue, par la lecture, video, Mooc, visites de musées, voyages, conversation avec les clients… Je saute sur chaque occasion.
Besoin de travail bien fait
On apprécie aussi des produits de qualité, avec de bonnes finitions, des fibres naturelles, si possible des couleurs naturelles, une laine bien travaillée… J’admire sincèrement mes collègues artisans qui maintiennent des traditions dévoreuses de temps…
Celui qui sait faire de l’artisanat, peut en être fier. Il sait utiliser aussi bien sa tête que ses mains et parfois même ses pieds dans ses créations. Je pense à ces femmes au Népal qui filent en faisant passer les fibres entre leurs doigts de pied. Il y a aussi cet orfèvre nomade Africain qui façonne des bijoux en or, en utilisant son pied comme une enclume.
Enfin, l’artisan doit être précis dans ses gestes. Il doit avoir le sens de l’observation, savoir être patient… pour dompter ses matières premières. Donc, c’est tout un apprentissage quotidien auquel il prend plaisir. Cela devient pour lui un besoin que de créer…
Conclusion
Qu’attendons-nous pour sauver ces techniques qui se perdent et qui sans doute nous feront bientôt défaut?
Par exemple, la teinture à l’indigo était très pratiquée lors du passage de Charles Darwin à Chiloe, dans les années 1830. Un siècle après, un curé allemand qui entretenait de très bonnes relations avec les Mapuche et parlait courrament leur langue écrit un livre sur leurs plantes médicinales. À l’occasion, il signale les plantes qui sont aussi tinctoriales. Dans les dernières pages de son livre, il fait la remarque que pour le bleu, il a des doutes entre trois plantes… Actuellement, nos artisanes lainières n’ont plus de plantes à indigo à proposer.
Je suis très surprise par certaines questions posées sur Facebook. Alors, je constate qu’il y a fort à faire et cela démontre un certain intérêt.
Partons vite à la recherche des connaissances et techniques perdues. Il faut en profiter pendant qu’il en est encore temps, la pratiqueest aussi indispensable que la théorie… Cela ne peut pas être remplacé par des ordinateurs…