/// Amap, une autre éthique /// —- petite mise à jour, le 25 décembre 2021 —
Nouvel article du 17 Mars 2020 — ce projet de Biolab Maraîchage ne fait que commencer…
Prochain article sur ?
Je suis bien revenue en Chili et j’espère revenir en Europe au printemps 2022
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Qu’est-ce qu’une Amap?
Pour cette fois, je vais d’abord laisser la parole à une Amapienne qui a crée une des premières Amap de Paul Thierry de Biolab Maraîchage.
La petite histoire vécue de l’Amap “choux, radis, choux”
Un peu d’histoire
En 2007, je venais de prendre ma retraite de l’éducation nationale, et je souhaitais vivement faire quelque chose en relation avec la consommation et le social. Un ras le bol des grandes surfaces, la qualité et les prix des légumes, une consommation absurde de produits hors saison venant du bout du monde.
À l’époque, nous étions quelque amies et collègues à chercher quoi faire au niveau local. J’ai contacté la chambre d’agriculture, le GAB et d’autres organismes dont je ne souviens plus des noms. Toutes les réponses étaient identiques: “pas de maraîcher bio dans votre région!!!”
Déception, le projet démarrait mal. 3 mois plus tard, un coup de fil d’un jeune maraîcher qui allait s’installer sur une partie des terres de son oncle a rallumé l’espoir.
C’était Paul. très rapidement nous nous sommes rencontrés . C’est lui qui m’a parlé d’une forme de coopération intéressante les AMAP.
Le processus
C’était assez nouveau en France, l’idée collait assez bien avec notre projet. C’était parti. Les enjeux pour Paul étaient beaucoup plus lourds que pour nous.. tout s’est mis en route:
- 1- Réunion avec Paul et les personnes que l’on savait intéressées. Il fallait au moins 20 personnes qui s’engagent dans le projet pour débuter avec Paul.
- 2- la rédaction et le dépôt des statuts de l’association à la préfecture de Melun
- 3- démarches auprès de la mairie de Cesson pour avoir une salle une fois par semaine
- 4- recherche d’un trésorier et une secrétaire parmi nos connaissances.
J’ai été aidée au départ par une personne qui avait déjà monté une Amap dans la région la première. Enfin, j’ai été encouragée, cela m’a beaucoup apporté. Nous avons débuté dans l’enthousiasme, et une petite crainte que ça ne marche pas.
C’était une plongée dans l’inconnu. Nous ne voulions pas faire de la “pub” au sens classique du terme car nous voulions que les personnes qui s’inscrivaient soient au courant de leur engagement.
Le contrat
C’est-à-dire un contrat entre un maraîcher et eux:
- prépayer la part de récolte sur une année,
- venir chaque semaine récupérer son panier,
- ne pas connaître à l’avance le contenu exact de son panier.
- participer au moins 2 fois dans l’année à la distribution,
- venir quand c’est possible à la ferme quand Paul a besoin d’un coup de main.
- partager les risques, c’est à dire des paniers moins garnis en cas de problèmes inhérents à l’activité agricole (canicule, gel et toutes catastrophes naturelles etc ),
- adhérer à la charte des Amap.
Les 2 premières années, les terres de Paul étaient en conversion pour obtenir le label Agriculture Biologique.
La 1er année, la mairie de Cesson nous avait octroyée une petite salle. L’année suivante, grâce à une adhérente, nous avons eu la chance d’être accueillis dans la ferme du Coulevrain, écomusée de Savigny le Temple.
Durant 10 ans, nous sommes restés dans ce lieu. Nous avons du ensuite changer car la ferme a été louée à une école.
Actuellement nous sommes dans une salle qui est utilisée par les associations de Cesson.
Que nous proposent les producteurs?
Durant ces années nous avons fait venir d’autres producteurs:
- Mickael, boulanger,
- Marc éleveur de poules, donc des oeufs et poulets bio,
- Philippe qui produit des fromages de chèvres, des cailles et des œufs de cailles.. nous avons également un producteur de pommes,
- Simon et Carine nous fournissent des pommes de terre et de l’agneau.
- Il y a d’autres fournisseurs ponctuels pour du miel, des confitures et pâtes.
Les règles
En général, lorsque nous signons un contrat avec un nouveau producteur, nous allons le rencontrer dans son exploitation, il vient une fois à la distribution avec ses produits.
Notre distribution se déroule une fois par semaine de mai à décembre et une fois tous les 15 jours de janvier à fin avril.
Tous les ans nous avons des adhérents qui partent pour des raisons diverse et d’autres qui s’inscrivent. Nous n’avons pas vraiment de mal à faire le plein et même refuser du monde
C’est Paul qui fixe le nombre de personnes qu’il peut servir. Une année nous étions montés à 60 adhérents. On s’est rendu compte que ça n’allait pas, moins de convivialité, plus d’attente.
Nous avons un système de personnes qui peuvent remplacer des absents par exemple pendant des périodes de congés. On les nomme les intermittents du panier.
Voila un bref résumé de l’Amap. J’oubliais, nous avons une Assemblée Générale tous les ans. Cette année, cela devait se dérouler en mars. La date n’était pas fixée, mais le virus a un peu perturbé la donne. Bonne lecture, n’hésite pas à me poser des questions si nécessaire. Cordialement Françoise Letheule
Les Amap, vues par les wwoofeurs
Toute l’exploitation de Paul est dédiée aux Amap. Il n’y a donc pas de vente directe, ni de marchés à assurer.
Mais, il faut assurer les 181 paniers actuels entre 7 Amap avec 5 hectares répartis entre Chevrainvilliers et Chatenoy, à 2,5 km. Il y a des serres sur les deux sites. Le tout en agriculture biologique.
Les récoltes ont lieu normalement du lundi au mercredi, mais se prolongent souvent jusqu’au vendredi pour les légumes les plus fragiles, tels que les salades.
Habituellement, les légumes sont entreposés dans une chambre froide pour une meilleure conservation. Auparavant, les légumes ont souvent été lavés pour assurer une meilleure conservation et une plus belle présentation.
Les légumes sont maintenus ici le minimum de temps nécessaire.
Les activités
Entre les temps réservés aux récoltes, il faut assurer les plantations et semailles, suivant les cas et le désherbage et autres tâches nécessaires, le plus souvent fait à la main.
L’entente est très bonne, mais on ne chôme pas. Il y a toujours beaucoup à faire. En réalité, on manque toujours de temps… Et c’est la nature qui commande en faisant monter en graines les plantes… Il faut être attentif à de nombreux détails.
D’abord, les wwoofeurs sont là pour apprendre. Et qui ne commet pas d’erreurs n’apprend pas.
Avec le confinement, la demande en wwoofing, et sans doute un intérêt nouveau pour la vie rurale semble en nette augmentation. Est-ce que cela va durer?
Au passage, les wwoofeurs découvrent les Amap. Ainsi, certains vont chercher à s’y inscrire lors de leur retour à la ville.
Cette expérience m’aura vraiment beaucoup appris.
En outre, nous essayons d’avoir des activités extra, telles qu’ateliers savon, lessive de lierre ou ecoprint.
Visite des Amapiens
Régulièrement, nous recevons la visite d’Amapiens qui viennent participer à nos travaux. C’est très intéressant, car ainsi, ils prennent aussi conscience de certaines difficultés du métier.
D’habitude, ils participent à nos travaux dans la mesure de leurs possibilités, au désherbage, aux récoltes et à l’organisation des livraisons. Ils en profitent pour poser des questions…
Notons, qu’ils ne rechignent pas aux travaux les plus ingrats. Je pense aux tâches où l’on se rend compte que la terre est basse. Je n’oublierai pas l’Amapienne qui m’a aidée gentiment à mettre en bouteille les purins…
Généralement, ils partagent leur repas avec nous. Ces échanges nous apportent beaucoup.
Sans doute la visite de Monique, une Amapienne exemplaire est toujours très attendue, car elle nous a toujours beaucoup aidés de diverses manières.
Les difficultés
Ces difficultés peuvent être de:
- Prévisions, quoi semer ou planter quand et où, pour respecter les associations et les alternances favorables, mais aussi récoltes avancées ou retardées…
- stratégie, plus ou moins de variétés pour mieux répartir les charges de travail…
- partager de manière équitable la récolte pour les 181 paniers, chaque semaine, même si certains produits ne donnent pas ce qui était prévu…
- météo défavorable ou trop favorable, certains légumes ne laissent que quelques jours pour les récolter. Alors, il faut être vigilant, c’est par exemple le cas des chou-fleurs qui ont choisi d’être prêts pour Pâques, en même temps, nous montions la yourte…
- lutte contre les parasites, choix de légumes moins sensibles
- Covid et confinement…
Les Amap, vente en circuit court
Enfin, la participation à une Amap est aussi un processus d’achat-vente en circuit court, généralement de produits locaux et bien sûr de saison.
Donc, c’est une forme de consommation plus responsable qui par ailleurs favorise la fraîcheur et la qualité des aliments.
La préparation des livraisons
Normalement, la livraison se fait globale pour chaque Amap qui répartit les produits en Petits, Moyens et Grands Paniers, selon le choix des Amapiens: petits, moyens ou grands paniers.
Ce tableau récapitule les récoltes de la semaine. Paul et Valentin l’utilisent pour faire la répartition des produits entre les Amap. Évidemment, cette étape est complexe, car il faut être juste, parfois avec des produits différents. Conformément au principe de transparence, Paul compile le bilan des distributions.
Alors, la préparation des livraisons est un moment où il faut être particulièrement vigilant sur l’exactitude des calculs et des pesées pour que tout parte, et sur la qualité des produits. Enfin, c’est le dernier filtre avant que le légume arrive à l’Amapien, et le tri génère parfois des récoltes de dernière minute.
Cependant, le jeu des Amap consiste aussi à limiter les pertes et encourager la non-standardisation. Aussi, Paul se permet parfois de distribuer des légumes moins présentables, mais qui reste consommables. Et, il existe des Amapiens qui apprécient les légumes fous ou moches…
Découvrir des légumes inconnus
Ce système d’Amap permet aussi de faire découvrir d’anciens légumes un peu oubliés et des “incroyables comestibles“. C’est-à-dire des “mauvaises herbes” très intéressantes en gastronomie, telles que les amarantes, les chénopodes et le pourpier qui abondent ici.
Alors, les Amapiens assurent leur répartition. Paul essaye de rencontrer très régulièrement toutes les Amap pour recevoir leurs remarques.
En cas de Covid
Là, tout se complique. Il fallut préparer les parts dans des sacs en papier pour certaines Amap.
Bien sûr, la livraison à été compliquée, elle aussi… changement d’adresses, difficultés pour récupérer les caisses…
La livraison aux Amap
Une fois les palettes prêtes, elles sont chargées dans le camion et Paul ou Valentin va assurer la livraison aux adresses des différentes Amap.
Les livraisons sont réparties entre le mercredi, le jeudi et le vendredi après les horaires de travail de l’équipe.
Les Amap, vues par Paul
Je m’appelle Paul et je suis maraîcher biologique en Amap depuis 13 ans, sous l’appellation Biolab Maraîchage. Je me suis installé sur la ferme familiale à Châtenoy, près de Nemours.
La ferme est historiquement céréalière conventionnelle et mon installation impliquait la mise en place complète de l’atelier de maraîchage et la conversion des terres à l’agriculture biologique. Mes motivations pour ce métier sont essentiellement éthiques : le respect et l’amour de la nature, le plaisir du bon goût et de l’alimentation santé, l’enrichissement humain.
Je sers actuellement 6 Amaps à Chatenoy, La Genevraye, Cesson, Alfortville, Paris 13e et 20e. J’ai pris connaissance du système Amap pendant ma formation de technicien en agriculture bio.
Pourquoi les Amap?
Né au Japon sous le nom teikei (« collaboration » en Japonais) et apparu en France en 2001, ce système s’est imposé à moi comme la voie à suivre pour exercer ce métier. Par ses principes, il répondait concrètement à mes aspirations en me proposant une organisation simple et sécurisée pour la création de mon entreprise. La fidélité et le préfinancement des Amapiens pour une saison entière, ou l’assurance pour moi d’écouler toute la récolte, avec une bonne visibilité financière.
La simplification administrative : un contrat annuel unique, pas de factures, bon de livraison, de commande, etc. Un gain de temps précieux sur la préparation au détail, grâce à la prise en charge collective de la distribution des légumes. La notion de solidarité dans les coups de main à la ferme ou face aux aléas bioclimatiques.
Enfin, la relation directe avec le « consom’acteur », le lien de confiance et de transparence qu’elle implique. Toutes ces facilités me semblaient être des atouts à saisir face à la charge que comporte le métier. Ils se sont révélés décisifs dans le développement et le maintien de mon activité, en contrebalançant l’exigence physique, la complexité technique d’assurer constamment volumes et variétés de légumes et assumer la responsabilité de nourrir, les aléas humains du travail en équipe. L’accompagnement professionnel que propose le réseau des Amaps d’Ile de France à travers son collège de paysans a aussi été précieux, notamment les formations par transmission de savoirs entre pairs.
J’aime l’idée que ma ferme, en résonance avec les Amaps et le wwoofing, soit un lieu de rencontres et d’échanges, entre les gens et avec la nature, un point de contact à la terre.
Divers
Tissage de carrés
Par exemple, la yourte qui sert de logement aux wwoofers, aurait besoin d’une tenture interne.
Alors, j’ai proposé de la faire avec des petits carrés tissés au métier à clous de 20 x 20 cm. Nous avons fait le calcul qu’il nous faudrait environ 1.000 carrés, si on les divise par les 181 Amapiens, on obtient 5 carrés par personne.
Paul a envoyé un mail accompagné d’une video expliquant aux Amapiens comment tisser ces carrés, chaque semaine lors des livraisons, il récupère des carrés, nous en avons 400, au jour de cette photographie, donc nous sommes en bonne route…
Réunion d’une Amap
Je viens d’assister à une réunion de l’Amap de Chatenoy à la ferme de Gérard. C’était très intéressant, car j’ai pu voir la variété des produits fournis, autres que ceux de Paul.
D’autre part, j’ai aussi pu voir les difficultés auxquelles ont à faire face ce genre de petites associations, il y a un gros travail de gestion, d’organisation avec leurs paysans partenaires qui ont des calendriers et des problématiques différentes. C’est vraiment admirable.
En outre, une Amap rurale diffère beaucoup d’une Amap parisienne. Pour une Amap rurale, la recherche de nouveaux adhérents se complique avec les distances à parcourir (beaucoup se déplacent à vélo), la facilité de la création d’un potager chez soi… Leurs intérêts semblent différents des Amapiens citadins qui peuvent avoir des problèmes d’espace pour stocker les légumes.
Une AMAP tinctoriale
Lors d’un autre wwoofing, j’ai découvert l’existence d’une AMAP qui cultive des plantes tinctoriales dans les Cévennes avec un système d’abonnement sur le temps long. Intéressant, non?