/// Un profil, suis-je seulement un profil? /// Article du 5 septembre 2024, modifi´é le 14 octobre 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Normalement, je ne me préoccupe pas de mon profil, mais tout peut arriver dans ce drôle de monde qui ne répond à aucun profil.J’étais plongée dans mes lectures et l’inattendu survint. Je m’en serait bien passée, mais quelques commentaires me semblent nécessaires…
Il était une fois, un curieux appel whatsapp.
Je vous livre la conversation à l’état brut, tel que whatsapp me laisse la copier.
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Hi Tinctoriales.com! I need more info about Mauvaises herbes utiles https://tinctoriales.com/mauvaises-herbes
Réponse à l’invitation à contacter mon whatsapp (petite icone verte en bas à droite de l’écran), sur mon article à propos des mauvaises herbes.
2 appels perdus
Bonjour, comment allez-vous ? 👋☺ Seriez-vous intéressé que je vous partage des plantes qui pousse dans nos jardin comestibles et médicinales? ☝😊
Pourquoi pas
Et accepteriez-vous que nous faisons connaissance ?
Je me méfie de faux profil à qui parfois j’ai eu a faire.
Il y a bien quelques photos de moi sur le site
Mais je ne suis pas très photogénique
Je ne sais pas je n’ai pas vu de photos de vous, ma question est simple êtes-vous un homme ou une femme dites-moi s’il vous plaît ? Je n’ai pas d’information sur votre profil voilà pourquoi je pose cette question.****
Je ne suis pas un robot
Je vous fais confiance, moi non plus je ne suis pas un robot, Mais j’aimerais quand même avoir des informations sur vous avant de continuer à converser avec vous.
Et de moi vous aurez des informations sur moi en retour si je justifie que vous n’êtes pas vraiment un robot. ☝😏
Si on lit mon article jusqu’à la fin ou trouve ceci
Françoise Raffi – La Francesa Bigotuda
Artisane textile, tisserande, teinturière, vivant depuis plus de 20 ans au Chili, je travaille avec des teintures naturelles depuis plus de dix ans. J’ai participé à plusieurs séminaires internationaux (ISEND Kuching, IFND Taiwan et dernièrement IFPECO à Madagascar) Je tisse, tricote ou feutre les fibres teintes. Je propose des formations aux teintures naturelles adaptées au lieu. Artesana textil, tejedora, tintorera, viviendo desde más de 20 años en Chile, trabajo con teñidos naturales desde más de diez años. He participado a varios seminarios internacionales (ISEND Kuching, IFND Taiwan y ultimamente IFPECO en Madagascar). Tejo o afieltro las fibras teñidas. Propongo formaciones, capacitaciones, talleres de teñido natural adaptadas al lugar. Afficher tous les articles par Francoise Raffi – La Francesa Bigotuda
En fait vous êtes une société de teinture en textile ayant une société internationale. ☝😏
Fin
Je n’invente pas les fautes. Mais, personne n’est libre de défaut.
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Et, vlan, il m’a collée une étiquette erronée.
45 ans après avoir passé mon bacchalauréat, je vais me livrer à un commentaire de texte.
* Mon article traite des mauvaises herbes, comme l’indique le titre et non de moi. Je ne l’ai pas écrit pour me vendre.
**Cela n’a rien à voir avec le sujet de l’article. Pour moi être humaine me suffit et je rédige au féminin. Je ne suis pas un pot de fleur à vendre. Le genre est marqué et normal en français ou en espagnol. Depuis peu, j’étudie l’Indonésien, mis à part quelques emprunts à des langues étrangères, il n’y a pas de masculin ni de féminin, il n’y a pas de pluriel non plus. Il en est de même en Quechua et en Aymara, mes amis péruviens et boliviens, n’ont certainement pas de problèmes de profil. Beaucoup de langues fonctionnent très bien ainsi.
***Mon site compte plus de 90 articles à travers lesquels on découvre suffisament ma personalité. Si ce n’est pas suffisant, il y a www.lanitando.com qui le complète en espagnol. Ma photo n’apporte que peu d’informations. J’aime beaucoup les vers de Louis Aragon: « Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant«
****Il se répète, il suffit de lire l’article.
Décortiquons la demande de profil
En bref, on me demandait avec insistance mon profil avant de lire jusqu’à la fin mon article.
C’est tout de même curieux.
En outre, il y a deux messages éliminés, serait-ce que ce personnage était en train de suivre deux “conversations” à la fois et se trompait d’interlocuteur (ou de profil)?
Voici, proverbe targui, cité par Jean Loic Le Quellec:
ma ihânney wer iseggedh
ma ilâmmedh wer isestin
“Que peut voir celui qui ne regarde pas ?
Que peut apprendre celui qui ne demande rien ?”
Je regrette de ne pas avoir la police de caractères amazigh, c’est dommage, c’est un très bel alphabet, il donne envie d’apprendre la langue.
Étais-je en communication avec un profil de dragueur?
Si, c’était le cas, il ne démontrait pas son intelligence. Il devait avoir du temps à perdre. Mon site ne semble pourtant pas avoir un profil de site de rencontres!
J’ai entendu dire que les hommes se plaignaient de manquer de succès auprès des femmes, mais ce n’est pas étonnant, s’ils confondent un être humain, doué de sensibilité, avec un profil. Une fois en couple, comment traitent-ils le profil qu’ils ont choisi?
Cette communication à sens unique est curieuse, mais elle me fait penser aux robots sensés nous aider sur les sites commerciaux. Cependant, ces robots commerciaux reconnaissent qu’ils en comprennent pas les questions posées, ce qui n’est pas le cas de mon demandeur de profil. En outre, ils ont une rédaction plus soignée.
Conversation ou communication avec un profil imaginaire
Voix passive
Elle fortement déconseillée par le SEO lors de la rédaction pour le WEB. Mais, il me semble quelle est imposée par le système du profil qui nous réduit à moins qu’une silhouette.
Je ne retrouve pas une photo qu’il me semblait avoir prise à l’entrée des toilette de la gare de Malagá, Espagne. Le classique logo indiquant les toilettes des femmes était choquant, moins qu’un profil, deux courbes simulant un derrière (de femme). Les toilettes des hommes étaient symbolisé par une cravate!
D’ailleurs, la langue est maintenant totalement modulée et appauvrie par ce système de profil. Je ne désire donc pas être un profil.
Les conseils de SEO ne veulent pas de paragraphes longuets, de phrases trop longues, de mots trop compliqués. Ils demandent de rajouter des sous-titres… Tous les grands auteurs du siècle passé serait refusés par le système SEO.
Commentaires SEO concernant cet article
Voix passive : Vous utilisez suffisamment la voix active. C’est super !
Phrases consécutives : Il y a suffisamment de variété dans vos phrases. C’est super !
Sont-ils capables de comprendre les concepts que l’on essaie d’expliquer? C’est une autre histoire.
Peut-être en devrais-je pas utiliser le pronom indéfini “on”, nos professeurs nous le déconseillaient formellement quand j’étais petite, à l’école. À l’époque, on nous enseignait encore la grammaire, quelques années plus tard, celle-ci était bannie. C’est tout de même util quand on apprend une langue étrangère. Cela permet d’éviter de faire des confusions.
Je me demande maintenant: comment passe à la traduction ce paragraphe un peu hors profil.
Une IA ne se pose pas ces questions, elle apprécie les profils. Et, il n’y a pas deux langues avec le même profil.
Un profil arborescent?
Si je suis un profil, j’espère qu’il est arborescent. C’est plus difficile à traiter en mode digital, c’est clair, mais c’est le mode d’existence du vivant. J’allais écrire “fonctionnement”, mais le vivant en fonctionne pas, il est.
Je ne peux pas être commutée en mode “oui” ou “non” comme une machine. Il existe des “peut-être”, des “et, si…”, des “cependant” et beaucoup d’autres mots de liaison très utiles dans la vie…
Quand je commence à étudier une langue, je m’intéresse beaucoup à ces mots qui structurent les phrases.
Un profil pour mieux me vendre votre produit
Non merci, je n’ai besoin de rien. Et quand j’ai besoin, je cherche. Je suis habituée à faire des recherches pour mes problèmes techniques d’artisane, alors faire une recherche pour un achat ne m’est pas difficile.
Encore une fois, une communication à sens unique, cela ne me satisfait pas.
Je comprends parfaitement que les réseaux sociaux veuillent nous réduire à un profil, c’est leur « business model« , le produit qu’ils vendent, mais que peut gagner un simple individu à ce jeu?
En outre, il se trouve qu’il m’arrive de lire et de suivre des gens qui ont travaillé sur le sujet: Bernard Stiegler, Miguel Benasayag, Yves Citton, Jonathan Crary… ainsi que Alain Damasio, tout cela me pousse à la méfiance.
Conclusion
Je suis bien contente d’avoir vidé mon seau de rage, contre ceux qui cherchent un profil.
Il est temps qu’ils se réveillent. Le monde vivant et réel n’est pas encore un profil, c’est peut-être inquiétant. L’excès de profils m’a simplement rendue allergique aux profils.
Si vous aviez encore des doutes, il est clair que je ne suis ni robot, ni profil. Une des preuves, est le temps que je passe et qui passe avant d’envoyer ma réponse à un demandeur de profil.
En outre, si vous cliquez sur l’icone de Whatsapp au coin inférieur droit de cet écran, vous rentrerez bien en contact avec une personne humaine. Ce site a déjà plus de 7 ans et je l’alimente personnellement.
À bientôt, lors de mon prochain article, plus artisanal, je l’espère ou en prenant contact, à la seule condition de ne pas me demander mon profil.
/// Au bout de mon âge /// Article du 11 mai 2024, modifi´é le 13 mai 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Une de mes passions est la poésie et j’y reviens régulièrement par mes temps de doutes, et qui ne doute pas ? Surtout par les temps qui courent. Il m’arrive de semer des poèmes dans mes articles. Il sont pour moi une source d’espoir, de créativité et d’encouragement à poursuivre mes démarches.
À l’approche de mon 63ème anniversaire, ce matin, ce poème de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat que j’ai écouté maintes fois dans ma jeunesse m’est revenu à l’esprit.
Il ne parle pas de teintures, assez peu de la nature, mais surtout de la nature humaine… et c’est beau !
Le poème
Je viens de passer quelques heures sur internet pour essayer de retrouver le titre du livre, dont est extrait ce poème. En effet, Louis Aragon a écrit beaucoup de poésies, et je n’ai pas ses œuvres complètes sous la main.
Vu que tout est fait pour nous encourager à tester les fameuses Intelligences Artificielles qui sont censées nous aider dans la rédaction. Je me suis proposée de tester celle qui est le plus en vue ces derniers temps.
Celle-ci m’affirme d’abord que c’est de Paul Verlaine, puis comme j’exprime mes doutes, elle m’affirme qu’elle s’est trompée et que c’est de Léo Ferré ! Elle était supposée me simplifier la vie.
Un maître des arts martiaux et philosophe japonais, Itsuo Tsuda, disait qu’il ne faut surtout pas prendre de raccourci. Il avait raison.
J’ai le plaisir de joindre ici le PDF de notre conversation.
À force de recherches, je trouve un site qui mentionne « Le voyage en Hollande ».1 Ce n’est pas son livre le plus connu, mais tout de même.
Je retrouve ce livre, et dedans, ce beau poème. J’ai une belle surprise. En réalité, il est beaucoup plus long, le refrain de la chanson est une simple strophe.
Cela donne envie d’aller vérifier les autres poèmes qu’a chanté Jean Ferrat.
Paroles de la version chantée
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Je me sens pareil Au premier lourdeau Qu’encore émerveille Le chant des oiseaux
Les gens de ma sorte Il en est beaucoup Savent-ils qu’ils portent Une pierre au cou
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant
Ils n’ont pas le sens De ce qu’est leur vie C’est une innocence Que je leur envie
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Tant pour le plaisir Que la poésie Je croyais choisir Et j’étais choisi
Je me croyais libre Sur un fil d’acier Quand tout équilibre Vient du balancier
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis
Une saison d’homme Entre deux marées Quelque chose comme Un chant égaré
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Louis Aragon
J’ai une pensée pour ceux qui ne comprennent pas le français, ce sera l’occasion de tester les traducteurs automatiques… car la poésie est toujours difficile à traduire. Celle de Louis Aragon semble facile, mais elle est en réalité très recherchée, montrant toute la richesse de la langue française.
Ce texte est un peu triste, mais je persiste à vouloir bien rêver et cela sainement.
« Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant »
Cette strophe, semble me refléter. Pourquoi devrais-je m’arrêter devant les miroirs?, si :
« Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis »
La chanson
Nombreux sont les sites indiqués pour cette chanson, certains donnent même les accords pour la jouer à la guitare.
Au moment où j’essaie à distance de faire mes démarches pour ma retraite française qui n’atteindra pas les 350 Euros, je me forme encore et cherche un travail complémentaire. On est loin de la « Douce France » de Charles Trenet2.
Et ce n’est pas encore assuré. Il faudrait encore que j’arrive à me procurer le livret de famille où figurent mes deux enfants. Depuis le Chili, c’est plutôt compliqué. De plus, pour la CIPAV (10 années de cotisations lourdes), il faut être en France pour faire valoir mes droits. Il ne faut pas compter sur le Consulat.
En attendant, il va falloir trouver une ou plutôt des solutions complémentaires.
Des conférences, pourquoi pas ?
J’ai déjà partagé plus d’une fois, mes pratiques tinctoriales, notamment lors des congrès de teintures naturelles auxquels j’ai participé.
Je vous donne ici les liens pour les fichiers Powerpoint des présentations à ces congrès:
J’ai suffisamment de matériel et de compétences pour organiser des expositions. J’en ai fait une à la médiathèque de Loches, en France, en 2010.
Les panneaux provenaient de l’Association Couleur Garance, mais je suis mantenant en condition de produire les miens sur la base de mes expériences. En outre, j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de la Publication Assist´ee par Ordinateur (aussi bien en français qu’en espagnol).
À la suite de ma participation au Congrès de teintures naturelles à Kuching, Malaisie, nous avons organisé à la médiathèque de Loches, France, un atelier de démonstration pratique de teintures naturelles, avec des enfants.
Il y en aussi eu à Iquique, au Nord du Chili. Pourquoi ne pas recommencer ailleurs?
Des formations
Je reviens à la charge, en effet, c’est encore et toujours, le meilleur moyen de partager une technique, car cela implique une participation.
Le but est de vous rendre indépendant par la pratique, dès le départ… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Ne faîtes pas confiances aux IA dans ce domaine. Mieux vaut une formation vraiment humaine. L’artisanat, la teinture, le tissage, c’est vraiment du réel, cela doit encore se faire avec les mains… et cela ne s’improvise pas.
Cela vaut autant pour les enfants que pour ceux qui arrivent au bout de leur âge… qui comme moi continuent à se former en permanence. N’attendons pas l’après ci ou cela…
Un livre, au bout de mon âge
J’aime tant les livres, il est certainement temps d’écrire les miens.
Pour le moment, je pense plutôt à un e-book sur ma technique préférée actuelle, «anillado», elle sera la vedette d’un prochain article sur www.lanitando.com
Il paraît que c’est ce qu’on appelle des revenus passifs. Êtes-vous intéressés ?
Des créations à la demande ?
Une amie m’avait conseillée de m’acheter un rouet et de proposer de filer la laine de vos moutons… J’ai acheté un beau petit rouet électrique, léger, idéal pour voyager. Cet appareil a d’ailleurs déjà voyagé. Il file fin et en silence.
Il attend vos besoins de laines et autres fibres…
En attendant, je file un peu de poil de chien Akita. C’est très lent, car leur pelage est court.
Cela pourrait aussi être des tricots, des tapisseries ou des bijoux textiles… à la demande.
Au bout de mon âge, que devrais-je faire?
Je voyage toujours trop chargée, l’idéal serait de travailler sur commande, comme mon père qui était géomètre. Il se demandait pourquoi je tissais encore… Évidemment, il ne pouvait pas proposer des bornages à l’avance.
Il faut tout de même que j’ai quelques pièces à montrer…
Et des voyages… Pour bien rêver au bout de mon âge
Pour bien commencer, cela va faire un mois que j’ai débuté l’étude de l’indonésien. Cela fait rêver. En Indonésie, on pratique deux techniques de teintures avec réserves particulièrement remarquables : le batik et l’ikat. Ces deux noms sont d’ailleurs des mots indonésiens.
Batik
J’ai bien sûr quelques livres à ce sujet. Mais encore une fois, rien ne vaut la pratique.
La technique traditionnelle utilise un petit récipient au bout d’une baguette. Mais, je n’ai pas de photo.
Nous avons fait un essai avec mon ami Hilaire, à Madagascar, sur une écharpe de soie de sa production.
Ikat
J’ai déjà été en contact avec cette technique, d’abord à Kuching, quand je suis allée au congrès de teintures naturelles WEFT, en 2010.
La chaîne est tendue sur un cadre, les zones à protéger sont enveloppées de ficelles. Cettee chaîne sera teinte, les protections enlevées. Le processus est recommencé pour une autre couleur
Cette toile a eu deux bains de teinture différents. Elle est donc passé deux fois par la première étape d’attache pour les réserves, certaines toiles ont parfois un troisième et un quatrième bain.
Puis, je l’ai revu à Madagascar, lors de l’IFPECO en 2017.
Puis, j’ai fait un test chez mon amie Solange à Andacollo. Là, la réserve a bien protégé la laine, mais cela a curieusement bougé. Pourtant, j’avais choisi de la laine qui avait déjà bouilli. Elle n’a pas rétréci, d’ailleurs je n’ai pas manqué de laine.
Impression au bloc
Vannerie
Il y a aussi beaucoup à voir en Indonésie et en Malaisie, en ce qui concerne la vannerie. Cette technique m’intéresse aussi beaucoup, il s’agit d’un précurseur du tissage et du tressage.
À Kuching, je me suis acheté un très beau livre sur la vannerie à Borné. Décidément, il y a beaucoup à voir là bas. Mais, que restera-t-il dans quelques années? Ils ont mis 20 ans pour rédiger ce livre. Lors de la publication, beaucoup de plantes utilisées avait disparu ou devait être protégées.
Aller voir sur place
Bien sûr, je connais la théorie de ces techniques, mais rien ne vaut la pratique par et avec les spécialistes, les créateurs. Moi, aussi, j’aime utiliser mes mains.
Il y a aussi des plantes à indigo, des plantes à rouge, des fibres végetales et de la soie.
Commencer un cercle vertueux
Le développement personnel, je ne suis pas très fan, mais il m’a fallu en lire. En outre, un schéma peut remplacer beaucoup de mots. Ce sont les métaphores d’aujourd’hui.
Je l’adapte à l’état de mes méditations de ce jour.
J’en ai assez de regarder vers ce que j’ai fait dans le passé (il y a les Curriculum Vitae pour cela), c’est un peu comme se regarder dans un miroir, cela ne répare rien. Je préfère regarder vers l’avenir.
Remettons la roue en marche
Au bout de mon âge
Il suffit d’un petit coup de pouce.
Un simple contact suffit
Si vous n’aimez pas Whatsapp, j’ai aussi Signal et Telegram.
Le voyage en Hollande, Louis Aragon, Éditions Seghers, 1964 ↩︎
« Douce France Cher pays de mon enfance Berceau de tant d’insouciance… » Quelle ironie! ↩︎
/// Tresses et bandes tissées /// Article créé le 29 mars 2023 et modifié le 3 janvier 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours à Codao – Chili du 15 au 20 janvier 2024 +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com
Pourquoi des tresses?
Lors de mon dernier séjour à Gletterens, j’ai compris l’importance des bandes ´´etroites et autres rubans tissés ou tressés.
C’est très utile pour faire des lanières pour des pochettes et des sacs, pour faire des ceintures, des amarres… Les applications sont nombreuses. Une tresse est toujours la bienvenue et peut être très décorative.
Mes lanières au crochet et les simples tresses à 3, 4, 5… brins ne me suffisaient plus.
Dans les fouilles archéologiques, on en trouve de nombreuses variantes.
Les tresses et bandes étroites ne nécessitent pas ou peu d’outils et ne mobilisent que peu d’espace. Elles peuvent être une bonne initiation aux techniques de tissage, une étape pour des pièces de plus grande envergure.
Nouveau voyage au Danemark
Braids 2022, tresses et bandes
Par hasard, un jour j’ai découvert que la Braid Society organisait un séminaire à Svendborg, au Danemark. Je n’ai pas pu résister à l’envie de découvrir plus profondément ces techniques de tresses et bandes étroites que je commençais seulement à tester.
Les plaquettes, un type de tresses?
J’avais déjà commencé à essayer les plaquettes, mais sans grands résultats. Il y a toujours des détails simples qui compliquent le travail.
J’avais beaucoup d’informations, mais rien ne vaut la pratique guidée.
Lors des Braids 2022, j’ai pu suivre une initiation à cette technique.
Chaque plaquette a plusieurs chaînes qui s’inversent au fur et à mesure du tissage. C’est un peu comme une tresse traversée par une trame à chaque rang.
Cela permet une grande variété de dessins et on obtient un ruban plus épais qui peut mesurer jusqu’à plusieurs mètres de longueur.
Cette technique est attestée à Hallstatt (Autriche), 3000 ans avant JC, par exemple. Mais, on la retrouve un peu partout dans le monde depuis des temps très reculés.
Généralement, on l’utilise pour des bandes, des galons, par exemple. Mais certains artistes peuvent aligner 400 ou 500 tablettes.
Splicing, qu’est-ce que c’est?
J’ai découvert cette technique lors des Braids 2022, par des pièces réalisées par des intervenants, j’ai aussi pu acheter quelques livres à ce sujet.
C’est une technique de tresses où les fils se traversent littéralement. Les résultats sont vraiment impressionnants et ne se limitent pas à de simples bandes.
Elle permet de créer des pièces en relief, en volume. C’est notamment la technique originale des sacs Wayu, de Colombie.
La lucette
Il s’agit d’une sorte de tricotin qui prend la forme d’une simple fourche. Cela permet de tricoter des cordons carrés. Ceux-ci peuvent ensuite être tressés, tissés, cousus, comme des tresses…
Ces cordons peuvent inclure des perles et s’entremêler en structures complexes.
Le kumihimo
Encore une technique de tresses qui rappellent le scoubidou, en provenance du Japon. Le kumihimo utilise une planchette percée au milieu et bordée de fentes où vont se glisser les différents fils pendant le tissage/tressage.
Les possibilités sont très variées. On peut obtenir aussi bien des tresses cilindriques que des tresses plates.
Le sprang
Cette technique n’est pas seulement destinée à faire des tresses étroites. On peut aussi l’utiliser pour des rideaux ou des pantalons. On peut faire des jours, c’est comme de la dentelle élastique.
En fait, il s’agit d’une tresse-filet dont la largeur dépend du nombre de fils de chaîne, donc de la largeur du métier. Chaque rang se tresse ou se tisse automatiquement en reflet, en haut et en bas.
C’est comme un tissage sans trame. Très belle technique préhistorique.
Là aussi, j’ai suivi une initiation qui m’a été bien utile.
Passementerie
Il s’agit de rubans ornés et de pompons divers. Ils peuvent fournir de somptueuses garnitures et décorations. Un vrai jeu sur les différentes couleurs et grosseurs de fils. C’est le royaume des entrelacs.
Il n’est pas nécessaire d’avoir un métier à tisser aussi imposant pour travailler des galons. Nous avons eu une petite initiation à cette technique.
Le reste du dernier voyage en Scandinavie
Avant les Braids 2022
Je suis partie de Gletterens pour le Danemark avec quelques jours d’avance pour faire quelques visites de musées sur le chemin.
Bâle
J’avais une étape à Bâle, encore en Suisse, j’ai profité de cette occasion pour visiter le Musée du Papier. Il est vraiment très intéressant. Malheureusement, je suis arrivée un peu tard et je n’ai pas pu finir la visite et voir les ateliers. Il y en avait un qui m’intéressait particulièrement, c’était celui d’ebru.
Je viens d’y retourner.
J’en suis sortie avec quelques livres supplémentaires pour ma bibliothèque, notamment un sur la technique de teinture/impression appelée « ebru » que j’aimerai bien pouvoir développer prochainement.
La librairie de ce musée est très fournie, je vous la recommande chaudement.
Hedeby ou HAitabu
Haitabu était une ancienne capitale viking. C’était une étape obligée. Il y a un très beau musée et une reconstitution de village de l’Âge de Fer.
Il y avait aussi un festival viking, mais je n’ai pas pu y assister,
car je n’ai pas trouvé d’hébergement. La ville était envahi de vrai-faux viking…
J’ai donc continué ma route vers Arrhus.
Arrhus
Arrhus n’a été qu’une étape nocturne. Bien qu’il s’agisse d’une importante ville danoise, elle n’a été qu’un point de départ pour Silkeborg.
Silkeborg
Là, j’ai pu visiter le musée de l’Homme de Tolund.
Dommage que je n’ai découvert le musée du papier de Sylkeborg qu’une fois dans le bus pour rentrer à Arrhus.
Copenhague
Il y a encore des musées à visiter.
Svendborg
Braids 2022 mériterait un article complet, tellement c’`´etait intéressant. Cela a duré une semaine, une semaine de découvertes techniques de premier ordre.
Après Braids 2022
J’ai continué le voyage vers le nord…
Stockholm
Visite de nombreux musées. Certains offrent des démonstrations de nailbinding pour les enfants.
Turku
Le musée présentant de nombreuses bandes anciennes, tissées aux plaquettes était fermé.
Mais j’en ai visité d’autres. Notamment la réconstitution d’un quartier populaire au XIXème siècle, un musée de la pharmacie avec son jardin botanique, deux musées d’art moderne, un musée dit « biologique« …
Là, j’ai pu admirer des oeuvres d’une jeune artiste, Katja Syrja, qui produit ses propres encres et pigments naturels.
Certaines de ses oeuvres indiquent les pigments employés.
Une heureuse surprise!
Helsinski
Ce musée de la préhistoire expose de nombreux restes de textiles très anciens.
J’ai aussi visité un Musée Open Air, sur une île. C’est un grand parc avec des reconstitutions de bâtiments anciens de toutes les régions de Finlande.
On peut voir de nombreux métiers à tisser et rouets. Malheureusement, ils ne sont pas en état de fonctionner. Quel dommage!
Tallin
Je n’ai malheureusement pas eu le temps de visiter de musées à Tallin car je suis arrivée dans l’après-midi et je suis repartie le lendemain matin.
Je me suis promenée dans la vieille ville.
Riga
J’ai eu un peu plus de temps à Riga. Le premier jour j’ai pu visiter que la moitié d’un musée ethnographique intéressant, avec une belle exposition sur le bois. J’étais arrivée un peu tard eet le musée fermait déjà.
Le second musée traitait du design.
Kaunas
Musée Open Air (à l’air libre) montrant des reconstructions de fermes, églises, moulins, jardins… de toutes les régions de Lithuanie. Musée immense et très intéressant, il faut prévoir une journée complète pour bien le visiter. On peut y admirer de nombreux textiles traditionnels, en lin, chanvre et laine. De même, sont présentés les processus de production de ces fibres.
Le déplacement vaut vraiment la peine.
Szczeczyn
Je voulais aller à Wolyn, où il y a une reconstitution de village Viking. Malheureusement, ce musée avait fermé pour réaménagement juste 2 jours avant mon arrivée. Réouverture prévue dans quelques années. Je suis donc repartie pour Berlin.
Berlin
À Berlin, il y a de nombreux musées.
Par curiosité, je suis allée visiter le musée du chanvre. Il ne manque pas d’intérêt, mais semble mieux informé sur les informations médicales et les conditions légales que sur les propiétés textiles…
Retour au Festival Yelen à Baulmes
Mon souvenir du Festival Yelen était si bon que j’avais décidé d’y revenir.
L’idée était bonne.
Outre la musique, les contes africains, les artisans… j’ai fait la rencontre d’un écovillage que j’ai eu la curiosité de visiter.
J’ai accepté leur invitation et j’y suis restée en stage. C’est un lieu très multiculturel.
Une de mes tâches était la création d’une décoration des luminaires. J’ai donc travaillé sur ces lampes jusqu’à mon retour au Chili.
Je suis donc de retour dans cet Écovillage pour quelques mois et continuer ce projet de longue haleine. Les lampes à habiller sont nombreuses, cela permet d’être créatif.
Ici, aussi, j’ai donc trouvé une application à une bande tissée.
Pour la suite…
Cet article commence à être trop long. Je vais l’arrêter là. Mais la suite sera publiée très prochainement sur le site en espagnol www.lanitando.com
J’attends avec impatience vos remarques sur mon courrier électronique ou mes whatsapp/signal/telegram.
Comme, je reçois trop de courriers orduriers et de propositions malhonnêtes en laissant la possibilité d’envoyer des commentaires directement. Il faut rendre la tâche un peu plus difficile aux robots informatiques. J’insiste sur le fait que je rédige moi-même mes articles, sans aide d’une supposée intelligence artificielle qui ne peut avoir accès à mon expérience. Cela explique la lenteur de rédaction…
Francoise Gabrielle Raffi
Mobile français Reglomobile, whatsapp, telegram et signal +33 7 69 905 352 Mobile chilien Entel, whatsapp, telegram et signal +56 9 764 449 78 Mobile chilien Movistar +56 9 831 670 91 Ce numéro a été attribué à une autre personne pendant mon absence du Chili, de plus cette compagnie a décidé de changer mon identité!!!
/// Botanique et jardins /// Article créé le 20 mai 2023 et modifié le 10 juin 2023 Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours « a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023 +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Botanique, botanique! Pourquoi s’intéresser aux plantes?
N’est-ce pas normal de s’intéresser aux plantes quand on travaille avec des teintures et des fibres naturelles… Les jardins botaniques sont donc des passages obligés…
Lors de mes voyages textiles, je m’efforce avec plaisir d’inclure une visite à un jardin botanique.
Parfois, je le rencontre sans même le chercher. Quelle aubaine de rencontrer un jardin botanique. Cela donne beaucoup de renseignements sur le lieu…
L’ídéal, concernant les jardins botaniques, serait de les visiter à plusieurs reprises, suivant les saisons, pour pouvoir apprécier les différents stades de la végétation.
Madagascar botanique
À Madagascar, il y a peu de musées. Mais, il y a un jardin botanique et zoologique à Antananarivo où l’on peut découvrir toute l’exubérance et l’extravagance de la flore malgache.
On peut aussi y voir différents types de tombeaux traditionnels.
Stockholm (Suède)
Entre deux musées, on a la surprise de découvrir un petit jardin traditionnel suédois. Y figurent en bonne place le tabac et de nombreuses plantes médicinales.
Il me semble qu’il y avait un autre jardin botanique plus grand, mais je n’ai pas eu le temps de le visiter.
Lausanne, Jardin Botanique (Suisse)
J’ai déjà visité deux fois le Jardin Botanique de Lausanne, et je pense y retourner encore une ou deux fois…
Je viens d’y retourner en mai 2023, presque tout est en fleurs. C’est si beau qu’il est difficile de choisir entre les photos.
Les médicinales
Entre autres, il y a différentes sections, dont une avec des plantes médicinales, dont un certain nombres de plantes toxiques et des plantes textiles ou à fibres.
Les tinctoriales
Il y a aussi des plantes tinctoriales: garance des teinturiers, aspérule, gaillets, pastel des teinturiers…
À la sortie, il est flanqué d’une série de jardins privés très colorés…
Musées spécialisés, sujet botanique
Couleur Garance à Lauris (France)
L’une de mes premières rencontres avec la botanique tinctoriale et à fibres, fut le Jardin des plantes tinctoriales de l’Association Couleur Garance, créé à l’initiative de Michel Garcia et Dominique Cardon à Lauris, dans le Vaucluse, Sud de la France.
Quelle beauté!
Ici, se réunissent toutes les couleurs du monde.
Berlin botanique et chanvre (Allemagne)
Après avoir visité de nombreux musées sur l’antiquité, il me restait du temps pour aller visiter le musée du chanvre, une des plantes à fibres historiques.
Une plante, une histoire botanique
Cette plante à fibres, avant d’intéresser les générations hyppies pour une autre composante, le THC, pas toujours présente dans la plante, était très largement cultivée en Allemagne jusque dans les années 60, jusqu’à son interdiction en 1981.
Des fibres pour des textiles
De fait, la culture du chanvre en vue de la production de fibres textiles est incompatible avec la production de THC illégale. En effet, comme pour le lin, pour obtenir de bonnes fibres longues et le moins fourchues possible, il faut semer bien serré afin que les plantes développent des fibres longues et souples. Dans ces conditions, les plantes produisent moins de fleurs…
En ce qui concerne le lin que je connais mieux, la récolte idéale doit être faite avant la floraison. Alors, je suppose qu’il en est de même pour le chanvre textile.
Voici un petit résumé historique de la filature de cette plante.
Chaque type de fibres génère ses outils, la machine à teiller sert pour le chanvre, le lin, l’ortie et sa cousine la ramie.
J’ai été surprises par la finesse de certaines toiles. Cependant, elles étaient un peu raides à mon goût. Notre notion de confort a certainement beaucoup évolué depuis le temps où l’on s’habillait de lin, chanvre, ortie et laine…
Des fibres pour des cordes
Comme il n’est pas courant d’avoir accès à ces fibres, je me posais beaucoup de questions, et j’espérais les voir résolues dans ce musée.
Une plante, des usages divers
Autrefois, au Chili, les fibres servaient pour les cordes, les graines pour de l’huile d’éclairage, les feuilles pour protéger les haricots de certains insectes… En outre, cette plante a la réputation de limiter l’érosion des sols, ceux-ci sont souvent en pente au Chili, pays de montagnes…
Dans ce musée, j’ai trouvé de nombreuses informations intéressantes.
Mais, je suis restée sur ma faim. Il y a beaucoup d’informations sur les problèmes légaux et sur les utilisations modernes possibles des fibres et de la chénevotte: entre autres, plastique pour imprimante 3D, ciment, isolation, litières pour chats…
La qualité de mes photos n’est malheureusement pas au rendez-vous, certaines sections de ce musée, fort intéressantes, étaient difficile à lire et encore plus à photographier. L’espace un peu exigü était utilisé jusqu’au plafond et les reflets sur les vitres sont un problème récurrent dans les musées. Celui-ci ne fait pas exception.
Mais, par exemple, j’aurai aimé savoir s’il vaut mieux le filer sec ou plutôt humide comme pour le lin. J’attends encore la réponse.
Turin, quelle surprise botanique (Italie)
Par hasard, j’ai découvert dans cette ville un surprenant musée du fruit.
Il a grandement surpris mon imagination. J’imaginais une série de variété botanique, d’arbres fruitiers, de greffes…
En r´ealité, un chercheur, Francesco Garnier Valletti, (Giaveno 1808 – Torino 1889), a consacré sa vie à la modélisation des fruits, en plâtre peint, toutes les pommes et poires y passent. Un certain nombre de maladie des fruits sont aussi représentées. Quelle passion botanique!
Des fruits en plâtre!
En effet, ces fruits sont vraiment très réalistes, y compris les raisins blancs qui semblent aussi translucides que dans la réalité.
En réalité, chaque fruit a été moulé dans du plâtre. Il y a bien longtemps, j’avais fait des bougies avec ce même système, mais sans les peindre pour leur donner un aspect réel. Quand on voit le réalisme et la quantité de fruits reproduits ainsi, cela donne le tournis.
Toutes sortes de végétaux ont ainsi été mod´elisés. Il y a même des tubercules. Il y a aussi des champignons.
Je suis curieuse de savoir combien des races de pommes représentées ici ont disparues. Quelle belle image de la biodiversité agricole qui régnait encore au XIXème siècle!
Turku, musée de la pharmacie (Finlande)
Ce musée montre une ancienne pharmacie et le logement d’un pharmacien et de sa famille au XIXème siècle. Dans la cour, il y a de nombreuses plantes médicinales locales.
Dans la cour, nous retrouvons les mêmes plantes, vivantes cette fois-ci.
Autres musées
En outre, un certain nombre de musées ethnographiques ou préhistoriques présentent une section botanique.
Chateau de Falaise, Normandie, France
Mon amie Monique m’a invitée quelques jours chez elle. Elle adore faire des ballades à pied. Nous sommes allées voir ce magnifique chateau chargé d’histoire. Nous n’avons pas pu le visiter à cause d’un certain virus très préjudiciable à la culture.
Mais, le jardin botanique était, par chance encore accessible.
Normandie textile
Nous avons visité à plusieurs reprises ce jardin botanique où figuraient les principales plantes tinctoriales: pastel des teinturiers, garance, gaude, et bien d’autres…
La Normandie était une zone textile importante. La ville de Falaise était une des villes de foires commerciales importantes au Moyen-Âge. L’élevage de moutons est encore courant et la culture du lin y était déjà très développée.
Chez un fermier, de la famille de Monique, j’ai pu admirer ces balles de lin, de la dernière récolte.
Voici, une autre plante liée au monde textile, les cardères. Bien avant de nourrir les chardonnerets de nos jardins, ils servaient à donner un aspect duveteux aux toiles… Ils étaient cultivés à cet effet.
À Vienne, près de Lyon, j’ai pu voir une machine équipée de ces cardes.
Petit test
Le pastel des teinturiers couvrait de larges superficies de culture pour teindre en bleu, avant l’arrivée de l’indigo d’Indigofera Suffructosa des pays tropicaux.
La garance pour le rouge et la gaude, très réputée pour son jaune, occupaient aussi de grandes surfaces, ces plantes avaient une grande importance économique ce qui explique leur présence dans ce jardin botanique.
Musée de Nemours (France)
Mon ami Gérard, de Chatenoy a eu la grande gentillesse de m’amener voir ce musée. Il s’agit d’un très beau musée de la Préhistoire locale de la Région Île-de-France.
Par chance, il représente le type de flore locale à l’époque préhistorique à laquelle correspondent les vitrines environnantes. Cela donne une bonne idée de l’évolution des conditions de vie des humains à l’époque donnée.
Cela permet de constater que cette végétation a beaucoup évolué entre les périodes de glaciations et de réchauffement.
Mucem, Marseille (France)
Le MUCEM, à Marseille est un très beau musée. Le bâtiment principal est entouré d’une très vaste section botanique, un peu dans le genre des Jardins en Mouvement de Gilles Clément. Ceci est un très beau concept, oú l’on laisse le jardin évoluer. Ainsi, les massifs de plantes se déplacent, par eux-mêmes, d’une année à l’autre.
Par chance, j’ai pu rencontrer le jardinier qui désherbait un peu une rocaille qui attirait beaucoup d’abeilles. Il m’a donné beaucoup d’informations.
C’est là que j’ai découvert le caprier, si beau, local, mais un peu envahissant. Je le retrouverai dans la suite de mon voyage en Italie et en Tunisie.
Cette année, le printemps avait été très sec, et le jardin en avait beaucoup souffert.
Musée Égyptien de Turin, section botanique (Italie)
Dans ce musée de premier ordre, il y a un petit jardin botanique des plantes d’usage courant dans l’Égypte des Pharaons. Cependant, il faut insister auprès du gardien qui vous renvoie vers la sortie.
De bien jolies plantes, dont certaines sont tinctoriales.
Les fleurs étaient très importantes pour les Égyptiens du temps des Pharaons. Ils en faisaient des guirlandes. J’ai entendu dire qu’il y en avaient de grandes quantité dans la tombe de Toutankhamon qui n’ont pas attiré l’attention des découvreurs. Quel dommage!
Dans ce musée de Turin, il y avait des statuettes représentant ces guirlandes de fleurs.
Il y avait un diaporama sur la récolte et la fabrication artisanale du papyrus.
Musée Romain et botanique, Lausanne, Suisse
Un petit musée bien sympathique qui s’adresse d’abord aux enfants, mais aussi aux plus grands.
Une exposition invite à réfléchir à ce que pourraient trouver des archéologues dans quelques milliers d’années. Cela rappelle une nouvelle de Primo Levi.
Grande partie de notre production textuelle ne serait pas en mesure de résister au temps. Les interprétations de ce qu’ils pourraient retrouver risque fort d’être aléatoires et erronées à l’instar de certaines explications actuelles de notre passé.
Ce musée est flanqué d’un petit jardin botanique montrant les plantes qu’utilisaient les Romains.
Des pluies d’orage m’ont obligé prendre les photos en plusieurs épisodes.
« Open air » et botanique
Généralement, les mus´ées dit « Open Air » présentent souvent des sections Botanique.
En général, ils montrent des fermes de différentes régions du pays, il y a une dimension architecturale, mais aussi ethnographique.
D’habitude, ces musées montrent aussi des économies locales et familiales, artisanats et petite agriculture… Un jardin indique ainsi l’alimentation de la population locale, mais aussi les remèdes disponibles et les fibres utilisées pour les vêtements, l’ameublement, les cordages…
Oslo (Norv`ege)
Fort déçue par le musée des navires d’Oseberg, ceux-ci sont bien sûr très beaux et impressionants. Mais, on ne peut pas voir les trésors, notamment textiles, qu’ils contenaient.
Alors que ces trésors sont surprenants par leurs qualités et leur état de conservation, on ne pourra pas les voir avant 2025, quand ils auront enfin un nouveau musée. Quel dommage.
Heureusement, on peut les retrouver dans un livre. Cependant, pouvoir les voir en réalité, malgré la barrière de la vitrine, peut apporter beaucoup d’informations.
À coté de ce musée quasi absent, il y avait le musée Norsk Folkemuseum.
De nombreuses constructions traditionnelles s’insèrent dans un cadre botanique.
Turku (Finlande)
Encore un rendez-vous manqué, le musée qui expose les bandes tissées aux tablettes n’était pas ouvert.
J’ai déjà parlé du Musée de la Pharmacie. Mais, il y a aussi un quartier populaire, celui de Luostarinmäki qui a résisté au grand incendie de 1827.
Turku Art Museum
Là, j’ai découvert une artiste qui s’inspire des plantes et peint avec des pigments qui proviennent de plantes: Katja Sirjä.
Helsinki (Finlande)
Le temps ´´etait court.
Dans une des nombreuses îles d’Helsinki, celle de Seurasaari Open-Air Museum, on peut visiter plus de 80 bâtiments de toutes sortes: des abris pour les bateaux, des églises, des manoirs, des greniers, des maisons pratiquement toutes meublées, suivant l’époque, le niveau économique… J’y ai vu de nombreux rouets pour filer. Malheureusement, ils n’étaient jamais en état de marche.
Et des clôtures originales.
Il y avait aussi des jardins…
Il me semble qu’il faut consacrer plusieurs heures à ce musée très intéressant et agréable à parcourir.
Kaunas (Lithuanie)
Lors de mon retour de mon dernier voyage en Scandinavie, je suis passée rapidement par Tallin, Riga et Kaunas.
À 26 km de Kaunas, il y a un très beau Musée Ethnographique: Lietuvos Liaudies Buities muziejus. L’accès n’est pas facile quand on n’est pas motorisé. Je dois un grand merci à la dame qui m’a prise en stop et m’a ramenée si gentilement à Kaunas.
Comme dans les villes précédentes, la diversité de l’architecture est soulignée. Mais, ici, la superficie est largement supérieure à la moyenne. Les procédés agricoles sont bien expliqués, bien que je ne comprenne pas le lithuanien.
On peut ainsi visiter un moulin à vent en suivant tout le parcours des céréales à moudre.
Notamment, il y a une grande grange avec des machines agricoles pour décortiquer les tiges de plantes à fibres, probablement lin ou chanvre.
Mais, là, une des fermes peut montrer tout un atelier de traitement quasi-industriel des fibres.
Il y a de nombreux jardins autour des fermes…
Il y a avait bien sûr un petit jardin médicinal… je n’ai retenu que 2 photos. Il était beau et bien renseigné.
Il y a aussi des tisserands et d’autres artisans présents à qui l’on peut poser des questions.
J’y ai passé la journée complète et j’y retournerai volontiers.
Rostkilde (Danemark)
Outre le bâtiment qui abrite les bâteaux retrouvés au fonds de la mer, à l’entrée du port, il y a une grande partie extérieure.
À l’extérieur, on peut y voir les différentes essences d’arbres utilisés pour les différentes parties des bâteaux et leurs qualités.
Alors, des arbres dans des bacs sont mis en lien avec les diifférentes parties du bateau.
De même, les cordes ont aussi leur stand, avec indication de la matière qui les compose.
Gletterens (Suisse)
Ici, les haies jouent un rôle important. Une grande quantité d’arbustes y ont été plantés en fonction de leur possible utilisation à l’époque néolithique. Il y a de nombreux arbres dont les fruits ont été consommés.
D’autres plantes avaient leur utilité en teinture, mais aussi pour le tannage des peaux.
Par exemple, il y a aussi des arbustes de viorne. Cet arbuste à de très jolies fleurs au printemps. Mais, ce n’est pas pour raisons esthétiques qu’il figure en bonne place à Gletterens. Ce sont les branches qui ont la réputation d’être d’une grande droiture, ce qui les destinaient à la fabrication des flèches qui lui valent cette place de choix… Les fruits crus de cet arbre sont toxiques.
Le petit jardin de plantes anciennes, récemment domestiquées au néolithique.
Albersdorf (Allemagne)
À 2 heures de train de Hambourg, il y a un petit musée intéressant et un parc de reconstitution d’un village de l’Âge de Fer.
D’abord, au musée, il y a une salle consacrée à l’ambre, produit courant sur toute la Baltique. Elle peut révéler la micro-faune et la flore d’il y a des millions d’années. Il y a là toute une botanique enrobée dans cette résine végétale.
Ici, la plupart des maisons sont entourées d’un jardin maraîcher et de petits champs de céréales.
Jardin médiéval de Villeneuve près d’Aigle (Suisse)
En me promenant à Villeneuve, je suis tombée sur un petit jardin public fort intéressant.
Botanique sauvage
La botanique, ce n’est pas que les plantes cultivées, d´´ejà domestiquées. Ce sont aussi les plantes sauvages, d’où proviennent les végétaux choisis par nos ancêtres pour nous alimenter, nous vêtir et nous soigner.
Aujourd’hui, ces plantes originelles sont devenues mauvaises herbes, adventices, voire invasives car nous ne les connaissons plus, leur raison d’être a été invisibilisée.
Par exemple, c’est le but des importants travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bioindcatrices.
Jardin d’apicultrice – Codao (Suisse)
Après, la nature ordonnée et maîtrisée, voici un lieu où la nature reprend ses droits. C’est un point de rencontre de graines du monde. Celles qui survivent aux aléas de la vie y prospèrent joyeusement.
Comme Lucía est apicultrice à Codao, près de Santa Cruz, Région de O’Higgins, Centre du Chili, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de la visiter quand j’ai dû aller à Santiago.
Passionnée de botanique, elle collectionne les plantes pour ses abeilles et ses huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Ses plantes entrent dans la composition de ses produits cosmétiques à base de miel, pollen, propolis, cire d’abeilles… Que de bienfaits!
Alors, nous allons organiser un cours de teintures naturelles chez elle en novembre/décembre 2023. Je donnerai plus d’informations dans un article en espagnol très prochainement.
/// Blog Castellano /// Artículo creado el 25 de mayo de 2023 En Europa desde el 4 de mayo 2023 – Vuelta a Chile el 15 de noviembre 2023 – Muchas novedades 2 cursos en Chile en noviembre-diciembre 2023 – Pica et Codao Organicemos talleres! Es fácil +33 7 69 905 352 o +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram y signal) – publicobre2000@yahoo.es Estoy escribiendo varios artículos nuevos y serán publicados dentro de poco. Blog recién reorganizado Por fin, nuevo blog en castellano disponible: www.lanitando.com
Por fin, para mis amigos que hablan castellano
Al fin, escribo en castellano. Tengo informaciones importantes para mis amigos hispanohablantes, y especialmente de Chile.
Esperando la próxima creación de un sitio complementario a este en castellano: www.lanitando.com. Ya se solucionó con la ayuda de un amigo, unos problemas informáticos.
Luego, tengo que ponerme a escribir y esto necesita tiempo. Así, les ruego que sean un poco pacientes. Ya está la página principal y un artículo. Los otros seguirán…
Lo primero que tengo que anunciar es un curso en Noviembre o Diciembre 2023.
Se desarrollará en la casa y el jardín de mi amiga Lucía Fuentes, en Coado, cerca de Santa Cruz, 6a Región O’Higgins, Chile.
Por fin, no olvidé visitar el sitio de amigo Angel, de ahí vendrán las buenas lanas que teñiremos.
¿De qué les hablaré en castello?
En castellano, estos artículos serán distintos de los que publiqué en francés. Así que no serán simples traducciones.
Primero, los cursos, por supuesto
Los estoy preparando desde hace varios meses.
Las técnicas
Creo que lo están esperando.
Traigo de mis viajes bastante novedades y tengo muchas ganas de compartirselas. Pienso hacerlo con más detalles.
¿Acaso, conocen el anillado? ¿Le gustaría conocer esta técnica ancestral, desarrollada desde la prehistoria, un poco por todo el mundo?
Reflexiones
Nunca faltan y hay que desarrollarlas.
Viajes
Saco gran cantidad de fotos, visito museos, conozco gente nueva…
/// Blog Tissage /// Article créé le 21 mai 2023 Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours « a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023 +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés
Tissage et autres
Le tissage de ce que je teins est une suite logique. C’est aussi important pour moi.
Les articles se multiplient et pour une meilleure consultation de ce site. Il me semble qu’il est indispensable de diviser ce blog en plusieurs branches.
Après la branche Teinture, voici la branche Tissage. Car les techniques de tissage et tricotage sont nombreuses.
Divers
Je viens d’ajouter une autre branche Divers. Elle complètera À propos qui est une section à la fois un peu plus généraliste et un peu plus personnelle. En effet, j’écris aussi des articles difficiles à classer dans les deux premières branches, mais toujours en lien avec la teinture et tissage.
Dans cette rubrique Divers, je classerai tous ce qui touche au domaine important à mon avis des fibres, matières premières, outils et techniques de recherche.
Mes outils sont très importants, ils occupent trop de place dans mes bagages quand je voyage. C’est la raison pour laquelle je cherche à pouvoir me les fabriquer moi-même, comme le faisaient les anciens nomades.
Un métier à tisser à pédales, c’est beau, cela peut être très productif. Cependant, c’est difficile à déplacer, j’en ai un beau. Il est démonté et n’attend qu’à être remonté. Mais, il encombre un ami depuis 2 ans et je n’ai pas encore trouvé de solution abordable pour l’envoyer à Puerto Montt! Ceci est un appel à l’aide.
Suite à la demande persistante de mes amis hispanophones, je pense lancer prochainement un nouveau site, certainement plus orienté vers des tutoriels, en espagnol cette fois. Ce sera www.lanitando.com
Ce ne sera donc pas une traduction de mes deux sites existants, mais un complément nécessaire.
Une petite visite à la boutique de mon ami Angel peut être un bon complément.
/// Blog Divers /// Article créé le 21 mai 2023 Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours « a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023 +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés
Divers, entre teinture et textile
Divers, cette rubrique devient nécessaire. Les articles se multiplient et pour une meilleure consultation de ce site. Il me semble qu’il est indispensable de diviser ce blog en plusieurs branches.
Elle complètera À propos qui est une section à la fois un peu plus généraliste et un peu plus personnelle. En effet, j’écris aussi des articles difficiles à classer dans les deux premières branches, mais toujours en lien avec la teinture et tissage.
Dans cette rubrique Divers, je classerai tous ce qui touche au domaine important à mon avis des fibres, matières premières, outils, expériences et techniques de recherche.
Il y aura aussi des articles de réflexion sur ma pratique professionnelle qui n’a rien d’automatique. Cette réflexion est richement alimentée au cours de mes voyages.
Une petite visite à la boutique de mon ami Angel peut être un bon complément.
Suite à la demande persistante de mes amis hispanophones, je pense lancer prochainement un nouveau site, certainement plus orienté vers des tutoriels, en espagnol cette fois. Ce sera www.lanitando.com
Ce ne sera donc pas une traduction de mes deux sites existants, mais un complément nécessaire.
Je vous laisse explorer ces articles.
Divers Fibres
Pour tisser, on utilise des fibres. Celles-ci sont très variées et doivent subir un certain nombre de traitements divers, je les traiterai dans cette rubrique.
Divers Techniques
Les techniques et leur histoire ont leur importance. Je donne beaucoup d’importance à mes outils et je vais développer ce sujet qui me tient à coeur.
Je ne me contente pas d’acheter des outils. Parfois, j’essaie de les améliorer. Dans certains cas, je vais les puiser dans la nature.
Autres
Il y a toujours des inclassables même dans les Divers.
// Apprendre – organiser un cours /// Article créé le 2 octobre 2022, dernière mise à jour le 4 octobre 2022 Je suis en Europe depuis le 10 mai 2022 – Retour au Chili le 11 novembre – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Apprendre, je passe ma vie à apprendre, c’est une de mes passions que je voudrais partager avec vous. Car, apprendre pour soi-même ne suffit pas. Le partage permet de consolider ses connaissances et de les approfondir. C’est une expérience très enrichissante.
Lire pour apprendre
Je lis beaucoup, sur des sujets aussi variés que possible. C’est ainsi que démarre la plupart de mes projets. Toutes mes recherches en teinture naturelle ont pour origine ma lecture d’un « Guide de teintures naturelles » écrit par Dominique Cardon.
Les livres alourdissent mes bagages, mais ils me donnent aussi des ailes.
Ma curiosité m’ouvre de nouveaux horizons. Ceux-ci, par définition, ne peuvent pas être atteints. En outre, toute démarche laisse des traces…
« Caminante no hay camino, se hace el camino al andar » « Voyageur, il n’y a pas de chemin, on fait le chemin en marchant »
Antonio Machado
Quand tu te mettras en route vers Ithaque, Souhaite que le chemin soit long, Plein d’aventures, plein d’enseignements. Les Lestrygons et les Cyclopes, La colère de Poséidon, ne les crains pas, Jamais sur ton chemin tu ne verras rien de tel Si ta pensée garde sa hauteur, si une émotion rare Etreint ton âme et ton corps. Les Lestrygons et les Cyclopes, Et Poséidon furieux, tu ne les croiseras guère Si tu ne les transportes pas en esprit, Si ton esprit ne les dresse pas devant toi. Souhaite que le chemin soit long. Que soient nombreux les matins d’été Où – quel plaisir, quelle joie ! – Tu entreras dans des ports jamais vus ; Dans des comptoirs phéniciens fais halte, Et procure toi de la bonne marchandise Nacre, corail, ambre ou ébène, Et des parfums voluptueux de toutes sortes, Le plus possible de parfums voluptueux ; Visite encore bien des villes égyptiennes, Apprends, apprends toujours auprès des savants. Garde à l’esprit toujours Ithaque. L’arrivée là-bas est ton but. Mais ne hâte en rien ton voyage. Qu’il dure des années, cela vaut mieux ; Que tu sois vieux en abordant sur l’île, riche de ce que tu as gagné en chemin, sans attendre de richesse d’Ithaque. Ithaque t’a offert ce beau voyage. Tu n’aurais pas sans elle pris la route. Elle n’a plus rien à t’offrir. Et si elle t’apparaît pauvre, Ithaque ne t’aura pas trompé. Devenu sage, avec tant d’expérience, Tu dois savoir ce que les Ithaques veulent dire.
Par exemple, je voulais citer ce poème de Constantin Cavafis, que je connaissais, chantée en catalan par Lluis Llach depuis mes années d’étudiante, je suis allée le chercher sur internet et je découvre un nouveau site très inspirant, sur lequel je viens de mettre un lien.
En fin de compte, je redécouvre ce poème que je croyais connaître.
et par surprise
Par exemple, je cherche des informations sur les cordes et ficelles et je découvre qu’il existe une théorie des cordes en mathématiques. Curieusement, je n’ai pas trouvé d’information sur les cordes des instruments de musique.
Voyager pour apprendre
À chaque voyage, j’apprends, et souvent je regrette de ne pas pouvoir partager les nouveautés que je découvre.
Les musées
Ce sont les principales cibles de mes voyages, et des points de vue culturels toujours différents, ils indiquent comment on se voit localement et comment on aperçoit les autres. Ils nous incitent aussi `a nous poser des questions sur la façon dont on a appris l’Histoire… ou la botanique…
Un lieu où expérimenter
Cela fait 3 étés que je reviens expérimenter, donc apprendre au Village Lacustre de Gletterens. Je vous en ai parlé dans plusieurs articles, car j’y ai beaucoup appris, mais aussi partagé. Je me demande comment faire pour partager encore plus.
Voyager pour apprendre des langues
Apprendre des langues est un autre moyen d’aggrandir son monde et de partager ses expériences. Découvrir une langue, c’est découvrir un autre monde.
Woofing et autres expériences semblables
Les systèmes de bénévolat sont un autre moyen de découverte et de partage. C’est très original et efficace. Par exemple, à Grandvaux, j’ai découvert des gens passionnants.
Rédiger un article, c’est aussi apprendre
Je dois chercher des informations, des sources et je découvre d’autres sens du terme que je recherche, d’autres applications ou usages d’un produit ou d’une technique, parfois d’autres façons de faire. Cela explique que j’écrive parfois plusieurs articles sur des sujets qui semblent très proches. Il s’agit pour moi de les approfondir au fur et à mesure.
Les tutoriels, MOOCs et autres formations digitales, c’est int´´eressant. Cela peut donner une idée d’une technique, mais c’est bien souvent insuffisant.
Quand on fait une video, la technique doit déjà être bien rôdée. L’entraînement fait que l’on peut oublier sciemment ou non des détails qui peuvent se révéler cruciaux au moment de passer à la pratique. D’autant plus, que si l’on donne l’information complète, on ne peut plus vendre de formation.
Je l’ai constaté plus d’une fois en ce qui concerne le feutre ou les orties, dernièrement. Il manque toujours un petit quelque chose, qui fait que le résultat ne soit pas conforme à ce que l’on attendait.
Apprendre par la pratique, les ateliers
La théorie est toujours intéressante, mais la pratique et l’expérience fixent les connaissances ou contredisent les informations théoriques.
La pratique invalide parfois les théories énoncées et pousse à développer de nouvelles explications.
Certains livres répètent à l’envi que le mites n’attaquent pas la laine dans sa graisse, « con su beri » comme diraient mes amis du Sud du Chili. Cela, malheureusement, est absolument faux.
Les ateliers enseignent aussi aux enseignants
Il me semble bien connaître mes sujets, mais plus on en sait, plus on d´écouvre l’étendue de ce l’on ignore. Ainsi, toutes les questions, pour absurdes qu’elles puissent paraître, m’incite à la réflexion.
Les questions des débutants
Elles peuvent paraître simplistes, mais elles peuvent être très profondes.
Par exemple, mon ami Rodrigo au Brésil, m’avait demandé « pourquoi teindre« . Or, les humains teignent des fibres depuis des milliers d’années, pourquoi donc?
Il y a des explications qui vont au-del« a de la simple esthétique. Par exemple, Dominique Cardon explique que souvent les filets de pêche archéologiques étaient teints. Il y avait 2 raisons à cela: d’une part cela pouvaient les dissimuler aux poissons et d’autre part, les tanins utilisés dans beaucoup de teintures naturelles rendaient les filets plus résistants.
Les questions des initiés
Elles poussent à améliorer les techniques et peuvent déboucher sur des innovations. Elles me poussent à d’autres expérimentations.
Apprendre à faire sans
Il m’a fallu plusieurs fois apprendre à trouver des solutions… Notamment, comment teindre sans alun, c’est à dire, sans mordant chimique.
Les cours ne sont pas réservés aux adultes. De nombreuses activités de teinture et de tissage sont ouvertes aussi aux enfants.
Exemples de programme de cours
Zonca
À titre indicatif, voici ce que j’avais proposé pour un cours à Zonca, Italie du Nord. Par définition, je m’adapte aux conditions locales
Semaine 1 – Teinture naturelle Horaire : 09h00 à 12h00 / 13h30 à 16h30
1er jour
Présentation Préparation du feu Lavage et mordançage Filature Préparation de la soupe de clous Pendant que cela chauffe, explications sur les différentes fibres et conséquences pour la teinture Récolte de plantes locales, mises à tremper Si l’on a le temps, video Michel Garcia et autres
2ème jour
Début de teinture (bains) Lavage et mordançage si nécessaire Présentation des différents types de plantes Mordançage ou non?
3ème jour
Sortie des bains de la veille, séchage, rinçage On continue à teindre Lavage et mordançage si nécessaire Présentation des différents types de plantes Mordançage ou non?
4ème jour
Sortie des bains de la veille, séchage, rinçage On continue à teindre Lavage et mordançage si nécessaire Cuve d’Indigo – théorie et pratique Ecoprint – préparation
5ème jour
Sortie des bains de la veille, séchage, rinçage On continue à teindre Modificateurs Cuve d’Indigo – shibori Ecoprint – cuisson
6ème jour
Sortie des bains de la veille, séchage, rinçage Cuve d’Indigo – shibori Ecoprint – ouverture
Semaine 2 – Tissage artisanal Horaire : 09h00 à 12h00 / 13h30 à 16h30
1er jour
Types de métiers – historique Tressage et techniques dérivées de la vannerie, filets Les métiers à plaquettes ou tablettes Sprang Peg loom, inkle loom, métier maya Les métiers à ceinture Les métiers à grille, ou peigne rigide
2ème jour
Métiers à clous Pourquoi sont-ils intéressants? Tissage décoratif avec inclusions d’éléments naturels Différents types de montage Différents points
3ème jour
Plus de points Inclusions diverses Saori, Gaze Unions des pièces
4ème, 5ème et 6ème jours
Métier dit María ou à peigne rigide Fils pour la chaîne et pour la trame, erreurs à éviter Montage d’une chaîne et application des points appris et nouveaux points 1 écharpe originale Finitions
/// Ortie et houblon, fibres anciennes /// Article créé le 23 septembre 2022, dernière mise à jour le 29 septembre 2022 Je suis en Europe depuis le 10 mai 2022 – Retour au Chili le 11 novembre – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Il y a quelques années, j’avais déjà fait des expériences avec les orties, elles m’ont même menée jusqu’à Gletterens il y a 3 ans. J’y suis de retour cette année et j’en profite pour faire de nouveaux essais.La sécheresse et la canicule qui interdisaient les feux m’y ont aidée. Dans cet article, je résumerai un été d’expériences à Gletterens dont le travail de l’ortie a été a été l’exercice quotidien.
Retour à Gletterens
Le cours prévu à Zonca n’ayant malheureusement pas eu lieu, je suis arrivée à Gletterens plus tôt que prévu.
Cela m’a permis de faire de nombreuses expériences, seulement réalisables avec du temps et de la patience, ce qui est le cas du travail des fibres d’orties et des teintures solaires. Ces innovations agrémenteront mon été.
Difficile de teindre sans feu
L’été passé avait sous le signe de la pluie quasi permanente, cet été ce sera la canicule.
L’interdiction d’allumer des feux en extérieur a été proclamée courant juillet dans presque tous les cantons suisses, notamment dans celui dont dépend Gletterens.
C’est vrai que les haies avaient vraiment très mauvaise mine et des arbres adultes comme des bouleaux et des charmes avaient déjà perdu leurs feuilles à la mi-juillet.
Il y a toujours moyen de contourner les règles, mes feux pour teindre ne sont pas en extérieur, mais mieux vaut éviter des discussions inutiles…
Je me suis donc tournée vers une série de tests de teinture solaire, l’indigo et les expériences sur les fibres d’ortie et de houblon, qui avaient été largement utilisées pendant la préhistoire.
Les rares fois que j’ai pu allumer un feu, j’ai pu teindre les raphias pour le Village Lacustre qui avait trempé beaucoup plus longtemps que prévu et a mieux pris les teintures que l’an dernier.
Pratiquement tous les bains ont largement eu le temps de fermenter et d’infuser, ce qui a certainement influencé la teinture.
Le processus de teinture a encore été encore plus ralenti, les fibres ont macéré plus longtemps et les résultats semblent meilleurs. Seuls les récipients manquaient pour plus de teintures.
Et, tous les jours, je fais de nouvelles expériences avec les orties. Heureusement, cette matière première ne manque pas…
Teinture solaire
J’avais même envisagé de monter une cuisine solaire en utilisant des élements récupérés à la déchetterie: vieux four électrique, grilles et papier d’aluminium… Cependant, cela n’aurait pas été archéocompatible. Mes casseroles, déjà ne le sont pas. Mais, cela devrait être en partie réglé l’an prochain lors d’une semaine d’expérimentation en céramique néolythique du 16 au 23 juillet 2023, puis lors du prochain Rassemblement Préhistorique du 30 juillet au 6 août 2023 au Village Lacustre de Gletterens.
J’espère pouvoir répéter cette expérience dans des pots en terre.
J’espère aussi tester ces teintures solaires en les plongeant alternativement dans des bains acides et des bains alcalins ou basiques.
Indigo
Comme, j’avais du temps entre chaque épluchage d’ortie, je poursuivais les expériences de teinture.
L’indigo est une teinture à froid. Quelle chance! et le raphia que j’avais teint en vert par l’indigo avait plut à mes amis de Gletterens. C’était donc l’occasion de recommencer.
D’autant plus que l’indigo est une teinture intéressante en démonstration, notamment avec son passage du jaune-verdâtre au bleu.
Nous avons aussi monté une deuxième cuve d’indigo avec les enfants qui participaient au Rassemblement Préhistorique.
Grosse opération mordançage
Ne pouvant pas faire souvent du feu, je décide de faire une grande casserole de mordançage à l’alun et des tests de mordançage au lait de vache et au lait d’amande (je n’ai pas trouvé de lait de soja au supermarché du coin, ce qui aurait été plus économique).
Ces mordançages alternatifs sont parfois conseillés, notamment pour les fibres végétales. Lors des tests de teinture, je n’ai pas vu de différence dans les résultats. L’intérêt est que ce mordançage est libre d’aluminium.
Petit feu dans la maison longue pour préparer le mordançage, j’en profiterai pour faire défiler les autres casseroles.
j’avais préparé tout un cône de coton, il a ét´é mordancé en compagnie de laine, et de lin…
Je prépare aussi une petite soupe clous (acétate de fer, pour les chimistes) avec du vinaigre et de la ferraille trouvée à la déchetterie.
Cette soupe de clou interviendra dans de nombreux tests.
Tissage et nailbinding
Bandes
Le système avec attache à la ceinture me donne mal au dos
J’ai testé un petit que j’avais ramené du chili pour tisser des bandes.
Nailbinding
J’ai continué avec à m’entraîner à la lente mais préhistorique technique du nailbinding/anillado. Un long travail à l’aiguille présent un peu partout dans le monde. On le trouve aussi bien en Égypte que dans la culture Tiwanaku qui a rayonné autour du Lac Titicaca, que chez les Viking (en Scandinavie cette technique est encore vivante) ou dans des frondes de Nouvelle Guinée…
Je viens de suivre un cours du Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili pour apprendre à tisser les bonnets à 4 pointes bicolores Tiwanaku.
J’ai fait plus simple et moins serré, cela m’a tout de même pris environ 50 heures.
Cette technique peut avoir beaucoup d’applications.
Sprang
J’aussi préparé une petite chaîne de sprang sur le métier fabriqué à cet effet l’an dernier.
Dans une autre video de Sally Pointer, je découvre un autre petit métier à sprang.
Avec l’aide de Tania, nous en construisons un avec une branche de noisetier.
J’apprendrais les bases de cette fantastique technique lors des Rencontres Braids 2022, à Svendborg, Danemark. Je vous en parlerai dans un prochain article.
Colliers
Pour tester les différentes matières tinctoriales et les différentes fibres, j’ai tricoté presque tous les jours des colliers avec des perles en bois à répartir dans les différentes casseroles de teinture.
À raison d’environ 20 minutes par collier, je me suis vite constitué une gamme de test de couleurs et de matières premières.
Rassemblement préhistorique
Le Rassemblement Préhistorique sera l’occasion de revoir des amis et de partager avec eux des premiers résultats sur les fibre d’ortie et de lancer d’autres expériences.
Tanneurs
Les tanneurs ont préparé une nouvelle peau de bison à la cervelle. Dominique Pflieger avait ramené des objets fabriqués avec la peau de l’an dernier.
Il m’a donné un morceau de cuir plus souple, travaillé avec cette technique, pour que je puisse éplucher mes fibres d’ortie sur mes genoux sans me mouiller les jambes. En outre les fines fibres ressortaient mieux sur un fonds sombre que sur une toile bllanche.
Nous avons eu aussi la visite d’autres spécialistes venant d’un musée français. Il étaient bien équipés.
Avant le Rassemblement préhistorique, j’ai fait une petite virée dans les boutiques spécialistes des fibres de l’Emmenthal.
J’en suis revenu avec du fil de lin (archócompatible), de la ramie, de la soie (pour les colliers) et une belle collection de livres.
Notamment, j’ai trouvé un livre sur les teintures naturelles, en allemand. Il proposait de faire des ecoprint sur du ciment.
J’ai testé sur des galets, des bouts de bois avec des résultats plutôt mitigés.
Puis, nous avons fait un petit test avec un pendentif en os de Tania.
Dommage, mais la feuille avait un peu bougé,
Mais, j’avais demandé à Éric, l’ami d’Archeoshop, de me ramener de gros os pour le Rassemblement Préhistorique.
Nous les avons donc testés.
Les os embobinés sont partis dans différentes casseroles de teinture naturelle.
Le déballage a encore eu lieu avec la participation des enfants.
Marbrures au naturel
Ce même livre allemand donnait aussi quelques informations sur les papiers marbrés, sujet qui m’intéresse depuis longtemps.
Une spécialiste de la reliure de livres était aussi présente au Rassemblement Préhistorique. Nous en parlâmes. La technique indiquée ne lui semblait pas être la meilleure.
Nous voulions tester une autre recette, mais celle-ci nécessitait du fiel de boeuf. Nous n’avons pas réussi à nous procurer ce produit sans additifs, et ceux-ci auraient pu perturber le résultat.
Ce sera pour une prochaine fois.
Enfin, retour vers l’ortie
Après tous ces détours, j’en arrive enfin à ce que j’ai annoncé: mes expériences avec les orties.
Le travail de l’ortie aura été quotidien cet été à Gletterens. Les fibres d’ortie sont vraiment très belles.
L’ortie, mais aussi le houblon
Il y avait au Village Lacustre, quelques pieds de houblon peu trop exubérant dans une haie qui avaient une facheuse tendance à étouffer quelques pieds de saules.
C’était l’occasion de tester une autre sorte de fibre. Je mènerai donc les deux expériences en parallèle.
Comment faire avec l’ortie?
Comment est composée une ortie
Une tige d’ortie comporte une tige en lignine (du bois) au centre, très cassant. Autour, il y a de fines fibres blanches de cellulose qu’il faut séparer de l’écorce verte. À ce stade, les orties bien qu’encore fraîches ne piquent plus.
Les livres sur l’ortie
J’ai consulté de nombreux livres sur les orties, maintenant je sais comment les manger, me soigner avec et en faire du purin. Je parle de tout cela dans un précédent article. Tout est bon dans l’ortie, depuis la racine à la graine…
Avec un peu de chance, on découvre au détour d’une page qu’on en tirait des fibres filées et souvent tissées d’une très grande solidité. En effet, on faisait des cordes d’arc en ortie, de la vannerie, même des voiles de bateaux, des draps, des vêtements ainsi que des sous-vêtements, au moins jusqu’au Moyen-Âge et parfois encore au XIXème siècle dans certaines régions du monde…
Avec la mécanisation des processus de traitement l’ortie est devenue invisible devant le chanvre et lin.
Ces plantes n’ont pas de noeuds et sont beaucoup plus faciles à travailler et donnant de plus longues fibres.
Mais, pas un mot sur l’obtention de ces fibres. Ce silence m’intrigue.
Les video sur la fibre d’ortie
Sur Youtube, il y a de nombreuses video, surtout anglosaxonnes sur la préparation des fibres d’ortie. Mais, il y en a pas qui aille jusqu’au bout. Comme dans la grande majorité des tutoriels, il manque toujours une étape cruciale,, un petit détail qui rend possible l’obtention d’un produit correct.
Le produit obtenu est une fibre d’ortie verdâtre, avec encore beaucoup d’écorce rugueuse et désagréable au toucher et encore plus à filer L’ortie ne pique plus depuis longtemps, mais les déchets d’écorce qui adhèrent encore aux fibres de cellulose ne donnent pas un produit très flatteur.
La couleur verte que certains apprécie disparaît très vite, c’est la chlorophylle qui se décompose rapidement à la lumière.
Il semblerait aussi, qu’ils utilisent un autre espèce d’ortie qui mesure plus de 3 mètres!
Une video, ou plutôt une série de video a cependant retenu toute mon attention, il s’agit de celles de Sally Pointer qui en outre fait de la reconstitution archéologique. Et j’y revient maintenant que je rédige cet article. Elle est accompagnée d’un article très intéressant que l’on peut télécharger gratuitement. Je vous le recommande. Puis, pour la première fois, je me donne la peine de lire les commentaires. Cela m’a pris plusieurs heures.
En laissant de côté, toutes les remarques concernant le fait que les orties piquent, et pour une fois, il s’agit d’ortie normale et les commentaires concernant un petit chat apparemment charmant que je n’avais pas remarqué, on peut découvrir des questions très intéressantes auxquelles l’auteur de la video répond très souvent en apportant des détails supplémentaires utiles.
Et le houblon?
Je n’ai pas trouvé d’ortie sèche, rouie par l’hiver passé, on était déjà en juillet, certainement un peu tard. Mais, le houblon présentait encore les deux étapes.
Sec ou frais
Pour le houblon, j’avais le choix entre les tiges mortes de l’an passé et les nouvelles qui étaient vertes. J’ai donc testé les deux.
Dans les deux cas, j’ai mis les tiges enroulées à tremper dans le bac des orties, ainsi que les fibres martelées ou grattées antérieurement comme dans les video.
Comme pour les orties, je les surveillaient. Je n’ai fait qu’une seule récolte dans une haie.
Quand les fibres et l’écorce étaient prêtes, elles se défaisaient facilement du bois de la tige qui était assez cassant et ne pouvait donc pas être utilisé en vannerie.
Puis, il fallait éliminer les écorces, par une longue série de séchage, frottage, martelage, trempage. Les fibres s’éclaircissent et s’adoucissent petit à petit au fur et à mesure que les déchets d’écorces s’en séparent. C’est long et r´épétitif avant d’obtenir des fibres que l’on peut filer au fuseau.
Cette technique est donc une technique de rouissage comme traditionnellement pour le chanvre et le lin.
Mais, selon Sally Pointer, des traces de micro-rayures observées sur les pièces archéologiques indiquent l’usage de gratttoirs.
Ce sera une nouvelle expérience à faire l’an prochain.
La ramie, cousine de l’ortie
La ramie est une fibre blanche, brillante et soyeuse qui provient d’une espèce d’ortie sud-est asiatique qui ne pique pas, ces fibres sont assez longues et peuvent être filées aussi bien au rouet qu’au fuseau. Tous mes amis tireurs à l’arc en ont reçu une petite bobine, j’en aurai certainement des nouvelle l’an prochain.
J’ai essayé de filer ces fibres aussi bien sèches qu’humides. Il semblerait que l’humidification rendrait l’opération un peu plus facile.
Tout oublier et tester l’ortie
On m’avait beaucoup insisté qu’il ne fallait pas faire rouir l’ortie trop longtemps et qu’il fallait bien la surveiller…
Après visionnage de nombreuses video et un certain nombre de test en martelant ou piétinant plus ou moins, en surveillant le rouissage… J’ai décidé de n’en faire qu’à ma tête.
J’ai donc arrêté de piétiner, de gratter avec un couteau.
J’effeuillais les orties que je ramassais par douzaine chaque jour et je les mettais à tremper dans un bac d’eau que je surveillais tout de même chaque matin.
Plus d’une fois, j’ai dû renouveler l’eau car des moustiques y avaient pondu leurs oeufs et des larves en forme de petits se tortillaient dans mon bac. Les moustiques manquaient de zones humides où pondre, j’ai trouvé ces petits clous agités jusque dans un pot contenant de la lessive de cendres.
Petit détail, mon bac de rouissage était noir et concentrait donc la chaleur.
Quand l’écorce de l’ortie se ramollissait et commençait à pourrir, je sortait les orties et je grattais les tiges avec l’ongle, de belles fibres blanches apparaissaient. Si elles ne se libéraient pas assez facilement de l’écorce verte, je le remettais à tremper. Je les retravaillais le jour suivant.
J’en avais aussi mises à rouir dans le petit fossé où se vide la fontaine.
J’ai donc fini par opter pour la technique moderne sans le savoir. Mes fibres étaient plus blanches, plus douces, mais aussi plus courtes.
En effet, le rouissage élimine les pectines et d’autres substances qui unissent encore les fibres entre elles dans la méthode par grattage préhistorique.
Nettoyage de la fibre d’ortie et de houblon
Rinçage à l’eau
Après chaque séchage, après martèlement, je fais tomber le maximum de poussières. Puis, je rince et je remets à sécher. Et des déchets, il en tombe toujours.
Bouillir avec des cendres
Après avoir visionné une video où l’on traitait les fibres avec un shampoing très spécial, mais certainement basique puis avec un bain acide, je décide de faire un test archéocompatible avec un petit peu de fibres mises à bouillir avec de la cendres.
Rinçage au vinaigre
Puis je les ai rincées, et enfin je les ai fait tremper dans un peu de vinaigre et à nouveau rincées.
Dernier rinçage à l’eau
Après ce dernier rinçage à l’eau, mes fibres étaient beaucoup plus propres et douces. Il ne manquait plus que le cardage.
Finition de la fibre d’ortie et de houblon
Séchage
Heureusement qu’il faisait chaud. Tous les jours, je remettais à sécher mes fibres et ensuite je les secouais pour faire tomber les restes d’écorces récalcitrants. J’ai fait ces opérations depuis le début des tests et je l’ai poursuivi jusqu’au filage.
Cardage
Après tous ces traitements, mes fibres étaient plutôt en désordre et emmêlées, ce qui les rendaient difficiles à filer.
J’ai profité de mon retour au Festival Yelen à Baulmes pour utiliser les cardes que m’avait prêtées Camille pour carder mes fibres d’ortie et de houblon en démonstration pour les enfants.
Filage
Le but de toutes ces opérations était bien sûr d’obtenir un fil.
Je vais donc tester le filage de ces deux types de fibres.
En ce qui concerne le houblon, j’ai préféré le travail avec des tiges sèche de l’an dernier, mais elles sont plus grossières que les fibres d’ortie. Comme elles sont un peu plus longues, elles sont un peu plus faciles à filer.
Conclusion
Avec un peu, beaucoup de patience, on peut vraiment tirer parti, de ces plantes qui sont souvent assez mal vues.
A chaque fois, que je ramassais et effeuillais les orties, je le faisais à main nue. Donc, elles me piquaient un peu, mais la nuit, je dormais mieux.
L’an prochain, j’aimerai tester certaines plantes comme la mauve et les roses trémières connues pour avoir des fibres. L’idéal serait de les récolter rouies naturellement après l’hiver. La difficulté est d’en trouver en quantité suffisante.
Les documents américains mentionnent le milkweed (qui semble être toxique), je ne l’ai pas encore rencontrée.
Je voudrai aussi tester des plantes à tiges dures à couper telles que la chicorée sauvage et le rumex, courants à Gletterens.
/// Festival Yelen /// Article cr´éé le 8 décembre 2021, publié le 6 mai, non terminé Retour en Europe le 10 mai 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp/signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.
Teinture naturelle 10 – 15 juillet Tissage artisanal 17 – 22 juillet
Rejoignez nous à Zonca!
Le Festival Yelen, j’y suis arrivée grâce à Camille. Elle est venue me visiter lors du Rassemblement Préhistorique, à Gletterens. Nous avons partagé nos pratiques lainières et elle m’a parlé de ce Festival. J’ai pensé que ce serait intéressant, un avant goût de mon tour du monde textile. Mais, cela a été beaucoup mieux que je ne le croyais. J’ai découvert une organisation admirable qui a créé un Festival exceptionnel.
Yelen, signifie Lumière en Bambara, une des langues parlées au Mali et ce festival était vraiment lumineux de beauté et de bonté. Cet article sera un Festival de photographies. Sans doute, parleront-elles mieux que mes mots de ce Festival.
Festival des enfants
En effet, les premiers arrivés au Festival furent les enfants. De nombreuses activités leur étaient dédiées.
Bien sûr, il y avait des classes entières accompagnées de leurs enseignants. Mais, il y avait aussi beaucoup d’enfants qui font l’école à la maison. C’est assez courant en Suisse. Il y a beaucoup de zones qui sont très enneigées en hiver, ce qui complique la circulation. Ce système permet aussi de lutter contre l’exode rurale et permet à de nombreux villages de rester vivants.
Les enfants se sont rués sur les activités dès 9h du matin.
Festival textile
Mireille Keita et sa collection Festival Yelen
J’attends les photos, je n’ai pas réussi à voir le défilé, il y avait trop de spectateurs!
Un tisserand burkinabé
Il y avait 2 métiers à tisser impressionnant sous différents aspects.
Une fois rangé ce métier ne prend que très peu de place. J’en ai acheté un à mon voisin. Il tient dans un petit sac dans ma valise. Nous remonterons le système de suspension au Chili.
Camille et ses laines
Camille a un petit troupeau de brebis, dans un alpage tout près de Baulmes.
Elle est venue avec ses fuseaux, son rouet… faire des démonstrations de filage de laine.
Festival teinturier
Le bogolan
Un vrai maître du bogolan donnait l’occasion aux enfant de personnaliser des t-shirts.
On voit, ici, que l’on peut faire varier les nuances.
La collection est belle.
Mes petites démonstrations
Pour moi, cela a été un grand honneur de participer à ce festival international.
Je suis partie un peu vite et encore une fois trop chargée de Gletterens et j’ai oublié les casseroles. Heureusement que Camille était là. Donc elle est allée faire une petite visite à la déchetterie du village. Les déchetteries suisses sont une source inépuisable, on y trouve des objets en parfait état… Grâce à la déchetterie locale, nous pourrons teindre au Festival Yelen.
Indigo, spécialité africaine
J’avais réservé 100 g de précieux indigo.
Festival de danse
Le faux lion
Le faux-lion est vraiment très impressionnant. Les enfants sont entrés dans son jeu avec une découverte participative active des danses et musiques africaines. Nous avons bénéficié d’un merveilleux spectacle de danse théâtrale…
Les marionnettes géantes
Dans leur exagération poétique, les marionnettes géantes créaient l’enthousiasme de tous par leur ingéniosité. Et dire qu’elles ont failli ne pas arriver à temps.
Il y avait aussi un atelier de fabrication de marionnettes recyclage.
Dans les stands aussi, il y avait des marionnette…
Festival d’amitié
Cuisine merveilleuse
La cuisine du Festival Yelen, assurée par des bénévoles est une invitation au voyage.
Quelles musiques
Admirable union des tambours africain et des corps suisses.
Il y avait un atelier de fabrication de tambours recyclage. J’ai encore oublié de photographier. Tout est arrivé trop vite.
Les enfants ont appris à transformer de grosses boîtes de conserve en tambours.
Les stands
Le tour d’horizon ne serait pas complet sans montrer les stands et autres animations
Le délicieux mouton rôtissait en musique…
Quelles émotions!
J’allais oublier de mentionner les décorations très créatives, depuis la signalétique extérieure en passant par les sièges.
Il ne faudrait surtout oublier les très beaux contes d’Innocent. J’aurai aimé les écouter tous, ils étaient plein de philosophie. Et, souvent, je n’en saisissais que des bribes au passage.
Même une navette était prévue pour revenir à la gare.
Il y avait un dortoir pour héberger ceux qui en avait besoin, décoré comme il se doit. Quelle attention!
J’espère n’avoir oublié personne et je fais appel à vos photographies pour compléter cet album…
/// Vikings – Scandinavie textile /// Article cr´´eé le 17 décembre 2021, modifié le 6 décembre J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement, je viens de rentrer au Chili – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp/signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Depuis mon enfance, je me suis intéressée aux Vikings. Il se trouve qu’ils ont utilisé des techniques textiles spéciales qui sont bien documentées. Le climat et les marécages ont favorisé la conservation de nombreux textiles souvent antérieurs aux Vikings. Ces techniques se pratiquent encore… Je suis donc partie à leur recherche.
Les techniques qui m’intéressent
Curieusement, les techniques n’apparaissent que rarement à un seul endroit dans le monde. On les retrouve parfois à des milliers de kilomètres de distance. Mais souvent, elles sont malheureusement oubliées.
C’est dommage, car elles ont un grand intérêt pour une artisane nomade: elle peuvent s’utiliser facilement avec peu d’espace.
Enfin, les résultats obtenus par ces techniques donnent des textures différentes de celles des tissages et tricots habituels.
Nadelbinding / Anillado
Visiblement, cette technique était utilisée aussi bien en Amérique Latine, chez les Coptes, puis en Scandinavie.
Comme beaucoup de techniques de tissage elle dérive directement de la vannerie.
Les plaquettes
Historiquement, cette technique était déjà attestée à Hallstatt, en Autriche, actuellement, il y a plus de 3500 ans.
Beaucoup plus tard, les Vikings feront des bordures à tous leurs vêtements avec cette technique qui permet de tisser de jolis galons avec une grande variété de dessins.
Le sprang
Cette technique très ancienne, nécessite au moins un cadre, elle produit des filets.
Curieusement, je n’ai rien trouvé sur le sprang en Scandinavie, mais je n’y suis pas restée longtemps et je ne suis pas rentrée en contact avec des spécialistes…
Métiers à bandes ou à grille
Ces petits métiers sont bien sympathiques, ce seront les premiers que je testerai à mon retour à Gletterens. Je ferai avec une bande pour un de mes sacs de voyage. Je consacrerai certainement dans peu de temps un petit article à ce métier.
Cette technique est déjà moins exotique.
J’en verrai plusieurs dans les musées, notamment une version de Laponie avec 2 lignes de trous.
Par curiosité, je viens d’aller visiter le site du norksfolkemuseum.no et je découvre une base de données de photos de matériel textile très intéressante.
J’y découvre une grille à trois lignes de trous. Maintenant, je suis très curieuse de transformer une de mes grilles et de tester ce système.
À première vue, il me semble que les lignes de trous sont un peu serrées, mais il doit y avoir une raison.
Grand départ chez les Vikings
26 août
Le départ était prévu à 8h00 près du supermarché. Mais, j’ai un peu trop traîné pour compacter mes bagages.
Mon matelas pneumatique que je devais regonfler un peu tous les soirs ne voulait plus se dégonfler ce matin-là.
Conclusion, j’ai dû monter la côte avec tous mes bagages jusqu’au village pour prendre le bus suivant. Par chance, je n’ai pas raté ce bus. J’étais encore très chargée, j’ai emmené en ballade mon rouet électrique de voyage (avec un peu de laine).
Saint Gall et son musée de la dentelle
Le voyage à Saint Gall (Suisse) s’est passé sans problème. Par chance, il y a des consignes à la gare bien accessibles et de grande taille, tout tenait dans un casier. Alors, j’ai laissé mes bagages à la consigne et j’ai acheté le billet de train pour Hambourg pour le soir même. J’économise ainsi en hébergement.
Puis, je suis partie visiter le musée de la dentelle. Je suis venue dans cette ville parce qu’on m’avait parlé de ce musée. En effet, je n’avais pas pu voir ceux d’Argentan et d’Alençon, devant lesquels je suis passée maintes fois, pour cause de guerre contre un virus.
Il est vrai que ce musée est intéressant, bien qu’il traite essentiellement des techniques industrielles modernes.
Il y a une bibliothèque impressionnante.
Quelques métiers à tisser originaux peuvent donner des idées pour des animations.
Il y a toute une section qui présente les différentes fibres avec des explications intéressantes sur les fausses bonnes idées… Par exemple, les dégâts provoqués par la monoculture de coton. Des livres sont aussi exposés.
Il y avait aussi une exposition sur les femmes politiques et la mode.
La ville
Il y a un joli centre qui a su conserver de nombreuses maisons anciennes, très bien entretenues. Dans cette ville, il y a beaucoup de chocolatiers (comme à Neuchâtel).
Comme prévu, je repars le soir vers Hambourg, avec une escale de 23 h à 4 h à Munich. Le train part avec 1 h20 de retard, mais ce n’est pas grave vu que la correspondance est longue.
À Munich, il y a quelqu’un qui s’est installé dans un hamac entre deux piliers sur le quai. Cela fait envie.
27 août
Les queues
Enfin, j’arrive à Hambourg à 10 h 30.
Ici, ils sont tous fanatiques du masque médical. Ni celui de Monique qui est épais, ni celui de Martine qui est joliment fleuri ne sont à leur goût. Ici, priorité à l’uniforme!
Donc, j’ai dû aller en acheter un chinois et refaire la queue pendant plus d’une heure pour avoir une demie information à un guichet. Heureusement, j’étais allée m’acheter un plat à emporter que j’ai mangé en faisant la queue.
Ici, on ne dit pas bonjour, mais: “Bitte der Mask über dieNase” (votre masque sur le nez SVP) sur un ton déplaisant. Et souvent, ils oublient de dire « Bitte« . Il n’est jamais assez haut à leur goût. De plus, les queues se multiplient car l’office de tourisme ne renseigne pas sur les trains, ni sur les bus, ni sur les hébergements, seulement sur les activités à Hambourg et pas dans la région… Pour les transports, la Deutsch Bahn (équivalent de la SNCF) ne s’occupe que des horaires de train et ainsi de suite.
Puis, pour l’hébergement, on a fini par m’envoyer voir un équivalent de l’Armée du Salut: La Bahnhof Mission. Je n’ai pas testé cette solution. Vu l’accueil peu sympathique dans cette gare, j’ai préféré continuer mon voyage la nuit.
Albersdorf, le musée
J’ai mis mes bagages à la consigne et j’ai fini par acheter un billet aller-retour pour Albersdorf qui curieusement n’indique ni horaire ni quai de départ.
Si je suis ici, c’est que je voulais voir ce musée depuis longtemps, car sur leur site internet, j’avais vu des panneaux très intéressants sur les fibres anciennes: liber de tilleul, orties et autres fibres sauvages utilisées dans les textiles anciens.
Après 2h30 de train, j’arrive. Le musée est tout près de la gare. Il n’y avait personne qui le visitait et l’on m’a cependant exigé mon certificat de vaccination. C’est tout de même un peu choquant pour un musée qui s’intéresse aussi à l’écologie. Ce fameux certificat préoccupait plus l’employée que le paiement de l’entrée.
Je n’ai pas vu les panneaux sur les fibres, mais il y avait une belle salle sur l’ambre et une reconstitution d’un four pour fondre le minerai de fer. Cela fait un peu penser aux fours utilisés par les Incas.
Ce musée est très petit. J’ai donc eu le temps de visiter aussi le Parc préhistorique Steinzeit Park
Le parc de l’âge de la pierre
L’entrée à pied est mal indiquée, j’en ai fait le tour complet (dans la forêt) avant de la trouver. Mais, la promenade est belle.
Ici, c’est très différent du Village Lacustre de Gletterens. C’est très orienté vers les enfants, il y apparemment aussi des animations, mais je n’en ai pas vu la publicité.
Là, contrairement au petit musée, on ne me demande pas de certificat.
Il y a des pancartes d’information un peu partout.
À plusieurs endroits, il y a des jeux pour les enfants et des robinets pour se laver les pieds après.
Il y a des reconstitutions de différents types d’abris, de maisons, de pièges et de tombes.
On y trouve aussi une reconstitution de labyrinthe comme en verra plus tard chez les Vikings.
À deux endroits, il y a quelques personnes déguisées qui sont censées faire des activités artisanales.
Pas d’informations nouvelles au sujet des textiles, c’est bizarre car c’est grâce à ces panneaux que j’ai connu l’existence de ces endroits. Seulement des métiers à pesons, qui sont montés, mais pas en production.
Là, Gletterens présente beaucoup mieux avec un métier présentant un tissage avec des bordures en sprang, avec, semble-t-il, beaucoup moins de moyens. C’est sans doute là, l’influence positive de Jacques Reinhard qui a bien divulgué ses savoirs.
Il y a un petit troupeau de moutons, mais pas d’information quant à leur race.
Plusieurs bâtiments ont des toitures enherbées, végétalisées, et certaines utilisent les écorces de bouleaux.
Il a aussi une zone de culture, lin, céréales, maraîchage, plantes aromatiques…
Ce parc mériterait un article complet, j’espère pouvoir y retourner.
Départ pour Copenhague
Je pensais revenir à Hambourg au retour, mais cela en s’est pas fait, d’autant plus que l’accueil dans cette ville, dont je n’ai connu que la gare trop préoccupée par un virus, n’a rien eu de sympathique.
C’est un peu dommage, car je vais découvrir qu’il y a beaucoup de sites anciens, notamment vikings dans la zone de Hambourg, notamment l’ancienne ville viking de Aitabu.
Pour le moment, le but était de chercher un musée sur le tissage aux plaquettes, technique très développée par les Vikings. Les étapes sont: Copenhague, Göteborg, Oslo… Rome2Rio m’aura beaucoup aidé dans la détermination de mon trajet et aussi pour le choix des moyens de transport.
Pour le retour, je prévoyais de passer par Malmö, Gdansk, Bydgoszcz, Biskupin où il y a une reconstitution de village préhistorique.
Les gares ferroviaire et routière
Je suis revenue à Hambourg vers 20 h 30.
Vu que j’ai trouvé un bus à 34 Euros (4 fois moins cher que le train de la Deutsch Bahn), je cherche la gare routière. J’ai bien dû faire deux fois le tour de la gare ferroviaire avant de la trouver. On me disait toujours de l’autre côté. Une fois trouvée, j’ai mangé et confirmé le bus qui part à 2 h 00 du matin et arrive à Copenhague vers 9 h.
Heureusement, j’ai pu trouver du wifi sur les quai de train, pour l’achat de mon billet de bus.
J’ai donc récupéré mes bagages (sac à dos + charriot) et suis partie attendre mon bus. Avec la fatigue, l’attente se fait longue. Il commence à faire froid et il s’est même mis à pleuvoir.
En l’espace de quelques heures, on m’aura demandé le certificat de vaccination deux fois. La dernière, pour rester le temps d’avaler mon repas, dans la salle d’un fast-food asiatique de la gare qui n’avait même pas de chaises.
Où trouver un siège pour attendre?
Les sièges font cruellement défaut dans cette ville. Il faut descendre sur les quais de la gare ferroviaire pour parfois en trouver un de libre quand un train part. C’est tout de même plus pratique pour faire des recherches sur internet. Peut-être, devrais-je envisager de m’acheter un siège pliant la prochaine fois que je voyage, comme si je n’étais jamais assez chargée.
Quant à la gare routière, même à 2 heures du matin, il vaut mieux ne pas quitter son siège quand on a fini par en trouver un de libre.
Arrivée chez les « Vikings »
28 Août
Arrivée à Copenhague sous la pluie.
Grande surprise en arrivant, le bus nous débarque sous la pluie en pleine rue à quelques centaines de mètres de la gare. Quelqu’un réclame quand j’arrange mes bagages. Il paraît que je suis au milieu de la rue (les autres passagers aussi).
En fait, il s’agit d’une piste cyclable aussi large qu’une voie pour voitures. Une fois mes bagages installés, je pars instinctivement dans la direction de la gare.
Je crois que je n’ai jamais vu autant de vélos, il y en a partout, éventuellement avec un petit réceptacle pour enfants à l’avant. J’en ai vu un avec 4 enfants à bord.
Quel soulagement, après le stress hambourgeois, ici personne ne porte le masque. Le vaccin n’est plus exigé.
Enfin, je respire.
La gare ferroviaire
Ici aussi, il y a des consignes à la gare, de grande taille, c’est tout de même pratique. C’est le genre de confort que l’on a oublié depuis longtemps en France.
Ici, comme en Allemagne, il y a du Wifi dans les gares et même dans les trains.
C’est ainsi que je peux organiser la suite du voyage, petit à petit, en affinant mon itinéraire et en cherchant un hébergement au jour le jour.
Le musée
Visite de la Glyptothèque. J’espérais pouvoir y voir les pierres tombales de Palmyre, dont il possède une très grande collection. Elles n’étaient plus visibles, c’était une exposition temporaire. Dommage, car la plus grande collection est justement à Copenhague.
En Scandinavie, il n’y a pas que les Vikings. Ici, je vois plein de statues grecques et romaines. Je photographie les détails des vêtements et des coiffures.
Il y a deux momies égyptiennes. L’ordonnancement des bandelettes a attiré toute mon attention. J’en verrai d’autres par la suite dont la disposition n’est pas la même.
J’ai acheté un livre sur les couleurs et Charles Darwin pour les descriptions de la nature.
Nuit passée dans une auberge de jeunesse, dortoir de six femmes, des lits superposés, encastrés dans un meuble, on dirait presque un nid, agréable malgré l’espace réduit. Mon sac à dos dormira à mes pieds, car il ne tient pas dans le casier.
Quel repos après tant de route, d’attente et de marche.
29 août
À 8 heures, je réserve par erreur une nuit dans une auberge de jeunesse à Göteborg, Suède. Je n’avais pas prévu de rester aussi longtemps à Rotskilde. Heureusement, j’ai pu retarder d’une journée. Je passerai la nuit dans le train.
Rostkilde
Je laisse mon sac à dos dans une consigne et pars pour Rostkilde.
C’était un grand port et l’ancienne capitale des vikings. Ils y ont coulé 6 bateaux dont certains ont pu être reconstitués presque entièrement. Ils ont été coulés volontairement pour boucher des entrées dans le port pour mieux le protéger.
Le musée extérieur
Ce musée doit absolument être visité. Il y a un stand sur les cordes: chanvre bien sûr, mais aussi crin de cheval, laine de mouton, liber de tilleul, algues et même arbustes. Dommage qu’il n’y ait personne pour donner quelques explications supplémentaires.
L’atelier
Puis, il y a un atelier de construction navale qui donne de très nombreux détails.
Il y a aussi un navire en construction à l’extérieur.
Ainsi, les différents types de bois n’étaient pas choisis au hasard. Les principales essences utilisées sont présentées grandeur nature dans des bacs autour des allées avec leur particularités.
On y voit aussi comment les formes des arbres, notamment les embranchements étaient utilisés.
Les attractions
Un petit atelier invite les enfants à construire leur propre bateau et à le mettre à l’eau. Cela les fait réfléchir sur l’utilité de la quille, la position du mat, la répartition des poids…
Ici, on peut voir la reconstitution de l’épave numéro 3 qui a été mise à l’épreuve durant un long voyage semblable à ceux du passé.
Tout a été étudié sur ces navires. Les traces des outils utilisés pour leur fabrication ont donné beaucoup d’informations.
Face au rivage, il y avait aussi une reconstitution de labyrinthe en pierre, de tentes, de jeux…
La reconstruction des bateaux
D’abord, les pièces des bateaux retrouvés ont subi un traitement qui a permis de les exposer.
Alors, des plans ont été fait grandeur nature et au 1/10ème.
Par conséquent, ces travaux ont fait intervenir de nombreuses équipes d’archéologues, de menuisiers, charpentiers, botanistes…
Le musée présente donc 6 navires, ou plutôt, ce qu’il en reste. C’est impressionnant, quand on imagine le travail nécessaire à leur construction avec les moyens de l’époque.
Au fonds d’une salle, il y a un métier à tisser à pesons, avec des indications très intéressantes sur la fabrication des voiles qui étaient en laine traitée avec une sorte de goudron et couverte d’ocre jaune ou rouge. Là aussi, il y a des archéologues expérimentaux qui s’occupent de ces problèmes.
Malheureusement, le tisserand n’était pas là.
La boutique
À la boutique, j’ai encore trouvé quelques livres, notamment sur les techniques de nailbinding et de tablettes qui m’intéressent.
Si vous vous décidez à visiter ce musée en train depuis Copenhague. C’est facile, une carte forfait pour les déplacements en banlieue suffit. Mais, il faut savoir que l’on doit prendre un bus en sortant de la gare (le 203). Je n’ai pas compris comment payer le bus, on m’a laissée passer.
Départ pour la Suède
De retour à Copenhague, je récupère mes bagages et me décide à partir pour Göteborg, j’avais acheté le billet comprenant le ferry le matin.
J’arrive à Helsinger, je monte dans le ferry en pensant en avoir pour plusieurs heures et arriver directement à Göteborg. Alors, j’en profite pour commencer à rédiger la narration de la veille, quand quelqu’un me demande si je repars pour Copenhague.
Nous étions déjà arrivés déjà arrivés en Suède. Pas de contrôle, pas de masques…
Je croyais être arrivée à Göteborg, je réserve une nouvelle nuit. Mais quand je cherche l’itinéraire, on m’indique sur l’écran un chemin sans la durée.
Je demande aux gens à côté de moi, si j’étais bien à Göteborg. J’en étais encore loin, je n’étais qu’à Helsingborg, à 166 km.
Il y avait un train dans les 20 minutes qui suivaient. Je l’ai pris. Je suis bien arrivée à Göteborg.
30 août
Aujourd’hui, c’est lundi, je trouve les musées fermés.
Au centre d’informations touristiques, on y parle français et on m’indique quelques autres musées et un magasin de laines. Il s’agit en fait d’une grande librairie avec un petit rayon de laine.
Malheureusement, je ne trouve rien d’intéressant. Je découvre le marché couvert et y mange.
Il y a un peu partout des parcs et des parterres avec des associations de plantes assez surprenantes.
Je récupère mes bagages à l’hôtel où j’ai passé la nuit, pour aller à l’auberge de jeunesse pour cette nuit et la prochaine. Les 23 minutes indiquées par Google pour ce chemin, m’ont pris plus d’une heure.
Quand on se promène dans la ville, on peut découvrir des peintures murales dignes d’intérêt.
En Scandinavie, les cafés attendent les clients avec une couverture pour chacun.
Fin d’après-midi
Après-midi de planification de la suite du voyage.
Sur la carte, il y a plein de mentions d’Oseberg, mais pas de musée, encore moins sur le tissage aux plaquettes. Je crois qu’il y a un musée intéressant à Bergen, en Norvège, mais c’est trop loin. Ce sera pour un autre voyage.
Au passage, je découvre 2 autres musées à Paris et un village franc dans l’Aisne.
Après un certain nombre de recherches avec un internet instable, je finis par savoir que le fameux bateau d’Oseberg est dans un musée à Oslo, qui sera donc la prochaine étape.
Quand au tissage, il semblerait qu’il y ait quelque chose dans les îles Löfötren, mais c’est très loin dans le nord.
Au fur et à mesure de mes recherches, je m’aperçois que je suis passée à côté de beaucoup de choses dans le Nord de l’Allemagne ou au Danemark. Il faudra prévoir un second voyage pour approfondir le sujet et si possible faire des contacts avec des spécialistes…
Quand il n’y pas d’internet
Vues les intermittences de l’internet, je prends le temps de feuilleter les livres que j’ai achetés aux musées.
31 août
Aujourd’hui visite de 2 musées: le Musée Röhss et le Municipal, où j’achète 2 petites lucettes et 2 aiguilles en os pour le « nailbinding« . Je suis contente de trouver des petites lucettes, j’en avais acheté des grandes l’année dernière en Suisse, mais elles servent plutôt avec de très gros fils ou des lanières en cuir.
Ces musées étaient tous deux intéressants. Les musées ouvrent tard ici, à 11 heures.
Le Musée Municipal
Le Musée Municipal ouvrait le premier, j’irai donc le voir d’abord.
Je n’ai pas encore parlé des bijoux vikings, mais ils sont merveilleux.
Dans une salle qui traite d’une période plus récente on y découvre les outils utilisés pour fabriquer et entretenir les fraises.
Une grande salle présente les mythologies vikings et leurs divinités…
Nous sommes maintenant dans une salle qui relate l’industrialisation du secteur textile vers 1850.
Puis, vient une intéressante série d’ateliers d’artisans miniatures. Ces maquettes sont vraiment très bien faites, elles présentent aussi d’autres métiers.
Röhsska Museet
Puis, je suis allée au Röhsska Museet, une ancienne fabrique transformée en Musée de la Mode et du Design.
Il y avait beaucoup plus de choses intéressantes à vous montrer, mais mes photographies ne sont pas claires. Il est souvent difficile de prendre des photos dans les musées, les reflets sont parfois très difficiles à éviter, et c’était le cas dans ce musée.
Frayeurs
J’ai eu 2 grandes peurs aujourd’hui. D’abord, ma banque m’envoie des messages m’invitant à contrôler mes dépenses. Je ne fais pourtant pas de folies et mon compte est loin d’être en négatif.
Ils ont tout simplement essayé me vendre un service supplémentaire. C’est là que l’on voit que la peur s’utilise aussi pour vendre.
Puis, j’arrive à l’auberge de jeunesse où je passe la nuit et mon badge ne me laisse pas entrer. À partir de 16 heures, il n’y a plus personne à la réception. On dépend donc du bon vouloir de l’informatique et des autres hôtes qui ont dû appeler à un numéro d’urgence pour que j’ai un badge de secours, ne serait-ce que pour aller aux toilettes.
Vu que l’internet était encore rétif, j’ai décidé de profiter de mon rouet pour filer une bobine complète de laine grise avec un peu de soie teinte à l’indigo à Gletterens.
Il en reste plus qu’à la retordre. Cela prend moins de place dans les bagages.
1er septembre
Changement d’hébergement, je n’ai pas pu prolonger le séjour là. Ils m’ont donné une nouvelle adresse pas trop loin. J’y serai encore 2 nuits.
En chemin, pour aller vers le le centre, j’ai découvert la vitrine d’une petite boutique d’un marchand de tapis. Elle était toujours fermée, mais la vitrine était intéressante.
De bonne heure, je visite la bibliothèque municipale, le bâtiment n’est pas très beau à l’extérieur, mais l’intérieur est agréable.
Cependant, je n’ai jamais vu de bibliothèque avec aussi peu de sièges et sans tables, la place ne manquait pourtant pas.
Un monsieur m’a trouvé 5 bons livres. Pas vraiment ce que je cherchais, mais des découvertes intéressantes:
Un petit livre sur le tissage des pailles comme trame avec tous les schémas. Il s’agit d’une technique suédoise.
Un gros livre sur les textiles de Paracas avec des exemples des mêmes techniques en Asie Centrale.
J’ai passé presque toute la journée avec ces deux livres.
Je reviendrai demain matin pour les 3 autres, 2 de tissage et 1 de teintures naturelles.
Visite du Musée de la Culture Mondiale
Il y avait une exposition sur le thème: “Tous différents, tous égaux”. Elle mérite d’être vue, dommage que l’on en puisse pas savoir d’où viennent les objets. Ils sont présentés par thèmes et il y en a de très curieux.
Une deuxième exposition, gratuite elle aussi, sur les carrefours est intéressante.
Une troisième, sur les kimono, était payante. J’ai heureusement eu le temps de la visiter, car le musée ferme à 19 heures, il était interdit de prendre des photographies, dommage, c’était beau.
2 septembre
Nouvelle journée de bibliothèque. J’ai découvert de nouveaux livres sur les textiles.
C’est curieux, ils expliquent des faits vu dans d’autres livres, mais différemment. Je trouve ainsi de nouvelles illustrations. J’ai même trouvé de nouveaux dessins de Huaman Poma de Ayala.
Mon téléphone s’est déchargé, je rentre en faisant un grand détour par le centre commercial où on m’avait indiqué une librairie. Elle était bien là, mais il n’y avait rien sur les sujets qui m’intéressent.
J’en profite pour passer par la gare ferroviaire et le terminal de bus pour comparer les prix et les horaires pour aller à Oslo, ma prochaine étape.
J’achète mon ticket de bus de retour à l’hôtel.
3 septembre
J’ai mon bus à 12:10. Je n’ai pas le temps d’aller visiter le Jardin Botanique.
Je profite du fait que je peux rester jusqu’à 11 heures dans la chambre, pour copier sur mon disque dur toutes les photographies que j’ai prises depuis depuis mon départ de France.
Cela m’a pris 1 heure alors que le système m’indiquait 4 heures. En effet, il y avait plus de 7000 photographies et il me faudra les trier par la suite.
À 10 heures, je prends le tramway pour le terminal de bus, il passait près de l’hôtel. J’arrive bien en avance, j’en profite pour tisser un peu la ceinture en filet que je n’ai pas encore finie.
Le voyage se déroule bien, sauf attente très longue à cause du virus à la frontière norvégienne.
Pas ou peu de masques là aussi.
Les paysages de forêt sont vraiment très beaux et font regretter une traversée aussi rapide..
4 septembre
Encore une journée très productive. J’ai visité 3 musées et trouvé plusieurs livres sur les sujets qui m’intéressent.
À ma première sortie en ville, je découvre une vitrine avec des habits traditionnels qui font la part belle aux galons tissés aux plaquettes. Je passerai plusieurs fois devant cette boutique, mais toujours en dehors des horaires d’ouverture.
Grosse déception, car le musée des bateaux vikings d’Oseberg-Godpak ne montre que des bateaux vides.
Les autres restes archéologiques, dont les fameux textiles, ne seront exposés qu’en 2025 dans le nouveau musée. C’est vraiment dommage. Il y ont trouvé même des textiles en soie. J’ai acheté un livre sur les textiles trouvés à Oseberg.
Folks Museumet
Au Folks Museum, l’atelier textile était fermé pour la saison. Mais les reconstructions d’habitats anciens valent la peine d’être vues.
J’ai pu voir 2 expositions très intéressantes, dont une sur les Sami, avec de très beaux textiles et des métiers traditionnels.
Cependant, j’ai trouvé un métier à grille et un à plaquette complet (avec sa ceinture) à la boutique. Parfois, les boutiques des musées ne présentent pas que des gadgets…
Le musée historique
Puis, je suis allée au musée historique. Il y a une salle intéressante sur l’Amérique, quelques momies égyptiennes. On y trouve aussi une belle exposition sur les Vikings, seulement un fragment de textile des vikings, mais des bijoux magnifiques, beaucoup d’armes.
Exposition sur les Vikings
Voici quelques photographies de l’exposition sur les Vikings.
Quelques objets dans le domaine textile…
Enfin, je suis allée à une boutique de laine où j’ai pu trouver quelques livres. Dont un petit sur les métiers à grille qui me servira lors de mon premier essai.
5 septembre
Dernier jour à Oslo, je vais bientôt quitter, avec regret, les anciennes terres vikings.
En attendant, je comptais visiter une librairie, Google m’avait dit qu’elle ouvrait à 9h00, mais il avait oublié que c’était dimanche.
Et, il semble qu’ici, le dimanche cela se respecte. Tout est fermé.
Je me dirige vers le National Museet dont le même Google (qui croit tout savoir) me dit qu’il ouvre à 11 heures, comme presque tous les musées ici.
Mais, je tombe sur une affiche m’annonçant qu’il n’ouvrira qu’en 2022, cela aurait bien valu une mention “fermé temporairement” chez Google.
Il y a partout des parcs, c’est très vert et très fleuri.
Suite de la ballade
Je pars à la découverte de la ville, presque déserte. J’arrive sur le port où je vois un nouveau musée, avec une affiche qui indique qu’il sera fermé jusqu’en 2021. Je passe par un grand portail ouvert et tombe sur une entrée de musée. Mais, cette fois-ci, c’est fermé jusqu’en 2022.
À ce rythme, on apprend vite que “stengt” signifie fermé en norvégien.
Je me suis assise sur un banc public dans un parc. Il y avait un musicien qui chantait des chansons dans le genre de Neil Diamond. Je me suis mise à filer au fuseau un peu de fibre d’alpaga que j’avais dans mon sac.
Je vous écris maintenant sur une place qui était très animée le vendredi soir quand je suis arrivée, non loin de l’hôtel. Il y a plusieurs café-restaurants avec terrasse… Aujourd’hui tout est fermé et ne passent que les livreurs de repas à domicile, à vélo ou à patinette.
Le retour vers le sud s’est bien passé. À la gare de Malmö (Suède), j’ai trouvé facilement le train pour Ystad, d’où je dois prendre le ferry pour Swinouj`´scie en Pologne le soir.
Ystad
A Ystad, j’ai quelques difficultés pour trouver le lieu d’embarquement mal indiqué et pas de Wifi. Mes bagages lourds de précieux livres allongent les distances.
Une fois trouvé le terminal, on ne voulait me vendre le ticket qu’à partir de 19 heures, je n’ai pas compris pourquoi. La consigne ne voulait que des monnaies de 10 Kr suédoises, j’avais bien un billet de 200 Krs, mais on en voulait pas me faire de monnaie. J’ai dû repartir au centre ville chargée, essayer d’acheter quelque chose pour qu’on me rende de la monnaie en pièces de 10 Krs. La Suède est un pays où tout se paye par carte et où il est courant de voir des pancartes annonçant que les espèces ne sont pas acceptées.
Par chance, j’obtiens du change. Je reviens et range mes bagages. Maintenant, j’ai du temps devant moi, le ferry ne part que le soir.
Je découvre qu’il y a un musée, je pars à sa recherche. Il était facile à trouver, sur la place, mais il était fermé. C’était lundi.
Il en faut donc pas compter sur les dimanche et les lundi pour les découvertes…
Attente studieuse en lisant “Viking clothing”. C’est passionnant.
Le Ferry
Me voici avec le billet enfin acheté. Il faut attendre l’embarquement à 21 h 30.
Une fois montée sur le bateau, je laisse les bagages en consigne jusqu’à 6 heures, heure d’arrivée en Pologne. Passage obligé par la case Restaurant, self service. Puis je vais m’installer dans une salle avec des fauteuils confortables pour la nuit, mais un grand écran qui diffuse des films genre Rambo où deux acteurs (un homme et une femme) lisent en polonais les répliques de tous les personnages correspondant à leur sexe…
J’abandonne les Vikings
7 septembre
Après une nuit dans un fauteuil dans le ferry, j’admire le lever du soleil sur la mer.
Très peu de choix pour le petit déjeuner, pas d’indication sur le cours de la zloty par rapport à l’euro et j’ai aussi peu de temps, je le saute.
Je monte récupérer mes bagages et je retrouve une dame polonaise de 70 ans avec qui j’avais parlé la veille.
Nous sortons du ferry et faisons ensemble, à pied, le trajet qui sépare de la gare de Swinouj´scie, puis dans le train nous serons ensemble jusqu’à Szczeczyn où elle descend. Elle n’arrête pas de répéter “Staro´s´c nie rado´s´c” (la vieillesse n’est pas bonheur). Elle aussi transportait des livres, ce qui est toujours assez lourd.
PoznaN
Je ne sais pas pourquoi, on a insisté à me vendre un billet qui allait à Bydgoszcz en passant par Pozna´n, ce qui faisait un sérieux détour,
Je voulait aller voir une reconstitution de village ancien à Biskupin, un peu comme à Gletterens. Sans le savoir, je suis passée par la gare de Wolin où il y a un village du même genre. Je n’allais tout de même pas faire marche arrière.
Cependant, le train est si lent, il s’arrête dans toutes les gares sans exception et ne va pas à plus de 60 km/h. Je décide de en pas aller à Bydgoszcz et Biskupin. Il faut que je sois le 9 à Baulmes, pour le Festival Yelen.
Directement à berlin
Je vais donc prendre, arrivée à Pozna´n, un train pour Berlin. Une fois arrivée à Pozna´n après 5 heures de train, j’achète un billet de train pour Berlin à 15h15.
Le train est en retard, tellement en retard qu’il n’est pas affiché, personne ne sait rien, je pars avec mes bagages vérifier le quai, quand je reviens, on me dit qu’il est parti et que le suivant est à 19h05.
Je commence à avoir très faim, je vais chercher quelque chose à manger en attendant le prochain train. Celui-là arrive à l’heure. Je voyage en compagnie sympathique, une jeune femme avec 2 petits chats et un monteur de manèges. Conversation très polyglottte, en polonais, mais aussi en français, espagnol et allemand.
Je me mets à filer mon reste de fibres d’alpaga gris, le petit chat qui était presque du même gris est venu jouer avec le fuseau.
Berlin
Arrivée à Berlin à 22 heures, gare Hauptbahnhof, je cherche un train pour la Suisse. Tout est fermé, pas d’information, je finis par trouver un distributeur automatique de billet de train. Celui-ci me trouve un départ à 0h41. Quai difficile à trouver, heureusement un monsieur veut bien se donner la peine de regarder le ticket et me dit qu’il part au quai 8 qu’il m’indique vaguement.
Les ascenseurs dans cette gare semblent sortir d’un livre de science-fiction, il faut deviner où sont cachées les commandes. Je n’en trouve pas pour ce quai, je dois donc défaire les paquets de mon charriot et les descendre un par un, par chance j’avais le temps, mais c’était de la fatigue que j’aurais préféré m’éviter. Décidément, les gares allemandes n’ont rien d’accueillant.
8 septembre
Journée de train Berlin / Hagen /Basel / Fribourg, puis attente d’une heure et demie pour le bus de Gletterens.
Je suis enfin arrivée à Gletterens, Jack et Carole étaient là. Nuit courte de repos.
Conclusion
Ce voyage aux pays des Vikings a été un peu court. J’espère pouvoir revenir en Scandinavie prochainement.
Si j’en ai le temps, j’essaierai de consacrer quelques articles à certains des musées visités, car ils le méritent.
Prochaine étape: Le Festival Yelen à Baulmes, Suisse…
/// Fête de la Préhistoire /// 4ème article sur le Village Lacustre de Gletterens Article cr´´eé le 24 novembre 2021, modifié le 1er décembre J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 (whatsapp) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Je vous invite à suivre la suite du voyage… N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Fête de la Préhistoire, prochaine étape
Alors, c’est reparti pour 15 jours d’expériences…
Teintures et autres activités
Oui, la Fête de la Préhistoire arrive bientôt à Gletterens, peu après le Rassemblement Préhistorique. En attendant, je continue mes activités qui donnent un petit supplément de vie au lieu. Le feu pour les teintures réchauffe un peu l’atmosphère` fraîche de la maison.
L’atmosphère un peu enfumée de la maison donne aussi une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans une maison néolithique. La fumée participe aussi à la préservation de la toiture.
Les particules fines existaient déjà… Tania et Doris fendaient le bois en plus petits morceaux pour essayer d’éviter cet excès de fumée.
La toiture
Celle-ci a plus de 20 ans et est encore apparemment en bon état. Cependant, elle doit être rénovée prochainement. En effet, c’est la première maison construite dans le village lacustre. Cela va être un très gros chantier. À suivre…
9 août
Je joue les prolongations. Martin m’a amenée voir deux boutiques de laines et autres fibres. Nous les avions déjà visitées l’an passé, dans l’Emmenthal. J’avais acheté beaucoup de types de matières premières (soie, lin, alpaga, chanvre, ramie…) et des livres que j’ai exploités pendant toute l’année, notamment pour les teintures cette année. Je suis très contente.
On devait voir aussi les prix pour les laines filées main. C’est très difficile pour moi d’établir un prix juste.
Cette fois-ci, j’ai encore trouvé des livres intéressants, un petit métier à tisser les plaquettes, des paquets de plaquettes, des aiguilles spéciales, de nombreux petits outils… Tout faisait envie!
Le rouet
Évidemment, mon acquisition principale a été un tout petit rouet électrique, spécial pour artisan nomade. Il tient dans mon sac à dos. De plus, il est léger et très silencieux. Il voyagera avec moi en Scandinavie.
Ces boutiques ont de très bonnes librairies, surtout en allemand et en anglais. Mais c’est très difficile de se retenir d’acheter. Bien sûr, toute cette documentation est vraiment très utile pour moi.
J’y ai également trouvé des fibres de chameau, je suis très curieuse de les filer.
J’en ai aussi profité pour acheter 1 kilo d’alun et j’ai bien fait. En effet, ce mordant a toujours la mauvaise idée de manquer au mauvais moment.
Cette visite est tombée au bon moment. J’aurai encore plus de choses à montrer pour la Fête de la Préhistoire.
Je vous parlerai de tous ces achats dans de prochains articles, quand je commencerai à les exploiter. J’ai complété ces achats en Scandinavie.
De retour à Gletterens, j’ai vu passer un hérisson près de la yourte. Je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est parti se cacher trop vite. On m’avait déjà commenté son existence.
10 août
Nous allons tenter de récupérer au maximum les bains restants. Car, nous pouvons en obtenir des pigments pour peindre. Il faut que je revoie les DVD de Michel Garcia, il y en a un qui traite de ce sujet. Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui, j’espère que demain, je pourrai.
J’ai vidé tous les paquets de feuilles et écorces qui ont servi aux teintures sur le tas de compost. J’ai fait du rangement dans l’atelier provisoire de teinture.
Comme aujourd’hui il faisait beau, j’ai lavé presque toutes les laines teintes et je les ai mises à sécher dans l’arbre.
Du nouveau, teinture aux graines de cornouiller pas mûres, nombreux tests d’indigo avec les visiteurs.
Essai d’évaporation du gros bain mélangé. À la fin de la journée, il en reste beaucoup. Je croyais que la concentrations des vieux bains serait plus rapide.
Le coracle
Il s’agit du projet principal du Rassemblement Préhistorique. Il est presque prêt à l’usage, mais nous devons encore le soigner…
Nous avons remis le coracle sous son “fumoir”, je dois entretenir le feu pour qu’il fume assez longtemps. Ce sera la vedette de la Fête de la Préhistoire.
Alors, j’alimente le feu avec des branchages verts, ce qui fume plus.
Bogolan
Enfin, j’ai fini par me décider à sortir le drap teint aux tannins pour le test de bogolan, il s’agit d’une technique africaine très intéressante qui consiste à appliquer des boues ferrugineuses sur des toiles teintes avec des tannins légers. Dominique Cardon parle de cette technique, il y a longtemps que je voulais l’essayer.
La technique
La technique est simple, mais donne de très belles possibilités. Elle est pratiquée au Mali, mais aussi en Amazonie péruvienne, notamment par les Shipibo. Elle est basée sur la réaction des tannins avec le fer.
Mais, on en s’improvise pas teinturier en bogolan.
Les enfants y laissent leurs traces
J’ai fait faire le test à des enfants sur un drap sec préparé à l’avance. Ne sachant pas où trouver une source dotée des caractéristiques recherchées, j’ai décidé d’utiliser l’argile que j’avais tamisée pour tenter de faire des récipients archaïques pour teindre, elle était encore très humide, j’y ai ajouté ma soupe de clous et dans un autre pot le reste d’oxalate de titane.
La réaction se fait bien avec le fer, mais un peu pâle. J’ai aussi voulu tester avec le titane qui devait donner un bel orange, comme en ecoprint, mais cela semble sans effet. Je trouve que le liquide se diffuse un peu trop, laissant les formes peu reconnaissables.
Pour renforcer ma soupe de clous (acétate de fer), j’avais mis à tremper des aiguilles que j’utilise pour les métiers à clous qui avaient commencé à rouiller.
Je les ai sorties, nettoyées avec un peu au papier de verre, puis je les ai graissées.
Bien que je ne soie pas totalement satisfaite de ce test de bogolan, l’effet sur les visiteurs est intéressant. Chacun apporte son petit grain de sel, sa technique d’application de la pâte.
Sauvetage de hérisson
Nous allions faire de nouveaux ecoprint avec Doris, mais des visiteurs ont découvert un petit hérisson malade près de l’atelier provisoire de teinture. Il était sortit en plein soleil, ce qui n’était pas normal, il avait l’air très faible.
Doris a décidé de l’emmener chez le vétérinaire à Morat. Il a été recueilli par une association qui essaie de sauver les hérissons. S’il est guéri, il sera relâché près de son nid, là où on l’a trouvé.
Le soir nous avons essayé de faire tourner le nouveau rouet, mais il faisait déjà presque nuit.
11 août
À 7h30, j’ai préparé le rouet et je me suis installée dans les toilettes, où il y a une prise de courant. Premier test positif, seulement il faut mieux nettoyer les pailles qui restent dans la laine.
Au premier test, j’ai déjà pu filer assez fin.
J’ai de nouveau sorti le drap et pot d’argile modifiée pour le bogolan.
Les graines de cornouiller sanguin ont donné un joli jaune, j’ai plongé la moitié de l’écheveau dans l’indigo, j’ai obtenu une laine bicolore, jaune et vert pâle.
Encore quelques tests d’indigo avec les visiteurs.
Aujourd’hui pas de feu. Lavage des laines non lavées.
Nouvelle décoration du saule mort avec les laines teintes.
Préparation d’un petit bain avec les deux garances, de la cochenille, du tannin de galles du chêne et pour m’assurer un peu d’alun. Cuisson demain. Un peu de laine mérinos et de soie.
J’ai presque fini les mitaines pour Martin, elles ont beaucoup plu à Doris qui m’en a demandé d’une autre couleur.
12 août
Je suis retournée filer avec mon rouet dans les toilettes, il semble que ma rallonge m’a lâchée. Il faut que je m’habitue à nettoyer mieux ma laine, car cela en pardonne pas. Contrairement au rouet à pédale, là la vitesse est régulière et on en peut pas ralentir sans lâcher la laine. Parfois, la laine se casse et s’enroule sur la bobine et le bout se cache dans la laine enroulée.
Depuis les premiers tests, j’ai filé 5 grammes de laine sale que j’ai retordue au fuseau pour bien voir les défauts et enlever les petites saletés restantes. Je viens de la laver au savon pour faire un test d’indigo avec demain.
J’ai redécoré le vieux saule avec les laines et redéployé le drap à bogolan.
Tissage
J’ai fini dans la soirée la petite pochette à rayures commandée par Tania, elle a choisi les couleurs dans l’arbre à laines, m’a indiqué son idée.
J’ai filé un peu de laine de mouton suisse teinte au henné.
Teinture
La teinture à la garance additionnée de cochenille m’a donné un joli vieux rose après ajout d’un peu de crème de tartre. Ce soir, j’ai complété ce bain avec un peu de garance Rubia cordifolia et de tannin de gale de chêne. Il y aura cette fois un petit écheveau de mérinos, un peu de soie de Madagascar, un peu de soie en ruban et un peu de laine de mouton suisse bien lavé.
Je venais juste de finir les mitaines de Martin et je commençais celles de Doris, le ciel s’est obscurci et le vent s’est mis à souffler très fort. C’est le début d’un orage qui secoue l’auvent de l’abri et sa porte en toile.
Plus qu’une semaine pour la Fête de la Préhistoire
13 août
J’ai filé ce matin de l’alpaga, assez bien préparé, avec beaucoup plus de facilité.
Le bain de garance amélioré a donné quasiment la même teinte qu’hier, la laine de mouton bien dégraissée n’a donné qu’un ton saumon pâle, la soie décreusée bleu clair a donné un joli grenat.
Il faudra réessayer demain en mordançant avant.
J’ai presque fini les mitaines de Doris, il faut que je file la laine pour les coutures et tours de finition.
Test d’indigo sur lin pour la chaîne du métier à sprang pour la fête de la Préhistoire, le 22 août.
Il va falloir refaire la cuve d’indigo. Ce sera fait dans quelques jours.
Le drap à bogolan se couvre peu à peu.
14 août
À 7 heures du matin, je m’installe à la porte des toilettes avec une rallonge que m’a prêtée Doris, pour filer. D’abord, je finis la petite quantité d’alpaga gris et teint marron qui me restait. Je change de bobine et démarre la laine pour finir les mitaines de Doris. À 10 heures, j’ai fini de filer les 65 g de laine multicolore.
Je range le rouet et je décore de nouveau l’arbre à laine. Puis, je mets sur le feu le mordançage de lin, laine, soie et vue d’un bain de henné et d’un autre de cochenille.
Je retord l’alpaga et la laine multicolore et finis les mitaines. Il reste de la laine et je décide de faire une petite pochette avec cette laine, puis une autre.
Normalement le rouet peut retordre automatiquement, il en reste qu’à déplacer la petite bague qui détermine l’endroit où va s’enrouler la laine. Mais pour cela, il faut filer des fibres très propres qui en nécessitent pas de révision, du top, par exemple. Cela est rarement le cas pour moi.
D’autre part, il faut séparer la laine à filer sur 2 bobines égales.
J’aurai l’occasion d’en parler ultérieurement.
Heureusement que je retord à la main. Je dois d’abord préparer une bobine avec deux bouts sur un bâton.
Lors de ce bobinage, j’élimine encore des morceaux de paille, je dois renouer parfois quand le fil est trop fragile.
15 août
Ce matin vers 7 heures, je m’installe de nouveau à côté des toilettes. C’est très agréable de filer au grand air. Le rouet est très silencieux, j’entends les oiseaux…
Cette fois-ci, j’ai choisi de filer un reste de Thones et Martod sale, mais sans pailles. En un peu plus d’une heure, j’ai filé presque une demie bobine. Les bobines font à peu près 100 grammes.
Après la décoration de l’arbre à laine, je finis une pochette et j’en fais une autre.
Quand je tisse dehors, j’entends des commentaires assez sympathiques. Il y en a qui se demandent si le coracle sert d’urinoir. C’est vrai qu’il en sent pas très bon, mais il s’améliore avec le temps.
J’ai préparé un nouveau bain de cochenille pour demain et j’ai à nouveau mordancé en prévision de cette teinture. En outre, j’ai fait un test de mordançage au lait.
Puis, j’ai encore fais un bain avec du lin dans le reste de henné et de Cosmos sulfureus.
Dans l’après-midi, le village lacustre est très tranquille. Je décide de tester le filage d’un paquet de laine de mouton valais propre et cardée. En environ 2 heures, j’ai filé presque 100 grammes de laine. J’ai même osé accélérer la vitesse de filage.
Il faut que j’en fasse une deuxième bobine pour tester le retord qui doit être automatique.
En rangeant le drap à bogolan, je m’aperçois que l’envers semble plus marqué que l’endroit.
De 19 h à 21h30, je suis retournée filer à côté des toilettes la laine des moutons valais que m’a donnée Doris, encore plus fine cette fois-ci et avec un peu de soie. La vitesse doit être un peu plus lente pour un fil plus fin.
16 août
Je rembobine ce que j’ai filé la veille au soir sur un bâton pour libérer la bobine du rouet et avoir une bobine à deux bouts pour la retordre au fuseau, elle est parfois un peu fragile, ce sont encore les premiers essais.
Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laine, cependant un peu plus tard que d’habitude à cause d’un risque de pluie. Petit bain de cochenille avec laines mordancées et nouveau mordançage.
Évidemment, je parle toujours de laines, mais j’ai aussi teint de nombreuses autres fibres.
Ce bain de cochenille a très bien pris. Lorsque j’ai enlevé les laine du bain de mordançage j’ai eu la surprise de trouver de gros cristaux d’alun de plusieurs centimètres au fond de la casserole. La veille, j’avais récupérer de l’alun qui s’était échappé de son sachet trop fragile. Peut-être que les impuretés et l’excès ont favorisé la cristallisation.
Sur le drap à bogolan, un enfant de 4 ans me dessine un curieux serpent, son grand-père m’explique qu’il s’agit du canal de la Broye, sujet d’actualité du fait des inondations dues aux récentes pluies diluviennes dans la région.
Alors, je retords les 70 g de fil fin de la veille, mais pas dans le sens habituel. En effet, par erreur, le bouton sur la machine était passé en torsion Z. Mais, cela me facilite le retord manuel.
Aujourd’hui, ils ont fait les foins sur le terrain devant la caisse, avec plusieurs mois de retard. Du fait des inondations, le tracteur ne pouvait pas passer, les plantes auront eu le temps de fleurir et de se resemer. Cela sent bon.
Dans l’après-midi je file à nouveau un peu de fil fin.
17 août
Aujourd’hui, je devais aller à Neuchâtel pour visiter le Musée Ethnographique que Jacques Reinhard m’avait conseillé d’aller voir. En outre, je dois aussi faire réparer mes lunettes dont un verre s’échappe constamment. Mais, on me dit que les musées sont gratuits le mercredi. Donc, j’irai demain.
Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laines, un peu teinture, lavage des dernières laines teintes, filage, retord.
18 août
D’abord, je rencontre Jack qui avait reçu un petit appareil pour couper des lanières de cuir. Il a toujours de bonnes informations pour les matériels et petits outils pour l’artisanat. L’outil est arrivé très vite. La démonstration et vraiment impressionnante.
Puis, je pars à Neuchâtel en bateau. Les bateaux ont été rétabli, car ils avaient été supprimé pendant plusieurs mois à cause des inondations.
J’ai réussi à faire réparer mes lunettes qui paraît-il ont été très mal montées et le verre devrait à nouveau tomber très prochainement. Me voilà prévenue.
Que de magasins de chocolat! Cela fait très envie, mais les prix font peur.
Le musée
Aujourd’hui, je suis partie voir le musée d’Ethnographie, bien caché dans la verdure. Il y avait une exposition de photographie des années 1950 sur des Peuls du Sahel, intéressante.
Enfin, je finis par trouver l’entrée du musée qui n’était indiquée nulle part.
J’ai d’abord visité l’exposition permanente organisée par thèmes: plumes, ambassades, sandales, cordes, croix, contenants… J’avoue que j’aurai aimé avoir plus d’informations sur certains objets.
Je retiendrai tout particulièrement deux fuseaux très décorés et des bijoux en pailles tressées.
Les expositions
Puis j’ai visité deux expositions temporaires, l’une sur les missions suisses au Mozambique et l’autre sur le mal du voyage qui montre bien les déformations que peut provoquer le tourisme sur l’artisanat local.
Par exemple au Pérou, une casquette avec des motifs shipibo (d’indigènes d’Amazonie, Nord du Pérou), normalement dessinés en noir (de fer) sur une toile teinte avec des tannins où est écrit Cusco (Andes du Sud du Pérou). Quelle étude de marché a fait produire un objet aussi insensé? Sans compter le fait que ces dessins ont une signification importante pour ceux qui les ont créés. Découpés en petits morceaux, ils deviennent de vulgaires motifs qui pourront être remplacés par d’autres au gré des modes.
On peut aussi y voir une video très instructive sur un groupe de femmes qui présentent avec un certain humour, mais très organisées, la teinture à la cochenille, au village de Chinchero à 20 minutes de Cusco que j’ai vu lors mon voyage au Tinkuy.
Le show est intéressant mais si rapide (les touristes sont toujours pressés) que l’on en se rend pas compte de la complexité et de la lenteur du travail représenté.
Cependant, ces femmes qui doivent être des artisanes qualifiées paraissent plus être des actrices. Quand ont-elles le temps de produire de l’artisanat si les groupes défilent les uns après les autres gratuitement et leur salaire provient des ventes? Quand je les ai rencontrées, il y a plus de 10 ans déjà, leur principal intérêt était de me vendre leur chapeau ou leur gilet, quand je cherchais de la laine d’alpaga et des plantes pour teindre en bleu et en rouge.
Certes la partie de l’exposition sensée représenter un marché artisanal faisait la part belle au Pérou qui est spécialiste de l’artisanat industriel, mais il y avait aussi des stands sur les Esquimaux qui produisaient de petites reproductions de kayak en impression 3D ou les imitations d’objets en ivoire africains…
J’ai oublié de prendre une photo des kayaks en plastique fluo. C’est dommage.
19 août
Jack a fini le métier à sprang, alors nous pourrons monter la chaîne demain et commencer à le tisser. Maintenant, il tient droit et devra rester fixé à une poutre. Au passage, j’ai appris le système de nœuds utilisé à cet effet.
Recharge du bain d’indigo
Puis, avec Jack nous avons complété la cuve d’indigo. Je l’ai testée comme d’habitude avec des visiteurs.
Elle m’a donné un bleu plus soutenu, nous avions récupéré l’eau de rinçage qui contenait certainement assez de pigments. Bien sûr, nous avons utilisé la même cruche.
J’ai cuit une casserole de cochenille où j’avais mis un peu de soie en ruban, un peu de soie de Madagascar décreusée, un peu de laine propre et du lin pour le sprang. Le tout était mordancé à l’alun avec un peu de vinaigre.
Retord Navajo
Puis, j’ai terminé de filer une bobine de laine de Thones et Martod sale au rouet. Je voulais tester le retord dit navajo avec cette laine. Ce type de retord est à la mode actuellement. Une seule bobine suffit.
Pour cela, il s’agit de retordre en faisant d’énormes chaînettes avec les mains. Ainsi, on obtient une laine à 3 brins. Je l’ai pesée, elle faisait 126 g. puis d’abord rincée, et enfin lavée avec un peu de savon liquide. Elle sera teinte avec des écorces de saule.
Autres teintures
François a coupé des branches de saule pour faire le fonds du coracle, il m’a laissé les écorces pour teindre. J’ai déjà mis à tremper cette laine dans le mordant pour la teindre avec cette teinture, on ne peut plus locale.
Comme prévu, j’ai commencé à préparer des étiquettes de prix pour la Fête de la Préhistoire qui approche à grands pas.
20 août
Bain de cochenille avec 70 g de laine de mouton valais filée au rouet, retordue au fuseau. Mordançage de la laine pour le saule.
Au matin, l’eau avait un peu jauni et montrait quelques petites bulles. Laine mise à tremper avec supplément d’écorces et de feuillage.
Maintenant, le sol du coracle est fini et est mis en place à sécher chargé de pierres pour qu’il prenne sa forme définitive, les tensions le font craquer le soir.
J’ai fait des bobines avec les fils des rayures du sprang. Puis, j’ai commencé à monter la chaîne. Enfin, j’ai décidé de faire 4 petites tresses pour maintenir les débuts et fin de sprang, je ne sais pas si c’est nécessaire. C’est comme cela quand on expérimente en autodidacte. J’ai teint 2 des tresses en indigo.
Teinture en indigo d’un écheveau de laine de mouton et d’un autre en alpaga-soie beige, comme test. Pour le moment, c’est beau, nous verrons le résultat une fois rincé.
Plusieurs heures passées à faire des étiquettes en cuir avec l’adresse du site, le poids, le prix et le type de fibre, la teinture utilisée. Cela a été long. Maintenant, l’arbre à laines est doté de chiffres.
Quand j’ai sorti les laines de la cochenille, j’ai ajouté un peu de crème de tartre dans le bain, elles ont donné un rose assez soutenu. J’ai complémenté avec de la garance pour le lendemain.
J’ai aussi préparé un petit bain avec des déchets variés: épluchures d’échalotes, d’avocat…
François a joué de la cornemuse ce soir, c’était beau.
Puis, sont arrivés les constructeurs du coracle. Ils se sont décidés à aller l’essayer tout de suite, essai concluant. Ils ont décidés où ils débarqueraient pour l’arrivée des marchands lors de la Fête de la Préhistoire.
Le test s’est passé dans une très bonne humeur, comme d’habitude à Gletterens.
21 août – Demain, c’est la Fête de la Préhistoire
Nouvelles journée passée à doter de prix mes travaux, c’est difficile de faire ni trop cher, ni trop peu cher. Les visiteurs sont toujours trop pressés.
Nouveau test du coracle, cette fois-ci avec les marchandises. Nouveau succès.
Journée très calme, Jack m’a imprimé des cartes de visite, car il ne m’en restait presque plus.
Nouveau bain de cochenille. Encore une expérience, reteinte d’un écheveau rose de cochenille en indigo. Un écheveau de bois de Campêche violet, le bain de déchets variés a donné un très beau jaune, il est resté à tremper.
Derniers préparatifs pour la Fête de la Préhistoire.
C’est la Fête de la Préhistoire
22 août
Il a beaucoup plu pendant la nuit, heureusement la journée a été assez belle.
Comme souvent, j’ai allumé les feux de bonne heure. Bain d’écorces et de feuilles de saules qui trempent depuis 2 jours, épuisement des bains de cochenille et déchets divers. Retord à la dernière minute de laine sale filée au rouet pour alimenter ces bains.
J’ai décoré l’arbre à laine avec les dernières teintures lavées le matin même, les nouvelles teintures de la veille et toujours les rubans et autres fibres non filées.
Les “marchands” débarquent les marchandises, il y a beaucoup de visiteurs. Je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de photos.
Une dame m’a donné 4 grands cônes de coton. C’est un beau cadeau, je pense en teindre une partie pour mes premiers galons aux plaquettes. Il va falloir les passer en écheveaux, les faire bouillir avec du savon et les mordancer.
Une Mapuche chilienne m’a enseigné à faire une tresse à 5 fils doubles, le résultat est très joli.
Les “marchands” ont bien vendu, surtout des laines teintes.
En fait, la journée est passée si vite que je n’ai presque `pas pris de photos. Il y avait beaucoup de monde.
Après la Fête…
23 août
Vers 6 heures du matin, j’ai vu une grosse pleine lune entre les arbres, j’ai eu beaucoup de mal à la photographier car le ciel s’éclaircissait plus en photo qu’en réalité. Puis, j’ai vu passer un écureuil brun foncé dans les arbres.
Encore une fois, j’ai vidé sur le compost les restes de végétaux qui encombraient les bains de teinture à filtrer.
Préparations pour le départ
J’ai beaucoup à faire pour préparer mon départ. Je dois préparer un peu mon itinéraire.
Il faudrait aussi que je fasse les derniers ecoprint tant que j’ai des casseroles, que j’épuise les bains ou les transforme en teintures ou pigments.
En fait, j’ai passé presque toute la journée à transformer un cône de 850 g de coton en écheveaux. Comme, j’avais besoin de nouveaux récipients pour filtrer les vieux bains et laver le coton, j’ai accompagné Tania à la déchetterie pour se débarrasser des ordures de la Fête de la Préhistoire, j’en ai profité pour récupérer quelques pots utilisables.
J’ai donné une deuxième vie à une bonbonne de bière en plastique, après avoir enlevé l’étiquette, je découvrais une grosse bouteille en plastique que j’ai pu percer avec un couteau en silex, puis j’ai continué aux ciseaux.
J’ai aidé Tania à démonter une petite yourte et j’ai beaucoup appris sur le montage de celles-ci, il faudra que je modifie mon article sur la yourte de Chevrainvilliers.
Aujourd’hui, j’ai pu parler avec Mireille qui organise le Festival Yelen à Baulme en Septembre. Elle m’a confirmé que je pouvais y participer, elle aussi pratique la teinture naturelle et notamment le bogolan. Il me semble que cela va être très intéressant.
Dans la soirée, Doris et Martin sont venu ramener le petit hérisson souffrant à son nid. Il semble avoir récupéré sa santé, il a eu aussi droit à deux jours de nourriture spéciale pour lui. Je suis bien contente.
Lorsque je rangeais l’arbre à laine, il m’est venu à l’idée de tester l’indigo avec de la soie tussah, le résultat est très beau, je vais sans doute recommencer demain.
24 août
Enfin, vient la teinture des écheveaux de coton, 2 en indigo, mordançage de 2 autres au lait, le reste est réparti entre un bain de cochenille-alun-crème de tartre et mordançage à l’alun.
Épuisement des bains, réduction pour transformer les restes en encre après tamisage. Les filtres à café en servent pas, ils se percent les uns après les autres. Je finis par aller chercher la vieille passoire pour les cendres aux toilettes sèches je l’ai recouverte d’une toile comme tamis.
Malgré le fait que j’épuise les bains, je suis assez contente des couleurs obtenues en coton.
Une dame qui vit au Mali et connaît des artistes qui travaillent le bogolan m’a invité chez elle là-bas. Ce serait passionnant. Mais, ce voyage semble un peu compliqué. Maintenant, alors que j’écris cet article, je me débats avec les bureaucraties tant française que chilienne, tout bêtement pour pouvoir rentrer au Chili.
J’ai commencé le bonnet jaune et violet que l’on m’a commandé dimanche. Je le finirai en voyage.
Dernières teintures sur coton et un peu de soie.
Beaucoup de vent.
Je commence à concentrer les bains. Dernière promenade à la déchetterie pour compléter la panoplie de vieilles casseroles.
Mise au compost des restes solides des bains.
25 août carnet
Fin de concentration des bains accélérée.
Rangement un peu brusqué de tout mon bazar, pour mon départ le lendemain.
Tri organisé rapide des bagages qui m’attendront au Village Lacustre jusqu’au Festival Yelen.
J’ai encore récupéré un peu de fibre de houblon qui avait eu le temps de rouir. Curieusement, j’avais rêvé de ces tiges de houblon.
Demain départ pour la Scandinavie
Prochain article pour bientôt… Si mes démarches pour mon retour au Chili m’en laissent le temps.
/// Voyage hors normes /// Article cr´´eé le 23 novembre 2021, modifié le 9 mai 2022 Retour en Europe 10 mai 2022 jusqu’au 11 novembre 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 (whatsapp) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.
Teinture naturelle 10 – 15 juillet Tissage artisanal 17 – 22 juillet
Rejoignez nous à Zonca!
Le voyage hors normes, si l’on peut dire, n’est pas une nouveauté pour moi. D’habitude, il s’agit surtout d’un excès de bagages… Mais, les choses se compliquent par les temps qui courent.Vous vous en doutez, il semble de bon ton qu’un certain virus ne veuille laisser personne tranquille. J’espère que cet article puisse éviter à d’autres les déconvenues qui viennent de m’arriver.Je n’ai pas encore décelé la norme que je n’ai pas respectée.
Mon retour au Chili aurait dû être une simple formalité et je devrais déjà être en train de faire de nouvelles expériences. Mes prochains articles auraient dû vous relater la Fête de la Préhistoire à Gletterens et les voyages qui l’ont suivi… Mais, l’actualité a tout bousculé…
Continuer le voyage, quel défi
Dans un présent un peu bousculé, o´´ù les doses de vaccins se succèdent, continuer à voyager devient de plus en plus difficile. J’ai malheureusement été obligée à suivre des règles dont je ne suis pas persuadée de la pertinence. Bref, j’ai dû m’adapter à un court-termisme certainement assez funeste.
D’ailleurs, les plateformes dans le style Work Away, Talk Talk Go, Helpstay… n’arrivent plus à jouer leur rôle. Malgré le temps passé à les consulter et les quelques contacts intéressants, rien ne s’est converti en réalité.
J’ai dû voyager en touriste à budget limité, plus rapidement, en enchaînant les musées en un temps records, quand ils n’étaient pas fermés. Le tout sans véritables échanges ni contacts avec les gens qui vivaient dans les lieux visités. Quel dommage! C’est comme des demi-voyages à coût double, comme ces musées en Italie où un bon tiers des salles étaient fermées.
Ce qui est intéressant ou beau est là, mais ne peu pas être vu.
Cela n’a rien à voir avec mes précédents voyages au Pérou, en Bolivie, en Argentine et au Brésil.
Voyage un peu trop chargé
Après 18 mois en Europe et des expériences merveilleuses, mes bagages ont pris de l’embonpoint, sous la forme de matières premières, d’outils et bien sûr de livres…
Je passe sur les réflexions déplacées des agents de la SNCF qui ne comprennent pas que l’on voyage avec des valises… Leurs limites seraient de 18 kg! C’est-à-dire moins que les 23 kg autorisés en avion!
Je regrette toujours, l’absence d’ascenseurs, ou plutôt de rampes (comme en Suisse). Celles-ci ne tombent pas en panne. Les escaliers sans autres alternatives sont encore trop nombreux en France. Déjà, je m’en plains dans mon premier article sur le Village Lacustre de Gletterens.
Les charriots ont complètement disparus. Les toilettes aussi. Et les consignes, qui existent encore, heureusement, un peu partout en Europe, ont disparu du paysage français. Même les sièges sont devenus rares.
Cette fois-ci, je suis revenue à la gare de Lyon à Paris, vers 20:00 heures. Comme, il n’y a pas de charriot, j’ai donc tiré mes 8 bagages, un par un, sous l’œil goguenard des fiers-à-bras qui font office d’agents de surveillance.
Personne n’a été capable de m’indiquer les consignes. J’ai dû prendre un taxi van pour l’hôtel.
Quand au jour où je suis retournée à Nemours, le taxi me laisse juste devant un ascenseur interdit à cause d’une alerte à la bombe. J’ai dû faire les 400 m qui me séparaient de l’entrée principale en tirant les 8 bagages. La technique commence à être bien rodée.
Agréable exception, la Suisse
Je dois un remerciement exceptionnel à tous les Suisses qui m’ont aidés à chacun de mes transferts.
Quand on voyage chargée, la Suisse est un paradis, même les jeunes proposent de l’aide, même quand ils vont dans une autre direction. C’est remarquable!
Contenu hors norme, voyage d’études pratiques
D’habitude on voyage avec les vêtements nécessaires et quelques souvenirs.
Moi, je transporte des outils, des matières premières et bien sûr quelques tissages… En outre, j’ai une fâcheuse tendance à collectionner les livres. En effet, ils m’apportent des informations de nature différente à l’internet. Cela change la donne. Mais si je veux pouvoir faire des démonstrations, il faut bien que j’ai un peu de matériel.
Le retour au Chili
Après plus de 18 mois en Europe, mon diplôme de DMA Textiles enfin en poche (avec presqu’un an de retard, il faut bien que je retourne au Chili.
Au-delà du 31 d´´ecembre 2021, je perds le bénéfice de mon billet de retour.
Et puis, j’ai des projets au Chili. Je voudrais pouvoir retourner au Pérou, en Bolivie et au Brésil…
Déménagement hors de prix
Ou comment ramener au Chili un métier à tisser?
Lors de mes wwoofing en Normandie, j’ai rencontré une dentellière, ancienne tisserande qui vendait un métier à 4 pédales. Ce métier avait été construit par son père. Il est très beau.
Une fois démonté, il n’est pas monstrueux, il doit tenir dans le coffre d’une Diane.
Je rêvais de ce genre de métier depuis longtem`ps. En outre, chez Rincón de Angel, il y a un employé originaire d’Otavalo (Équateur) qui a de l’expérience avec ce genre de métier.
Vu que j’ai passé plus de 6 mois en France et que j’ai la double nationalité française et chilienne, j’ai la possibilité de faire entrer du matériel sans frais de douane au Chili.
En fin de compte, le seul transporteur qui ait daigné me répondre, et ce seulement 2 jours avant la date prévue pour mon départ, me fait un devis de 4.500 euros, pour 4 m3! Soit beaucoup plus que nécessaire. Pour 2 m3, c’est le même prix!
Autant dire que l’affaire ne les intéressait pas. Mon déménagement était trop petit pour être dans les normes.
Si vous êtes intéressé par ce genre d’affaires à un prix plus honnête, n`’hésitez pas à prendre contact avec moi.
Grande décision
Je compacte le maximum d’affaires en 4 valises, 2 sont déjà comprises dans le billet d’avion. Les 2 autres seront en supplément.
Je laisse mes vêtements, le matériel de teinture, les laines et les tricots chez Gérard.
Je regrette beaucoup de devoir laisser ce métier à tisser en attente, il serait beaucoup plus utile à Puerto Montt.
Vol réservé
Le 8 novembre 2021, j’appelle la compagnie aérienne pour activer la date de mon retour, celui-ci avait été bloqué à cause d’un fameux virus. Maintenant, on doit pouvoir voyager.
Donc, pour la date du voyage de retour, nous retenons le 21 Novembre, en payant un supplément de 95 euros. Car le 22, le supplément monte déjà aux environs de 500 euros, soit déjà presque un aller simple.
Comme toutes ces tractations passent par des appels sur des numéros en 0800….. cela m’occasionne des suppléments à mon forfait basique de 5 euros après chaque coupure. Lors de chaque appel, il y a des temps d’attente d’au moins 1/4 d’heure… et on tombe sur un agent différent qui ne peut pas savoir ce qui a été fait par son collègue, quelques minutes auparavant.
Les temps sont donc très courts pour les diverses démarches.
Préparation du voyage
Les valises
Dans ces conditions, je dois préparer en urgence les valises. Les livres que je devais expédier par bateau au Chili, avec le métier à tisser, iront dans les 4 valises. Ils seront la cause de tout excès de poids.
Pour une fois, elles ne sont pas bourrées à craquer. Je n’ai pas eu de mal à les fermer.
Le formulaire de www.c19.cl
J’aime bien l’informatique, mais je préfère quand cela fonctionne.
Ce formulaire, comme beaucoup d’autres, est doté d’un « capcha » pour s’assurer que je ne sois pas un robot. Mais, le résultat négatif, immédiat et sans explications, provient d’un robot.
Les délais pour le remplir sont très courts. Je m’y suis prise `plus d’une semaine à l’avance. Il est très peu explicite, certaines rubriques en excluent d’autres. Les dates du voyage ne peuvent être sélectionnées que 3 jours à l’avance, et sont aussi conditionn´´ees par le test PCR.
Voyant mes difficultés pour remplir ce questionnaire benoîtement intitulé « Déclaration jurée« , j’appelle par whatsapp mon ami de Rincón de Angel qui essaie de s’informer.
Test PCR
Je l’ai passé à le 19 novembre à 8:38 h, les résultats ne me sont parvenus qu’à 20:21 h. Peut-être, l’ai-je passé un peu trop tôt, car mon arrivée à Santiago était prévue à le 22 à 09:09 h. Pour moi, il´´ était clair que je devais en subir un autre en arrivant.
Peut-être aurais-je dû le passer plutôt vers 9h30?
Le certificat du test PCR, doit aussi être fourni aussi en anglais, seulement le laboratoire qui m’avait dit que c’était automatique, a oublié de me l’envoyer. Et cela faisait aussi partie des exigences. Peut-être, était-il caché dans le QR-code?
Double nationalité?
Si, le formulaire `prévoit bien deux documents, il ne prévoit pas la double nationalité. Sachant que je rentre au Chili, j’indique de `préférence la nationalité chilienne.
D’autant plus, que si j’indique ma nationalité française, je suis assujettie à une assurance de voyage pour un minium de 30.000 dollars, qui m’est inutile. En effet, je bénéficie de la sécurité sociale chilienne, Fonasa, quand je suis au Chili. Les Chiliens sont donc exemptés de cette assurance voyage.
En outre, le système informatique ne laisse pas entrer 2 nationalités et 2 numéros de passeport. J’avais donc imprimé ce formulaire laissant vides les cases concernant les nationalités et documents de voyage. Je pensais le remplir manuellement en cas de difficulté.
Ce même système insiste sur le fait que l’on doit donner le numéro du document d’identité sur lequel sont inscrits les vaccins.
C’est curieux, mais lors de la vaccination, en France, rien n’a été inscrit sur mon passeport!
Transit aux États-Unis
Le retour prévoit une escale à New-York, en transit. J’avais demandé à temps l’ESTA, par le site officiel, cette fois-ci. À ce niveau tout allait bien.
Mais, si je voyageais en tant que chilienne, il aurait fallu que je demande un visa aux États-Unis.
Les vaccins
Vu que je devais voyager dans des pays plutôt pointilleux au sujet des vaccins Covid19 (Allemagne et Italie), j’ai décidé de me faire vacciner contre mon gré. Je suis donc à jour avec mes 2 doses.
Donc, j’ai le fameux « pass » à jour, et j’ai pu faire tout le circuit que j’avais prévu. J’ai même eu le plaisir de constater que ce document n’était même pas nécessaire en Scandinavie.
Reconnaissance des vaccins par le Chili
Au cours des nombreuses heures passées à faire des recherches sur internet, je découvre l’existence de www.mevacuno.gob.cl, première étape obligatoire, et l’apparition au Chili d’une « clave única » pour toutes les démarches administratives.
Il faut d’abord s’y inscrire.
Puis, il faut remplir un questionnaire avec photographie des documents d’identité et de vaccination. Les documents ne doivent pas être trop lourds, j’ai dû les convertir pour les alléger. Heureusement que j’ai un peu d’expérience en conversion de fichiers informatiques!
Il va falloir encore attendre au moins 7 jours à partir du 20 novembre. Je guette l’état de mes démarches.
Bien que je sois parfaitement bilingue et que j’aie l’habitude des documents administratifs chiliens, je me dois d’insister sur le manque de clarté de ceux-ci.
Pour tout problème« , on indique un numéro en 800 (chilien et payant) et un autre à Santiago du Chili, bien sûr inaccessible depuis mon portable français. J’ai à nouveau recours à mon ami de Puerto Montt qui me fais écouter en boucle la bande sonore enregistrée qui ne me donne pas d’informations complémentaires. Encore une dépense inutile.
Puis, il arrive à me mettre en contact avec une fonctionnaire du Minsal (Ministère de la Santé Chilien) qui me donne une adresse pour envoyer un e-mail. Ce que je fais. J’attends encore la réponse qui était pourtant urgente.
J’ai aussi appelé au service d’urgence du Consulat du Chili à Paris, nous étions un samedi, qui ne m’a jamais rappelé.
Quarantaine
Pour tous ceux qui arrivent, une quarantaine de 7 jours s’applique. Cela doit jouer dans le cas où le test PCR à l’arrivée à Santiago serait positif. Ce serait le comble de malchance.
Vu que j’habite à Puerto Montt, la logique est de l’effectuer à mon adresse où je ne dérange personne.
Le formulaire précise que je dois me rendre à cette adresse par mes propres moyens, sans utiliser de transport en commun, même pas l’avion! Qu’est-ce qui m’empêcherait de louer une voiture pour m’y rendre?
En effet, si j’indiquais l’adresse d’une amie à Santiago, je bloquerais tous les habitants de cette maison qui ne pourraient plus aller travailler. Il faut en donner la liste avec nº de carte d’identité dans le formulaire.
et l’hôtel…
Il reste l’option « hôtel« . Je tape sur mon moteur de recherche « liste des hôtels pour quarantaine Santiago du Chili« . Je tombe sur un site officiel avec un calendrier de réservation. Curieusement, il reste bloqué en octobre 2021. Cependant, nous sommes déjà presque à la fin novembre!
Je n’ai pas pu voir la liste complète des hôtel, les 3 qui apparaissaient sur la page indiquaient des prix de l’ordre de 130.000 pesos chiliens la nuit. En euro, il faut diviser par 900 (145 euros). Soit plus d’1/3 d’un salaire mensuel chilien. À ce prix, cela doit être une prison dorée.
Beaucoup de questions sans réponses
Comme je suis confiante dans l’avenir et que je pensais avoir à faire avec des êtres humains, doués de raison avec lesquels on peut s’expliquer. Comme prévu, je pars à Roissy CDG, avec un gros dossier afin d’expliquer ma situation le cas échéant.
J’amenais donc avec moi tous les justificatifs d’inscription pour les vaccins, le fameux formulaire de 5 pages à demi-rempli…
Pourquoi le formulaire est-il refusé?
L’inscription des vaccins?
Le numéro du passeport?
L’assurance?
L’adresse de quarantaine?
Ou une autre raison à laquelle je n’ai pas pensé?
Je n’ai pas encore compris ce qui était hors normes dans ma façon de remplir ce formulaire.
Voyage annulé
21 novembre
Par chance, Gérard, qui m’a reçue ces derniers jour, a la très grande gentillesse de m’accompagner avec mes 4 valises et d’attendre avec moi que mes bagages soient enregistrés. Nous étions partis du Gâtinais à 4:00 h du matin pour être à temps. Il faut être là au moins 3 heures avant le vol prévu à 9:40 h-
Quelle ne fut pas ma surprise quand l’employée de la ligne aérienne m’annonce que je ne peux pas voyager.
Je lui ai expliqué avec l’aide de Gérard tout ce que je viens de vous raconter,
Alors, nous avons refait le formulaire www.c19.cl , toujours négatif. Mais, il s’abstient de nous dire pourquoi. Le doute plane toujours.
C’est ainsi que je découvre comment on obéit aveuglément à un système informatique. La compagnie aérienne estime que sa responsabilité est en jeu.
Cependant, il me semble qu’en arrivant au Chili, j’aurais pu expliquer ma situation, vu que j’étais tout de même vaccinée, ce qui est le point principal. Vu les conditions actuelles, on ne risque pas d’oublier ces injections.
Cela me rappelle le livre de Jean-Michel Besnier: « Le syndrome de la touche étoile« .
Encore des questions en suspens
Bien sûr, je dois reconnaître que le personnel de la compagnie aérienne a été très aimable et compréhensif. Mais, il ne m’a proposé que de bloquer mon billet et de le réactiver quand le problème serait résolu. Je crains d’avoir un gros supplément à payer. Ils étaient totalement muets à ce sujet.
Il faudra que je les rappelle le moment venu au même numéro en 08 qui cou`pe en plein milieu de la conversation et occasionne des suppléments de 5 euros ou que je retourne à l’aéroport.
Démarches à distance
De retour chez Gérard, qui m’a encore très généreusement, hébergée chez lui, je fais de nouvelles recherches.
L’assurance pour les Français coûte environ 60 euros par mois. Faudrait-il que je voyage comme française?
Cela ne m’apporterai rien car les vaccins doivent de toute manière être validés par le Minist`ère de la Santé chilien, qui prend son temps…
J’en suis encore à me demander comment dois-je remplir ce formulaire-couperet afin de ne pas avoir de nouvelles mauvaises surprises à la dernière minute, au moment de l’enregistrement.
23 novembre
En suivant les conseils d’une amie chilienne, je dépose une réclamation au bureau des OIRS du Ministère de la Sant´é Chilienne.
24 novembre
J’ai enfin re´çu une demande concernant les documents qui n’étaient pas lisibles, selon eux, mais il a fallu les alléger pour qu’ils passent.
J’ai découvert la possibilité de récupérer une copie en .pdf du certificat de vaccination français, auprès de la Sécurité Sociale.
Cela fait plusieurs fois que je renvoie les documents, ils ne sont toujours pas assez lisibles!!!
25 novembre
J’envisageais une visite au Consulat du Chili pour apprendre à remplir ce formulaire.
J’y suis allée le 25/11, et j’ai eu la surprise de découvrir que le Consulat du Chili à Paris est fermé pour cause de Covid19.
Par une fenêtre, on m’a passé un petit papier avec un e-mail. Tout doit se passer par courrier électronique!
À peine rentrée chez Gérard, j’ai répondu à un autre mail du service de l’enregistrement des vaccins au Chili. Ce service n’arrivait pas à lire les documents. En répondant au lien indiqué, je reçois un mail de « failure notice« . C’est-à-dire qu’il n’est pas arrivé à son but! J’ai encore fait des tests en envoyant moins de fichiers.
Puis, j’ai envoyé un mail à l’adresse du Consulat. J’espère avoir des nouvelles demain.
26 novembre
Il est 17:15, toujours pas de réponse du Consulat, malgré mes divers appels téléphoniques, je tombe toujours sur un répondeur, sur lequel je laisse bien sûr un message reprécisant mon numéro de téléphone.
Le service qui me redemandait des documents n’a toujours pas répondu, ont-ils reçu mes courriers électroniques?
Le service www.mevacuno.gob.cl est toujours en attente de ma réponse!
Deux surprises de la dernière heure
À 20:00 h, je reçois un mail du Consulat qui donne l’impression d’être automatique. Ils ne peuvent pas intervenir sur les règles, ni sur les services sanitaires. Donc, la seule option est toujours remplir le www.c19.cl et toujours sans informations.
D’autre part, ils ne répondent pas au sujet des suppléments de la Compagnie Aérienne.
Puis, mon amie de La Serena qui essaie de me guider dans les démarches, m’indique qu’il faut que je communique toutes les informations concernant la 1ère dose. Il faut que je recherche ce document.
Elle a aussi trouvé qu’il faut que je contacte un autre service, le Seremi de Salud, à Puerto Montt et m’envoie le contact qui suit:
27 novembre
Cela semble très officiel, mais il y a une faute dans l’adresse web. En réalité, c’est https://seremi10.redsalud.gob.cl/
Sauf, qu’il n’y a pas de ligne « contact » dans leur menu. Mais, je trouve un menu « Apostilla » qui est la nouvelle démarche à effectuer.
Je trouve tout de même un menu « Apostilla« , c’est la nouvelle piste de mon ami. Cela donne tout de même l’impression que cela sert dans le sens inverse, c’est-à-dire du Chili vers la France.
J’ai tout de tester 2 options, pour l’une seul un document pouvait être envoyé à la fois. l’autre option permet de charger seulement 20 mégas de fichiers et ne laisse pas retoucher la date. Il ne peut donc pas être envoyé. On me dit d’attendre lundi!
De bonne heure, je me suis connectée à Doctolib.fr histoire de chercher un rendez-vous pour la 3ème dose du vaccin, en passe de devenir obligatoire aussi bien au Chili qu’en France. Dans le meilleur des cas, les rendez-vous ne sont disponibles qu’à partir de fin janvier et dans certaines villes, fin mars!
Il est 10:00 h et je viens déjà de consacrer plus d’une heure à ce sujet! Puis, encore une heure en vain, à fouiller au fond de mes valises pour retrouver mon certificat de 1ère dose, malheureusement introuvable. Il faut que je rappelle le CHU de Caen, lundi matin, pour en obtenir un double.
Je passe donc environ 6 heures par jour pour solutionner un petit problème de formulaire. Presque un travail, malheureusement non rémunéré. Comment font ceux qui travaillent? Je préférerais écrire sur d’autres sujets, au lieu d’essayer de deviner ce qu’attend un ordinateur.
Dimanche 28 novembre
Maintenant, il me faut répondre au courrier électronique du Consulat du Chili.
Il ne faut rien attendre des administrations aujourd’hui.
29 novembre
À 9:00, j’ai envoyé, un courrier par mail au Consulat du Chili demandant plus d’explications, car leur réponse était incomplète.
À 15:20, j’essaie d’appeler au téléphone le Consulat, mais leur répondeur est saturé.
Puis, je visite www.doctolib.fr pour la 3ème dose… Tous les rendez-vous étaient à partir de janvier 2022.
Recherche de certificat de 1ère dose
Enfin, je partis à la recherche du certificat de ma première dose. Le CHU de Caen est toujours occupé. Je me retourne vers la Sécurité Sociale. Après une 1/2 heure d’attente au téléphone, on me donne un numéro spécial Covid19.
Après 20 minutes d’attente, on me dit qu’il faut que je charge l’application Tous Anti Covid, il y a une partie spéciale pour l’étranger. Malheureusement, celui qui m’a répondu semblait ne pas savoir que le Chili n’appartient pas à l’Europe. Ou, pire, ne connaît pas l’application qu’il recommande.
Enfin, on me conseille de me faire aider par quelqu’un de plus jeune que moi! qu’y-a-t-il de sous-entendu dans cette phrase banale.
Alors, j’installe l’application. Je commence à l’étudier. Il y a bien une option « frontières », mais elle ne concerne que l’Europe. Et surtout, je n’ai accès qu’à mon QR code que j’ai dû scanner auparavant. Et, pas du tout, aux autres documents concernant mes vaccins. C’est donc moi qui alimente le système.
Désespérée, j’appelle le service d’aide de Tous Anti Covid, mais il n’est là que pour s’occuper des QR codes défectueux.
Le CHU de Caen est toujours occupé.
La situation n’est pas sans rappeler « Astérix chez les Romains » où Astérix doit fournir un formulaire introuvable et en invente un autre, semant le désordre chez les Romains. Sauf que dans notre société de traces, ce document doit bien exister, d’une part.
Et, d’autre part, il serait de bon ton de la part de l’Administration chilienne de bien vouloir considérer que si j’ai un « pass sanitaire » officiel européen qui indique 2 doses sur 2, c’est bien que j’ai eu la première.
J’en suis arrivée à l’idée de contacter la CNIL, puisque des données sont accumulées sur mon compte, il me semble normal de pouvoir y avoir accès quand j’en ai besoin. Cet organisme devrait pouvoir m’aider.
Leur standard est exceptionnellement fermé aujourd’hui. Je recommencerai demain.
Encore une journée passée en fausses joies et démarches inabouties. Me plonger dans ma bibliothèque technique aurait été plus enrichissant.
Petite surprise
Il est 18:20, le Consulat du Chili répond à mon mail par un simple lien sur lequel je clique avec impatience. Voilà le résultat:
Il va falloir essayer d’appeler le numéro indiqué, mais je suis encore en France! et il ne fonctionne pas sur mon portable.
Une amie chilienne m’appelle vers 22 heures, elle appelle à ce numéro et m’obtient un autre numéro, de Santiago du Chili, cette fois.
J’essaie d’appeler, mais j’ai droit à 5 minutes de musique étrange, et la communication se coupe. Mon forfait a expiré.
Je me rappelle de l’application Libon qui permet d’appeler partout dans le monde a des tarifs très bas. Donc, je la charge.
Pour environ 6 euros, je peux parler pendant un mois en Amérique Latine, même à des téléphones fixes.
30 novembre
À 9:00 heures, Gérard m’amène voir si une pharmacie de Nemours peu me faire la 3ème dose, elle ne le faisait pas. Mais, j’en ai profité pour demander s’ils pouvaient me faire une copie des informations de la 1ère dose, document exigé parle Minsal,..
Ils n’y croyait pas, mais ils l’ont sorti. En outre, ils nous indiqué l’adresse d’un centre médicale pour le vaccin. Bonne surprise, il pouvait me le faire dans l’heure qui suivait. Bien sûr, j’ai aussi eu les documents correspondants.
Me voilà mieux équipée au niveau papiers. Je les ai déjà transmis au Minsal.
Toujours pas de nouvelles du Minsal, même dans les spams.
C’est vraiment lamentable, j’appelle au numéro de SaludResponde (indiqué par le Consulat du Chili à Paris). Celui qui me répond après au moins un quart d’heure d’attente a le regret de m’informer qu’il est absolument dans l’impossibilité de m’aider, il n’a pas de numéro de téléphone à me donner, Il me souhaite bonne chance en m’indiquant que la validation des vaccins prend de 15 à 45 jours! Sa grande politesse n’empêche pas qu’il n’est pas au courant du système d' »apostilla« . Il semblait vraiment perdu, était-il à sa place?
Pourtant tout sur le site internet semble indiquer que c’est le numéro du service qui s’occupe de la validation des vaccins.
À 22:45 h, je remplis le formulaire de réclamation prévu au menu de www.mevacuno.gob.cl. Encore une fois, j’envoie ma carte d’identité.
Cette fois-ci, je n’ai droit qu’à 100 caractères pour expliquer mon problème. C’est-à-dire moins que pour un tweet!
Cela donne envie de faire de mauvais jeux de mots.
1er décembre
Vers 10:00 h, le matin, heure française, je décide de tester si le service SaludResponde fonctionne bien les 24 heures comme indiqué sur leur page web. De même, j’espérais pouvoir parler avec quelqu’un qui en sache plus que mon interlocuteur qui ne connaissait pas son service hier soir.
Malheureusement, après 38 minutes d’attente en vain, je finis par couper.
Pendant cette attente, j’essaie de remplir à nouveau ma demande de validation de mes vaccins. Ce n’est pas possible, car mon numéro d’identité est reconnu avec une demande en cours.
Maintenant, je me mets à rédiger un mail pour le Consulat du Chili.
Heureusement que je ne suis pas cardiaque
En cours de rédaction, je vais vérifier l’état des démarches une fois de plus. Mais, l’écran a changé et ma demande de validation du 20/11/2021 a disparu.
Tout est à refaire, attente comprise!
J’envoie mon maille signalant au Consulat du Chili.
Puis, je reçois un mail de réponse à ma réclamation à l’OIRS du 23 novembre 2021, me disant qu’il n’y a pas de demande et comment faire valider mes vaccins!
Je remplis de nouveau le formulaire pour valider les vaccins. J’obtiens une réponse m’annonçant que c’est enregistré et qu’il faut s’attendre à un délais de 14 jours.
Je retourne voir l’écran, de nouveau tout a été éliminé.
Dans la soirée, je reçois une réponse automatique du Consulat du Chili. Le fait que les services du Minsal élimine des dossiers arbitrairement n’a pas l’air de les émouvoir.
Quelle journée! Quel découragement.
2 décembre
Au cours de renseignements pris à droite et à gauche, no me dit d’appeler au Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Je les appelle, ils me renvoient au Consulat de France au Chili. Il est encore trop tôt. je les appellerai tout à l’heure.
J’appelle le Consulat de France à Santiago qui me renvoie vers le Minsal…
Le serpent continue à se mordre la queue.
3 décembre
Attente impatiente et perplexe devant un écran qui me dit à la fois que j’ai 3 vaccins inscrits en attente que quelqu’un les valide et m’informe que l’état de la sollicitation n’est pas entré!
Le pire est que quand on enregistre la demande, ils annoncent une attente pouvant aller jusqu’à 14 jours, mais quand on consulte ChileAtiende, ils indiquent des délais pouvant varier de 15 à 45 jours!
4 et 5 décembre
Il ne faut pas rêver, ils n’étudieront certainement pas mon dossier.
6 décembre
Je viens de recevoir à 15:10 h un mail de www.mevacuno.gob.cl qui a validé ma 3ème dose, mais pas les 2 premières.
On ne peut pas leur répondre, ni renvoyer plus de documents. Selon eux, mes QR codes ne sont pas lisibles. Mais, je me vois obligée d’envoyer de simples photo car on ne peut pas dépasser les 20 mégas.
D’autre part, le certificats envoyé pour la 2ème dose est le PDF fourni par Ameli.fr. Que peut-on avoir de mieux? Le certificat de la 1ère dose ne peut toujours pas avoir de QR code parce que cela n’était pas encore entré en vigueur au 26 mai 2021, date de ma première dose.
Je rentre dans la zone formulaire pour tenter de renvoyer des documents. Mais, cela ne laisse entrer que la pièce d’identité et un texte de réclamation de 100 caractères maximum.
Je commence à croire que la validation des vaccins est faite par un ordinateur pas encore correctement programmé.
Je vais décharger l’attestation de la 3ème dose validée. Et là, ma 3ème dose est devenue la 1ère. Que faire?
6 jours d’attente pour en arriver là! Quelle catastrophe! Je ne veux pas être rétrogradée à la 1`ere dose…
J’ai révisé à nouveau, essayer d’envoyer le certificat de 2ème dose et d’indiquer que je ne peux pas avoir de QR code pour la 1ère dose, car le « Pass Sanitaire » n’existait pas.
En fin de soirée, je regarde à nouveau mes e-mails. Grande surprise, mes 3 doses sont validées.
7 décembre
Il me reste à négocier avec la compagnie aérienne pour avoir une date au plus tôt et sans payer de supplément.
À chaque jour sa peine, à 9.00 j’appelle la Compagnie Aérienne. Après une 1/2 d’attente, ils commencent par m’annoncer qu’il y aura un supplément. Le supplément, je l’ai aussi à chaque appel, 5 Euros pour Reglomobile, recharge de forfait.
Ils cherchent une date, par exemple 15 décembre, le supplément est de 2752 Euros. Oui, vous avez bien lu, je n’ai pas fait de fautes de frappe. Cela fait 3 fois le prix payé pour l’aller-retour, alors que je veux seulement mon retour!
Une petite recherche rapide me propose des aller-retours aux alentours de 1350 dollars, c’est-à-dire moins de la moitié de leur supplément! et je dois pouvoir trouver moins cher…
J’adresse encore un courrier au Consulat du Chili concernant mon billet d’avion. Ils me répondent par un circulaire concernant les passager qui seraient aller se promener en Afrique dans les 14 derniers jours. Cela me semble un peu déplacé.
8 Décembre
Le feuilleton ne fait que continuer.
À la fin de la conversation, on m’avait affirmé que mon billet restait bloqué jusqu’au 8/11/2021,
Je suis donc partie à la recherche d’un nouveau billet aller/retour économique.
Ce matin, j’ai la surprise de recevoir un courriel d’American Airlines m’indiquant les mesures supplémentaires Covid pour passer par les États-Unis le 15 décembre!
J’appelle pour essayer de comprendre ce qui se passe.
Cela m’a donné l’occasion de rediscuter du supplément, on me trouve une date, le 14 décembre, avec 384 Euros de supplément tout de même! Il aurait fallu renégocier la date 7 jours après le 21/11/2021 pour l’éviter. Mais, je ne le savais pas et je devais attendre la validation des vaccins par le Chili. Cette discussion a duré plus d’une heure, ponctuée par des attentes dues à des conversations entre mon interlocuteur et ses chefs…
Cette solution m’évite de rechercher et d’avancer un autre billet avec peu d’avance, ce qui augmente toujours les tarifs. Mais, c’est tout de même un peu se faire avoir à l’usure, pratique trop courante de nos jours…
4 heures après cet appel, je n’avais pas encore reçu la confirmation des vols par courriel. Nouvel appel.
Total des frais supplémentaires
Supplément pour changement de date 1 95 Euros
Supplément pour changement de date 2 384 Euros
Appels téléphoniques American Airlines 60 Euros
Appel au Chili (Ministère de la Santé) 5 Euros
Libon pour appels au Chili 7 Euros
Soit combien de laine, combien de livre, combien de morceaux de voyages réels?
Nombres de personnes mises à contributions pour essayer de solutionner les différents problèmes: une bonne quinzaine. Elles n’ont pas que cela à faire. Je leur doit un grand merci.
Nombre d’heures perdues en démarches 120 heuresminimum
Mon temps a aussi une valeur et il ne se rattrape pas…. J’aurais préféré lire, tisser ou me reposer pendant ce temps… Cela aurait été plus utile pour tout le monde.
Et, n’oublions pas le stress qui ruine la santé…
Tout cela doit s’ajouter au 900 Euros que m’a coûté mon billet Aller-Retour.
9 décembre
J’apprends que je dois avoir un nouveau test PCR 24 heures avant le départ pour passer par les États-Unis.
10 décembre
Test PCR de sécurité à Nemours, à 9:05 h, résultat à 22:30 h.
11 décembre
2ème test PCR pour le formulaire www.c19.cl du Chili, à Melun cette fois-ci. Près de 2 heures d’attente. Retour à Nemours en bus. Résultat reçu à 21:00 h.
12 décembre
Enfin, après quelques hésitations, j’ai fini par remplir correctement le www.c19.cl. J’ai eu le plaisir de recevoir un mail m’indiquant qu’un ordinateur avait décidé de bien vouloir me laisser rentrer au Chili.
Quel soulagement! Ce perfide formulaire prend des allures de mutant. Des rubriques et non des moindres apparaissent ou disparaissent inopinément.
13 décembre
3ème test PCR pour les États-Unis cette fois-ci, à Nemours. J’attends le résultat jusqu’à 23h30 en vain.
Embarquement
14 décembre
Réveil à 4h00, je révise mes courriels pour tenter d’imprimer le résultat du dernier PCR. Il n’était pas encore arrivé.
À 7h30, en faisant la queue pour l’embarquement, j’appelle le laboratoire qui heureusement était déjà ouvert et me le transmet juste à temps. Je prends soin de garder le fichier PDF accessible. bien sûr je ne peux pas l’imprimer.
L’embarquement se passe bien, ils scannent le QR code. Je constate que le document réca« pitule tous les tests PCR depuis novembre.
Mes bagages sont embarqués sans problème, sauf une frayeur concernant un possible embargo du Chili sur les bagages.
Au moment de monter dans l’avion, ils trouvent que mon sac à dos est trop gros, il partira gratuitement en soute. Mon sac à main est suffisamment grand pour que j’y fourre mon ordinateur.
Dans l’avion, je vois 2 films japonais.
Escale à Miami de 8 heures, l’avion arrive avec 20 mn d’avance. Mais, la queue au contrôle des passe`ports (toujours longue à Miami) a duré près de 2 heures et pourtant, c’était vers 15h. Sur les 60 guichets de l’immense salle, seul 4 étaient ouvert. La queue remplissait toute la salle.
Je reprend l’avion vers le Chili à 23h00.
15 décembre
Arrivée à 9h00 à Santiago, on est tout de suite dirigé vers une longue queue qui avance très lentement.
Nous allons bientôt savoir comment si longue queue. Là aussi, il y avait une soixante de guichets, presque tous garnis de fonctionnaires, plutôt jeunes. Mais, ils étaient vraiment très peu efficaces, le pire c’est que l’internet ne marchait pas.
Enfin, j’ai eu la grande surprise de découvrir que mon formulaire www.c19.cl était caduque. Le Consulat, si prompt à envoyer des circulaires, ne m’a pas prévenue. Si j’avais su, j’aurai profité de l’internet de l’aéroport de Miami pour le refaire. D’ailleurs, le Chili ne demandait qu’un test PCR 48 heure avant le départ. J’ai fait un autre test le lundi matin que parce que j’avais une escale aux États-Unis qui le demandait.
N’ayant pas d’internet, je ne peux le remplir à nouveau. Ma puce chilienne ne marchait plus depuis longtemps et les données mobiles ne marchaient pas avec la puce française.
Plusieurs fonctionnaires ont essayé sans succès. Cela générait de nombreux conciliabules entre eux, essayant de trouver des solutions. On m’a d’ailleurs confirmé que le fameux www.c19.cl et autres règlements changeaient tous les jours, ce que j’avais d’ailleurs constaté lors de mes nombreuses tentatives pour le remplir.
Après 7 heures de vol et déjà une heure d’attente et de discussion, j’explique que j’ai aussi besoin d’aller aux toilettes. On me les indique, j’y vais en leur laissant la documentation en espérant qu’ils avanceront sur mon dossier.
Cependant, quand je suis revenue, la 5ème fonctionnaire à s’occuper de moi s’occupait de 2 autres voyageurs et avait laissé mon dossier de côté.
Comme, elle était aussi incapable, elle argue qu’elle risque d’être contaminée et m’envoie une autre fonctionnaire à qui je dois réexpliquer pour la 10ème fois la situation, que j’arrivais de Paris dont je suis partie le 14 décembre, que le résultat du dernier PCR n’a pas pu être imprimé à l’aéroport et que le fichier que je leur montrais avait suffit pour que je monte dans l’avion. Le fichier indiquait les 4 tests PCR effectué depuis novembre, et tout ce que les fonctionnaires voyaient était novembre. Il y avait un QR code qui donnait bien sûr le résultat négatif du test du lundi matin. Mais, il n’arrivaient pas à le scanner.
La dernière fonctionnaire, qui était un peu plus débrouillarde que les autres a fini par me partager son internet pour que je récupère à nouveau le résultat du dernier test PCR qu’elle a fini par accepter. Pour finir, elle a remplir le www.c19.cl sur une version papier! C’est un comble.
J’ai tout de même eu l’impression d’avoir affaire à une bande d’incapables qui trouvent normal que l’on attendent plusieurs heures pour remplir un simple formulaire. Cela est d’autant plus grave que ce sont déjà des incompétents qui ont provoqué les frais supplémentaires mentionnés plus haut qui sont certainement plus élevé que leurs salaires.
De `plus, heureusement que j’ai des papiers chiliens et que je parle espagnol couramment. Comment doivent ressentir ce genre de situation des étrangers ne parlant pas la langue?
Et on m’a envoyé faire un nouveau test PCR pour pouvoir sortir après une nouvelle attente « confinée » dans l’aéroport de 7h30 pour avoir le résultat. Après autant de tests en si peu de temps, je commence à avoir le nez irrité.
J’ai passé la douane sans problème. Quand je suis allée récupérer mes bagages, il y avait une hôtesse qui attendait auprès d’eux. Elle croyait qu’ils étaient de toute une famille. Me voilà devenue une famille à moi toute seule!
Heureusement, que je ne suis pas une famille, sinon j’aurais passé 10 heures au lieu de 2 aux guichets de Ministère de la Santé.
On m’avait donné un papier avec un site auquel il fallait donner un identifiant. Dans le hall, l’internet fonctionnait, mais le site indiqué se trompait lui aussi. Par chance, j’avais repéré des guichets de l’entreprise qui m’avait fait le test. Je refais donc la queue, et sans explications on me sort un certificat négatif. Je suis enfin autorisée à aller prendre le bus que j’avais réservé pour Puerto Montt à 21h15.
En sortant de l’aéroport, je me retrouve sans internet. Pendant l’attente, j’ai cherché vainement une nouvelle puce pour mon téléphone. En effet, le seul magasin qui en vendait avait fait faillite.
Retour à Puerto Montt
Juste avant de sortir de l’aéroport, j’arrache toutes les étiquettes des valises, en suivant un conseil que l’on m’avait donné. J’avais oublié une étiquette que l’on m’avait collée sur ma veste, à la sortie du remplissage du formulaire. Le chauffeur de la navette pour le terminal de bus m’a fait la remarque qu’il valait mieux l’enlever.
Vu mes bagages excessifs on me dit de payer 2 billets.
J’arrive au Terminal de bus, mais ce n’est pas le bon. Heureusement, quelqu’un me trouve un monsieur avec un grand charriot qui peut emmener mes bagages au Terminal Sur qui n’est pas très loin.
Au passage, j’achète une puce pour mon téléphone.
Il aura aussi la gentillesse d’attendre jusqu’à ce que mes bagages soient installés dans la soute du bus.
Le bus m’avait coûté 16 300 pesos chiliens et j’ai dû payer un supplément de 15 000 pesos pour les 5 bagages.
Une fois dans le bus, j’apprends qu’il n’y a pas de WIFI dans ce bus. Alors, j’essaie de monter ma nouvelle puce dans mon téléphone, mais cela ne marche pas. Donc, je ne peux pas prévenir mon ami Angel que je suis bien montée dans le bus.
Je suis très fatiguée et je dors presque toute la nuit. J’arrive à Puerto Montt vers 9h30. Mon ami n’était pas là. Mais un autre monsieur à charriot me propose de me ramener chez Angel, ce que j’accepte.
Solution au voyage, enfin
Il y a peu, j’ai découvert par hasard, sur France Culture, un article sur l’histoire de la ponctuation et la proposition d’une nouvelle ponctuation émotionnelle. Dommage qu’elle ne soit pas disponible pour le web! J’en aurais fait un usage immodéré.
Je dois vous avouer que mes amis chiliens ont été plutôt choqués par cette situation. Sans compter que Gérard aura aussi fait les frais de l’incurie de nos administrations.
Nouveau voyage
Comme je voua l’ai annoncé en début d’article, je vais donner des cours de teinture et de tissage à Zonca, Italie.
Aéroport hors normes
Comme je suivais un cours par zoom du Museo de Arte Precolombino de Santiago de Chile (sur la technique des bonnets à 4 pointes), j’avais une séance le 7 mai au matin et devais être le 8 à Santiago pour partir pour Milan, je décide de prendre l’avion le 7 au soir à Puerto Montt et de passer la nuit à l’aéroport. Il était presque désert.
J’arrive aux informations et me renseigne sur le Test PCR qui n’est pas encore passé de mode pour les États-Unis et l’Italie. Et j’apprends que je dois aller le passer dans un Hòtel de luxe à 5 minutes en voiture. Seule option pour y aller le taxi.
Autre problème, il n’y a plus de consigne pour les bagages à l’aéroport de Santiago, contrairement aux informations sur le WEB.
Donc, ce matin, je dois aller faire mon PCR payé d’avance en taxi avec tous mes bagages!
C’est ainsi que je découvre le nouveau terminal international de Santiago. Distributeur d’argent en panne. Le chauffeur de taxi se fait payer en dollars, mais ceux-ci doivent être impeccables. Ceci est une règle générale au Chili, comme si les « gringos » et autres Européens vouaient un culte à leurs billets de banque et ne les fourraient jamais dans leur poche.
Dans l’ancien terminal, il y a encore une zone avec des sièges et des prises, pour recharger les téléphones et ordinateurs. Dans le nouveau, il y a quelques prises normales, juste à côté des portes, en plein courant d’air. Et pour s’asseoir, il n’y a que le sol, ou un escalier! Vive le progrès. Il ne reste qu’un restaurant avec une paire de prises à chaque table! Au tarif, resto d’aéroport, cela fait chère la recharge…
Petit plaisir, la musique d’ambiance est classique, je ne sais pas si l’effet Mozart fonctionne sur tout le monde, mais j’apprécie, c’est rare d’entendre ce genre de musique au Chili.
Surprise, on pèse les valises pour l’embarquement, elles sont plus légère de 2 ou 3 kilos à Santiago qu’à Puerto Montt. Heureusement, cela m’évite de payer des suppléments.
Hotel hors normes
Quand on voyage, on risque de tomber parfois sur des hotels hors-normes, celui-ci apparaissait sur booking.com avec un lit dans une chambre partagé entre 6 personnes, près de la Gare Centrale de Milan à 23 euros + 2 de taxes, un peu cher mais assez bien situé, surtout lorsque l’on voyage chargée.
C’est là le problème, la femme chargée de l’accueil a trouvé que 3 valises c’est trop! Curieux hôtel qui n’accepte pas les voyageurs un peu trop chargés.
Une de mes valises pourtant neuve a déjà perdu une roue en sortant de l’aéroport, mon sac à dos a un montant brisé. Donc, achat d’un nouveau charriot et d’un grand sac à roulettes.
Quelle réception après 3 jours de voyage et d’attente dans des aéroports depuis le Sud du Chili!
Conclusion dans les normes
J’espère que cet article ne vous paraîtra pas trop cauchemardesque et qu’il pourra vous être utile. Quel labyrinthe!
Fait positif, j’aurai appris à faire des captures d’écran.
/// Rassemblement Préhistorique 2021 /// Article modifié le 2 novembre 2021 Je suis arrivée en France il y a longtemps et j’y serai jusqu’en novembre 2021 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 – publicobre2000@yahoo.es
Dernier article publié: Gletterens, préparations Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Le Rassemblement Préhistorique a la particularité de favoriser des échanges entre des spécialistes et des amateurs de différents domaines autour des thèmes préhistoriques, différentes techniques sont mises en œuvre par des démonstrations, parfois spectaculaires, auxquelles tous peuvent participer…Lors du Rassemblement Préhistorique, on se peut de promener dans tous le Village Lacustre. Mais pendant, ces jours-là, on y découvre des activités multiples parfois surprenantes…
Quel est l’intérêt de cet événement?
Toutes ces tentatives de reconstitutions montrent que ce qu’ils faisaient à la préhistoire, nous pouvions tous le faire. Maintenant, il s’agit de voir les comment? et pourquoi?
C’est aussi comme une forme formation permanente pour toute l’équipe expérimentée du Village Lacustre. Elle doit travailler deux fois plus pendant ces jours pour assurer le déroulement de cet événement et des visites habituelles et en profite souvent pour faire des expériences en dehors de leurs horaires de travail. Pour eux, les animations spontanées, les travaux de ménage… continuaient. En outre, ils devaient nous approvisionner en bois pour les feux et résoudre de nombreux autres problèmes… Entre deux taches courantes, ils arrivaient à partager des activités qui les intéressaient.
Je tiens à remercier chaudement toute l’équipe (François, Jack, Tania, Carole, Doris et Martin) pour toute leur aide et leur gentillesse.
Rassemblement Préhistorique – 31 juillet
Mise en place de l’expo
Je fais une petite visite à la déchetterie pour récupérer plus de récipients – bonne récolte. Bien que cette récupération ne soit pas compatible néolithique, c’est un bon recyclage. Cela va permettre de multiplier les bains de teinture qui sont gourmands en récipients et autres contenants. Nous touchons ici du doigt un problème de l’humain durant la préhistoire. L’archéologue Jean Guilaine y fait référence dans son roman « Pourquoi j’ai construit une maison carrée« .
Le tannage
Découverte de la peau de bison, elle était déjà tendue sur le cadre qu’avait préparé Grégory. Dominique n’est plus seul à tanner c’est année. Il y a aussi une femme qui tente de rattraper des peaux de moutons mal préparées.
Tissage, teinture
Je fais une petite démonstration de filet à la demande d’un visiteur, je trouve le temps de tisser une nouvelle pochette.
Le matin, je prépare deux bains de garance, un bain de tanaisie et un autre de bois de Campêche. Il faut toujours laisser tremper les bains à l’avance. Il est certain que la tanaisie et la garance font partie de l’univers tinctorial néolithique local. Le bois de Campêche a très probablement une utilisation très ancienne sur son lieu d’origine (Mexique et Caraïbes).
Dominique Cardon mentionne dans un de ses livres que des graines de plantes tinctoriales ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques dans le lac de Neuchâtel.
Vannerie
Je découvre la préparation de la clématite sauvage, la vannerie en massettes (roseaux).
Je profite du bain de cuisson de la clématite pour mettre un petit écheveau à teindre. Un groupe de vannier est entrain d’en faire cuire pour en ôter plus facilement l’écorce.
Rassemblement Préhistorique – 1 août
Voyage dans le temps – Fête nationale Suisse
Tout au long de la saison, le Village Lacustre propose des événements et des animations particulières, celle-ci tombait par hasard le jour de la Fête Nationale, occasion de tourner son regard vers une évocation du passé local avec une mise en scène de l’architecture du Village et de l’activité de ses habitants.
Activités du jour
Allumage de deux feux dans la maison longue, où je suis installée. Cela me permet de faire plus de démonstrations à la fois. Maintenant, le nombre de récipients (bien qu’anachroniques) me le permet.
Teinture de lin et alpaga à la garance des teinturiers (Rubia tinctoria) et laine de mouton avec garance indienne (Rubia cordifolia). Cette dernière, appartient aux vieilles traditions tinctoriales de l’Inde.
L’usage de la garance (Rubia tinctoria) et son mordançage sont expliqués dans des tablettes sumériennes qui commentent comment l’utiliser conjointement avec l’indigo pour contrefaire la coûteuse teinture à `la pourpre de murex (voir les livres de Dominique Cardon).
Récupération du bain de clématite plus ajout d’écorces de noisetiers et de cornouillers sanguins provenant des arbres abattus pour le chassis pour le cuir de bison. Teinture aux tanins de deux vieux draps, pour ecoprint et essai de bogolan.
Je prépare un bain de cochenille (moulue), un bain de mordant pour fibres végétales. Quand, je parle de cochenille, ce n’est pas celle qui infeste vos arbres fruitiers. En fait, il s’agit de celle qui attaque les figuiers de Barbarie et est élevée au Mexique et au Pérou depuis des siècles. Notamment, au Mexique, où elle est élevée depuis des temps immémoriaux ce que prouve l’importance et la précision des termes la concernant en nahuatl.
Vu que je n’ai pas de grandes quantités de laines filées et que les récipients sont plutôt petits, je teints de petits écheveaux, de petits paquets de laines et autres fibres bien lavées. Cela me permet d’avoir une plus grande variété de couleurs, éventuellement en épuisant les bains.
Les teintures du jour au Rassemblement Préhistorique
Poils de bison
En ce qui concerne les poils de bison, nous avons une grande conversation avec Éric au sujet de la méthode de récolte. Il traite ses peaux à la chaux pour faire tomber les poils en vue du tannage. Cependant, la récupération des poils pour les filer l’intéresse aussi.
Comme les fibres organiques n’aiment pas les alcalis et que la chaux provoque une réaction qui produit du calcaire, Dominique le tanneur (qui est chimiste) me conseille d’en faire tremper dans du vinaigre. Espérons que l’acidité du vinaigre rattrapera cela et que la chaux n’aie pas attaqué les écailles des fibres. Ce que je crains fort.
Les poils de la peau qu’ils sont entrain de tanner sont nettement plus doux.
Je viens de découvrir à la Bibliothèque Publique d’Information de Beaubourg, le gros livre de Dominique Cardon « Les draperies au Moyen Âge« . Une bonne partie de ce livre parle des traitements de la laine.
Teintures d’os
Comme l’an passé Éric, d’archeoshop.com va teindre des os, notamment des flûtes, un peu de toutes les couleurs.
R´ésultats
Nous pouvons déjà admirer les résultats des premiers bains entrain de sécher.
Jacques Reinhard
Rencontre avec Jacques Reinhard, archéologue et grand spécialiste des textiles, j’attendais de pouvoir le rencontrer depuis l’an dernier.
Il m’a enseigné à faire des cordelettes de raphia et de liber de tilleul. Essai des orties récoltées pas assez séchées, pas rouies.
Vraiment, il est passionnant. Toutes ses informations me seront utiles. Il m’a beaucoup appris.
On pouvait voir sous toutes les coutures ce qui est exposé sous vitrine dans des musées comme le Latenium à Neuchâtel.
Un photographe est passé, il a photographié et il filmé longuement.
Cette journée a été si remplie que j’ai oublié de manger à déjeuner.
Rassemblement Préhistorique – 2 août
Il a encore plu cette nuit, cela permet de constater que le grenier est très efficace.
Teintures
Mordançage et teinture de raphia pour les bracelets et colliers que fabriquent les animateurs, dans un bain réunissant les deux garances, supplémenté en garance indienne. Le résultat me paraît un peu clair, je vais essayer de le foncer avec du sel.
Le raphia est une fibre végétale plus difficile à teindre, d’autant plus qu’elle est très lisse et absorbe moins les teintures.
Les draps teints aux tannins ont séché sur la pelouse, la face contre la pelouse est beaucoup plus claire.
Nous avons fait des ecoprint sur tee-shirt avec Doris et Martin, l’un est parti tout de suite dans le bain encore chaud de garance, l’autre cuira demain dans la tanaisie qu’avait amené François.
Je prépare un nouveau bain d’écorces d’érable dans une bassine zinguée un peu rouillée (laine, soie, os). Les écorces proviennent des bois récoltés par François pour le métier à Sprang que nous allons construire et essayer avec Tania.
Le bain de bois de Campêche agrémenté d’un peu de soupe de clous a donné un bleu très foncé sur laine, soie et os.
Voici un nouveau bain de cochenille très chargé, le lin naturel a bien pris, la soie moins bien. J’avais ajouté deux petits morceaux d’étain, je n’en vois pas l’effet pour le moment. Os teint très foncé. Sauf peut-être sur une flûte qui prend différentes tonalités.
Nous manquons d’alun et avons des difficultés à nous en procurer. Heureusement que Doris en avait chez elle.
Préparation d’un bain de Cosmos sulfureus et d’un bain de henné.
Camille, une amie de François qui a des moutons est venue. Nous nous sommes rencontrées l’an dernier au Rassemblement Préhistorique. Elle m’a donné de la laine et m’a invitée à un festival d’artisanat du 9 au 12 septembre. Il s’agit du Festival Yelen. J’y participerai, ce sera l’occasion d’un prochain article.
Rassemblement Préhistorique – 3 août
Il pleut encore ce matin, Dominique le tanneur, va à un supermarché pour s’acheter des bottes, je lui demande si je peux l’accompagner pour chercher de l’alun. Il connaît bien tous les usages de ce produit difficilement remplaçable. Nous n’en trouvons pas au supermarché. Mais nous trouvons une droguerie à Estavayer le Lac qui nous en vend 1 kg de sulfate d’aluminium. Cela nous d´épanne bien.
Le matin, je sors les bains de la veille: tanaisie avec laine, os et ecoprint sur coton. Ecoprint réussi, soie décevante.
Je file au fuseau un mélange alpaga blanc et beige et soie bleue de bois de Campêche.
François prépare le métier pour le sprang.
Test pour foncer les couleur des raphias provenant d’un même bain, une partie aura un ajout de sel de table, l’autre partie, un ajout de bicarbonate.
Bain de thym mordancé au titane.
Complémentation en garance indienne du bain de garance qui n’a donné qu’un roux. Division du raphia sorti le matin en 4 parties:
une non modifié pas de noeud,
une reteinte en cochenille 1 noeud,
une dans un bain de sel 2 nœuds,
une dans un bain avec bicarbonate 3 nœuds.
C’était le raphia du Village Lacustre, il n’en reste pas beaucoup. Alors, c’est pour cette raison que je préfère diviser en petites quantités et faire varier les couleurs. Le résultat a plu aux intéressées, ce qui est le plus important. Il s’en servent pour tresser des bracelets et des colliers qu’ils vendent aux visiteurs à la caisse.
Jacque Reinhard m’a enseigné comment filer avec un simple petit bâton, c’est intéressant. Il m’a fait des commentaires sur les fuseaux dits “maya” qui servent d’abord à tordre les carex et les pailles de céréales, notamment pour la fabrication de ponts, comme il y en a encore au Pérou.
Le tannage
Le travail sur la peau de bison progresse.
Éric a ´déjà mis en vente ses flûtes teintes. Elles ont l’air de plaire au public.
Test
Test pour arrondir des morceaux de verre de vitrail, je voudrai en faire des pendentifs. Chez Gérard, j’ai pu arrondir les arrêtes avec une lime. Mais, depuis longtemps, je voulais faire cette expérience. Je les ai placés dans une boîte de sardine avec du talc dans la braise du foyer, cela n’a pas été suffisant, je le laisserai au centre du foyer demain.
Les bronziers
Cette année, je n’ai pas pris de photographies, ou très peu, des bronziers au travail, j’en ai pris beaucoup l’an dernier, j’étais à côté d’eux et cette année je suis beaucoup plus occupée. Le passage pour la Maison du Bronze est devenu compliqué à cause des pluies si abondantes. Mais, ils ont continué leurs expériences. J’en parle plus dans l’article sur Gletterens l’an passé.
Début de l’épopée du coracle
La reconstitution d`’un coracle, embarcation, genre coquille de noix géante était prévue. Il s’agit d’une peau de vache nettoyée, mais brute (non tannée) tendue sur une vannerie en noisetiers. La peau est arrivée fraîche, copieusement salée dans un caisse en plastique.
Elle a été bien rincée pour enlever le sel. Puis, a commencé le travail de décharnage. Elle ne sentait déjà pas très bon et elle était aussi très gluante et épaisse. Elle va mettre à l’épreuve les perçoirs et couteaux préhistoriques. Le temps très pluvieux ne facilitait pas son séchage.
Une équipe de plusieurs personnes `a travaillé sur ce projet jusqu’à la fin du Rassemblement Préhistorique.
Ils sont allés chercher de nombreuses branches de noisetiers pour construire la nacelle.
Déroulement de l’ecoprint de Doris et Martin
Le moment de la découverte est venu. C’est toujours un moment chargé d’émotions.
Le test de ramollissement de morceaux de verre de vitrail dans une boite de sardine est prolongé.
Épuisement du bain de garance, un peu renforcé, tunique en lin et laine d’alpaga.
Tests de teinture sur cuir
Après les essais de teintures d’os, nous allons faire des essais sur cuir avec Tania, car elle, ainsi que Doris et Carole fabriquent de très belles pochettes en cuir.
Avec Tania qui s’intéresse particulièrement à ce sujet, nous travaillerons à froid, car le cuir se désagrège quand il cuit et se transforme en une colle, anciennement appelée colle de gants.
Il y a longtemps, quand je vivais à Longotoma, près de La Ligua (zone centrale du Chili) j’avais imaginé de mettre des applications de cuir de lapin teintes en rose, à la cochenille sur un poncho. Quand, j’ai sorti la laine que j’avais teinte avec, il n’y avait plus de cuir, mais une multitude de poils roses.
Les essais
Ici, nous travaillons avec du cuir tanné végétal. Le trempage dans les différents bains colorés sera un peu décevant. Le cuir prend la couleur mais se durcit et devient parfois cassant. Le cuir a subi un certain nombre de traitement après le tannage, peut-être ceux-ci réagissent avec les bains de teinture. Pour la teinture, il faudrait sans doute intervenir avant la finition du cuir.
Mais, la technique d’application de feuilles et autres objets trempés dans la soupe de clous ou l’oxalate de titane sur du cuir, elle enthousiasmera Tania. Effet réussi, peut-être cela produira de nouvelles activités à proposer aux enfants.
En attendant, Tania et Carole démontrent leur créativité débordante en décorant leurs nouvelles pochettes en cuir avec cette technique.
Cela fait plaisir de voir des résultats concrets et utiles pour des essais qui ne semblaient avoir qu’un intérêt esthétique.
Teinture au Cosmos sulfureus
Enfin, le bain de Cosmos sulfureus a refroidi. Ces mignonnes fleurs si légères teignent joliment.
Ce bain de Cosmos sulfureus avec laine, soie, os et plumes m’a beaucoup plu. Je l’ai réutilisé pour une pièce en feutre, car il n’était pas encore épuisé.
L’écoprint de Doris
Déballage de l’ecoprint cuit dans la garance de Doris, préparation avec elle d’un nouveau tee-shirt.
Divers
Tests de plumes dans tous le bains.
J’ai commencé à tricoter les mitaines de Martin, le bronzier.
Tannage à la cervelle
Les peaux partent se faire fumer dans l’atelier. Il y a l`à une structure à cet effet. Dominique effectuera ce traitement sans doute de retour chez lui. Sa peau est plus épaisse et demandera plus de temps.
Rassemblement Préhistorique – 5 août
Test du verre
Je récupère les cendres du foyer. Je retrouve la boîte de sardines écrasée et seulement 1 des 4 quatre morceaux de verre. Les arrêtes ne se sont pas arrondies, les 3 autres apparaîtront peut-être au tamisage des cendres qui seront utilisées soit comme pigment, soit pour les toilettes sèches de la yourte.
Teinture
Je mordance la petite robe en lin de la fille de François. Puis, je la teints à la tanaisie. Je rajoute de l’oxalate de titane comme expérience sur la moitié de la casserole. La petite robe est sortie jaune, avec de grandes taches irrégulières orange.
Cela plaît à la petite fille, mais pas à son père. Je l’ai donc remis dans un bain de titane, elle est devenue toute orange.
Je continue les expériences avec le cuir, les os et les plumes.
Je sors tous les bains de la veille.
Je remet à chauffer la tanaisie (petite robe et ecoprint de Doris), un petit bain de bois de Campêche avec flûtes, un bain de cosmos, un bain de henné, un tout petit bain de cochenille…
Je prépare un bain de feuilles de noyer, un bain de lichens, mordançage de lin et de fibres de bambou, deux bains de cochenille pour tester le titane en comparaison du classique alun + crème de tartre.
Comme j’ai commencé de bonne heure, le feu se retrouve tôt sans casserole, je remets le reste de garance avec une chemise de coton préparée en shibori et dont j’ai trempé le bas dans la soupe de clous.
Doris et Martin m’ont aidé à mettre des prix convenant à la situation sur mes tissages, j’ai commencé à vendre.
Le silex
Je ne vous ai encore pas parlé du silex, mais il i y avait de nombreux amateurs de la taille du silex.
Je n’ai pas assez visité la maison du Bronze cette année. Mais, Éric a dû passer de nombreuses heures à tailler des silex.
Le coracle
Le travail sur la peau de vache du coracle continue. Elle a le don d’attirer les limaces.
Rassemblement Préhistorique – 6 août
Teinture au Rassemblement Préhistorique
Préparation d’un bain d’ortie, mélange des restes de garance cochenille, thym…
Récupération du tee-shirt ecoprint que j’avais utilisé comme sac pour le thym.
Nouveaux bains de cochenille. Celui que j’avais préparé dans la casserole d’aluminium est devenu mauve, il y avait sans doute des restes de fer d’un bain précédent. L’autre casserole est restée plus rouge, j’ai divisé le bain en 2, dans une petite casserole (avec la moitié de la soie) j’ai ajouté les classiques alun et crème de tartre qui ont bien rougi. Dans le bain principal avec laine et soie, j’ai ajouté de l’oxalate de titane.
Nouvel ecoprint sur une chemise en coton de Jacques Reinhard, cuit dans le bain de mélange garance et autres restes.
Teinture aux feuilles de noyer, aux lychens et pétales de coquelicots.
Les ventes
Je vends un grand carré de soie, ainsi qu’une écharpe.
Grandes réflexions sur le prix de vente de mes laines, c’est vraiment difficile à estimer, Martin m’invite à voir lundi les prix chez Spycher. Ce magasin est immense. Il y a de nombreux matériaux rares, des métiers à tisser, des rouets… Je me réjouis à l’avance de cette visite.
Animation – Atelier de dessin
Parmi les animations proposées par le Village Lacustre, il y a des atelier de dessin avec des pigments semblables à ceux utilisés aux temps préhistoriques: ocre jaune, ocre rouge, noir de charbon, craie, cendres…
Les enfants adorent ces animations, parfois ils reviennent plusieurs fois. Durant l’année scolaire, ces mêmes animations sont proposées aux enfants des écoles.
Céramique
Tania va cuire en plein air des pièces de la production du groupe. Elle va obtenir différents effets intéressants.
Elle va cuire aussi des perles et des fusaïoles que j’avais préparé depuis quelques semaines.
Les fusaïoles se sont cassées, elles était très fines et n’avaient peut-être pas bien séché dans la maison, l’atmosphère était très humide, il a beaucoup plu ces dernier temps.
D’autres pièces n’ont pas supporté la cuisson, notamment des hochets préhistoriques.
Ils sont très beaux, ce sont des reproductions de hochets retrouvés dans des tombes d’enfants du Néolithique. À l’intérieur, ils contiennent des petits cailloux qui font du bruit.
Certaines pièces ont subi un traitement privilégié pour les noircir.
L’équipe du coracle a presque atteint son but, la peau de vache a été nettoyée. Des lanières ont été préparées pour consolider la partie vannerie en bois de saule. Il leur faut fixer la peau et bien sûr le tester sur le lac encore en crue.
Rassemblement Préhistorique – 7 août
Résumé avec 2 jours de retard, il y avait tant à faire.
Épuisement des différents bains, recharge de celui de bois de Campêche pour une flûte en os et un peu de chanvre.
Cuisson du bain d’orties, il était temps, elles commençaient à moisir.
Le bain de feuilles de noyers a donné un beige un peu décevant. e bain était certainement trop chargé en fibres.
Celui de lichens a donné une laine bicolore, la casserole était allongée et j’ai vidé un reste d’oxalate de titane à un bout, le résultat es un joli jaune orangé. C’est Éric qui avait amené ce lichens.
Le vieux bain de garances mélangées à d’autres vieux bains de tanins a donné un joli roux.
Avec des visiteurs nous préparons un nouvel ecoprint sur toile à matelas.
Enfin, une cuve d’indigo au Rassemblement Préhistorique
On a, enfin, monté la cuve d’indigo avec Dominique le tanneur qui met à profit ses talents de de chimiste et Tania.
Nous faisons les premiers tests réussis malgré quelques doutes. Le pH était apparemment de 11 au lieu de 9-10. On en voyait pas la couche cuivrée à la surface. Mais la maison est un peu sombre et nous avons fait le bain d’indigo dans une grande cruche, ce qui limite la surface d’oxygénation.
Je n’ai pas pris de photographies de la préparation de cette cuve d’indigo. Mais, nous avons suivi les indications du bain 1-2-3 de Michel Garcia, 1 partie d’indigo, 2 parties de chaux, 3 partie de fructose, remplacé par du miel.
Mais, voici une photographie du premier essai.
Le coracle
Le coracle est bientôt fini, il a été mis à fumer, il sent encore très mauvais. Il vont faire un sol en vannerie à l’intérieur pour protéger un peu le cuir.
Musique
La musique est aussi un grand centre d’intérêt pour de nombreux participants au Rassemblement Préhistorique.
À 20 heures, concert du groupe Polyphoniques avec François. Il est aussi beau que celui de l’an dernier.
Rassemblement Préhistorique – 8 août
À 8h du matin nous tentons de faire un peu de bleu maya avec Tania, sur les braises, nous ne voyons pas la réaction se produire.
Il fait sombre dans la maison longue et encore il y a des jours ont été prévus dans les murs, pour qu’elle puisse être utilisée pour les animations. En effet, il n’y a pas d’électricité dans le Village Lacustre.
La maison du feu est encore plus sombre. L’atelier est conçu avec un mur absent pour une plus grande luminosité. Cela n’est pas conforme aux restes découverts dans les fouilles. Mais, le bâtiment devait être fonctionnel pour les activités de formation du Village Lacustre et l’équipe le signale aux visiteurs.
Nous poursuivons en plein jour sur le camping-gaz. L’argile blanche est devenue grise ciment et s’en échappe une vapeur rose fuchsia. Nous arrêtons l’expérience. Tania doit aller ouvrir la caisse.
Essai de récupération
J’essaye de diluer un peu de ce curieux mélange avec de l’eau, le mélange se fait mal, l’argile veut rester en suspension. On peut apercevoir une couche bleu indigo au fond du gobelet. Dominique pense que je me suis trompée d’argile. Il faudra réessayer.
Nombreux tests en indigo au Rassemblement Préhistorique
L’indigo est intéressant. Il permet de faire des démonstrations rapides de teinture. La teinture pénètre la fibre le temps que j’explique les particularités de ce type de teinture.
En outre, c’est une teinture magique. Les fibres sortent verdâtres et elles bleuissent avec l’oxygène de l’air.
Divers teinture
Je continue à épuiser les bains, car c’est le dernier jour.
Enfin un jour de soleil.
Nous ouvrons l’ecoprint sur toile à matelas, il est plutôt décevant. Cela est certainement dû au fait que j’y ai inclus des feuilles de tabac dont les nervures sont très grosses et détendaient la toile et pour l’ecoprint il faut qu’elle soit bien serrée pour faire contact avec les feuilles.
Petite recharge d’un bain de cochenille classique pour teindre deux os et encore un peu de laine.
Le bain d’ortie a donné un beige jaunâtre.
L’écharpe de feutre a bien pris la teinture au Cosmos sulfureus.
Le coracle du Rassemblement Préhistorique
Le coracle est remis à sécher dans la journée et à fumer le soir quand les visiteurs sont partis. Il ne sera testé sur le lac que pour la Fête de la Préhistoire, où il aura un rôle de vedette.
C’est le fruit du travail acharné de toute une équipe qui a su braver les mauvaises odeurs. Ce fut aussi un centre d’intérêt pour les visiteurs intrigués.
On a du mal à s’imaginer que des moines ont quitté l’Irlande dans de telles embarcations pour rejoindre l’Islande au IXème si`´ècle.
Fin du Rassemblement Préhistorique
Dernier jour, le village lacustre s’est vidé de presque tous ses occupants. Je commence à ranger l’atelier provisoire.
Cette expérience a été très intéressante, j’ai beaucoup appris et fais de très bon contacts. Le temps est passé trop vite.
Quelques jours d’expérimentation en liberté
Quelques conclusions du Rassemblement Préhistorique
Toutes ces expériences soulèvent un certain nombre de questions en ce qui concerne:
l’importance du temps consacré à certaines activités. Le temps n’avait certainement pas la même valeur
les difficultés de transport (par exemple, les silex étaient débités sur place, on ramenait des pièces déjà dégrossies)
les difficultés d’approvisionnement, on faisait avec ce qu’on avait et quand on avait
savoir attendre que la nature facilite le travail (je pense au rouissage des fibres végétales, notamment pour les orties)
/// Gletterens, préparations/// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver) — Nouvel article du 21 juin 2021 — Mis à jour le 8 octobre 2021 — Prochain article – Laver la laine Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Pour Gletterens 2021, il y a tant à faire que je ne sais plus par quoi commencer! En réalité, je m’y prépare depuis le Rassemblement Préhistorique de l’an dernier, au Village Lacustre. Depuis l’obtention de mon diplôme je mets les bouchées doubles… Je voudrais arriver à tout faire.Un prochain article fera le compte rendu de ces expériences.
Lectures et rencontres pour Gletterens
Comme de bien entendu toute nouveauté est précédée de rencontres et de lectures et bien sûr d’expérimentations.
Quelles lectures?
Les sources
Elles sont multiples et très variées, elles vont des bibliothèques des amis, les médiathèques municipales, ma propre collection personnelle que j’enrichis chaque fois que je le peux et sites aux internet, en passant par les inoubliables leçons de la nature.
Voici quelques précieuses sources internet:
hal.fr, thèses et articles en français
academia.edu, semblable, mais plus international, m’a beaucoup servi
libraryxyz, livres pdf ou epub, mais aussi beaucoup d’articles
bnf, multimédia, sur livres anciens, s’avère très intéressant parfois
wikipedia, n’est pas toujours sans intérêt, les articles sont parfois un peu légers, mais les liens tels que celui-ci, peuvent être intéressants
Pinterest, la recherche peut être longue, mais c’est très visuelet on peut y découvrir des pépites
video youtube
cours de Ver de Terre production
conférences du Collège de France, c’est agréable à écouter quand on file, tisse ou fait la cuisine et j’y ai beaucoup appris…
Quelle panoplie, je ne n’arrive pas à tout exploiter. J’ai de quoi faire pour les longues soirées d’hiver.
Le sujets
Comme vous le savez sans doute déjà, je ne me limite pas à la teinture et au travail des fibres.
Les video
Bien sûr, je continue à m’intéresser aux orties et aux autres plantes à fibres, j’ai donc vu de nombreux documentaires sur ces sujets, certaines sont listées dans cet article.
Les rencontres
Wwoofing
Comme Aline m’a amenée de nombreuses fois à la médiathèque d’Argentan, j’y ai puisé de nombreuses informations qui me seront utiles.
Elle m’a procuré une expérience prolongée de filage au rouet… Elle m’a aussi aidée à monter ma boutique Etsy. Cela m’a donné envie d’avoir un petit rouet de voyage qui me permettrait de filer un peu n’importe où.
Chez elle, j’ai rencontré Gregory, wwoofeur aussi, très doué en vannerie et construction végétale qui sera aussi présent à Gletterens en 2021…
Avec Grégory, les surprises ne manquaient pas.
Aline m’a aussi présenté une de ses amies tisserande et dentellière qui m’a beaucoup enseigné. J’ai vu chez elle de magnifiques outils anciens.
Chez Gilles, j’ai beaucoup appris sur les moutons, sur le cidre accessoirement et sur beaucoup d’autres choses passionnantes…
Je lui dois aussi une très bonne laine brute que j’ai répartie entre filature et feutrage. Toutes les laines que j’ai filées ont été tissées et teintes.
Dès l’ouverture des musées, Monique m’a amenée au Musée des Civils pendant la Guerre à Falaise et Gérard m’a fait visiter le Musée de la Préhistoire à Nemours.
Nouveautés pour Gletterens
Nouvelles matières premières
Orties, nouvel essai
Chez Gérard, j’ai fait un nouvel essai pour récupérer des fibres d’orties, d’après des informations recueillies sur internet qui a raté encore une fois. J’attends le prochain Rassemblement Préhistorique et de faire la connaissance de Jacques Reinhard pour en savoir plus.
À Falaise, j’ai eu l’occasion de briser des tiges de roses trémières qui avaient roui naturellement pendant l’automne et l’hiver, elles contenaient de fines fibres blanches, mais il faudrait en avoir de grandes quantités pour en tirer un écheveau ou une bobine…
Nouveaux tissages pour Gletterens
Les nouvelles matières, les limitations matérielles et le peu de temps disponibles m’ont obligé à essayer d’innover. De plus, je ne pouvais pas revenir à Gletterens qu’avec ce qui me restait de l’an passé. Il fallait du nouveau et de la variété.
Alors, j’ai fait quelques écharpes en laine, deux ponchos légers en coton et lin, des petites pochettes, des bracelets… Vous les verrez dans le prochain article sur Gletterens 2021.
Outils qui sortent du commun, spécial Gletterens
Comme je suis toujours à la recherche de nouveaux outils: fuseaux, métiers à tisser… je m’équipe de mieux en mieux. Vu que cela prend de la place, il faut aussi que j’essaie de faire petit et léger.
Fuseau maya, une nouveauté pour Gletterens
Petite découverte fascinante due à Pinterest. Les rares producteurs étant soit aux États-Unis, soit en Angleterre, je me suis décidée à en faire ma propre version bricolée.
C’est très facile à manier et j’ai même pu filer fin avec. En outre, il est démontable, léger et n’occupe que peu d’espace.
En outre, il est totalement archéocompatible. Il suffira de le refaire avec des matériaux moins élaborés que ceux-ci.
D’ailleurs, bien avant le néolithique, des tablettes assez proches servaient à tordre des cordons, ficelles et cordes.
Fuseau turc léger
Le fuseau turc est très intéressant car il fournit directement une pelote prête à l’usage.
A la fin de mon séjour en Suisse, à Gletterens, l’an dernier, mes amis bronziers m’avaient amené voir une immense boutique de laines. Je m’en suis acheté un. Malheureusement, il est un peu trop lourd, à mon goût.
Ma version est beaucoup plus légère et économique. En effet, le plus léger pèse 7 grammes.
Fuseau basque
Je l’ai découvert très récemment sur Pinterest et Gérard m’en a fait un à sa façon. Ce fuseau aussi fournit une pelote prête à l’usage.
« Métier » à bracelets
Vu que je n’ai pas de grosses quantités de laine, le filage au fuseau est très long et qu’il ne me reste presque plus de grandes pièces tissées, je me suis mise à tisser des bracelets et des pochettes.
J’ai cherché un outil archéocompatible (mon métier à clous ne l’est pas).
Voici ce que j’ai trouvé.
Lavage de laine
Pour ne pas partir avec autant de laines sales, avec des déchets, j’ai aussi fait des essais concernant le lavage de la laine.
Aussi, j’ai essayé d’éliminer de la paille qui rendait une laine d’alpaga difficile à filer. J’ai tenté une recette vu dans des livres pourtant sérieux décrivant une technique industrielle pour débarrasser les laines des déchets végétaux. Il s’agit de les faire tremper dans une solution à 5% d’acide sulfurique ou chlorhydrique. J’ai testé l’acide sulfurique disponible en bouteille au supermarché.
Alors, j’ai essayé à plusieurs concentrations, j’ai laissé agir pendant plus d’une semaine, mais apparemment pas d’effet, les pailles étaient toujours là.
Feutre
Mes tests de lavage m’ont incitée à feutrer certaines laines.
D’autres n’ont absolument pas voulu feutrer (shropshire), je les ai préparées pour le filage, certaines ont été teintes chez Gérard.
Autres techniques
Suite à la rencontre de Grégory, le constructeur de huttes kanak, je me suis plus intéressée à la vannerie, technique probablement ancêtre des textiles.
Poursuite de Gletterens l’an dernier
Matières premières non touchées avant Gletterens l’an dernier
Soie, lin, chanvre…
Avant de venir en Suisse, je n’avais pas pu tester ces matières si renommées. Depuis, grâce à mes amis bronzier, j’ai pu essayer de les filer et j’ai même osé les travailler.
Lapin angora
Il y a longtemps, j’avais un peu testé les fibres de mes lapins à Mamiña, mais j’en avais si peu que c’était comme si j’en avais pas eu. Avec Monique, nous sommes allées voir un producteur de fibres d’alpaga et de lapin angora.
Depuis, mon arrivée en France, j’ai d’abord accumulé des toiles à teindre (draps et vieux vêtements, mais aussi toiles de soie). Puis, chez Monique et chez Gérard, j’ai eu l’occasion de partager cette technique.
Autres supports
À Falaise, j’ai acheté et testé des écharpes en laine fine, une toile de matelas et une toile légère de soie.
Filage pour Gletterens
J’ai filé au rouet pendant près de 4 mois, chez Aline. J’ai donc pu tester plusieurs variétés de laines et dans mes temps libres testés les soies, chanvre et autre lin que j’avais ramenés de Suisse.
Peu de temps avant mon départ pour Gletterens, j’ai reçu un paquet de fibres de bison, cadeau d’Éric d’Archeoshop, Je me suis dépêchée de tester ces fibres, d’abord seules, mais elles sont assez courtes, puis mélangées à de la laine de mouton sale. Là, cela se filait un peu plus facilement. Nouvelle expérience sympathique.
Cette fibre n’est pas très facile à filer seule, comme c’est le cas pour beaucoup de fibres difficiles à travailler, je l’ai mélangée avec de la laine de mouton, cela améliore la cohésion du fil.
Voici, les deux produits finaux après retors.
Filets
Lors de ma visite au Latenium à Neuchatel, l’an dernier, j’ai vu un autre outil ancien pour les filets, à tester.
Arrivée à Gletterens en avance
Arrivée le 14 juillet
Voyage sans encombre, un grand merci pour Gérard qui m’a accompagné jusqu’au train à la Gare de Lyon. Des Suisses inconnus m’ont beaucoup aidé avec les bagages au changement de train à Lausanne.
Seul mon petit charriot m’a lâchée juste en arrivant à Gletterens, mais c’est sans doute réparable.
Avec surprise, je découvre l’inondation. Par la suite, le petit supermarché fermera pendant 3 jours de crainte des coupures de courant dues au débordement du Lac de Neuchatel. Tous les lacs de la région ont largement débordés.
Je devais repartir en laissant l’essentiel des bagages pour revenir quelques jours avant le Rassemblement Préhistorique, mais on a eu pitié de moi, ma tente n’était pas adaptée à la météo du moment. On m’a dit de m’installer dans un des abris préhistoriques qui était parfaitement sec.
Du 15 au 19 juillet
Coutures des ourlets sur les écharpes en soie, j’ai tenu à le faire avec des files de soie, ma soie était très emmêlée et j’ai passé beaucoup de temps avec cela.
En outre, j’ai aussi raccommodé avec de la soie les petits trous des bouffettes sur les sacs en toile de matelas écoprintés. Pour les sacs, il me reste à faire les lanières que je tresserai avec du lin et du chanvre que j’ai filé au fuseau. Ce sera solide.
Préparation de nouveaux fuseaux compatibles néolithiques.
Reproduction d’un fuseau trouvé dans une tombe à La Ligua visible au Musée de La Ligua. Là-bas, on m’avait dit qu’il n’avait certainement pas du être utilisé, que ce devait être une miniature. En effet, il était constitué d’un simple bâtonnet et d’une petite huître percée au centre.
Les amis de Gletterens m’ont aidé, ils m’ont fourni un petit coquillage, Tatiana l’a percé en frottant l’extérieur d’abord sur une pierre à polir, puis avec un poinçon en silex elle a préparé le trou à l’intérieur, puis elle l’a terminé à la vrille préhistorique.
J’ai trouvé une baguette, je l’ai tout de suite testé avec de la laine mouton. Cela fonctionne bien, il est très léger et peut filer très fin, seulement on ne peut pas produire de grosses bobine avec.
Fabrication d’un fuseau Maya à partir des matériaux du bord. Finition d’autres fuseaux Maya avec des perles ajustées avec une colle néolithique à base de brai de bouleau.
20 juillet
Pour le Rassemblement Préhistorique, il faut dans la mesure du possible utiliser du matériel qui ne soit pas anachronique.
Et nous manquons de casseroles, il va falloir en faire en argile.
Préparation de l’argile
À Gletterens, il y a un tas d’argile qui sert pour le torchis des murs des maisons, elle doit être bonne, mais elle a été envahie par les racines des arbres et quelques ronces.
J’en ramasse un paquet dans un sac poubelle. D’abord, je l’égraine dans un seau d’eau.
Puis, je malaxe bien le résultat, il reste encore beaucoup de radicelles. Enfin, je vais essayer de la tamiser. Puis je la laisse décanter dans un bac en espérant qu’elle sèche. Heureusement, il fait beau et chaud avec un peu de vent. J’essaie d’éliminer les quelques centimètres d’eau qui surnage.
Le matin, au petit déjeuner, j’ai la visite d’une petite mésange charbonnière très entreprenante. D’abord, elle me picore les mains, puis elle saute sur mes genoux, s’accroche à mon pull, grimpe sur mon épaule et enfin sur ma tête.
21 juillet
Je vais chercher un nouveau seau d’argile le matin.
Cette fois-ci, je fais plus simple et rapide. Je rajoute l’eau dans le seau. Puis le soir, je malaxe, j’enlève à la main les grosses racines et je tamise deux fois.
Je laisse décanter la nuit.
22 juillet
D’abord, j’élimine l’eau qui surnage dans les deux récipients. Le premier est déjà plus consistant.
Normalement, j’aurai du aller chercher du sable fin pour amaigrir une partie de cette terre, mais elle est déjà très sablonneuse. Puis, dès que la terre aura une bonne consistance je la battrai pour éliminer les bulles d’air. Enfin, j’essaierai de faire quelques perles et fusaïoles, avant d’essayer de faire des casseroles. De toute manière, la quantité préparée est sans doute insuffisante. Et il faut laisser le temps à la terre de sécher avant de la cuire.
Puis, il faudra les battre pour récupérer les fibres à filer
J’ai récupéré les feuilles pour la teinture.
D’autre part, j’ai commencé à récolter des graines de cornouiller sanguin et de bourdaine qui font partie des fameuses “Graines d’Avignon” que je n’ai pas encore testées.
Puis, j’ai avancé sur le poncho entouré de filet. J’avais déjà fait deux côtés, il m’en restait deux autres. J’en suis à la moitié du troisième côté.
23 juillet
Nouvelle récolte d’orties, il y en a de très grandes. Préparation après quelques heures de séchage, elles piquent un peu moins. Je voudrais les photographier à la loupe. C’est vrai que cela pique, mais on finit par oublier et cela fait du bien aux articulations, je dors mieux la nuit…
J’avance sur le filet de bord du poncho, je viens d’attaquer le 4ème côté.
L’argile sèche petit à petit, premier essai de perle.
Tressage d’une lanière à 5 fils de lin et soie pour 1 sac ecoprint sur toile à matelas.
24 juillet
Petite visite à la déchetterie pour chercher de la ferraille pour la soupe de clous et de vieilles marmites pour la teinture. En effet, ma marmite archéocompatible ne sera certainement pas prête à temps pour les Rencontres Préhistoriques, la semaine prochaine. Les déchetteries sont une source d’approvisionnement très riche en Suisse.
Disparition insolite de l’argile encore mouillée entre 6h30 et 9h00. Donc, préparation d’argile nouvelle.
Couture de la lanière sur le sac, elle était trop fine, je l’ai agrémentée de 2 rangs de crochet de chaque côté.
Tressage d’une lanière à 8 fils de chanvre que j’ai du retordre auparavant. Pour la même longueur de fil, elle était plus courte et beaucoup plus longue à tresser. Elle est très douce au toucher.
25 juillet
J’ai tamisé et laisser reposer l’argile qui trempe depuis la veille.
Tressage d’une autre lanière, cette fois-ci combinaison de chanvre et lin-soie. Le résultat me plaît, mais c’est très long.
26 juillet
Tamisage de l’argile
Nouvelle tresse á 8 huit brins et une autre à 10 est presque finie.
J’avance sur le filet du bord du poncho, il ne me manque que 3 rangs.
Les mésanges viennent visiter l’abri préhistorique, elles sont vraiment très curieuses. Leur visite me met de bonne humeur le matin.
27 juillet
Je viens de m’installer dehors pour taper ce texte. Les mésanges viennent manger les miettes, se promènent sur le clavier, elles sont si légères qu’elles ne tapent pas de texte incongru. Puis, elles me picorent les pieds.
J’ai fini les tresses pour les sacs en ecoprint. Elles m’auront pris plusieurs jours.
Comme, j’ai fini le poncho entouré de filets., j’ai commencé la ceinture en filet.
Arrivée de Gregory, je suis contente qu’il ait pu venir, je pense que ce sera une bonne expérience.
28 juillet
Nouvelles visites des mésanges affamées par la pluie.
D’abord, j’ai cousu toutes les lanières des sacs ecoprint, Je suis contente, mais j’ai passé beaucoup de temps dessus.
Puis, j’ai rangé les bacs d’argile sous clef, car elle est presque assez sèche.
Enfin, j’ai récupéré les écorces de cornouillers et de noisetiers que Gregory a coupées pour faire le châssis pour le tannage de la peau de bison. Elles me serviront pour teindre. La texture du bois de cornouiller est très belle.
29 juillet
Poursuite de la ceinture en filet. J’en aurai pour un bon moment, elle n’est pas large, mais c’est très long.
Enfin, j’ai fini le dernier sac, je peux passer à d’autres taches.
Moulage d’un grand bol avec de l’argile que m’avait amenée Doris, j’espère qu’il se démoulera sans problème, pour le moment il sèche dans l’abri préhistorique.
J’ai encore fait deux fusaïoles et quelques perles.
J’ai testé la terre que j’ai tamisée, car elle commence à sécher. Elle se fendille quand on la modèle. Il paraît qu’il faut battre cette terre.
Je ramasse tous les jours de nombreuses feuilles de peupliers attaquées par un insecte qui provoque une boursoufflure sur la tige. C’est intéressant en teinture, car ces boules dues à un parasite concentrent les tanins.
30 juillet
Récolte de petits pois sauvages, dans le jardin. Il fallait le faire car les gousses commençaient à s’ouvrir et les graines se perdaient.
Ramassage d’une grosse botte d’orties
Le soir arrivée des premiers participants au Rassemblement Préhistorique: Andreas – tannage et pièges, il est chimiste, Dominique – tannage à la cervelle est aussi chimiste, Eric – silex, flûte, créateur d’archeoshop.com, puis François et trois amis. Grosse déception Pierre le Frondeur n’a pas pu venir.
Fin de soirée très agréable avec concert folk celtique… Filature de poils de lapin angora, fibre courte qui vole mais feutre aussi avec facilité.
Demain commencent le nouveau Rassemblement Préhistorique!!! Nous sommes prêts, la suite vient dans un prochain article.
Gletterens 2022
Nous espérons tous pouvoir nous revoir l’an prochain à Gletterens.
/// Echarpe de A à Z /// —- Encore en cours de rédaction — Nouvel article du 11 Mai 2021 — Mis à jour le 26 mai 2021 — Prochain article – Laver la laine ou Matelas de laine à la mesure Organisons donc des ateliers! C’est facile – +33 7 69 905 352
Une écharpe, une fois n’est pas coutume, je vais vous décrire en détails la création de cette écharpe, en partant de la tonte du mouton, jusqu’au produit fini.Cet article fait suite à celui sur le filage.Il le complète avec une nouvelle expérience lainière.Si vous avez des doutes sur certains termes techniques que j’emploie, ils sont détaillés dans le précédent article.
Je continue mes expériences de Wwoofing et j’arrive chez Gilles Michaudel à Cormes dans la Sarthe. J’aurais pu continuer chez Aline à Sérans et chez Monique à Falaise, mais la prise de contact a été si bonne avec Gilles que je ne pouvais pas manquer de connaître sa ferme, d’autant plus que je voulais en savoir plus sur les moutons.
Cela fut une très bonne idée.
Laines pour une écharpe
Gilles élève des moutons pour la viande, mais ses brebis produisent beaucoup de laine de bonne qualité. Elles en produisent tant, qu’il doit les tondre deux fois par an.
Un vilain virus dont on parle trop actuellement a aussi fait qu’il n’a pas pu vendre les 500 kg dont il dispose actuellement.
Il m’en a donné quelques kilos pour l’essayer.
Elle est très agréable à filer, si agréable que je n’avais jamais filé aussi fin. Elle peut être aussi très blanche. Voici deux bonnes laines: la Shropshire a été lavée au shampoing et la Thones et Marthod à la lessive de lierre.
J’ai tellement apprécié cette laine, que je viens de filer écheveau en y ajoutant du doux poil de lapin angora. On n’associe pas des fibres si luxueuses avec n’importe quoi.
La tonte pour une écharpe
Dans les 500 kg de laine en attente de clientèle, je n’ai pas trouvé de laine de couleur, il y en avait certainement, cachée au fonds d’énormes sacs. Les toisons étaient bien roulées, je ne voulais pas tout désordonner.
Choix de la laine
Il y avait un jeune bélier marron, presque noir, avec une touffe de mèches de laine beige sur la tête, surnommé le « Rasta« . J’avais très envie de filer sa laine.
Gilles a accepté de le tondre le dernier jour, je lui enverrai l’écharpe en échange.
En réalité, sa laine est tacheté presque noire et grise, on le voit marron, car la pointe des mèches laine s’est décolorée au soleil.
La race Thones et Marthod
Avant d’arriver chez Gille, je ne savais rien de la Thones et Marthod. Je vous invite à voir cette petite video pour en avoir une petite idée.
Qualités de la Thones et Marthod
Contrairement à ce qu’ils disent dans la video, sa laine a vraiment beaucoup de qualités. Il suffit de savoir la travailler. D’ailleurs, il n’existe pas de laine parfaite. Ainsi, la mérinos est souvent très courte et perd près de la moitié de son poids au lavage.
Elle peut aussi être d’une grande blancheur. Ce n’est pas toujours le cas des laines réputées. En outre, la blancheur des fibres pose de sérieux problèmes. Michel Pastoureau, grand historien des couleurs parle de « teindre en blanc« , ce n’est pas une blague.
J’ai aussi été très heureuse de retrouver l’apparence et le toucher presque lisse (proche des fibres de camélidés) d’une laine que mon amie de Paipote (Nord du Chili) m’avait donnée il y a longtemps. Cette laine avait une gamme très variée de couleurs allant du blanc au noir en passant par tous les tons de gris, de beige et de marrons, mais avec l’odeur caractéristique des moutons, se filait très bien.
La viande aussi…
Je peux aussi témoigner que sa viande est excellente, même si les gigots ont des os trop longs pour les fours! Il semblerait que cette race ait fait les frais d’une normalisation exagérée.
Le cardage
Comme la plupart du temps, j’ai cardé à la main.
Laine propre
Avec la laine blanche, cela s’est très bien passé, je l’avais bien sélectionnée. Les moutons, dans cette ferme, sont très propres car ils vivent à l’extérieur.
Généralement, les moutons élevés en enclos ou en bergerie fermée ont une laine avec beaucoup de débris de paille ou de luzerne, ce qui complique le cardage.
Laine sale
J’ai des souvenirs de laine de moutons à Mamiña ou à Parca, au Nord du Chili pour lesquelles le temps passé à éliminer les débris de végétaux étaient fort long.
Pour la laine noire, cela a été un peu plus compliqué.
La laine était de bonne qualité, mais parfois une collée. Peut-être que sa couleur sombre a fait que ce bélier transpire plus. Je l’ai donc rincée deux fois à l’eau du robinet, sans lessive. Cela n’a donc pas éliminé la lanoline.
Je l’ai laissé sécher et je l’ai cardée encore un petit peu humide. Le plus gros de la terre était parti et les débris de végétaux tombaient facilement quand j’étirais les morceaux de toison. Les derniers déchets se sont détachés lors du filage et du lavage.
Laine rincée
J’en avais choisi aussi une partie un peu plus courte, mais légèrement beige sur les pointes. Je ne l’utiliserai pas pour l’écharpe. Quand j’ai voulu la préparer pour la filer, elle semblait un peu feutrée. Alors, je viens d’appliquer ce que j’ai fait pour la laine noire, mais à l’eau de pluie cette fois-ci.
Le résultat est incroyable. Cela va être un plaisir de la filer.
Tricoter sans carder
J’ai aussi profité du fait que certaines laines étaient un peu collées pour les crocheter en mèches légèrement torsadées, sans les filer. J’ai lavé ce bonnet après l’avoir tricoté, il n’a pas feutré.
Le filage
Lors de cette expérience, je ne disposait pas de rouet, j’ai donc filé à la main. C’est beaucoup plus long, mais cela permet de mieux apprécier les fibres que l’on file.
J’ai donc filé de la laine blanche, de la laine noire et blanche et enfin de la laine noire.
Les couleurs
J’associe ces laines lors du doublage pour obtenir 4 tons:
Blanc
Blanc avec un peu de noir
Noir avec un peu de blanc
Noir
J’ai filé la laine sale comme à mon habitude, sauf la noire que j’ai décidé de rincer en cours de filage.
La pesée
Comme il s’agit pour moi d’une nouvelle sorte de laine, j’ai aussi pesé avant et après lavage, pour savoir quelles sont les pertes.
Le lavage
Pour laver, j’ai fait une lessive de lierre. Monique avait arraché deux sacs de lierre dans son jardin, j’en ai profité.
J’indique la recette de la lessive de lierre dans l’article qui lui est consacré.
La laine est en écheveaux.
D’abord, un premier rinçage double à l’eau froide, avec un quart d’heure de trempage.
Puis lavage à la lessive de lierre. Rinçage.
Dernier rinçage supplémenté en vinaigre blanc, pour adoucir l’eau très calcaire de Falaise. Cela assouplit la laine.
J’ai profité de cette dernière eau de rinçage vinaigrée pour rincer les derniers ecoprint que nous avions faits. Cela ravive les couleurs.
Le séchage
Les écheveaux sont déjà entrain de sécher.
Une fois les écheveaux secs, j’en fait des bobines que je pèse à nouveau.
Voici les résultats:
Le temps
Alors, j’ai mis presque 15 jours pour filer et retordre 350 g de laine.
J’ai bien sûr fait aussi beaucoup d’autres choses pendant cette quinzaine, car filer au fuseau est fatigant, même si la laine est extraordinaire. J’ai entre autre trié des milliers de photos prises depuis plusieurs mois. Cette étape était absolument nécessaire pour l’illustration de cet article, du précédent, de ceux qui vont suivre.
Je dois aussi mettre à jour avec de nouvelles expériences des articles anciens tels que ceux sur les ecoprint ou les mordants.
Le tissage de l’écharpe
Tricoter au crochet aurait pu être plus rapide, mais aurait utilisé le double ou le triple de laine.
Quel métier choisir?
J’aurais pu la faire d’une pièce avec mon métier Tissanova, mais je voulais la tisser seulement avec des laines de chez Gilles. Je ne file pas encore assez régulièrement et assez fin pour pouvoir utiliser mes laines comme chaîne pour ce type peigne. La chaîne aurait sans doute beaucoup trop souffert en frottant continuellement sur les rainures du peigne qui sont très étroites.
Pourquoi?
Je décide donc d’utiliser mon bon vieux cadre à tisser de voyage préféré, mon petit métier à clous de 20 x 20 cm.
C’est l’idéal pour tisser des laines un peu rustiques, les irrégularités ne se bloquent pas dans le peigne ou les lisses.
Cela me permet aussi de ranger dans ma valise un travail non fini.
Et puis, j’ai hâte de tester une nouvelle solution pour tisser plusieurs carrés à la suite sans devoir les unir.
Les différentes unions possibles pour une écharpe
J’ai l’embarras du choix, mais j’ai choisi la nouveauté.
Couture simple
C’est bien sûr possible, mais je ne pratique pas cela. J’ai impression que ce n’est pas solide, j’ai des difficultés à cacher mes coutures, il reste des noeuds… Je n’aime tout simplement pas coudre.
Couture au crochet
C’est joli, cela fait un petit relief décoratif, mais le crochet utilise beaucoup de laine. J’ai donc cherché d’autres solutions.
Voici un autre exemple de couture au crochet.
Tisser en s’accrochant à la trame du carré antérieur
J’ai découvert cette technique il y a longtemps, à la bibliothèque du musée d’archéologie d’Antofagasta, grande ville du Nord du Chili.
Cette technique peut s’utiliser aussi bien pour la trame que pour la chaîne. Je l’ai souvent utilisée pour de petits ponchos.
Mais, il faut parfois faire varier les techniques
Nouvelle idée
En me réveillant, ce matin-là, j’ai eu une nouvelle idée. Pourquoi ne pas couper des fils de chaîne de la longueur de l’écharpe, plus les franges avec une certaine marge.
Nouer les fils par paires avant le premier et après le dernier clou de chaîne, laisser pendre le reste et tisser le premier carré. Celui-ci reste bloqué par les noeuds, on le sort du métier.
On place les noeuds de fin de chaîne du premier carré en début de chaîne du deuxième et on ferme par un noeud après le clou de fin de chaîne, on tisse.
Et ainsi de suite.
Écharpe nouvelle technique
Donc, cette écharpe aura des franges.
J’ai décidé de faire des rayures mettant en valeur les différentes laines que j’avais filées.
J’aime beaucoup le sergé 2/1, c’est un point rapide, facile à pratiquer sur ce genre de métier. En outre, l’effet de diagonal est intéressant.
Je lève un fil de chaîne et laisse deux autres (au lieu d’un) sous l’aiguille. Je décale le motif à chaque rang d’un fil de chaîne, toujours dans le sens. Alors, cela donne l’effet diagonal, différent entre l’endroit et l’envers.
Avec cette photo macro, on voit mieux l’effet diagonal.
Normalement, je mets 2 jours pour faire ce genre d’écharpe.
Petite difficulté
J’avais sous-estimé la longueur de laine pour la chaîne, j’ai donc dû faire des ajouts. Heureusement, les noeuds se sont échelonnés sur deux carrés, cela a permis de mieux les cacher.
Finitions
Je fais un tour au crochet en point de « crabe« , point qui part en marche arrière sur les deux côtés longs et en mailles coulées juste avant les franges.
Dernière pesée
Poids final de l’écharpe: 150 grammes.
Il me reste 200 grammes pour en faire une nouvelle avec une autre disposition des couleurs.
Habituellement, on réserve les meilleures laines pour les écharpes, car elles sont au contact de la peau. Je n’ai pas été déçue par celle-ci. Même la laine du bélier était très douce, car il était encore jeune.
Conclusion
Cet article n’est pas publicitaire, il relate des expériences que je tenais à vous faire connaître. Un grand remerciement à Gilles Michaudel de Cormes, à Monique de Falaise et à Gérard qui les ont rendues possibles.
Comme je suis une artisane itinérante, cette écharpe a démarré sur un mouton de Gilles, la laine a été filée, lavée et commencée à être tissée chez Monique à Falaise, finie chez Gérard à Chatenoy.
/// Filer comme au temps jadis? /// Article créé le 10 mai 2021 —- Mis à jour le 29 octobre 2024
Je suis rentrée au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com Les dernières nouvelles apparaissent souvent sur ce site
Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.
Pourquoi filer?
Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.
Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.
En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.
Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.
Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.
Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.
Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.
Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…
La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…
Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,
Comment commencer à filer?
Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi,j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.
Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.
C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…
Quelles fibres choisir?
Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.
Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.
Laver la laine ou pas avant?
Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.
Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.
Carder ou peigner avant de filer
Peigner la laine
Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.
Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.
Carder à la main
C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.
Nous avons deux options.
Ma pratique habituelle, sans outils
J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.
À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.
Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.
Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.
Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.
Avec planches à carder
Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.
On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.
C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.
Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.
Attention
On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…
Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.
Cardage à la machine
Cardeuse manuelle
J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.
À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.
Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.
En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.
Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.
Cardeuse de tapissier
J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.
Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.
Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.
Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.
Cardeuse électrique
Chez « Rincón de Angel », nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.
Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.
L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer
Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.
Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.
D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.
Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.
Astuce « viking »
La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.
Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.
La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.
C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.
Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.
Filer sec
Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.
Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.
Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.
Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.
Filer humide
Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.
Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.
C’est beaucoup plus facile.
J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.
Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.
Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.
Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.
Que filaient nos ancêtres?
Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.
Difficile à filer?
Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.
Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.
La torsion
La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.
J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.
Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).
Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.
Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.
Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.
Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.
Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.
Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.
Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.
Filer S ou Z
A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.
Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.
Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.
Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…
Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.
Forte ou pas
Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.
C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.
Doubler ou retordre la laine
Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.
Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.
Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.
Filer des laines fantaisie
Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.
Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.
Quel outil choisir pour filer?
Le fuseau
Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.
Grande variété de modèles
Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.
Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.
L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.
J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.
Facilité d’apprentissage
En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.
En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:
la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
les forces centripètes et centrifuges.
Que de science résumée dans un outil aussi ancien!
Filer en marchant
Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.
En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.
Filer au rouet
En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.
Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.
Le rouet à pédale
Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.
Pendant longtemps, chez mon ami du « Rincón de Angel« , je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.
En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.
Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.
Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.
Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.
Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.
Le rouet électrique
Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.
Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.
On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.
Achat d’un rouet
Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.
Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.
Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.
Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord
Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.
J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.
Taille du trou d’entrée
La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.
En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.
Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…
Taille de la bobine
La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.
Taille des crochets sur la broche en U
La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.
Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.
Bon état de la broche en U
Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.
Possibilités de réglages
Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.
Tension de la courroie
La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.
Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.
Possiblité de retordre (marche inverse)
Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.
On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. « Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?« . 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.
J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.
D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.
Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.
Position de travail pour filer
L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position. Il faut arriver à ne pas devoir se rapprocher trop du rouet, cela permet d’avoir un peu d’avance si le fil se coupe, on peut rattraper le fil et arrêter s’il le faut avant que le fil aille s’enrouler sur la bobine.
Vitesse de filature
Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.
D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.
Possibilité de démontage
Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.
Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.
Ma recherche actuelle
Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.
Quelques chiffres
Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.
Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.
Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.
Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.
Nettoyage et cardage manuel
Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.
Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.
J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.
Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.
Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn
La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.
Affinage des mèches de carde pour filer
Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.
Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.
Temps pour cette opération: 1h 30 mn
Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.
Encore des déchets…
Temps pour cette opération: 1h
Filature au rouet
Enfin, on peut commencer à filer.
Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.
Encore des déchets, mais déjà moins.
Temps pour la filature: 6h 30 mn
Doublage du fil
Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.
Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.
Temps pour retordre: 2h
Mise en écheveaux
Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une « aspa ».
Temps de mise en écheveaux: 30 mn
Poids des écheveaux avant lavage: 340 g
Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.
Lavage
Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.
Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.
Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.
Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.
On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.
Plusieurs rinçages.
L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.
Lavage au lavoir
La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.
Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.
La solution était le lavoir.
Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.
Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.
Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.
Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.
Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Séchage
Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.
Pesée après lavage et séchage: 225 g
Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %
Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g
Nombre de mètres de laine: 193 m
Temps total: 14 heures
Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.
Mise en pelotes
Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.
Autres laines travaillées
À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.
Bleues du Maine
Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.
La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le « beri » à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.
Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?
Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.
Thones et Marthod
Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.
C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.
Petite remarque
Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être « gratuite« .
Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.
Conclusion
Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.
Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.
D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.
Voulez-vous filer vos moutons?
Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.
Pourquoi pas un atelier?
Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.
Post-Scriptum
Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer à et partager des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.
/// Lacustre, le village, en Suisse /// —- Encore en cours de rédaction — Cet article vaut pour deux! J’attendais la confirmation des amis de Gletterens pour publier cet article, n’ayant pas eu de réponse à ce jour, je me permets de le faire. Nouvel article du 2 Septembre 2020 — Mis à jour le 19 janvier 2021 — Organisons donc des ateliers! C’est facile
Premiers contacts avec le Village Lacustre
Il y a presqu’un an, une des membres de l’Association La Mère Lison de Loches me parlait du Village Lacustre de Gletterens… où il y avait des spécialistes des textiles anciens… Je prenais contact, mais nous étions déjà en Octobre. Il commence à y faire froid et les activités se congèlent pour passer l’hiver et reprendre au printemps.
Tout commence par…
François m’a donné gentiment les dates des prochaines Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre et m’a beaucoup parlé du spécialiste des textiles, Jacques. Je prenais note.
Puis lors de recherches concernant les orties et mes essais de filature, j’appelais une dame qui faisait des reconstitutions historiques en tissage, elle aussi me renvoyait vers le Village Lacustre de Gletterens.
Alors, nous étions fin juin, j’ai donc rappelé au Village Lacustre pour savoir si les Rencontres Préhistoriques n’avaient pas été éliminées comme tant d’activités culturelles en France par ce vilain virus…
Par chance, en Suisse, la culture n’a pas subi autant de dégâts qu’en France. On m’a dit que je pouvait venir condition d’avoir un déguisement préhistorique.
Mon déguisement préhistorique
Cependant, il me restait peu de temps. Donc, après mes heures de wwoofing, je me dépêchais de me composer un costume…
Teinture
Depuis quelques mois, je filais de la laine que m’avait donnée Cécile, une amapienne, amie de Paul de Biolab Maraîchage.
On m’avait aussi donné quelques bassines à confitures, je les ai mises à contribution pour teindre, de même que celle en inox que j’avais achetée pour faire les savons.
Avec un petit groupe de wwoofers curieux de voire des teintures naturelles, nous avons teint les petits écheveaux que j’avais filés.
Lavage des laines
Je les ai d’abord lavés en testant la lessive de lierre que nous avions préparée. Le résultat a été plus que correct, bien que la laine était très grasse. En effet, je la file brute de tonte, c’est plus facile.
Teintures
Nous avons testés:
Les écorces et noyaux d’avocats que nous avions mangés
Les feuilles du pauvre noyer qui avait eu la mauvaise idée de pousser dans la serre en verre et qui faisait trop d’ombre aux poivrons…
Comme je teints de petites quantités, exceptionnellement, je le fais sur la cuisinière.
Enfin, certains bains se sont répétés dans différentes casseroles donnant une grande variété de couleurs… Le cuivre modifie les couleurs.
Résultat final
Quand j’ai pesé toutes ces laines, je n’avais pas plus que 400 grammes. En effet, au lavage, la laine perd plus du tiers de son poids. C’était, la graisse (lanoline), le suint (le parfum ou la mauvaise odeur, selon les goûts) et les poussières.
Maintenant, je file plus fin et je retords mes laines pour obtenir un meilleur résultat, c’est donc plus long.
Tissage
Le poncho
J’ai décidé d’aller au plus simple, un poncho, des guêtres, et une jupe…
Le poncho, je l’ai fait avec deux bandes sur mon métier Tissanova que j’ai réunies au crochet. Une des bandes avait des broderies incrustées lors du tissage avec les laines teintes naturellement. Ces dessins ressortaient sur un fond de trame blanche en laine de mouton et une chaîne d’alpaga beige. En outre, cela a été l’occasion de tester l’extension de mon métier Tissanova que m’a gentiment fait notre voisin à Loches. Cela a très bien fonctionné.
J’étais tellement pressée de terminer mon poncho que j’ai oublié de prendre des photographies de la première bande…
La deuxième bande, plus simple, alternait des rayures de différentes couleurs de laines plus ou moins épaisses.
Elle était un peu plus longue que la première. Pour cacher cette différence, j’ai décalé les deux bandes pendant le montage lors du voyage.
Les guêtres
Elles étaient constituées de deux rectangles crochetés avec la laine brute, non filée.
Puis, je les ai lavés et teints aux feuilles de noyer, ils ont été cousus au crochet pour faire des tubes avec une laine teinte à la garance.
En outre, les guêtres et les ponchos étaient effectivement utilisés en Amérique précolombienne, comme l’attestent les dessins de Guaman Poma de Ayala.
Costume pas fini, mais suffisant
Enfin, je n’ai pas terminé la jupe qui était crochetée de la même manière, j’ai tout de même obtenu un grand rectangle que j’ai teint à la ronce au Village Lacustre.
Je n’ai pas eu besoin de la jupe, car il faisait très chaud. Alors, j’ai mis un pantalon en coton teint en ecoprint au Brésil.
Je n’ai pas eu le temps de me faire les chaussures en feutres que j’avais projetées. Mais le feutre n’est arrivé que très récemment en Amérique Latine.
Je n’avais pas non plus de cuir sous la main pour me faire des tongs comme les Incas ou mieux des mocassins. Ce sera pour une prochaine fois.
Le voyage vers le Village Lacustre de Gletterens
En France, quand on veut éviter de passer par Paris, tout se complique, bien que quand on insiste dans les recherches, c’est possible. Les recherches ont été longues mais fructueuse, en partant 2 jours à l’avance.
Détour par Loches
Avant de repartir au Chili en novembre 2019, j’avais laissé un gros sac de tricots et tissages chez mes amis de l’Atelier de Joëlle à Loches.
Mes amis n’étaient pas là l’après-midi. Je suis donc passé le chercher comme convenu chez La Mère Lison.
Nemours – Montargis pas de problème, il y a des trains toutes les heures, j’arrive à la gare vers 9 heures, j’attends le suivant.
Maintenant, il y a tant de trains en retard, que l’on annonce ceux qui sont à l’heure…
Les déboires commencent
Montargis – Orléans, il n’y a plus de trains, mais un bus et plusieurs escaliers pour la sortie, pas d’ascenseurs, ni de rampe d’accès pour les handicapés. Ma grosse valise bleue se délabre. En essayant de lui faire passer les marches, la poignée s’est arrachée. J’arrive à l’arrêt de bus, il faut attendre 3 heures. Je m’installe à coudre mes guêtres, puis à lire.
Le bus arrive, pas d’aide pour mettre les bagages dans la soute. Le chauffeur ne dit pas bonjour, mais « Mettez votre masque« . Il n’est pas content, car il doit me rendre la monnaie qui pourrait le contaminer. La moitié des sièges ne peuvent pas être utilisés.
Arrivée à la Gare Routière d’Orléans, pas d’indications de la Gare SNCF, personne ne sait rien et je dois traîner mes deux valises et mon sac à dos.
Curieuse banalité à la gare d’Orléans
Une fois trouvée la gare, cachée dans un centre commercial, je veux acheter le billet Orléans – Tours. Les machines automatiques me disent que mes cartes bleues ne marchent pas. Quelle inquiétude! Je passe au bureau d’achat, heureusement cela a marché. Mais en sortant, le vigile ne voit pas que je dois tirer deux valises une par une et commence à me menacer.
Arrivée à Tours, il faut à nouveau sortir de la gare pour prendre un bus et il faut que j’arrive avant 19 heures, avant que la Mère Lison ne ferme.
Loches
Arrivée à Loches, je demande à l’employé de la gare s’il y a une consigne. Il dit que oui. J’arrive avec mes valises, il veut d’abord que je mette mon masque alors qu’il est bien protégé derrière une vitre. Puis, il me dit qu’il n’y a plus de consigne depuis les attentats. Je suis curieuse de savoir quand a eu lieu le dernier attentat à Loches, tranquille village de moins de 10.000 habitants?
Je dois donc traîner mes valises jusqu’à la Mère Lison pour ensuite revenir à la gare avec un gros sac en plus! Heureusement, arrivée sur la place du marché, je rencontre la police municipale qui ne peut pas m’aider, mais me dit de voir avec le restaurant. Le restaurant m’autorise à laisser mes valises sur leur terrasse pendant 10 petites minutes. Je file à la Mère Lison. Là-bas quelqu’un qui me connaît m’aide à ramener mon sac de tricots et mes valises jusqu’à la gare. Elle a vraiment été très gentille.
Drôle de tourisme
Retour à Tours en bus. Celui-ci passe par de nombreux petits villages aux gares abandonnées. Joli clocher en pierres à Courçay, je ne l’ai pas photographié, les photos prises depuis un bus ne rendent jamais bien…
Ce voyage est aussi la résistance à la soif. Je m’achète une petite bouteille d’eau au distributeur (il n’y en a pas de grandes). Paiement par carte sans contact pour éviter la contamination au virus…
Tours
De retour à la Gare SNCF de Tours, il est déjà plus de 20 heures. Le bureau de vente des tickets est déjà fermé. Les machines ne vendent que des tickets qui passent par Paris, alors que les trains qui vont à Lyon passent par Tours. Où est la logique? Jusqu’ici, j’avais évité Paris, je n’allais tout de même pas y retourner, et peut-être devoir changer de gare avec mes valises? C’était hors de question.
Bien sûr, je prends mon mal en patience, pensant y être en sécurité, je décide de passer la nuit dans la gare. Pas de toilettes, pas d’internet non plus, bien que j’étais assise dans la zone WIFI. Je voulais attendre le premier train pour Tours-Les Aubrais vers 6 heures.
Mauvaise idée, c’est devenu impossible en France. Plus de train de nuit, donc interdiction d’attendre. Un peu avant 23 heures arrivent 3 vigiles équipé d’un chien me réveille de mon état de somnolence et prétendent que je les retardent pour fermer la gare. Évidemment, ils n’ont pas autre chose à me proposer que de sortir, sans aide. Je crois qu’à leur place j’aurais eu honte. Mais, la honte semble aussi interdite aujourd’hui.
Nuit avec les SDF à Tours
Je traîne donc à nouveau, un à un, à moitié endormie, mes deux valises et mon sac de tricot, sans enlever mon sac à dos, vers la sortie de la gare. Je préfère rester dans le coin le mieux éclairé, c’est-à-dire juste devant la porte de la gare que les vigiles se sont empressés de fermer, à peine l’eus-je franchie.
Il y a bien des édifices qui ressemblent à des hôtels, ils sont sans doutes inabordables et semblent fermés, pas une fenêtre ne montre de lumière.
Un touriste me fait donner un billet de 5 euros par sa petite fille. Je me mets à écrire un premier jet de ce passage.
Un Africain passe à vélo, il écoute une chanson qui dit « Il faut réfléchir tout de suite« . C’est peut-être la chose la plus sensée que j’ai entendue aujourd’hui!
Que faire?
Maintenant, je ne pouvais plus me permettre de fermer l’oeil. Heureusement, je n’avais pas froid aux pieds avec mes guêtres. D’abord, j’étudiais un peu la situation. J’ai osé aller parler un peu avec un chauffeur de taxi. Il me dit que l’on pouvait utiliser le WIFI du MacDonald du coin, mais cela ne marchait pas à cet horaire. J’essaie de me renseigner s’il y a des bus pour Lyon, il me conseille d’attendre le matin.
Parfois, des SDF me demandaient des cigarettes, malheureusement pour eux, je ne fume pas. Ils repartaient déçus. Il y en a un qui trouvait chouettes mes vieilles crocs. Il y avait du monde qui passait…
Ne pas perdre de temps
Voyant que mon coin était tout de même assez tranquille, je me suis décidée à chercher mon gros sac vert qui était dans la petite valise noire et à répartir les tricots récupérés à Loches entre ce sac et la petite valise noire.
Puis, je cherchais les morceaux de mon poncho-déguisement, un crochet et de la laine pour faire les finitions, profitant de l’éclairage nocturne de la gare vide, peuplée de vigiles sans pitié pour les clients qui en fin de compte paient leurs salaires.
J’ai donc tricoté, assise sur ma valise, jusqu’à 5h30, heure à laquelle les vigiles daignent ouvrir les portes.
Que penser de cette nuit?
Tout cela donne l’impression d’une perte de qualité du service. La sécurité concerne le bâtiment, mais non les usagers et clients. Pourtant, tout cela est payé par nos achats et bien sûr nos impôts.
Signalétique hermétique
De curieux pictogrammes souvent liés au COVID 19 ont fait leur apparition un peu partout, même sur le sol. Ils sont si peu évidents que des affiches les expliquent. Cela a dû être rentable pour les designers qui les ont conçus.
Comment les archéologues du futur interprèteront-ils tout cela dans quelques milliers d’années?
Je pense à la nouvelle de Primo Levi, où il imagine des archéologues du futur qui redécouvre Pompéi à nouveau couvert de cendres après une répétition moderne de l’explosion du Vésuve, et ils analysent les différents appareils photographiques des touristes en se posant des questions insolubles…
Tours Les Aubrais – Lyon – Genève
Après une nuit pleine d’inquiétude, je prends une des premières navettes pour Tours-Les Aubrais. J’en profite pour enfin pouvoir aller aux toilettes dans le train.
Par chance, là j’arrive à obtenir de l’aide auprès d’une employée qui sait comment faire sortir de la machine à tickets toute une série de billets pour aller jusqu’à Genève, sans passer par Paris.
On dirait que le système s’est un peu dégrippé! Elle a même la gentillesse de m’autoriser à laisser mes bagages au pied de l’escalier le temps d’aller m’acheter quelque chose à manger. J’avais terriblement faim, je n’avais rien mangé depuis la veille à 6 heures… D’autant plus que les dernières heures avaient été très sportives.
Car, il semble qu’il faille être en excellente santé pour voyager dans les transport en commun en France.
Cette fois, le train est bondé, il a récupéré les passagers d’un autre train en retard pour avoir croisé le passage malencontreux d’un chevreuil inattentif. Là encore, le personnel était débordé, mais très accommodant… Voyage assise sur ma valise, car je n’étais pas montée dans la bonne voiture…
Lyon
Changement de train à Lyon, mon pied glisse entre le quai et le train. Une de mes chaussures tombe sur la voie. Je n’en ai pas d’autres. Heureusement, un employé me la ramasse une fois le train partie. Je suis bonne pour une remarquable série de bleus sur la jambequi m’accompagneront pendant 15 jours.
Cela n’aurait pas eu lieu en Suisse où les trains ont de petites extensions devant les portes pour éviter les chûtes, même quand on est chargé.
Enfin, j’espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon périple. Mais, vu le prix des transports, il me semblerait normal de recevoir un meilleur service. Ce service est-il encore public?
Arrivée en Suisse
Je suis tellement fatiguée par la nuit devant la porte de la Gare de Tours, que j’ai dormi une grande partie du voyage. Je n’ai pas pu profiter du paysage.
Passage de la douane à Genève sans problème. Recherche du prochain train pour Fribourg. Ici, les choses sont beaucoup plus faciles, malgré les indications en allemand. Il y a des rampes et aussi souvent des ascenseurs. Et les gens aident spontanément, ce qui est très appréciable.
Près du but
Je reprends contact avec François et Jacques, ce dernier me réponds par message qu’il a eu de gros soucis de santé et que je dois appeler au Village Lacustre. François a aussi eu un accident peu auparavant. J’arrivais un jour avant les Rencontres Préhistoriques, au Village Lacustre, comme me l’avais conseillé Jacques.
À Fribourg, j’ai pris un train pour Estavayer le Lac, car un autre ami wwoofer suisse m’en avait parlé, au lieu de me baser sur le plan du site. J’aurais plutôt dû descendre à Payerne ou avoir pris un bus pour Gletterens à Fribourg.
J’arrive à Estavayer le Lac vers 21 heures. Pour descendre du train une dame me dit « ¿La puedo ayudar? », c’était une Chilienne qui vit en Espagne. La gare est déserte et je ne sais pas où passer la nuit… Heureusement, elle me donne le numéro d’un taxi. Celui m’a aidé à trouver une chambre d’hôtel et m’y a amené.
Je me retrouve dans un hôtel sur une aire de repos d’autoroute. L’hôtel est un peu cher (130 Francs Suisses), mais quel repos après toutes ces heures de voyage mouvementé.
Arrivée au Village Lacustre de Gletterens
Le matin, depuis l’hôtel, j’appelle le Village Lacustre, car je ne savais pas comment faire pour y arriver. Jack, un des animateurs-médiateurs culturels, passera me chercher vers 14 heures.
À partir de 11 heures, je sors avec tous mes bagages et je m’installe pour terminer mon poncho, car je n’avais pas encore réuni les deux bandes. Je le fais par une couture au crochet.
Juste au moment où j’ai fini mon poncho, Jack du Village Lacustre apparaît. Il m’a tout de suite amenée à Gletterens et j’ai pu faire connaissance avec d’autres membres de cette sympathique équipe.
Le Village Lacustre de Gletterens
Les abris préhistoriques
Il y a un, un peu caché sous les arbres, à côté des autres habitations du village lacustre. Un peu trop caché, certains visiteurs ne le voient pas.
Il y en 3 autres à côtés des tipees qui sont habituellement loués à la nuit. J’ai dormi dans l’un d’eux pendant le temps des Rencontres Préhistoriques. J’ai trouvé cela si agréable que j’aimerai bien qu’on en construise un à Biolab Maraîchage.
La structure
En effet, la structure en bois est facile à monter avec des branches droites et souples attachées, maintenant avec des ficelles, durant la préhistoire avec des lanières en cuir, des nerfs d’animaux ou des cordes végétales.
Cela ressemble à un igloo couvert de peaux d’animaux. C’était sans doute un matériaux courant à l’époque. Les animateurs m’ont raconté qu’ils avaient acheté à bas prix des peaux invendables à une tannerie qui avait été inondée.
Il y au milieu du toit un carré d’un mètre environ, couvert par une bâche en plastique transparent que l’on peut ouvrir et refermer, laisse entrer la lumière.
Le sol
Le sol est recouvert de BRF (bois raméal fragmenté), ou pour le dire plus simplement de copeaux.
Surprenant, ces abris sont suffisamment grands pour que l’on tienne debout, on peut y dormir à plusieurs. Ils sont très étanches, même en cas d’orage…
Les différents types de maison du Village Lacustre de Gletterens
Ce sont des maisons en bois et terre/paille. Elles ont été construites suivant des modèles de bâtiments dont on a retrouvé les traces lors de fouilles.
Si les plans sont précis, grâce aux implantations des pilotis et poutres retrouvés dans les lacs des alentours. Les toits sont des suppositions fort probables, ils n’ont malheureusement pas été conservés.
Les maisons près de la fontaine
Dès le petit pont de l’entrée, on découvre une petite maison sur pilotis, décorée.
En outre, il y a trois autres maisons plus grandes et un petit bâtiment qui sert de réserve dans la zone centrale, près d’un point d’eau.
Ces bâtiments servent pour les animations et ateliers (feu, peinture, tissage…).
Pendant les quelques jours des Rencontres Préhistoriques, il y a eu aussi un tipee en cuir tanné àla cervelle et construit par l’un des participants, c’était un des centres d’activités du Village Lacustre, on y taillait des silex, faisait de la céramique et polissait des haches…
La maison du bronze
Derrière une haie, il y a dernière venue, la Maison du Bronze, avec le four à bronze et l’atelier de tissage. je ne sais pas pourquoi, j’ai oublié de la photographier. Sans doute est-ce parce que ce qui se passait à l’intérieur était plus important.
Doris, vient de m’envoyer deux photographies.
Voici un joli détail d’une porte.
En outre, des panneaux à l’entrée indiquent comment ont été construits les différents édifices et les dates auxquels ils correspondent. Ces panneaux sont bilingues français/allemand. Ils sont complétés par des brochures distribuées à l’entrée.
Le jardin néolithique du Village Lacustre
Il a une forme de mandala, c’est plus joli ainsi…
Son but est de réunir des plantes cultivées au néolithique. Car, les fouilles récentes ont mis à jour de nombreuses graines et des restes de plantes médicinales, à fibres et tinctoriales.
En effet, le bouillon blanc jolie plante médicinale ne pouvait pas manquer à l’entrée. Ses feuilles étaient utiles au moment d’aller au toilettes quand le papier hygiénique n’existait pas encore.
Donc, on y voit du lin, dont les fibres étaient déjà très utilisées pour les vêtements et les graines pour l’alimentation. Maintenant, on doit choisir soit la production de fibres ou celle de graines.
À côté, sont aussi présentes des céréales et des légumineuses anciennes, base de l’alimentation à l’époque. Les chaumes des céréales et d’autres graminées servaient certainement pour les toitures.
Une belle touffe de cardères (cabaret aux oiseaux) donne un peu de relief. Les boules de graines, servaient jusqu’il y a peu à carder la laine.
Lors de mon voyage en Équateur, à Otavalo, ville spécialisée dans l’activité textile, j’ai vu un outil équipé de boule de cardère. Frotter une toile en laine avec cet appareil, arrache de petites fibres et rend le textile légèrement poilu. Ce type de finition est très apprécié.
Le beau n’exclut pas l’utilitaire
Ce jardin n’oublie pas les fleurs qui ont aussi leur rôle à jouer dans la protection des cultures.
Les graines de plantes anciennes proviennent de la fondation Pro Specie Rara, qui aide à la diffusion d’espèces agricoles. Elle fournit des semences au Village Lacustre de Gletterens et lors de la récolte, les animateurs renvoient à la Fondation une partie des graines.
Bien que ce jardin semble modeste, il demande beaucoup de travail et n’est malheureusement pas épargné par les rongeurs qui semblent l’apprécier un peu trop.
Les haies ont aussi été plantées d’arbustes spécialement choisis pour leur utilisation au néolithique, par exemple bois de flèches, manche d’outils… Elles sont vraiment très belles et j’ai eu du mal à choisir la photographie… Jack les entretient tout le long de l’année.
Les ateliers du Village Lacustre
Je n’ai malheureusement pas pris de photographies des ateliers. Il y en a destinés aux enfants, comme la peinture avec des ocres… Pour les plus grands, il y a le feu, le tir de sagaie, la taille de silex… Même les adultes apprécient ces initiations à des techniques mythiques.
Ces ateliers ont généralement lieu l’après-midi.
Enfin, le Village Lacustre de Gletterens fait aussi l’objet de nombreuses visites scolaires.
En outre, il y a des échanges avec d’autres musées.
Les tipees et abris préhistoriques
Il y a trois abris préhistoriques, tels que je les ai décrits antérieurement. M’y voici installée pour 15 jours merveilleux.
En outre, il y a deux modèles de tipees, un petit et deux grands. Ils sont vraiment imposants.
Bien sûr, ils sont plus lumineux à l’intérieur, mais ils semblent moins étanches à la pluie. De même que les abris préhistoriques, le sol est garni de copeaux de bois.
Ils sont démontés à la mauvaise saison et remontés au printemps.
Normalement, ils sont loués à la nuit, mais exceptionnellement nous, les participants des Rencontres Préhistoriques, y avons été logés pendant ces jours.
Les Rencontres Préhistoriques
D’abord, elles permettent aux visiteurs d’en savoir un peu plus en voyant en direct des techniques que l’on voit habituellement seulement dans des documentaires, ou même parfois des techniques inconnues du grand public, telle que le tannage à la cervelle.
Ainsi, les visiteurs ont aussi la possibilité d’assouvir leur soif de connaissances en posant des questions. Par chance, ce n’étaient pas des touristes pressés comme au Chili, ils oubliaient de regarder le portable…
Ensuite, ces rencontres sont passionnantes pour les animateurs et les chercheurs qui peuvent prendre le temps de se perfectionner en partageant avec leurs pairs des détails techniques et des questions qui les font progresser dans leur pratique de tous les jours. C’était vraiment très enrichissant.
Les spécialistes font des découvertes notables chaque année et comparent leurs résultats.
Les techniques représentées au Village Lacustre
Le bronze
C’est certainement la technique la plus spectaculaire.
J’ai pris tant de photographies, que je crois que je vais devoir y consacrer un article entier. C’est vraiment trop beau pour n’y consacrer qu’un chapitre ici.
La taille de silex et le feu
Deux des techniques préhistoriques les plus anciennes étaient très bien représentées au Village Lacustre de Gletterens.
Éric enseignait à qui voulait le suivre tous les détails de la taille du silex. Il avait fait un admirable pendentif salamandre en silex.
Puis, il enseignait les différentes méthodes pour produire du feu.
Un peu de musique
Enfin, il faisait sonner toute une série de répliques d’instruments de musique préhistoriques. Les éventuels clients ne pouvaient pas les essayer à cause du COVID! Quelle ironie!
Il a aussi fait une démonstration d’abattage d’arbre à la hache de pierre. Un aulne à été choisi.
Le tannage à la cervelle
Dominique, le tanneur, est chimiste de formation. Je suis vraiment très contente d’avoir rencontré un chimiste. Car, beaucoup de mes problèmes d’artisanat, sont des problèmes de chimie. De plus, il s’intéressait aussi aux colorants.
Depuis longtemps, je cherchais des informations sur le tannage des peaux et je n’en ai trouvé que très peu d’utiles. Dominique a publié un petit livre très concret à ce sujet, disponible sur le site d’Éric.
La technique est simple, elle requiert surtout du temps, de la force et de la patience…
Il a aussi fait des démonstrations de tannage à la cervelle, telle que la pratique encore les Indiens d’Amérique du Nord. Il a tanné la fourrure d’un daim. Le résultat semble meilleur que le tannage à l’alun et ne présente pas la toxicité des sels de chrome qui sont le plus souvent utilisés en tannerie depuis le XIXème siècle.
Les frondes
Là, il y avait aussi Pierre, le spécialiste des frondes. Il faisait des démonstrations de tir à la fronde avec des modèles du monde entier.
Pierre a aussi profité pour apprendre auprès d’Éric plusieurs technique de taille de silex. Il a appris à filer au fuseau et pourra ainsi filer les fibres qu’il utilise dans ses frondes.
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visiter son facebook.
Tissage aux tablettes
Carole, une des animatrices du Village Lacustre faisait des démonstrations de tissage aux tablettes.
Cette technique dite « primitive » est apparue un peu partout dans le monde, elle permet de tisser notamment des galons très complexes, grâce à des tablettes généralement percées de 4 trous. Cela permet de gérer de différentes manières des chaînes de différentes couleurs. En faisant tourner les tablettes, on obtient des dessins qui peuvent même être double face.
Ce type de métier est vraiment peu encombrant (il peut tenir dans une poche) et permet de tisser n’importe où à partir du moment que l’on trouve un point d’attache pour la chaîne. Il est l’idéal pour les nomades.
Je n’ai pas encore pu pratiquer ce type de tissage. Mais grâce à mes amis les bronziers, j’ai pu acheter des métiers à tablettes et des livres pour m’y former.
Fibres de liber de tilleuls
Les fibres de liber de végétaux ont fait partie des premières fibres utilisées par nos ancêtres.
Elles deviennent rares aujourd’hui, car elles exigent l’abattage de l’arbre. En effet, la circulation de la sève dans les végétaux passe par le cambium, c’est-à-dire, la partie interne de l’écorce. C’est justement cela qui est utilisé dans ce cas. Le tilleul est l’un des arbres les plus apprécié depuis des temps immémoriaux. C’était parfois un arbre sacré.
L’écorce est arrachée tout autour du tronc, par segment verticaux, normalement sur l’arbre avant d’être abattu, si possible en mai-juin. Cette écorce est mise à rouir dans de l’eau pendant un certain temps. Alors, les fibres du liber se sépare de l’écorce.
On m’a raconté au Village Lacustre que le tilleul n’est pas très apprécié des forestiers qui sont souvent contents de s’en débarrasser. Cela peut donner l’occasion de récupérer le liber.
Pour cela, on laisse tremper dans de l’eau les écorces. Des fils se séparent en plusieurs couches, on les sépare, les fait sécher. On peut les tresser, les travailler en vannerie et plus difficilement les filer.
J’en ai ramené un peu.
C’est l’une de mes découvertes au Village Lacustre. Cependant, c’est un produit assez rare et je n’ai pas tenté de le teindre. Mais, cela ne doit pas différer beaucoup du raphia.
Cela ressemble un peu à du raphia, mais c’est plus difficile à travailler.
Les liber d’autres plantes peuvent aussi être utilisés. Á titre indicatif, j’ai vu mentionnés les liber de cigüe et de chêne…
Je viens de découvrir le site du musée d’Albersdorf, au Nord de l’Allemagne qui donne des informations très intéressantes sur les techniques employées pour le tissage de ce type de vêtements.
Poterie et autres activités
Auprès du tipee en cuir, il y avait un groupe de jeunes qui pratiquaient aussi bien le tannage, la taille du bois, la poterie et fabriquait leur habillement.
Pauline avait fait ainsi en terre cuite de jolis verres à boire avec des éclats de mica qui brillaient.
Un autre s’est taillé au couteau une navette pour tisser un filet… ainsi que d’autres outils en bois.
La teinture
Bien sûr, je faisais moi aussi, mes démonstrations.
Nous avons teint de la laine et du raphia avec de la ronce, différentes plantes à tannins, de la cochenille, du bois de Campêche et un champignon que j’ai trouvé près de la fontaine.
Un mélange de plantes à tannins a ainsi permit de donner une patine ancienne à une reproduction de flûte en os d’Éric.
Bien sûr, la cochenille et le bois de Campêche sont exotiques. Mais ils faisaient partie de l’arsenal tinctorial des sociétés très anciennes des Amériques et notamment du Mexique d’où ils sont originaires.
En outre, il existait des parents de la cochenille en Europe, notamment les cochenilles dites de Pologne (mais présente un peu partout en Europe) et celles dites d’Arménie. Le Kermès, récolté sur certains chênes des régions méditerranéennes, avait sans doute éveillé l’intérêt des peuples anciens…
Ecoprint
S’il n’y a pas de traces d’ecoprint anciens que je sache, il est fort probable que des taches végétales aient mis les premiers humains sur la voie de la teinture.
Donc, cette technique nous a permet de découvrir les pouvoirs tinctoriaux des plantes locales et de personnaliser nos vêtements. Éric, le tailleur de pierres et Dominique le tanneur ont ainsi redonné vie à leurs vieux tee-shirts et pantalons en les personnalisant ainsi.
Ainsi, nous avons testé, le camerisier à balais, la viorne classique, la viorne lantane (idéale pour la fabrication de flèches), le cornouiller sanguin, le frêne, le charme, noisetiers, saule, bourdaine, chêne, noyer, champignons, ronces et aulnes.
Bon nombre de ces plantes ont été plantées spécialement au Village Lacustre et y sont protégées, car elles étaient fort utiles pendant la préhistoire. On en a retrouvé les traces lors des fouilles archéologiques dans les nombreux villages lacustres retrouvés dans la zone.
Cela a été l’occasion de parfaire mes connaissances en botanique. Enfin, j’ai pu voir en réalité des plantes que savais tinctoriales, mais que je n’avais jamais vues, ou j’étais passée devant sans les reconnaître. Par exemple, Dominique le tanneur, m’a présentée la bourdaine, un des arbustes qui donnent les graines d’Avignon.
La filature
Une amie de François m’a amenée un jour un drap plein de laine, déjà lavée. Elle provenait de moutons valais, une vieille race locale. Cette laine serait très intéressante pour faire des inclusion dans du feutre.
Elle savait filer au rouet, mais pas au fuseau, elle a vite appris et elle est repartie avec un fuseau que lui avait vendu Éric, le tailleur de silex.
J’ai aussi un peu filé pour faire des tests de teinture.
Crochet
Il semble que le crochet est une technique qui proviennent de l’Inde. Mais, je ne sais pas si elle remonte au néolithique. Mes guêtres ont beaucoup plu à mes amis bronziers. C’est vrai qu’elles tiennent chaud. Alors, ils m’en ont commandé deux paires… J’ai réussi à en faire une paire avec la laine que j’avais, la seconde je viens de l’envoyer.
Tissage de gaze
J’avais acheté un livre sur les techniques de gazes, lors de mon voyage au Pérou.
J’ai donc essayé de tisser un échantillon des techniques montrées dans ce livre, en me basant aussi sur les dessins de Raoult d’Harcourt et ce que m’avaient montré des amies Diaguitas qui faisaient des « peleros« , sortes de couvertures épaisses à mettre entre le dos du cheval et la selle.
Fin des teintures
Après les Rencontres Préhistoriques, je suis restée quelques jours encore au Village Lacustre. Je déménageais de l’abri préhistorique vers la yourte de mes amis bronziers.
J’ai terminé des essais de teintures en cours, notamment avec le champignon xylophage de la fontaine et la sciure de bois. Le champignon a donné un beige un peu décevant.
Dans la sciure, j’ai laisser teindre à froid un ecoprint que mes amis ont développé après une semaine.
Je recevrai quelques jours après mon retour une photographie du résultat.
Visite au Latenium
J’ai souvent entendu parler du Latenium, grand musée de Neuchatel. Il aurait été dommage de repartir sans aller le voir.
Je suis donc partie pour Neuchatel, j’ai traversé le lac en bateau, c’est très joli.
Puis, j’ai pris un tramway pour le Latenium. Ce musée est très grand. J’y ai vu beaucoup de choses intéressantes, notamment au niveau des textiles.
J’y ai découvert un autre outil pour faire des filets.
Enfin, la librairie de ce musée est vraiment très fournie et j’ai eu beaucoup de mal à me retenir d’acheter quelques libres.
Ensuite, je suis allée acheter un charriot pour pouvoir transporter plus facilement mon sac vert. J’avais beaucoup allégé mes bagages grâce aux ventes des tricots. Mais, je repartais avec de nouvelles laines, un peu de cuir et quelques livres, dont ceux de Françoise Rossel que je vous recommande chaudement.
Rencontre avec une possible cliente
Peu de temps avant mon départ pour le Village Lacustre de Gletterens, je reçois un mail d’une artiste suisse qui désirait découvrir l’ecoprint.
Alors, je lui ai aussi donné rendez-vous au Village Lacustre. Je lui est montré quelques un de mes ecoprint et elle m’a montré des photographies de quelques unes de ses œuvres qui m’ont beaucoup plu.
Nous avons aussi éclairci quelques difficultés pour la réalisation de son projet. Enfin, je pense que je vais bientôt faire des tests en grandes dimensions, car je viens de m’équiper pour cela.
Divers
Entre les différentes activités de nombreux participants s’exerçaient au tir de sagaies, à l’arc ou à la fronde.
Nous avons aussi eu le plaisir d’assister à un concert de polyphonie avec le groupe de François Rossel. Ce fut un surprenant voyage musical qui allait de l’Espagne à la Turquie avec de nombreuses étapes.
Suite du voyage
Départ du Village Lacustre
Lors de conversations sur les textiles, le nom de Hallstatt est revenu plusieurs fois. Doris m’a montré des photographies de textiles préhistoriques extrêmement bien conservés.
Cela m’a donné très envie d’y aller. C’est en Autriche, c’est plus proche de Gletterens que de Paris. Et, je ne sais pas quand j’aurais pu y aller par la suite.
J’ai étudié les plans et les solutions de transport proposés. J’ai trouvé un bus qui allait trois fois par semaine de Berne à Salzbourg, beaucoup plus économique que le train.
Je suis donc partie de bonne heure pour Berne avec mon sac à dos, seulement avec ma petite tente et mon sac de couchage et un des livres de François. J’ai laissé l’ordinateur sous la protection de Doris, car il était trop lourd. J’ai bien fait, je ne l’aurais pas utilisé.
Berne
Je suis arrivée à Berne vers midi.
Je suis arrivée à la gare routière vers 13 heures, j’avais quelques heures d’avance. Serait-ce l’effet du COVID, cette gare routière était complètement déserte. Tous les bureaux étaient fermés. Les horaires indiqués n’étaient pas à jour.
Une jeune fille est arrivée à vélo, je croyais qu’elle venait ouvrir le bureau d’une compagnie de bus. En réalité, elle était originaire de Chevroux, village voisin de Gletterens, connaissait Jacques des textiles anciens et venait chercher une amie qui devait arriver en bus.
Je n’avais pas fini d’attendre. Mais, enfin le bus arrive. Petit problème: les chauffeurs ne parlent que slovaque (le bus continuait vers Bratislava, après Salzbourg). Par chance, j’ai étudié le polonais, il y a plus de 30 ans, je les comprends. Mais, je n’avais pas acheté le ticket par internet et il fallait l’avoir imprimé. Il y avait peu de voyageurs, ils m’ont proposé payer 50 francs suisses. Je n’en croyait pas mes souvenirs linguistiques, c’était moins cher que si j’avais acheté le ticket par internet.
Le train m’aurait coûté 135 francs suisses, mais avec départ immédiat.
Je m’embarque donc pour Salzbourg. J’y arrive à 2 heures du matin, à un arrêt de bus.
Salzbourg
Alors, il faut que j’arrive à la gare ferroviaire. Heureusement, un taxi attend tout près. Il m’y emmène. La gare était assez loin, mais elle était ouverte, contrairement aux gares françaises. J’achète un billet pour Hallstatt. J’ai un premier train vers 4 heures du matin et je dois faire un changement. J’arrive à la station de Hallstatt vers 7 heures du matin.
Le deuxième train passe par de nombreux villages bordant des lacs. Le jour se lève à peine, le brouillard s’effiloche peu à peu sur les montagnes et les lacs. C’est vraiment très beau. Cela donne envie de descendre à presque chaque gare.
La gare d’Hallstatt est en fait située de l’autre côté du lac. Il fallait donc prendre un bateau. Il suffit de descendre un peu pour trouver le quai, mais c’est très mal indiqué.
Le bateau
Pour prendre le bateau, je patiente en prenant quelques photographie de la flore sauvage très abondante et du village que l’on aperçoit de l’autre côté du lac.
Enfin, j’arrive au village vers 9 h 30, c’est trop tôt pour prétendre prendre un petit déjeuner, il faut arriver presque au bout du village pour trouver un endroit où manger.
Il y a déjà beaucoup de touristes qui circulent dans les rues de ce village qui ressemble à un décor de conte de fées. Il me faut encore attendre pour visiter le musée.
Hallstatt
Le sel historique
Hallstatt est un village très (presque trop) touristique. Il est connu depuis la préhistoire pour ses mines de sel qui ont fait sa fortune.
En effet, le sel était jusqu’à il y a quelques siècles, un produit rare, longtemps contrebandé… Il explique l’éthymologie du mot « salaire« . Il a longtemps servi de monnaie. Tradition reprise par certaines monnaies locales alternatives.
D’une part, certains mineurs ont été enterrés accidentellement lors d’effondrements de galeries et le sel les ont conservés. D’autre part, les populations locales qui vivaient souvent dans les mines y enterraient aussi leurs morts.
Le sel est connu pour ses vertus de conservateur depuis la préhistoire. C’est bon pour les jambons, mais aussi pour les textiles.
Des découvertes inestimables
Des centaines de découvertes précieuses ont été faites en parfait état. Elles ont permis de faire de grands pas dans la connaissance de la vie courante au néolithique.
Non seulement des outils et des bijoux ont été découverts. Mais aussi, des vêtements, des chaussures, des paniers servant à transporter le sel… et, même des excréments qui ont permis de découvrir le régime alimentaire de ces gens.
Ces mines ont connues différentes vagues d’effondrement, d’inondations et d’éboulements qui ont attiré l’attention sur les découvertes dès la fin du XVIIIème siècle. Des directeurs éclairés des mines ont fait tout leur possible pour préserver ces découvertes.
Le musée
Certes, le musée est un peu petit, présente un peu de ces découvertes. J’aurai aimé en voir un peu plus. On m’a dit qu’il y en avait certainement plus à Vienne… Ce sera pour un autre voyage.
J’aurai peut-être dû aller visiter la mine, dans laquelle on monte par un téléphérique. La queue était longue, mais le prix (32 euros) un peu trop élevé à mon goût.
Il y avait bien sûr beaucoup de boutiques pour touristes avec des articles en bois et du sel sous toutes les formes et de toutes les couleurs… Les maisons ont gardé leur style anciens.
Je viens de recevoir un lien de www.academia.edu pour un article sur les textiles de Hallstatt. Ces textiles sont si beau que je dois partager ce lien.
Retour vers Murten
Vers 14 heures, je reprends le bateau pour retourner à la gare, c’est le meilleur chemin pour retourner à Salzbourg.
Je ferais tout le chemin de retour vers Murten, une petite ville proche du Village Lacustre, par des trains de nuit avec un changement à Innsbrück, où la gare est aussi ouverte la nuit.
Dans les temps d’attente, je savoure les livres de François. Vivement qu’il en publie un autre.
Murten
Mes amis les bronziers m’ont invité à passer chez eux, ils ont ramené mes bagages depuis le Village Lacustre. Cela m’a évité bien des efforts.
J’y passerai plusieurs jours, Martin avait un rouet à pédale. Je m’y suis entraînée et j’ai pu ainsi retordre plusieurs pelotes, beaucoup plus vite qu’au fuseau.
Il y avait aussi une cardeuse et d’autre accessoires. Ils avait aussi fait du feutre. Du très beau matériel.
Doris a appris à filer au fuseau. Cela lui a plu.
Des rouets, j’en ai vu beaucoup au Marché au Puces de Murten, mais je ne vois pas comment j’aurais pu en ramener un avec tous mes bagages.
Les boutiques de laines
Le dernier jour chez eux, ils m’ont invité à visiter deux boutiques de laines et fibres dans d’autres provinces. Les paysages étaient très beaux.
Les boutiques étaient vraiment très intéressantes. Il y avait un très grand choix de fibres de luxe, de nombreuses variétés de laine de mouton.
Première boutique
Dans la première, nous avons pu voir la salle de cardage.
Nous avons aussi visité la salle de lavage des laines. Le spécialiste nous a donné des informations intéressantes que j’appliquerai certainement lors du prochain lavage.
J’ai pu acheter de la soie, de la ramie, de l’angora en ruban prêt à filer. Assez peu, mais suffisamment pour les tester. J’y ai aussi trouvé des métiers à tablettes, des lucettes et un fuseau turc que je cherchais depuis longtemps.
Il y avait aussi une grande variété de métiers à tisser, de rouets et autres accessoires, nous avons bien dû y passer 2 heures, sans nous en rendre compte, tellement il y avait de choses intéressantes.
Deuxième boutique
Dans la deuxième boutique, j’ai acheté surtout des fils de soie et de lin prêt à tisser, que je pourrais teindre naturellement. J’y ai trouvé encore quelques accessoires de tissage et surtout des livres sur les techniques de tresse, la dentelle, la teinture et bien sûr les tablettes. J’ai de quoi approfondir mes connaissances à la fois en allemand et en textiles.
Ensuite, il m’a fallu aller chercher une nouvelle valise au Marché au Puces, j’avais déjà remplacé la bleue détraquée, et mes amis m’ont donné un nouveau sac à roulettes.
Retour en France
Bref, je vous épargne les déboires de mon retour à Chevrainvilliers, avec passage imprévu par Paris, dû à un déraillement de train de marchandises dangereuses dans la matinée…
Enfin, j’ai eu beaucoup de mal à abandonner la Suisse, le Village Lacustre de Gletterens et mes nouveaux amis Suisses. Tous mes remerciements à cette merveilleuse équipe très dévouée.
J’espère que ce lieu pourra se maintenir financièrement, car le fameux virus a provoqué de nombreuses annulations d’activités et par conséquent des pertes. Ce serait dommage qu’un lieu pareil vienne à disparaître…
Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu rencontrer Jacques, le spécialiste des textiles anciens. Je lui souhaite de tout cœur un bon rétablissement.
/// Le temps passe /// —- Encore en cours de rédaction, déjà remis à jour le 15/11/2020 — Début de rédaction le 9 novembre 2020 — ce projet ne fait que commencer… Dernier article sur les Ronces Prochain article… Purins ou Filature, lequel préférez-vous? Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’à ce que les vagues de confinement se calment Organisons donc des ateliers! C’est facile
Plus passe le temps…
Depuis quelques temps, je restais muette sur ce site, cela est dû à des difficultés d’accès à l’internet. Je privilégiais donc mes cours de Japonais et découvrais des manières de travailler hors ligne. Je viens d’ailleurs d’écrire cet article hors ligne.
Voici quelques chansons un peu oubliées de Leo Ferré, Jacques Brel, Georges Moustaki et Georges Brassens… Quelques chanteurs poêtes que j’ai eu la curieuse surprise de constater, qu’ils n’étaient souvent pas connus des wwoofers! Cependant, ils restent d’actualité…
J’ai aussi appris à
apprécier le temps, à mieux m’organiser et éliminer certaines
pertes de temps et beaucoup de dispersion. Cela m’a laissé plus de
temps pour lire sur des sujets qui m’intéressent.
Plus passe le temps, mieux je comprends
le principe d’entropie qui, en chimie, désigne la
tendance au désordre et à la perte d’énergie. J’ai découvert
cette expression au Palais de la Découverte, lors d’une conférence
à laquelle j’assistais avec mon fils d’à peine 4 ans. L’entropie,
l’a emmené trop loin, maintenant.
Plus de 30 ans après, ce
magnifique musée semble au bord du démantèlement. Et, le terme
d’entropie prend de plus en plus d’importance.
Ikigai 2
Ceci sera donc un article
de réflexions, peu comme celui sur mon ikigai.
Plus passe le temps, plus
j’apprécie le bon sens d’expressions populaires et de proverbes
chiliens parfois difficiles à traduire en français, mais lourdes de
sens.
Histoire de sauce tomate
Ces réflexions ont commencé à partir d’une sordide histoire de sauce tomate… Encore un bouc émissaire…
Étant chargée des courses pour le groupe de wwoofers, j’ai volontairement omis d’acheter de la sauce tomate au supermarché, étant donné que nous avions de pleines caisses de tomates fraîchement cueillie dans la serre. Ces dernières mûrissent, très, presque trop vite…
Je ne croyais pas que
j’allais provoquer un tel scandale… C’est tout de même
symptomatique de l’état de notre société.
Donc, ce fut tout un drame. Une wwoofeuse, qui n’est pourtant pas une gamine, a trouvé très spirituel de se plaindre au patron de l’absence de sauce tomate, bien indispensable à son bonheur spirituel, malgré l’abondance d’additifs peu recommandables, dans le genre glutamate mono sodique et autres colorants alimentaires…
Cependant, il lui semblait impossible qu’une sauce tomate maison puisse arriver à la cheville d’une sauce industrielle bas de gamme. Car telle était son exigence.
Goûts déformés
Il semblerait donc que nos goûts soient trop déformés. Je le comprends car ma fille de 9 ans que son père avait habitué à boire du lait en poudre, ne voulait pas boire du lait frais de vache de ma voisine à Limache, un vrai luxe pourtant très abordable. Il aurait été dommage de s’en priver…
Alors, j’ai moi-même été franchement surprise par la dureté de la chair d’un jeune poulet que j’avais moi-même élevé et qui n’avait pas plus de 6 mois. Bien sûr, il n’avait pas été gonflé aux hormones. Auparavant, le poulet rôti se faisait bouillir avant de passer au four…
Au fait, les tomates doivent-elles devenir toujours rouges? Eh bien , non. Nous en avons des jaunes, des jaunes rayées de vert et des oranges. Il en existe des blanches et des pourpres… C’est encore une histoire de biodiversité.
Un peu d’histoire, depuis combien de temps?
Il semble que cet élément culinaire est produit à base de tomates refusées à la vente. Ces mêmes tomates étant originaires d’Amérique Latine, nos cours royales n’ont pu en bénéficier que depuis la fin de la Renaissance… Et certainement, plus tard en Inde, pays qu’affectionne notre maître yogi.
Sous nos latitudes, à Chevrainvilliers 77 (et même à Limache, Quillota… zone centrale du Chili à climat méditerranéen), les tomates poussent mieux sous serre, comme elle a pu le constater elle-même chez Biolab Maraîchage…
Donc, il me semble que ce
n’est qu’au cours du XXème siècle bien avancé, que ce produit ne
s’est popularisé qu’avec le développement des supermarchés dans
les années 1960… et arrive sur la table du commun des mortels,
mais à quel prix?
Auparavant, les gens se
faisaient eux-mêmes leurs conserves et les appréciaient. Chacun
avait sa recette. Que de savoirs perdus!
“Ce que fais, vous saviez tous le faire”, Gilles Servat.
Manger local et de saison
Ces deux conditions sont celles que tentent d’appliquer nos clients, les Amapiens. Ils y ont réfléchi mûrement et ont dédié du temps et des compétences remarquable en organisation.
Il me semble que, nous les wwoofers, devrions profiter de leur avance, comme les cyclistes qui suivent les premiers font moins d’efforts en tirant profit des courants créés par leur prédécesseurs.
Alors, je suis certaine que beaucoup des Amapiens qui ont reçu jusqu’à 3 kilos de tomates par semaine cet été, ont fait des conserves de tomates pour l’hiver. Et quand leurs réserves seront épuisée, je en crois pas qu’ils iront acheter des tomates de l’hémisphère Sud ou de la sauce tomate industrielle.
Nous devrions suivre
l’exemple, d’autant qu’il existe de multiples recettes de sauces sans
tomates et avec des produits locaux et de saison. Il suffit d’être
un peu créatif.
En outre, nous avons parfois des wwoofers, chefs de profession, qui en demande qu’à partager…
Adaptations aux temps nouveaux
Avec les diverses formes
de confinement, l’engouement pour le Wwoofing n’est pas surprenant.
Cela donne parfois l’impression que certains ont trouvé une solution de squatte avantageuse. Mais, ils ne font pas de progrès dans leur réflexion.
En effet, cela me semble dommage. Car les conditions sont idéales pour mener à bien certaines recherches qui nous seront utiles très prochainement.
Alors, je dis bien recherche. Pas ces attitudes de fausse spiritualité de supermarché, ou la méditation semble un alibi bon marché pour ne rien faire.
Maintenant, des gens qui prétendent aller vers une nouvelle société plus spirituelle et plus naturelle ne comprennent pas que la sauce tomate n’apparaisse pas comme par magie dans le placard, car on est fatigué le soir.
Certes, nos ancêtres étaient certainement moins paresseux… Leur temps de travail ne se limitait à 5 ou 6 heures par jour. D’ailleurs, les plantes en connaissent pas les jours fériés. Les tomates mûrissent aussi le dimanche… Les choux-fleurs en demande pas d’autorisation pour fleurir à Pâques…
Pourquoi ne pas essayer d’en faire soi-même? C’est moins prestigieux que le pain indien accompagné de sauce curry au lait de coco, sans doute.
Mais le wwoofing,
notamment chez Biolab Maraîchage, doit être l’occasion de faire des
expériences avec ce que l’on a sous la main. Surtout, lorsque nous
disposons de produits bio et frais sur lesquels nous avons travaillé.
Justement, le fameux “ici et maintenant” que nous rabâche notre amatrice de spiritualité exotique. Moi, je le comprends comme faire avec ce que l’on (que d’autres nous envieraient bien).
Et s’il n’y avait que la
sauce tomate… Mais, il y aussi les petits pois. Nous en avons
récoltés 4 kilos, tout frais… Il n’y avait qu’à les éplucher
pour les faire cuire.
Et le soir que pourrait-on
manger? Des petits pois! Que fait notre ami wwoofer aux beaux
discours bien argumentés… Il plonge dans le placard pour en sortir
une boîte de conserve! Se rendant compte de sa bévue, il décide de
faire des pâtes… Les wwoofers n’ont pas voulu des petits pois, les
Amapiens les ont dégustés car ils savaient les épucher.
Sans compter que les conserves, ce genre de produits vernis aux phtalates est encore soudé au plomb, car on n’a pas encore trouvé mieux… vient encombrer nos poubelles et nos décharges publiques.
Malheureusement, il faut aussi voir l’envers du décor. Nous sommes loin du zéro déchet et de la réutilisation consciencieuse de ce qui pourrait l’être. Encore, une fois je vous recommande le film “Ady Gasy”. Nos amis Malgaches nous donne de sérieuses leçons à méditer.
Ce genre d’attitude
irresponsable me paraît d’autant plus grave que nous travaillons et
vendons exclusivement à des AMAP, c’est-à-dire à des consommateurs
responsables qui parfois viennent nous aider dans les champs. J’en ai
honte. Ce type de sentiment est peut-être dépassé…
Il me semble qu’il est grand temps de se réapproprier des connaissances qui nous permettent de profiter à fonds de ce que nous avons sous la main, même des légumes moches.
Heureusement, nous avons un voisin qui sait en tirer merveilleusement parti… Il jouit de chacune de ses tentatives et cela fait plaisir.
J’apprécie ceux qui aiment apprendre. Ne pas vouloir faire sa sauce tomate est un exemple d’incompétence acquise. Il n’y a pas de pire ignorant que celui qui veut le rester.
Son intérêt était à
très court terme, il fallait lui faire sa sauce (au risque qu’elle
en lui plaise pas) et non pas que nous la fassions ensemble. Cela
aurait été un petit progrès.
Je veux bien être une
ressource éducative mais pas lui mâcher la tache.
Les temps qui viennent
vont nécessiter des efforts…
Je mets d’ailleurs un point d’honneur à teindre, même des matières premières précieuses, avec des déchets. Ces déchets tinctoriaux poursuivront leur chemin entropique sur la butte de permaculture.
Et si un bain de teinture rate, cela arrive, je m’efforce de le récupérer.
Encore, à propos de la sauce tomate, devinez quoi? C’est comme la betterave, cela ne teint pas. Le lycopène, colorant rouge de la tomate s’unit avec les graisses et s’en vont donc avec le lavage où l’on s’efforce d’éliminer la graisse.
Pour cela, il faut savoir sortir de l’adolescence perpétuelle et prendre se responsabilités. Il faudrait sortir de l’état de girouette dans lequel nos portables voudraient nous cantonner.
Et encore une fois, la pratique est indispensable, elle permet d’améliorer le tir.
“Dichos”
Je passerai sur un certain nombre de situations inconfortables que je résumerai par des expressions populaires bien senties… Un peu dans le genre “Citations en vrac”.
Comme dirait Violeta
Parra “Le ponen sombrero a quien no
tiene cabeza”, “On leur met un
chapeau, alors qu’ils n’ont pas de tête”.
J’aime beaucoup
l’expression “Se ponen un parche antes
de la herida”, “Ils se mettent
pansement avant la blessure”.
Il y a aussi “Vamos
arando, le dijo la mosca al buey”, “Nous allons labourer, dit
la mouche au boeuf”.
Victor Jara disait: “Estar donde las papas queman” “Pucha que sería bueno haber tenido instrucción” “Être où les pomme de terre brûle les mains” du temps où l’on faisait cuire des pomme de terre sous la braise… “Ouais, qu’il aurait été bon d’avoir eu de l’instruction”
“Sacar las papas con
las manos del gato” “Sortir les pomme de terre du feu avec
les pates du chat”
“Palo porque boga y
palo porque no boga” Nicolás Guillen “Des coups parce qu’on
rame, des coups parce que l’on en rame pas”
Le tango “Cambalache”, avait semble-t-il déjà vu venir nos temps actuels.
“Este es capaz de
cualquier desaguisado” “Celui-là est capable de n’importe
quelle décuisson”
“Andando arreglaremos
la carga” “En chemin, nous arrangerons la charge”
“Está bien para un
pequeño país como este” “C’est bon pour un petit pays comme
cela”
“Mejor tener amigos
que dinero”, toujours vérifié “il vaut mieux avoir des amis
que de l’argent”
“Estando en la miel todo se pega” “Quand on est dans le miel tout colle”, miel remplace ici, par euphémie, la merde.
“Como muestra, un
botón”, “comme échantillon, un bouton”
“Un bien por un mal
se paga” Camilo Cesto “Un bien est payé par un mal”
“El cura Gatica que
predica y no practica” “Le curé Gatica qui fait des
prédications et en pratique pas”
“El diablo sabe más por viejo que por diablo” “Le diable en sait plus parce qu’il est vieux que parce qu’il est diable”.
Connaissez-vous « La ley del embudo, ancho por un lado y estrecho del otro » « La loi de l’entonnoir, large d’un côté et étroit de l’autre ». Sans doute une version plus imagée de « Deux poids, deux mesures ».
Antonio Machado a écrit: « Caminante, no hay camino, se hace el camino al andar » et « nunca es triste la verdad, lo único es que no tiene remedio » « Marcheur, il n’y a pas de chemin, on fait le chemin en marchant » et « La vérité n’est jamais triste, le seul problème, c’est qu’elle n’a pas de remède ».
« Chancho embarrado no quiere estarlo sólo » « Cochon couvert de boue ne veut pas l’être seul »
« No hay quien crezca más alla de lo que vale » « Personne ne peut atteindre plus haut que ce qu’il vaut » Silvio Rodriguez
« No hay mal que por bien no venga » « Il n’y a pas de mal qui ne se transforme en bien »
« No hay mal que dure 100 años, ni tonto que lo aguante » « Il n’y a pas de mal qui dure 1000, ni idiot qui le supporte »
« No hay detergente para las mentes sucias » « Il n’y a pas de lessive pour les esprits sales », la méditation ne sert pas dans ces cas-là…
« Todo se paga en esta vida » « Tout se paye dans cette vie »
« Cada uno sabe donde le aprieta el zapato » « Chacun sait où la chaussure le serre »
Ces expressions sont
intéressantes et peuvent vous être utiles, si par hasard, vous
voyagez au Chili.
Qu’en penser? le temps cours…
Alors, on me dit que je pense trop, mais il se trouve que j’aime penser, peut-être comme d’autres aiment boire… Et j’aime aussi partager mes pensées. Cela doit être triste de en pas penser.
Au Chili, on me dirait que
je suis conflictuelle.
Cet incident, une fois
dûment analysé, et les distances prises, m’aura franchement
beaucoup appris.
Il me semble qu’il
faudrait aussi lier les actions aux idées, quand on en a encore.
C’est là que le bât blesse. C’est plus dur, mais aussi plus
gratifiant.
Que de réflexions
produites par une simple absence de sauce tomate!
/// Ronces utiles /// Article du 3 mai 2020, modifi´é le 29 septembre 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départfin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2 mai000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Comme les ronces abondent ici, j’en ai déjà parlé dans plusieurs articles, le moment est venu de leur consacrer quelques pages dédiées. Car, cette plante précurseur de la forêt mérite tout notre intérêt et peut s’avérer très utile à plus d’un titre.
Après 3 mois de Wwoofing chez Biolab Maraîchage, et 2 mois de confinement, l’équipe de wwoofeurs s’étoffe. Il y a maintenant beaucoup d’énergie concentrée. Un proverbe dit: « Seul, on avance plus vite. À plusieurs, on va plus loin… » Chacun a ses compétences propres, ses intérêts et participe à sa façon.
Suite à la visite de Coralie, une amie de Paul Thierry, des sessions de teintures, filatures et tissage vont s’organiser.
Coralie aimera les ronces
Coralie est venue, dans un drôle de fourgon jaune, nous proposer de participer à un projet d’écovillage, près de Limoges, à Monts Blonds…
Alors, je lui ai demandé si elle avait déjà quelqu’un pour les teintures naturelles… et nous avons vite convenu d’organiser ensemble un petit atelier expérimental. Coralie aime le jaune. Et, les ronces qui nous envahissent peuvent donner du jaune. Elle fait partie des anciens collaborateurs de Biolab Maraîchage et des initiateurs du mandala aromatique.
Les ronces ont donc naturellement été choisies pour le premier essai, selon les volontés de l’intéressée, comme toujours. En effet, les quantités à teindre sont assez importantes, car elle veut se faire un tapis de yoga jaune. Pour teindre beaucoup de fibres, il ne faut pas choisir une matière première rare. Par chance, les ronces produisent beaucoup de biomasse.
Autant en profiter…
Les ronces : la matière tinctoriale choisie
Une fois la matière tinctoriale choisie, nous nous devons de mieux la connaître. Quelle chance, elles sont vraiment très abondantes ici.
Un peu de botanique sur les ronces
Il en existe une très grande variété, ici, à Chevrainvilliers, elles ont de grosses épines qui transpercent les chaussures. À Gletterens, en Suisse, elles étaient très graciles et ne faisaient que s’accrocher un peu.
Pour la teinture c’est aussi plus agréable, car les épines ne s’amollissent pas en cuisant. Il est vrai qu’il en est de même pour les chardons.
Où trouver des ronces ?
En effet, les ronces se développent un peu partout, avec d’autres épineux, elles préparent le terrain pour les espèces arbustives et les arbres. On les trouve donc souvent en bordure de forêts et de haies.
Elles ont la réputation de faire avancer la forêt et de disparaître au fur et à mesure qu’elles avancent… en cédant la place aux arbres.
Le numéro 64 de la revue « La Hulotte » nous explique comment les ronces se multiplient en partenariat notamment avec le renard.
Quelle partie des ronces choisir ?
Normalement, ce sont les jeunes pousses qui sont choisies, car elles concentrent les tanins dans un minimum de volume. Mais, les tanins ne disparaissent pas avec le développement de la plante, car celle-ci est incapable de les éliminer de leurs tissus. Donc, elles les stockent dans leurs tissus.
Par conséquent, cette fois-ci, je ne ferai pas le tri.
La récolte des ronces
Simultanément au projet de teinture à la ronce, il a été décidé de nettoyer une des façades de la serre en verre envahie par les ronces.
Gérard, l’oncle de Paul, s’y était déjà attaqué, il y a quelques mois à l’aide d’un sécateur géant. Mais, nos amies les ronces avait repris de plus belle.
Cette fois-ci, David, un des wwoofeurs, les ont attaquées à la débroussailleuse. Il fallait passer derrière et récupérer cette précieuse matière tinctoriale. Avec Gwendoline, nous avons continué au sécateur. Il fallait nettoyer les tuyaux de récupération d’eau de pluie qui alimentent la mare.
Ainsi, nous avons récupéré une caisse de près de 10 kg de pousses et de branches de ronces, coupées en petit morceaux. La récolte était déjà accompagnée d’une douce odeur de confiture de mûres. Malheureusement, les odeurs ne passent pas par internet. Il faudra organiser un cours pour en bénéficier.
Le matériel
Les récipients pour les ronces
Ce n’est pas la première fois que je teins avec des ronces, je l’ai fait plusieurs fois au Chili. J’utilisais de très grandes casseroles soit en aluminiun, soit en acier inoxidable, ce qui est meilleur. J’ai donc assez souvent parfumé la boutique de mon ami Angel, laissant croire que je cuisais de la confiture de mûres.
Vue que les ronces sont dures, elles occupent plus de place dans la casserole. Coralie a bien fait les choses, elle a acheté une vieille lessiveuse.
J’ai donc mis les ronces à tremper dans cette lessiveuse en attendant que la laine soit lavée. Je suis déjà habituée à faire tremper les plantes à l’avance.
Cette fois-ci, cela a été un peu long, environ 3 semaines.
Je pensais qu’elles avaient pourri. Mais, une fois la laine lavée et le trou pour le feu creusé, quand nous avons mis la laine à teindre, les tiges de ronces en profondeur, étaient encore vertes.
Le métal de cette lessiveuse a sans doute modifié la couleur. C’est souvent le cas.
Coralie a lavé sa laine selon deux méthodes. La plus classique était à base de lessive de cendres, bien rincée.
La seconde méthode fait intervenir les enzymes présentes dans la saleté du mouton. C’est plus lent, il faut avoir de l’espace à l’extérieur et accès de l’eau de rivière ou de pluie.
Là, le principal défaut provient des mauvaises odeurs lors du rinçage. En effet, il s’agit de simplement laisser la laine tremper dans de l’eau si possible non chlorée pour favoriser le microbiote qui va se développer, pendant une quinzaine de jour.
Par la suite, il suffit de bien rincer et de laisser sécher à l’air libre. Lors de la teinture, les derniers restes de mauvaises odeurs s’en vont naturellement.
Laine filée
Je n’ai malheureusement pas eu le temps de filer de la laine pour faire un essai.
Aussi, j’ai profité du bain pour faire un test de shibori sur de la laine crochetée.
Le mordançage
Les ronces sont bourrées de tanins. Cependant, elles teignent en jaunes, verts et gris, selon les mordants.
En effet, le jaune n’apparaîtra que lors de l’ajout de mordant à l’aluminium, de pierre d’alun. L’alun participera aussi à la fixation des teintures.
Le foyer
Avec Julien, un des wwoofeurs, nous avons regardé des photographies des différents foyers que j’ai utilisés lors des cours de teinture que j’ai donnés et de mes expériences.
Ici, le foyer sera utilisé pour l’artisanat et notamment la teinture, mais aussi à l’occasion des prochaines soirées « grillade » que cette joyeuse bande organise avec plaisir…
Nous avons donc étudié diverses solutions avant de choisir.
Option 1 – le feu dans un trou
C’est la technique que j’utilise dès que je le peux, quand il y a de la place à l’extérieur. Donc, c’est celle que nous avons choisie.
Enfin, je me permets de vous présenter les autres options dont nous disposions.
Option 2 – le foyer péruvien
J’en ai acheté un en terre cuite au marché de Cusco lors de mon voyage pour assister au Tinkuy de tisserands en novembre 2013. Maintenant, ils en font en tôle. Je ne sais pas s’ils sont aussi efficaces.
Malheureusement, il s’est cassé lors de mon déménagement à Puerto Montt et ne pouvait pas être réparé.
Je voudrais en refaire un, il est très économe, je l’ai beaucoup utilisé à Mamiña. Il est aussi facile à allumer et à alimenter.
Il faut que je trouve de l’argile d’assez bonne qualité et que je fasse des tests.
Option 3 – Fetapera malgache
Alors j’ai utilisé la fetapera malgache, à Madagascar bien sûr. Cela m’a plu. Il en existe différents modèles. Il y a les lourdes qui conservent mieux la chaleur, comme ci-dessus. Mais, il y a aussi les légères en tôle.
En effet, c’est léger et très économique, car elle peut être alimentée avec un peu de petit bois ou du charbon de bois. Ci-dessus, elles sont chauffées au charbon de bois de bambou de production locale.
La partie basse récolte les cendres et assure l’aération, le foyer avec son combustible est posé sur une grille dans la partie haute.
Alors, je m’en suis achetée une que j’ai utilisée pendant quelques mois à Concon, alimentée au petit bois que je glanais lors de mes promenades. Depuis longtemps, je m’intéressais à ce type de foyer.
Option 4 – Casserole spéciale
Cette fois-ci, j’aurais bien aimé répéter l’expérience de la casserole spéciale, tentée à Concon.
Mais quand je suis allée voir Gérard, l’oncle de Paul, pour chercher une tôle, il m’a proposé une ancienne auge pour les chevaux.
Elle est très intéressante, mais un peu lourde et il faudrait boucher un trou d’évacuation. Pour le moment, la partie trouée est en hauteur et elle sert à la préparation de purins et aux essais de rouissage d’orties. En outre, elle récupère les eaux de pluie qui sont toujours préférables…
Elle est donc fort utile.
Option 5 – La cuisinière
Quand on a pas accès aux solutions présentées ci-dessus, on peut utiliser la cuisinière. Celle à bois est l’idéale, dans ce cas, car la chaleur est mieux répartie et moins violente.
La filature
Filer la laine
Ah, filer de la laine, c’est facile, il suffit d’avoir un fuseau… et de bien la préparer. J’ai donc rédig´é un article à ce sujet, car j’ai ramené de nouveaux matériaux de Suisse. Je prévois aussi un autre article sur le lavage de la laine qui est un sujet crucial.
Filer, c’est facile, mais c’est long. Je sais déjà depuis longtemps ce que l’on peut obtenir avec les ronces. Donc, je préfère teindre les petites quantités que je produis avec de nouvelles matières tinctoriales.
Enfin, la teinture
Je n’avais pas de pierre d’alun, cela explique la couleur verdâtre de la laine. L’alun est un mordant, mais aussi un modificateur, comme nous pouvons l’apprécier ici. Rien n’empêche de faire un bain de post-mordançage.
Pour les expériences suivantes, j’ai dû me procurer de l’alun, la seule forme que j’ai trouvée en supermarché, c’était de l’antifloculant pour piscine. Il faut bien lire les étiquettes et vérifier qu’ils contiennent bien du sulfate d’aluminium.
Filer les ronces
Il me semblait qu’il devait être possible de filer des fibres de ronces, mais je ne sais pas encore comment. Avis aux connaisseurs…
Les ronces décoratives?
Avec cette profusion de techniques, comment ne pas tirer profit des ronces, matériaux si abondant, très ou trop renouvelable?
Vannerie en ronces
Si les ronces sont un peu difficiles à utiliser en filature, il semblerait qu’elles soient encore utilisées de nos jours en vannerie, après une bonne préparation. Il faut savoir diviser les tiges et les faire tremper avant de les utiliser.
Tapisserie décorative
Bien que les épines ne glissent pas bien entre les fils de chaîne, rien n’empêche d’utiliser des branches de ronce dans des tableaux décoratifs tissés. II me semble qu’elles y trouveraient bien leur place.
Je viens de mettre à rouir quelques branches de ronce, dans l’espoir de pouvoir éliminer les épines.
Les ronces en permaculture
Comme nous n’allons pas exterminer cette matière première difficilement épuisable, nous allons aussi essayer d’en tirer parti du point de vue agricole et surtout permacole.
Permaculture
Création de haies grâce aux ronces
En effet, les ronces procurent de bonnes bases pour créer des haies. Il ne faut pas oublier de les tailler très régulièrement. Là, les chèvres ou des camélidés (lamas ou alpagas) peuvent nous aider.
Protection des jeunes arbres fruitiers
Ou bien, on peut les utiliser en les guidant, pour entourer de jeunes arbres fruitiers, par exemple.
Pour faciliter les boutures
Je viens d’apprendre que les racines des jeunes rejets permettent de produire des hormones de bouture d’excellente qualité.
Nous venons d’arracher de nombreuses ronces pour construire un poulailler.
J’ai donc récupéré les racines des rejets de ronces comme le conseille Gérard Ducerf. Déjà, je suis entrain de tester cette hormone de bouture maison.
Comme je suis entrain de tailler les plantes aromatiques du mandala, le pot se remplit chaque jour un peu plus.
Cuisine
Les anthocyanes
Les principaux colorants des mûres et de beaucoup de fruits noirs ou rouges sont appelés anthocyanes. On les trouve aussi dans les cassis, framboises, myrtilles, cerises, maqui, raisins… mais aussi dans les choux rouges et un certain nombres de fleurs.
Or, tous sont plutôt décevants en teinture.
Alors qu’ils sont excellents du point de vue nutritionnel, mais ils sont très instables du point de vue de la teinture.
En effet, leurs couleurs varient selon l’acidité ou l’alcalinité du milieu. Ils ont même servi pour faire des test d’acidité en chimie.
Donc, il vaut beaucoup mieux manger les mûres que de les utiliser pour teindre.
Quelques recettes où interviennent les ronces
Je viens d’apprendre que les bourgeons étaient comestibles… comme les asperges.
Confiture de mûres, fruits des ronces
La confiture de mûres est une des plus fameuses. Le sucre est un très bon conservateur. Il permettra de faire dure les plaisirs de l’été.
Je suis à la recherche de la meilleure recette. Dès que je la trouve, je vous la communique.
Ronces médicales
En outre, les ronces sont aussi utiles en médecine alternative.
En matière de médecine, je ne suis pas spécialiste, c’est pourquoi, je me permets ici de citer Wikipedia.
« La ronce est une plante médicinale « très appréciée dans l’Antiquité pour son action astringente, antidiarrhéique et antihémorragique »49 : Pline l’Ancien la vante pour ses vertus anti-inflammatoires de l’intestin et de la bouche, décrit un sirop à base de mûre de ronce (le panchrestos, littéralement « bon à tous maux »). Ses vertus sont également reconnues au Moyen Âge comme les mentionne l’école de médecine de Salerne, Hildegarde de Bingen au XIIe siècle qui la préconise contre les hémorragies du fondement50,51. Dans l’esprit de la pensée magique médiévale reposant sur la théorie des signatures (plaies sur la peau analogues à la piqûre des aiguillons), la ronce est réputée retirer les affections de peau en rampant sous ses arceaux et être le meilleur antidote des morsures de serpents52. Dans l’occident médiéval, elle a également une action ambivalente : les mûres sont accusées « de nuire à la santé, d’engendrer des maux de tête et de la fièvre », et cette mauvaise réputation se rencontre encore aujourd’hui dans son surnom de « ronce de renard », cet animal qui « cueille » les fruits et les souille facilement de ses déjections53. Les botanistes du XVIe siècle (Fuchs, Dodoens) reconnaissent également ses vertus médicinales49. Elle est dite à bon droit, au même titre que les roses et les épervières, « la croix des botanistes », les anciens voyant en elle une panacée pour guérir presque toutes les maladies54.
Grâce à leur richesse en tanins astringents, les feuilles séchées et les jeunes pousses fermentées sont utilisées en gargarismesdétersifs, en tisanes, pour soigner les angines55. Elles apportent également de la vitamine C. »
Nous allons essayer de récupérer la cellulose des ronces que nous avons utilisées pour teindre pour en faire du papier végétal artisanal. Ceci va être une première pour moi.
Le processus
Il s’agit de faire cuire les ronces longuement dans une solution fortement alcaline qui libérera les fibres de cellulose.
Le matériel
Une grande casserole,
Une grande bassine,
De la soude caustique,
Des gants,
Des cadres tendus d’une toile fine,
Le mélange de fibres bien cuites et bien mixé,
Des planches,
De vieilles couvertures,
Quelques briques ou mieux une presse…
Les résultats
Ils restent à venir, je réunis le matériel, j’espère que les expérimentateurs arriveront bientôt.
Alors, je n’oublierai pas de vous en parler
Conclusion sur les ronces
Ainsi, j’espère que vous ne regarderez plus les ronces comme une méchante mauvaise herbe, après la lecture de cet article. Comme nous l’avons vu, cette plante a vraiment beaucoup à nous donner.
Enfin, nous nous devons de l’apprécier à sa juste valeur.
Pourquoi pas un atelier?
Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.
Je pense revenir en Europe en mars 2025, cela pourrait être l’occasion de rencontrer mes lecteurs inconnus.
Post-Scriptum
Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer et partager à des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.
/// Amap, une autre éthique /// —- petite mise à jour, le 25 décembre 2021 — Nouvel article du 17 Mars 2020 — ce projet de Biolab Maraîchage ne fait que commencer… Prochain article sur ? Je suis bien revenue en Chili et j’espère revenir en Europe au printemps 2022 Organisons donc des ateliers! C’est facile
Qu’est-ce qu’une Amap?
Pour cette fois, je vais d’abord laisser la parole à une Amapienne qui a crée une des premières Amap de Paul Thierry de Biolab Maraîchage.
La petite histoire vécue de l’Amap « choux, radis, choux »
Un peu d’histoire
En 2007, je venais de prendre ma retraite de l’éducation nationale, et je souhaitais vivement faire quelque chose en relation avec la consommation et le social. Un ras le bol des grandes surfaces, la qualité et les prix des légumes, une consommation absurde de produits hors saison venant du bout du monde.
À l’époque, nous étions quelque amies et collègues à chercher quoi faire au niveau local. J’ai contacté la chambre d’agriculture, le GAB et d’autres organismes dont je ne souviens plus des noms. Toutes les réponses étaient identiques: « pas de maraîcher bio dans votre région!!! »
Déception, le projet démarrait mal. 3 mois plus tard, un coup de fil d’un jeune maraîcher qui allait s’installer sur une partie des terres de son oncle a rallumé l’espoir.
C’était Paul. très rapidement nous nous sommes rencontrés . C’est lui qui m’a parlé d’une forme de coopération intéressante les AMAP.
Le processus
C’était assez nouveau en France, l’idée collait assez bien avec notre projet. C’était parti. Les enjeux pour Paul étaient beaucoup plus lourds que pour nous.. tout s’est mis en route:
1- Réunion avec Paul et les personnes que l’on savait intéressées. Il fallait au moins 20 personnes qui s’engagent dans le projet pour débuter avec Paul.
2- la rédaction et le dépôt des statuts de l’association à la préfecture de Melun
3- démarches auprès de la mairie de Cesson pour avoir une salle une fois par semaine
4- recherche d’un trésorier et une secrétaire parmi nos connaissances.
J’ai été aidée au départ par une personne qui avait déjà monté une Amap dans la région la première. Enfin, j’ai été encouragée, cela m’a beaucoup apporté. Nous avons débuté dans l’enthousiasme, et une petite crainte que ça ne marche pas.
C’était une plongée dans l’inconnu. Nous ne voulions pas faire de la « pub » au sens classique du terme car nous voulions que les personnes qui s’inscrivaient soient au courant de leur engagement.
Le contrat
C’est-à-dire un contrat entre un maraîcher et eux:
prépayer la part de récolte sur une année,
venir chaque semaine récupérer son panier,
ne pas connaître à l’avance le contenu exact de son panier.
participer au moins 2 fois dans l’année à la distribution,
venir quand c’est possible à la ferme quand Paul a besoin d’un coup de main.
partager les risques, c’est à dire des paniers moins garnis en cas de problèmes inhérents à l’activité agricole (canicule, gel et toutes catastrophes naturelles etc ),
adhérer à la charte des Amap.
Les 2 premières années, les terres de Paul étaient en conversion pour obtenir le label Agriculture Biologique.
La 1er année, la mairie de Cesson nous avait octroyée une petite salle. L’année suivante, grâce à une adhérente, nous avons eu la chance d’être accueillis dans la ferme du Coulevrain, écomusée de Savigny le Temple.
Durant 10 ans, nous sommes restés dans ce lieu. Nous avons du ensuite changer car la ferme a été louée à une école.
Actuellement nous sommes dans une salle qui est utilisée par les associations de Cesson.
Que nous proposent les producteurs?
Durant ces années nous avons fait venir d’autres producteurs:
Mickael, boulanger,
Marc éleveur de poules, donc des oeufs et poulets bio,
Philippe qui produit des fromages de chèvres, des cailles et des œufs de cailles.. nous avons également un producteur de pommes,
Simon et Carine nous fournissent des pommes de terre et de l’agneau.
Il y a d’autres fournisseurs ponctuels pour du miel, des confitures et pâtes.
Les règles
En général, lorsque nous signons un contrat avec un nouveau producteur, nous allons le rencontrer dans son exploitation, il vient une fois à la distribution avec ses produits.
Notre distribution se déroule une fois par semaine de mai à décembre et une fois tous les 15 jours de janvier à fin avril.
Tous les ans nous avons des adhérents qui partent pour des raisons diverse et d’autres qui s’inscrivent. Nous n’avons pas vraiment de mal à faire le plein et même refuser du monde
C’est Paul qui fixe le nombre de personnes qu’il peut servir. Une année nous étions montés à 60 adhérents. On s’est rendu compte que ça n’allait pas, moins de convivialité, plus d’attente.
Nous avons un système de personnes qui peuvent remplacer des absents par exemple pendant des périodes de congés. On les nomme les intermittents du panier.
Voila un bref résumé de l’Amap. J’oubliais, nous avons une Assemblée Générale tous les ans. Cette année, cela devait se dérouler en mars. La date n’était pas fixée, mais le virus a un peu perturbé la donne. Bonne lecture, n’hésite pas à me poser des questions si nécessaire. Cordialement Françoise Letheule
Les Amap, vues par les wwoofeurs
Toute l’exploitation de Paul est dédiée aux Amap. Il n’y a donc pas de vente directe, ni de marchés à assurer.
Mais, il faut assurer les 181 paniers actuels entre 7 Amap avec 5 hectares répartis entre Chevrainvilliers et Chatenoy, à 2,5 km. Il y a des serres sur les deux sites. Le tout en agriculture biologique.
Les récoltes ont lieu normalement du lundi au mercredi, mais se prolongent souvent jusqu’au vendredi pour les légumes les plus fragiles, tels que les salades.
Habituellement, les légumes sont entreposés dans une chambre froide pour une meilleure conservation. Auparavant, les légumes ont souvent été lavés pour assurer une meilleure conservation et une plus belle présentation.
Les légumes sont maintenus ici le minimum de temps nécessaire.
Les activités
Entre les temps réservés aux récoltes, il faut assurer les plantations et semailles, suivant les cas et le désherbage et autres tâches nécessaires, le plus souvent fait à la main.
L’entente est très bonne, mais on ne chôme pas. Il y a toujours beaucoup à faire. En réalité, on manque toujours de temps… Et c’est la nature qui commande en faisant monter en graines les plantes… Il faut être attentif à de nombreux détails.
D’abord, les wwoofeurs sont là pour apprendre. Et qui ne commet pas d’erreurs n’apprend pas.
Avec le confinement, la demande en wwoofing, et sans doute un intérêt nouveau pour la vie rurale semble en nette augmentation. Est-ce que cela va durer?
Au passage, les wwoofeurs découvrent les Amap. Ainsi, certains vont chercher à s’y inscrire lors de leur retour à la ville.
Régulièrement, nous recevons la visite d’Amapiens qui viennent participer à nos travaux. C’est très intéressant, car ainsi, ils prennent aussi conscience de certaines difficultés du métier.
D’habitude, ils participent à nos travaux dans la mesure de leurs possibilités, au désherbage, aux récoltes et à l’organisation des livraisons. Ils en profitent pour poser des questions…
Notons, qu’ils ne rechignent pas aux travaux les plus ingrats. Je pense aux tâches où l’on se rend compte que la terre est basse. Je n’oublierai pas l’Amapienne qui m’a aidée gentiment à mettre en bouteille les purins…
Généralement, ils partagent leur repas avec nous. Ces échanges nous apportent beaucoup.
Sans doute la visite de Monique, une Amapienne exemplaire est toujours très attendue, car elle nous a toujours beaucoup aidés de diverses manières.
Les difficultés
Ces difficultés peuvent être de:
Prévisions, quoi semer ou planter quand et où, pour respecter les associations et les alternances favorables, mais aussi récoltes avancées ou retardées…
stratégie, plus ou moins de variétés pour mieux répartir les charges de travail…
partager de manière équitable la récolte pour les 181 paniers, chaque semaine, même si certains produits ne donnent pas ce qui était prévu…
météo défavorable ou trop favorable, certains légumes ne laissent que quelques jours pour les récolter. Alors, il faut être vigilant, c’est par exemple le cas des chou-fleurs qui ont choisi d’être prêts pour Pâques, en même temps, nous montions la yourte…
lutte contre les parasites, choix de légumes moins sensibles
Covid et confinement…
Les Amap, vente en circuit court
Enfin, la participation à une Amap est aussi un processus d’achat-vente en circuit court, généralement de produits locaux et bien sûr de saison.
Donc, c’est une forme de consommation plus responsable qui par ailleurs favorise la fraîcheur et la qualité des aliments.
La préparation des livraisons
Normalement, la livraison se fait globale pour chaque Amap qui répartit les produits en Petits, Moyens et Grands Paniers, selon le choix des Amapiens: petits, moyens ou grands paniers.
Ce tableau récapitule les récoltes de la semaine. Paul et Valentin l’utilisent pour faire la répartition des produits entre les Amap. Évidemment, cette étape est complexe, car il faut être juste, parfois avec des produits différents. Conformément au principe de transparence, Paul compile le bilan des distributions.
Alors, la préparation des livraisons est un moment où il faut être particulièrement vigilant sur l’exactitude des calculs et des pesées pour que tout parte, et sur la qualité des produits. Enfin, c’est le dernier filtre avant que le légume arrive à l’Amapien, et le tri génère parfois des récoltes de dernière minute.
Cependant, le jeu des Amap consiste aussi à limiter les pertes et encourager la non-standardisation. Aussi, Paul se permet parfois de distribuer des légumes moins présentables, mais qui reste consommables. Et, il existe des Amapiens qui apprécient les légumes fous ou moches…
Découvrir des légumes inconnus
Ce système d’Amap permet aussi de faire découvrir d’anciens légumes un peu oubliés et des « incroyables comestibles« . C’est-à-dire des « mauvaises herbes » très intéressantes en gastronomie, telles que les amarantes, les chénopodes et le pourpier qui abondent ici.
Alors, les Amapiens assurent leur répartition. Paul essaye de rencontrer très régulièrement toutes les Amap pour recevoir leurs remarques.
En cas de Covid
Là, tout se complique. Il fallut préparer les parts dans des sacs en papier pour certaines Amap.
Bien sûr, la livraison à été compliquée, elle aussi… changement d’adresses, difficultés pour récupérer les caisses…
La livraison aux Amap
Une fois les palettes prêtes, elles sont chargées dans le camion et Paul ou Valentin va assurer la livraison aux adresses des différentes Amap.
Les livraisons sont réparties entre le mercredi, le jeudi et le vendredi après les horaires de travail de l’équipe.
Les Amap, vues par Paul
Je m’appelle Paul et je suis maraîcher biologique en Amap depuis 13 ans, sous l’appellation Biolab Maraîchage. Je me suis installé sur la ferme familiale à Châtenoy, près de Nemours.
La ferme est historiquement céréalière conventionnelle et mon installation impliquait la mise en place complète de l’atelier de maraîchage et la conversion des terres à l’agriculture biologique. Mes motivations pour ce métier sont essentiellement éthiques : le respect et l’amour de la nature, le plaisir du bon goût et de l’alimentation santé, l’enrichissement humain.
Je sers actuellement 6 Amaps à Chatenoy, La Genevraye, Cesson, Alfortville, Paris 13e et 20e. J’ai pris connaissance du système Amap pendant ma formation de technicien en agriculture bio.
Pourquoi les Amap?
Né au Japon sous le nom teikei (« collaboration » en Japonais) et apparu en France en 2001, ce système s’est imposé à moi comme la voie à suivre pour exercer ce métier. Par ses principes, il répondait concrètement à mes aspirations en me proposant une organisation simple et sécurisée pour la création de mon entreprise. La fidélité et le préfinancement des Amapiens pour une saison entière, ou l’assurance pour moi d’écouler toute la récolte, avec une bonne visibilité financière.
La simplification administrative : un contrat annuel unique, pas de factures, bon de livraison, de commande, etc. Un gain de temps précieux sur la préparation au détail, grâce à la prise en charge collective de la distribution des légumes. La notion de solidarité dans les coups de main à la ferme ou face aux aléas bioclimatiques.
Enfin, la relation directe avec le « consom’acteur », le lien de confiance et de transparence qu’elle implique. Toutes ces facilités me semblaient être des atouts à saisir face à la charge que comporte le métier. Ils se sont révélés décisifs dans le développement et le maintien de mon activité, en contrebalançant l’exigence physique, la complexité technique d’assurer constamment volumes et variétés de légumes et assumer la responsabilité de nourrir, les aléas humains du travail en équipe. L’accompagnement professionnel que propose le réseau des Amaps d’Ile de France à travers son collège de paysans a aussi été précieux, notamment les formations par transmission de savoirs entre pairs.
J’aime l’idée que ma ferme, en résonance avec les Amaps et le wwoofing, soit un lieu de rencontres et d’échanges, entre les gens et avec la nature, un point de contact à la terre.
Divers
Tissage de carrés
Par exemple, la yourte qui sert de logement aux wwoofers, aurait besoin d’une tenture interne.
Alors, j’ai proposé de la faire avec des petits carrés tissés au métier à clous de 20 x 20 cm. Nous avons fait le calcul qu’il nous faudrait environ 1.000 carrés, si on les divise par les 181 Amapiens, on obtient 5 carrés par personne.
Paul a envoyé un mail accompagné d’une video expliquant aux Amapiens comment tisser ces carrés, chaque semaine lors des livraisons, il récupère des carrés, nous en avons 400, au jour de cette photographie, donc nous sommes en bonne route…
Réunion d’une Amap
Je viens d’assister à une réunion de l’Amap de Chatenoy à la ferme de Gérard. C’était très intéressant, car j’ai pu voir la variété des produits fournis, autres que ceux de Paul.
D’autre part, j’ai aussi pu voir les difficultés auxquelles ont à faire face ce genre de petites associations, il y a un gros travail de gestion, d’organisation avec leurs paysans partenaires qui ont des calendriers et des problématiques différentes. C’est vraiment admirable.
En outre, une Amap rurale diffère beaucoup d’une Amap parisienne. Pour une Amap rurale, la recherche de nouveaux adhérents se complique avec les distances à parcourir (beaucoup se déplacent à vélo), la facilité de la création d’un potager chez soi… Leurs intérêts semblent différents des Amapiens citadins qui peuvent avoir des problèmes d’espace pour stocker les légumes.
/// Voyage textiles… /// en cours de rédaction Introduction à la partie Blog Voyages Textiles Article créé le 31 août 202, mis à jour le 26 avril 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences et de nouveau voyages: www.lanitando.com Comme Tinctoriales.com, ce site peut aussi se traduire automatiquement.
J’avais un peu délaissé cette introduction aux voyages. En effet, quand je voyage, je me concentre sur les expériences présentes et je n’ai pas toujours le temps de rédiger ou de reprendre les articles anciens. D’autant plus que maintenant, je dois nourrir deux sites et le temps passe beaucoup trop vite à mon goût.
Voyages prochains
Formation teintures naturelles et tissage artisanal, à Quemchi, petite île de l’archipel de Chiloe, au Sud du Chili, c’est tout près de Puerto Montt, mais je n’ai pas encore eu le temps d’y aller.
Peut-être, le Mexique pour la cochenille, bientôt, je l’espère.
Le japon fait toujours partie de mes grands rêves, sans doute en passant par l’Indonésie pour les Ikat et Batik.
Ce serait avec beaucoup de plaisir que je retournerais au Brésil, en Scandinavie, en Angleterre et bien sûr en Suisse, où j’ai beaucoup d’amis.
Voyages, voyages…
Je rêve toujours de nouveaux voyages, certains peuvent s’imbriquer…
Je me prépare encore avec beaucoup patience pour une grande boucle…
Sous cette rubrique, je vais vous présenter mes voyages au fur et à mesure.
Voici donc venir, les derniers, voyages à la fois dans les domaines textiles et dans le temps, en Suisse, près du Lac de Neuchatel, au Village Lacustre de Gletterens et à Hallstatt, en Autriche, en 2020. Retour à Gletterens en 2021, trois articles, puis Scandinavie et Italie (article à venir).
Et encore, court voyage au grand Nord du Chili (Pica, Iquique, Arica)… Belles visites de musées.
Je vous invite donc à me suivre dans mes voyages textiles et tinctoriaux.
J’espère que mon article sur Gletterens et Hallstatt sera suivi de nouveaux points de chûtes.
Il y a eu un retour à Gletterens, il en est sorti 3 nouveaux articles sur les activités du Village Lacustre… et un autre sur les usages textiles des orties et du houblon.
Scandinavie
Est apparu, aussi un article sur mon voyage éclair en Scandinavie à la recherche des techniques viking, un festival africain en Suisse, un petit tour en Italie et quelques jours à Paris…
Auparavant, mes articles de voyages, notamment sur le Pérou et le Brésil atterrissaient dans le blog, Maintenant, je vais leur dédier une rubrique dans le menu. Prochains articles sur des techniques apprises au Danemark, encore une fois la Suisse, puis l’Italie…
Voyage sur place
Il y aura aussi, sans doutes, des voyages imaginaires par les livres et par les wwoofers internationaux qui arrivent à Biolab Maraîchage en attendant un prochain départ… Ils nous permettent souvent de voyager par procuration, par ces temps de confinement…
Voyages difficiles
Vous avez aussi le droit de connaître mes déboires avec la SNCF, dont les performances m’ont paru très décevantes pour un pays vieillissant (je ne suis plus toute jeune) et qui prétend attirer toujours plus de touristes… Curieuse manière d’inciter à voyager léger… C’est vrai que les prochains touristes en France se doivent d’être sportifs maintenant. J.O. obligent. Ciao les vieux! Quel contraste avec quelques pays visités dernièrement.
Il est bon de connaître les difficultés de voyager avec des livres: Voyage hors norme. Quelques conseils pour le bon usage d’un formulaire… Il va falloir que je révise cet article pour y ajouter quelques mauvaises surprises en arrivant Gare de Lyon.
Pour être plus positive, je vous parlerai aussi des musées que j’adore visiter et peuvent même être le but…
De retour au Chili, j’ai passé deux mois et demi chez mon amie Lucía chez qui nous devions organiser un cours de teintures naturelles. J’ai aussi profité de son jardin exubérant. On peut y trouver des fibres utiles et des plantes tinctoriales.
J’ai pu y tester mon graveur laser, en préparant des petits métiers à tisser scandinaves.
À la recherche de partages
Comme d’habitude, je suis à l’affut de partages, de reconstitutions technologiques textiles, notamment dans le style de mes expériences à Gletterens. Alors, n’hésitez pas à me contacter pour de prochaines activités de ce genre.J’ai vraiment beaucoup à partager et je suis toujours curieuse d’apprendre.C’est dommage de faire autant de découvertes seule.
Bonne visite
Je vous souhaite donc de bons parcours dans ces articles… que j’espère voir se multiplier rapidement…
Pour les prochains voyages, je suis à la recherche à la fois d’un sponsor et d’un télétravail
Un essai de filature de fibres d’orties m’a rappelé que je ne devais pas oublier mon site. Me voici donc de retour… après le montage de la yourte, celle-ci a vite été habitée par de nombreux wwoofeurs tous plus intéressants les uns que les autres.
/// Orties qui font plus que piquer /// —- Encore en cours de rédaction — Article mis à jour le 14 Novembre 2022 — ce projet de Biolab Maraîchage ne fait que commencer… Prochains articles sur les AMAPou peut-être sur les Ronces, la Filature ou bien encore les Purins, j’attends vos réactions, pour le moment j’accumule les informations… Je suis bien revenueau Chili et repense retourner en Europe au printemps 2023. Organisons donc des ateliers! C’est facile
Alors, une botte d’orties fraîches ramenées par Gérard, l’oncle de Paul Thierry de Biolab Maraîchage m’a incitée à faire un test depuis longtemps repoussé… Il s’agit de la filature d’orties. Il était grand temps de m’y mettre.
J’avais trop hésité. J’avais tout sous la main. Il fallait prendre le temps d’essayer. Et les connaissances s’acquièrent aussi par la pratique. Tout n’est malheureusement pas dans les livres, ni sur internet… Voilà, le premier pas est fait.
Oui, les orties piquent
Mais pas tant, il suffit de se frotter avec un peu de plantain pour oublier ses démangeaisons. Le miel aussi peut aussi être utilisé avec efficacité.
En outre, il semblerait qu’elles piquent moins lorsqu’elles sont mouillées.
Des gants suffisent pour les ramasser et leur ôter les feuilles que je mets de côté pour la teinture.
En outre, il y a une technique pour attraper les orties sans se piquer. Il suffit de les attraper par en-dessous et l’expérience aidant, on devient presqu’insensible.
Donc, leur caractère piquant n’est pas le plus intéressant, il ne doit pas cacher de nombreuses qualités.
Les orties se mangent
Nous l’avions oublié. Gratuites et faciles à trouver, les orties sont comestibles et peuvent remplacer avantageusement les épinards. Elles font partie des merveilleuse et surprenantes comestibles sauvages.
Il existe de nombreuses recettes, notamment de soupes…
On peut difficilement les confondre avec des plantes trompeuses toxiques.
Elles peuvent même se manger crues, il y a une astuce pour cela. Lien Youtube.
Elles sont une excellente source de protéines, de vitamines et de minéraux nécessaires à une bonne santé.
Les orties sont médicinales
Comme de nombreuses « mauvaises herbes« , les orties, ces méconnues, sont aussi très utiles pour la santé animale et humaine et permettent de se soigner par son alimentation.
On peut aussi en faire des tisanes dont les vertues sont multiples.
Il existe une bibliographie assez étendue à ce sujet.
Il ne faut pas les confondre avec les lamiers. Ils sont aussi médicinales et ne piquent pas. Ils appartiennent à une autre famille botanique. Leurs fleurs permettent de les distinguer.
Il y a de la variété chez les orties
Il y a de la petite, de la moyenne et de la grande… et encore bien d’autres. Mais lors de mon dernier voyage, au Village Lacustre de Gletterens, en Suisse, près du lac de Neuchatel, j’en ai vu une sorte très fine et élégante.
Je vous invite à aller visiter ce site animé par des gens passionnant qui ont beaucoup plus à montrer que de jolies orties.
Mes expériences textiles au Village Lacustre de Gletterens ont été si nombreuses que je n’ai pas eu le temps d’essayer de les filer. Le spécialiste des textiles est aussi malheureusement tombé malade peu avant les Rencontres Préhistoriques. Quel dommage! J’espère pouvoir le rencontrer l’année prochaine.
Les orties se filent et se tissent
Lorsque l’on mentionne des fibres végétales, on pense tout de suite au lin, au coton et au chanvre. Mais, de l’ortie, peu s’en souviennent… Encore un oubli concernant les orties. Nous allons le réparer tout de suite…
Un peu d’histoire sur les orties
Depuis le plus haut Moyen-Âge, les orties se filent et se tissent en Europe. Elles font partie des fibres végétales oubliées, de même que les mauves et le tilleul…
Au Népal, certaines variétés d’orties sont encore filées et tissées traditionnellement.
Mais je n’ai trouvé que très peu de littérature à ce sujet, à part quelques mentions de Michel Pastoureau dans ses livres. Le personnage légendaire de Robin des Bois aurait été vêtu de vêtements à base d’orties.
Lors de mes recherches pour la rédaction de cet article, j’ai appris que les fibres d’orties sont très solides. On en faisait des toiles de tentes, des vêtements de travail et même des uniformes… Mais je n’ai pas encore trouvé d’informations techniques concrètes.
Si les écrits manquent, il existent quelques videos en anglais sur Youtube. Je les ai visionnées plusieurs fois pour vérifier certains détails avant de me lancer. Lien. Cette video m’a beaucoup aidée pour mon premier test.
Ma filature d’orties
Après ce temps de recherche, je me suis lancée. Il faut bien se décider à passer à l’action.
La préparation
J’ai dû changer d’outils, revisionner une video… et m’armer de patience, beaucoup de patience. Car, je n’ai filé que 4, oui 4 orties en plusieurs heures. Cela relève presque de la méditation, il fallait observer de nombreux détails.
Le marteau en caoutchouc semblait bon, mais il s’est cassé. je l’ai remplacé par un marteau en fer. Il était cependant trop cassant pour les fibres.
Comme les fibres se cassaient trop, j’ai encore cherché une autre solution, un manche d’outil en bois, était plus doux.
Dans cette image, on voit les fibres externes des orties qui ont été sélectionnées. Comme dans la video, je vais les gratter doucement avec le couteau pour enlever la pectine qui unit les fines fibres à filer.
Voici ce que j’ai obtenu avec une première ortie.
Il s’agit, en fait de redécouvrir des gestes anciens, détruits par l’urgence des temps modernes.
Traitement des fibres obtenues
Enfin, le résultat: une petite poignée de fibres verdâtres.
D’abord, j’ai rincé cette première partie à la lessive de cendres, fabrication maison, dans l’espoir d’assouplir un peu ces fibres encore un peu rêches.
Puis, une autre partie a été traitée au vinaigre blanc additionné de bicarbonate de soude, dans le même but… Le reste de cette préparation servira pour laver la vaisselle…
Ce verre contient les fibres de 3 orties.
Ces deux traitements, le premier plutôt basique, le second plutôt acide, ont été copieusement rincés ensuite.
Je suis à la recherche d’un outil à teiller manuel pour poursuivre mes recherches textiles. Cet outil, s’utilisait encore au début du XXème siècle, pour préparer les fibres de chanvre et de lin.
La filature
Alors, j’ai filé ces fibres encore humides, en espérant qu’ainsi elles s’agglutineraient mieux, comme pour la laine.
Il est à noter que les fibres restent vertes, même après avoir séché.
J’aurai donc passé tout un après-midi pour filer seulement 4 plantes. Mais cette expérience valait la peine.
Après quelques mois, il me semble que le vert a un peu pâli. Cela est normal, car la chlorophylle n’est pas un pigment solide.
Prochains tests
Orties séchées
Alors que mon premier test était avec des orties fraîches, j’ai laisser sécher des orties martelées dans l’espoir que les fibres se séparent plus facilement des parties ligneuses.
La partie blanchâtre ligneuse semble se séparer mieux, mais les fibres externes se sont aussi coupées et ont donc rétréci. Il faut encore les séparer de la substance verte qui unit les fibres.
Je pense que je vais les faire tremper pour faciliter la suite du travail.
Orties trempées
J’ai aussi laisser tremper une partie de la botte d’orties effeuillées dans une grande auge remplie d’eau de pluie, pour tester une méthode similaire à celle utilisée pour le lin et le chanvre. Cette technique est appelée rouissage.
Le temps de rouissage peut être assez long.
Orties séchées entières
J’ai aussi une réserve d’orties coupées qui attendent aussi d’être testées.
Les mauves et les roses trémières aussi peuvent être filées, mais la documentation à ce sujet est encore plus pauvre.
La ramie, une cousine de l’ortie
La ramie est une plante de la même famille que les orties, mais elle ne pique pas. Elle est cultivée surtout en Asie pour la production de textiles. Ces fibres sont un peu brillantes et très agréable au toucher.
Je suis à la recherche de graines de ramie. J’aimerai pouvoir compléter mon expérience en ce qui concerne les urticacées.
Je n’ai toujours pas vu de ramie, comme plante, mais lors de mon dernier voyage en Suisse, j’ai pu en acheter. En effet, mes amis du Village Lacustre de Gletterens m’ont très gentiment amenée voir des boutiques de laines. Dans l’une d’elles, il y avait de nombreuses fibres, dont de la ramie. J’en ai donc acheté 100 grammes pour la tester.
C’est très doux et résistant. Mes amis qui travaillent dans la reconstitution archéologique me commentaient que l’idéal pour les cordes d’arc était la fibre d’ortie. J’en ai filé un peu, puis je l’ai retordue pour qu’ils la testent sur leur arc.
Enfin, les orties teignent aussi….
Entre autres substances utiles, elles contiennent de nombreux flavonoïdes qui interviennent notamment dans les teintures jaunes…
Maintenant, le bain de teinture est en préparation et attends Coralie, la propriétaire de la laine…
Sur le feu
Coralie aime le jaune et veut se faire un tapis de yoga. Nous teignons donc la laine en toison après lavage et rinçage.
Le premier bain d’essai était composé de 10 kg de ronces qui ont attendu plus d’un mois le lavage de la laine, le résultat a été un peu décevant. Peut-être que le mordançage à l’alun a été un peu insuffisant. J’avais voulu l’économiser. Mais la casserole était grande. J’ai obtenu de bien meilleurs résultats avec les ronces à Puerto Montt.
Puis, le deuxième bain, plus sympathique a été complété et remplacé les ronces par des camomilles des teinturiers qui ont donné un meilleur jaune. Peut-être que le post-mordançage n’a pas été suffisant, lors du premier bain.
Voici le résultat de ce deuxième bain.
Le troisième bain sera un bain d’orties pour récupérer les feuilles et les restes de tiges des plantes que j’ai essayé de filer.
Il fallait aussi que je les teste en ecoprint, car ces feuilles sont délicates et devraient avoir un joli rendu. Mais, le test fait au Village Lacustre de Gletterens a été plutôt décevant, curieusement. Il faudra que je recommence avec les orties de Biolab Maraîchage.
Je ne peux pas rester sans mentionner le caractère bio indicateur de cette plante et je vous invite donc à voir les nombreuses video passionnantes de Gérard Ducerf et de Konrad Schreiber.
Et le purin…
Il ne faut pas oublier le fameux purin d’orties qui a tant fait parler de lui, tant il était absurde de vouloir l’interdire. Nous avons fait des tests avec différentes plantes, avec une wwoofeuse, Mayeni.
C’était un autre pas à franchir, nous avons profité d’un grand tonneau, de « mauvaises herbes » et de quelques gros orages pour l’eau de pluie… Le temps a fait le reste.
Nous pensons rédiger un article en commun, prochainement, concernant différents purins. L’ortie est bonne pour la santé humaine, animale. Mais, elle est aussi excellente pour les plantes.
Du papier d’orties
J’aimerai beaucoup faire des essais de papier végétal. Les orties pourraient être une bonne matière première.
J’ai de bons espoirs de pouvoir bientôt faire quelques tests, histoire d’agrandir un peu mes champs de compétences.
Conclusion
Il me semblait nécessaire de rendre justice à ces mal aimées que sont les orties en rappelant quelques une de leurs qualités. Nos temps épris d’urgences (parfois et même souvent inutiles et insensées) nous les ont fait oublier.
Et pourtant, même Victor Hugo leur a dédié un poème…
Je dois remercier Madame Marie Pierre Puybarret pour les informations précieuses qu’elle m’a données si gentiment. Je vous invite a visionner un documentaire « Neolithic Fashion » où on la voit tisser une reconstitution magnifique de tunique néolithique.
/// Yourte et feutre /// —- Encore en cours de rédaction, dernière mise à jour le 11/10/2020 — Nouvel article du 17 Mars 2020 — ce projet de Biolab Maraîchage ne fait que commencer… Prochain article sur les AMAP ou peut-être sur les Ronces Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Alors que je continue mon confinement chez Biolab Maraîchage, à Chevrainvilliers, je vis de nouvelles expériences dignes de vous être racontées. Depuis que je suis arrivée, le 25 février, j’entends parler de la yourte. Quel est le lien entre une yourte, le feutre et l’artisanat? Le feutre a de telles qualités qu’il constitue ici la paroi externe de cet habitat nomade…
Pourquoi une yourte?
Paul Thierry de Biolab Maraîchage qui reçoit régulièrement des wwoofers, cherchait une solution originale pour recevoir des gens qui font un tour de France des exploitations agricoles qui doivent rester ici plusieurs mois. Elle fait 8 mètres de diamètre, soit près de 50 m2 de surface. Elle est arrivée de Mongolie…
Alors, cette structure circulaire va faire le pendant d’un mandala des plantes aromatiques, déjà installé, un peu envahi par les mauvaises herbes. Mais il faut attendre le réveil de toutes les plantes aromatiques qui constituent ce magnifique motif, oriental lui aussi.
Donc, je suis vraiment très heureuse de participer à cette aventure. Quelle expérience!
Le mandala des aromatiques
Bien que ce mandala des plantes aromatiques semble un peu abandonné, il comporte de nombreuses plantes médicinales. Mais, on sort juste de l’hiver et un certain nombre de plantes ne réapparaissent que depuis quelques jours.
Nous allons le remettre à jour rapidement. Je le photographie très souvent pour mettre en évidence son évolution. J’affectionne beaucoup les plantes aromatiques car elles sont médicinales. En outre, elles sont aussi tinctoriales.
Au centre de ce mandala, il y a une magnifique ruche rustique cévenole entourée de tanaisie.
Dans ce mandala, on trouve de la menthe, de la sauge, de la mélisse, de la sarriette, du thym, de la mauve, de la tanaisie…
Cette ruche attend d’être un peu nettoyée pour pouvoir attirer un essaim d’abeilles.
La préparation de l’ouvrage
Le travail sur plan
D’abord, Paul a étudié très longuement le plan du plancher de la yourte et son emplacement. Il l’a modifié à plusieurs reprises, cela lui a permis d’avoir une estimation correcte des matériaux nécessaires.
Le visionnage de video
Toute l’équipe s’est longuement préparé et a visionné des video sur le montage de yourtes, apparemment toutes ne démarraient pas pareil. Il restait de nombreuses questions.
Avant le montage des parois en feutre, il y a eu une pause de quelques jours. Ils ont revisionné des video.
Comme souvent dans les tutoriels, il semble qu’il manquait, quelques détails très importants. Cela nous a sérieusement compliqué le travail de montage.
On pourrait croire que c’est simple, mais les lois de la physique s’appliquent ici aussi. Bien sûr, il n’y avait pas de mode d’emploi. Nous n’avons donc pas bénéficié de la tradition qui se transmet…
Le mecano de la yourte
Quand je suis arrivée chez Biolab Maraîchage, la yourte attendait son montage, entassée sur une remorque dans le hangar.
Je vous parle de mecano… Sauf quelques rares anneaux, il n’y a aucune pièce de métal, tout est souple. Donc, les matériaux de base sont tous organiques: bois, nerfs, laine, crin de cheval… Un des participants l’a comparée à un mikado géant, tout décoré de peintures traditionnels.
Le plancher de la yourte
Il est constitué:
d’une bâche plastique résistante, comme celles des serres
20 parpaings judicieusement placés
des poutrelles en bois
des mailles en plastique
de la laine de chanvre, puis à défaut de la paille
30 plaques d’aggloméré
Paul prévoit un petit fossé de drainage tout autour avec une géomembrane pour drainer et récupérer les eaux de pluie.
Montage du plancher de la yourte
Paul et ses amis ont commencé à appliquer le plan. D’abord, ils ont nivelé le sol. Celui-ci n’était pas plat, car était cultivé (persil, thym, romarin…).
Une fois cette première étape réalisée, ils ont étendu la bâche à l’emplacement prévu.
Puis, ils ont placé des parpaings et les premières poutrelles pour
obtenir le dodécagone prévu. Enfin, ils ont unis ces poutrelles, et fini
le dodécagone par des poutrelles de travers.
Cette étape a été très longue. Chaque parpaing a dû recevoir quelques cales pour que le sol ne s’affaisse pas à l’usage.
Une fois cette structure montée, ils ont agrafé des mailles et filets sur lesquels on a disposé de la laine de chanvre et de la paille comme isolant thermique.
Sur cette base, ils ont monté et fixé les 30 planches d’aggloméré. Ce sera le plancher. Chaque planche est vissée sur les poutrelles. Sur ce plancher, ils ont tracé un cercle d’un peu plus de 8 mètres de diamètre. Paul a découpé le cercle.
À la lumière d’un projecteur, nous avons fini cette partie cruciale de la yourte. La suite sera pour le lendemain.
Test de filature du chanvre
Jamais je n’avais pu essayer de filer du chanvre. J’ai donc profité de l’occasion pour tester avec la laine de chanvre d’isolation. Elle était plutôt grossière et parfois courte.
Comme il s’agit d’une fibre végétale, elle n’a pas d’écailles qui facilite la filature. Comme il s’agissait de fibre de remplissage, elle n’est pas bien préparée. Donc, elle était rêche au toucher et un peu raide. Le teillage n’était certainement pas suffisant. Évidemment, les fibres n’avaient bien sûr pas pour but la filature.
J’ai tout de même réussi à filer puis à retordre une petite pelote.
Enfin, nous avons terminé le montage du plancher en pleine nuit, à la lumière d’un projecteur. Il a fallu recouvrir la structure avec une bâche pour la nuit.
Un peu de pluie
Alors que nous avions bénéficié d’une météo favorable. Nous avons eu droit à un petit orage, lors de la préparation du plancher. Il a fallu se dépêcher de tout couvrir avec des bâches.
Le treillis de la yourte
Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est le treillis qui soutient tous les rayons du toit avec les quatre poteaux qui soutiennent la partie centrale du toit.
Son positionnement et son réglage sont très précis. Trop étiré, les rayons tombent, trop serré, les rayons fatiguent, font de mauvaises forces… L’étirement doit être le même partout, sinon on a des parties plus hautes que d’autres….
Le treillis était divisé en quatre morceaux qu’il a fallu unir en les super posant. Ce sont les amarres plutôt disgracieuses des treillis que nous voudrions cacher par une tenture patchwork.
Nous avons fait le réglage grâce à des cordes et sangles qui faisaient le tour complet, soit près de 25 mètres. Ces cordages seront éliminés une fois les toiles installées. Nous avions essayé de les enlever avant de monter les toiles, mais le treillis s’était agrandi de nouveau et les rayons avaient recommencé à tomber.
Enfin, ils seront remplacés par trois jolies cordes de crin de cheval tressées, à l’extérieur, qui maintiennent l’ensemble.
Le montage du toit
Le tonoo de la yourte
C’est le centre et le support de la toiture. Il est joliment décoré avec des motifs traditionnels mongols. La circonférence externe du cercle central est percé d’une centaine de trous où vont s’emboîter les 100 rayons, eux aussi décorés sur la face inférieure.
D’abord il a été attaché de manière un peu approximative avec des amarres, couché sur le plancher de la yourte. Puis, nous l’avons relevé et centré.
Une fois dressé en place, nous avons tenté de redresser les poteaux pour bien les centrer à plusieurs reprises. C’est la pièce maîtresse. Son réglage définitif n’a eu lieu que juste avant de monter la toile de propreté. Les réglages simultanés du tonoo et du treillis, une fois les rayons montés ont nécéssité la participation de l’équipe au grand complet. Donc personne n’a pu photographier cette étape.
Donc, c’est un ensemble majeur, et c’est le plus difficile à mettre en place. Inévitablement, les erreurs provoquent la chute des rayons.
Comme nous n’avions pas la pratique, il y a eu de nombreuses chutes de rayons, avec même un peu de casse.
À la fin, on a installé les couvertures du toit.
Les rayons
Ils unissent le tonneau au treillis. Ils s’emboîtent dans les encoches de la pièce centrale, le tonoo, et s’attache au treillis avec des cordelettes anciennement en crin de cheval. Il en manquait beaucoup, nous les avons toutes remplacées par des ficelles en plastique.
Certains étaient numérotés. mais la plupart n’avaient pas d’indication. Certains étaient plus gros que d’autres.
Les parois de la yourte
Nous allons passer á l’étape de couverture de la yourte.
La toile de propretéLa toile de propreté
Aussi bien les parois que le toit, sont couverts d’abord par une toile dite de propreté, blanche et relativement fine. Il s’agit d’une toile assez fine qui fait le tour du treillis, couvre le toit et se fixe sur la porte et le tonoo.
Paul est grimpé sur le tonoo, pendant que l’équipe enroulait la toile de propreté.
D’abord, enroulée la toile est montée vers le toit, grâce à une corde que Paul tire depuis le haut du toit.
Puis, il a fallu étaler la toile autour de la yourte, en se centrant sur la porte.
Le feutre, élément essentiel
Puis, viens une grosse couche de feutre de plus de 2 cm d’épaisseur. Elle est divisée en quatre morceaux qui se recouvrent autour du treillis. Deux demies lunes recouvrent le toit.
Nous allons dérouler ces rouleaux.
La toile extérieure
Alors, vient la dernière couche et de toiles décorées et imperméables. De nouveau, il y a une toile qui fait le tour et une autre pour le toit.
Enfin, vient une petite jupe décorée, au pied de la yourte.
Petites réparations
Cette yourte a été achetée d’occasion. Le feutre avait un peu souffert, notamment au niveau des attaches. J’ai donc reprisé un coin. Pour cela, j’ai utilisé un peu de soie de Madagascar. Elle est lisse et solide. Puis j’ai recousu l’anneau de l’attache qui avait été arraché.
Il y avait aussi une petite couture qui avait lâché entre deux planches de feutre. Je l’ai recousu avec le même fil.
Le feutre
Quelles sont les qualités du feutre?
C’est un matériaux naturel à base de laine de mouton ou de poils d’animaux, il a toutes les qualités de la laine:
Il est pratiquement indéchirable, sauf feutrage insuffisant
Il ne s’effiloche pas
Son imperméabilité naturelle est remarquable
C’est un excellent isolant thermique
Il est difficilement combustible et ne pourrit pas
Il peut prendre des formes et des volumes très divers, ce qui permet de façonner aussi bien des chaussures, des fleurs, des vêtements, ou des murs de yourtes
On peut le fabriquer facilement, à la taille et à l’épaisseur désirée
Il peut être cousu et brodé facilement
Pour vous donner plus de détail, je prévois un prochain article sur le feutre.
En avant-première, je vais vous expliquer sur quoi est basé la technique du feutre.
La laine, tous les poils et même nos cheveux sont couvert de petites écailles comme nous le rappellent les publicités pour les shampoings. Ces petites écailles sont visibles au microscope.
L’humidité, la chaleur et le frottement les ouvrent et elles s’accrochent, c’est ce qui arrive quand vous passez votre pull en laine à la machine à laver et que vous le récupéré rétréci, feutré…
Il existe deux techniques de base.
1. Feutrage à l’aiguille
Le feutrage à l’aiguille est facile. Mais, il faut avoir une ou plutôt plusieurs aiguilles. Car elles se cassent assez facilement si elles rencontrent un obstacle ou si on les utilise de travers. Ils en existe différentes formes et tailles avec les barbes disposées de manière à obtenir la finition adéquate.
On étale la laine lavée, bien cardée, sur plusieurs couches perpendiculaires. L’idéal est d’utiliser du « top », laine cardée en ruban. En fait, il s’agit d’une étape intermédiaire de la filature industrielle, avant la mèche de carde et la filature. Cela facilite grandement le travail et permet d’éviter les irrégularités.
Une fois la laine bien disposée sur une éponge comme support, on picote avec une aiguille, ou avec un manche avec 4 aiguilles. On retourne le travail régulièrement et il prend vite forme.
2. Feutrage au savon
C’est bien simple, la combinaison eau tiède, savon et frottements ouvre les écailles qui s’accrochent rapidement et solidement entre elles, et bloquent les fibres en désordre. Un choc thermique peut compléter l’opération de feutrage en le consolidant.
En outre, c’est la raison pour laquelle, habituellement, on doit laisser refroidir tranquillement les bains de teintures. Car un changement de température brusque referme rapidement les écailles en resserrant les fibres.
La technique mongole traditionnelle
Voici, la technique traditionnelle mongole, que l’on peut voir sur des documentaires sur Youtube, consiste à préparer une nappe de laine brute sur une toile de plusieurs mètres de long et de large. On l’arrose copieusement avec de l’eau. Je suppose qu’elle est chaude. Je ne sais pas s’il mettent du savon.
Alors, ils enroulent la toile avec la laine mouillée. Ils obtiennent un grand rouleau qu’ils attachent très serrés et fermement.
Enfin, le rouleau est attaché à l’arrière d’un cheval qui est lancé au galop. Les coups reçus par le rouleau de laine provoque des frottements qui emmêlent les fibres et les bloquent grâce à leurs écailles. À la fin de ce traitement de choc, ils obtiennent des parois de yourte.
Ce que j’ai appris
Comme toujours, j’observe et je photographie. Donc, j’ai encore beaucoup appris.
Les jolis détails de la yourte
L’union des croisillons
Fait intéressant, l’union des lattes des croisillons de la paroi sont fait avec des nerfs qui passent par un trou et noué des deux côtés. Ainsi, c’est plus souple que des unions métallique et le bois souffre moins.
Le feutre
Quant à lui, le feutre n’a pas été fabriqué selon les traditions. Car, en observant bien les détails, on voit les lignes de petits trous des aiguilles à feutrer. Il a donc été produit industriellement sur une machine à feutrer à aiguilles. Les aiguilles sont installées sur des barres qui descendent et montent. Les petites barbes des aiguilles emmêlent les fibres de la nappe de laine et le frottement ouvrent les écailles qui s’accrochent et se ferment sur les fibres avoisinantes.
Les tresses et cordes
Oui, elles sont traditionnelles, en crin de cheval, filées et tordues ou tressées selon l’usage. C’est un travail admirable. Les trois tresses qui maintiennent la structure, montrent même un jeu de couleurs.
D’ailleurs, ses rayons du toit avaient aussi des cordelettes en crin de cheval. Mais il en manquait un certain nombre, alors nous avons toutes remplacées par de vilaines ficelles en plastique bleu vif. Il va falloir cacher tout cela.
Poignée de porte de la yourte
Voici une autre détail technique. Ici aussi, interviennent les nerfs d’animaux.
Montage de la yourte terminé
La participation des Amapiens
Ici, les Amapiens sont l’un des moteurs de cette exploitation agricole d’un autre genre. Je viens de publier un article conçu en commun avec les Amapiens.
Il s’agit d’associations de consommateurs de produits agricoles en circuits courts. Ils ont donc des relations privilégiées avec leur fournisseurs. En cette période de confinement, plusieurs Amapiens sont venues en aide à Biolab.
Une fois terminé le montage de la yourte, un tapis de sol est prévu, un chauffage à bois va arriver… Il ne manque qu’une tapisserie de 25 m par 1,60 m pour cacher les attaches du treillis intérieur. Les ficelles en plastique bleu vif détonnent trop sur l’ambiance naturelle de cet habitat.
J’ai proposé que nous fassions des carrés de 20 X 20 cm au métier à clous. Il nous en faudrait 1000, Biolab travaille pour 7 AMAPs représentées par 180 adhérents au total. Il suffirait que chaque Amapien tisse 5 carrés pour obtenir la surface nécessaire. Avec un peu d’expérience, tisser un carré prend moins d’une demie-heure.
Nous avons commencé par enregistrer un petit tutoriel en video montrant comment tisser les carrés.
Les Amapiens ont déjà produit plus de 400 carrés de ce type.
Par chance, nous avons terminé de monter la yourte juste à temps. La nuit même, elle a été mise à l’épreuve de la pluie et du vent qui sont revenus après deux semaines d’accalmie.
Nuit dans une yourte
Rien ne m’aurait empêché d’aller dormir une dans cette yourte. Mais le hasard a fait que récemment, j’ai dormi dans une yourte, c’était dans celle de mes amis bronziers au Village Lacustre de Gletterens. J’y ai passé d’agréables nuits.
Conclusion
Évidemment, le montage de cette yourte aura été l’occasion de jolis moments d’amitié et de partage, souvent accompagnés de musique vivante. Une guitare ne pouvait pas manquer à cette réunion collaborative. C’est un témoignage d’une solidarité qu’il faut continuer de développer.
Ce fut un véritable défi, car il fallait aussi faire les travaux courants de l’exploitation agricole, notamment planter les futurs légumes et récolter ceux qui devaient être livrés aux Amapiens. Tout a été fait dans les temps…
/// Printemps tant attendu /// Nouvel article du 29 Mars 2020 — vu que le printemps ne fait que commencer, je mettrai à jour régulièrement cet article… Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Nous allons observer le printemps naissant… Regardons les teintures germer, grandir et fleurir… Beaucoup de photographies pour les amis qui en réclament… Comme des millions de gens, je me retrouve en confinement. Dans mon cas, c’est en Wwoofing dans une ferme maraîchère bio, Biolab à Chevrainvilliers. Il faut donc utiliser intelligemment son temps. J’en profite pour observer et apprendre. L’agriculture est déjà indispensable, elle le sera encore plus dans les mois à venir…
Chaque semaine, je prends donc des photographies des mêmes endroits, et j’obtiens une évolution. Ainsi, je voulais vous montrer comment d’une semaine à l’autre les champs passaient du marron au vert, certains de colza deviennent jaunes… Mais en regardant les photographies, on ne voit pas le fonds du paysage.
Printemps et teintures
Cependant, cela reste en lien avec mes activités artisanales de teintures naturelles et de tissage. En effet, les plantes cultivées et les autres aussi et surtout, sont des matières tinctoriales naturelles. En outre, les teintures naturelles doivent s’adapter au rythme des saisons.
Parfois, c’est un peu de la déformation professionnelle, mais je vois partout des teintures naturelles. À vrai dire, il me manque le temps pour les tester.
Souvent, je ne connais les plantes que par les livres. Maintenant, je peux les observer et poser des questions…
Le printemps arrive chaque année
Mais, on ne prend pas le temps de le voir, de l’écouter et de le sentir… Les odeurs ne passent pas par internet…
Voilà, il arrive en grands vents… C’est comme les chants d’oiseaux, cela ne passe pas dans les photographies… Je suis donc sortie photographier les vents de printemps. Il me semble ne jamais avoir vu autant de vents. Et pourtant, cela souffle aussi au Chili. Mais, on n’a pas le temps de le voir.
J’ai perdu quelques printemps, en travaillant, en voyageant, d’autres en tissant, en filant au local… L’occasion a fait que cette année, je me suis arrêtée dans une exploitation agricole… Je suis en contact direct avec le printemps… Donc, cette année, je travaille dans et avec le printemps…
Voici donc, le printemps 2020. J’espère pouvoir commenter les printemps prochains.
Le printemps, une histoire de couleurs
Tous les tons de vert
Auparavant, il restait des verts sombres et tristes de l’hiver, maintenant arrivent ceux du printemps. J’aime leur variété et leur délicatesse.
Alors, chaque semaine, je prends quelques photographies depuis la fenêtre de la cuisine. Cela verdit…
Au Chili, la plupart des arbres sont le plus souvent à feuilles pérennes, et même l’hiver. ils restent vert.
N’oublions pas que le vert de la végétation vient de la chlorophylle, qui tache mais ne teint pas. Ce colorant ne tient pas. Le vert est assez difficile à obtenir en teinture naturelle. En général, on l’obtient en deux bains, un de jaune, suivi d’un bain d’indigo (ou l’inverse).
Mais, un feuillage vert peut cacher de nombreuses couleurs, le bleu ne provient généralement pas de fleurs, mais plutôt de feuille où l’indigo se cache.
Certaines plantes n’attendent pas le printemps et supportent les gelées…
Certaines à l’extérieur ont souffert des dernières gelées… Celles-ci étaient à l’ombre du hangar.
Les jaunes
Toujours et encore les pissenlits. Ils forment de jolies taches sur fonds vert et attirent les premières abeilles.
Les blancs
Avec un petit peu de jaune, les pâquerettes, les matricaires, les marguerites… mais aussi de fines « mauvaises herbes »…
Et les autres couleurs…
Enfin, deux tulipes rouges solitaires sont apparues… Dans les serres, il y a des légumes colorés… pourpres et violets…
Les autres couleurs semblent plus rares… parsemées par groupes de lamiers et de véroniques bleues… Parmi les herbes, les seules taches de rouge rouille, pour le moment, sont les vieilles feuilles de rumex…
Cependant, il faudra encore patienter pour voir plus de couleurs.
Les germinations
Un peu partout, et surtout dans les serres, cela germe, de frêles feuilles émergent du sol. Il faut attendre un peu pour les identifier…
Je viens de terminer de trier les plus de 3000 photographies que j’ai prises cette semaine. Pour illustrer tous les détails, mieux vaut en avoir un peu trop…
Bonnes herbes et mauvaises herbes
Au printemps, tout redémarre, il ne reste plus qu’à faire le tri avec patience entre les bonnes et les mauvaises herbes.
Les bourgeons du printemps
Le déploiement des nouvelles feuilles
Les feuilles nouvelles naissantes sont toujours très belles
Les feuilles de Chevrainvilliers ne sont pas aussi impressionnantes, mais tout de même très intéressantes…
Panais
Enfin, nous venons de récolter les derniers panais. Ils étaient entrain de produire de nouveaux feuillages avant la montée en graine. Le déploiement des feuilles ressemble à un origami.
Fenouil
Curieux légumes, les fenouils ont de très légères feuilles qu’apprécient beaucoup les lapins. Au Chili, ils poussent sauvages. Voyons comment elles naissent.
Bourgeon d’arbres
Les bourgeons se sont préparés lentement pendant tout l’hiver. Alors, ils éclosent très rapidement, il faut prendre le temps de les surprendre.
Parfois, les fleurs apparaissent avant les premières feuilles.
Les bourgeons sont difficile à surprendre en photographie, ils évoluent si vite…
En outre, les bourgeons des arbres et arbustes sont très importants pour les abeilles. Elles viennent y puiser des résines qui leur serviront pour produire le propolis avec lequel elles calfeutrent leur ruche. Ce calfeutrage est autant chimique que physique.
Fougères
Voici quelques pousses de fougères à Misahualli, en Équateur, région de Napo, Amazonie équatorienne. Les fougères ont pour spécialité dérouler leurs feuilles.
Bourrache
Ohh! Elle est toute poilue! Cette semaine, elle vient de réapparaître de sa cachette d’hiver…
Les artichauts
Voilà, eux aussi sont pressés de fleurir, je vais les guetter de semaine en semaine. Je ne me lasse pas de les admirer.
Savez-vous que l’on peut teindre avec les feuilles, les tiges et les restes de ce qu’on mange de l’artichaut?
Une artiste qui a suivi l’atelier de la Redonda a Santa Fe en Argentine avait coupé un artichaut en deux pour faire des impressions…
Les tanins
Au printemps, la production de tanins démarre aussi. Car toute la vie sauvage a faim après l’hiver et les plantes doivent soit se protéger des herbivores, soit se multiplier se développer plus rapidement que la prédation. C’est ce qui explique que certaines plantes soient toxiques.
Comme l’explique Marc-André Selosse dans ses livres, les plantes produisent des tanins, et notamment des anthocyanes. C’est un investissement important en énergie de la part de la plante pour se protéger. Donc, cela concerne surtout les nouvelles pousses bien tendres qui attirent les herbivores et les zones à fort ensoleillement…
Cependant, les tanins ne pourrons pas sortir de la feuille, car ils sont enfermés à l’intérieur des cellules. Mais la feuille grandit. Souvent, elle n’augmente pas la quantité de tanins.
En outre, ces tanins sont bien sûr très intéressants en teinture naturelle. Ils nous offrent des possibilités très intéressantes…
Les pousses de printemps des ronces
Voici venir les premières pousses de ronces si utiles en teinture naturelle. Je leur dois un des plus beau gris que j’ai obtenu après mordançage au fer. Les épines restent piquantes après le bain de teinture.
À quelques mètres de là, une autre ronce vit à l’ombre du hangar…
Celle-ci avait décidé de renaître sous une bâche…
Les rosiers
Les feuilles de rosiers sont très intéressantes en ecoprint. Cela ne peut pas rater. Les feuilles de framboisiers sont aussi intéressantes dans cette technique.
J’allais oublier de vous montrer ce que donne l’ecoprint…
La lavande
Les feuilles nouvelles de la lavande ont un autre ton de vert. On peut constater le même phénomène sur la sauge.
La lavande, comme la sauge et de nombreuses aromatiques servent aussi en teinture.
Les fleurs du printemps
Au printemps apparaissent toutes les fleurs, chacune à son tour. Je vais donc les épier…
Ce printemps, les légumes semblent très pressés de monter en graine. L’hiver a encore été plutôt doux.
La vie insiste toujours, les choux récoltés il y a 15 jours tentent de renaître…
Les arbres fruitiers commencent à fleurir. Quelques abeilles commencent à apparaître. Mais elles semblent préférer les pissenlits.
Le sureau
Un jeune sureau prépare déjà ses fleurs…
Le printemps des animaux
Les voisins à Chatenoy sortent leur brebis. Je suis curieuse de voir quand ils vont les tondre.
Les poules pondent un peu plus souvent, mais malheureusement pas toujours dans leur nid.
Ici, c’est aussi le printemps pour les lézards de la serre.
Le printemps poétique
Bien sûr, il n’y a pas de doute, les plantes sont belles au printemps et cela inspire de nombreux poètes. Laissez-moi un peu de temps pour sélectionner pour vous quelques chansons et poèmes…
En avez-vous un à me proposer?
Conclusion
En fait, le printemps ne fait que commencer, je mettrais donc cet article au fur et à mesure des observations et des découvertes.
/// Mauvaises herbes utiles /// Nouvel article du 21 Mars 2020, complété le 5 Avril 2020 Nouvel ajout prochainement, en fonction des photographies et des découvertes… Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Les « mauvaises herbes« , un casse-tête pour tous ceux qui essaient de faire pousser des plantes, mais sont-elles toujours si mauvaises? Pendant mon activité actuellement, en confinement, le Wwoofing chez Biolab… J’ai très souvent affaire aux fameuses « mauvaises herbes« . Je n’ai pas résisté à l’envie de vous écrire un petit article sur ces herbes que l’on dit mauvaises car on ne les connaît pas. Cet article reste encore en lien avec l’artisanat et la teinture naturelle.
Michel Pastoureau dit qu' »une couleur ne vient jamais seule« , c’est aussi le cas des plantes… Pour les « mauvaises herbes« , elles donnent l’impression de bien s’entendre. Et si on les arrache, immédiatement, une nouvelle génération apparaît, d’autres espèce, plus difficiles à arracher.
D’où viennent nos bonnes herbes? Des « mauvaises herbes » à succès…
Je n’aime pas le terme « mauvaises herbes« , c’est pourquoi, je l’écris entre guillemets. En fin de compte, ce que nous cultivons, ce sont des « mauvaises herbes » qui ont réussi. Elles ont été sélectionnées parmi toute l’offre végétale, et elles ont été protégées et développées des centaines de générations de cultivateurs. En conséquence, les autres sont presque méconnues.
Le maïs
Par exemple, l’ancêtre du maïs que consommaient déjà les Indigènes du désert d’Atacama n’était qu’une simple graminée, le téosinte, dont l’épi ne mesurait pas plus de 5 cm de longueur. Les sélections des paysans amérindiens ont donné une variétés de formes et de couleurs allant d’un grain blanc de la taille de l’ongle du pouce, à des grains plus courants mais noirs. Il existe de nombreuses variétés intermédiaires, parfois multicolores.
Ces derniers temps, cette sélection devient de plus en plus restreinte et de nombreuses variétés cultivées autrefois sont entrain de disparaître. Elles étaient pourtant adaptées aux conditions locales. Elles ont parfois beaucoup voyagé avant de s’adapter à notre voisinage.
Sans parler des variétés OGM, qui ont souvent fait appel à des qualité de résistance des « mauvaises herbes« , le catalogue des variétés a tendance à se restreindre, laissant se perdre des variétés anciennes plus rustiques.
Ont-elles toujours été des « mauvaises herbes« ?
De nombreuses plantes considérées actuellement comme « mauvaises herbes » étaient encore cultivées, il y a à peine un siècle. Parfois, elles étaient très appréciées, sans pour autant être cultivées…
Arrêtons-nous sur quelques cas…
Le pissenlit
Je suis actuellement chez Biolab à Chevrainvilliers, près de Nemours (77 – France). Il y a beaucoup de pissenlit, il est très difficile de les expulser des serres.
Par exemple, Valentin qui travaille ici, me disait qu’autrefois dans cette zone, de grandes superficies étaient cultivées en pissenlit. Cette plante se mange en salade et est très intéressante du point de vue médicinal, notamment pour le foie. Il est riche en tanins et en vitamine C. Les vaches l’adorent.
Le chénopode
« Mauvaises herbes » courantes, les chénopodes, parents des épinards étaient très consommés autrefois, avant que Catherine de Médicis n’importe à la cour de France et mettent à la mode l’épinard fort apprécié en Italie.
L’ortie
Elle est le symbole d’une bonne terre. Un ancien proverbe basque disait que s’il y avait de l’ortie sur les terres de la future mariée, c’était bon signe.
Les orties sont indispensables pour une bonne immunité de la plupart des oiseaux. Elles sont très mellifères.
Comme beaucoup de « mauvaises herbes », elles sont bien sûr comestibles, en soupe ou comme des épinards et de biens d’autres manières. Elles teignent évidemment. Mais, les orties donnaient aussi des fibres qui se travaillaient un peu comme le lin.
N’oublions pas le fameux purin d’ortie, très utile en agriculture biologique. Tellement utile, qu’ils ont voulu l’interdire!
La réputation de l’ortie n’est plus à faire.
La grande consoude
Cette plante (Symphytum officinale) dont l’huile essentielle est très vantée, était aussi anciennement aussi utilisée en purin comme l’ortie pour protéger les cultures. Elle peut aussi être utilisée en mulch ou en compost dans le même but.
Elle est mellifère, donc intéressante pour les abeilles et doit faire participer au miel de ses qualités médicinales, notamment en ce qui concerne son pouvoir cicatrisant.
« Mauvaises herbes » en association avec les cultures?
Certaines repoussent les insectes, d’autres les attirent et les mettent en évidences.
Les soucis
Les soucis qui on parfois mauvaise réputation, repoussent nombre d’insectes. Et comme les tagètes ou la tanaisie, ils peuvent être « cultivés » ou favorisé entre les rangs de cultures.
Les capucines, mauvaises herbes?
Cette jolie plante, sauvage et courante au Chili, a la particularité d’attirer les pucerons. Ceci fait que souvent, on la chasse des cultures au lieu de l’accueillir.
En outre, la magnifique fleur est comestible en salade. De même, la feuille est médicinale, son application sur les bleus aide à une résorption plus rapide de ceux-ci. Cela explique sans doute son appellation « espuela de galán » (éperon de galant), pour son utilisation pour soigner les yeux au beurre noir!
Certainement, il me faudra attendre mon retour au Chili pour mettre une photographie…
Et pourquoi pas la Bourse à Pasteur
En arrachant des « mauvaises herbes » entre les choux, j’ai découvert des bourses à pasteur dont la tige florale était couverte de petit pucerons noirs… Ne vaut-il pas mieux qu’ils sucent la sève de cette indésirable que celle de la culture.
« Mauvaises herbes » médicinales
Le plantain
Ainsi, cette plante très courante, même en ville, est très intéressante. Elle soulage très rapidement les piqûres d’insectes et d’orties.
Comme beaucoup de plantes médicinales, elle est aussi tinctoriale. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer. Car il ne faut pas oublier qu’il faut généralement 3 fois le poids des fibres à teindre en plantes. C’est long à cueillir.
La digitale
Cette belle plante sauvage (Digitalis purpurea) est aussi intéressante du point de vue médicinal qu’elle est toxique. Elle est utilisée pour fabriquer des médicaments pour des problèmes cardiaques. Elle est trop efficace pour l’essayer, il faut la laisser aux laboratoires pharmaceutiques.
Voici, cette plante dont le nom scientifique est Tessaria absinthioides est très courante au Chili depuis la zone centrale jusqu’au nord. Elle peut devenir envahissante.
À Pica, ou j’ai donné une formation, les femmes luttaient continuellement contre ces plantes qui envahissaient leurs « chacras » (mot quechua désignant une petite parcelle cultivée).
Belle expérience de teinture
Nous l’avons utilisé en teinture naturelle, elle furent très agréablement surprises par le magnifique jaune que cette « mauvaise herbe » peut donner.
Je viens d’apprendre qu’elle est très intéressante du point de vue médicinal pour les articulations, en infusion. Elle est aussi répulsive pour de nombreux insectes.
Voici une photographie très émotive. Cette femme qui a une vie très difficile, caresse la laine qu’elle a teinte avec la Sorona qu’elle arrachait par pleines brassées.
Les ronces
Oui, les ronces ne font pas que piquer, envahir et donner parfois des mûres à l’automne. Les jeunes rameaux sont bourrés de tanins et sont très intéressants en teintures.
J’aime les jolis jaunes et de merveilleux gris, éventuellement des verts olives qu’elles donnent. Le résultat dépend des mordants: alun, fer ou cuivre et en prime une odeur de confiture lors du bouillon de teinture.
En permaculture, une technique innovante, utilise le fait que cette plante est une précurseur de la forêt. On aménage des cercles dans le massif de ronces et on y plante au milieu de petits arbres, le plus souvent fruitiers qui pousseront protégés par les ronces.
Les fleurs des champs en ecoprint
Voici une autre utilisation maline des plantes sauvages en teinture naturelle, est la technique appelée « ecoprint« . J’ai déjà consacré un article à celle belle technique que je pratique dès que je peux avec plaisir.
« Mauvaises herbes » fourragères et engrais vert
De nombreuses fabacées ou légumineuses sauvages servent d’engrais vert, grâce à leurs nodules sur les racines qui concentrent l’azote.
« Arvejilla »
Notamment, je pense à la « arvejilla » (petit petit-pois), courante au Chili (zone centre et sud), que les brebis apprécient beaucoup.
Il faut cependant penser à les tondre avant que les graines mûrissent, car celles-ci sont munies d’une épine très pointue qui blessent souvent les doigts quand on file la laine.
Cette graine était consommé par les indigènes qui savaient profiter de leur environnement.
J’ai appelé au secours mon amie Lucia Fuentes près de Rancagua (Chili) qui est apicultrice et connais très bien la flore chilienne. Elle m’a gentiment renvoyé tant d’informations que je ne sais pas à quel nom latin vous renvoyer. Il y a beaucoup d’espèces qui se ressemblent. Je me suis retrouvé devant un cas d’infobésité. Et malheureusement, je n’ai pas de photographie.
Les rumex
Avec leur solide racine pivotante, ils sont un cauchemar pour les agriculteurs. Il en existe de nombreuses variétés, toutes bio-indicatrices, indiquant différents types de sols.
Certaines espèces sont comestibles en salades. Les vaches les apprécient beaucoup.
Elles sont utiles en teinture naturelle, car elles ont beaucoup de tanins, et notamment des tanins peu colorants. Ils donnent des tons rosés pâles. C’est très intéressant pour utiliser ces tanins comme des mordants naturels et éviter ainsi la pierre d’alun. En outre, Gérard Ducerf nous apprends qu’elles récupèrent aussi les formes toxiques d’aluminium dans les sols. En teinture, cet aluminium peut certainement remplacer l’alun, pas toujours facile à trouver.
Bidens – amores secos
Cette herbe gracile qui aime les zones humides paraît bien innocente. Elle appartient à la famille des Bidens, au Chili on l’appelle « amour sec », car leurs graines munies de deux petites dents s’accroche volontiers au vêtements.
Du temps des Incas, les enfants étaient envoyés les récolter pour la teinture, elle donne un magnifique jaune-ocre.
Les abeilles aiment les « mauvaises herbes«
La grande majorité des plantes cultivées ne sont pas intéressantes pour les abeilles.
Les céréales sont généralement pollinisées par le vent.
Les légumes sont souvent récoltés avant la floraison, leur goût se modifie pendant la montée en graine…
Les fleurs cultivées pour les fleuristes sont récoltées en bouton, donc trop tôt pour les abeilles qui ont besoin que le pollen soit déhiscent et se libère facilement. C’est-à-dire que c’est la fleur mûre, presque fanée qui intéressent les abeilles.
Certaines fabacées devraient être intéressantes, mais la taille et la forme de la fleur ne laissent pas les abeilles faire leur travail… C’est notamment le cas de la luzerne.
Certaines zones cultivées apparaissent donc comme des déserts verts pour les abeilles domestiquées et beaucoup d’autres pollinisateurs sauvages.
Les « mauvaises herbes » qui arrivent à fleurir sont donc plus attractives pour les abeilles, d’autant plus que leur variété est plus grande. Et les abeilles profitent aussi des qualités médicinales de ces plantes.
Elles offrent aussi une plus grande variété de pollens et de nectars. En outre, elles ne fleurissent pas toutes au même moment, ce qui assure une alimentation variée et étendue dans le temps au fur et à mesure des floraisons décalées.
Si les abeilles dépendent seulement des variétés cultivées, elles ont des excédents de nourritures à certains moments et crient famine entre les floraisons.
Le lierre
Aussi curieux que cela puisse paraître, le lierre est très intéressant pour les abeilles. Heureusement, il a la bonne idée de fleurir en automne-hiver, époque où les abeilles sortent encore aux beaux jours et ne trouvent que très peu de fleurs.
Les baies sont vénéneuses. Elles contiennent beaucoup de tannins et de saponines. Ces graines alimentent de nombreux oiseaux en hiver, ils ont adapté leur appareil digestif et propagent ainsi les graines. Les feuilles sont utilisées comme détergent naturel.
Les feuilles ont la particularité de changer de forme entre l’état juvénile et l’état adulte.
Loin, d’être un danger pour les arbres sur lesquels il pousse, il les protège contre certains champignons et insectes. Le lierre n’est pas un parasite car il se nourrit par ses racines en terre.
C’est une plante dépolluante. Il est aussi utilisé depuis des temps immémoriaux dans des préparations médicinales.
Les adventices
Il s’agit là de cultures agricoles des années ou saisons passées, ou de champs voisins qui ressurgissent au milieu d’une culture principale. Ainsi, même le blé, par exemple, peut être considéré comme une adventice. Ce terme est plus scientifique pour nommer une « bonne herbe » qui n’est pas à sa place et devient « mauvaise » car elle est sensée faire concurrence à la culture du moment, peut-être exagérément normée.
Il est remarquable que ce pourpier est beaucoup moins beau que celui de qui avait été récolté précédemment. Les plans utilisés sont des hybrides F1 bio. Leurs rejetons ne possèdent donc plus toutes les qualités de leurs parents.
Les plantes bio-indicatrices
Gérard Ducerf est un grand botaniste qui s’est spécialisé dans les « mauvaises herbes« . Il a élaboré une théorie très intéressante sur le fait que la levée de dormance des « mauvaises herbes » n’est pas la même partout.
Selon lui, les graines sont présentes partout, mais il faut des circonstances spéciales pour qu’elles germent (ou qu’elles lèvent leur dormance). Ces circonstances proviennent le plus souvent de la chimie du sol. Donc les « mauvaises herbes » qui pousseront, indiqueront certains manques ou certains excès du sol.
Je viens de trouver cette émission de France Culture où Gérard Ducerf explique ses observations. Je vous invite à l’écouter.
Montrer les problèmes du sol, voici le travail des mauvaises herbes
Le plus intéressant de l’affaire est que ces « mauvaises herbes » vont aussi tenter de remédier à ces problèmes. Il explique, par exemple, que certains chardons indiquent un manque de phosphates. Mais en outre, ils vont les chercher dans les couches plus profondes de la terre. Une fois que la plante se fane et se décompose, elle rend ces minéraux disponibles aux autres plantes cultivées.
Il nous faut donc réapprendre à connaître les « mauvaises herbes » qui ont toute une utilité qui n’est plus connue. Elles ont même souvent perdu leur nom. Plus une plante est « gênante« , plus elle a de nombreux noms communs ou vulgaire. C’est là que devient intéressante l’appellation scientifique en latin (parfois de cuisine).
La pollution
Par ailleurs, d’autres « mauvaises herbes » vont indiquer la présence de pollution par des métaux lourds ou des pesticides. Elles les concentreront souvent dans leurs tissus.
Quand les conditions de levée de dormance disparaissent, ce sont d’autres espèces qui apparaissent…
Il explique en détails ses théories dans ses videos et ses livres. C’est vraiment intéressant.
Et les symbioses avec les « mauvaises herbes »
Parfois des « mauvaises herbes » semblent aider directement les bonnes herbes…
Après, Viña del Mar, j’ai vécu à Limache (à 30 km de Valparaíso, Région Centrale du Chili), j’ai eu deux expériences bonnes à méditer.
Quand je suis arrivée à Limache, il y avait beaucoup de plantes médicinales, une amie qui les connaissait bien me montre la mélisse. Elle me dit qu’il faut bien s’en occuper pour la protéger.
La mélisse
J’ai donc commencé par arracher les « mauvaises herbes » autour des plantes de mélisse. On m’a volé la pompe à eau. Je n’ai pas pu continuer à irriguer mes plantes. Heureusement, je n’avais pas réussi à nettoyer tous les plantes de mélisse. Car celles que je n’avais pas nettoyées ont résisté à la sécheresse, alors que toutes les mélisses que j’avais nettoyées se sont séchées.
La mélisse est très mellifère. Au Chili, on frotte les ruches vides avec de la mélisse pour attirer les essaims.
Par ailleurs, la mélisse est un anti-dépressif en tisane, ou parsemer quelques feuilles déchiquetées sur une salade.
Le parqui
D’autre part, j’avais beaucoup de parqui, une solanacée arbustive puante et toxique… Il y en avait des pieds qui poussaient très haut, juste à côté d’un grand citronnier. Les branches de parqui se cassent très facilement, je l’ai donc réduit très facilement, je ne l’ai pas arraché… Très rapidement, le citronnier est mort.
J’ai aussi constaté cette union citronnier-parqui dans la propriété de mon ami Uldis à Concon. Les seuls citronniers que respectaient les chevaux affamés des voisins étaient protégés par un pied de parqui.
Certaines « mauvaises herbes » peuvent avoir un effet répulsifs sur les prédateurs, d’autres peuvent les attirer libérant ainsi les cultures de leurs actions néfastes.
Les « mauvaises herbes » comestibles
Une nouvelle tendance est la redécouverte des plantes sauvages comestibles. Georges Oxley parle beaucoup dans ses videos de ces plantes et d’un mouvement britannique « Incredible Edible ». De nombreux livres sont entrain de paraître à ce sujet.
La renouée du Japon
Cette plante bio-indicatrice et envahissante montre des lieux pollués. Cependant ses jeunes pousses sont comestibles et exemptes de polluants.
Enfin, j’ai utilisé cette plante en teinture naturelle à Puerto Montt (sud du Chili), elle m’a donné un très beau jaune.
Elle est aussi très mellifère et attire les abeilles en nombres.
L’ail des ours
Cette plante phare des comestibles sauvages est une parente de l’ail cultivée. Selon wikipedia, elle présente beaucoup des propriétés de l’ail habituelle.
Comme pour toutes les plantes sauvages, il faut bien faire attention à toujours en laisser suffisamment pour qu’elle puisse se régénérer l’année suivante.
D’autre part, il faut éviter de la confondre avec d’autres plantes toxiques qui lui ressemble et qui peuvent entraîner de graves intoxications. Une bonne base en botanique est donc nécessaire.
Le lamier pourpre
Cette modeste plante fait partie des plantes préférées des débutants en « comestibles sauvages ». Elle a un goût de champignon et s’utilise en salade.
Il existe au Chili une sorte de chardon, cousine de l’artichaut dont les cotes des feuilles sont comestibles en salades ou frits. J’en ai mangé plus d’une fois.
De plus, ce chardon, comme beaucoup d’autres, est aussi très intéressant pour les abeilles.
Aussi, je les ai essayés en teinture naturelle, à mes débuts. J’ai employé les feuilles complètes. Encore une fois, j’ai obtenu un jaune. Les épines étaient restées piquantes après avoir bouilli.
Souvent, j’aime bien utiliser des déchets, des rebuts pour teindre. C’est économique, et cela ne manque que rarement.
La Gunnera
Cette plante utilisée en décoration de jardin en France (Gilles Clément l’apprécie beaucoup) est un peu invasive. Elle pousse sauvage au Sud du Chili, sur les bords de routes et de forêts, j’en ai beaucoup vu entre Coyhaique et Puerto Aysen.
Au Chili, on l’appelle « pangue » ou « nalca« . Ses grandes tiges se mangent en salade, c’est plutôt amer. On les vend, quand c’est la saison sur les marchés, à Puerto Montt. Les feuilles peuvent mesurer plus d’un mètre de large. On les utilise pour la recette du « curanto al hoyo« , spécialité gastronomique de la région de Chiloe et dans de nombreuses préparations culinaires de la région, notamment pour envelopper des « pains » (masas) de pommes de terre râpées.
Les racines sont utilisées traditionnellement en teinture naturelle et pour tanner les peaux.
Sur ce lien, vous pourrez voir des photographies impressionnantes et avoir plus d’informations sur cette plante.
Les « Chahuales«
Voici une magnifique plante en voie d’extinction au Chili est aussi comestible et recherchée. Mais comme on mange la tige florale en bouton, qui est en outre difficilement accessible, au milieu des feuilles dures et piquante, la plante une fois récoltée est incapable de se reproduire.
« Mauvaises herbes » des villes
D’autre part, les « mauvaises herbes » n’envahissent pas que la campagne et les jardins. Elles arrivent à pousser dans n’importe quel interstice en ville… La nature sait recoloniser la ville.
Érigeron du Canada
Cette plante courante en ville, est utile en teinture naturelle. Elle donne aussi du jaune.
Phytolacque
Enfin, cette plante plutôt envahissante et toxique est apparue un peu partout.
Ces graines étaient curieusement utilisées autrefois pour falsifier la couleur de certains vins, notamment de Bordeaux. Il s’agit d’un colorant petit teint, donc très instable.
« Mauvaises herbes » résistantes
Certaines, résistent même au feu…
D’autres, tels ces chardons sont capable de se maintenir après un an à l’ombre sous une bâche tissé…
Certaines savent être mignonnes
Certaines plantes savent être très mignonnes et délicates pour échapper à l’arrachage. Ainsi semble être la douce véronique bleue, qui n’hésite pas à tisser d’inextricables toiles de racines en marcottant dans tous les sens. Elles couvrent très bien les sols, dont elles indiquent un bon équilibre.
Vieille expérience
Quand je suis arrivée à La Ligua (zone centrale du Chili), je suis rapidement partie vivre dans un hameau appelé la Quebrada del Pobre (la Vallée du Pauvre).
J’avais quelques hectares de coteau de colline avec quelques bosquets, un petit ruisseau qui coulait seulement en hiver, bordé d’arbres natifs (boldo, molle, peumo, quillay…). Il s’agissait d’une prairie en pente, nette plus sèche vers le côté nord.
Je démarrais en apiculture. J’ai donc décidé de me débarrasser de mon ânesse et de mon ânon et d’empêcher les voisins de faire paître leurs troupeau sur le terrain. Je voulais réserver les fleurs à mes abeilles. Elles ne sont pas capables d’aller chercher leur nourriture dans les bouses des animaux qui mangent les fleurs avec grand plaisir.
Après deux ans de luttes contre les paysans du week-end, j’ai pu constater quelques améliorations. Les paysans du week-end travaille la semaine à la ville, larguent leur troupeaux au bord des routes ou éventuellement chez leurs voisins. Ils viennent compter le nombre de têtes le samedi ou le dimanche… Quand on le leur reproche, ils répondent qu’ils n’ont pas de bêtes mais des animaux ou bien qu’ils n’ont d’animaux, mais des bêtes, selon si on mentionne la présence de chevaux ou de vaches. Cela est très courant et cette prairie leur faisait défaut, car ils avaient surpatûré toutes les autres dans la zone.
Après deux ans de dure chasse au bétail intrus, je constatais:
l’absence d’érosion, bien que les pentes soient assez abruptes,
une multiplication de la faune sauvage, insectes, petits rongeurs, oiseaux…
même en saison sèche, les pailles de la végétation de l’année antérieure attrapaient le brouillard et la rosée et les conduisaient au sol qui était maintenu vert (petites graminées, liserons…).
Conclusion sur les mauvaises herbes
Il me semble difficile de n’avoir sur son terrain que des plantes dites « utiles« , comme le souhaitais mon ami Rodrigo au Brésil. En outre, il faudrait mieux connaître les « mauvaises herbes« , car elles ont certainement toutes quelque chose d’utile. À nous de le découvrir.
En outre, la botanique et l’observation des plantes sont là pour nous aider. Rien ne peut être complètement positif, ni totalement négatif. Donc, il faut donc chercher le bon côté.
Certaines « mauvaises herbes » sont tout simplement belles…
Si pour des raisons économiques, vous devez vous débarrasser des « mauvaises herbes« , je vous conseille le cours-video de Konrad Schreiber.
/// Betterave rouge, non merci! /// Nouvel article du 8 Mars 2020 Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
J’aime beaucoup les marchés, celui-ci a lieu le samedi matin à Angelmó, Puerto Montt, sud du Chili. On y trouve, bien sûr, de la betterave rouge, parmi de nombreux produits typiques. La betterave rouge figure parmi les premiers végétaux tinctoriaux qui viennent à l’idée du public non initié aux teintures naturelles… La référence à la betterave est curieusement permanente. Alors que d’autres déchets de végétaux comestibles, tels que les épluchures d’oignons, plus efficaces, sont oubliées.
Mes premières expériences sont donc dues aux dits de voisins à La Ligua qui n’avaient certainement pas essayés par eux-mêmes…
Mes premières expériences
Pour mes premiers tests, je ne pouvais pas penser les faire avec des produits exotiques tels que l’indigo, la garance ou la cochenille.
J’ai donc eu recours à des plantes que j’avais sous la main et à des déchets. La démarche générale est sans doute bonne, mais la betterave rouge est une exception.
Avec les feuilles de betterave
J’étais pauvre, je souhaitais donc éviter d’utiliser ce qui se mange pour teindre. Cela sentais le gâchis.
J’ai donc commencé à tester avec les feuilles, dont je viens seulement maintenant d’apprendre qu’elles étaient comestibles. J’ai pris un écheveau de 100 grammes de coton. C’était plus économique que la laine naturelle à La Ligua.
Bien sûr, le jus était rose vif, mais en rinçant simplement, tout est parti. Je n’ai eu qu’un jaune très pâle.
J’ai recommencé en ajoutant un mordançage à l’alun. Même résultat. Heureusement, j’avais récupéré les feuilles de betterave sur le marché.
Avec la racine
Il me semblait curieux que tant de gens se trompent. Je décidais donc de recommencer avec la racine, cette fois-ci. Bien que la betterave n’apparaisse nulle part dans ma documentation du moment, le Guide de la Teinture Naturelle de Dominique Cardon.
Cependant, je n’avais pas d’électricité à l’époque, donc pas d’internet. Ce guide et tous les autres livres de Dominique Cardon font toujours partie de ma documentation de base.
Je pris donc la décision de sacrifier un peu d’alimentation pour un nouveau test. Le résultat ne fut pas meilleur. Je comprenais pourquoi la betterave ne figurait pas dans le Guide de Dominique Cardon.
Malheureusement, je n’ai pas de photographies de ces premiers essais. J’aurais bien aimé partager cela.
Dans les cours
À Pica (Nord du Chili)
Dans les cours que j’ai donné à Pica, nous n’avons pas fait le test de la betterave rouge, les femmes n’en produisaient certainement pas dans leurs « chakra » (mot d’origine quechua désignant un petit terrain cultivé). Il fallait faire efficace, nous avons donc travaillé essentiellement avec des produits connus par les femmes. Notamment, nous avons teints avec des herbes médicinales de l’Altiplano, ou des plantes locales que j’avais personnellement testé positivement. Ainsi, nous avons utilisé la Sorona, « mauvaise herbe » qui envahissait les « chakra » et donne un très beau jaune.
À Santa Fe (Argentine)
Lors des deux ateliers à Santa Fe (Argentine), nous avons testé la betterave, car des stagiaires en avaient amenée. Ces groupes étaient très enclins à faire des expériences nouvelles. Nous l’avons donc fait comme contre-exemple, toujours avec le même résultat.
Ici les feuilles de betteraves cuisent pendant que l’on mordance les fibres dans une autre casserole.
Les fibres mordancées seront ensuite ajoutées au bain de betterave.
Nous avions étiqueté toutes les teintures que nous avions faites. Je ne vois pas d’étiquettes indiquant la betterave, le résultat a été si décevant que les fibres ont été reteintes.
Une betterave, qu’est-ce que c’est?
C’est une chénopodiacée, Beta vulgaris, de même que les épinards, les blettes et quinoa. Elle produit une grosse racine pivotante que l’on consomme habituellement. Il en existe un grand nombre de variétés, pas toutes rouges.
La culture
Comment naît une petite betterave?
À ce stade le désherbage n’est évident. il doit être fait manuellement, bio oblige, et rapidement avant que la planche soit envahie…
Puis elle sort les premières feuilles classiques de betterave.
Différentes variétés de betterave cultivées par Biolab, ferme Agrobiologique, près de Nemours, où je fais actuellement du wwoofing.
La récolte
Dans les champs, peu avant la récolte, Valentin qui travaille chez Biolab, récolte des échantillons.
Elles sont un peu petites, car elles ont été semées trop serrées. Elles n’ont pas eu assez de place pour se développer et elles vont bientôt monter en graines. Il faut donc les récoltées. Les meilleures ont déjà été sélectionnées par les mulots…
La terre est très humide, il a beaucoup plu ces derniers jours. On dirait que la terre aspire les betteraves quand on veut les arracher. Valentin va donc faire un essai avec le tracteur de soulever la couche de terre ou se trouvent les betteraves.
La récolte a été plutôt maigre.
En partageant tout ce travail, il devient pour moi aussi inconcevable de négocier les prix sur les légumes que sur l’artisanat. L’agriculture est aussi grande consommatrice de temps et de connaissances que l’artisanat.
Quand on coupe une betterave et qu’on la fait cuire, elle libère un jus rouge très trompeur, qui laisse croire que l’on pourrait teindre avec…
Là, il s’agit d’une jolie variété à rayures blanches. Elles ont moins de colorant.
La bétalaïne
Cette famille de pigment est présent dans de nombreux végétaux.
Voilà ce qu’en dit l’Association Couleur Garance, experte dans le domaine de la teinture naturelle.
Mes expériences
A Mamiña, petit village d’eaux thermales dans la précordillère, à 120 km de d’Iquique (Nord du Chili), j’ai fait de nombreux essais. Notamment, j’avais trouvé des pailles de quinoa, qui provenaient de Cancosa, en plein Altiplano, tout près de la frontière bolivienne.
Ces pailles sont rouge foncé. C’était donc intéressant à tester. Le résultat a été plutôt décevant. La quinoa fait partie des chénopodiacées. Ce n’est donc pas surprenant.
Utilisations possibles de la betterave…
Alimentaire, bien sûr. Nombreuses sont les recettes faisant intervenir la betterave rouge.
J’ai eu l’occasion de me cuisiner quelques betteraves que j’ai récoltées. Elles étaient délicieuses. Et voici, une salade de betterave bio.
Vu, que ce ne sont pas des betteraves rouges habituelles, elles n’ont pas libéré de jus rouge, seulement une eau de cuisson beige…
Le colorant Bétanine, une des formes de bétalaïne est utilisé par l’industrie agro-alimentaire sous la dénomination E162.
Médicale, pourquoi pas? La betterave serait un excellent hypotenseur. Cela me semble intéressant, non? Elle améliorerait aussi l’oxygénation des cellules.
Et en teinture?
Il s’agit donc d’une teinture alimentaire par excellence. Je viens d’en parler assez longuement, mais il me reste une dernière expérience à vous raconter.
Betterave rouges et sels de bain
Là aussi, les photographies font défaut. À Limache, j’avais perdu 95 % de la clientèle de ma petite imprimerie artisanale de Viña del Mar. Je n’étais qu’à 30 km, mais c’était trop loin.
Il fallait que je trouve d’autres produits. En allant chercher du maïs pour mes poules, je me suis rendue compte que le gros sel était très économique. J’avais beaucoup de plantes aromatiques et médicinales sur la propriété que je louais.
Je décidais donc de préparer des sels de bains. Je n’avais aucune documentation sur les teintures naturelles et bien sûr pas d’internet.
Ce fut ma première tentative de teintures naturelles. C’est ainsi que je testais avec la betterave rouge, le choux rouge et le jus de cerises.
La recette
Je vous livre donc la recette de mes sels de bain.
Je faisais bouillir la plante choisie pour son parfum et ses propriétés médicinales avec la plante colorante. Par exemple, feuilles de betterave rouge avec romarin.
Je laisse bouillir jusqu’à obtenir un jus colorant et odorant.
Dans une poêle, je versais du gros sel et le jus obtenu auparavant.
Je faisais chauffer pour que le sel absorbe le jus et sèche.
Il est à noter, qu’il n’y a pas de problème de conservation car le sel est lui-même un excellent conservateur. Je n’ai pas mis de fixateur pour les parfums, c’est plus naturel ainsi.
J’avais fait trois essais : lavande-choux rouge et citron, romarin-betterave rouge, mélisse-cerises.
lavande-choux rouge et citron, très beau rose vif
romarin-betterave rouge, rose un peu terne
mélisse-cerises, rose-beige foncé
Dans la pratique, je retiendrai le choux rouge associé au citron.
Conclusion
La betterave rouge est certainement très intéressante du point de vue alimentaire, voir médical. Mais dans le domaine de la teinture, malheureusement, elle fait définitivement partie du petit teint et doit être réservée à la teinture alimentaire, bien que dans ce domaine aussi la cochenille E120 est une concurrente de poids.
PS – Petit truc pour consommateurs
Si l’on vous propose des laines d’un joli rose, et qu’on ajoute, c’est teint à la betterave rouge, fuyez. C’est une arnaque.
/// Végétaux voyageurs /// Nouvel article du 1er Mars 2020 Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Les végétaux n’ont pas de jambes, mais ils voyagent tout de même beaucoup. Comme tout ce qui est utile voyage, les plantes médicinales et tinctoriales sont donc de tout temps de grandes compagnes des voyageurs. Les végétaux traversent ainsi des continents et des océans…
Il y a tant à dire sur les végétaux voyageurs, je vais devoir me concentrer sur les plantes et insectes tinctoriaux voyageurs… Les végétaux et les animaux à fibres ont aussi beaucoup voyagé, sans doute mériteront-il un prochain article.
Un peu d’histoires de végétaux voyageurs
De tout temps les végétaux se sont ingéniés à développer des systèmes pour répandre leurs graines et donc à se multiplier sur des surfaces de plus en plus grandes. Ils ont souvent recours à l’aide des animaux, éventuellement de l’homme, parfois à son insu…
Les documentaires de Jean-Marie Pelt, par exemple, donne une idée de cette ingéniosité.
Certains végétaux ont ainsi fait le tour du monde, ils sont dotés d’une histoire précieuse qui les relient intimement aux textiles traditionnels.
Préhistoire
À Monteverde, près de Puerto Montt, au Sud du Chili, a été découvert un lieu habité depuis plus de 15.000 ans (traces les plus anciennes d’occupation humaine en Amérique Latine), avec de très nombreux restes organiques en très bon état de conservation. Il y avait notamment des restes de viande de mastodontes et de camélidés, des cordons de fibres végétales et des plantes notamment médicinales. Celles-ci ont été étudiées et proviennent de plus de 40 km du lieu où elles ont été trouvée.
Il ne s’agit pas encore de plantes tinctoriales. Mais, bien que les nomades ne transportent que l’indispensable, ils ont emmené avec eux ces végétaux médicinaux de même que d’autres comestibles (entre autres des pommes de terre).
Plus récemment, en Europe, au bord du Lac de Neuchatel, en Suisse, dans les restes d’un village lacustre néolithique, ont été trouvés des graines de sureaux hièbles toxiques. Ces végétaux sont utilisés en teinture, comme l’indique Dominique Cardon.
Antiquité et ses végétaux tinctoriaux
Normalement la gamme de couleur naturelles peut couvrir tout l’arc-en-ciel, comme je le commente dans un article récent. Cependant, des produits tinctoriaux exotiques avaient beaucoup de prestige et voyageaient en suivant les mêmes voies que la soie et les épices…
Mais en réalité, on se limitait souvent au jaune, au rouge et au bleu d’indigo.
Le rouge notamment, qui était la marque des élites, voyageait beaucoup. Cependant, il n’était pas seulement produit à partir de végétaux. On a eu recours à des insectes bien sûr, mais aussi à des coquillages, les murex…
Les coquillages
Ces coquillages étaient travaillés assez loin des villes, car leur pourriture produisaient des odeurs assez nauséabondes, les villages de teinturiers étaient donc mis à l’écart. Le terme latin pour désigner les teinturiers « infectores » est très significatif.
Je l’ai compris lorsque j’ai fait mon propre essai avec les « locos » et les « locates » de Taltal (Chili), après 15 jours de fermentation dans leur bouteille. Heureusement, j’ai fait l’essai à l’extérieur près d’une source.
Les insectes voyagent aussi
Le Kermes
Cet insecte parasite de certains chênes méditerranéens donne de très prestigieux rouges réservés aux familles royales et aux autorités ecclésiastiques. Vu la zone limitée de production, cela a dû voyager à travers toute la Mer Méditerranée et vers le Nord de l’Europe.
Les cochenilles polonaise et arménienne
Ces cochenilles donnaient des rouges carmins, elles étaient collectées dans les prairies et les marécages et voyageaient aussi à travers l’Europe.
Les végétaux
Les végétaux tinctoriaux plus voyageurs sont sans doute la garance pour le rouge, et l’indigo, pigment présent dans plusieurs plantes.
Cependant, les végétaux tinctoriaux qui donnent du jaune sont beaucoup plus courants. De nombreuses « mauvaises herbes » donnent des jaunes, mais la gaude a certainement voyagé, car elle se place au-dessus de toutes les autres sources de jaunes.
Il faut voir que de nombreux arbres fruitiers connus en Europe actuellement, par exemple, proviennent d’Asie Centrale ou de Chine. Il en est ainsi des pommiers, des poiriers, des cerisiers… J’en oublie beaucoup.
Tout ce que je viens de raconter ne concerne que l’axe Europe-Asie.
Nous n’avons malheureusement que peu de données concernant les Amériques, l’Afrique et l’Océanie où bien sûr, les teintures naturelles se sont développées très tôt.
En effet, le textile le plus ancien teint en indigo, provient du Pérou et date de de plus de 6000 ans.
L’histoire textile est très ancienne et très développée en variété et en qualité. Les colons espagnols ont été très surpris lors de leur arrivée au Mexique et au Pérou…
Je suppose qu’il y a des trésors semblables en Afrique et en Océanie. Comment les découvrir?
Les lichens
Les lichens à orseille qui donnent de jolis roses, malheureusement peu solides, voyageaient beaucoup depuis leurs lieux de récolte jusque chez les teinturiers. Combien d’étapes ?
Les minéraux aussi voyagent
Les minéraux voyagent depuis longtemps… L’alun, mordant incontournable en teinture, est produit généralement dans des régions volcaniques, parfois en plein désert. Il doit donc souvent être transporté jusqu’aux zones de teinture.
Dominique Cardon en parle assez longuement dans ses livres…
Moyen-Âge
On voit que Marco Polo, dans ses voyages, s’intéresse beaucoup aux teintures et aux textiles sans donner trop de détails.
Abandon du kermes
Avec l’effondrement de l’Empire Romain, les axes de commerce se modifient.
Puis, avec le développement du monde musulmans, le commerce méditerranéen devenait de plus en plus compliqué.
Le kermes tombera peu à peu dans l’oubli. Il sera remplacé par la garance des teinturiers (Rubia tinctorum) et d’autres rubiacées dont les racines donnent de magnifiques rouges.
Maintien des cochenilles du vieux monde
Les cochenilles du vieux monde se maintiendront, en baissant nettement après la « découverte » des Amériques par Cristophe Colomb. Car l’importation de la cochenille du Mexique et du Pérou va bouleverser le commerce des cochenilles et les techniques de teintures.
Disparition de la pourpre
Alors, la pourpre essentiellement produite sur les côtes orientales la Méditerranée et dans la zone de l’ancienne Carthage est délaissée. Elle devient difficilement disponible, d’autant plus que les coquillages surexploités deviennent rares.
Mais, cette couleur sera obtenue par la combinaison de bains de garance et d’indigo. Cette technique, des faussaires de l’antiquité la connaissent déjà, elle sera alors généralisée.
La garance
D’habitude, on pense à la merveilleuse garance des teinturiers (Rubia tinctorium). Mais, celle-ci a une cousine très intéressante, la garance voyageuse (Rubia peregrina). Elle voyage en s’accrochant aux vêtements, tout comme le font les gaillets, souvent tinctoriaux, eux aussi. On la trouve parfois près des anciens champs de culture de garance des teinturiers. Ses racines teignent aussi…
On a retrouvé une racine de garance dans la tombe d’une reine norvégienne dans les années 800 après JC. Il serait plutôt étonnant que cette plante aie poussé en Norvège. La zone de culture la plus septentrionale serait sans doute les Flandres.
L’indigo
Isatis tinctoria, le pastel ou guède, a été une des premières sources de bleu en Europe. Les autres continents possèdent une grande variété de plantes à indigo.
L’indigo du pastel était déjà exploité par les Celtes, entre autre pour des peintures corporelles, comme le note Jules César dans son récit sur la Guerre des Gaules.
Cet indigo fera la richesse d’une bonne partie du Sud de l’actuelle France, notamment de la région de Toulouse. L’expression « Pays de Cocagne« , fait d’ailleurs référence aux coques préparées à partir du pastel fermenté, mis en boule et séché.
Renaissance
Outre ces produits traditionnels, avec le développement des voyages en Asie et la conquête de l’Amérique, de nouveaux produits tinctoriaux vont faire leur apparition en Europe.
Bois rouges
D’Asie, puis des Amériques ont ramène des bois rouges, qui souvent ne sont pas considérés grand teint, mais participent de nombreuses recettes de teintures dans les gammes de rouge.
L’un des plus connu était traditionnellement rapporté des Indes sous le nom de brasil, bois de braise. Quand les Portugais parvinrent aux côtes du Brésil, ils découvrirent un arbre très semblable. Ils l’ont appelé Pau Brasil ou bois de Permanbouc (Caesalpinia echinata). C’était une des premières richesses exportées de ce nouveau territoire. De là, provient le nom du Brésil.
Ce bois est encore aussi utilisé pour fabriquer des archets de violons. Il s’agit d’une espèce protégée et rare du fait de sa surexploitation.
Il existe de nombreux autres bois rouges qui ont été importés en grandes quantités en Europe.
Bois jaunes
Outre les bois rouges, de nombreux bois jaunes tels que les fustets s’importaient en quantités impressionnantes aussi bien d’Asie que d’Amérique.
Tous ces bois devait être réduits en poudres ou en copeaux pour en tirer le maximum de colorants. C’était tout une industrie.
Cochenille d’Amérique
La cochenille d’Amérique, contrairement à la polonaise et l’arménienne est élevée. N’étant plus sauvage, elle n’a plus autant besoin de se protéger, Elle produit donc moins de cire protectrice, cette cire protectrice posait de nombreux problèmes aux teinturiers des temps anciens, elle provoquait des taches sur les textiles…
Le colorant, l’acide carminique est donc plus concentré, d’autant plus que la récolte se fait au bon moment, et éventuellement deux fois par an si les conditions le permettent.
Cette arrivée brusque d’une grande quantité de matières tinctoriales de meilleure qualité a totalement bouleversé l’économie des régions de récolte du kermes et des anciennes sources de cochenille.
La découverte que le mordançage à l’étain permet d’obtenir des couleurs plus proche des écarlates de kermes, encouragera son usage.
Des règlements ont vite essayé d’interdire cette nouvelle cochenille, comme le décrit très bien Michel Pastoureau dans ses nombreux livres, entre autre dans « Rouge, histoire d’une couleur« . Mais, les règlements sont faits pour être contournés…
Indigofera
Les diverses espèces d’indigofera, provenant des régions chaudes. Celles-ci provoqueront un second bouleversement économique. Là, au lieu d’importer de la matière brute, on ramènera le pigment déjà extrait sur leur lieu de production. Il provient notamment d’Asie, d’Inde et du Bangladesh. Mais il y avait aussi des cultures et de l’extraction d’indigo à La Guadeloupe. Dans ces pays leur culture en lieu et place des cultures vivrières provoquera de nombreuses famines et révoltes.
Là aussi, des règlements tenteront de limiter l’invasion en France, mais ce fut en vain. Michel Pastoureau en parle longuement dans ses livres et notamment dans « Bleu, histoire d’une couleur » où il donne de nombreuses anecdotes sur le nouvel indigo diabolisé.
Temps modernes
À cette époque, la cochenille et l’indigo importés s’imposeront dans les ateliers de teintures, grâce à des améliorations des procédés de teintures. Les anciens règlements s’assouplissent devant les nécessités économiques.
C’est le moment d’un grand développement de recherches, tant de la part des teinturiers dans leurs pratiques que de la part des chimistes. Ces derniers s’intéressent beaucoup au sujet de la couleur et tentent d’améliorer les procédés.
L’industrie textile est en plein développement et le domaine de la teinture doit suivre le rythme. La concurrence est rude en Europe et de nombreux espions sont envoyés pour découvrir des secrets de teintures…
Bois de Campêche
Le grand nouvel arrivant, aussi accusé d’être petit teint, est le bois de Campêche, à l’origine provenant du Mexique.
Il donne de jolis violets et des bleus réputés peu solides. Il est vrai qu’il est difficile de faire mieux que l’indigo dans ce domaine.
Un nouveau procédé de mordançage au chrome permettra d’obtenir de très beaux noirs relativement solides. Ils étaient jusque là très difficiles à obtenir, en multipliant les bains de teinture.
L’industrialisation
L’industrialisation de plus en plus rapide du textile exige des quantités chaque fois plus importantes de végétaux et autre matériaux tinctoriaux.
L’indigo
La culture de l’indigo s’est beaucoup développée jusqu’à l’apparition du Bleu de Prusse et des autres couleurs de synthèse.
Apparition des colorants de synthèse
Les nouvelles couleurs de synthèse apparaissent, depuis la découverte de la mauvéine par Perkin en 1856. Elles concurrencent de plus en plus durement les végétaux tinctoriaux voyageurs. Leur transport et leur usage est beaucoup plus facile. Leurs défauts apparaîtront seulement plus tard. Peut-être trop tard, il devient difficile de se passer de ce à quoi on s’est habitué.
Par exemple, en une dizaine d’années, l’Allemagne qui était grosse importatrice de matériaux tinctoriaux est devenue exportatrice. Le bouleversement a été d’autant plus rapide que la demande était grande.
La production de végétaux tinctoriaux à donc dû décroître, jusqu’à jouer un rôle insignifiant.
Et maintenant, les végétaux voyagent encore
Ils voyagent encore un peu pour les amateurs comme moi. Mais, je vais devoir partir à leur rencontre, avant qu’ils ne disparaissent complètement. Il faudrait pouvoir les resemer au plus vite pour maintenir les traditions…
/// Teindre, c’est malin /// Nouvel article du 14 Février 2020 Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Malin, recycler des vêtements
Jeter des vêtements qui peuvent être remis à jour, ce n’est pas malin… Nous allons voir ce que nous pouvons faire avec peu de moyens… La quantité de vêtements « fast fashion » jetés à la poubelle ne fait qu’augmenter chaque année, générant chaque fois plus de déchets polluants. En outre, nombre de ceux-ci sont détruit avant usage. Quel gâchis!
Cependant, je ne veux pas vous écraser sous des monceaux de chiffres alarmants. Il paraît que cela fait sérieux dans les blogs. Hélas, ceux-ci sont fort inquiétants. Sans doute, pouvons-nous faire notre apport créatif et personnel.
Ainsi, nous devons donc d’abord choisir des vêtements en fibres naturelles. Ils seront plus durables et nous pourrons les reteindre. Enfin, nous leur donnerons une nouvelle vie. Il suffit de les choisir de couleur le plus clair possible, car les teintures naturelles ne sont pas couvrantes (si vous avez des toiles noires, ne cherchez pas à les teindre, essayez plutôt de les déteindre à l’eau oxygénée).
Moi-même, j’ai testé avec des vêtements d’occasion au Brésil. J’investissais peu pour des résultats surprenants. Le coton n’est pas la fibre la plus facile à teindre, loin de là… En outre, la production du coton est souvent loin d’être écologique, malheureusement… Donc, si on a des vêtements en coton, essayons de les faire durer.
Ecoprint
L’ecoprint est un système de teinture très malin. Il suffit de très peu de plantes, car c’est plutôt une technique d’impression.
Voici comment profiter de n’importe quelle ballade, pour décorer un vêtement blanc ou de couleurs claires, en récoltant de feuilles et des fleurs. L’idéal est de les garder fraîches afin qu’elles ne se recroquevillent pas trop.
Puis, on passe à l’étape créative, en appliquant les feuilles sur le textile. Éventuellement, on peut tester avec du papier un peu fort. On plie ou on enroule directement le support. Maintenant, il faut patienter en laissant tremper. Et enfin on fait chauffer et on laisse à nouveau reposer.
En effet, la patience est nécessaire. Car, il faut laisser la nature relâcher ses colorants cachés au fonds des cellules. La surprise est au bout du chemin.
Une fois le support déroulé et épluché, il faut le laisser sécher pour que se développent des réactions chimiques qui influent sur la couleur et sa solidité.
Après cette étape, il faut laver et rincer la pièce.
On peut facilement pratiquer cette teinture maline avec des enfants.
Shibori
Le shibori (tie-dye) est une technique de réserve que les Japonais, notamment à Arimatsu, ont développé de manière très poussée.
Ils s’agit de protéger des zones à ne pas teindre à l’aide de nœuds, d’attaches, de broderies qui empêcheront la teinture de pénétrer la toile.
C’est malin et aussi à la portée des enfants qui y prennent plaisir.
L’idéal est bien sûr l’indigo que l’on peut préparer simplement et de manière très sûre avec le bain 1-2-3 de Michel Garcia.
Batik
Le batik est une autre technique de réserve intéressante. Normalement, on utilise de la cire fondue. Mais, il existe des pâtes qui fonctionnent à froid, il faut patienter le temps qu’elles sèchent.
Cette technique, nécessite de travailler avec des teintures sans chauffer et surtout avec des toiles fines. L’indigo est encore une fois ici l’idéal.
Malin, teindre avec des déchets
Beaucoup de déchets organiques peuvent teindre avant d’arriver dans le bac à compost ou à la déchetterie.
Épluchures d’oignons
Aujourd’hui, j’ai reçu un message, me disant qu’il en faut beaucoup. L’oignon est très sain, il vaut mieux utiliser les épluchures d’oignons de garde, qui contiennent plus de quercétine. Moi, j’en récupère auprès des marchands de légumes ou auprès des restaurants. Il vaut mieux les laisser tremper quelques jours dans l’eau avant de mettre à chauffer, elles libéreront plus de colorants.
Voici le résultat de ce bain, pure récupération. Cela peut se faire avec de nombreuses teintures, le résultat s’éclaircit au fur et à mesure des bains.
Les artichauts
Quand on mange des artichauts, on en jette plus de la moitié. On peut récupérer tout ce que l’on élimine habituellement. À cela on peut ajouter les tiges et les feuilles, ainsi que l’eau de cuisson dont le sel participera aussi à la teinture.
Épluchures de pommes, de poires…
Vous faites un tarte aux pommes ou aux poires, les épluchures et les trognons peuvent donner un joli ocre.
Désolée. j’avais des photographies, elles ont eu des problèmes, je n’arrive pas à les récupérer.
De même, si vous faites des gelées de coings, il faut profiter de toutes les épluchures. Si vous avez des arbres fruitiers, les fruits non mûrs qui tombent au sol doivent aussi être utilisés car ils sont bourrés de tanins.
Les noyaux doivent aussi être testés. Je l’ai fait avec les noyaux de mangues récupérés auprès d’un vendeur de jus de fruits naturels à Iquique, cela m’a donné un magnifique jaune saumoné.
Les tailles de fruitiers, des haies
Les déchets de tailles de haies ou des arbres fruitiers, en BRF (bois raméal fragmenté) ou pas, sont de grandes sources de tanins. C’est malin d’en tirer parti.
Selon si ces déchets contiennent plutôt des feuilles ou plutôt des branches, ont obtiendra des résultats différents. À mes débuts en teintures naturelles, quand je vivait à Longotoma, j’ai testé de jeune branches d’abricotiers. J’avais séparé les feuilles et les tiges. Les feuilles m’ont donné un joli vert et les branches du beige.
Les « mauvaises herbes »
Partout, de nombreuses plantes invasives et « mauvaises herbes » teignent, il est facile d’en tirer parti. Je n’aime pas le terme « mauvaises herbes« . Car souvent, nous les connaissons mal, beaucoup sont médicinales, telles le plantain, la bourse à pasteur, les orties, le buddleia, les chardons… et on peut en tirer parti en teinture naturelle.
Ainsi, les orties nous donnent aussi des fibres qui étaient très employées au Moyen-Âge. Voici deux liens de videos sur la filature des orties.
Les ronces, les érigerons du Canada vous donnerons de jolis jaunes. En outre, les jeunes rameaux de ronces émettront une agréable odeur de confiture.
Les feuilles mortes
Au lieu de les jeter à la poubelle, ou avant de les mettre au compost, on peut teindre malin avec. En effet, elles présentent des taux élevés de tanins qui peuvent donner de jolis beiges, marrons, verts olive, ou gris selon si l’on ne mordance pas ou si l’on mordance au fer (ou au cuivre). On peut les mettre au compost après la teinture.
Brou de noix, coques de d’amandes, bogues…
Nous avons là de très bonnes sources de tannins. La réputation du brou de noix n’est plus à faire. Il s’agit de l’enveloppe verte et molle des noix qui devient brune par la suite, l’idéal est de la laisser fermenter le plus longtemps possible. Les coquilles dures peuvent aussi teindre, mais moins foncé.
Les coques d’amandes donnent un très joli beige rosée.
De même, les bogues de châtaignes et de marron d’Inde sont aussi bourrées de tannins.
Teindre avec des parasites
On peut aussi teindre avec des parasites, par exemple avec le Quintral del Molle…
Voici le résultat…
La cochenille qui donnent une très grande variété de couleurs orange, roses, rouges, violets, gris… est aussi un parasite qui s’attaque tout particulièrement aux figuiers de Barbarie…
Malin, économique et écologique
Dans ce cas, comme souvent teindre naturellement est à la fois écologique et économique.
Malin, pourquoi
Pourquoi, parce que cela permet de recycler des vêtements et de prolonger leur vie en utilisant éventuellement des déchets, d’une manière à la fois ancestrale et innovante.
Malin et personnalisé
La personnalisation de ses vêtements permet un habillement original et créatif, qui sort de la standardisation habituelle, sans être forcément excentrique…
Malin et économique
Comme on peut s’entraîner avec des matières tinctoriales qui proviennent de déchets, et avec des vêtements d’occasion, les coûts se réduisent à la source de chaleur.
En outre, quand on a du temps et un peu d’espace à l’extérieur, on peut même teindre sans chauffer le bain.
Écologique aussi
Tout ce que je viens d’expliquer montre qu’il s’agit là d’une technique écologique.
Si vous avez le temps et un peu d’espace, vous pouvez utiliser le soleil.
Sain, bien sûr
Les teintures naturelles sont saines, il suffit d’éviter les plantes toxiques. En outre, l’indigo a même la réputation d’être répulsif pour les moustiques.
Une grande majorité des plantes à teindre sont aussi médicinales.
D’autre part, les teintures chimiques sont à base de produits toxiques tels que le cadmium ou le chrome. Mieux vaut les éviter.
Malin et facile
Si vous n’osez pas teindre de grandes quantités, ont peut teindre des fils pour broder… Il suffit qu’ils soient de fibres naturelles. En outre, cela permet de tester des couleurs facilement et utilement. Broder, peut être une autre manière de personnaliser pour pas cher un vêtement, ou de cacher certains défauts…
On peut aussi teindre un peu de laine à feutrer, et l’utiliser en feutrage pour faire des bijoux ou broder à l’aiguille avec sur des vêtements que l’on peut personnaliser avantageusement ainsi.
Quelle aubaine! Une vieille casserole, la plus grande possible que vous n’utilisez plus pour cuisiner. Les plantes de votre choix, un peu de mordants, ou des extraits préparés par Michel Garcia si vous êtes pressés.
Déchets perdus pour belles teintures, pas malin!
Il y a même des déchets qui se perdent, c’est le cas des « locos » et « locates« , fruits de mer très appréciés au Chili au point que leur pêche est parfois interdite. Il sont doté d’une glande hypobrachiale jaune du vivant du coquillage, qui devient violet-pourpre à l’exposition aux rayons ultra-violets du soleil, de même que les murex dont était tirée la fameuse Pourpre de Tyr dans l’Antiquité.
Ceux qui pêchent ces coquillages reviennent avec les mains pourpres, car ils nettoient les coquillages en pleine mer et y jettent tous les déchets, ce merveilleux colorant compris.
Conclusion
Que vous manque-t-il pour commencer à teindre malin, c’est facile. Vous trouverez sur ce blog de nombreux conseils et nous pouvons organiser des ateliers où nous pourrons combiner toutes ces astuces.
/// Teintes, quelles chimies? /// Article en cours de rédaction Nouvel article du 9 Février 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Histoire des gammes de teintes et des couleurs
Encore une fois, les teintes et les couleurs sont un des thèmes préférés de Michel Pastoureau. En effet, cet article lui doit beaucoup. Comme lui, je vais me centrer sur les palettes occidentales, celles que je connais le mieux pour le moment.
Cependant, je ferais tout de même une petite incursion dans les Andes et notamment au Pérou et au Nord du Chili que j’ai la chance de connaître un peu mieux.
Bien sûr, j’espère que mon prochain tour du monde textile et tinctoriale me permettra de combler les lacunes en ce qui concerne les autres continents. Prendre en compte leurs points de vue serait souhaitable, car ils ont certainement beaucoup à apporter dans ce domaine.
Donc, cet article est un complément des deux autres articles déjà publiés sur le thème de la couleur. Le sujet est suffisamment large pour permettre la rédaction de nombreux textes sans se répéter.
1 – Un peu d’histoire
A – Palette de couleurs de la préhistoire
Il ne reste malheureusement pas de traces de textiles de la préhistoire ancienne, tout laisse à supposer que la palette de base reprend les teintes des peintures des grottes de Lascaux, Chauvet, Altamira…
Certains détails dans les statuettes dites Vénus font penser à des représentations de textiles.
On a tout de même trouvé à Monte Verde, près de Puerto Montt des restes cordes de fibres végétales et un certain nombre de restes organiques très bien conservés de plus de 14.000 ans.
Il ne reste pas de traces des peintures corporelles. Cependant, elles ont dû apparaître très tôt. Elles sont souvent à base végétale, du genre roucou ou fruit immature de jenipap, comme le font encore aujourd’hui les Guaranis, au Brésil. C’est complètement biodégradable.
Après ces teintures organiques, il nous reste donc les pigments des peintures rupestres.
Blancs
La craie et la chaux sont des pigments blancs faciles à trouver. Ils sont aussi mélangés à d’autres pigments…
Ocre jaune, ocre rouge, argiles
Généralement, les ocres et les argiles rouges sont faciles à trouver.
J’aurai du mal a faire mieux en paraphrasant Wikipedia, je préfère donc la citer:
« Les ocres jaunes (PY43 dans le Colour Index) et rouges (PR102) sont des pigments importants de la palette des artistes de toutes les époques. Grâce à leur coût modique, elles sont les rares pigments naturels encore présents dans les nuanciers de peintures, même si les fabricants tendent à les remplacer par des oxydes de fer synthétiques (PY42 ou PR101), plus réguliers et couvrants. Le chauffage des pigments permet également d’obtenir une grande variété de nuances. Ainsi, les ocres jaunes après calcination à 700 °C se transforment en ocres rouges. Comme le vin, les ocres possèdent leurs crus : les ocres jaunes peuvent être verdâtres ou orangées et donner des ocres rouges plus ou moins brunes et chaudes. Les qualités les plus claires sont aussi les plus transparentes. La non-toxicité des ocres autorise leur emploi dans toutes sortes de techniques (huile, aquarelle, acrylique, pastel, tempera, fresque). Elles sont compatibles avec tous les liants (graisses animales, huiles végétales, eau…) et les autres pigments. « Wikipedia
Noir de charbon, suie
Ces produits sont bien sûr d’obtention facile et disponibles partout, comme déchets des activités domestiques. Ils jouissent d’une très grande stabilité dans le temps.
Couleur internationale des pétroglyphes
Ces couleurs sont donc celles de pratiquement tous les pétroglyphes.
Quand je vivais à Iquique, il y avait un peintre, professeur de peinture, qui peignait des toiles en coton en utilisant ces couleurs. Il peignait habituellement les pétroglyphes et les géoglyphes de la région.
Cet artiste emmenait ses élèves visiter les sites archéologiques tels que Cerro Pintado, Quipisca, Parca, Mamiña, Ariquilda, Tamentica, Huatacondo… Ils sont parfois difficiles d’accès.
Il s’appelait Gary, et quand je suis retournée à Iquique, je ne l’ai pas retrouvé, je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Teintes des premières céramiques
Cette palette est aussi celle des premières céramiques.
J’avoue que je ne connais pas très bien l’histoire de la céramique, mais il me semble que les premiers bleus et verts sont arrivés plus tardivement. Les vrais rouges et les orangés sont encore plus difficiles à obtenir et nécessite une très bonne régulation de la température. La gamme des teintes s’est développée avec le verre et les émaux céramiques.
En céramique, verrerie et émaillage, les sels minéraux font apparaître leurs couleurs lors de la cuisson et peuvent varier selon si celle-ci se déroule dans une atmosphère avec ou sans oxygène, il y a là aussi une réaction Redox.
Si je ne me trompe pas, cela démarre déjà du côté de Sumer.
Petites remarques
Les couleurs que je viens de citer ne sont pas des colorants textiles, mais des pigments dont la texture est trop grossière pour se fixer durablement sur les fibres. La différence entre pigments et colorants est importante.
En peinture, les deux peuvent être utilisés, en teinture non.
Cependant, la suie est utilisée dans certaines teintures naturelles sur textiles en Amérique Latine. On me l’a mentionnée plusieurs fois, mais jamais utilisée seule.
La chaux, tout comme la cendre, le sel de cuisine et le bicarbonate peut être utilisée comme modificateur, notamment pour renforcer les jaunes. J’en parle plus en détails dans l’article sur les mordants.
La palette préhistorique
J’ai donc dessiné une petite infographie représentant la palette préhistorique selon Michel Pastoureau.
B – Les teintes de l’antiquité
Dès le néolithique, la palette s’est très vite étendue.
Des tablettes sumériennes donnent des recettes complètes de teinture à la garance (mordant compris) et d’indigo. Elles indiquent même des solutions pour falsifier la pourpre du murex, couleur des plus luxueuses.
Si dans la réalité la gamme des teintes est déjà très large, dans le domaine du vocabulaire c’est beaucoup plus flou.
En effet, Michel Pastoureau explique très bien dans ses nombreux livres comment la bible s’est remplie de couleurs au fur et à mesure des traductions et avec le temps. Aussi bien l’Hébreu ancien que le Grec ancien ou le Latin sont avares en termes de couleurs. Ainsi, les quelques termes existants couvrent des gammes très amples et correspondent plutôt à des notions de luminosité ou de saturation.
Dans ses textes, il analyse longuement l’évolution des termes de couleurs. Ainsi, dans de nombreuses langues, les termes qui désignent le « rouge » se confond souvent avec « beau » ou avec « couleur« .
Isidore de Séville, grand encyclopédiste (560-637), qui parle des teintures, colorants, pigments et peintures se contente encore de la palette Blanc-Rouge-Noir.
On ne peut pas regarder le passé avec notre point de vue imprégné par les apports de Newton, toutes les dernières découvertes scientifiques et la lumière d’aujourd’hui.
Les goûts ont beaucoup changés.
La palette chromatique d’Aristote
Comme illustration, je viens de créer une nouvelle infographie montrant la palette d’Aristote.
Cette palette a régné Europe jusqu’à la Renaissance.
C – Les teintes des Andes
Les premiers textiles
Évidemment, les premiers textiles étaient de couleurs naturelles. D’abord, les animaux, les camélidés en particulier: vigognes, guanaco, lama, alpaga, étaient d’abord beiges et blanc comme les deux premières espèces sauvages.
Le lama et l’alpaga sont des espèces domestiquées et la variété de couleurs (très grande) est due à la sélection des éleveurs. Les industries de la laine de camélidés font un tri des toisons sur une gamme de 24 teintes. Ce tri s’opère manuellement.
Le blanchissement des troupeaux d’alpagas est donc, semble-t-il, un phénomène assez récent. Les alpagas bancs, sont très blancs et leur laine n’a pas besoin d’être blanchie comme celle des brebis.
Dans les musées, les textiles les plus anciens sont généralement beige. D’abord, la créativité est centrée sur les techniques de filature très originales. Puis apparaissent de fines rayures d’ornement sur les bords ou au centre.
Des teintes très variées
Les nombreux textiles trouvés dans les tombes aussi bien dans le Nord du Chili qu’au Pérou, d’une qualité qui sort de l’ordinaire, dans des conditions de conservations remarquables, en sont la preuve.
Des teintes très saturées, lisses
Dans les Andes, on recherche des couleurs très saturées et lisse. Assez curieusement, on voit peu de blancs, sauf les gazes Chancay. Pourtant, ils avaient déjà sélectionné des cotons blancs et il devait bien y avoir déjà des camélidés blancs.
Les poils de camélidés sont plus lisses que la laine de brebis. Donc, ils reflètent plus la lumière. Cela signifie qu’il faut plus de matières tinctoriales pour la même teinte. Les Anciens remédiaient à ce problème en teignant des laines naturellement beiges ou grises.
Lors d’un atelier de teintures naturelles, à Mamiña, à 120 km d’Iquique, avec des amies Aymara et Quechua, nous avions obtenu un joli vert. En réalité, le schinus molle aurait dû nous donner un jaune soutenu. Mais la casserole était en fer et avait rouillé.
Nous avons là l’explication du ton vert. Cependant, la laine ne touchait pas toujours la paroi rouillée de la casserole, il en résulta une laine qui variait du vert clair au vert foncé.
J’étais très contente, mais mes amies étaient très déçues. Elles voulaient une laine de couleur unie.
Des techniques originales
Shibori, ikat, techniques de dessins double face inversée, tapisseries, gases…
D – Palette du Moyen-Âge
Teintes très vives et saturées
Durant longtemps, si les couleurs n’étaient pas assez saturées, elles étaient dites « affamées », notamment pour le rouge.
Là, il suffit de regarder un tableau de Brueghel, on voit une grande variété de couleurs.
La montée du bleu
Michel Pastoureau l’a décrit très bien dans ce livre. Il reprend différentes variantes d’un évangile apocryphe, contant une anecdote concernant un apprentissage raté de Jésus adolescent chez un teinturier, le résultat étant bien sûr un miracle.
Puis, dans les versions les plus anciennes, Jésus teint tout en bleu, ce qui est catastrophique, car le bleu n’était pas bien valorisé… Dans les versions ultérieurs, les copistes ont changé de couleur car maintenant le bleu est apprécié. Jésus teint alors tout en jaune, couleur de la discrimination…
Problèmes avec le vert et le noir
La teinture est aussi un fait de culture, avec ses interdiction…
Il y a donc des problèmes culturels de teinture en Occident pour le vert… En effet, la Bible n’aime pas les mélanges. Elle insiste à plusieurs reprise sur le fait qu’il ne faut pas mélanger le lin et la laine… Le concept s’étend au mélange des couleurs.
Le jaune et le bleu se teignaient chez différents teinturiers. Cela interdisait donc les doubles bains, dans le genre un pied de bleu avant une teinture en jaune pour obtenir une teinte de vert.
Ce problème n’existe pas dans le monde musulman, ni dans le monde andin, où on n’hésite pas à mélanger poils d’alpaga et coton.
Obtenir du noir est véritablement un problème technique. Presque tous les noirs tirent sur le brun, le bleu, le bordeau, le vert… Anciennement, teindre en noir, signifiait un bain de rouge, puis un bain d’indigo, un bain de tanins… et un petit bain de mordant de fer.
E – Newton et Goethe
Avant Newton, divers théoriciens de la peinture proposaient déjà de nouvelles palettes. Aucune n’a réussi à s’imposer.
La révolution du prisme
N’étant personnellement pas physicienne de formation, je me permets de vous renvoyer à cette page de Wikipedia, très documentée.
Voici donc le spectre visible complet, avec les différentes longueurs d’ondes.
La palette de Goethe
Goethe a élargi considérablement la recherche de Newton en étudiant l’opposition lumière/obscurité. En opposition à la science pure et limitée de Newton, dont la théorie découle d’un cas particulier.
Il considère la couleur d’un point de vue plus global et sans doute aussi plus émotionnel avec une nouvelle théorie des couleurs chaudes et froides.
Michel Pastoureau explique qu’au Moyen-Âge, on considérait comme chaud le bleu et froid le rouge… Ce qui n’est pas forcément faux, car le bleu absorbe plus la lumière que le rouge.
Cependant, il reste très scientifique.
Ainsi il fit apparaître un spectre complémentaire. En outre, il est à l’origine du cercle harmonique des couleurs.
Je vous invite vivement à voir ce documentaire qui résume très bien la théorie de Goethe.
Cela évoluera vers la gamme Pantone, outils de base des designers actuels.
Ce système s’oppose à la quadrichromie photographique, mais il la complète parfois en imprimerie.
C’est le principe qu’utilisent la majorité des imprimantes actuelles.
F – L’arrivée des teintes pastel et des rayures peu avant la révolution
Revenons aux teintures
Souvent, ces deux techniques se combinent.
Les découvertes techniques donnant un meilleur blanchissage permet de teindre en ton pastels, aussi plus économiques en quantité de matières tinctoriales.
Les rayures
Longtemps, les rayures étaient auparavant mal vues, toujours en vertu de l’idée d’éviter les mélanges. Les rayures étant assimilées à un mélange bariolé, elles servaient à discriminer.
Michel Pastoureau leur a consacré un livre.
Du point de vue aussi bien technique qu’économique, les rayures permettent de réduire les matières tinctoriales et/ou d’utiliser des restes de fibres déjà teintes, les tons pastels permettent en outre d’épuiser les bains de teinture. Ce n’est pas négligeable.
L’impression
Puis on passera à l’impression, soit au tampon en sérigraphie. Il s’agit là encore d’une économie, car la teinture couvre les fibres seulement en surface. En outre, cela permet de faire varier les motifs, en produisant plus rapidement.
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2 – Un peu de chimie des teintes
A – Chimie ancienne des couleurs
Les nombreuses fresques égyptiennes donne une idée de l’étendue de la gamme de couleurs de l’époque. La plupart des pigments utilisés étaient d’origine minérale.
Sur certaines fresques de Pompéi, l’utilisation de la garance a été démontrée. Le bleu Maya est obtenu à partir de l’indigo comme l’explique Michel Garcia dans un de ses DVD.
Les ocres jaune et rouge font partie des premiers pigments utilisés par l’homme. Ils sont faciles à trouver et à utiliser.
Dans son dernier livre « Jaune, histoire d’une couleur« , Michel Pastoureau commente, page 21: « Comment les peintre du Paléolithique ont-ils appris à transformer un élément terreux naturel – le minerai – en un produit pouvant servir à peindre – le pigment? De même, comment ont-ils eu l’idée de chauffer de l’ocre jaune pour obtenir de l’ocre rouge, voire de l’ocre brun? peut-on déjà parler d’une chimie des matières colorantes? de fait, différentes trouvailles ont prouvé que certains ocres jaunes étaient chauffés dans des creusets en pierre pour perdre leur eau et changer de couleur; quelques un de ces creusets nous ont été conservés et présentent encore des traces de couleur: du jaune, du rouge, du brun… »
Rouge de mercure
Le réalgar, le très toxique sulfure de mercure, par sa belle couleur, fut utilisé par de nombreuses civilisations, notamment dans l’ancien Mexique qui recouvrait les corps de leurs grands chefs.
Antimoine
Cet élément, était fort utilisé par les Égyptiens, en peinture bien sûr. Mais, aussi en maquillage, dans le khol.
Sels de cuivre
Vert de gris, oxydes de cuivre, carbonate de cuivre… Voici des sources de bleus et de verts, malheureusement assez instables…
Sels de plomb
La céruse, oxyde de plomb, blanc très courant en peinture, jusqu’à il y a peu. La céruse a aussi longtemps été utilisée en cosmétique.
Le plomb intervient aussi comme liant, adhésif et siccatif en peinture. Sa toxicité a provoqué de nombreux drames. L’industrie des peintures a eu beaucoup de mal à s’en passer. Paradoxalement, en trouve encore dans des cosmétiques, notamment des rouges à lèvres…
Arsenic
L’orpiment, pigment jaune or toxique très utilisé traditionnellement en peinture. L’arsenic intervient aussi dans certains verts.
D’autres sels minéraux dangereux ont aussi été utilisés. Les peintres sont les champions de l’usage de produits toxiques.
* Les teintes animales
Depuis l’Antiquité, les animaux ont été mis à contribution surtout dans le domaine de la teinture textile. Ce sont généralement des produits de luxe.
Pourpre de murex
Cette teinture provient des glandes hypobrachiales jaune de certains coquillages, escargots de mer. Le liquide de cette glande jaune vire au violet, au pourpre ou au bleu lorsqu’il est exposé à la lumière du soleil.
Des millions de crustacés ont été sacrifié seulement pour teindre les vêtements des élites méditerranéennes.
Chimiquement, c’est très proche de l’indigo, avec des propriétés photochimiques en plus.
Vermillon de kermes
Il s’agit d’un petit parasite, kermes vermilio qui attaque des espèces de chênes des pourtours méditerranéens, dont notamment, le chêne kermès Quercus Coccifera.
Maintenant ces arbres sont en voie d’extinction et le kermès encore plus rare. La collecte de ces insectes alimentait de nombreuses familles. Comme les cochenilles, il donnait de très beau rouges.
Cochenilles polonaise et arménienne
Avant la découverte du Nouveau Monde et l’arrivée de la cochenille du Mexique, ont utilisait deux autres sortes de cochenille: la polonaise et l’arménienne.
Cochenille polonaise
Cette cochenille parasite les racines d’un certain nombre de plantes. On l’appelle polonaise, car elle était importée de Pologne, mais sa zone de diffusion va depuis la France jusqu’à la Mongolie. Cependant, « elle ne vit que dans des lieux incultes: steppes, marais, zones inondables« . Comme l’explique Dominique Cardon, dans « Le monde des teintures naturelles« .
En outre, elle mentionne que la récolte de cette cochenille permettait de payer ses impôts en Allemagne, ce qui révèle son importance économique.
Cochenille arménienne
La cochenille arménienne est un peu plus grosse que la polonaise, ne vit qu’au pieds de deux plantes, dans des zones marécages, ces mêmes zones sont entrain de disparaître.
La femelle adulte est récoltée au moment où elle émerge du sol pour s’accoupler, très tôt le matin.
Cette cochenille, plus grosse, contient moins de colorant que la polonaise. Donc, elle était moins appréciée.
Autres cochenilles du Vieux Monde
Ensuite, Dominique Cardon mentionne une cochenille chinoise dite du Sophora, utilisée notamment dans le Cachemire et une cochenille égyptienne qui vit sur des graminées de Haute Égypte employée localement de même que le kermès.
Laque d’Inde et Laque de Birmanie
Il s’agit de petits parasites de la famille de la cochenille qui attaque un certain nombre d’arbres. Ces insectes bourrés d’acide carminique (colorant rouge) s’entourent d’une résine naturelle pour se protéger.
Cette résine est utilisée en alimentation et en pharmaceutique sous le code E904. C’est un plastique naturel et il a beaucoup d’application dans le domaine des vernis, dans la fabrication de la cire à cacheter…
Le nettoyage de la gomme laque libère donc l’acide carminique tinctoriale.
* Les couleurs végétales
Les basiques grand teint
Garance (Rubia Tinctoria)
Rubiacée, dont on utilise les racines après 5 ans de culture, depuis l’antiquité pour teindre en rouge. Cette plante a été cultivée sur de très grandes surfaces en Europe pour la teinture en rouge écarlate. Il y a d’autres rubiacées qui teignent en rouge.
Pastel ou guède
Brassicassée, Isatis Tinctoria, on extrait de l’indigo de ses feuilles, récoltées à plusieurs reprises. Plante cultivée depuis l’Antiquité. Les feuilles sont mises à fermenter, ce qui libère l’indigo lors d’une réaction Redox.
Les Gaulois et les Celtes en général maîtrisaient très bien cette technique. Ils l’utilisaient comme peinture corporelle comme l’indique Jules César dans son livre sur la Guerre des Gaules.
Gaude
Reseda Luteola, jolie plante à fleur jaune, préférée parmi tous les jaunes que nous offre la nature, et ils sont nombreux. Anciennement cultivée, maintenant elle est assez rare. En teinture, on emploie la plante entière.
Tanins
Grande famille de colorants naturels présents dans une grande quantité de végétaux. Je leur ai déjà consacré un article.
Grand teint et petit teint
Ce sont les principales plantesgrand teintautorisées par les strictes normes de Colbert qui régissent strictement les conditions de teintures pour une qualité maximale.
Les teintures de luxe de petit teint
Orseille
Il s’agit d’une série de lichens que l’on faisait fermenter dans de l’urine et qui donne des roses, des mauves, jolis mais peu solides. On peut remplacer l’urine par de l’ammoniaque.
Safran, carthame
La célèbre et très coûteuse épice aussi teint en jaune. En Chine, c’était la couleur de l’Empereur. Toute sa papeterie était teinte en jaune de safran.
Le carthame est une plante dont les graines donne une huile très intéressante. Les pétales donnent deux types de colorants, des jaunes que l’on élimine habituellement en les lavant en les malaxant vigoureusement. Ce qui reste est traité avec du jus de citron et l’on obtient une teinture rose vif, très belle mais peu solide à la lumière.
B – Les nouvelles matières tinctoriales
Avec le développement des voyages en Asie et la découverte du Nouveau Monde, apparaissent de nouvelles matières tinctoriales. Une première disruption dans le monde de la teinture et nous assistons aux premières délocalisations des cultures de plantes à teindre et à l’extension de la culture du coton, favorisées par le développement de l’esclavage.
Les bois jaunes, les bois rouges
On va importer des Indes et du Brésil de nombreux bois jaunes, tels que le fustet, le bois de Brasil, bois de Permambouc… Il ne seront pas admis en grand teint, mais pourront être employés en nuançage.
La cochenille du Nopal
Quand les Espagnol arrivent au Mexique et plus tard au Pérou, il sont surpris par la qualité et les couleurs des textiles des Indigènes.
Alors, ils découvrirent la cochenille que les Indigènes élevaient sur les figuiers de Barbarie. Elle est mieux concentrée en acide carminique.
Ils en importèrent des quantités phénoménales, bouleversant toute l’économie de l’Europe.
Indigofera
Les différents Indigofera qui poussent sous les Tropiques contiennent beaucoup plus d’indigo que le Pastel ou Guède qui avaient fait la fortune du Pays de Cocagne.
Cette culture provoquera même une guerre au Bengladesh.
Le bois de Campêche
Ce bois rouge, est broyé en équilles, il est capable de teindre en bleu, en violet en mordançant au fer et en noir. Un vrai noir quand on le mordance au bichromate de potassium… Il permettra la grande mode du noir.
Les mordants
Plus besoin d’aller faire des Croisades pour réouvrir l’accès aux mines d’alun. On découvre un gisement près de Naples, ce sera l’Alun du Pape.
C – Chimie moderne des couleurs
Juste au moment où les recherches aboutissaient sur de nouvelles technique, la chimie de synthèse provoque une nouvelle disruption…
Jusqu’à la découverte de la mauvéine par William Henry Perkin en 1856, toutes les teintures faisaient appel à la chimie verte (sauf quelques mordants toxiques).
La chimie grise se donne des couleurs
À partir de 1856, se développe toute une gamme de couleurs de synthèse qui remplaceront très rapidement les couleurs cultivées.
Voilà que cette disruption provoque des bouleversements un peu partout dans le monde dont l’importance augmente avec l’industrialisation.
Par exemple, dès 1900, l’Allemagne qui était grosse importatrice de teintures naturelles devient exportatrice avec ce qui deviendra Bayer.
Une gamme théoriquement complète
En théorie, la gamme est complète.
Mais les couleurs peaux, sont très difficiles à obtenir. Nos fournisseurs ne proposent pas de mélange tout fait. Au local d’Angel, on m’en demande très régulièrement, pour les visages des poupées en feutre. Évidemment, j’ai trouvé une solution, mais, j’ai dû avoir recours à une astuce pour obtenir ce genre de teinte.
C’est tout de même curieux, quand on va voir les immenses hangars pleins de cônes de laines industrielles à La Ligua, ou si l’on va directement chez des grands distributeurs comme Ukryl, à Santiago, il manque toujours des couleurs- Ce sont celles qui ne sont pas supposées être à la mode.
Une fois, je cherchais des tons saumons, abricots… C’était introuvable. La seule qui avait quelque chose d’approchant était une vieille qui gardait des stocks d’invendus…
Un peu de poudre et puis voilà
C’est devenu trop facile. Plus besoin de récolter des plantes, de les faire tremper, toute la casserole peut être remplie de laine.
Malheureusement, c’est tellement facile, que le travail est souvent mal fait. On ne lave pas avant de teindre… Résultat: les couleurs sont fragiles et partent polluer la nature au premier lavage.
Certaines couleurs, en particulier les jaunes se mélangent mal dans le bain. Elles ne se fixent donc pas bien sur les fibres et partent tout de suite à l’égoût.
Des teintes qui varient
Ces poudres miraculeuses permettent d’être très créatifs. On peut mélanger plusieurs couleurs dans une même casserole, obtenir des variations de teinte tout le long du fil… ou simplement de petites taches parsemées… J’avoue que j’ai pris beaucoup de plaisir à teindre ainsi pour Angel. Je m’efforce de faire varier les effets de teintes.
En effet, les possibilités sont infinies et ne dépendent que du temps à y consacrer et de la quantité de matières premières.
Au contraire, cela peut provoquer une certaine standardisation, quand on s’en tient aux teintes des gammes des fournisseurs et on retrouvent les mêmes couleurs tout au long du pays. Les femmes qui filent se spécialisent dans certaines couleurs qu’elles réussissent bien et se copient.
Et les fluos
En teinture textile, je n’en ai pas trouvé chez mes fournisseurs, rose un rose très vif.
En revanche, pour les industriels, de nombreuses fibres synthétiques, sont teintes dans la masse dans ces teintes fluos. Les étals des marchands de laines dans la banlieue haute de La Paz, appelée El Alto (Bolivie) sont impressionnants. Je n’ai malheureusement pas pris de photographie. Dans les alentours du célèbre marché de 16 de Julio, ils empilent les cônes en arc-en-ciel fluos, couleurs très appréciées dans le monde andin.
Mais en encre de sublimation et de sérigraphie, il y a une assez grande variété.
N’oublions pas la toxicité
Nous avons affaire à des poudres, on en respire souvent quand on les manipulent.
Elles ont été étudiées spécialement pour se fixer sur les protéines, et notre corps en contient beaucoup…
Les teintures chimiques contiennent souvent du chrome, du cadmium… ou d’autres éléments dangereux pour la santé.
Plus de pétrole, plus de couleurs
Enfin, toutes ces couleurs chimiques sont des dérivés du pétrole. La prochaine pénurie de pétrole nous obligera à un retour à la chimie verte.
D – Teintes d’avenir?
Le retour de la chimie verte
Un fait est certain, c’est que tous les poisons, même les plus violent que produisent les plantes, les champignons et les animaux sont tous biodégradables. Voilà la magie de la chimie verte.
Les séminaires internationaux tels que ISEN-WEFT, IFND, IFPECO, auxquels j’ai assisté tentent justement de promouvoir la recherche dans ce domaine. J’attends avec impatience le prochain.
Il est à noter que ces symposium n’intéressent pas que des artistes, des designers ou des archéologues… De très grosses entreprises gourmandes en matières tinctoriales s’intéressent depuis longtemps à un retour à une chimie verte, pour proposer des produits verts…
Teindre avec des déchets végétaux
N’oublions pas que nous pouvons teindre avec des déchets végétaux, des plantes invasives, puis encore les recycler après la teinture ou l’extraction des colorants en compost ou biogaz…
Nouveaux mordants
Dans le DVD 3 de Michel Garcia, il parle de mordancer avec de l’oxalate de titane. Avec les tanins, cela donne des oranges vifs.
Sans mordants
Les mordants peuvent être considérés comme une source de pollution et souvent comme un coût supplémentaire prohibitif dans beaucoup d’endroit. Leur élimination doit être une direction de recherche non négligeable.
Il faut apprendre à tirer profit des tanins et des plantes bio-accumulatrices.
Ces tendances nouvelles sont en fin de compte un retour à des pratiques ancestrales.
Ecoprint
Cette technique récente développée par India Flint, permet d’obtenir des empreintes de plantes qui révèlent ainsi leurs teintes cachées et font apparaître des textures insoupçonnées.
Économique et écologique, cette technique permet de recycler des vêtements usagés.
Les couleurs fongiques
Depuis quelques années, les teintures à base de champignons sont très à la mode, notamment aux États-Unis.
En français, Dominique Cardon en parle assez longuement dans ces livres et Marie Marquet vient de leur consacrer aussi un livre.
Souvent, ces champignons ne sont pas cultivés parce qu’ils appartiennent à la catégorie des toxiques.
Cependant, l’arc-en-ciel complet peut être obtenir à partir de champignons et lichens. Car, il ne faudrait pas abuser de la récolte de ces derniers, ils sont lents à pousser. En outre, ils souffrent beaucoup de la sécheresse, du changement climatique et de la pollution.
Les couleurs bactériennes
Très récemment, j’ai suivi un Mooc sur la mode circulaire, de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas (Edx). Il mentionnait une société qui avait développé des teintures bactériennes. Je suis allée voir leur site, on y voyait de nombreux textiles innovants, des gammes complètes de teintures naturelles, mais pratiquement rien à ce sujet précis.
Cependant, par hasard en visitant un groupe sur le nettoyage par fermentation des laines sur Facebook, j’ai vu une communication d’une Américaine qui était très choquée d’avoir vu sa toison de luxe qui avait viré au rose vif, une bactérie non désirée avait développé cette teinte surprenante.
Lorsque j’ai assisté à une conférence où les étudiants de l’Université Catholique de Santiago du Chili présentaient leurs travaux… une des étudiantes m’avait posé la question de teindre avec des bactéries. Il y a donc un intérêt pour la question.
C’est un sujet d’avenir à développer.
Conclusion
Cette chimie verte à un grand avenir dans différents domaines: peintures, teintures, cosmétiques, aliments…
Même dans la construction, il y a un regain d’intérêt pour les enduits et peintures naturelles.
Hélas, cet article touche à sa fin. Je vais certainement le compléter dans un futur proche. Parce que je n’ai pas encore épuisé le sujet, j’y reviendrai prochainement.
Je tiens à rappeler que je ne touche aucune commission sur les livres ou autres produits mentionnés ou conseillé. Ce site n’est pas monétarisé.
/// Les mites, que de mythes /// Nouvel article du 7 Février 2020, modifié le 16 mai 2023 En Europe du 4 mai au 14 novembre 2023, retour au Chili, pour donnner 2 cours, un à Pica, près d’Iquique et un autre à Codao, près de Rancagua Organisons donc des ateliers! C’est facile
Les mites, de vieilles connaissances indésirables
Il n’y a pas d’échappatoire. Car, les mites font leur apparition tous les soirs, quand je suis concentrée en pleine lecture ou à la rédaction d’articles pour ce site… Elles vont jusqu’à se poser sur mon écran ou sur mes lunettes! J’ai même failli en avaler plus d’une fois.
Ces vermines apparaissent à l’heure à laquelle je devrais commencer à penser à dormir. En conclusion, elles m’obligent à faire du sport pour les chasser à partir de 22 heures. L’autre jour, je me suis réveillée à 5 heures du matin, j’ai allumé la lumière et j’ai dû partir à la chasse!
Donc, mes pires ennemies sont noctambules… Plus il fait chaud, plus elles sont nombreuses.
Les dégats
Tout le monde sait dans quel état, les mites peuvent laisser nos tricots préférés. Après leurs interventions, il n’y a plus qu’à broder ou utiliser des techniques de boro.
Je les connais depuis longtemps
Comme, j’ai aussi une petite expérience de l’apiculture, je les ai découvertes au même moment que je commençais à teindre des fibres naturelles avec des plantes.
Les mites des ruches sont aussi appelées fausses-teignes, semblent être un autre insecte.
C’est pourquoi, mes documentations d’apiculture, me sont donc peu utiles à cette occasion.
Apparemment, les mites qui volent ne mangent plus, parce qu’elles ont un appareil digestifs atrophié. Cependant, elles cherchent à se reproduire.
Hélas, le problème, c’est qu’elles pondent des œufs n’importe où. Ceux-ci ne mangent pas, mais sont pratiquement invisibles donc difficiles à éliminer. En outre, leur mère les pondent dans les recoins les plus inaccessibles. J’admire leur capacité à se faufiler à l’intérieur des pelotes de laine. Et pourtant, je bobine serré.
Donc, les vilaines gourmandes, ce sont les larves. D’abord, elles sont insatiables et dévorent tout ce qu’elles trouvent sur leur chemin, même les sac en plastiique. En outre, on les voit rarement, vu qu’elles apprécient les intérieurs de pelotes et les vêtements bien rangés.
J’ai même vu un pantalon attaqué sous la pince du cintre chez quelqu’un excessivement propre.
Près d’Iquique, une dame m’a dit qu’elle avait de la laine et qu’elle voulait apprendre à filer. Elle va chercher son sac de laine, quand elle l’ouvre, il n’y avait plus que des déchets de mites, plus une fibre.
Quels gourmets
Les mites ne se privent pas. Car, elles préfèrent les laines de meilleure qualité, si possible de l’alpaga filé main, au fuseau! Quel désastre quand elles attaquent un tricot. Il semble qu’elles préfèrent les laines teintes naturellement à celles teintes chimiquement, le chrome, le cadmium… ne leur plaît pas autant, mais elles les goûte tout de même.
Malgré les déboires que j’ai avec ces larves, je n’en vois que rarement.
On trouve parfois des restes de leur chrysalide, des petits cocons blancs, souvent bien cachés.
Mais, je voulais en savoir plus sur les mites
Cependant, je ne pouvais pas en rester là. À mon habitude, j’ai fait des recherches sur internet. J’ai d’abord cherché des livres et des thèses, sur des sites très utiles du genre HAL…
J’ai découvert qu’il existait des mites de la tomate et des mites de la pomme de terre. Elles touchent certainement un secteur plus important que celui de la laine! Celui-ci semble plutôt délaissé.
Un peu de biologie des mites
J’entendais un jour une émission littéraire française où un écrivain expliquait que toutes les races étaient destinées à rétrécir. Au contraire, j’ai l’impression que mes mites grandissent avec le temps.
Les différentes espèces de mites
Les mites correspondent à différentes espèces…
Pour commencer, je ne parle pas des mites alimentaires qui souvent arrivent dans un paquet de farine…
De plus, je confirme que les mites qui attaquent les ruches sont aussi différentes.
J’ai affaire à quatre espèces différentes, au moins. Premièrement, il y en a de toutes petites beiges.
Deuxièmement, il y a aussi des mites moyennes beiges.
Puis, j’ai découvert récemment deux grandes espèces: des blanches avec une rayure noire et des marrons.
Je ne connaissais pas ces deux dernières espèces avant d’arriver à Puerto Montt.
Enfin, j’aimerai bien pouvoir les nommer.
Cycle de vie des mites du vêtement
Je vais donc poursuivre mes recherches sur internet.
Le nom de l’espèce est Tineola bisselliella
Chacune des mites femelles pond de 100 à 250 œufs.
Ces oeufs blanchâtres mesurent 0,5 mm.
Quand les larves naissent, elles mesure environ 1 mm et arrivent à 10 mm, avant de se transformer en chrysalide.
Les larves s’alimentent des protéines de la laine durant des jours.
Les larves adorent la sueur et le suint ce qui explique qu’elles attaquent particulièrement la laine, il y reste toujours un peu suint (c’est ce qui l’adoucit). En cas de lavage industriel, ce suint est remplacé par de l’huile d’ensimage pour permettre la filature. Cet ensimage n’est pas éliminé par la suite et doit continuer à attirer les larves de mites. Cela leur apporte des lipides et des minéraux nécessaires à leur développement
En outre, ces larves forment de petits cocons blancs ou de la couleur de la laine qu’elles ont dévorée.
Les mites restent généralement 1 à 2 semaines en chrysalide.
Les mites adultes vivent environ 15 jours.
À 25-30 ºC, le cycle complet dure 2 mois, le réchauffement global leur est donc favorable.
Je viens de trouver l’essentiel de ces informations sur ce site.
Que de mythes sur les mites!
Je ne veux pas utiliser d’insecticides plus dangereux pour moi que pour les mites. Je ne veux pas des anciennes boules de naphtaline, ni des produits toxiques tels que le paradichlorobenzène qui est cancérigène.
Par conséquent, je cherche des moyens de lutte naturelle.
Alors, j’ai recherché dans les trucs de grands mères… Mais, il semble que les mites ont évolué avec le changement climatique. Si la plupart des papillons sont sur le point de disparaître, les mites, elles se développent de plus en plus. Elles attaquent même les sacs en plastique.
D’ailleurs, ils ont développé une race de mites qui désintègre le plastique… Ce qui détruit l’argument en faveur des laines synthétiques qui résisteraient aux mites.
Les produits à base de Bacillus Thuringensis
Me souvenant de la période où j’avais des ruches, je me suis rappelée qu’il existait des produits à base de ce bacille pour lutter contre les mites de la cire…
Cette bactérie attaque l’intestin des chenilles des lépidoptères (papillons) et les empêchent de se nourrir et donc de se développer. Comme les mites font partie de cette famille, j’ai ramené de France un de ces nombreux produits contre les chenilles processionnaires. Et, je les ai testé sur mes laines.
Pas de succès visibles.
La lavande, la menthe, le bois de cèdre…
J’ai une très bonne amie apicultrice qui soigne ses abeilles avec des huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Elle m’a donné des hydrolats de sa production.
J’en ai pulvérisé un peu partout. Pas de succès.
Pire, ma mère avait mis un sachet avec de la lavande au milieu de tricots que je lui avait laissé, quand je suis revenue, les mites avaient pondu dessus. Elles se sont donc adaptées.
Quant aux cèdres, il vaut mieux les laisser pousser.
La cannelle et les clous de girofle
Un ami archéologue péruvien, m’avait conseillé la cannelle et les clous de girofle. J’en ai acheté un bon paquet à l’Agro d’Iquique. J’en ai saupoudré un peu partout. Un an après, cela n’a aucun effet.
Il faut dire que les vêtements retrouvés dans les tombes anciennes subissent de nombreux traitements toxiques (entre autre sulfure de carbone, aussi utilisé anciennement en apiculture) qui doivent décourager tous les insectes.
L’huile de neem
J’ai lu des informations sur l’huile de neem. Mais, comme elle est aussi utilisée en cosmétique, elle coûte assez cher. Ce sera certainement mon prochain test.
Le congélateur, un anti mite atypique?
J’ai lu sur internet que les œufs et les vers ne supportaient pas bien le froid et qu’il suffisait de détourner l’utilisation du congélateur. Mais, je me vois difficilement mettre au congélateur des dizaines et des dizaines de kilos de laine.
En outre, il faut encore relaver ensuite.
Le soleil
Pour cela, il ne faut pas vivre dans un endroit aussi pluvieux que Puerto Montt. Le temps y est toujours très instable et l’on est toujours à la merci d’une bonne averse soudaine.
Il faut aussi avoir de la place et le soleil a toujours tendance à attaquer les couleurs.
La casserole d’eau
J’ai mis une casserole avec de l’eau et un peu de vinaigre. Il y en a un peu qui viennent se noyer.
Le cacao
Oui, je mentionne le cacao, car j’avais une amie qui faisait des chocolats. Elle avait des fourmis partout dans la cuisine, mais les fourmis évitaient de s’approcher des casseroles de chocolat, bien que celui-ci soit sucré.
Mes mites, bien qu’elles ne soit pas alimentaires, n’hésite pas à pondre dans mon cacao amer. La chasse commence donc dès le petit-déjeuner. Alors, elles sont un peu fatiguées après une folle nuit d’activités quand on les trouve dans leur cachette diurne.
Les araignées
Curieusement, il n’y en a que très peu dans la maison. Pourtant, je ne les chasse pas. Je ne vois pas de mites prises dans leurs toiles.
Pièges à phéromones
Je sais qu’il existe des pièges à phéromones qui attirent les mâles, les femelles ne pouvant donc plus être fécondées.
Ils sont assez chers et je ne les ai pas encore testés.
Faire bouillir
Une solution serait de faire bouillir les laines, en les teignant peut être une solution. Mais, rien n’empêche les femelles de repondre sur la laine une fois séchée. Incroyable mais vrai, j’ai vu des mites sortir vivantes de la laine passée à la machine à laver. En fait, la nature les a pourvu de dons bien surprenants.
Teinture aux lichens
La teinture aux lichens est réputée repousser les mites. Cependant, la variété des couleurs obtenues est assez limitée. En outre, les lichens sont lents à pousser et il ne faut pas abuser lors du ramassage, sous peine de les faire disparaître.
Pas de confinement pour les mites
Contrairement aux humains, les mites se développent très bien voire mieux en milieu confiné.
Des vêtements utilisés plus souvent risquent moins les attaques, nos laines les plus précieuses ne doivent donc pas être enfermées et oubliées dans une armoire.
Il faut parfois reconnaître son impuissance
La raquette anti mites
Je joue donc au tennis avec les mites tous les soirs. Cela pue la mite grillée. Heureusement, elles semblent aveugles et il est plus facile de les attraper que les mouches. Elles sont silencieuses, volent assez lentement et aiment à se reposer sur les murs et les plafonds, je guette donc tous les traits noirs… C’est du sport.
Par chance, elles sont silencieuses, sinon je ne pourrais pas dormir.
Je me demande si je ne vais pas acheter une deuxième raquette. L’idée est d’en avoir toujours une de chargée. En effet, à force de faire des étincelles, cette raquette électrique se décharge et devient inefficace.
Un peu d’espoir
Pas la seule à avoir des problèmes de mites
Une voisine et concurrente me disait qu’elle voyait plus de mites que de clients. Depuis, elle ne vend plus de laine, elle préfère les babioles chinoises! Cependant, ce n’est pas une option pour moi.
Elle est commerçante, je suis artisane.
Peut-être auriez-vous une idée? Je l’attends avec impatience.
Je suis vraiment désolée de devoir attaquer ces pauvres petites bestioles, mais elles mettent en danger ma source de revenus. J’aimerai bien trouver une solution moins violente, plus efficace et moins gourmande en temps.
J’espère que vous ne trouverez pas cet article trop miteux. Cependant, il faut parfois parler des problèmes. Je vous invite à lire les autres articles qui sont plus positifs.
Quand j’aurai une solution propre et efficace, je me ferai un plaisir de vous la donner lors d’une mise à jour de cet article.
P.S. Je viens de découvrir une solution biologique, une minuscule guêpe qui parasite les œufs des mites. Cela vient du Canada, est-ce que le SAG (Servicio Agricola Ganadero) laissera passer cela. Il a été si prompt à réquisitionner à la douane le miel et le propolis avec lequel je me soignais…
Je suis de retour en France, j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile Un grand MERCI d’avance à tous ceux qui m’aideront Article mis à jour le 16 septembre 2020
Merci, merci et encore merci
Il paraît qu’exprimer sa gratitude, dire merci, est bon pour la santé, je vais donc créer une nouvelle page, car je dois dire merci à beaucoup de gens et cela me semble simple justice.
Pour faire vite, pour le moment, je vais reprendre une partie du rapport que je suis en train de rédiger pour mon diplôme par VAE, où l’on me reprochait de parler trop souvent d’amis.
Encore une fois, mon expérience se situe au Chili, où règne encore une certaine solidarité[1] et donc les relations et l’amitié ont beaucoup d’importance.
Ce sont parfois seulement des relations commerciales, mais avec un petit plus difficilement traduisible en français. Ils méritent aussi leur merci.
Il y a ainsi un certain nombre de personnes qui ont participé de manières diverses à mon développement professionnel. Et je leur suis très reconnaissante, au point que je pense à créer une page sur mon site web pour leur exprimer ma gratitude.
Cette participation est d’autant plus importante dans le cadre de l’économie de la connaissance[2], mais aussi de celle de la contribution. Les apports des amis sont donc des briques de base de la construction de ma professionnalisation.
“Les amis sont des compagnons de voyage, qui nous aident à avancer sur le chemin d’une vie plus heureuse.” Pythagore
Chili
Viña del Mar
Il faudrait commencer par Alejandro Cespedes, mon premier client à l’imprimerie, qui me faisait ma comptabilité et m’a beaucoup aidé lors des différents déménagements. Sans lui je n’aurais pas pu imprimer sur métal.
La Ligua
Beaucoup de gens m’ont aidé durant les difficiles années que j’ai passées à La Ligua. J’ai oublié certains noms, pas certainement pas tout ce que je leur dois.
Métiers à tisser
Pour les métiers à tisser, il faudrait citer Homero Campusano, avec qui j’ai pu développer mes premiers métiers à clous, avec lesquels je travaille encore. Il y a aussi eu Pato Pato qui m’a découpé mes métiers pour les gilets. Je regrette beaucoup sa disparition.
Copiapo
D’autres comme Daisy de Paipote, m’ont rencontré sur une foire et m’ont proposé mes premières expériences de cours.
Iquique
Les artisans hippies d’Iquique (Pato Pato, Barba, Naty, Memo, les deux Lalo… et beaucoup d’autres du Pasaje Baquedano dont je ne connais que les surnoms) m’ont beaucoup aidé dans la période de vente ambulante.
Véronica, artisane, thérapeute en fleurs de Bach, beaucoup mieux établie socialement que le groupe précédent, m’a offert entre autres la possibilité de donner le cours à Pica. Bien que j’enseignais mes techniques, les participantes m’ont beaucoup appris et je leur dois un grand merci.
Jeannette Baeza, designer textile et créatrice de costumes de théâtre à Iquique à organisé plusieurs expositions dans sa boutique, ou avec Veronica et d’autres a organisé une exposition au Palais Astoreca, ainsi qu’un défilé de mode « Indigène » où elle présentait un certains nombre de pièces qu’elle m’avait achetées et parfois modifiées.
Roxana, responsable du Syndicat des Propiétaires de Bateaux de Tourisme du Muelle Prat à Iquique qui m’a autorisé à vendre sur ce quai, ce qui le rendait plus attractif. Il y avait là aussi Cecilia Chang qui prenait beaucoup de plaisir à défiler avec mes tricots et vendait ses colliers.
Merci à ceux de Mamiña
Raquel Mamani de Mamiña, avait 3 kiosques dont elle ne pouvait évidemment qu’en tenir un à la fois. Mon arrivée à Mamiña lui permettait donc de vendre plus et me donnait la possibilité de vendre mes produits.
Son frère, Gumercindo, m’a aussi donné des informations précieuses qui me servent au quotidien.
Carmen Zenaida Reyes, vient de l’île Maillen[3], mais tient un « Residencial »[4] à Iquique, elle m’a été présentée par un collègue artisan lors de mon retour à Iquique, à la suite de l’accident de transport en commun que j’ai eu en Bolivie. Elle est aussi artisane et m’a toujours reçu gratuitement lors de mes passages à Iquique.
Uldis, gros propriétaire terrien, passionné d’artisanat, notamment textile, m’a proposé de développer un projet une sur parcelle de 200 hectares, à Concon, près de Viña del Mar, Zone centrale.
Don Esteban et sa femme
Sebastiana et son mari Braulio
« El Fanta »
« El Soldado »
María Bacian, l’institutrice
Juan José Cautin
Señora Berta
Lalo de Mamiña
et bien d’autres…
Rancagua
Lucia Fuentes et son mari
Puerto Montt
Angel de Puerto Montt, commerçant en laine et artisanat, je suis arrivée en cherchant de la laine et la même nuit, je dormais dans son local. Je travaille avec lui depuis plus de cinq ans.
Andacollo
Solange Carmona, aussi thérapeute en fleurs de Bach, cherchait à apprendre la teinture naturelle et une amie commune nous a mis en contact. Il y a eu donc une première semaine de cours, puis je suis passée la voir quelques jours avant mon voyage au Pérou et à nouveau récemment à mon retour de France, je suis passée la voir et nous avons de nouveau teint. Elle a des projets auxquels elle veut m’associer.
Santiago
Un grand merci aux étudiants du groupe de Fernan à qui je dois un microscope et de nombreuses informations…
À la mère et à la soeur d’Angel qui m’ont reçue plusieurs fois chez elles, dans ce Santiago si grand et un peu inquiétant…
À Leila Sammur, avec qui j’ai eu le plaisir de visiter « El Pueblito Artesanal – Los Domenicos »
Argentine
Lucrecia et Mara, à Santa Fe (Argentine) se sont aussi converties en amies lors du premier cours, elles m’ont aussi acheté beaucoup de tricots et il y a eu un second cours, trois ans plus tard et nous sommes restées en contact.
Pérou
Antonio Oquiche
Segundo, d’Artequilla à Cajamarca
Equateur
Ivan et Narcisa
Madagascar
Et, j’allais oublier Hilaire de Madagascar, encore un cas d’échanges, basés sur la confiance et l’amitié.
Il y a bien sûr Andrée Ethève qui a organisé l’IFPECO de Madagascar en 2017.
Merci aussi au propriétaire de l’Hotel Shangai à Antananarivo qui m’a donné de bons tuyaux informatiques…
France
Je crois que je vais devoir un grand merci à l’équipe des Crapauds Fous que j’ai découverts grâce à la l’interview de Thanh Nghiem sur la chaîneThinkerview…
Enfin, je dois remercier Madame Marie Pierre Puybarret pour les informations qu’elle m’a données si gentiment. Je vous invite a visionner un documentaire « Neolithic Fashion » où on la voit tisser une reconstitution magnifique de tunique néolithique.
La Mère Lison, ce n’est pas une personne comme on pourrait le croire, mais une association bien sympathique qui tient une petite librairie à Loches. Ils m’ont beaucoup aidé, à plusieurs reprises.
Merci, aux adhérents du FabLab de Loches et notamment à Jean-Noël sans qui ce site ne serait pas en état de marche…
Joëlle, de l’Atelier de Joëlle, le Fablab de Loches
Éric, Dominique et Pierre que j’ai rencontrés au Village Lacustre de Gletterens, en Suisse.
Paul Thierry et Valentin de Biolab Maraîchage
Merci aux wwoofers
Merci aux Amapiens et tout spécialement à Monique…
Suisse
Je viens de faire un merveilleux voyage en Suisse, pour les Rencontres Préhistoriques, au Village Lacustre de Gletterens.
Je tiens à remercier ardemment toute l’équipe qui a rendu possible cet événement sans pareil et à tous ceux que j’ai rencontré là-bas.
Encore, merci…
Pour tous ceux qui me lisent régulièrement, car il ne faut pas les oublier…
Conclusion, un grand merci pour tous
L’ordre dans lequel je mentionne les pays et les amis est totalement aléatoire, car bien sûr ce texte ne vise pas à créer une échelle absurde, chacun a joué son rôle…
La catégorie “ami”
ne correspond donc pas à « ami facebook », mais à des personnes qui
ont influencé très positivement mon développement professionnel, ce sont cependant
plus que des relations commerciales, ce qui ne leur quitte pas leur sérieux, d’autant
plus que je ne bois pas d’alcool, ne fume pas et ne me drogue pas.
Les contacts sont beaucoup plus facile au Chili et il me semble que tous ces gens me considèrent comme leur amie.-Il ne s’agit donc pas de camaraderie, mais bien de relations professionnelles améliorées.
Toutes ces aides ont joué un rôle appréciable dans mon évolution professionnelle.Qui peut se construire professionnellement seul ?
Il ne s’agit que d’un début… Cet article va s’allonger au fur et à mesure. Soyez patient.
Il faudrait un merci de plus pour que le SEO soit content
Donc, à mon extension merci de me prévenir
[1] Comme le commente une chanson du duo Schwenke y Nilo qui fait la comparaison entre l’augmentation régulière de l’importance de la carte bancaire et la diminution de la solidarité et de l’importance sociale de l’amitié.
[2] Il s’agit d’un thème cher à Idriss Aberkane, qu’il a développé dans de nombreuses conférences et dans son livre « Libérez votre cerveau ». Une économie bien plus ancienne que l’économie matérielle et plus rentable, 1 + 1 = 3, favorise les amoureux…
/// Video et Documentaires Textiles /// Article du 30 août 2019, modifi´é le 9 avril 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025 Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
On peut apprendre beaucoup en regardant des video. Cet article sera donc alimenté régulièrement, dans la mesure du possible, parfois le temps s’échappe…Cet article est un concentré de liens, il est complé par un article sur les livres.
Je viens de m’apercevoir, avec surprise, que vous êtes nombreux à visiter cet article, cela m’encourage à le mettre à jour. Je me permets de vous encourager à visiter mes autres articles, vous y trouverez sans doute de nouveaux liens.
Après mes indications bibliographiques, je vais donc réunir dans cette page des liens de video et documentaires textiles et autres avec leur liens, au fur et à mesure de mes découvertes…
J’attends vos propositions de liens pour enrichir cet article.
En attendant que je crée mes propres video (il faut que j’apprenne encore cela…), je vous invite à visiter ce que j’ai découvert lors de mes recherches sur internet et pendant mes voyages…
Video sur les textiles
Le Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili présente de nombreuses voici le lien.
Je viens de découvrir une video sur les tissages de crins de cheval.
Aussi, j’ai eu l’occasion de dénicher une conférence gesticulée sur le textile. Je vous la conseille chaudement.
Il y a beaucoup de manières de filer et beaucoup de matières premières.
Je viens d’en découvrir une nouvelle bien originale.
Les orties
Voici deux videos en anglais sur la préparation et la filature des orties. Cela donne envie d’essayer. Sally Pointer est vraiment une grande spécialiste et mérite d’être suivie, elle propose de nombreux tutoriels de reconstitution de pièces archéologiques.
Video sur la couleur
Podcasts de France Culture, janvier 2013. Je suis avec beaucoup de plaisir de nombreuses émissions de cette radio, sur le site web.
Voici la dernière video que je viens de trouveret une autre plus ancienne, en français.
Michel Garcia
Michel Garcia a été un de mes premiers maîtres en teinture avec Dominique Cardon dont j’ai lu et relu tous les livres. Je vous invite à visiter son site.
Il a publié plusieurs DVD techniques très instructifs, disponibles sur son site ou chez Couleur Garance.
Voici une court film, ancien, où il présentent les plantes tinctoriales, à Lauris
Il y en avaient trois, et il vient de publier la quatrième video: « Natural Dye Workshop IV: Beyond Mordants Indigo and Direct Application of Dye »
Attendue avec impatience. Je viens de le recevoir, ce sont près de 4 heures de concentré d’informations.
Je viens de prendre le temps de le voir, il est vraiment passionnant. Rien que de la teinture sans mordants chimiques, et vraiment beaucoup d’informations et de réflexions. Ces video sont à voir et revoir sans modération. Leur seul défaut est qu’ils sont en anglais, mais il y a des sous-titres en français, italien, espagnol, chinois et japonais.
J’ai plusieurs video sur le shibori qui est une technique de teinture avec réserves, aussi appelée tye-dye, utilisant des amarres.
Yoshiko Iwamoto Wada
Il s’agit d’une grande spécialiste japonaise des textiles. Elle organise des ateliers et des voyages sur les thèmes textiles. Elle a écrit de nombreux livres et produit des DVD…
J’ai aussi une video sur la pratique rituelle de l’ikat à Rumah Gary à Borneo.
Video sur les voyages
Ady Gasy
Ady Gasy de Lova Nantenaina est le premier film que je vous recommanderai dans cette section. Je l’ai vu la première fois lors de l’IFPECO à Madagascar. C’est impressionnant et très instructif…
Cela faisait longtemps que je n’alimentais pas cet article. Je vous donne un lien vers une video sur une race ovine que je viens de découvrir en Wwoofing, la Thones et Marthod.
J’ai beaucoup aimé sa laine.
Et les plantes
Je pense d’abord à la série de Jean Marie Pelt sur la grande aventure des plantes. Jean Marie Pelt est aussi l’auteur de nombreux livres passionnants.
Je recommanderai aussi les conférences et video de:
Hervé Coves, il vous fait apprécier les ravageurs.
Georges Oxley, comestibles sauvages…
Francis Hallé, les arbres vus sous toutes leurs dimensions…
Jean-Marie Pelt, des documentaires et des livres passionnants…
Gérard Ducerf, ses livres sur les plantes bioindicatrices valent vraiment leur prix (voir chez Promonature qui diffuse aussi bien d’autres livres)
Claude et Lydia Bourguignon, les sols vivants ou l’on apprend comment Paris s’alimentait de sa propre production maraîchère au XIXème siècle, et bien d’autres informations surprenantes…
Olivier Husson qui parle de la « Santé des plantes par le RedOx«
Gilles Clément, de nombreux livres très poétiques
Konrad Schreiber, de nombeuses video passionnantes ettrès didactiques,
Maurice Chaudière, sculpteur, greffeur, apiculteur et auteur du livre « Le goût du sauvage » avec Ruth Stegassy,
Marc André Selosse, j’ai lu son livre « Jamais seul« , on y apprend beaucoup de choses sur le microbiote… Je viens aussi de recevoir le second sur les tannins, vraiment très intéressant, et maintenant desconférences. De nouveaux livres viennent de paraître.
Petite dernière découverte, video de Ernst Zürcher, à ne pas manquer.
Chacun a des points de vue différents, qui se complètent souvent…
Et encore des liens botaniques
Lors de recherches pour la rédaction d’un prochain article sur les « mauvaises herbes« , une amie m’a fait découvrir quelques sites d’informations botaniques.
À cela, il faudrait ajouter Telabotanica, en français, qui propose aussi des MOOC et une application de reconnaissance botanique.
Video d’archéologie
Je viens de découvrir deux video du Collège de France où Dominique Cardon donne des informations passionnantes sur des textiles d’époque romaine trouvés dans des anciens forts sur les routes vers les anciens ports de la Mer Rouge. 1 et 2.
Le Collège de France est à suivre dans un grand nombre d’autres domaines.
Depuis quelques temps, je reçois des video du Corning Glass Museum, de New-York, c’est très beau de voir comment les artistes du verre confectionnent des pièces artistiques. Travail en équipe et beaucoup de matériel à disposition, très professionnel. Malheureusement en anglais.
Quelqu’un des Crapauds Fous m’a donné le lien suivant, mérite d’être vu et médité.
A la suite d’une remarquable conférence gesticulée de Bernard Friot, j’ai découvert les stages de langue de bois.
« A la fin de cette collection de liens, j’aimerais un partage plus concret, moins virtuel. Il y a beaucoup à faire, et ce n’est pas si difficile. Entrons dans la pratique réelle.
Dans un autre article, je parle d’un microscope fabriqué dans un FabLab par des étudiants à Santiago du Chili. Si vous voulez en savoir plus sur ce mouvement, cliquez sur ce lien.
J’ai beau m’intéresser aux techniques anciennes, l’informatique et les nouvelles technologies m’attirent beaucoup.
De fait, le microscope permet de voir avec plus de détails, des textures, la qualité du fil utilisé et peut me donner beaucoup d’informations utiles.
Elles vont beaucoup m’apporter dans mes recherches, c’est pourquoi j’ai cherché à prendre contact avec les FabLabs, j’ai même eu le projet d’en créer un à Puerto Montt (Chili), chez mon ami de Rincón de Angel.
Cela peut être une bonne solution pour fabriquer des prototypes et des pièces en petites quantités, en faisant varier les proportions… Je rêve déjà de nouveaux métiers à tisser, mieux adapté à chaque type de fibres, permettant de nouveaux effets…
C’est ainsi que j’ai suivi un Mooc sur Fun Université pour connaître les bases de l’impression 3D. Lors de ce cours, j’ai appris que l’on pouvait se fabriquer soi-même son imprimante 3D, il existe ainsi des sites de partage gratuit de plans et de programmes de dessin adaptés…
FabLab universitaire à Santiago
Ma première approche réelle
On m’a invité à une conférence.
C’était très intéressant. Il y avait là un FabLab, je n’ai seulement pu le voir que par une grande baie vitrée, il y avait beaucoup de machines.
Malheureusement, pour des raisons de sécurité, il fallait demander une autorisation au préalable…
Dans mes recherches pour la création d’un atelier FabLab à Puerto Montt, j’ai pris contact avec le FabLab ESAN à Lima qui a répondu très chaleureusement à mes questions, d’autant plus qu’ils travaillaient avec des gens qui s’intéressent aux textiles.
Lors de mon dernier voyage au Pérou, j’ai donc repris contact avec eux et je suis allée les voire entre deux visites de musées.
Là-bas, j’ai pu voir différentes machines: imprimantes 3D, fraiseuse, graveur laser… et un scanner 3D qu’ils ont utilisé pour scanner un peigne de métier à tisser, je voulais le modifier pour avoir une plus grande ouverture pour passer la navette. Ils ont ensuite essayé de le reproduire avec une imprimante 3D.
Il est intéressant aussi de voir les contraintes, notamment concernant la taille des objets à scanner et à reproduire…
La recréation de ce peigne posait différents problèmes… Il était un peu grand pour le scanner, il tenait à peine de travers. Il faut donc parfois diviser la pièce en plusieurs parties avec des unions. Puis, au niveau de l’impression, il y a eu aussi quelques difficultés, ces machines semblent très sensibles…
ll faut bien choisir son plastique, l’économiser sans fragiliser la pièce imprimée. Les courants d’air semblent aussi néfaste. et il faut être très patient. Les temps de développement sont longs.
On peut recycler les pièces ratées, mais avec des machines très coûteuses.
En tout cas, la pièce doit être bien ventilée, ce qui est souvent assez bruyant. Mais on doit éviter les courantd d’air pour les imprimantes 3D qui sont très sensibles
Ils m’ont aussi mis en contact avec le responsable d’un autre FabLab de Lima, passionné de textiles, qui a créé des métiers destinés aux enfants ou pour des démonstrations.
Il voyage beaucoup, mais j’ai eu la chance de le rencontrer entre deux vols. Il m’a donné un livre qu’il a écrit et un de ses métier prêt à être monté, en plexiglas, découpé au graveur laser.
J’aimerai bien pouvoir revenir pour voir cet autre FabLab, c’est vraiment un monde de partage de connaissances très attrayant.
Iquique
Au retour de mon voyage au Pérou, je suis passée à la ZOFRI (Zone Franche) d’Iquique (Nord du Chili) et j’ai pu constater qu’ils vendaient quelques imprimantes 3D, cela commence donc à se démocratiser…
Il y a aussi des fichiers modifiables Open Source pour les bricoleurs qui voudraient se fabriquer eux-mêmes leurs machines en les adaptant à leurs besoins.
Voici quelques logiciels gratuits pour la création de fichiers destinés à ces machines:
Conception paramétrique: FreeCad
Edition 3: Blender
Slicer Ultimaker CORA
Visite au FabLab de Loches
Comme je suis rentrée en France, à Loches, pour quelques mois, je suis partie à la recherche de FabLabs. J’ai eu la bonne surprise d’en trouver un, récemment créé à Loches même.
J’ai donc pris contact et suis allée le visiter. Il y a là plusieurs imprimantes 3D, un graveur Laser, une brodeuse électronique. J’ai pu voir fonctionner ces machines.
Je suis entrain de réfléchir à des essais qui pourraient être utiles.
Dans ce FabLab, on m’a aussi beaucoup aidé à rétablir ce site qui commençait à souffrir d’obésité…
Production de ce FabLab
La brodeuse électronique permet de broder toutes sortes de logos, même en différentes couleurs, avec bien sûr beaucoup de précision.
Le graveur laser est impressionnant, il est de grande dimension. Il peut aussi bien découper de nombreuses matières ou seulement les graver, selon les indications du fichier auquel il obéit.
Il permet de produire une grande variété d’effets selon les règlages du fichier qu’il reçoit. Il peut aussi bien graver des photos que découper, et pas seulement du bois…
Deux jeunes produisent des instruments de musique…
FabLabs du monde
Lors de mon prochain tour du monde, j’espère bien pouvoir rencontrer d’autres FabLabs, lors de mes prochaines étapes. Il y a tant de choses à partager.
/// Matières premières /// Article mis à jour le 31 août 2019 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Tout bon livre de teinture naturelle (il en est de même pour les teintures chimiques) commence par une description des fibres. Cela est d’une très grande importance, de cela dépend le type de mordant et bien souvent le résultat.
Oui, je sais, je vous ai déjà parlé des matières premières. Je ne vais pas radoter, mais c’est un thème important et j’ai de nouvelles informations à vous apporter. Ainsi, je vous invite à relire le précédent article.
Les matières premières à la loupe
Ou mieux encore, au microscope. J’en rêvais depuis longtemps…
Une des meilleures méthodes pour déterminer à quel type de fibre on a affaire, est de l’étudier au microscope.
Et je vais sortir mon microscope
Un étudiant doctorant, Fernan, est venu avec des amis de Santiago au local Rincón de Angel et nous avons beaucoup parlé de teintures, eux les utilisaient pour leurs préparations au microscope.
Ils auraient préféré utiliser des teintures naturelles pour cela. Je leur ai donné un peu de cochenille pour qu’ils fassent des essais. Très peu leur suffisait…
Le retour de Fernan
Quelques mois plus tard, Fernan est revenu avec 20 étudiants de son laboratoire. Et ils m’avaient apporté un microscope qui se branche sur l’ordinateur.
C’est un bon outil pour analyser rapidement des matières premières. Les fibres se distinguent par leur forme, la présence d’écailles… Tout cela influe sur la teinture.
On peut aussi voir si la laine est propre ou contient encore de la graisse. C’est très important pour la solidité de la teinture qui préfère s’allier à la graisse qu’à la fibre et aura tendance à s’en aller avec la graisse au lavage.
Je vais donc le brancher pour continuer l’article
Depuis que je l’ai, il a voyagé avc moi, au Pérou, au Brésil, et maintenant en France, il va certainement m’accompagner lors de mon tour du monde pour analyser toutes les fibres que je rencontrerai sur mon chemin.
Le voici branché il faut bien installer l’éclairage et le régler…
Nous allons voir de belles matières premières
Je vais réunir les fibres que j’ai sous la main pour vous les montrer sous un autre jour.
Laines
Chez mon ami Angel, il y en a une grande variété.
Alpaga
Je vais vous montrer ce que j’ai tondu à Concon en 2017.
Vigogne
J’en ai trouvé en Bolivie. C’est rare et très cher.
Coton natif péruvien
Eh oui, le coton n’a pas toujours été blanc, et celui a bien failli disparaître. Heureusement, il y a des artisans qui le sèment encore, notamment dans la région de Chiclayo (Nord du Pérou).
Il est brut de récolte, ces fils semblent plats.
Soie de Madagascar
J’en ai ramené de chez mon ami Hilaire, quand je suis allée à l’IFPECO de Madagascar. Il m’en reste un peu.
J’ai aussi décreusé un peu de cette soie, nous allons aussi l’étudier.
Autres soies
Voici la soie du Laos qu’utilise mon amie à l’Atelier de Joëlle…
Paille à chapeau, d’Equateur
J’en ai ramené un peu de Ciudad Eten, près de Chiclayo, où ils ont la spécialité de tisser des chapeaux… Les femmes tressent leurs chapeaux, chez elles. On les voit depuis la porte ou la fenêtre ouverte…
Cheveux humains
Je vais en profiter pour examiner mes cheveux, pourquoi pas. C’est très instructif.
Crin de queue de cheval (noir)
Quand je suis allée tondre les alpagas à Concon, on m’a donné une queue de cheval. Nous allons donc étudier ces crins.
Chanvre
Ma voisine récupère auprès du facteur les liens des paquets de courrier. Il paraît que c’est du chanvre.
Lin
Je n’ai pas retrouvé de fibre de lin. Quand j’en aurai je remettrai à jour cet article.
Orties et ramies
Les orties et la ramie (sous-espèce d’ortie non urticante) sont aussi des fibres intéressantes, mais je n’en ai malheureusement pas d’échantillon.
Fibres de bananier
J’ai ramené un peu de fibres de bananiers de Madagascar, cet échantillon a été teint à la cochenille.
Sisal
Celui-ci provient aussi de Madagascar, il a été légèrement teint à l’indigo.
Rafia
J’ai aussi ramené un peu de rafia de Madagascar, qui en produit beaucoup. Celui-ci a été teint à la cochenille. Naturel, il et moins blanc que la paille à chapeau équatorienne.
Plume
Je viens de trouver uune plume dans la toison d’alpaga que j’allais préparer pour la filer… Nous allons l’étudier.
Fibres de bambou
Je n’en ai pas. Il s’agit en fait d’une viscose de bambou, avec tout le brillant de la viscose et tous ces défauts. La viscose est une fibre très flateuse, qui se teint généralement très bien.
N’importe quelle cellulose convient pour la fabriquer. Pratiquement toute biomasse végétale doit pouvoir servir à sa fabrication. Il s’agit donc d’une fibre artificielle.
Le problème est que le mode de fabrication, en général à base d’acétone ou d’autres solvants organiques, produit beaucoup de COV (composés organiques volatiles) et autres déchets qui ne sont pas franchement aimables avec le milieu ambiant.
La viscose est aussi très inflammable. Les retardateurs de combustion sont par ailleurs très toxiques.
Les fibres qui me manquent…
Liber de tilleul et de bouleau, qui furent longtemps utilisés, notamment au moyen-âge.
Lapin et chèvre angora, yack…
Synthétiques et artificielles
Il faut bien voir ce qui nous envahit…
Visite à leur laboratoire
Quelques temps plus tard, avant de repartir en voyage, je passe quelques jours à Santiago. Et Fernan m’invite à une conférence de ses étudiants à leur campus Lo Contador, Faculté d’Architecture – Université Catholique à Santiago du Chili.
C’était très intéressant. Il y avait là un FabLab, je n’ai seulement pu le voir que par une grande baie vitrée, il y avait beaucoup de machines.
Nouveaux Projets avec Fernan
Voici des nouvelles fraîches. Je viens de reprendre contact avec Fernan qui me propose plusieurs projets concernant l’amélioration de ce microscope et sa diffusion en open source et low cost.
Il l’utilisait pour l’étude des levures et veut l’adapter mieux à l’étude des matières premières textiles.
/// Besoin d’artisanat /// Article du 15 mai 2018, modifi´é le 30 mars 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile, il suffit d’appeler +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
A-t-on encore besoin d’artisanat?
Ces derniers temps donnent plutôt l’impression que l’on n’a plus besoin d’artisanat, et encore moins de qualité…
« L’été dernier (2017), j’ai vu des touristes très pressés. Ils ne prenaient pas le temps de voir les processus de production de la laine. C’était chez Rincón de Angel, visite gratuite de l’atelier à l’étage). Puis cet été, ils ne prenaient même pas le temps de faire le tour du local, quand ils entraient… Certainement que les fruits de mer et les saumons d’élevage sont plus importants…
Et pourtant, ce local est bien différent des autres… Pas de produits chinois…«
Cet article est ancien. Nous avons dû fermer ce grand local trop onéreux. Et, les produits chinois ont commencé à nous envahir pour pouvoir maintenir l’activité « laine« .
Besoin de luxe
Il est vrai que l’artisanat n’est pas un produit de première nécessité… La question du prix d’un vrai travail artisanal est aussi à prendre en compte. Mais tout le monde n’est pas dans la misère!
L’artisanat n’est que rarement un produit de marque, et créer une marque a un coût très élevé. J’ai assisté à un certain nombre de réunions pour le développement de l’artisanat. On nous disait que nous devions mettre des étiquettes (si possible bien multicolore, pour que cela coûte plus cher et soit moins efficace du point de vue de la visibilité). J’ai aussi eu une petite imprimerie artisanale, donc je sais de quoi je parle. D’autre part, nous devions laisser notre rôle créatif à des designers… En outre, les pièces ne devaient pas être unique!
J’ai vraiment eu l’impression d’avoir été infantilisée, d’autant plus que pour bien nous expliquer tout cela, ils ont utilisé des jeux!
Il y a tant de sollicitations
On aura ainsi tendance à faire passer un nouveau téléphone mobile avant quelques kilos de laine, ou un tricot fait main. Heureusement que tout le monde ne cède pas à la tentation…
Et il devient difficile de vendre quand on est minimaliste. Ceux qui ont les moyens, n’en voient pas le besoin; et ceux qui en ont besoin et qui savent apprécier l’artisanat, n’ont souvent pas les moyens…
Un bon tricot en laine ne se démode pas. S’il est bien traité, il peut durer des dizaines d’années. Certains cherchent même à les raccomoder quand ils arrivent en fin de vie… C’est toute la différence entre un produit de qualité et un produit jettable.
Un besoin passéiste?
A l’origine, l’artisanat n’était pas commercial, mais utilitaire. Il occupait des temps libres pour la fabrication des objets du quotidien, chaque famille devait être autonome ou presque. Les gens fonctionnaient beaucoup avec le troc. On se partageait les techniques entre voisins.
Puis les techniques s’améliorant, des surplus se sont créés, permettant aussi des spécialisations… Certains villages se sont spécialisés dans certains articles. On le voyait encore au Chili. Par exemple, il y avait La Ligua pour les tricots et ses « dulces » (petits gâteaux), Chimbarongo pour les balais, fromage de chèvre à Ovalle…
À Madagascar
Il m’a semblé voir le même genre de spécialisation à Madagascar. Lors du trajet entre Antananarivo et Antsirabé, il y a une ville spécialisée dans la fabrication de casseroles en recyclant les moteurs de voitures (Ambatolampy)…
Voici quelques photo prises depuis le taxi brousse entre Antananarivo et Antsirabé. C’est pourquoi elles sont parfois un peu floue ou décadrée…
Je n’ai malheureusement pas pu les photographier tous… il y en avait une grande variété.
Au Chili
Au Chili, il n’y a pas encore si longtemps, les jeunes femmes tissaient encore les couvertures pour leur future famille, à partir des laines qu’elles avaient filées… Les hommes se fabriquaient leurs outils… Le frère d’une amie à Maillen, une île en face de Puerto Montt, se construisait son bateau.
Une amie qui avait vécu un temps à Punta Arenas, me racontait qu’elle avait même dû apprendre à fabriquer son savon…
Maintenant, beaucoup de métiers à tisser se sont perdus quand les grands-mères sont mortes… et les techniques se perdent… A la ville, on considère toutes ces pratiques comme sales. L’odeur naturelle de la laine, quand elle ne rappelle pas de bons souvenirs, devient tout de suite puante… Une cliente qui prétendait être tisserande est partie un jour à cause de l’odeur de mouton de la laine. Heureusement, notre laine ne sent pas le plastique!
Et même à la campagne, on ne veut pas paraître paysan. Sentir le feu de bois, c’est très mal vu ici…
C’est sûr que maintenant, on trouve tout, tout fait, sur internet! Tout est prêt à être acheter pour être jeter et remplacé. L’artisanat ne peut pas entrer dans ce jeu.
Il faut se procurer les matières premières, les rendre utilisables, les travailler pour obtenir un objet unique, qui montre même l’état d’esprit de son créateur (par les couleurs, la qualité des finitions et des détails…).
Ou un besoin pour le futur?
J’ai récemment découvert, en suivant un Mooc, le philosophe Bernard Stiegler, grand spécialiste des technologies, qui se préoccupe pour la perte de connaissances provoquée par les nouvelles technologies qui bousculent toutes les données concernant le travail… Ils propose d’imaginer de nouvelles formes de travail… Cela pourrait être une occasion de se réapproprier les techniques artisanales.
Un retour du besoin d’un artisanat de qualité est-il en cours?
Il semblerait bien que oui…
Le travail de la laine revient comme une thérapie…
Je vois qu’aux Etats-Unis des spécialistes de la vannerie proposent des retraites, non pas purement spirituelles, mais de techniques de vannerie.
Nous pourrions en faire autant sur le thème de la teinture naturelle, de la filature, du tissage ou du tricot. Ces activités me procurent beaucoup de bonheur, autant le partager.
Parfois, un retour aux gestes traditionnels est souvent recherché, comme apportant de nouvelles racines perdues. Cela peut paraître un peu artificiel. Mais cela peut provoquer des questionnements et déboucher sur des changements radicaux.
Rien que le fait de pratiquer une technique lente, qui laisse du temps à la pensée, peut bouleverser un système de travail établi basé sur des automatismes.
Un besoin d’exclusivité
Par chance, il existe aussi un besoin d’exclusivité, d’avoir des vêtements ou des accessoires différents de ceux des voisins… Encore faut-il que ce désir respecte le travail de l’artisan, ce matin on m’a fait la remarque, en me montrant une veste en laine rustique, filée et tricotée à la main « Et, vous n’avez rien de plus économique?« … Tout travail mérite son salaire. Ces tricots ne sont pas virtuels! Rien ne tombe du ciel, et encore moins l’artisanat.
L’artisanat comme hobby
Il y a un regain d’intérêt pour l’artisanat comme loisir, pour la détente. Si tout le monde pense pouvoir faire le travail de l’artisan, parce qu’on a vu des tutoriel sur Internet, où tout paraît facile, il y a cependant beaucoup de détails cachés. Notamment, le temps nécessaire.
Il manque aussi des étapes cruciales. Seule la pratique, le temps dédié et l’approfondissement de ses connaissances permettent un bon résultat. On ne s’improvise pas artisan!
Vivre de l’artisanat
Alors, dans ces conditions, vivre de l’artisanat est difficile. Mais heureusement pas impossible, c’est pourquoi j’ai du mal à admettre des rabais sur mes travaux.
Et si on y prenait goût?
Il y a longtemps que j’y ai pris goût. J’ai même du mal à me cantonner dans mon domaine professionnel de la teinture et du tissage-tricot. Alors, je fais régulièrement des incursions d’autres domaines, papier, cuir, perles… mais aussi botanique, agriculture, puisque je vise à une certaine autonomie à moyen terme.
Je suis d’ailleurs en formation, mais aussi expérimentation continue, par la lecture, video, Mooc, visites de musées, voyages, conversation avec les clients… Je saute sur chaque occasion.
Besoin de travail bien fait
On apprécie aussi des produits de qualité, avec de bonnes finitions, des fibres naturelles, si possible des couleurs naturelles, une laine bien travaillée… J’admire sincèrement mes collègues artisans qui maintiennent des traditions dévoreuses de temps…
Celui qui sait faire de l’artisanat, peut en être fier. Il sait utiliser aussi bien sa tête que ses mains et parfois même ses pieds dans ses créations. Je pense à ces femmes au Népal qui filent en faisant passer les fibres entre leurs doigts de pied. Il y a aussi cet orfèvre nomade Africain qui façonne des bijoux en or, en utilisant son pied comme une enclume.
Enfin, l’artisan doit être précis dans ses gestes. Il doit avoir le sens de l’observation, savoir être patient… pour dompter ses matières premières. Donc, c’est tout un apprentissage quotidien auquel il prend plaisir. Cela devient pour lui un besoin que de créer…
Conclusion
Qu’attendons-nous pour sauver ces techniques qui se perdent et qui sans doute nous feront bientôt défaut?
Par exemple, la teinture à l’indigo était très pratiquée lors du passage de Charles Darwin à Chiloe, dans les années 1830. Un siècle après, un curé allemand qui entretenait de très bonnes relations avec les Mapuche et parlait courrament leur langue écrit un livre sur leurs plantes médicinales. À l’occasion, il signale les plantes qui sont aussi tinctoriales. Dans les dernières pages de son livre, il fait la remarque que pour le bleu, il a des doutes entre trois plantes… Actuellement, nos artisanes lainières n’ont plus de plantes à indigo à proposer.
Je suis très surprise par certaines questions posées sur Facebook. Alors, je constate qu’il y a fort à faire et cela démontre un certain intérêt.
Partons vite à la recherche des connaissances et techniques perdues. Il faut en profiter pendant qu’il en est encore temps, la pratiqueest aussi indispensable que la théorie… Cela ne peut pas être remplacé par des ordinateurs…
/// Prix juste /// Article créé le 8 mai 2018, dernière mise à jour le 30 octobre 2022 Je suis de retour au Chili – Je reviendrai en Europe au Printemps 2023 avec beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Quel prix?
Le prix est un problème quotidien, posé tous les jours… Ici, au Chili (et spécialement chez Rincón de Angel). C’est un sujet qui fâche…
En Argentine, on marchande moins, mais quelqu’un m’a dit gentillement que le prix d’une de mes pièces sonnait mal…
Enfin, voici la pratique chilienne. On marchande chez les artisans comme si on était au marché aux puces… quel dommage! A part quelques couvertures péruviennes anciennes très intéressantes, nous ne vendons pas de produits d’occasion! Et comme elles font preuve de techniques anciennes dévoreuses de temps, très peu pratiquées aujourd’hui (dans le genre ikat et dessins traditionels avec des chaînes supplémentaires, tissées sur métiers à pieux ou de ceinture), on ne les brade pas non plus.
Je vis depuis plus de 20 ans au Chili, j’ai la nationalité Chilienne depuis au moins 15 ans et ce n’est pas mon intention de dire du mal de ce pays où j’ai décidé de vivre. Il y a un proverbe ici qui dit « por todas partes se cuecen habas » (partout, on cuisine des fèves)… D’ailleurs, de nombreux Français marchandent aussi sur l’artisanat: c’est écrit dans les guides pour touristes qu’il faut le faire. Ah! Comme j’aimerai rencontrer un de ces rédacteurs de guide touristique! Quelle inconscience!
Il y a presque 20 ans, j’avais une petite imprimerie artistique, avec deux ordinateurs et des imprimantes à jet d’encre, je créais ce dont avait besoin les clients avec leur participation, là aussi, il y en avait qui marchandaient… et j’avais fait la remarque à un de mes clients que je buvais beaucoup de lait et que l’on ne me faisait pas de prix sur le lait, c’était mon aliment de base. Donc, un jour j’ai demandé un rabais sur le lait à la crèmerie ou j’achetais toutes les semaines 12 litres, ils ont bien rigolé… Cela ne faisait que 2 ans que je vivais au Chili!
Ici, pour l’artisanat, on veut le beafsteak au prix du pot-au-feu, mais quand on va à la boucherie, à la boulangerie, au supermarché ou au restaurant, on ne négocie pas. J’avais d’ailleurs mis une pancarte à ce sujet, j’ai dû l’enlever car les clients se sentaient insultés!!!
Le pire, c’est que nombre d' »artisans » baissent eux-mêmes leurs prix avant que le client ne le leur demande… après ils marchandent sur les matières premières s’ils fabriquent quelque chose ou vendent des importations industrielles chinoises, péruviennes ou équatoriennes, que l’on retrouve tout le long du pays, d’Arica jusqu’à Punta Arenas…
Encore quelques anecdotes sur le marchandage
Nous vendons d’adorables marionnettes de doigt, de provenance péruvienne, à 400 pesos chiliens l’unité (même pas la moitié d’un kilo de pain au Chili), et même la-dessus, on veut un rabais de 100 pesos, car les enfants ne joueront qu’un moment avec avant de les jeter!
Un autre exemple
Il y a près de vingt ans, quand j’avais l’imprimerie, j’avais un client habituel assez fortuné pour posséder une propriété et un laboratoire de cosmétique à Santiago, un appartement à Viña del Mar, en plein centre, un « fundo » et un cheval de course à Rancagua, gagnait très régulièrement au Casino, du personel pour tout cela… Un jour, il me raconte qu’il avait failli se faire voler dans la rue et qu’il avait près d’un million de pesos dans la poche, il me montre le paquet de billets… Il venait me faire faire des montages de photos de son vieux chien, de sa mère… qu’il imprimait sur papier photographique, je vendais la page à 2.000 pesos chiliens, il voulait utiliser jusqu’au dernier milimètre ce papier, il ne voulait pas comprendre qu’il y avait des marges techniques, il ne considérait pas le temps que je lui dédiais, il terminait toujours la séance (qui avait duré facilement 3 heures) en me disant qu’il n’avait pas budgeté autant d’argent pour cela (je vous recommande la vidéo du lien)… Un jour, il m’a même dit qu’il préférait venir dans ma boutique, que cela lui coûtait moins cher que d’aller voir le psiquiâtre…
Ce ne sont donc pas ceux qui sont dans le besoin qui marchandent le plus. C’est un peu comme un sport national. Cela leur paraît donc normal de rabaisser ainsi les artisans…
Et pour les amis?
Combien de fois, des gens qui m’étaient totalement inconnus me demandaient « et pour les amis, c’est combien?«
Même les voisins d’en face, ne veulent pas comprendre que les prix sont établis en fonction des coûts de production et négocient pour aller aux toilettes… Il n’y a pas de petites économies.
Nous n’inventons pas nos prix selon la tête du client.
Et la « yapa » pour revenir
La « yapa » es un terme d’origine Aymara, les Aymaras sont un peuple très commerçant et donnent souvent un petit supplément, un peu comme 13 à la douzaine… Le problème est quand on demande une « yapa » même pour 1.000 pesos chiliens d’achat!
Je vais me le faire fabriquer en Allemagne!
Comme vous avez pu le constater, mes pièces sont uniques, malheureusement je n’arrive pas à demander beaucoup. Mais, c’est toujours trop. Un jour, un client m’a répondu qu’il valait mieux se le faire faire en Allemagne! Il est libre d’essayer…
Mais, avec plus de vingt ans au Chili, il y a longtemps que je ne vis plus comme une touriste… Je suis même plutôt minimaliste… et je dois être très économe.
Après toutes ces anecdotes, passons à l’économie sérieuse.
Mois aussi, je sais le faire
Cette remarque est très courante. Cette affirmation est très souvent fausse. En outre, copier peut coûter plus cher que mon prix de vente. Ma r´eponse est généralement: « Alors, faites-le vous-même!« .
Coût de l’artisanat
L’artisanat ne tombe pas du ciel, il a donc un coût:
un coût des matières premières
un coût de transport de celles-ci, (même si on recycle)
un coût du temps de travail, qui peut être très élevé (bien que les salaires soit très bas… actuellement salaire minimum à 276.000 pesos chiliens, coût des aliments et de la vie en général assez semblables à ceux de France… la retraite de base est d’à peu près 104.000 pesos chiliens par mois)
coût de l’expérience, nécessaire à la réalisation de son ouvrage
Le temps, les traditions et l’expérience ne sont pas valorisés ici.
Coût de la laine naturelle – un exemple
J’explique dans un article précédent tout le travail de la laine et je prévois un nouvel article sur la filature de la laine…
Le coût de la laine brute est très bas, d’ailleurs il ne justifie pas l’élevage des animaux, exceptés pour des laines de luxe, mérinos et alpagas. Parfois, on peut avoir de la laine brute gratuite (certains éleveurs ne savent pas quoi en faire et la brûle), encore faut-il avoir les moyens de la transporter.
Si bien sûr, les moutons doivent être tondus tous les ans, toutes les laines ne servent pas, les moutons destinés à la viande, qu’encourage à élever le Ministère de l’Agriculture du Chili, ont des laines très courtes et dures…
Et je reviens à la question du temps! J’ai une bonne dizaine d’années d’expérience de filature au fuseau, aujourd’hui, avec de la bonne laine, longue, avec sa graisse, sans trop de saletés pour une fois, je n’ai réussi à filer que 50 grammes dans la journée!
Mais, j’ai filé fin. Qui va me payer 10.000 pesos chiliens (salaire seulement un peu plus que minimum journalier) pour 50 grammes de laine de mouton? et l’alpaga est encore plus long à filer, car c’est une fibre creuse et plus légère, j’en file à peu près 30 grammes par jour! Et c’est fatiguant pour les bras…
Cependant, il faut environ 100 grammes pour tricoter un bonnet au crochet…
On doit éliminer les laines trop courtes, trop sales et de nombreux déchets…
Il faut encore la retordre, la mettre en écheveau, la laver, éventuellement la teindre et enfin faire une pelote pour la tisser ou la tricoter.
Mon exemple peut paraître exagéré, mais plus un fil est fin, plus on peut tisser ou tricoter de grandes surfaces pour le même poids. D’ailleurs, rares sont les femmes qui filent fin et régulier, maintenant.
Je préfère filer au fuseau car je contrôle mieux mon fil, je file en marchant, en parlant… alors qu’avec le rouet, je n’ai pas la même liberté et le fil est souvent plus raide, trop tordu, et beaucoup plus irrégulier.
Je viens de terminer de retordre cette laine et de la laver, maintenant 100 grammes de laine filée sale pèsent maintenant 80 grammes, mais je suis fière de mon travail. Cela aussi est important!
Après tout ce processus, le tissage ou le tricotage est très rapide, surtout si la laine est bien filée et bien propre.
Les laines industrielles ont mal habitué les tricoteuses qui ne savent plus ce qu’est une laine filée artisanale, le travail que cela comporte et veulent des laines aussi lisses et douces que les laines industrielles… C’est faisable, mais à un autre prix… D’ailleurs les meilleures laines mérinos s’en vont à l’exportation, rares sont ceux qui y ont accès au Chili. Ceux qui gardent encore les traditions savent encore le faire, peut-être plus pour longtemps…
Coût des fibres artificielles et synthétiques
Les fibres artificielles et synthétiques peuvent sembler plus économiques… Mais les prix de vente ne tiennent pas compte des coûts en pollution (production à partir du pétrole ou utilisant des solvants chimiques très polluants, coûts de transport, car elles ne sont pas produites au Chili, pollution provoquée par ce transport… conditions de production de ces fibres, souvent en Asie…, déchets, microfibres qui se libèrent au lavage, perturbateurs endocriniens…).
Le coût de la pollution et de la mauvaise santé est passé sous silence.
Prix du temps
Le temps se paie, même si on veut l’oublier. Pourquoi se donnerait-on la peine de travailler en artisanat si on peut gagner plus en faisant n’importe quoi d’autre, même éventuellement du ménage… En outre, il y a une différence entre faire de l’artisanat un hobby et arriver à en vivre! Sans s’épuiser à produire des articles à la chaîne…
Quand je vivais à La Ligua, ils ne comprenaient pas que je vende une tunique à 15.000 pesos, car il n’y avait que 200 grammes de laine. Ils n’avaient pas compris que l’artisanat ne se vend pas au poids! Pour tisser ces 200 grammes, il me fallait une journée et souvent avec tendinite en prime.
Prix du savoir
Le savoir, les compétences, les techniques, les tours de mains… prennent du temps, nécessitent de l’attention, des efforts, des lectures, de l’écoute, de la pratique, des visites de musées, du temps d’internet aussi et des échecs parfois…
Dans aucun tutoriel, on ne vous explique tout, on oublie de présenter des détails importants qui font qu’une technique fonctionne ou non…
Si tous mes bains de teinture avaient toujours réussis, je n’aurai pas appris grand chose. Je fais donc beaucoup de tests, je lis tout ce je peux pour comprendre certains résultats et les livres coûtent cher ici.
Prix de l’expérience
Lors de l’ISEND de Kuching, une Nord Américaine faisait la remarque que quand on lui demandait combien de temps elle passait pour faire une de ses oeuvres, elle répondait « un moment et 40 ans« .
Il y a peu, je lisais une anecdote concernant Picasso qui allait dans le même sens.
Prix de l’exclusivité
Tout le monde veut des exclusivités, des pièces uniques… et payer comme si c’étaient des produits chinois. Une Taiwanaise, lors de l’IFND de Taipeh, m’a fait la remarque en m’achetant un tricot « This is only for me » (il n’y en a qu’un pour moi).
Mes pièces ne suivent pas de modèles, je les crée au fur et à mesure que les tisse ou tricote, le résultat est souvent différent de ce que j’avais imaginé. C’est triste de copier, alors pourquoi se copier soi-même quand il y a tant d’essais à faire.
Ces développements prennent aussi leur temps, certaines pièces seront abandonnées en cours… car elles ne me satisfont pas.
Et vous faîtes des prix de gros?
Si vous m’achetez 10 pièces, elles seront toutes différentes, elles m’auront toutes pris du temps, je les aurais toutes faites une par une, en y dédiant toute l’attention nécessaire pour obtenir un objet qui donne du plaisir. Il n’y a donc pas d’économie d’échelle. D’ailleurs, maintenant, je limite ma production.
Quand je vivais à La Ligua (centre du Chili), je tricotais surtout des tuniques d’abord en fibres synthétiques (les plus courantes à La Ligua), puis avec des fibres naturelles (laine et coton) quand j’ai commencé mon aventure avec les teintures naturelles. J’avais une grande variété de couleurs, car je combinais des fils industriels (qui devaient passer dans les machines à tricoter) et les variations étaient infinies. Je travaillais dur tous les jours à la maison, puis je partais faire une foire d’artisanat, ou à Iquique, et pendant que je vendais, je continuais à tricoter. Il y a eu un moment, où j’avais plus de 100 modèles différents, avec des inclusions de cuir ou d’autres détails qui sortaient du commun… Et il manquait toujours une couleur!
C’est curieux, mais même les productions industrielles ont une gamme de couleur très limitée.
Prix de la qualité
La qualité à un coût, choix des matières premières, choix des points et de leurs combinaisons, soin lors des changements de couleurs, noeuds cachés, finitions… tout cela doit influencer le prix, je n’ai pas l’habitude de travailler à la va vite…
Prix d’une tendinite?
Tout travail artisanal a ses contraintes au niveau de la santé, plus d’une fois j’ai souffert de tendinites quand je crochetais beaucoup. Maintenant, j’ai diversifié les techniques, crochet, fourche, différents métiers à tisser, filature, teinture… Toutes ces techniques ont leurs exigences physiques… et depuis que je change régulièrement de technique et que je ne m’impose plus de rendement et je commence donc différentes pièces et je passe de l’une à l’autre…
Quand j’explique ces contraintes de santé, les clients ne comprennent pas. Je ne vois pas pourquoi je devrais avaler des anti-inflammatoires dangereux pour le foie et d’autres organes, pour produire à la chaîne des tricots…
Coûts et Prix
Il y a donc une différence entre coût et prix. Le coût est malheureusement souvent beaucoup plus élevé que le prix exigé en boutique.
Prix juste
C’est pourquoi, il serait souhaitable de pouvoir aboutir à un prix juste qui prennent en compte la vraie valeur des choses. On est encore loin du commerce équitable tel qu’on le conçoit en Europe. Et pourtant, il me semble qu’on le mérite.
Conclusion
Comment peut-on vendre un travail long à faire (slow fashion), personnalisé, avec une identité… au prix industriel? Grande partie de nos produits spéciaux sont fabriqués dans les moments de manque d’affluence du public qui parfois nous disent que cela nous occupe!… En attendant, il faut payer, loyers, salaires, matières premières, électricité…
Comment s’étonner que de nombreux artisans deviennent chauffeurs de taxi ou n’importe quoi d’autre? Il ya un proverbe chilien qui dit « no hay mal que dure 100 años, ni tonto que lo aguante » (il n’y a pas de mal qui dure cent ans, ni d’idiot que le supporte).
Il y a longtemps que je voulais aborder le sujet du prix, c’est enfin fait! J’ai fini de vider mon sac.
J’espère que vous n’avez pas trouvé mon article trop amer, peut-être avez-vous des idées pour valoriser un peu mieux mon travail. J’attends donc vos commentaires avec impatience.
Post-scriptum
Maintenant, je reprends ce texte plus de 4 ans après sa rédaction. J’ai beaucoup voyagé pour passer un diplôme, apprendre de nouvelles techniques (Pérou, Brésil, Tunisie, Suisse, Italie, Scandinavie…). J’ai aussi suivi des formations notamment sur des techniques dites « primitives« , qui sont loin d’être simples et sont la preuve d’une autre forme d’appréciation du temps.
Mes nouvelles pièces ont été si longues à confectionner que je me demande si je pourrais arriver à les vendre.
De la magie dans ma lecture… Je suis entrain de lire « Diskworld » (Les Annales du Mondedisque en français, il me semble) en traduction espagnole de Terry Pratchet. où il décrit un monde plein de magie et de magiciens un peu fous… c’est très drôle… Le traducteur a dû souffrir pour bien rendre tous les jeux de mots et les références littéraires cachées… C’est aussi un monde tout en couleur, le spectre en a huit!
Mais aussi dans ma vie professionnelle, la teinture naturelle est aussi une vraie magie, la magie de la chimie verte! Quelle est belle!
Une magie cachée
Mais où se cache donc la couleur? En effet, la couleur se cache souvent, elle est rarement apparente, et pourtant depuis la préhistoire, elle est très présente dans la vie des hommes… J’ai déjà consacré un article à ce sujet, dès la création de ce site.
Par exemple, aussi bien les fuchsia que les bougainvilliers donnent du jaune, malgré leurs jolies fleurs rose vif.
Il faut bien qu’il y ait une part de secret, d’ailleurs les teinturiers ne les disent que rarement et parfois nous engagent vers de fausses pistes… comme la betterave…
Une magie ancienne
Depuis la préhistoire la couleur fascine les hommes, ils ont très vite su teindre des fibres, en rouge, en bleu et bien sûr en jaune.
Des règles aussi se sont vite imposées quant à l’usage de certaines couleurs que se sont vite vues réservées à certaines élites.
Mais cette magie est toujours à l’ordre du jour, maintenant sans limites, car nous pouvons même semer les teintures! Et là, on apprécie encore mieux la nature…
A ce sujet, je vous recommande les livres de Michel Pastoureau et de Dominique Cardon qui sont passionnants.
Une magie renouvelée
A chaque teinture, on a des surprises… des bonnes ou des mauvaises, mais cela correspond rarement au photos des livres… Cela varie, avec la saison, la qualité de l’eau, la casserole, le temps de trempage, les fibres et bien sûr les mordants… On ne teint généralement pas dans des conditions de laboratoire.
Comme je prends rarement le temps de peser (je le fais habituellement lors des formations), je suis sujette à de nombreuses surprises. Et c’est tant mieux.
Une magie à plusieurs niveaux
Comment ne pas être fascinée par les effets que donnent certains mordants/modificateurs.
Ici, la même laine mordancée à l’alun, le bain a été divisé en deux, pour la laine violette on a ajouté un peu de fer, pour la rouge de la crème de tartre.
Par la combination des mordants, on peut obtenir des dégradés de modifications. Michel Garcia illustre particulièrement bien dans ses livres et ses DVD les technique de dégradés et de mélanges de mordants.
Ces techniques ont permis d’imprimer en grandes quantités les indiennes, toiles de coton, a motifs variés et très colorés, à la mode au XIXème siècle, grâce aux techniques du tampon. Technique encore en usage en Inde.
C’est passionnant et très amusant.
Lors d’un des ateliers à La Redonda, Santa Fe, Argentine, nous avons regardé un de ses DVD, il y avait une des assistantes qui était chimiste de profession, et nous avons testé ces mélanges.
Vous pouvez en savoir plus sur ces ateliers de Santa Fe dans la présentation pour l’IFPECO de Madagascar en 2017 disponible sur academia.edu et sur slideshare.net.
Magie des combinaisons
Quelle magie, les couleurs se combinent bien, on n’a pas besoin de les séparer avec une couleur neutre: blanc, gris, beige, marron. noir… Rien n’est trop criard. C’est encore une histoire de chimie verte, chaque plante contient un certain nombre de colorants, certains de ceux-ci se répètent dans différentes plantes…
Il y a donc comme un continuum entre les différentes couleurs à l’opposé des anilines qui sont des colorants purs, sans mélanges…
Magie de recycler
La teinture naturelle permet de recycler un certain nombre de déchets de cuisine, de jardinage… C’est magique d’économiser sur une partie des matières premières. J’ai recyclé tant de déchets en teinture que j’ai déjà consacré un article complet à ce sujet.
D’autant plus que l’idéal est de travailler avec de l’eau de pluie qu’il est souvent facile de récupérer. Certains mordants peuvent être aussi de récupération, vinaigre de mauvais vin ou cidre qui tourne (mais aussi fait à partir de n’importe quel déchet sucré ou qui contient de l’amidon), cendres et même urine, si cela ne vous fait pas peur (cela est utilisé traditionnellement partout dans le monde), vieux clous ou ferrailles pour la « soupe de clous« … Même les casseroles peuvent être de récupération, une fois, quand j’étais en France chez mes parents, j’ai accompagné mon père à la déchetterie ou il voulait se débarrasser de choses encombrantes, et nous sommes revenus avec deux casseroles et une pile de drap ou de nappes anciennes en lin, en parfait état et tout propres… Tout cela m’a bien sûr beaucoup servi…
Magie des teintures spéciales
Teindre c’est très intéresssant, mais si on peut faire des dessins non teints sur une surface teinte, c’est encore mieux, d’autant que cela permet de faire des toiles multicolores! Ce sont les techniques de réserves.
Ikat
C’est une technique très ancienne, pratiquée dans différentes partie du monde (en Amérique Latine, elle est encore pratiquée au Pérou, et par les Mapuche sur la laine). Je l’ai vue pratiquée en Malaisie, quand je suis allée à l’ISEND de Kuching et à Madagascar lors de l’IFPECO 2017.
C’est une technique qui demande beaucoup de temps, car il faut attacher les fils de chaîne (mais aussi parfois de trame ou des deux à la fois) de manière à empêcher les colorants de pénêtrer sur ces zones, l’opération peut être répétée plusieurs fois à différents endroits si on veut des dessins multicolores.
Puis on monte la chaîne sur le métier définitif et on tisse. Le résultat peut montrer de petits décalages qui sont typiques de cette technique.
A Kuching, j’ai vu des pièces en coton fin, filé à la main, avec des dessins traditionnels très compliqués avec au moins deux bains de teinture. Edric Ong propose des vêtements en soie avec double ikat combiné avec le Batik.
Batik
Le batik est une autre technique de réserve, cette fois-ci sur la toile tissée, à l’origine en utilisant de la cire chaude, mais aussi en utilisant des pâtes qui serviront de blocage pour la teinture, généralement à base de farines…
L’usage de la cire exige de travailler avec des bains froids ou tièdes, car la cire d’abeilles fond à 60º C.
Avec mon ami Hilaire à Madagascar nous avons essayé le batik avec de la cire d’abeilles sur de la soie que nous avons teinte à la cochenille.
Le résultat n’était pas tout à fait celui prévu, nous avons eu beaucoup de difficultés à enlever la cire qui a d’ailleurs laissé des marques jaunes, le résultat a été cependant assez satisfaisant, l’écharpe s’est vendu dans la semaine qui suivait, elle est partie en France.
Shibori
Le shibori est une technique très pratiquée encore aujourd’hui au Japon, où de nombreuses variantes ont été développées et poussées à l’extrême, mais on la rencontre traditionnellement en Afrique et sur des textiles préincas au Pérou (Paracas, il me semble).
Cela fonctionnent bien avec des toiles fines (et même sur papier comme le fait Ana Lisa Heldstrom qui a édité des DVD à ce sujet, j’ai eu la chance de la rencontrer lors de l’IFPECO de Madagascar en 2017), car on y applique des noeuds et/ou des broderies qui sont éliminés après teinture. Ces attaches qui doivent être très serrées empêchent la pénétration des teintures et permettent des effets très variés.
Ecoprint
Il ne s’agit pas d’une technique de réserve mais plutôt d’impression, bien que parfois les feuilles agissent aussi comme réserve…
L’ecoprint est une technique récente, née en Australie qui permet de teindre avec seulement des feuilles, des tiges, éventuellement des pièces en fer rouillé… Cette technique ne nécessite pas forcément d’être chauffée, si l’on est patient… Dans cette techniques, les feuilles, les fleurs, les vieux clous… s’impriment de différentes manières, c’est si magique que je lui ai consacré un article.
Une variante de l’ecoprint que nous avons testé à La Redonda, est le martelage de feuilles entre deux tissus.
Magie de vivre et travailler avec des produits sains
Pour commencer il vaut mieux teindre des fibres naturelles, cela tombe bien, c’est meilleur pour la santé et on les trouve normalement adaptées au climat… Le coton pousse dans des régions chaudes où il convient de le porter, la laine provient plutôt de zones plus fraîches et permet de mieux se protéger du froid…
De plus, la majeure partie des plantes tinctoriales sont médicinales…et même souvent comestibles.
Vivre la magie
Je vous invite donc à vivre la magie de la teinture naturelle, teinture « slow », responsable, « recyclante », respectueuse de la nature, à portée de main de tout un chacun. C’est ma vie depuis plus de 10 ans, cela m’a aussi permis de voyager et d’en apprendre encore plus…
Ces voyages ont toujours été trop courts, c’est pourquoi je prévois un tour du monde technologique de la teinture naturelle et des textiles… J’espère pouvoir m’échapper rapidement vers de nouvelles cultures…
Il y a beaucoup trop de préjugés concernant les teintures naturelles. Nous allons donc passer en revue les principaux préjugés qui circulent par ici et sur internet…
C’est long
Il est évident qu’il faut plus de temps pour teindre naturellement, mais tout travail artisanal est long. Mais quand on travaille avec des matériaux nobles (demandez à un orfèvre combien de temps il passe à limer, poulir et nettoyer ses pièces), il ne faut pas le faire dans l’urgence, cela ne peut que nuire au résultat.
Il faut prendre le temps de récolter les plantes (sauf si vous travaillez avec des colorants naturels préparés), bien laver les fibres, mordancer… laisser tremper… Mais il faut voire le bon côté des choses, c’est quand même agréable de ramasser des plantes qui vont nous offrir de si belles couleurs.
Le temps passé à teindre n’est rien à côté du temps passé à préparer et filer les fibres, nous travaillons donc avec des matières nobles qui méritent mieux que quelques poudres pétrochimique qui contiennent souvent du chrome, du cadmium ou d’autres métaux toxiques.
Il faut à peu près 3 kg de plantes pour un kilo de laine, cela signifie que la casserole est occupée essentiellement par les plantes et qu’il ne reste que peu de place pour les fibres, si l’on teint en un seul bain. ce qui est le plus économique en énergie. Si l’on filtre le bain de teinture, qu’on le laisse refroidir, comme il se doit pour ne pas endommager les fibres (surtout pour la laine et la soie), il faut être patient pour faire le second bain…
C’est difficile
Nos ancêtres qui n’avaient pas tous moyens techniques dont nous disposons le faisaient et même mieux que la plupart d’entre nous. Sans doute prenaient-ils leur temps. Souvent, les teinturiers traditionnels n’obtiennent que certaines gammes de couleurs et se spécialisent avec les moyens à leur disposition, certaines connaissances techniques et botaniques se perdent car elles ont été discréditées… Certaines plantes disparaissent avec leur milieu…
Malgré toutes ces difficultés on peu trouver des plantes tinctoriales, même dans la cuisine. dans la rue…
C’est facile
Penser que c’est facile, n’est pas mieux. N’importe quoi peut colorer mais ne teint pas de manière correcte, Il y a des informations qui se perdent à chaque transmission.
Certaines teintures, même faciles à mettre en oeuvre comme les épluchures d’oignons ne fonctionnent pas toujours, il faut utiliser celles des vieux oignons de garde et laisser tremper quelques jours avant.
Quand c’est trop facile, il n’y a plus de magie, ici on a intérêt à développer de bonnes notions de chimie et de botanique, ces deux deux sciences peuvent être utiles dans d’autres domaines de la vie.
C’est sale
Un des mots latins pour désigner les teinturiers était « infectores », il est vrai que certaines plantes tinctoriales peuvent être assez puantes (sans parler des techniques d’extraction de la pourpre des murex), parfois et même souvent on utilisait l’urine (une amie de l’île Maillen, tout près de Puerto Montt, me racontait que quand sa mère voulait teindre, elle faisait uriner ses 9 enfants dans un seau).
L’urine est utilisée traditionnellement dans beaucoup de techniques artisanales anciennes (soudure en bijouterie, avant que les Arabes nous fassent découvrir le borax, et elle devait provenir d’un petit garçon avant sa puberté, sa composition chimique change par la suite et elle ne sert plus), de même que les bouses de vaches et crottins de cheval (moules pour fondre à la cire perdue)… Autrefois, on tannait les peaux avec des crottes de chiens (grâce à des bactéries qu’elles contiennent)…
Il n’y a pas à s’étonner que l’urine ait été utilisée en teinture, elle servait de mordant, pour les bains d’indigo… Nous avons d’autres substituts. Cependant, l’urine sort stérile de notre corps et de nombreuses médecines traditionnelles, telle l’ayurvédique (Inde) l’utilise abondamment…
Je me demande jusqu’à quel point nos antiseptiques chimiques (chlore, mercurochrome, formaldéhide, trichlosan…) généralement cancérigènes sont propres?..
Cependant, la plupart des teintures naturelles respectent nos notions d’higiène actuelles, qui ne sont pas aussi anciennes que l’on pourrait le croire (la plupart datent seulement du XIXème siècle). Il y aurait beaucoup à commenter à ce sujet.
On n’obtient pas ce qu’on veut
Pour cela, il existe des systèmes de tests, de gamme de couleur. Michel Garcia a beaucoup travaillé sur ce sujet dans ses livres et ses DVD et démonte cee genre de préjugés. Mais la réplication à l’identique n’est pas forcément souhaitable, s’agissant d’un travail artisanal, sauf dans des cas précis comme la restauration de textiles anciens.
La surprise est aussi excitante, quand on ouvre un shibori ou un ecoprint, c’est très gratifiant.
Toutes les couleurs ne peuvent pas être obtenues
Sauf, les couleurs fluo, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et du prisme peuvent être obtenues, certaines plus facilement que d’autres, j’en conviens, mais beaucoup de connaissances botaniques de nos ancêtres se sont perdues, certaines plantes on pu disparaître.
Il faut aussi savoir que beaucoup de plantes tinctoriales étaient cultivées sur de grandes extensions, notamment pour les rouges (garance et figuiers de barbarie pour la cochenille) et les bleus (pastel et indigofera), et jouaient un rôle économique très important.
C’est trop pâle!
Il y a certainement un problème de mordançage, de qualité des fibres (sont-elles vraiment naturelles?) et de quantité de matières tinctoriales. Les couleurs pastel peuvent être intéressantes et j’ai aussi consacré un article aux déceptions qui peuvent nous arriver quand on débute.
Cette fleur bleue doit donner du bleu…
Il s’agit d’une grosse erreur, les couleurs son profondément cachées dans la chimie de la plante et est rarement apparente, la plupart des fleurs violettes donnent des jaunes, l’indigo est dissimulée dans les feuilles de certaines plantes, et le rouge de la garance dans ses racines… La lavande m’a donné un beige jaunâtre foncé…
Cela ne marche pas
Ce n’est pas parce que l’on nous dit sur internet que c’est facile que cela fonctionne toujours au premier coup, il s’agit d’un apprentissage qui demande de nombreux essais, il y a de nombreux paramètres à prendre en compte.
Il ne faut pas oublier que certaines fibres, en particulier parmi les synthétiques, ne prendront jamais la teinture.
Il circule aussi de nombreux mensonges tels que la teinture à la betterave rouge… Je la pratique comme contre exemple lors de mes formations…
Ce n’est pas solide
Je parle longuement du sujet des grands et petits teints dans un article dédié à ce sujet. Le type de fibres teintes et le lavage (pour enlever tout type d’apprêt, de charge et de graisse) et le mordançage sont des sujets de première importance…
Ce n’est pas stable
Il s’agit d’une variante du sujet précédent, le curcuma, le choux rouge, le jus de mûres, et de nombreux fruits peuvent donner de jolies couleurs, mais elles ne sont pas stable et varient au contact d’acides et des bases… Il est certainement facile de teindre ou plutôt de colorer avec, mais il faut savoir que le résultat ne sera pas durable, c’est peut-être un peu dommage si l’on teint des laines spéciales ou de la soie…
Par contre, ces teintures peuvent être intéressantes pour teindre des sels de bains, des savons… ou pour peindre avec des enfants.
Cela coûte cher
On peut teindre avec des déchets, comme je l’explique dans un article précédent. Et on peut obtenir d’excellents résultats, si l’on se donne la peine d’essayer. Quand j’ai commencé à teindre à La Ligua, puis à Longotoma, je n’avais que très peu de moyens, mais j’ai beaucoup appris ainsi, peut-être plus que maintenant où je vis chez Rincón de Angel, ou j’ai toutes sortes de laines à ma disposition.
L’essentiel du coût est de réserver une bonne casserole pour la teinture (ne plus l’utiliser pour la cuisine) et l’énergie pour chauffer les bains, ce qui n’est pas toujours nécessaire.
On ne peut pas faire cela avec des enfants
Encore une fois, cela est faux, avec un minimum de précautions, mais il est tout à fait possible de teindre avec des enfants, ils se passionneront vite pour les couleurs saines. J’ai déjà consacré un article à mes expériences dans ce domaine.
Et si on essayait d’oublier les préjugés
Une fois que l’on aura écarté tous ces préjugés, il faut choisir les bonnes plantes sur les bonnes fibres, avec le bon mordançage et la voie est ouverte à de nombreuses recherches et applications.
Pour lutter contre ces préjugés
Le mieux, c’est teindre le plus souvent possible, faire le maximum d’essais, ici aussi l’expérience est notre meilleure alliée. C’est la pratique qui nous enseigne, car les livres peuvent être très utiles, mais ni les photos, ni les mots ne peuvent remplacer les essais que l’on peut faire et qui donne parfois des résultats différents de la théorie.
Envoyons ballader les préjugés et découvrons la magie des teintures naturelles…
/// Connaître 5 choses /// J’ai mis à jour cet article le 29 janvier 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
5 choses à savoir pour teindre naturellement
Il y a beaucoup à connaître pour bien teindre avec les plantes, mais n’ayez pas peur, il y a seulement quelques règles à suivre. Ensuite, il faut tester, essayer, réfléchir sur les résultats.
Les anciens teinturiers élaboraient des nuanciers très précis, comme celui que commente Dominique Cardon dans son livre.
Au Moyen âge, en Europe, comme l’explique Michel Pastoureau, les teinturiers étaient très spécialisés en une ou au grand maximum deux couleurs.
1. Connaître les fibres
Premièrement, il faut se donner la peine de connaître les fibres, sous peine de gaspiller de l’énergie et de la matière tinctoriale inutilement. C’est anti-économique et anti-écologique. Encore une histoire de chimie…
En effet, toutes les fibres n’ont pas la même affinité pour les teintures et cela un problème ancien, les Européens ont longtemps espionné en Orient pour obtenir le rouge d’Andrinople sur coton…
Et maintenant, avec toutes les fibres et artificielles et synthétiques, le problème s’est complexifié, il est parfois difficile de savoir la composition d’une fibre et si celle-ci va pouvoir se teindre. Il ne reste plus qu’à faire des tests.
Le lavage
Il faut aussi se donner la peine de bien laver les fibres pour bien les dégraisser. En effet, pour la filature industrielle, on pratique ce qui s’appelle l’ensimage. Cette opération consiste à pulvériser des huiles sur les fibres, sinon elles s’accrocheraient dans les machines et les bloqueraient.
Ce traitement s’applique à tous les types de fibres.
Il faut donc éliminer ces huiles d’ensimage (pour certains laines bas de gamme, il s’agit de parafine, ce qui pas très sain), sinon on teindrait les huiles et la teinture s’en irait au lavage. C’est aussi ce qui arrive à ceux qui dégraissent mal leurs laine de mouton avant de teindre.
Cependant, pour la filature artisanale, il est beaucoup plus agréable de filer la laine sale (avec sa précieuse lanoline) et de la dégraisser une fois filée.
Que faire?
Il faut faire bouillir les fibres, sans choc thermique, avec du savon neutre. Ne pas oublier de laisser refroidir avant rinçage. Puis, on peut mordancer et teindre.
Les différentes fibres ont leur texture particulière qui peut s’apprécier au microscope et explique les raisons pour lesquelles elles sont ou moins faciles à teindre. Ces structures microscopiques interviennent lors de la teinture en complément de la composition chimique de la fibre.
Tests de reconnaissance
Il existe de nombreux tests pour reconnaître les fibres, peut-être dans un prochain article sur ce site, ou sur le nouveau en espagnol, je publirais un article résumant les différents livres qui traitent du sujet.
Lors du premier atelier à Santa Fe, Argentine, une des stagiaires qui était pharmacienne, nous a fait un petit résumé. Nous avions testé les toiles supposées être en coton, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.
Nous avons brûlé des échantillons pour constater leur odeur typique de papier brûlé et nous avons fait aussi un test de teinture au thé (une des teintures les plus solides).
Heureusement, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises.
Fibres animales ou protéiques
C’est le meilleur des cas, il s’agit de la laine de mouton, des poils d’animaux divers (alpagas et autres camélidés, lapins et chèvres, angora, poils de chiens, cheveux humains… et bien sûr la soie).
Même dans cette catégorie, la teinture n’affectera pas de la même manière, même entre les différents poils… Certains sont plus lisses et ont plus de mal à se teindre ou plutôt nécessitent une plus grande quantité de matière tinctoriale.
La soie doit être traitée avec plus d’attention, car elle est plus fragile.
En général, les fibres animales supportent assez bien les acides dilués, mais plutôt mal les produits alcalins ou basiques.
Fibres végétales ou cellulosiques
Ici on retrouve: le lin, le coton, la ramie, le raphia, le sisal, le jute, le chanvre, fibres de bambou, de bananier, de bouleau, d’ortie, de liber de tilleul… nombreuses fibres végétales ont été oubliées et demandent à être redécouvertes… Pour certains textiles archéologiques, il n’a pas encore été possible de déterminer à quelle plante appartiennent les fibres.
Si l’on désire que la teinture se maintienne, surtout dans le cas des vêtements qui doivent pouvoir être lavés… sauf cas de teinture avec des plantes à tanins, il faudra mordancer d’une manière spéciale.
Contrairement aux fibres animales, les fibres végétales supporte bien les produits alcalins ou basiques et plutôt mal les acides.
Fibres artificielles, bien les connaître
En général, elles sont à base de cellulose végétale fondue et refilée, comme c’est le cas de la viscose (qui se teint très bien), mais les procédés d’obtention sont généralement très polluants (à base de solvants organiques volatiles tels que l’acétone) et en outre sont souvent très inflammables…
Mais il en existe aussi à base de protéines comme le lanital à base de lait, des fibres de soya… Il me semble cependant insensé d’élever des vaches pour ne récupérer que la caséine de leur lait pour faire des fibres, alors qu’on a que l’embarras du choix avec les plantes… et par ailleurs des gens meurent de faim!
Je n’ai donc pas testé ces fibres et je ne pense pas le faire.
Fibres synthétiques, à connaître aussi
Elles sont très nombreuses et changent de noms selon les pays, il en apparaît toujours de nouvelles et sont souvent mélangées entre elles ou avec des laines, du coton ou d’autres fibres…
Il faut donc tester, il me semble que les fibres naturelles sont toujours supérieures.
Fibres minérales
Il s’agit de:
fibres métalliques (or, argent, cuivre…)
amiante (interdit car cancérigène)
fibres de verre
Elles ne peuvent pas être teintes naturellement.
Autres matières
Plumes
Les plumes se teignent bien car elles sont d’origine protéique.
Il est à noter que selon une découverte récente, la couleur des plumes n’est pas due à des pigments ou colorants (sauf quelques cas de jaunes), mais à des trous microscopiques qui absorbent ou reflètent la lumière de manière différente selon leur forme…
Papier
Le papier se teint très bien, surtout s’il n’est pas blanchi au chlore. Comme il ne doit pas être lavé, cela donne plus de liberté.
Nous avons fait des tests lors des cours à la Redonda, Santa Fe (Argentine).
J’ai aussi suivi un cours passionnant qu’avait donné une artiste du papier naturel (Aydée …) à Lauris, chez Couleur Garance. Elle avait teint des fibres de papier végétal avec de la garance, c’était très beau.
Le papier peut aussi être travaillé en ecoprint, c’est vraiment très beau.
Bois
Le bois peut être teint, mais vu que c’est un matériaux très absorbant, il vaut mieux faire des laques à base de pigments végétaux, ainsi que l’explique Michel Garcia.
Le rotin, ainsi que de nombreuses fibres utilisées en vannerie est souvent teint.
Pierres, coquilles, céramique, plâtre
Cela peut être possible dans certains cas, nous avons fait des essais à La Redonda à Santa Fe, Argentine, mais ce sont aussi des matériaux très absorbants.
J’ai essayé de teindre des perles de rivière avec la cochenille, elles ont pris un ton rosé très pâle et ont perdu un peu de leur éclat.
J’aimerai bien pouvoir teindre de la cire, pour faire des crayons de cire et des bougies.
Récemment des étudiants de Santiago m’ont contactée pour teindre des préparations de laboratoire en biologie, pour les observer au microscope.
2. Connaître les plantes
C’est indispensable, car il faut s’attendre à des résultats similaires avec des plantes de la même famille. Mais, on peut parfois avoir des surprises, de plus, il vaut mieux éviter les plantes toxiques.
Il convient de savoir quelles parties utiliser dans la plante, les colorants se concentrent parfois dans certaines parties. Souvent la couleur est bien cachée.
Exemple
Palo Brasil, lors de mon voyage au Brésil, Rodrigo cultivait des arbustes de cette essence très connue pour sa teinture rouge qui a donné le nom au pays.
Sachant que cet arbre est rare, je n’ai utilisé que quelques feuilles et brindilles en ecoprint.
Malheureusement, il n’a été d’aucun effet. La partie de l’arbre utilisée habituellement est le bois de coeur.
Connaître les plantes à tanins
J’ai déjà rédigé deux articles sur le thèmes des plantes à tanins et sur les couleurs qu’ils nous permettent d’obtenir.
Connaître les plantes à flavonoïdes
Elles sont très nombreuses. Je parle aussi longuement des plantes à flavonoïdes et des autres plantes à jaunes dans un article, je me permets donc de vous y renvoyer pour ne pas me répéter inutilement.
Connaître les plantes à anthocyanes
Il s’agit de la plupart des baies et fruits rouge à noir, les plantes pourpres, la plupart des fleurs, ce ne sont généralement pas des colorants très stable ni chimiquement, ni à la lumière…
Connaître les plantes à anthraquinones
Elles donnent de jolis tons roux, rouge… beaucoup appartiennent à la famille des rubiacées, comme la garance, principal représentant en Europe, mais il existe des équivalents partout dans le monde.
Connaître les plantes à indigo
Les plantes à indigo nous donnent le bleu, couleur rare dans la nature. En combinaison avec une teinture avant ou après en jaune, on peut obtenir de jolis verts, ce qui est généralement difficile à obtenir avec une seule plante.
En combinaison avec les roses et rouges, on obtient des violets et pourpres, ces combinaisons étaient déjà utilisées dans l’antiquité pour imiter la pourpre des coquillages.
Dans toutes les régions du monde, il y a des plantes à indigo, on peut citer les différents indigotiers, le pastel, la renouée des teinturiers, le strobilanthes, les différents indigofera… Certaines autres ont été complètement oubliées ou n’ont pas été exploitées.
Connaître les champignons et les lichens
Un certain nombre de champignons, généralement toxiques teignent et permettent d’obtenir tout l’arc-en-ciel. Malheureusement, j’ai bien lu plusieurs livres à ce sujet en plus des chapitres concernant les champignons dans les livres de Dominique Cardon et de Marie Marquet. Mais je n’ai guère eu l’occasion d’essayer, à part quelques lichens, appelés au Chili « barba de palo » qui donne des jaunes-roux intéressants… Les lichens poussent très lentement, il convient donc de ne pas abuser de leur cueillette.
Connaître les teintures animales
Cochenilles, kermès, lack et pourpre de murex ou autres coquillages sont depuis longtemps uilisés pour des teintures de grand luxe.
De tout cela, il ne reste à grande échelle, que la cochenille provenant du Mexique ou du Pérou et plus généralement d’Amérique Latine, parfois élevée ailleurs (îles Canaries, par exemple).
Le lack en Inde, set toujours produit, mais pour la résine et non plus pour le colorant, comme l’explique Dominique Cardon.
Quant à la pourpre de coquillages, elle est presque anecdotique malgré des recherches très intéressantes menées à Carthage (Tunisie)… Au Chili, les « locos » et « locates » très appréciés pour leur chaire, possèdent aussi une glande à pouvoir tinctoriale, mais elle est généralement rejetée à la mer lors du nettoyage des fruits de mer… Quel gâchis…
Connaître les mensonges
Tout ce qui tache ne teint pas!
La betterave rouge ne teint pas en rose, quelque que soit le mordant choisi. Lors des formations, je l’enseigne comme contre exemple.
3. Connaître les mordants
Connaître les mordants chimiques
Je parle longuement des mordants dans des premiers articles que j’ai écrits.
En principe, je travaille avec de la pierre d’alun (sulfate double d’aluminium et de potassium) ou du sulfate d’aluminium simple, de la soupe de clous (acétate de fer), du sulfate de fer, et assez rarement avec du sulfate de cuivre.
Connaître les mordants toxiques
Dans le passé, les industries textiles et papetières (de même que les tanneries) n’hésitaient pas à utiliser le plomb, l’arsenic et bien d’autres produits dangereux pour la santé, comme le cuivre, le chrome et l’étain…
J’étais assez surprise, il y quelques temps, de voir sur facebook, une femme aux Etats-Unis, faire des essais de teintures naturelles avec des eaux d’une source très chargée en lithium…
Il me semble que les mordants, vu qu’ils aident à fixer la teinture sur leur support doivent se maintenir présents sur celui-ci. Ce qui n’est pas le cas des catalyseurs qui facilitent une réaction, mais ne doivent pas rester dans le produit final. Donc, si on utilise un produit dangereux son contact lors de l’utilisation des vêtements peut causer divers problèmes de santé.
C’est ainsi que de nombreuses personnes ont été empoisonnées au XIXème siècle (entre autres, paraît-il même Napoléon Ier) par des papiers peints (verts) à l’arsenic qui avec le temps dégageaient des gaz nocifs (voir Michel Pastoureau).
Le chrome aussi utilisé en tannerie, qui intervient dans de nombreuses teintures kaki chimiques, serait mis en cause dans de nombreux cas d’allergies et de cancers de la peau, concernant en particulier les militaires…
Connaître les mordants naturels
Il y a beaucoup à faire pour redécouvrir les mordants naturels, les associations de plantes… Pour cela, il faut étudier de très près les techniques des teinturiers traditionnels, écouter avec patience, faire des essais, car ils connaissent mieux que nous les plantes bioaccumulatrices. Celles-ci accumulent dans leurs tissus certains métaux: aluminium, fer, cuivre… et savent les utiliser à bon escient.
L’idée de mordancer avec des plantes, est à la fois économique et plus sain. Ces pratiques ancestrales sont entrain de se perdre. Il conviendrait donc de les étudier en détails avant qu’elles ne disparaissent définitivement.
Les anciens teinturiers européens qui ont laissé des informations écrites n’utilisaient que les mordants chimiques. Il faut donc revisiter les traditions orales. Elles sont d’une valeur inestimable.
4. Connaître la patience
Teindre avec la nature suppose d’aller à son rythme, de bien la connaître. Il faut donc être patient et rentrer dans un monde « slow » qui prend son temps pour bien faire les choses comme il faut…
Parfois, il faut semer des plantes tinctoriales pour pouvoir teindre avec. Et dans certains cas, il faut attendre jusqu’à 5 ans pour qu’elle donne une bonne qualité de teinture, comme dans le cas de la garance…
Si on veut travailler par fermentation, la teinture elle-même peut prendre facilement un mois…
Il faut aussi prendre le temps de faire des recherches, d’étudier des recettes, de faire des tests, de laisser tremper et refroidir… L’urgence est mauvaise conseillère. Il faut laisser le temps à la nature pour qu’elle libère ses couleurs.
Connaître son eau
L’eau que l’on utilise pour teindre a aussi son importance. Son acidité ou sa dureté, ainsi que la présence de différents minéraux et métaux influencent les teintures.
À Mamiña, petit village d’eaux thermales au Nord du Chili, à 120 km à l’Est d’Iquique, il y avait différentes sources. Elles donnaient des résultats qui variaient considérablement.
5. Connaître ses désirs
Il faut aussi savoir ce que l’on veut, certaines couleurs très chatoyantes (parfois très luxueuses, comme le safran ou le carthame) peuvent être très fugitives. Ne parlons pas de la fameuse betterave rouge qui n’est qu’un leurre.
Certaines teintures très économiques peuvent être très intéressantes. Par exemple, les épluchures d’oignons peuvent donner des résultats surprenants.
Des règlements sont apparus très tôt dans l’histoire de la teinture concernant les grands et petits teints.
D’autre part, si on veut obtenir une couleur très précise, il faut s’attendre à devoir faire de nombreux essais. Parfois, on complète les bains. On ne doit pas hésiter à les répéter, prendre note de toutes les étapes, garder tous les échantillons en mentionnant comment ils ont été obtenus. Puis, on doit répéter des tests avec différents mordants à différentes dilutions… Cela a un coût en temps et en connaissance. Est-on disposé à le payer?
Les deux derniers livres de Dominique Cardon sur des nuanciers d’avant la Révolution Française peuvent être très utiles.
En ce qui concerne les gammes de dégradés, avec et sans mordants, les DVD de Michel Garcia, peuvent être d’une aide très précieuse. Je les visionne très régulièrement, et j’y découvre à chaque fois de nouvelles astuces.
Conclusion
Outre ces connaissances basiques, il est bon d’avoir de bonnes bases de chimie, les anciens teinturiers étaient souvent assimilés à des alchimistes (ancêtres des chimistes modernes)…
Une bonne formation en chimie aide à prévoir les résultats, à comprendre les bains ratés. La chimie me passionne bien que je ne sois qu’autodidacte en ce domaine, mais elle explique beaucoup de chose.
Cependant, les teinturiers traditionnels qui ne connaissent pas la chimie, ont une très bonne connaissance pratique des plantes, des fibres et autres mordants qu’ils utilisent. Souvent, ils ne travaillent qu’une gamme restreinte de couleurs. Ils ont un sens de l’observation et de l’expérimentation très développé. En outre, ils ont aussi l’habitude de travailler avec ce qu’ils ont à leur disposition.
Il est remaquable que des civilisations très anciennes aient su teindre avec l’indigo qui nécessite des réactions redox, dont les mécanismes ne sont connus que depuis peu.
J’essaie de réunir les deux types de connaissances. C’est l’une des raisons de vouloir organiser mon tour du monde textile et teinturier. Il s’agit de multiplier les échanges et découvertes partagées comme je l’ai fait lors de mes récents voyages au Pérouet au Brésil.
Je suis très heureuse de travailler et de manipuler la laine, c’est la fibre que je peux travailler depuis la source au produit fini, il ne me manque que d’élever les animaux à tondre… J’espère que cela viendra (j’ai déjà fait un essai à Mamiña, avec des lapins angora)… J’aimerais aussi beaucoup essayer la sériciculture (élevage de vers à soie)…
La laine est la matière que j’ai en très grande quantité à ma disposition, ici à Puerto Montt, chez mon ami Angel, mais je m’intéresse aussi à toutes les autres fibres, surtout naturelles, bien que certaines soit rares et coûteuses ici (soie, lin, chanvre…).
A Madagascar, j’ai eu l’occasion de faire des essais avec la soie, le sisal, les fibres de bananier et le raphia.
C’est d’ailleurs, cet intérêt pour la diversité qui me pousse à me préparer pour un tour du monde textile et tinctorial. Je veux bien sûr retourner dans les endroits où j’ai eu des expériences de teintures intéressantes, mais il y a aussi beaucoup à apprendre en chemin…
Si vous souhaitez organiser, là où vous vivez, une étape de formation et d’échanges techniques, n’hésitez pas à me contacter pour nous organiser.
Dans cet article, vous allez en apprendre plus sur moi.
J’ai appris à filer la laine il y a environ 10 ans, quand je vivais à La Ligua, qui est supposée être la capitale textile au Chili, c’était sans doute le cas il y a trente ans, où l’on entendait le bruit des machines à tricoter et des métiers à tisser, partout dans la ville.
Maintenant, la production a beaucoup diminué et est essentiellement à base de fibres syntétiques. Il y a un peu plus de dix ans, quand je vivais là-bas, j’ai tout de même trouvé une artisane qui a eu la gentillesse de m’enseigner à filer, il s’agit de Paulina de Origen Chile, je l’en remercie encore aujourd’hui,
Avoir appris à filer m’a beaucoup apporté et j’en suis heureuse. Cela n’est pas difficile, mais il faut de la pratique et c’est long, très lent. Au fuseau, mètre par mètre, au rouet électrique, c’est plus rapide, mais la qualité n’est plus la même. L’intérêt est que cela me permet d’obtenir un fil personnel qui ne peut pas se confondre avec un fil industriel. D’ailleurs, chaque personne qui file, file à sa façon, les femmes qui filent et vendent leur laine, la reconnaisse, même teinte parmi toutes les laines filées par leurs collègues.
Maintenant
Je trouve merveilleux de pouvoir partir d’une matière brute, directement de la tonte, d’en faire un fil, éventuellement de le retordre avec un autre, de pouvoir mélanger cette matière brute avec une autre (de la soie, par exemple) ou avec une ou plusieurs autres couleurs, de tester les différents types de torsion, différentes textures… Les variantes sont infinies…
Filer permet d’occuper ses mains quand il fait froid, de ne pas rester à ne rien faire dans les temps d’attente, il m’arrive d’emmener de la laine et un fuseau quand je sors faire des démarches, d’ailleurs, je file aussi en marchant…
Filer comme culture
Je pense que l’on devrait enseigner aux enfants à filer, non seulement pour développer motricité fine et pour faire suivre des traditions qui risquent de se perdre, mais aussi parce que la filature au fuseau réunit un certain nombre de lois physiques et permet de les expliquer simplement (résistance, inertie, forces centrifuge et centripète…).
Filer pour la qualité
Filer moi-même ma laine me permet d’obtenir un résultat différent et donc une pièce unique non reproductible à l’identique, comme on le fait à La Ligua où tous se copient avec les mêmes matériaux de base (fils synthétiques, gammes de couleurs limitées, même si les hangars des marchands de « laine » sont impressionnants).
Sans le savoir, je suis rentrée dans le mouvement « slow« …
De plus, si je veux pouvoir être exigeante sur la qualité de laine que l’on me vend, je dois connaître tous les processus pour l’obtenir, les femmes qui me vendent leur laine savent que je file aussi et beaucoup ont amélioré la qualité de leur laine depuis la date où je suis arrivée à Puerto Montt.
Filer, c’est un peu méditer
Quand on file, on entre dans un autre monde, au fil des pensées qui vont et viennent, comme on analyse le fil qui se construit, petit à petit, on commence à voir les choses sous différents angles, à se poser des questions, à imaginer des expériences… Tisser et tricoter, avec leurs aspects mathématiques, permettent de poursuivre ces réflexions. Ces pratiques me font beaucoup de bien, et je ne voudrais pas être la seule à en bénéficier.
Heureuse de teindre
En même temps que j’apprenais à filer, je découvrais les teintures naturelles grâce à un livre de Dominique Cardon.
La teinture est pour moi un vrai plaisir, la couleur modifie complètement la texture et la qualité de la laine, généralement en bien, parfois en mal, et ce si possible pour longtemps.
Quel plaisir que d’épuiser un bain (de cochenille, par exemple) et d’obtenir ainsi une série de couleurs en dégradé (certains bains semblent interminables), ou d’obtenir des laines multicolores, soit en reteignant, soit en jouant avec les mordants.
C’est aussi pour moi très agréable d’enseigner et de partager mes techniques.
Comment ne pas s’enthousiasmer quand on peut faire jaillir un jaune éclatant d’une simple « mauvaise herbe » comme la « sorona » ou « brea »… ou d’un déchet… On ne regarde plus son environnement de la même manière après ces simples expériences. Après, on voit des teintures partout… dans la cuisine, dans la rue, dans les poubelles… Il suffit d’essayer.
Certaines teintures peuvent être faites avec des enfants, il s’en émerveilleront.
Les matières tinctoriales sont très nombreuses et les techniques aussi. Il y a toujours de nouvelles expériences à faire, des plantes à tester, des essais de fermentation, d’ecoprint, de shibori, d’ikat…
A chaque teinture, j’apprends quelque chose, c’est aussi important
Heureuse de tisser
Après avoir obtenu une très ample gamme de couleurs naturelles, j’éprouve beaucoup de plaisir à les unir, les mélanger… en les tissant sur toute sorte de métiers, même en absence de métier véritable…
Heureuse de tricoter
Non seulement je tisse, mais je tricote depuis l’enfance… le crochet me permet toujours d’unir les pièces tissées (je n’aime pas coudre, je couds donc au crochet).
J’ai beaucoup crocheté à différentes périodes de ma vie. Et, maintenant, je vis du travail de la laine, sous toutes ses formes.
Le crochet donne toutes les possibiltés: travaux plats, mais aussi en volume… qui peuvent s’aggrandir dans tous les sens, qui va de l’utile au simplement estéthique.
Chaque tissage est une expérience différente, il faut en tirer profit…
Heureuse de feutrer
Le feutre est une autre façon d’utiliser la laine avant sa filature. J’ai testé les deux techniques, humide avec l’eau et le savon et sèche avec les aiguilles.
Quelle surprise que de voir cette laine sans forme se compacter et prendre forme, passer d’un paquet de fibres de laines désordonné à une toile non tissée, mais résistante ou une pièce en volume et solide. unifiée, parfois souple et légère et presque transparent ou raide et compacte, en passant par tous les intermédiaires.
Là aussi, la couleur intervient, elles peuvent se fondre ou s’opposer.
On peut y inclure des fibres différentes, du tissu. des pièces de crochet, on peut le broder, l’imprimer, le feutre est donc une matière très versatile.
J’espèrais pouvoir recycler ainsi des laines courtes que les femmes qui filent ne veulent pas utiliser, mais cela n’est pas si facil, le nettoyage de ces laines est très long et je n’ai pas réussi à obtenir des résultats très satisfaisants. Et pourtant, on doit pouvoir partir de la laine brute.
Heureuse d’enseigner
Enseigner et partager mes connaissances et expériences est très bénéfique.
Quand j’avais ma petite imprimerie informatique, quand je suis arrivée au Chili, à Viña del Mar pour y rester en 1999, je faisais toute sorte d’impressions (cartes de visite, souvenirs, parchemins…) avec mon client à côté et je m’efforçais de me plier à ses désirs…
Maintenant, il en est de même avec les formations qui doivent s’adapter à chaque cas… Par exemple, pour le cours de teintures naturelles à La Redonda, Santa Fe, Argentine, ils ont voulu travailler surtout avec le coton, parce qu’il faisait très chaud déjà, et que la laine n’est pas courante dans cette région, je m’y suis adapté, et cela a été passionnant pour moi, l’expérience a été si intéressante que j’ai choisi d’en parler lors de ma présentation à l’IFPECO de Madagascar en mai 2017, plutôt que de parler des quatre dernières années à Puerto Montt, où je vis au milieu de la laine.
Je souhaite donc multiplier à l’infini ces expériences…
Heureuse de toutes les rencontres
Je suis heureuse de toutes les rencontres faites lors de mes cheminements. Je pourrais écrire tout un livre sur les personnages de Mamiña, ce village vit à la fois décalé du monde moderne et est en même temps trop proche de la modernité qui menace de l’engloutir…
A chaque étape, j’ai connu des gens qui me donne envie de revenir…
Parfois, heureuse de vendre
J’ai parfois le bonheur de vendre… Ce n’est pas aussi facile que l’on pourrait le croire, le temps n’est malheureusement pas valorisé, ni l’expérience… comme si les choses se fabriquaient toutes seules…
C’est tout de même agréable de voir ses créations appréciées… Cela a été le cas lors de l’IFND à Taiwan où j’ai vendu plus de la moitié des deux valises de tricots et tissages en laine que j’avais amenées. J’ai été vraiment très agréablement surprise, vu qu’il fait très chaud à Taiwan.
Pourquoi suis-je aussi heureuse?
Une autre des composantes de mon bonheur sont les voyages. Ma passion m’a permis de voyager, et je me prépare pour un long voyage d’investigations et d’échanges sur ces techniques…
La lecture, technique, mais aussi diverse est une partie importante de ma vie, malheureusement la culture a un coût élevé ici.
Je suis aussi heureuse d’être apicultrice
Cela n’a peut-être rien à voir avec le sujet, mais ce sont les abeilles qui m’ont introduite dans le monde de l’écologie, j’y étais déjà sensible, mais en théorie, pas dans la pratique. J’avais encore quelques rûches quand j’ai commencé à teindre avec les plantes…
En découvrant les abeilles, j’ai aussi compris beaucoup de relations entre la chimie et beaucoup de choses, entre autre la teinture naturelle…
J’ai aussi découvert une apicultrice, mon amie Lucia à Rancagua… avec elle nous avons aussi fait des expériences de teintures naturelles…
Comment suis-je heureuse?
Les découvertes quotidiennes pratiques et théoriques me rendent heureuse et me poussent à en faire toujours plus. Et le plus beau de tout cela, c’est que je le fais d’habitude avec peu de moyens… Parfois moins est mieux!
Et si je partageais ce plaisir?
C’est ce que j’essaie de faire avec ce site et avec les formations. Et je continue à vous proposer d’organiser de nouvelles expériences… pour innover en retournant aux traditions…
Conclusion
Ma vie consiste donc, maintenant, à manipuler la laine ou d’autres fibre par tous les moyens possibles pour obtenir des objets de toutes sortes…
Je m’intéresse aussi à tout ce qui est tresses, cordons, mais aussi dentelles, frivolité… et autres techniques anciennes, voire « primitive » qui sont parfois fort compliquées et très créatives…
J’aime mélanger les techniques, elles se complètent… et m’enseignent des détails qui peuvent être importants.
Cette vie me permet de toujours apprendre, ce qui allie l’utile à l’agréable et j’en suis heureuse…
/// Tisser avec le métier María /// Article modifié le 6 mai 2023 Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 15 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours « a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023 – Pica et Codao +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Comment tisser avec le métier María
Dans un article précédent, j’ai expliqué les qualités de ce métier à tisser intermédiaire entre les cadres à clous, les métiers anciens, traditionnels, à pieux, mapuche… et les métiers dits « professionnels » à pédales.
Maintenant, je vais vous montrer comment le tisser…
Préparer la chaîne
Pour ce métier à tisser, la préparation de la chaîne est une étape de première importance, car les erreurs gêneront durant toute la durée du tissage. Donc pour bien tisser, il faut faire très attention à l’installation de la chaîne.
D’autre part, il faut aussi essayer d’économiser les matières premières, les laines de chaîne doivent être de la meilleure qualité possible, elle doivent résister aux mouvement du peigne (qui s’il est mal pensé, peut user et couper les fils de chaîne). Donc, il faut au moins une fibre à deux fils, pour la solidité. Cela a un coût, surtout si on travaille avec des fibres filées artisanalement.
C’est la raison pour laquelle je prépare des chaînes les plus longues possibles. Je coupe les pièces une fois tissées, et renoue les futures franges pour recommencer une nouvelle pièce.
Mes premières chaînes longues devaient mesurer 5-6 mètres, dès que j’ai commencé à travailler avec ce métier à tisser, en revenant de Santa Fe (Argentine), à Mamiña.
L’idéal est de monter la chaîne à l’extérieur, mais en évitant les jours de vent, celui-ci peut emmêler les fils, et il a tendance à allonger certains fils plus que d’autres.
A Puerto Montt, j’ai de la place je monte des chaînes de plus de 10 mètres, récemment, je suis allée donner un cours à Andacollo, nous avons monté une chaîne de 18 mètres de long.
J’ai donc moins de pertes que si je monte 6 ou 7 chaînes de 2,50 m (par exemple, dans le cas des jetées de lit), ou l’on perd toutes les attaches des deux côtés. Il y a des gens qui coupent les fils de chaîne un par un, ils ont beaucoup de perte, on ne tend pas toujours pareil les fils, à la sortie du métier le tissage se rétrécie dans les deux sens, il faut donc en tenir compte dans les calculs…
Je préfère monter de longues chaîne, mesurer mes pièces au fur et à mesure du tissage, et couper quand je veux, je renoue la chaîne et continue jusqu’à épuisement de la chaîne, ainsi je l’utilise à fonds.
Je vais donc vous montrer le montage d’une chaîne de 10 m, étape par étape, sur un métier d’1.20 m de large au moyen de photo.
Le métier doit être bien fixé à une table inamovible. La chaîne va s’accrocher à une barre, ou à un pieux.
Les fils passent en double dans les fentes du peigne.
Enrouler la chaîne sur le métier à tisser
Avant, je coupais la chaîne et en faisait une ou plusieurs chaînettes géantes avec toute la chaîne, o la chaîne divisée en trois ou quatre parties.
Maintenant, une fois la chaîne tendue, je la coupe, et la noue en la lissant bien à un objet (actuellement une valise, j’ai vu une video sur internet où ils utilisaient une bouteille de 5 l d’eau). Avec ce système, je peux monter ma chaîne toute seule.
J’enroule la chaîne sur l’ensouple en tirant sur la valise, qui se rapproche petit à petit du métier sans s’emmêler.
Quand il ne reste presque plus de chaîne à enrouler, on dénoue la valise, on ne garde que le nécessaire pour nouer la chaîne sur l’autre ensouple ou s’enroule la toile.
On coupe les fils de chaîne pour les égaliser avant de les nouer. Je récupère ces déchets pour faire des franges…
Nous passons à l’étape suivante.
Séparer les fils pairs et impairs
A ce niveau, on peut désolidarisé le métier de la table. On va retirer un fil de chaque fente du peigne pour le passer dans le trou à côté. On le fait fil par fil.
Attacher les fils de chaîne sur le métier à tisser
Une fois cette étape finie, on va attacher les fils de chaînes à l’ensouple sur laquelle va s’enrouler la toile tissée.
On va prendre ces fils par petits paquets (je prends habituellement 4 et 4) et je les noue sur la latte de bois qui est attachée à l’ensouple. Je les noue de façon à pouvoir les dénouer à la fin du tissage pour les transformer en franges.
Commencer à tisser
Et maintenant, on peut commencer à tisser.
Je laisse 3 trois fois la largeur de la chaîne de fil de trame sans le tisser.
Je tisse les premières trames (environ 10), en général, avec une laine fine, semblable à la chaîne.
On passe la navette dans l’ouverture des fils, on pousse le fil de trame vers soi, à l’aide du peigne, on inverse la position du peigne et on repasse la navette dans l’autre sens.
Une fois que l’on a une dizaine de trames tissées, on fait le point péruvien.
Je prends alors le fil que j’avais laisser en dehors du tissage. je l’enfile sur aiguille à canevas. Je vais faire le point péruvien pour bloquer la chaîne et la trame. Cela évite de faire des noeuds avec les franges.
En fin de compte, c’est un point de broderie. Je vais prendre deux fils de chaîne et trois de trame, j’obtiens un point oblique, qui bloque le tissage.
Ce point peut aussi s’utiliser à la verticale ou au milieu du tissage comme décoration. J’applique ce même point à la fin du tissage.
Mesurer les pièces à tisser
Pour mesurer les pièces, quand je vivais à La Ligua, on m’a expliqué comment faire, une petite astuce, il suffit d’un mettre ruban, ou mieux deux collés l’un à la suite de l’autre.
On le bloque quand on commence à enrouler la pièce, juste au début de la pièce. C’est bien pratique, mais pas tout à fait précis, car on tend la toile au fur et à mesure que l’on l’enroule et tisse, quand on coupe la pièce, celle-ci se rétracte, il faut en tenir compte. Cela dépend de la tension de votre chaîne quand vous travaillez.
Finir une pièce
Pour finir la pièce, je fais de nouveau un ligne de point péruvien en brodant 3 trames et déplacement sur le côté de 2 chaînes.
J’enroule un peu la toile pour les franges et je coupe.
Il suffit de dérouler l’ensouple et de dénouer les franges du début.
Les franges de la prochaine pièces seront certainement plus régulières.
Je ne suis pas obligée de couper à chaque fois, je peux laisser un vide et recommencer à tisser en bloquant bien avec le point péruvien.
Finir la chaîne
S’il reste un peu de chaîne, on peut le terminer en faisant de petites pièces, j’ai souvent fait des ceintures, ou de petites bandes que j’ai terminé en petites pochettes.
Le métier que j’utilise actuellement me permet d’utiliser à fonds mes chaînes, avant avec l’ancien métier, je le retournais et le tissais à l’envers.
Conclusion
Et nous sommes prêts pour commencer un nouveau tissage.
Les possibilités au niveau des points sont infinies, rayures, torsions de chaînes, broderie, trames supplémentaires… Puis, il faut jouer avec les différentes grosseurs et textures de fibres, les couleurs, si possible naturelles…
Je prévois un autre article présentant des points particuliers et éclairant certains détails, j’attends vos questions…
Nouveaux cours
Avec Lucia, nous avons décidé d’organiser un nouveau cours de teintures naturelles en novembre 2023 à Codao, comuna de Peumo.
Auparavant, il y en aura un à Pica, un peu la suite de celui de 2010
J’attends avec impatience vos remarques sur mon courrier électronique ou mes whatsapp/signal/telegram.
Je reçois trop de courriers orduriers et de propositions malhonnêtes en laissant la possibilité d’envoyer des commentaires directement.
Francoise Gabrielle Raffi
Mobile français Reglomobile, whatsapp, telegram et signal +33 7 69 905 352 Mobile chilien Entel, whatsapp, telegram et signal +56 9 764 449 78 Mobile chilien Movistar +56 9 831 670 91 Ce numéro a été attribué à une autre personne pendant mon absence du Chili, de plus cette compagnie a décidé de changer mon identité!!! e-mail: publicobre2000@yahoo.es
Après les jaunes, les beiges sont très faciles à obtenir, le plus souvent sans mordant. Cela est très intéressant. Eviter d’utiliser de l’aluminium (pierre d’alun, sulfate d’aluminium), c’est une économie, c’est écologique, mais aussi un supplément de santé…
Les beiges sont recherchés
Ce sont des couleurs sobres. sans prétention, qui se combinent bien avec les autres. Je viens d’aller donner un cours à une dame qui voulait teindre de la laine pour la vendre à ses amies de la haute société, les couleurs qui l’intéressaient le plus étaient en particulier des beiges et non les rouges de cochenille. J’étais un peu surprise, mais cela était très intéressant.
Ce sont aussi des couleurs peu salissantes, donc pratiques à porter.
Il y a une très grande variété de beiges, bruns, marrons, café… ils peuvent être teinté de rosé, de vert, de jaune…
Michel Pastoureau en parle peu, mais c’étaient des couleurs paysannes, faciles à obtenir, je pense en particulier aux tableaux des frères Lenain…
Comment obtient-on des beiges
Le arbres sont une grande source de beiges, bruns, café… une grande gamme de couleurs.
Ecorces, graines et feuilles mortes (à l’automne), de nombreux déchets des arbres nous donnent ces tons, dans une gamme très amples…
Les beiges dans les fibres sans teindre
Avant de les teindre, de nombreuses fibres sont déjà colorées, en gris, beiges, marrons, et même éventuellement noires… parfois aussi, vertes, ou jaunes…
Teindre des fibres de couleurs permet d’obtenir des teintes plus foncées avec moins de matières tinctoriales, les cultures précolombiennes l’avait compris et le faisait courrament.
Moutons
Pas de moutons jaunes ni verts, mais gris, beiges, marrons, café, brun très foncés et quelques fois noirs, cela existe encore. Dans le nord de l’Europe, la plupart des brebis étaient noires, comme en témoigne une vieille comptine anglaise.
Les brebis brunes, au Sud du Chili, ont une laine très bonne, longue et agréable à filer, cependant, elles sont entrain de disparaître car le Ministère de l’Agriculture pousse à l’élevage de moutons pour la viande, donc à laine courte, sans laine sur le ventre… La vente de la laine ne justifie plus l’élevage de brebis pour la laine…
Il nous reste donc des laines courtes, blanches, pas aussi fines, souvent récupéré dans les tanneries, après traitements à la chaux ou d’autres bases qui maltraitent la laine et la rende rèche… et à l’opposé un peu de mérinos dans la zone de Punta Arenas, mais qui s’en va directement à l’exportation.
Alpagas et autres camélidés
Les alpagas et les llamas, qui sont les camélidés domestiqués ont des robes qui vont du blanc très blanc au noir très noir, en passant par tous les tons de beiges, de marrons, mais aussi de gris.
Les camélidés sauvages (guanacos et vigognes) sont général beige claire avec un peu de blanc pour les vigognes. Ces couleurs leur permettent de se camoufler dans les zones semi-désertiques où ils vivent. La laine de vigogne étant très appréciée pour sa finesse et sa douceur. Par extension, la couleur de la vigogne, sur les autres laines est très appréciée dans le nord de l’Argentine, comme en témoignent les femmes qui ont informées Celestina Stramigioli dans ses livres très intéressants sur les teintures naturelles dans la région de San Juan et de Santiago del Estero, en Argentine.
Je suis allée, il y a quelques années, à un Tinkuy de Tejedores, à Cusco, au Pérou, un grand professeur expliquait qu’il y avait un problème de blanchissement des troupeaux d’alpagas.
Lapins angora
Les lapins, angora ou pas ont des fourrures de couleurs très variées à l’instar des camélidés. Cependant, les blancs sont plus courants, parce qu’un lapin donne très peu de laine, et pour une production régulière on tente d’uniformiser les couleurs.
Chèvres angora
Je n’en suis pas spécialiste, il me semble que la variété de couleurs doit être semblable à celle des autres races de chèvres. Mais le blanchiment des troupeaux a certainement eu lieu.
Cotons anciens, lins, chanvre et autres fibres végétales
Les cotons anciens étaient bruns, roux, verts ou beiges, et ont été blanchis par sélection par les paysans au cours des siècles. C’est pourquoi, maintenant on est habitué à des cotons blancs, et bien blancs.
Les autres fibres naturelles ne sont pas naturellement blanches, le lin, le chanvre, le jute… doivent être blanchies chimiquement et cela a longtemps été un problème, jusqu’à la découverte de l’eau javel… l’eau oxygénée est même plus efficace et pose moins de problèmes.
Soie sauvage et domestique
La soie sauvage est naturellement beige, la soie domestique est généralement blanche, mais il existe des bombix qui donnent des cocons jaune (jusqu’au jaune d’or) et parfois verts.
Le beige comme fond
Tisser avec un fond beige ou gris, peut être intéressant, vu que la plupart des couleurs se combinent bien avec un tel fond. Autant en profiter.
Il peut être intéressant de teindre des toiles anciennes, nappes, draps, napperons avec du thé, par exemple, pour leur donner un air rétro.
Et, si l’on veut des tons plus foncés
Comme je l’expliquais au début de l’article, nous beaucoup avons à notre disposition beaucoup de plantes qui donnent des tons de beige.
Fougères, grenades. thé, châtaignes, boldo, gale du chêne, peaux de grenades, rumex, et autres plantes à tanins peu colorants…
Tanins plus colorés
Mais souvent, il ne suffit pas d’augmenter la quantité de plantes à teindre, il faut chercher des plantes à tanins foncés (eucalyptus, acajou, noyer, chataigner, mélèze, pommes…).
Si l’on épuise les bains de ces plantes à tanins colorés, on obtient des beiges.
Quand les beiges virent au gris
Les beiges, proviennent de tanins ne sont pas insensibles aux modificateurs… et quand ils rentrent en contact avec du fer (soupe de clous – vinaigres et clous, sulfates de fer), ils virent au gris plus ou moins foncé.
C’est ainsi que l’on faisait des encres à écrire avec les écorces de grenades et du fer.
Conclusion
Il ne faut pas se priver de ces teintures sans mordant, ou qui peuvent même servir de mordant naturel, souvent à partir de déchets. Que de belles couleurs et faciles à obtenir!
On ne doit donc pas être déçu quand on obtient un beige, on peut toujours reteindre.
/// Graines pour teindre /// Article modifié le 27 septembre 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Graines et fruits peuvent aussi teindre
Pourquoi ne pas travailler avec les graines et fruits?
La nature est généralement très généreuse en ce qui concerne les graines et les fruits, les plantes ne pouvant pas se déplacer elles-mêmes, les graines sont une admirable solution. Le vent, l’eau, les animaux et même les êtres humains les transportent et les resèment (voir Francis Hallé).
Vu que les graines sont le plus souvent en surnombre, on peut en profiter pour en réutiliser un peu pour teindre…
Quel est l’intérêt des graines
Les enveloppes des graines contiennent généralement beaucoup de tanins pour les protéger contre les animaux qui pourraient les manger. En outre, la nature est généralement très généreuse.
Les glands, les marrons, les gousses de mimosa…
Je n’avais pas encore testé les glands, c’est plutôt rare au Chili, la plupart des chênes ont été remplacés par des eucalyptus et des pins… mais, par les livres (Dominique Cardon…), je sais qu’ils peuvent être utiles en teinture. Je viens de le faire cet été à Gletterens en Suisse. Un matin, jai ramassé les premiers glands tombés à la suite d’un bon coup de vent.
J’ai testé les bogues de marrons d’Inde, et j’ai obtenu un beige.
Les gousses de mimosa, comme celle de tous les acacias sont bourrés de tanins et devraient être intéressantes à essayer, ces arbres en produisent vraiment beaucoup.
L’aulne et ses jolies graines
He aquí un nuevo experimento bien simple.
Pour m’assurer un meilleur résultat, j’ai laissé tremper une semaine.
L’Eucalyptus
Je n’ai pas testé les réceptacles des graines d’eucalyptus (en effet, les minuscules graines s’échappent très vite des petits cônes), c’est beaucoup plus simple avec les feuilles et l’écorce.
Les pommes de pin, ainsi que les aiguilles et les écorces de ces arbres doivent contenir des tanins, mais je ne les ai pas essayés.
Les châtaignes, les pistaches, les amandes…
Vu que ces graines sont comestibles et très bonnes pour la santé, mieux vaut les manger et utiliser les déchets pour la teinture. Dans le cas des châtaignes, on peut aussi bien utiliser les bogues que les enveloppes dures que l’on ne consomme pas.
Les écorces des amandes m’ont donné une couleur rosée cuivrée qui m’a beaucoup plû.
En Equateur, j’ai testé l’écorce de noix de coco, le résultat était un peu décevant, mais je n’ai pas tenté de reteindre ensuite.
Des graines spéciales: les noix
Comme dans le cas des châtaignes, l’écorce dure des noix peut être utilisée. Mais la partie la plus intéressante est l’enveloppe qui est molle, d’abord verte puis marron foncé, c’est le brou de noix, bien connu en menuiserie.
L’idéal est de le laisser fermenter un maximum de temps, afin qu’il libère le plus possible de colorant. Cela donne de très jolis bruns très solides dont la réputation n’est plus à faire.
Les fruits non mûrs
Les fruits verts qui tombent des arbres après une tourmente ou des pluies trop violentes sont aussi bourrés de tanins, ils peuvent remplacer les mordançages classiques à l’alun.
Au Brésil, j’ai aussi découvert les fruits non mûrs de genipap. Ils servent notamment pour teindre des gâteaux ou des alcohols. On les utilise aussi pour des tatouages temporaires.
Et les noyaux
Les noyaux d’avocats servaient à marquer de manière indélibile les vêtements des enfants pour l’école, simplement avec une aiguille ou une épingle.
Cependant, j’ai testé les feuilles, au Chili qui sont intéressantes.
N’étant pas très friande de cet excellent fruit, je n’ai eu l’occasion de l’essayer que sur de petites quantités de fibres, cela donne un rosé intéressant, même sur coton.
Quand, je vivais à Mamiña, j’ai récupéré un sac de noyaux de mangue dans un café qui offrait des jus naturels sur le marché d’Iquique. J’ai obtenu un jaune rosé très intéressant.
D’autres noyaux peuvent êtres utilisés, je pense aux jolis noyaux de néflier, de lucuma, ils sont si beaux, je n’en ai pas encore eu l’occasion.
Je serai curieuse de tester les noyaux d’olives, de pêches, d’abricots, de prunes, de cerises, chirimoya… malheureusement je suis trop mauvaise consommatrice de fruits pour pouvoir en réunir une quantité suffisante pour teindre, et je préfère les resemer.
Le maïs noir
A Iquique, on trouve un maïs noir, produit au Pérou. Je l’ai laissé tremper quelques jours dans de l’eau, puis je l’ai filtré, j’ai donc teint dans le jus violet foncé qui m’a donné un gris. Je ne sais pas s’il s’agit d’une teinture grand teint.
Le roucou
Le roucou est une graine utilisée comme épice dans les régions où cette plante pousse (en Equateur, elle très utilisée en cuisine, teint en rouge tous plats). En Amazone, il est utilisé comme peinture corporelle, certainement très bénéfique car doté d’un taux très élevé de vitamine A. C’est donc aussi un colorant alimentaire sans danger.
A Madagascar, il est aussi très utilisé en teinture, bien qu’il ne soit pas grand teint vu sa plus grande affinité pour les graisses.
Les baies
Un certain nombres de baies peuvent teindre, dans ce cas, ce n’est pas la graine, mais ce qui l’entoure et plus souvent la peau noire: sureau, mûres, maqui, mirtilles, cassis, raisins…
Malheureusement, ces teintures ne sont pas très fiables, varient avec le pH, et sont peu solides.
En outre, certaines sont toxiques: sureau yèble, parqui… mieux vaut les laisser aux oiseaux qui s’en nourrissent…
Les gales
Les gales sur les chênes, mais aussi sur beaucoup d’autres arbres, ne sont pas des graines, elles sont le résultat de la piqure d’un insecte pour pondre ses oeufs et de la réaction de l’arbre qui produit des tanins pour se protéger.
L’intérêt des gales, c’est qu’elles donnent des tanins très clairs qui n’influencent que très peu la couleur définitive tout en la fixant.
Evitez certaines graines
Je vous conseille pas les graines de parqui (parqui cestrum), j’en parle dans un autre article.
Quand on teint avec des fleurs qui ont de petites graines, il faut faire attention à ce que celles-ci ne viennent pas se coller dans la laine, je pense notamment aux bidens qui ont le don de s’accrocher partout, au Chili, on les appellent « amores secos » (amours sèches). Cette plante appelée benoite en français, donne un très joli jaune (utilisé par les Incas), je l’ai utilisée à Mamiña.
Les fruits murs de la plante hémiparasite quintal du molle, sont très collants, et le restent même bouillis.
Comment utiliser les graines
L’idéal est d’utiliser essentiellement les enveloppes, gousses… et semer ou consommer ce qui peut l’être, comme dans le cas des noix, des châtaignes…
L’idée est d’utiliser avant tout, les déchets, comme par exemple, le marc de café, les épluchures (pommes, poires, châtaignes…).
Et si, le résultat était un mordançage
Il y a quelques jours, j’avais des graines de potiron et je me suis dit « pourquoi ne pas teindre avec?« . Alors, j’ai essayé, le résultat a été très décevant.
Puis deux jours plus tard, je lis sur internet, sur un document ancien sur les teintures domestiques en Angleterre, mentionnait les graines de potiron comme mordançage.
Je viens de mettre à tremper cette laine pour quelques jours avec une laine blanche sans traitement dans un vieux bain de garance et de cochenille, pour l’épuiser. Il va falloir attendre le résultat.
Et si, on veut semer les graines
C’est encore mieux et je vous y encourage vivement.
Lors du cours que j’ai donné à Pica, nous avons teint avec le tara (ceasalpina), avec ses graines, mais on a utilisé seulement les gousses, une des femmes qui assistait au cours, a emmené les graines chez elle, elle les a semées, elle a eu un grand nombre de petits arbres!
L’idéal est d’ailleurs le plus souvent, de ne pas utiliser les graines, mais plutôt les enveloppes, dans les graines, il y a beaucoup d’amidon et celui-ci peut être gênant.
En effet, quand je vivais à Longotoma, j’ai essayé de teindre avec des graines de sorgho (curaguilla, utilisées au Chili pour que les poules aient envie de pondre). Je les ai fait fermenter pendant au moins un mois, avec la laine dedans, puis j’ai fait chauffer, cela a teint, un marron rose cuivré intéressant, mais le problème c’est que la laine en est ressortie très dure, malgré les rinçages, certainement à cause de l’amidon. Mais ma laine n’était pas seulement dure mais aussi cassante!
Conclusions
Les graines sont donc de bonnes ressources tinctoriales, il faut en profiter.
On reste souvent dans la gamme des beiges, brun rosé, mais on a souvent un mordant naturel qui peut être employé en combinaison avec d’autres plantes.
Ces tons s’harmonisent facilement avec les autres couleurs, ce qui est un avantage.
Après les saisons, je me suis demandée les raisons pour teindre. Elles sont nombreuses et anciennes.
Les raisons de l’histoire
Dès la préhistoire, on trouve des traces de teintures. Les humains avaient déjà certainement de bonnes raisons pour teindre.
Michel Pastoureau, mais surtout Dominique Cardon mentionne des découvertes de plantes qui ne pouvaient être que tinctoriales, par exemple des graines de sureau yèble (toxiques) lors de la fouille des restes d’un village lacustre néolithique en Suisse.
Au Pérou, on a découvert le plus ancien textile teint à l’indigo, il a plus de 6000 ans. Pourtant, l’indigo n’est pas visible dans la plante, il doit être extrait par fermentation.
Des documents sumériens donnent des recettes de teinture à la garance et à l’indigo pour imiter la très coûteuse pourpre animale… Puis, on retrouve ces recettes sur des papyrus égyptiens…
La magie et la religion, une bonne raison?
Les premières utilisations de la couleur, le plus souvent minérale (ocres, argiles, craie, charbon…), pigments retrouvés sur les peintures rupestres et pétroglyphes un peu partout dans le monde.
Mais on retrouve aussi partout les peintures corporelles… protection contre le soleil et certains insectes, pour faire peur aux ennemis, marque d’appartenance sociale, état civil, de hiérarchie… représentant tout un code, qui sera plus tard remplacé par le vêtement dont la couleur reprendra une partie de ces rôles…
Les tatouages sont aussi des manifestations très anciennes de la couleur, de nombreuses momies égyptiennes (notamment au henné), mais aussi précolombiennes, même Ötzi portent encore ces traces de couleurs…
Importance sociale
Les différentes couleurs jouent un rôle social très important, qui diffère d’une société à l’autre (les perceptions ne sont pas les mêmes), et leur importance et signification évoluent aussi dans le temps. C’est ce qu’explique Michel Pastoureau dans son livre « Jésus chez le teinturier ».
Très vite, certaines teintures grand teint ou prestigieuses on été réglementées. Des lois sur les dépenses somptuaires exitent déjà chez les Romains, et se sont maintenu fort longtemps.
La couleur met en valeur tout ce quelle touche…
Raisons pratiques
Certaines laines (et même d’autres fibres, le lin n’est pas parfaitement blanc, le chanvre non plus, le coton était brun, roux, beige ou vert avant d’être blanc, certaines soies domestiques son jaunes ou vertes, la soie sauvage est brune) donnent parfois l’impression d’être sales (Michel Pastoureau parle même de teindre en blanc, ce qui a été longtemps un problème). Une fois teintes, elles sont beaucoup plus jolies (les fileuses de laine à Puerto Montt teignent systématiquement les laines un peu grises ou jaunâtres).
Et le pratique peut s’allier au plaisir…
Pour le plaisir
C’est toujours un plaisir de pouvoir teindre ou imprimer une matière brute. Et si le résultat n’est pas satisfaisant, on peut recommencer. C’est très amusant de jouer avec les mordants et les modificateurs. Que de surprises!
Teindre des fils permet aussi de broder des décors, de faire des brocard, des jacquard, des rayures, des écossais, des pieds de poules… du shibori, des ikat… des pochoirs, tampons, sérigraphie (j’oublie certainement d’autres techniques faisant appel à la couleur) et de faire varier ainsi les motifs.
Teindre pour la santé
De nombreuses plantes tinctoriales sont médicinales, peuvent repousser les insectes ou avoir d’autres effets bénéfiques pour la santé, tels que antiinflammatoires…
Les teintures naturelles obligent a travailler surtout avec des fibres naturelles qui sont normalement, si elles ne sont pas cultivées avec des pesticides (ce qui est souvent le cas du coton qui est aussi généralement OGM), sont beaucoup plus saines.
Que teindre?
Je travaille surtout avec la laine, c’est la matière première que j’ai à ma disposition en plus grande quantité, c’est le plus souvent le plus facile à teindre.
J’ai fait quelques tests sur le coton, la soie, le lin…
Mais on peut aussi teindre le cuir (en prenant des précautions, à froid), le bois (boutons, perles, par exemple), à Santa Fe, en Argentine, nous avons testé des coquillages, de la céramique, des plumes…
Michel Garcia, dans un de ses livres donne des explications pour teindre de l’osier, du cuir et même du plâtre.
Comment teindre?
Pour des raisons écologiques mais aussi économique, le mieux est d’utiliser des teintures naturelles, ce qui permet de renouer avec l’histoire et les traditions (les premières anilines datent des années 1850).
Nous devons aussi apprendre à utiliser toutes les vertus des fibres naturellement colorées, il y a des problèmes de blanchissement des troupeaux d’alpagas au Pérou, brebis au Sud du Chili. Il faut rediffuser les cotons anciens de couleur.
Teindre des laines grises ou beige, voir même plus foncées, peut être très intéressant.
Teindre, c’est facile et passionnant
Si même nos plus lointains ancêtres teignient leurs vêtements et biens d’autres choses, pourquoi ne le ferions-nous pas?
Et en plus, on découvre toute la magie de la chimie verte et de la botanique (certaines de nos plantes à teindre peuvent se manger en salade et certaines salades peuvent aussi teindre), il m’est arrivé de teindre avec du coriandre fané, cela m’a donné du jaune.
Quelle surprise voir un bain tourner immédiatement au jaune en ajoutant un peu d’alun, et que dire de l’indigo!
Cest une des raisons de l’existence de ce site web. Osons teindre, et faisons-le proprement… Il est temps de passer à l’acte. Il y a beaucoup à faire, faisons-le pendant qu’il en est encore temps.
Je suis entrain d’écouter une conférence du philosophe Bernard Stiegler qui dit que « il faut que les gens retrouve du temps de savoir ». Et, dans mon cas je tente de maintenir des connaissances de gestes et techniques qui sont entrain de se perdre.
Conclusion
On a toujours de bonnes raisons pour teindre, et encore de meilleures pour teindre naturellement, et ainsi d’allier l’utile à l’agréable.
Mes recherches en teintures naturelles m’ont amenée à m’intéresser à la botanique et à l’agroécologie.
A cette date de changement de saison (fin de l’été au Chili), cette question m’est venue à l’idée.
En fin de compte, on peut teindre à n’importe quelle saison, mais le travail de la laine est souvent une activité saisonnière comme la majeure partie des travaux agricoles. La production de la laine est un travail de longue haleine, heureusement il s’agit d’un produit non périssable… Il en est de même pour la soie.
Il y a une saison pour tondre
En général, on tond les moutons au printemps, si possible avant que les plantes ne montent en graines. En effet, celles-ci peuvent s’incruster dans la laine et la rendre très désagréable à filer, d’autant plus que certaines graines de plantes qu’apprécient particulièrement les moutons peuvent être très piquantes (alberjilla, par exemple), d’autres s’emmêlent comme les graines de marubio que les paysans de La Ligua appellent « clonques », elles sont pourvues de plein de petits crochets et se séparent quand on veut les enlever…
D’autre part, les moutons commencent à avoir chaud, la tradition veut que l’on ne tondent pas un mouton s’il a plu la veille. C’est pourquoi quand j’ai voulu apprendre à tondre les moutons, cette expérience a été reportée plusieurs fois à cause de la pluie, nous avons fini par tondre en janvier, ce qui est un peu tard, à La Ligua.
Saison de lessives
Il vaut mieux profiter qu’il fait beau pour laver la laine. Mais la laine se file mieux si elle a encore sa graisse (la lanoline). Le lavage avant de filer de la laine de camélidés (alpaga, llama…) est déconseillé, le peu de graisse présente aide beaucoup à la filature de ces fibres très lisses et n’ont presque pas d’odeur.
Le lavage de la laine doit être assez délicat pour qu’elle ne feutre pas, il faut donc éviter les chocs thermiques. Ne pas la sortir brutalement d’un bain bouillant, je laisse systématiquement refroidir jusqu’au lendemain tous les bains de teintures, il doit en être de même pour les lavages. Mais un bon lavage est très important, sinon les teintures, même de grand teint ne se maintiennent pas…
Dans le Sud, que fait-on?
Dans la zone de Puerto Montt, on profite des clôtures en fils de fer barbelés pour étendre quelques temps les toisons aux intempéries qui élimineront la majeure partie de la poussière et un peu de suint. Il faut dire que le climat est très pluvieux normalement dans cette zone. Il faudra bien laver ces laines une fois filées.
L’été, quelle saison!
Normalement, c’est la saison des ventes aux touristes, il y a beaucoup à faire… Il y a toutes les autres activités agricoles et commerciales…
Mais, cela peut être la saison idéale (avec le printemps) pour teindre, il y a plus de plantes… La laine sèche beaucoup plus vite, ce sont de bonnes raisons pour teindre si on en a le temps. On peut en profiter pour teindre à l’extérieur, c’est l’idéal.
Il faut penser à récolter les plantes, et les faire sécher si on ne teint pas tout de suite. En automne, on peut profiter des feuilles mortes… Chaque plante a sa saison, certaines disparaissent vite après la floraison pour laisser la place à d’autres…
L’artisanat est généralement une activité complémentaire, il est difficile d’en vivre exclusivement, d’autant plus qu’il s’agit d’une activité dévoreuse de temps. Et celui-ci n’est pas valorisé ici.
Saison pour filer
Avant de commencer à filer, il faut bien sélectionner les laines… Tous les moutons n’ont pas une bonne laine. Les brebis ont généralement une laine plus fine et plus agréable que les béliers… on doit souvent réserver leur laine pour faire des tapis (je me rappelle d’un bélier noir et blanc que j’avais tondu avec mon amie Raquel à Mamiña, il était beau, mais sa laine était très rèche, les brebis avaient une laine courte, mais très douce, on était obligé de la rincer avant de la filer à cause de la poussière acide qui venait de la mine de cuivre à 15 km, qui me fendait la peau des doigts quand je filais.).
Outre les différentes races, sur une même brebis, il y a différentes qualités de laines, il y en a de très sales, des courtes, des longues.
Les laines les plus courtes donneront des fils plus épais, les laines plus longues permettent de filer plus fin.
Photo
A Puerto Montt, les fileuses de laine, ne veulent que la meilleure laine, elles éliminent les pattes, la queue, le ventre, les laines courtes… Pour acheter 10 sacs de laines, elles en vident 25… D’autant plus que le Ministère de l’Agriculture, ici encourage à élever des moutons pour la viande (ils doivent avoir la laine courte, ne pas avoir de laine sur le ventre…), résultat: les brebis noires et grises locales (bien adaptées au climat et qui donnent de très bonnes laines) disparaissent. Il est vrai que le prix des toisons est dérisoire et que maintenant beaucoup ne savent pas quoi en faire, bien que beaucoup de femmes, ici, tentent d’arrondir leurs fins de mois en filant.
Nous n’avons malheureusement pas de jardin, sinon tous ces déchets de laine constituent un paillage très intéressant, je l’avais testé à Mamiña, en plein désert d’Atacama, j’avais abandonné pendant trois mois de voyage, la menthe avec un paillage de laine, et je l’ai retrouvée bien verte… La laine retenait l’évaporation de l’eau.
A Puerto Montt, nous avions aussi semer des pommes de terre dans des sacs de déchets de laine, ceux-ci venaient parfois avec des crottes de moutons. J’étais en voyage quand elles ont récolté et mangé les pommes de terre.
Que faire après la sélection?
Après la sélection, vient la préparation de la laine pour la filer. Le rêve de toutes les fileuses de laine est d’avoir une machine à carder. Elles ne sont pas toujours très efficaces. Sans moteur, c’est très fatiguant.
La première que nous avons achetée très chère, a les piquants trop petits et trop mous. Nous pensions pouvoir louer le temps d’utilisations aux femmes qui en avaient besoin. Mais la machine n’admet pas les laines sales. Même les laines propres doivent être ouvertes, préparées… sinon la machine se bloque. Enfin de compte, il faut lui faire avaler du ruban cardé à petite dose! c’est une machine pour artiste, pour mélanger des laines déjà cardées, rajouter de la soie, faire des mélanges de fibres…
J’ai fini par me faire faire un appareil que je traite de Viking, vu qu’il s’inspire d’appareils à carder qu’ils utilisaient. Il s’agit de deux planches avec des clous, l’une fixe, l’autre mobile, on y met la laine par petits paquets, on tire la planche mobile vers soi et la laine est presque prête à filer.
Chez Rincón de Angel, nous avons eu à la vente une machine à carder, dotée de rouleaux avec des clous, un peu plus efficace, mais je n’ai pas osé l’essayer avec de la laine brute.
En tout cas, la cardeuse n’élimine pas les déchets de végétaux, qui peuvent être nombreux si les animaux sont enfermés (souvent le fourrage est distribué dans le même enclos), vont se frotter contre des buissons épineux ou si la tonte n’a pas été faite dans un endroit propre.
Le plus simple est donc de préparer la laine à la main, cela permet d’éliminer un maximum de pailles, graines et autres déchets… Il faut éliminer toutes les pointes brûlées par le soleil et les poils plus durs. Tous ces déchets ont des noms en aymara. Tout ce nettoyage prend son temps et élimine du poids de laine. Une fois filée, le poids de la laine a diminué au moins de la moitié.
Cette étape est très longue, mais très importante, elle influe directement sur la qualité finale de la laine.
Mieux la laine est préparée, plus le résultat sera régulier, solide et agréable. Une bonne préparation permet aussi de filer une laine plus fine. La filature sera beaucoup facilitée par une préparation minutieuse.
Enfin la filature
Là, nous avons deux options: le fuseau ou le rouet.
Je préfère filer au fuseau, bien que cela soit beaucoup plus long, je peux le faire même en marchant… on contrôle mieux le résultat, bien que je ne recherche pas à obtenir un fil très lisse, presque industriel… Plus on file fin, plus ce travail est long.
Le rouet, peut être à pédale ou électrique. Il est plus rapide, mais la préparation de la laine est alors encore plus importante, car la machine ne laisse pas le temps d’éliminer les impuretés, graines, pailles… Le rouet a aussi tendance à trop tordre la laine, ce qui la rend dure et difficile à travailler.
En général, ici on file surtout en automne et en hiver, souvent les femmes se réunissent en « minga » pour filer. Les hommes aussi filent.
Le lavage intervient le plus souvent après la filature, il doit être minutieux pour enlever un maximum de graisse car celle-ci pertube la teinture. Traditionnellement, les femmes faisaient souvent bouillir la laine.
Ce dégraissage est aussi important, car si la laine reste trop longtemps avec sa graisse, celle-ci s’oxyde et jaunit la laine.
Pour mieux filer une laine lavée en toison, il peut être judicieux de l’humidifier, cela facilite la filature.
Une fois la laine filée, si elle est sale, il faut la mettre en écheveaux pour la laver et la teindre, si elle est propre et qu’on la garde nature, on peut faire des pelotes. On peut teindre des pelotes, mais il faudra les défaire pour les faire sécher.
C’est ce que je faisais à Longotoma, c’est très long… Je filais la laine une fois lavée, et je file en préparant déjà une bobine…
Et, la teinture?
La teinture intervient donc souvent un an après la tonte au retour de la bonne saison.
En général, on teint la laine une fois filée. On peut la teindre en toison, la teinture est plus profonde, mais celle-ci doit être bien dégraissée, elle est plus difficile à filer après.
Quand je vivais à Mamiña je pouvais teindre à peu près n’importe quand, sauf pendant les étés pluvieux (hiver altiplanique). Il y avait beaucoup de vent, en un jour ou deux les laines étaient sèches.
A Puerto Montt, il pleut presque toute l’année. Presque tout le monde utilise des cuisinières à bois, c’est très pratique pour teindre, surtout avec les plantes où il faut de longs temps de décoction.
Quand on teint avec des pigments naturels déjà préparé ou avec la cochenille, on ne dépend plus de la saisonalité des plantes…
Pas de saison pour l’ecoprint
Vu le peu de matériel végétal nécessaire pour l’ecoprint, on peut le pratiquer en toute saison, dans une casserole dédiée à cet usage, dans la cuisine… S’il fait froid, mieux vaut laisser tremper plus longtemps.
Quand je suis allée à Madagascar, c’était déjà le début de l’hiver (mai 2017), nous avons trouvé beaucoup de plantes intéressantes, les feuilles de rosiers, par exemple…
On peut aussi faire les poubelles du fleuriste du quartier, ou mieux se mettre d’accord avec lui, les déchets exploitables en toute saison sont nombreux et variés, de quoi tester de nombreuses plantes…
Conclusion
La teinture puis le tissage sont donc très rapides en comparaison au temps nécessaire à la préparation de la laine et à la filature. Si la laine est plus propre et mieux filée, elle se tricote ou tisse plus facilement.
Quand on voit une pièce artisanale terminée, il faut cumuler tous ces temps de travail et d’attente. Qui se donne la peine de faire cette analyse?
L’étape la plus longue semble être la vente du produit fini.
// Des couleurs pour le plaisir // Article mis à jour le 7 février 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Teindre pour le plaisir des couleurs
Sauf l’exception paradoxale de la « teinture en blanc« , dont Michel Pastoureau signale qu’elle a longtemps posé problème. Teindre c’est faire pénétrer des couleurs dans des supports. Et en général, il faut que ces couleurs se maintiennent…
C’est la grande préoccupation des teinturiers professionnels, obtenir de belles couleurs qui ne s’effacent pas…
Les couleurs ont une histoire
L’histoire des couleurs remonte à la préhistoire comme en témoigne Dominique Cardon dans ses livres… des graines, des restes de plantes, des fibres teintes… ont été découverts dans de nombreux sites archéologiques très anciens. On a retrouvé dans les Andes des fibres qui montrent des traces d’indigo vieilles de plus de 6000 ans. Et pourtant l’indigo n’apparaît pas à première vue dans les plantes.
Les couleurs ont dû fasciner les hommes depuis la préhistoire, comme en témoignent les merveilleuses peintures rupestres et pétroglyphes qu’ils nous ont laissés.
L’antiquité était certainement beaucoup plus colorée que l’on se l’imagine. De nombreuses statues grecques ou romaines étaient peintes de toutes les couleurs…
Les premiers pigments étaient sans doute minéraux, mais les végétaux ont été très vite utilisés pour les peintures corporelles comme le roucou est encore utilisé en Amazonie… Malheureusement les végétaux laissent moins de traces que les minéraux.
Les couleurs, de grandes voyageuses…
Elles viennent de loin dans l’histoire de l’humanité, mais les couleurs peuvent souvent venir de pays lointains. Elles ont de tout temps fait l’objet d’un commerce important, soit unies avec les fibres (soie, coton, laine…). Soit souvent, elles accompagnent les épices à l’état de matières premières… Elles peuvent aussi voyager sous la forme de graine.
Marco Polo parle à plusieurs reprises de textiles (notamment les différentes qualités de soie), mais aussi des teintures qu’il voit utiliser.
Les couleurs et les textiles ont provoqués les premiers cas d’espionnage industriel (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). Les teintures ont même provoqué des guerres.
Des couleurs de luxe
La couleur est un luxe dans la plante, parfois elle est cachée (comme dans le cas de l’indigo et des tanins). La production de ces colorants a un coût énergétique pour la plante. Dans ce cas, elle doit utiliser des ressources pour se défendre au lieu de se développer… Parfois ces colorants n’apparaissent que dans certaines parties des végétaux, ou à certaines périodes de sa croissances, puis ils sont recyclés et transformés en d’autres molécules…
Francis Hallé explique dans une de ces vidéo comment une sorte d’acacias interagit avec des gazelles qui s’en nourrissent… par la production de tanins!
C’est pourquoi, il faut de grandes quantités de plantes pour teindre, il y a aussi des saisons pour les récolter… Il faut aussi souvent les cultiver…
Une valeur sociale
Certaines couleurs luxueuses étaient souvent réservées aux élites dans les sociétés anciennes. En outre, leurs usages étaient codifiés par de nombreuses lois somptuaires. Ces couleurs réservées ont évolué avec le temps et les codes de couleurs ne sont pas les mêmes partout dans le monde. Donc, ce sont des faits culturels et de sociétés qui évoluent.
Il existe une grande variété de plantes dites de petit teint qui étaient généralement réservées à un usage plus domestique, obligeant parfois à reteindre le vêtement quand la couleur était passée.
Des couleurs pour tous les goûts
Après ce bref résumé historique, passons à la partie technique… C’est pour moi un vrai plaisir de découvrir le résultat d’un bain de teinture. D’autant plus qu’à chaque fois je fais des tests, des expériences. Je prends de nouvelles plantes, de nouvelles fibres, de nouveau mélanges, de nouveaux modificateurs…
Des couleurs surprenantes
Certaines plantes nous réservent des surprises… On attend du rouge et obtient du vert… Cela arrive parfois. Un joli vert clair avec des pétales d’hibiscus rouge foncé, suite à l’ajout de pierre d’alun…
La lampaya qui m’a donné un joli pourpre très solide lors du cours à Pica, alors que le livre qui en parlait, rédigé par des teinturières traditionnelles, indiquait un beige…
Une même plante peut donner des résultats très différents, suivant si l’on chauffe ou pas le bain. Michel Garcia indique dans l’un de ses livres comment on peut obtenir un arc-en-ciel seulement avec des feuilles de pastel.
Des couleurs épicées
Curcuma, safran, roucou… teignent aussi. Malheureusement, ces teintures sont de petit teint. Le curcuma était cependant utilisé pour teindre les vêtements des moines bouddhistes.
Les couleurs qui s’accordent
Les couleurs naturelles semble se combiner toujours bien, certainement est-ce dû à la multiplicité des colorants présents dans chaque plantes. Certaines les collectionnent comme la garance qui n’en compte pas moins de 19 différents.
Différentes plantes, qui donnent des tons différents peuvent avoir certains colorants en commun. Alors que les teintures chimiques se concentrent sur une petite variété de colorants.
Les couleurs qui varient
Il y a des couleurs très instables, qui réagissent aux alcalis et aux acides, par exemple toutes les baies, le chou rouge… Certaines de ces teintures instables ont été utilisées pour fabriquer des réactifs chimiques… Les teintures grand teint ont vite été privilégiées. J’ai aussi consacré un article à ce sujet d’importance historique.
Il y a aussi des mordants et des modificateurs qui permettent d’obtenir des gammes de couleurs assez variées à partir d’une même matière tinctoriales.
L’un des exemples les plus admirables est la cochenille, je lui ai dédié un article dès la création de ce site.
Des couleurs lumineuses
Il y a des teintures qui donnent des couleurs qui apparaissent très lumineuses. Elles ont vite été sélectionnées par les premiers teinturiers. Parfois malgré leur manque de solidité à la lumière, comme c’est le cas du rose de carthame.
On pense tout de suite à la gaude, à la cochenille… mais je rajouterais aussi des lichens appelés « barbas de palo », le schinus molle, le cuarasiña ou pin australien, la sorona ou brea, les feuilles d’eucalyptus et même parfois les épluchures d’oignons…
D’autres teintures peuvent paraître plus éteintes, mais l’eau et le récipient utilisé pour teindre peuvent influencer la couleur, notamment les casseroles oxydées. Je parle des problèmes de casseroles dans un article sur une casserole un peu spéciale.
Ajouter des couleurs à des laines non blanches
Il peut être intéressant de teindre des laines grise, beiges ou marron. J’ai fait des essais avec la cochenille, mais aussi avec le jaune de ronce ou du canelo et avec l’eucalyptus. Cela donne des résultats intéressants.
Pour teindre dans des couleurs très foncées et bien sûr en noir, il vaut mieux partir de fibres de couleur. Cette couleur naturelle de base s’ajoute à la teinture en l’obscurcissant. Si la laine d’origine n’est pas d’une couleur uniforme, la teinture ne sera pas uniforme. Mais cela peut être intéressant. Un animal n’est jamais d’un seul gris ou d’un seul ton de beige. Il a toujours différentes nuances et parfois des taches de différentes couleurs, il faut savoir en tirer parti.
Exemples précolombien
On peut le voir sur des textiles précolombiens. Par exemple, ceux en très bon état et très luxueux de la jeune fille qui a été sacrifiée au Cerro Esmeralda, à Iquique (nord du Chili), que l’on peut voir au Musée d’Iquique. Les teintes ne sont pas tout à fait unies (notamment dans les rouges), car ils ont dû teindre des toisons beiges. La vigogne n’a que très peu de poils blancs, le reste, la plupart du corps et les meilleurs poils sont beige, couleur vigogne.
Une amie Aymara, me racontait que les lamas et alpagas de plusieurs couleurs était sensés porter chance. Ils ont d’ailleurs un mot pour les désigner.
Couleurs à bains successifs
Pour obtenir de jolis verts vif on est obligé de passer par deux bains successifs: un jaune et un d’indigo.
Les violets et les orangés peuvent aussi être obtenus par bains successifs, mais il y a aussi des solutions simples. Pour les violets cochenille, bois de Campêche… pour les orangés cosmos sulfureus, par exemple, ou des mélanges de plantes….
Des couleurs dégradées
Selon la concentration de mordants et/ou de modificateurs, on peut imprimer sur des textiles différentes nuances. On peut aussi jouer sur le temps de décoction et sur le degré d’épuisement des bains. Car ceux-ci peuvent souvent être réutilisés plusieurs fois, en donnant des tons chaque fois moins saturés…
Des couleurs modifiées
J’ai consacré un article complet aux mordants et modificateurs qui permettent de changer complètement ou partiellement le résultat d’un bain. Lors des cours à Pica et à Santa Fe (Argentine), nous avons préparé des fiches résumant les résultats de ces tests. Ces fiches m’ont beaucoup appris.
Des teintes décevantes
Cela peut se récupérer, elles peuvent toujours être améliorées, j’ai déjà consacré un article à ces problèmes. Car rien n’est jamais perdu, la chimie des couleurs naturelles nous réserve toujours des surprises… Ces couleurs décevantes peuvent faire ressortir d’autres couleurs voisinent avec lesquelles elles se combineront très bien.
Les couleurs du bien-être
Des couleurs saines, pour assurer notre bien-être, c’est possible et les teintures naturelles peuvent aller bien au-delà. Par exemple, en protégeant contre certains insectes, comme l’indigo qui protégerait ainsi contre la malaria.
Certaines populations apprécient notamment l’indigo très foncé, presque noir, certainement pour cette raison. Il s’agit d’indigo naturel, bien sûr…
Des plantes bonnes de l’intérieur
D’autre part, de nombreuses plantes médicinales teignent et la plupart des plantes tinctoriales sont médicinales, contrairement aux teintures chimiques qui ont tendance à provoquer des allergies et même des cancers…
En général, les colorants jouent un rôle de protection dans la plante (comme par exemples, les tanins) contre des insectes ou des ravageurs herbivores. Cet effet protecteur nous est-il transféré à travers les textiles? Cela semble probable…
Certaines plantes adoucissent la laine, comme c’est le cas de la gaude.
Il semblerait aussi que les couleurs influencent notre état d’esprit.
Conclusion
Les teintures naturelles offrent une telle variété de couleurs… Cela est pour moi un plaisir découvrir de nouvelles plantes, de nouvelles combinaisons, de tester de nouvelles fibres… Puis enfin de tisser tout cela, certaines couleurs me plaisent tellement que j’hésite à les utiliser, d’autant que les quantités teintes ne sont pas grandes.
/// Chauffer le bain /// Article créé le 28 janvier 2018, mis à jour le 5 avril 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Voici un petit retour sur un article ancien qui est toujours d’actualité. Il mérite bien une bonne mise à jour. Je le compl`ete donc avec mes nouvelles découvertes, faites lors de mes récents voyages en Tunisie et en Suisse. Voici quelques ajouts…
Faut-il chauffer le bain de teinture?
Chauffer le bain, cela semble évident, mais ce n’est pas toujours indispensable, cela peut même être gênant, pour l’indigo.
Teindre, c’est extraire les colorants des matières végétales ou éventuellement animales pour les transférer aux textiles. Chauffer nécessite de l’énergie, cependant ce n’est pas la seule solution.
La fermentation
Certaines techniques de teintures (en général, très anciennes) sont basées sur la fermentation et non sur la décoction et le bouillon… Ce seraient en quelque sorte des teintures vivantes, puisque de nombreuses bactéries et enzymes doivent intervenir.
Par ailleurs, les techniques à base de décoctions sont plus rapides et semblent plus hygiéniques, mais ne sont pas forcément plus solides.
De plus, la fermentation peut permettre d’éviter l’usage de mordants.
De toutes manières, pour la majorité des teintures naturelles, il convient de les laisser tremperau moins une nuit avant de chauffer.
Techniques d’Anne Rieger
Dominique Cardon mentionne dans ses livres des techniques anciennes basées sur la fermentation et des bains alternés acides et basiques sans autres mordants que de la lessive de cendres, ce qui rend ce type de teinture d’autant plus économique et écologique.
Ces techniques sont sensées permettre d’obtenir d’autres gammes de couleurs, souvent différentes de celles que donnent les décoctions classiques (généralement avec mordants). Selon Martha Herba qui a poursuivi les travaux d’Anne Rieger, ces teintures devraient être plus solides. D’après elle, la tapisserie de la Dame à la Licorne et la tapisserie de Bayeux auraient été teintes selon ces méthodes, ce qui explique qu’elles aient encore tout leur éclat.
Mes essais
J’ai fait quelques essais peu concluants. Peut-être n’ai-je pas choisi les bonnes plantes. Il faut avoir du temps et pouvoir travailler à l’extérieur pour profiter du soleil et à cause des mauvaises odeurs dues à la fermentation, difficile à réaliser dans un local commercial.
D’abord, j’ai fait quelques tests quand je vivais à Longotoma avec du quintral du molle. Puis, j’ai réessayé, plus récemment, à Concón, avec de l’etscholzia qui ne m’a donné qu’un jaune pâle. Ce n’était peut-être pas la plante idéale.
Indigo
La plupart des cuves d’indigo se travaillent à froid ou plutôt à température ambiante. Même, certains bains d’indigo peuvent même utiliser des fruits pour remplacer le fructose. Quand, je ne trouvais pas de fructose, j’ai plusieurs fois utilisé du miel. Cela fonctionne très bien.
Pourpre « chilienne«
Un jour, j’ai fait un petit essai de teinture à la pourpre de « loco » et « locate » (coquillages très appréciés en gastronomie au Chili, ils sont assez souvent interdits de récolte).
Lors d’un séjour de quelques jours à Taltal, petit village côtier entre Chañaral et Antofagasta (Nord du Chili), des pêcheurs m’avaient ramassé une petite quantité de ces coquillages. Le temps était mauvais, ils n’avaient pas pu aller plus au large pour en ramener plus.
Les pêcheurs de « locos » se reconnaissent à leurs mains rouges pourpre, teintes lors du nettoyage des fruits de mer pour les préparer à la vente. Ils jettent malheureusement toute cette précieuse matière tinctoriale à la mer.
Le test pratique
Ils ont mangé les fruits de mer et j’ai gardé dans deux petites bouteilles d’eau les glandes hypobrachiales qui contiennent les pigments.
J’ai gardé ces bouteilles bien fermées et je me suis décidée à les ouvrir deux ou trois semaines après, lors de mon retour à Mamiña.
Heureusement que je vis avec le nez bouché et que j’ai ouvert la bouteille en plein air, la puanteur était insupportable. Je ne sais pas si ce n’était pas pire que la teinture aux baies de parqui.
J’ai mis quelques mèches de laine en toison à tremper dans les bouteilles, puis je les ai retirées, exposées au soleil, puis rincées. Elles étaient devenues mauves. Tout cela sans chauffer.
Je présente cette expérience dans ma présentation pour l’ISEND de Kuching, disponible sur internet (www.academia.edu, www.slideshare.net).
Il y a un groupe facebook spécialisé sur la pourpre. J’espère bien pouvoir en apprendre plus sur ce sujet lors de mon tour du mondetinctorial et textile.
Sur academia.edu, on trouve aussi beaucoup d’informations sur la pourpre, teinture très luxueuse de l’Antiquité.
La pourpre à Carthage, Tunisie
Je n’ai pas encore pu faire mon tour du monde tinctorial, mais je suis retournée en Europe. J’en ai profité pour aller en Tunisie en 2022 pour rencontrer le grand spécialiste qui m’a très gentillement reçue. Je vous invite à visiter songroupe facebook.
Orseilles et autres lichens
Dominique Cardon décrit en détail ces techniques, je ne les ai pas testées. Il s’agit de techniques de fermentation, en général avec ajout d’urine. On doit obtenir des tons de rose, malheureusement pas très solides. Mais, il faut d’abord trouver le bon lichen. Car tous les lichens ne servent pas pour des tons de rose. Il y a des groupes sur facebook spécialisés dans ce domaine qui montrent des résultats spectaculaires.
Fez, Maroc
On m’avait parlé des fosses à teindre de Fez. J’espérais trouver des teintures naturelles, mais il s’agit du travail du cuir. Je ne suis cependant pas convaincue de l’usage de teintures naturelles, malgré les informations données sur place, parfois un peu extravagantes. C’est tout de même très intéressant et pour le moins impressionnant.
Et le batik?
Quelqu’un m’a gentillement fait la remarque que j’avais oublié le batik. Et oui, le batik, quand on travaille à la cire d’abeilles, se teint à froid, vu que la cire fond à 62-63º C. Cependant, en général on doit faire bouillir, repasser avec du papier pour éliminer la cire.
Un essai
Nous avons fait un test avec mon ami Hilaire, à Madagascar, avec de la cire d’abeilles brute que nous avons achetée au marché d’Antsirabe et de la cochenille. Nous avons aspergé la soie avec des gouttes de cire fondue en essayant de faire un pochoir avec des feuilles de rosiers.
Puis, nous avons laissé tremper avec de la cochenille toute la nuit à froid. Le lendemain, nous avons fait bouillir l’écharpe dans de l’eau avec de l’alun pour fixer la teinture et éliminer la cire, la cochenille s’est bien fixée.
Mais la cire avait du mal à partir, j’étais déçue, car j’espèrais pouvoir la récupérer pour une autre fois. Nous avons du terminer avec le fer à repasser et du papier journal, puis des brouillons d’impression quand celui-ci vint à manquer, cela a dû utiliser beaucoup d’électricité.
Le résultat n’était pas tout à fait conforme à ce que l’on attendait. Les taches de cire sont restées un peu jaune. Ce n’était pas vilain. Mais, on ne voyait pas bien le pochoir. Mais la cochenille à très bien pris. Cette écharpe s’est vendu très rapidement, mais je ne crois pas qu’Hilaire recommencera cela. Il préfère l’ecoprint.
Et si on fait chauffer, comment?
On a l’embarras du choix…
Chauffer au feu de bois
Trou dans le sol
J’ai beaucoup utilisé cette technique, depuis Longotoma jusqu’à Mamiña, en passant par Santa Fe, Argentine.
Pratique, simple, économique et permet de faire chauffer plusieurs grandes casseroles à la fois si l’on a une grille assez résistante.
Le bois doit être une ressource renouvelable… J’utilise habituellement du bois mort, à Mamiña c’était du bois de récupération de construction. Enfin, j’ai même fait du troc pour récupérer un camion de déchets de construction d’une route. J’ai dû ensuite remonté tout ce bois jusqu’à ma cabane à mi hauteur de la colline… Mais j’avais enfin de quoi travailler… Il en est même resté beaucoup pour mes amis qui me prêtaient la cabane. Une partie de ce bois a aussi servi pour construire les cages de mes lapins angoras.
Cela permet de faire chauffer plusieurs casseroles à la fois.
Là, je ne pouvais pas faire un trou, j’utilisais le foyer prévu dans la reconstitution de maison du néolithique. Il était entouré de pierres, je les utilisées en rajoutant quelques une comme support pour mes casseroles.
Cette année, à Gletterens, j’avais une nouvelle casserole en terre, faite par mon amie Nora. C’est pas encore tout à fait néolithique, mais un peu moins anachronique que les casseroles récupérées à la déchetterie.
Cela faisait longtemps que je voulais tester les teintures dans une casserole en terre.
J’ai aussi adopté une nouvelle disposition des casseroles autour du foyer, que j’alimentais au centre.
A Rincón de Angel, nous avons acheté une cuisinière à bois, elles sont courantes dans la région, ici tout le monde se chauffe et cuisine avec.
Nous l’utilisions tous les jours pour cuisiner, j’en profitais pour mettre aussi une casserole de teinture naturelle. C’est très efficace car le bain se maintient chaud longtemps… J’ai donc beaucoup teint, tant que nous avions du bois…
Cela a deux inconvénients : cela brûle beaucoup de bois et cela fume quand c’est mal installé (ce qui était le cas). J’ai donc enfumé des tricots et des laines. J’ai eu beau les laver, la grisaille n’est pas partie.
Appareil acheté à Cuzco
A Cuzco, au marché, j’ai trouvé une petite structure en céramique très intéressante, elle était légère, pas chère, je n’étais pas très chargée pour une fois!
J’en ai profité, elle a fait le voyage entre mes jambes dans le bus, car elle était relativement fragile, par chance elle tenait dans mon sac, elle bien arrivée jusqu’à Mamiña où je l’ai beaucoup utilisée. Elle était très économique en bois, s’allumait facilement, je l’utilisais même pour préparer mon petit déjeûner…
Elle n’a malheureusement pas supporté le déménagement vers Puerto Montt et est arrivée en morceaux.
Lors de mon dernier voyage au Pérou, dans un marché, j’ai trouvé une version en tôle de cette « cuisinière« . J’étais très chargée lors de mon retour, je n’ai pas pu l’acheter. J’espère pouvoir en acheter une à la prochaine occasion.
Rocket stove, à Chinchero, Pérou
Avant d’acheter cet appareil en terre, je suis allée visiter le village de Chinchero, où de nombreux groupes de femmes teignent et tissent selon les traditions.
J’en ai profiter pour m’intéresser à leur méthode pour chauffer leurs bains de teintures, en voici une photo, elles en profitaient pour cuisiner aussi…
Au Brésil aussi, j’ai teint sur une « rocket stove« .
Fetapera malgache
Petite cuisinière très populaire à Madagascar, digne du film Ady Gasy de Lova Nantenaina (je vous le recommande vivement, disponible chez Latérite).
Lors de l’IFPECO à Antananarivo, nous avons fait presque toutes les démonstrations de teintures avec ces petites cuisinières, légères, économiques et économes, pur recyclage. Je les trouvé tellement sympathiques que je m’en suis achetée une que j’ai ramenée au Chili. Je l’ai utilisée à Concón où elle a fasciné mon ami Uldis.
Il y avait aussi de mini « rocket stoves« , intéressants mais trop lourds… pour mes bagages.
Chauffer au gaz
C’est plus courant, plus simple, mais pas forcément plus économique… Le gaz n’est pas une énergie renouvelable, sauf cas rare du biogaz.
Cuisinière industrielle
Pour le cours à Pica, les organisatrices avaient acheté deux cuisinières industrielles que nous appelons au Chili « fogón« . Elles sont basses et permettent de travailler facilement avec de très grandes casseroles.
Cela chauffe très vite, nous étions dehors, il y avait parfois du vent, j’ai trouvé cela assez dangereux. Et cela brûlait beaucoup de gaz, je n’ai pas compté combien de bidons…
Chez Rincón de Angel, nous utilisons aussi cela actuellement, il n’y a pas de vent dans le local, mais le feu ne peux presque pas se réguler et je préfère teindre avec une vieille cuisinière normale, le feu est plus petit donc moins violent avec la laine et c’est plus économique.
Cuisinière courante
Rien de plus banal.
Cuisine solaire
J’ai fait quelques essais à Longotoma…
A Concón, mon ami Uldis avait une cuisinière solaire parabolique, mais nous n’avons pas eu le temps de l’essayer. C’est vraiment dommage!
Teinture solaire à Gletterens
Chauffer à l’électricité
Si l’on n’a pas d’autres solutions ou si l’on ne paye pas l’électricité… Ce n’est pas toujours une énergie renouvelable, sa production provoque souvent des dégats et de la pollution.
Plaque électrique
Chez Couleur Garance, ils utilisent des plaques électriques pour les cours, elles sont facilement régulables.
Pour les cours, on teint souvent seulement des échantillons, on n’utilise donc pas d’aussi grandes casseroles que pour l’artisanat et la vente de laines.
Casserole à riz
A Iquique, je ne payais pas l’électricité, elle était comprise dans le loyer, j’avais acheté un cuiseur de riz tout rayé au marché aux puces pour à peine plus d’1 Euro, et il fonctionnait!
C’était un peu petit, mais j’ai pu faire quelque tests avec. Feuilles d’artichaudsrécupérées au marché, feuillage et fleurs de Bougainvilliers… furent mis à profit grâce à cette casserole.
Chauffer au Four a micro-ondes
J’avais vu une video dans le CD édité à la suite de l’ISEND à La Rochelle (France) auquel je n’ai pas pu participer, où ils estampaient du feutre en sérigraphie avec des encres naturelles et les fixaient au micro-ondes, j’ai donc cherché à m’en procurer un…
Iquique est une ville surprenante, sans TVA, c’est une zone franche. envahie de tout un tas de choses qui ne tiennent pas dans les maisons en général très petites, car cette ville n’a pas d’espace pour se développer.
Juste quelques jours avant de partir pour Mamiña, je me suis achetée un four à micro-ondes d’occasion, je l’ai assez souvent utilisé pour des tests pendant les premiers mois dans le kiosque de mon amie Raquel. Les contenants étaient encore plus petits et les échantillons se sont donc encore réduits, surtout des morceaux de ruban cardés pour feutrer. Les résultats étaient cependant intéressants.
Conclusion
Nous avons donc beaucoup de solutions… Il faut voir laquelle est la plus adaptée à sa situation, la plus économique et surtout la plus écologique…
J’aimerai faire des essais avec des fours et cuisinières solaires, la plupart des teintures n’ont pas besoin de bouillir… L’artisanat se combine mal avec l’urgence…
Toutes les expériences ne peuvent pas réussir, des erreures peuvent survenir à n’importe quel moment, en voici quelques unes. J’ai déjà fait un peu allusion à ce sujet dans un article précédent. Mais, comme la pratique diffère parfois de la théorie, je me permets d’y revenir…
La betterave
Une erreure courante est de croire que la betterave teint d’un joli rose, certains « spécialistes » l’affirme même à la télévision chilienne, je ne vois pas l’intérêt de diffuser de telles erreures.
J’ai essayé à plusieurs reprises, même en formations (en particulier à Santa Fe, Argentine), à titre de contre-exemple, soit avec des feuilles, soit avec la racine elle–même, rien à faire, je n’ai obtenu que des jaunes pâles, malgré un mordançage à l’alun.
Rien à faire, cela ne donne qu’un jaune décevant à moins de tricher en ajoutant des teintures chimiques ou de la cochenille.
Ecoprint ratés
J’ai raté plusieurs ecoprint avant de les réussir, j’ai consulté beaucoup de sources d’informations, sans vraiment comprendre quelles étaient mes erreures. Dans toutes les video et autres articles, il manque toujours un détail important.
Je doit remercier les deux participantes au stage que j’ai donné à La Redonda, Santa Fe, Argentine, pour leurs précieux renseignements et leur démonstration.
Il y avait des erreures au niveau du mordançage et certainement, je ne serrais pas assez mes rouleaux de feutre qui étaient trop moux, donc les feuilles n’entraient pas assez en contact avec la laine. Le feutre n’était pas assez feutré.
Mon plaisir a été très grand quand j’ai réussi mes premiers ecoprint.
Teinture en alambic
Chez mon amie Lucia de Rancagua qui prépare des huiles essentielles grâce à un petit alambic, pour ses crèmes à bases de produits de la ruche, nous avons fait plusieurs expériences.
L’une d’elles a été de teindre une écharpe en feutre, en ecoprint, à l’intérieur de son alambic. Nous avons réparti des feuilles de boldo sur une écharpe en feutre que nous avons enroulée et attachée, puis nous l’avons mise à l’intérieur de l’alambic au milieu de feuilles de boldo.
Le boldo contient des tanins, et donne une tisane d’une jolie couleur cuivrée. Cela aurait dû teindre joliement.
Mais l’écharpe est ressortie couleur crème et les feuilles se voient à peine. L’huile essentielle est sortie très sombre. Sans doute, les tanins sont partis dans l’huile essentielle. Les feuilles ont commencé à apparaître un peu plus après une longue exposition au soleil, à Mamiña.
J’ai aussi raté quelques shibori
Lors d’un petit atelier à la médiathèque de Loches, où habitent mes parents, nous avons essayé de faire des échantillons de shibori avec des enfants, avec des pelures d’oignons et de la cochenille, peut-être qu’ils n’étaient pas attachés assez serré, la teinture a pénétré sous les attaches dans les deux cas, la toile de coton était peut-être trop épaisse.
Bain d’indigo au plâtre
Il s’agit d’une erreure involontaire, on m’avait vendu du plâtre au lieu de la chaux. J’ai tout de même réussi à récupérer le bain en ajoutant de la chaux.
Le bleu tirait un peu sur le gris.
Essai d’indigo avec confusion de plantes
La persicaire ressemble beaucoup à une plante qui pousse un peu partout sur les terrains humides, nous en avons trouvé avec mon amie Lucia et nous en avons ramassé pour la tester.
Nous avons donc appliqué la technique de Michel Garcia dans son DVD pour extraire de l’indigo à partir de feuilles de pastel fraîches.
Nous n’avons obtenu qu’un jus jaune, qui n’a jamais donné d’indigo, nous l’avons utilisé pour teindre en jaune.
Nous avons aussi essayé de faire du savon, mais j’avais acheté une mauvaise graisse, celui-ci n’a jamais voulu durcir. Et cette graisse économique, beaucoup de gens l’utilisent pour fabriquer leur pain!
Lampaya
La lampaya est une plante médicinale (bonne pour les articulations, se prend en tisane), elle pousse dans la haute cordillère des Andes, dans le nord du Chili.
Lors du cours que j’ai donné à Pica, une des femmes en avait amené pour que nous l’essayions.
Nous avons toutes été très surpris d’obtenir un très joli pourpre, qui en outre s’est avéré très solide quand nous lui avons appliqué les modificateurs pour faire les fiches.
J’étais très contente, il est à noter que nous l’avions mise à tremper un ou deux jours avant de teindre.
Quand le cours a été fini, on m’en a donné un peu pour que je puisse l’utiliser sur mes laines.
De retour à Mamiña, j’étais très pressée de réessayer et j’ai oublié de faire tremper à l’avance. Je n’ai obtenu qu’un beige sans grand intérêt. Cela correspondait d’ailleurs à l’échantillon mis sur le livre concernant la teinture avec les plantes de l’Altiplano que j’ai trouvé à la bibliothèque de Pica.
Remplacement de l’alun par de la limaille d’aluminium
Lors du second atelier à La Redonda, à Santa Fe, Argentine, nous avons manqué d’un élément crucial : l’alun, devenu introuvable dans tout Santa Fe.
Quelqu’un à proposé que, comme nous utilisions de la soupe de clous pour remplacer le sulfate de fer, pourquoi pas utiliser de la limaille d’aluminium, l’une des stagiaires avait un voisin qui faisait des structures en aluminium. Elle lui en a demandé un peu et nous avons essayé dans une casserole.
Je doutais que cela fonctionne car je sais que l’aluminium s’oxide immédiatement et se protège ainsi, mais apparemment, il y a agit quand même, de même que l’aluminium des casseroles qui finissent par se percer à cause de l’acidité des bains de teintures.
Le problème, c’est que nous n’avons pas mis la limaille dans une pochette en tissu pour la séparer de la laine. Et voici le résultat.
Il m’est arrivé un problème un peu semblable lors d’une teinture au brou de noix, où celui-ci était resté collé dans du ruban de laine cardé, la couleur était très jolie, mais la laine inutilisable…
Teinture aux colorants alimentaires, erreures basiques
Je vivais à Longotoma, à 40 km de La Ligua, Centre du Chili, un ami menuisier qui m’avait fabriqué quelques métiers à tisser m’avait dit qu’il teignait le bois avec des colorants alimentaires. J’ai aussi vu plus tard sur internet des articles montrant ce genre de teinture.
Je suis donc allé en acheter quelques petites pochettes pour faire des essais, j’avais plusieurs couleur, j’ai pris deux écheveaux de laine, et je leur ai fait des rayures de toutes les couleurs, cela semblait intéressant, alors je les ai rincé, avec de l’eau et tout est parti, je ne crois pas que le mordançage aurait ajouté beaucoup.
Le bois ne se lave pas habituellement et la teinture le pénêtre. Les fibres textiles, elles doivent généralement pouvoir se laver.
Quand je vivais à la Quebrada del Pobre, je commençais seulement à teindre. On m’avais dit que les baies de Parqui teignaient, qu’on les utilisait autrefois pour marquer les sacs de blé.
Un jour, j’ai donc ramassé un peu de baies, mis un petit écheveau de laine dans une petite casserole avec de l’eau et un peu d’alun et mis à cuire sur le gaz, dans ma cabane très aérée.
Puis je suis sortie, le parqui est une plante normalment très puante, mais je ne m’imaginais pas que cela allait prendre une telle ampleur. J’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, tellement c’était nauséabond. Il en est cependant sorti un joli vert émeraude pastel. Mais je ne recommencerai pas.
Le parqui est médicinal, mais aussi toxique!
Que nous apportent les erreures
Nous devons souvent faire attention à de petits détails pour éviter des erreures. Mais celles-ci peuvent nous apprendre beaucoup. Si toutes les expériences réussissaient, ce ne serait plus intéressant.
Ces erreures me poussent à lire encore plus, à comparer les recettes, à faire plus d’expériences, à répéter les essais en faisant varier quelques détails… pour voir où se trouvent les erreures.
Il faut parfois aussi essayer d’oublier ce que l’on a appris en théorie et que l’on n’a pas testé soi-même. Beaucoup de recettes répètent des informations erronées, parfois sciemment, parfois par confiance dans la source utilisée…
Les questions posées lors des cours peuvent permettre d’être très créatifs pour les expériences, c’est pourquoi j’ai choisi de faire ma présentation pour l’IFPECO sur les ateliers à La Redonda (www.academia.edu, www.slideshare.net), même une question qui peut paraître idiote peut déboucher sur quelque chose de très intéressant.
Les plantes toxiques doivent représenter moins d’1 % des plantes en général. J’essaie de les éviter, c’est pourquoi je collectionne les livres de botanique, je m’informe. Dominique Cardon en signale certaines dans ses livres.
Les livres sur les plantes médicinales donnent aussi beaucoup d’informations.
Même des plantes qui servent habituellement de fourrage pour le bétail, ou d’aliments pour les humains peuvent être ou devenir toxiques dans certaines conditions. Certaines plantes doivent être cuites pour être consommées, comme par exemple la rhubarbe ou le tapioca.
Il y a un mouvement, parti d’Angleterre, « Incredible Edible » (quelque chose comme comestibles incroyables) qui tend à remanger les plantes sauvages. Il y avait lors de l’atelier d’ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin, une femme qui avait un restaurant à Chinon, où justement elle ne servait que des plantes sauvages. Une meilleure connaissance de la botanique peut nous amener à modifier profondément notre alimentation. George Oxley à écrit sur ce thème.
Ce mouvement est entrain de prendre de l’ampleur, récemment au Brésil, j’ai eu l’occasion de consulter un livre passionnant et très détaillée à ce sujet.
Dans la même collection, il existe un livre sur les plantes toxiques et un autre sur les plantes médicinales, ils sont très documentés.
Un peu d’histoire des teintures toxiques
La toxicité de certaines plantes n’a pas toujours fait peur aux teinturiers…
La daphnée ou trentanelle
Elle a été très longtemps utilisée par les ateliers de teinturiers, elle poussait sauvage et était récoltée pour teindre en jaune en remplacement de la gaude (reseda luteolens) surtout dans le midi de la France tout en sachant qu’elle provoquait la cécité des ouvriers teinturiers et certainement aussi des pauvres gens qui les ramassaient (cf. Dominique Cardon).
Cette plante qui était utilisée au moyen-âge pour empoisonner les flèches des soldats est proposée comme source d’indigo par un manuel de teinturerie qui date de peu après la Révolution Française « L’art de la teinture des fils et des étoffes de coton » signé par Le Pileur d’Apligny, an VI, 1798 (ce document très intéressant est disponible gratuitement sur internet).
Apparemment, l’auteur n’a pas été suivi. Heureusement, parce qu’anciennement les tinturiers en indigo goûtaient leurs bains pour savoir s’ils étaient prêts.
Il y a aussi une sorte d’indigo dans la scabieuse et dans les cardères ou « cabarets des oiseaux » qui ne me semblent pas toxiques et en plus ils sont mellifères. Cela pourrait valoir la peine de développer ces plantes… en outre, les cardères servait à carder la laine…
Outre, les plantes elles-mêmes, les teinturiers n’hésitaient pas utiliser des métaux aussi dangereux que l’arsenic et le plomb. Beaucoup de manuel de teintures végétales relativement récents parlent de mordançage au chrome et à l’étain, parfois sans indiquer leur dangerosité. Le cuivre et l’aluminium semblent ne pas être sans danger.
Comment connaître les plantes toxiques?
L’idéal est de prendre des précautions, India Flint raconte dans un de ses beaux livres sur l’ecoprint (que l’on m’a prêté très gentiment pour quelques jours à Santa Fe, Argentine) comment en arrivant en Inde, elle avait testé les feuilles d’un arbre très toxique sans le savoir.
Telabotanica et d’autres applications de ce style peuvent nous aider, il y en a plein de disponible sur mobile.
Différences de points de vue entre l’Europe et l’Amérique
La rue (ruta graveolens) réputée toxique en France, est couramment utilisée au Chili contre les douleurs abdominales, elle était utilisé dans les couvents et ardemment recommandées dans les écoles catholiques pour réduire les désirs sexuels. On la trouve en pots, dans presque tous les commerces, elle est sensée porter chance.
Le ricin dont les graines sont très toxiques, une amie argentine de Santa Fe, me racontait qu’elle jouait à la dinette avec les feuilles quand elle était petite. Lors du stage à La Redonda, elle a bien joué du marteau avec ces feuilles. le résultat était intéressant, cette feuille a de grosses nervure qui rendent bien.
La plupart du temps les teintures obtenues à partir de baies ne sont pas solides au lavage, alors pourquoi se compliquer la vie avec des baies toxiques.
On peut souvent obtenir le même résultat avec des baies alimentaire (myrtille, cassis, mûres…), par exemple en utilisant les résidus de la fabrication de gelées.
Le ricin
On extrait l’huile de ricin (castor oil) sans danger, des graines très toxiques, cette huile est utilisée pour mordancer les fibres végétales, ainsi que l’explique Michel Garcia.
Les plantes entières
Cigüe
Pas besoin de présenter la cigüe, connue pour avoir tué Socrate. J’ai vu indiqué dans un manuel de teintures naturelles que le liber de cette plante teignait. Je n’essaierai pas.
Et pourtant cette plante aurait des vertus mécidinale pour des maladies des articulations.
Le datura
Plante importante dans la médecine traditionnelle Mapuche, qui a de nombreux noms en espagnol (estramonio, miyaya, chuchampe, coco del diablo, toloache…) est en outre halucinogène. Toutes ses parties sont toxiques.
Une amie de mes parents qui savait que je teignais avec les plantes m’en a ramené une pleine cargaison un jour de son jardin, j’ai dû refuser le cadeau. Si même la fumée quand la plante brûle est dangereuse, que penser des vapeurs et de ce qui peut rester dans le fibres?
Depuis, en écoutant les conférences de Gérard Ducerf sur Youtube, j’ai appris que c’était une plante bioindicatrice.
Le parqui
Le parqui ou palqui (parqui cestrum) est une solanacée très courante dans la région centre du Chili. Les habitants de La Ligua m’avaient dit que les anciens utilisaient les baies noires pour marquer les sacs de blé.
C’est une plante médicinale, mais elle peut être assez toxique pour tuer des vaches qui viennent d’une zone où cela ne pousse pas, elles ont vue du vert, elles ont mangé bien que cela sente très mauvais et en sont mortes.
Je ne connaissais pas encore l’histoire des vaches de Longotoma. Des paysans avaient achetés de grosses vaches du Sud et pensaient les alimenter avec de l’herbe rase et sèche à Los Romeros, où j’ai habité. Ces vaches ne connaissaient pas le parqui, sur 150 vaches, une cinquantaine en sont mortes. A Concón, chez mon ami Uldis, les vaches et les chevaux connaissaient le parqui et ne s’en approchaient pas, les seuls citroniers que ces animaux n’attaquaient pas étaient protégés par un pied de parqui!.
J’ai essayé de teindre avec les baies de parqui, j’en ai mis un peu dans une petite casserole avec de l’eau et 100 grammes de laine et un peu d’alun. Cela sentait si mauvais que j’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, bien que la cabane était très ventilée…
J’ai obtenu un vert émeraude très clair qui m’a beaucoup plu, mais je n’ai jamais recommencé. C’était une de mes premières expériences quand je vivais à La Quebrada del Pobre, à 8 km de La Ligua.
Traditionnellement, on nettoie les braises dans les fours à pain avec des branches de parqui, il intervient dans un certain nombre de superstitions.
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Ce bel arbre que l’on rencontre dans certains jardins, et même dans les rues (à La Ligua – Chili, par exemple) est très toxique, curieusement ses fleurs attirent les abeilles.
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Cette jolie plante, sert à fabriquer des médicaments pour le coeur. Je préfère m’abstenir d’y toucher.
Arnica, aconit, belladone, muguet, saut de salomon, Laurier cerise…
La liste est longue… et elles ont presque toutes des propriétés médicinales…
Il faut considérer que pratiquement toute la famille des euphorbes comme toxique et aussi grande partie des solanacées, ainsi même toute la plante de la pomme de terre est toxique, sauf le tubercule que l’on consomme et celui-ci peut aussi être toxique s’il verdit à la lumière.
Il y a un curieux jardin au Nord de l’Angleterre, à Alnwick, qui ne regroupe que des plantes toxiques… Ces plantes sont certainement très toxiques, mais elles sont biodégradables, ce qui n’est pas le cas des polluants chimiques…
Je viens de découvrir en cherchant la video sur le jardin anglais, qu’il avait un équivalent en France.
Les champignons
Beaucoup de champignons teignent, ils peuvent donner tout l’arc-en-ciel, comme en témoigne le livre de Marie Marquet et celui de Miriam Rice et Dorothy Beebee que l’on m’a donné à Kuching.
Malheureusement, la plupart de ceux qui teignent sont toxiques, comme les cortinaires, par exemple.
Le champignon de Paris n’est malheureusement pas mentionné comme tinctorial, c’est dommage. Il y a tout de même quelques cèpes dans la liste,,,
Je ne les pas testés. Mon ami Hilaire, à Antsirabé, Madagascar, teint avec un champignon qui pousse sur l’eucalyptus, mais il ne semble pas toxique.
J’ai seulement testé des lichens appelé « barba de palo » au Chili (barbe de bois) qui donne un joli marron roux, il est assez rare et pousse lentement, je ne pense pas qu’ils soient toxiques. Cette teinture est réputée solide et anti-mites.
Conclusion
Il y a tant de plantes non toxiques qui teignent, pourquoi allez essayer celles qui sont toxiques? Sauf par ignorance.
Quand on a des doutes, mieux vaut teindre à l’extérieur, ne pas respirer le vapeurs et travailler avec des gants imperméables…
La prudence est de mise, mieux vaut s’informer et développer des connaissances botaniques qui en outre peuvent nous aider à nous soigner naturellement.
J’ai certainement oublié de nombreuses plantes toxiques, alors étudions un peu la botanique… Il est parfois difficile d’avoir des informations sur des plantes qui paraissent être des « mauvaises herbes » invasives.
Par exemple, j’aimerai en savoir plus sur cette plante, j’espère qu’elle n’est pas toxique, elle m’a donné un très joli jaune sur la laine mordancée à l’alun, elle attire les abeilles, mais telabotanica ne me donne pas de réponse correcte, car ils sont plus centrés sur les plantes européennes…
Par hasard, je viens de retrouver cette plante derrière le FabLab de Loches (dont je parlerai dans un prochain article).
On vient de me dire qu’il s’agissait de renouée du Japon, ses jeunes pousses sont comestibles et c’est une plante bio-indicatrice pour les métaux lourds, mais n’en contient pas selon Gérard Ducerf. Elle est plutôt invasive. Il faut donc profiter des jolis jaunes qu’elle nous fournit, sans se priver.
Je viens de lire un livre qui doit être pratiquement introuvable, il date de 1968 et a été édité par Robert Morel, maison d’édition qui a malheureusement dû fermer depuis longtemps. C’est une traduction de l’anglais-américain et parle surtout des plantes toxiques d’Amérique du Nord, mais on en retrouve beaucoup en Europe…
C’est intéressant car il fait déjà des remarques concernant les agrochimiques et mentionne le livre de Rachel Carlson « Silent Spring ».
Les arbres sont de bons fournisseurs de matières premières pour la teinture. Certaines espèces ont été mise en danger, ils ont été surexploités. L’histoire montre que le commerce des matières tinctoriales a fait bien des dégats du point de vue écologique. Beaucoup d’espèces courantes peuvent nous servir, pourquoi aller chercher plus loin?
Certains arbres sont encore cultivés pour la teinture et les tanneries. Beaucoup de bois contiennent des tanins qui sont utiles pour ces deux activités.
Selon les espèces d’arbres, les différentes parties peuvent donner différentes tonalités.
Les feuilles
Cette partie de l’arbre est renouvelable, ont peut profiter des tailles annuelles et de la chûte des feuilles à l’automne. Et comme un arbre donne beaucoup de biomasse, l’on a vite fait de remplir une casserole pour teindre.
En petites quantité, l’écoprint est une technique qui permet de mettre en valeur tous les détails de chacune d’entre elles. Même une simple aiguille de pin australien peut donner des résultats inattendus.
Les arbres fruitiers
J’ai fait quelques tests avec des feuilles de cognassiers, quand je vivais à Mamiña, avec des feuilles d’abricotier, de kaki, d’avocat, de néflier quand j’étais à Longotoma. Je n’ai malheureusement pas étiqueté les échantillons.
Les indigotiers
Les indigotiers sont cultivé pour leur feuillage qui une fois fermenté donne de l’indigo, qui est à la fois pigment et teinture. Cette teinture ne se fait pas à chaud, mais dans un bain tiède, fermenté et alcalin.
Outre la teinture, les feuillages de d’indigotiers peuvent, comme pour beaucoup d’arbres, servir de fourrage pour les animaux.
Les indigotiers on besoin d’un climat chaud et humide pour pousser et donner de l’indigo. Pour les autres climats, il y a d’autres plantes : persicaire, strobilanthes, pastel…
Les eucalyptus
Au Chili, nous avons que deux ou trois espèces, surtout le globulus, mais ils sont très intéressants du point de vue tinctorial, bien que très mauvais pour les sols.
En Australie, il y a plus de deux cents espèces d’eucalyptus, je suis très curieuse de voir cela. Susan Fell Mclean de Gondwana fait de merveilleux écoprint en les utilisant et vend des colorants à base de ces arbres.
Le pin australien ou cuarasiña
J’ai beaucoup utilisé cet arbre au pied de la colline ou j’habitais. Il était grand et gènait le passage des camions, régulièrement ils lui arrachaient des branches, je les récupérais. C’était une source inépuisable.
J’ai été très contente d’en retrouvé près du Lac Andraikiba, là où habite mon ami Hilaire, j’ai beaucoup aimé les traces fines et élegantes que laissent les aiguilles, passées à la soupe de clous, en ecoprint.
Le poivrier rose (schinus molle)
Je l’ai beaucoup utilisé à Mamiña, mais on le trouve encore en zone centrale (j’en ai vu à La Ligua et à Limache), c’est un très bel arbre, au bois très léger et odorant qui orne la place centrale de Copiapó. Il teint d’un très beau jaune et aussi d’un joli vert encore lumineux au fer.
Les arbres sacrés teignent aussi
Le Canelo, arbre sacré des Mapuche, teint très joliment en jaune, habituellement en association avec le noisetier du Chili.
Autres arbres
Boldo, molle, litre, peumo, guayacan, buddleya…
L’écorce
Encore une fois l’eucalyptus
Les écorces d’eucalyptus sont faciles à obtenir, nos eucalyptus les perdent naturellement, ils ne souffrent donc pas quand on la récupère. Elles libèrent de grandes quantités de teinture, laisser tremper quelques jours pour obtenir de meilleurs résultats, l’une de mes premières teintures à Longotoma. Pas de mauvaises surprises, cela marche à tous les coups.
Autres essais
Je n’ai fait que peu d’essai avec des écorces pour ne pas abîmer les arbres. Mais j’ai récupéré des écorces de Luma sur du bois de chauffage, et cela m’a donné des beiges.
Le bois
Teindre avec de la sciure
J’ai testé la sciure de mélèze, déchets de production d’un artisan de Puerto Montt, le résultat a été très intéressant, il faut faire attention à protéger la laine de la sciure qui s’accroche sur la laine.
Le bois de campêche
Il est vendu en brisures, je me suis fournie chez Couleur Garance, j’ai été surprise par la quantité de bains que j’ai pu faire avec aussi peu. Même problème qu’avec la sciure, cela s’accroche dans la laine. Il est réputé petit teint, mais les couleurs m’ont beaucoup plu.
Les racines d’arbres
Je n’ai jamais essayé de teindre avec des racines d’arbres, vu que j’essaye de respecter le plus possible la nature, arracher des racines peut tuer un arbre, pourquoi le faire, s’il donne déjà tant de possibilités sans le mettre en danger?
Les fleurs d’arbres
J’ai fait peu d’essais avec des fleurs d’arbre, j’ai essayé les fleurs du quintral seules, le résultat est le même si j’emploi la plante parasite complète.
A Santa Fe, Argentine, lors de l’atelier à La Redonda, nous avons essayé les fleurs tombées de jacaranda et à La Ligua les fleurs de ceibo de la place.
Le,sophora est connu pour donner un beau jaune, mais je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer.
Il vaut mieux travailler avec des fleurs fanées, tombées de l’arbre, ainsi on ne pertube pas la fructification.
Michel Garcia, m’a fait une démonstration très intéressante de teinture au kaki, en l’utilisant comme mordant.
Les gousses de tara sont intéressantes, nous les avons utilisées lors du cours à Pica, nous avons épluché les graines, une dame les a semé, elles ont germé, nous avons teint avec leur gousse. Elles contiennent des tanins, nous avons obtenus des beiges et des gris en mordançant au fer, normalement on aurait dû obtenir un rouge pourpre, un ami artisan, m’a raconté qu’il avait tanné des cuirs au tara et avait écrasé les gousses avec un outil en fer et ses cuirs avaient été teints en plus d’être tannés.
Arbres à savon
Dans toute la zone centrale du Chili pousse le Quillay (ce qui signifie savon en mapudungu). L’écorce de cet arbre médicinal et mellifère contient beaucoup de saponine. On en fait des shampoings et on l’utilisait pour laver la laine. Il est aussi sensé protéger la laine des mites.
Parasites des arbres
A Antsirabe, Madagascar, mon ami Hilaire teint avec des champignons qui poussent sur les eucalyptus qui donnent de très jolis marrons. Nous sommes allés en chercher, il n’y en avait pas, je n’ai pas pu les photographier.
Les galles du chêne sont bourrées de tanins, elles servent de mordant naturel. Elles sont produite lors de la ponte d’une guêpe, ce qui crée des boules sur les rameaux de l’arbre qui tente de se défendre.
En zone centrale du Chili, il y a le quintral qui pousse sur de nombreuses espèces d’arbreet notamment sur le molle, donne de jolis marrons roux très lumineux, le résultat varie selon l’arbre hôte du quintral, sur certains arbres, cela ne donnera que du beige.
Les résines d’arbres
Beaucoup d’arbres donnent des résines utiles, notamment certains acacias qui donne la gomme arabique. Celle-ci se dilue dans l’eau et permet d’épaissir des teintures pour imprimer ou peindre sur tissus et pour faire des encres naturelles.
Conclusion
Il y a beaucoup à explorer… Cet article est destiné à s’allonger considérablement lors de mon voyage autour du monde, j’espère rencontrer de nombreux arbres tinctoriaux et vous les faire connaître…
Comme ils sont admirables ces arbres, je ne peux que vous conseiller d’écouter cette conférence de Francis Hallé et un peu de poèsie avec Gilles Servat.
Grand teint et petit teint – Article mis à jour le 27 janvier 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Grand et petit teint, définition
Quand on achète un vêtement teint naturel, on est en droit d’exiger que la teinture soit solide à la lumière, au lavage, au frottement et si possible à la sueur… Si la teinture résiste à ces différents tests, on peut dire qu’elle est grand teint… on est curieusement moins exigeant avec les couleurs chimiques.
Certaines teintures très luxueuses, notamment le rose de carthame, sont connues pour être de petit teint, car elle ne résiste pas à la lumière. Elles étaient souvent utilisées pour des robes de soirée qui n’avaient pas besoin de supporter la lumière du soleil.
Tests de solidité à la lumière
Les rayons ultra-violets ont tendance à détruire les couleurs. Le test le plus simple est d’enrouler un échantillon de fibres teintes sur un morceau de carton. On en cache la moitié avec un carton noir et on l’expose pendant quelques semaines au soleil, ou quelques heures à une lampe à ultraviolet. Puis, on enlève le carton noir et on constate les modifications…
Tests de solidité au lavage
On lave à plusieurs reprise un échantillon de fibres et on compare avec un échantillon non lavé.
On attache ensemble des fibres teintes et les mêmes fibres non teintes, bien serrées. On lave à plusieurs reprises. Une fois l’échantillon sec, on dénoue et vérifie que les fibres teintes n’ont pas déteint sur les autres.
Tests de solidité au frottement
On frotte très sérieusement à sec un échantillon de fibres teintes et on compare avec les mêmes fibres non frottées. Il existe des machines à cet effet.
Grand teint, notion européenne
Au cours de l’histoire de la teinture, on parle beaucoup de grand teint et de petit teint en Europe. Depuis le Chili, où je vis depuis plus de vingt ans, je n’ai pas l’impression que cette thématique soit si importante.
Je suis surprise de voir la quantité de sites web et d’articles (nord ou sud américains) prônant des teintures au choux rouge, au phytolacque, au curcuma, avec des baies… sans mentionner qu’ils sont petit teint et que ces couleurs changent avec le pH.
Certains prônent même la betterave rouge, ce n’est qu’illusion. Dans le meilleur cas, quand on lave, on obtient un jaune pâle. Lors de formations, nous faisons des tests, pour éliminer les doutes.
Effectivement, ce sont des couleurs fascinantes et faciles à réaliser… mais tellement peu durables. On y découvre de jolis roses et violets, malheureusement si peut durables…
Il est vrai que dans notre société de consommation effrénée, l’on n’a plus besoin de durabilité. Les modes passent si vite que les vêtements n’ont pas le temps de se décolorer.
Textiles anciens
Les textiles précolombiens étaient bien en grand teint. Ils ont encore des couleurs très vives, les mêmes qui ont surpris les Espagnols lors de leur arrivée… D’autant plus que nous voyons maintenant après qu’ils aient passé plusieurs siècles dans des conditions chimiques assez rudes, en plein désert…
Il faut dire que ces vêtements étaient certainement faits pour durer, on a même retrouvés des momies avec des vêtements très luxueux rapiécés et racommodés dans certaines tombes dans le désert d’Atacama.
À l’époque, la couleur étaient un luxe. Dans les périodes les plus anciennes, elle n’était employée que pour de fine lignes, ou des bordures… mais en grand teint. Souvent les matières tinctoriales voyageaient sur des distances considérables.
Vous pouvez avoir un petit aperçu de la qualité de l’art textile précolombien en téléchargeant ce merveilleux livre « Awakhuni« , mis à disposition par le « Museo Chileno de Arte Precolombino de Santiago de Chile« .
Un peu d’histoire
De tout temps, il y a eu des tricheurs, de nombreux papyrus égyptiens et des tablettes sumériennes mentionnent des recettes pour imiter la luxueuse pourpre du murex avec de la garance et de l’indigo. Ce qui n’étaient tout de même pas être des teintures bas de gamme.
Pour les périodes anciennes Dominique Cardon cite de nombreux détails dans ses livres.
Concernant le Moyen-âge, la référence est Michel Pastoureau. Il a étudié très en détails tout ce qui touche au thème des couleurs en Europe. Sur d’autres continents, il y a en effet d’autres conceptions de la couleur, qui sont entrain de s’effacer.
Par exemple, le jaune, peu apprécié en Europe est très importante en Asie, notamment en Chine, où il est réservé à l’Empereur. Au Japon, on donne beaucoup d’importance à l’opposition brillant/mat…
En Europe même, la conception des couleurs a évolué dans le temps.
Je suis actuellement entrain de lire « Jésus chez le teinturier » de Michel Pastoureau.
Evolution des règlements
Dans ses nombreux livres sur ce sujet, il explique comment les ateliers de teinture étaient séparés couleur par couleur. Par exemple, il n’était pas possible de mélanger du jaune et du bleu pour obtenir du vert, c’étaient des ateliers séparés. C’était pourtant facile deux bains consécutifs. En outre, les ateliers étaient aussi souvent séparé selon les fibres qu’ils teignaient : soie, laine, lin… Et ceux qui teignaient en petit teint ne pouvaient pas teindre en grand teint.
Dès les années 1240, en Italie, ont été rédigés des textes réglementant très précisément les matières tinctoriales de grands et petits teints.
En France, en 1634, un règlement de Colbert définit une liste très stricte de matières tinctoriales qui sera respecté durant plusieurs siècles, jusqu’à la synthèse des premières anilines, à partir de 1856, qui ne seront d’ailleurs pas de grand teint.
Liste non exhaustive de teintures grand teint :
Garance
Kermes
Pastel, l’indigofera a eu beaucoup de diffiicultés à entrer dans la liste pour des raison de protectionisme
Gaude
Sarrette des teinturiers
Noyer
Le mordançageinfluence aussi sur la solidité de la teinture.
Grand teint sérieux contre petit teint populaire?
En général, les plantes grand teint sont cultivées (pastel, garance, gaude…), par opposition à de nombreuses plantes sauvages récoltées pour les teintures plus populaires, surtout dans les tons de jaunes et marron. On mordance souvent les teintures plus populaires, sans alun (avec du sel, de la cendre, de l’urine…). Elles peuvent se reteindre plusieurs fois… (voir les tableaux des Frères Le Nain).
De nombreuses teintures étaient aussi importées de fort loin, elles n’étaient pas toutes de grand teint, mais permettaient d’économiser sur certaines matières premières très coûteuses. C’était, par exemple, le cas du fustet qui entrait en petites quantités dans de nombreuses recettes.
Certaines plantes étaient très controversées, comme par exemple, le bois de Campêche, très connu pour son noir mordancé au chrome, mais qui n’avait pas d’équivalent.
Conclusion
J’essaie dans la mesure du possible de teindre en grand teint, car c’est dommage de passer du temps, d’utiliser de l’énergie et des fibres coûteuses, pour des couleurs qui s’effacent avec le temps. En général, je laisse sécher mes laines après les avoir teintes et après je les lave et les laisse sécher à nouveau à l’ombre.
Mais il faut reconnaître que l’on ne fait plus bouillir la lessive comme avant, mais il serait dommage de faire un tableau qui pâlirait avec le temps… C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec beaucoup de tapisseries anciennes où les verts on pratiquement disparus, par manque de solidité.
Un certain nombre de plantes locales chiliennes ne sont évidemment pas définies dans le règlement de Colbert. Certaines peuvent être de grand teint (plantes à tanins, par exemple), d’autres certainement pas. Il faudrait faire des tests.
// Déchets bons pour teindre /// Article créé le 12 janvier 2018, dernière mise à jour le 12 octobre 2022 Je suis en Europe jusqu’au 11 novembre 2022, date de retour au Chili – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Des déchets tinctoriaux
Teindre avec des déchets peut être très facile, simple, économique… C’est une forme de recyclage et de mise en valeur efficace. N’en attendez pas les rouges et le bleu, de tout temps des plantes ont été cultivées pour cela… Mais vous aurez des jaunes, des verts pâles, des verts olives-bronze, des marrons, des beiges, des gris, toute la gamme classique des teintures naturelles…
Aller au marché et revenir avec des teintures-déchets
Au marché ou chez les marchands de légumes, on peut récupérer les pelures d’oignons, les queues et feuilles d’artichauds, les fanes de carottes, des légumes trop fanés, pommes piquées, avocats trop mûrs… j’ai même teint avec du coriandre qui avait jauni et était invendable, mais a teint en jaune.
Je n’ai pas encore essayé, mais les feuilles de laitue, blettes, épinards… devraient aussi donner des jaunes.
Il est donc très intéressant d’avoir de bonnes relations avec son marchand de fruits et légumes, une bonne occasion pour abandonner le supermarché… Cela peut être une bonne occasion de chercher à se fournir en circuit court.
Il ne faut pas hésiter parfois `mettre sa honte dans un mouchoir et ranger le tout dans sa poche. Par expérience, je sais que les écorces de citron teignent. Un matin, au petit supermarché de Gletterens, les employés triaient les invendus de fruits et légumes et je me suis permise de demander les citrons qui allaient partir à la poubelle. Ma demande a été accueillie favorablement.
Un autre moyen d’obtenir des déchets alimentaires, en particulier, avec les restaurants pour les épluchures d’oignons, les vendeurs de jus de fruits naturels pour les noyaux de mangues, d’avocats, de pêche, d’abricots… les écorces de citrons, oranges, pamplemousses, les épluchures de pommes, coings, poires, avocats… tout cela doit être essayé.
Si vous avez des arbres fruitiers, souvent, il perdent des fruits avant maturation, ces petits fruit sont en général bourrés de tanins, il est donc intéressant de les ramasser pour faire des essais de teinture.
A Puerto Montt, il font beaucoup de chicha à base de pommes, certaines femmes utilisent les restes de pommes écrasées pour teindre.
Les noyaux de mangues m’ont donné de très bon résultat quand je vivais à Mamiña.
Les épluchures d’oignons sont très intéressantes, surtout avec les vieux oignons qui ont été gardés pendant l’hiver. Il faut laisser tremper pendant plusieurs jours avant de teindre, et laisser mijoter le plus longtemps possible. On m’a mentionné plusieurs fois la coutûme de teindre des oeufs à Paques, avec des épluchures d’oignons ficelées autour des oeufs.
Laissez tomber les feuilles de betteraves, ceux qui en parlent ont seulement « entendu le coq chanter » (expression chilienne siginifiant que l’on ne sait pas de quoi on parle). Dans le meilleur des cas, on obtiendra un jaune pâle très décevant, le rose partant au premier rinçage. Je fais souvent la démonstration lors des cours. Cela peut teindre des sels de bains, mais le choux rouge, m’a donné de meilleurs résultats, j’avais aussi essayé les cerises.
Le choux rouge et les différentes baies qui tachent bien, risquent d’être aussi décevants, vu leur instabilité et leurs variations en fonction de l’acidité, lors du lavage. Mais cela peut être mis à profit pour des expériences avec des enfants. J’en parlerai certainement dans un prochain article.
Songez à garder les coques de fruits sec (noix, pistaches, noisettes, chataignes…). Ces fruits sont excellents pour la santé et leurs coques sont bourrées de tanins.
Les feuilles toxiques de rhubarbes donnent de jolis jaune ocre, sans danger.
Ils teignent en jaune, verts et gris selon les mordants. Vous aurez la surprise de découvrir qu’ils sont tout aussi piquant cuits que crus.
Les coquelicots
D’après Dominique Cardon, leurs pétales teignent en rouge, je n’ai pas encore essayé, il en faut de grandes quantités et au Chili les coquelicots sont mauves !
Je les ai cueilli, jour après jour à Nemours et j’ai testé à Gletterens.
Les jeunes rameaux donnent de très jolis jaunes, vert olive et gris, selon le mordant, il en sort une très bonne odeur de confiture de mûres. Comme pour les chardons, les épines résistent à la cuisson. Les mûres comme toutes les baies sont plutôt décevantes, mieux vaut les manger.
Les orties
Si vous ne les mangez pas en soupe ou ne les utilisez pas pour faire du purin ou du shampoing, elles teignent aussi, je n’ai pas encore l’occasion d’essayer, une fois sèches ou cuites, elles ne piquent plus… Michel Garcia en parle dans un de ses livres.
A Gleterrens encore, je les ai testé et pour la teinture et pour les fibres.
Les rumex
Très mal vue par les agriculteurs, cette plante bioindicatrice est très intéressante, car elle contient beaucoup de tanins clairs, ce qui permet de l’utiliser comme mordant naturel en combinaison avec d’autres plantes. L’idéal est d’utiliser les racines, mais celles-ci peuvent être difficiles à arracher, dans ce cas le reste de la plante peut être utilisé.
Le quintal
C’est un parasite qui attaque de nombreuses espèces d’arbres au Chili et selon la plante hôte, le résultat va du beige au marron roux très lumineux, c’est une teinture que j’apprécie beaucoup.
…et j’en oublie beaucoup de ces plantes méconnues… évitons tout de même les plantes toxiques comme le datura! d’autant plus qu’elles ont aussi tendance à concentrer les métaux lourds et les pesticides qu’elles adorent.
Votre voisin taille ses haies ? encore des déchets utiles
A Iquique, en plein centre ville, au coeur du désert, un voisin a taillé son Bougainvillier un peu trop encombrant. Il avait de jolies fleurs roses fuchsia… c’était pour moi une vraie aubaine. Il ne faut pas avoir honte, j’avais là une matière première de choix, j’en ai ramassé deux gros sacs que j’ai partagés avec une amie, Jeannette Baeza, qui faisait des colliers avec des fleurs séchées.
A Santa Fe, en Argentine, ville pleine de verdure, avec mon amie Lucrecia, nous avons récupéré pour les deux ateliers de nombreuses plantes que les voisins avaient taillées…
Les rosiers, notamment, les feuilles donnent des résultats très intéressants en ecoprint, je crois que c’était l’une des plantes préférées de mon ami Hilaire à Antsirabé (Madagascar).
Les troënes, le chèvre-feuille, buddleia, le lierre, l’hortensia et de nombreuses autres plantes grimpantes ou utilisées pour les haies, peuvent teindre (attentions certaines peuvent toxiques).
Vive les feuilles mortes
Certains les jettent, c’est dommages car nos sols en on besoin pour se régénérer et se protéger. Mais on peut aussi teindre avec, elles contiennent souvent beaucoup de tanins et des flavonoïdes… en bref, des marrons, des jaunes, des verts bronze et olive, des gris…
Fleurs fanées
A Iquique, j’ai essayé les fleurs fanées d’hibiscus rouge, j’ai eu la grande surprise d’obtenir un joli vert clair quand j’ai ajouté l’alun.
A Santa Fe, lors de l’atelier à La Redonda, nous avons essayé les jolies fleurs mauves de jacaranda tombées au sol, le résultat a été un joli brun roux.
On peut aussi profiter des déchets des fleuristes, une plante n’a pas besoin d’être présentable pour teindre, il y a beaucoup de feuillages très intéressants pour les ecoprint que le fleuriste du quartier doit jeter, pourquoi ne pas les lui demander?
Les écorces et racines
Je ne vous conseille pas d’arracher des écorces et des racines sur des plantes vivantes, car cela peut les mettre en danger.
Mais on peut profiter des bois de taille des arbres fruitiers, j’ai, par exemple, essayé l’abricotier, quand je vivais à longotoma, cela m’a donné un beige rose pâle intéressant, les feuilles m’on donné du vert.
On peut aussi récupérer les écorces sur les bûches de bois de chauffage, c’est là que se concentrent les tanins. C’est ainsi que j’ai teint avec des grosses écorces d’eucalyptus.
Sciure de bois
J’ai testé la sciure de mélèze que je m’étais procurée auprès d’un artisan en bois, cela m’a donné une jolie couleur cuivrée.
Je n’ai pas encore essayé le BRF (bois raméal fragmenté) qui est très utilisé en permaculture, je suis curieuse de voir le résultat.
Noyaux et épluchures d’avocats
Pour les amateurs de thé et de maté, gardez vos déchets
Ces déchets-là aussi fonctionnent…
Le thé
C’est une grande source de tanins, il peut teindre presque tout, très solidement (s’éclaircit avec du jus de citron), en beige. Si on en consomme beaucoup, cela peut valoir la peine de garder les restes pour teindre…
Le maté
A Santa Fe, en Argentine, tout le monde boit du maté à longueur de journée, nous avons donc récupéré les déchets d’une seule journée, cela nous a suffit, car la casserole était petite, elle était elle-aussi de récupération…
Le café
Je n’ai pas encore essayé, car au Chili, on n’a pas de culture du café, on boit du café en poudre qui n’a plus rien de naturel, je ne peux donc pas récupérer des quantités suffisantes de marc de café, d’autant plus que le café est grillé durant la torréfaction, ce qui doit éliminer des composants de la graine.
Mais, le caféïer est une rubiacée, donc de la même famille que la garance. A Madagascar et en Equateur, j’ai vu l’arbre, mais je n’ai pas eu l’occasion d’essayer.
Le cacao
Je n’ai pas essayé, il me semble qu’il a plus d’affinité pour les graisses que pour l’eau, ce qui complique les choses en teinture textile, si l’on doit pouvoir laver… À la suite d’un cours que j’ai donné à Santa Fe, Argentine, des animatrices d’un centre culturel l’ont essayé. Je ne sais pas quel a été le résultat.
Déchets modificateurs
Urine
L’urine a été employé comme mordant ou modificateur depuis les temps les plus anciens, elle apparaît dans de nombreuses recettes de teintures, on récollectait de préférence l’urine des garçons avant leur puberté, il y a une modification chimique que les anciens teinturiers avaient sans doute découverte.
Sans remonter au moyen-âge, une amie originaire de l’Ile Maillen, près de Puerto Montt, m’a raconté que quand sa mère teignait, elle récupérait l’urine de ses 9 enfants.
A titre d’expérience, pour les fiches de modificateurs à Pica et à Santa Fe, nous avons testé l’urine.
J’allais oublier de mentionner la fameuse cuve d’indigo à l’urine. Je ne l’ai pas testée. Le Chili est un pays très hygiéniste, c’est peut-être pour cela que l’on a perdu pratiquement toutes les connaissances concernant l’indigo et on le redécouvre maintenant gràce à la mode du shibori. Quand Charles Darwin est passé par Chiloe vers 1832, si je me rappelle bien, il dit qu’il a vu les Indigènes échanger de l’indigo… Un curé allemand qui avait appris le mapundungu, langue des Mapuches et était passionné de botanique, mentionne une plante qu’il pense avoir été source de bleu, connue seulement dans certaines communautés, mais sans en être vraiment sûr.
Cendres
La lessive de cendre est très alcaline, elle était traditionnellement utilisé pour laver la laine et les vêtements. Celestina Stramigioli cite des recettes traditionnelles en Argentine où les femmes sortaient la laine du bain de teinture et l’imprégnait de cendres avant de la replonger dans la teinture.
Après les avoir utilisés en teinture, ces déchets peut partir au compost si vous avez un jardin.
Conclusion
Les déchets les plus divers peuvent servir à teindre, pourquoi se priver, d’autant qu’il faut beaucoup de matières tinctoriales pour teindre peu de fibres. Autant profiter des ressources gratuites qui peuvent être abondantes et à portée de main, les résultats peuvent être surprenants.
Jusqu’en 1870, date des premiers colorants de synthèse, semer des teintures était très courant en Europe, mais aussi sur de nombreux continents… outre les plantes, insectes et arbres sauvages récoltés parfois à de très grandes distances, de très grandes surfaces étaient réservées à la culture de pastel, indigo, garance et même gaude pour fournir les ateliers de teinturiers. C’était un négoce très important comme en témoignent les informations fournies par Dominique Cardon et Michel Pastoureau.
La garance et le pastel firent la richesse du Sud de la France, au point que l’expression « pays de Cocagne » fait référence à la culture du pastel qui se préparait en « coques » pour pouvoir se conserver, se transporter plus facilement et concentrer les pigments.
Parfois même, certaines cultures de plantes tinctoriales étant plus rentables que les cultures vivrières provoquaient des disettes et famines. Un empereur de Chine fit même interdire de semer certaines plantes à teindre… Ces plantes ont aussi provoqué des guerres…
Semer, c’est être cultivé
Semer des plantes tinctoriales, c’est sauvegarder des traditions, c’est d’autant plus intéressant que la plupart des plantes tinctoriales sont aussi des plantes médicinales… Et porter des vêtements teints naturellement est donc beaucoup plus sain que des vêtements teints chimiquement.
Je voudrai saluer les efforts de l’Association Couleur Garance à Lauris (84 Vaucluse – France) qui a eu la très grande gentillesse de m’avoir reçue pendant 15 jours, il y a de cela plusieurs années à mon reour de l’ISEND à Kuching.
Leur jardin qui offre une variété toujours croissante de plantes tinctoriales est un modèle pour moi.
Il est à noter qu’ils vendent des graines de nombreuses plantes très intéressantes, récoltées sur place, proposent des formations, des encres et des teintures naturelles. C’est un exemple à suivre.
Semer appartient à l’avenir
Aujourd’hui encore, cela peut être rentable et même être un facteur de développement, au Bengladesh, en Inde, à Madagascar, au Salvador, à Taiwan, mais aussi en France ou en Hollande où une coopérative s’est mise à culture de la garance.
L’indigo naturel est encore très recherché, en semer peut valoir la peine, le shibori est à la mode, l’indigo est la teinture idéale pour cette technique (dont les possibilités sont sans limites) et le mouvement slow fashion prend de l’ampleur. Il faut déterminer la plante qui convient le mieux au lieu que l’on veut cultiver. Certaines plantes à indigo sont des légumineuses donc des engrais verts et peuvent très bien se combiner dans un jardin en permaculture ou agroforestrerie.
Mon voyage autour du monde doit aussi m’apprendre à semer et récolter… aussi bien au sens propre qu’au sens figuré.
Je sèmerai aussi
Je voulais semer des plantes à indigo, du cosmos sulphureus, du carthame et de la garance à Concón, cela aurait été bon pour cette terre, malheureusement les chevaux les auraient manger. Je ne pouvais pas me limiter à récolter ce que ne peuvent pas manger les chevaux…
De retour de mon tour du monde tinctorial et textile, je chercherai un endroit où en semer ces plantes et bien d’autres pour mes besoins personnels… mon idée est d’être le plus autosuffisante possible… du point de vue alimentaire, mais aussi professionnel…
Pour préserver ces trésors, il est aussi important de multiplier les plantes que l’on utilise pour ne pas les exterminer sans le vouloir, il faut se rappeler que pour beaucoup de plantes, il faut 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres… Donc il faut éviter de récolter les plantes rares, pour qu’elles puissent se reproduire et essayer de favoriser leur expansion.
De même je chercherai à semer de la garance tout en sachant que je devrais attendre plusieurs années pour en récolter les racines. C’est du travail à long terme, mais il faut se donner les moyens pour pouvoir créer… C’est pourquoi je veux aussi apprendre plus d’agronomie sustentable et je m’intéresse à la permaculture.
Pas de photos
Cet article ne montre pas de photo pour le moment, vu que je n’ai pas encore semé, je n’ai rien de personnel à vous montrer. Il va aussi s’enrichir prochainement d’informations complémentaires.
Je serai très heureuse de pouvoir visiter les semeurs de plantes tinctoriales et vous prie de vous manifester pour pouvoir vous inclure dans mon tour du monde tinctorial et textile.
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
Article créé le 5 janvier 2018, mis à jour le 29 octobre 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
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Choisir un bon métier à tisser peut être difficile, les options sont multiples. Je vous présente ici un métier qui offre de grandes possibilités, sans grand investissement. Il permet de tisser des toiles de plus d’une dizaine de mètres avec peu d’encombrement.
Métier María, le connaissez-vous ?
Au Chili, il est connu comme métier María. C’est un métier à peigne rigide. En Argentine, il est aussi connu comme « sureño » (du sud)…
C’est un métier à ensouple et peigne rigide. Il n’a habituellement pas de pieds, ce qui permet de le poser sur une table. Il peut être démontable. On peut le ranger dans un grand sac pour le transporter, même avec une chaîne montée et un tissage en cours… C’est pratique quand on participe à des foires et des expositions.
On peut le travailler assis, l’appuyant sur une table ou debout.
Si la chaîne est bien montée, le métier María permet de tisser des toiles de facilement plus de 10 mètres. On peut la diiviser en plusieurs pièces les unes à la suite des autres. Il suffit de les couper une par une, c’est très facile. en utilisant la même chaîne. Cela réduit les pertes de temps et de fils.
Possibilités du métier María
La largeur peut aller de 40 cm à 1,20 m. La largeur de la pièce est toujours un peu inférieure bien sûr à la largeur du peigne. Rien n’oblige à monter une chaîne qui utilise toute la largeur du peigne.
On peut avoir différents peignes selon la grosseur des fils de chaîne. Il existe des métiers María avec un dispositif pour monter deux ou plusieurs peignes. Cela permet de faire varier les dessins. On peut tisser en cilindre ou double largeur, je n’ai pas encore testé cela.
Cependant, les peignes ne sont pas standard. Ils dépendent du type d’architecture du métier, notamment des supports du peigne et bien sûr de la largeur du métier. La hauteur du peigne a aussi son importance. Conclusion, un nouveau peigne doit s’acheter chez le même concepteur.
Le métier María est rapide. Mais, il ne peut pas donner le rendement d’un métier à pédales. Cependant, il est moins encombrant et beaucoup plus facile à mettre en oeuvre. Il est possible de monter une chaîne de 10-12 mètres de long et commencer à tisser le même jour.
Mon premier métier María
J’ai acheté mon premier métier María à Santa Fe, Argentine. C’était juste après avoir donné une formation en teintures naturelles en juillet 2013 à la Esquina Encendida. C’est un centre culturel très ouvert à Santa Fe. Je suis restée quelques jours chez mon amie Lucrecia avant de rentrer à Mamiña.
J’en ai profité pour acheter des livres. J’ai pu visiter des musées et des bibliothèques. J’ai vu El taller de la Guardia, un atelier de céramique très original. Dans cet atelier, on fait des copies de céramiques précolombines… des cuissons de céramiques à ciel ouvert. C’est très impressionnant…
J’avais bien vendu mes tricots. Nous sommes allées chercher un métier à tisser, c’est ainsi que je suis revenue à Mamiña avec un métier.
Je me suis dépêchée de l’essayer, car d’abord c’était pour moi une nouveauté, j’adore les nouvelles expériences. J’avais lu de nombreuses revues sur le métier María, mais il faut bien sûr passer à la pratique.
La pratique était aussi indispensable, car il était prévu que je donne un cours à Pica. Ce sera en novembre sur les teintures naturelles pendant une semaine. Il y aura aussi une semaine sur métier María et métier à clous.
Les résultats
Je me suis donc bien entraînée pour ne pas décevoir les femmes de Pica.
Comme j’avais le temps et assez de laines à Mamiña, j’ai tissé un certain nombre de pièces. Cela a été l’occasion de tester différentes techniques que j’ai pu enseigner par la suite.
Une amie d’Iquique, créatrice de costumes de théâtre, Jeannette Baeza, m’a acheté plusieurs grandes pièces. Elle les a transformées en vêtements, puis elle a organisé un défilé de mode… au Palais Astoreca à Iquique. Déjà, elle m’avait aussi donné la possibilité d’exposer avec elle et deux autres artisanes mes travaux quelques années auparavant.
On peut adapter la plupart des points du métier à clous. Mais on peut en utiliser d’autres comme les points de gases, sur de grandes longueurs si l’on veut. C’est plus compliqué avec le métier à clous où la chaîne devient vite trop tendue.
L’usage du peigne permet aussi de tisser beaucoup plus vite de grandes pièces. Par exemple, de grands ponchos, couvertures de pied de lit, châles… La variété de points est différente.
J’ai vite obtenu une grande variété de points et d’effets, les femmes de Pica n’ont pas été déçues. Elles avaient suivi de nombreux cours sans beaucoup de résultats. Il y avait beaucoup d’indigènes Aymara parmi elles et elles savaient presque toutes tisser sur leurs métiers traditionnels de ceinture.
Je parle de cette expérience dans la présentation que j’avais préparée pour l’IFND de Taiwan. Elle est disponible sur www.academia.edu et www.slideshare.net.
Mais les techniques diffèrent beaucoup. C’est la chaîne qui fait les dessins sur les métiers à tisser indigènes (à pieux, de ceinture, Mapuche…). Alors que sur le métier María comme sur tous les métiers occidentaux, c’est la trame qui fait les dessins. De plus, leurs tissages sont généralement très lisses et très serrés.
Avec le métier María, en général, les tissages sont plus souples, moins serrés (donc plus économiques en laine). On peut aussi tisser des points en reliefs, c’est ce que je leur ai enseigné en priorité. Ainsi, elles pourront proposer par la suite des travaux différents de leurs collègues et concurrentes. Elles m’ont très agréablement surprise par leur créativité.
A Mamiña, j’ai beaucoup tissé et teint aussi. Mais la route est devenue de plus en plus mauvaise et les touristes de plus en plus rares.
J’avais voyagé jusqu’à Angelmó antérieurement pour chercher de la bonne laine. Il fallait bien alimenter ce métier très gourmand. Et c’est là que j’ai rencontré Angel qui m’a proposé de venir l’aider. Je me suis souvenu de sa proposition.
À Angelmó, il y a beaucoup de matières premières, de quoi alimenter ce métier… J’y suis restée quatre mois. Puis, je suis repartie en voyage en Equateur et à Moquegua, Pérou (pour chercher de la cochenille). Puis j’ai déménagé définitivement pour Angelmó.
Un bon métier María
Là, nous avons enfin trouvé un bon fournisseur de métier María. Nous espérons pouvoir fabriquer le nôtre, en perfectionnant quelques détails. En effet, ils ne sont pas tous bons, le mien s’était usé (les freins étaient faits en carton-pâte !). Il a fallu le refaire presque entièrement (seul le peigne s’est sauvé), d’autres sont trop courts, certains sont mal terminés… Il faut tout de même que cela soit agréable à travailler.
À Angelmó, les femmes achètent ce genre de métier. Elles vont passer des heures et des heures tous les jours dessus. Elles vont tisser de grandes pièces… Il faut donc qu’il soit ergonomique, c’est important.
Chez Angel, j’ai donc pu développer encore plus mes techniques, monter des chaînes beaucoup plus longues… et varier les effets.
J’en ai testé un de 1,20 m de large. La largeur de la pièce obtenue est intéressante. Mais c’est plus fatigant à travailler. Le peigne est plus lourd à manier et la navette étant plus longue provoque des mouvements plus amples.
Je vous expliquerai dans un prochain article comment je travaille avec le métier María. N’hésitez pas à me poser des questions, pour que j’y réponde dans le prochain article.
Des clous, ou plus des petites pointes, j’en consomme de grandes quantités pour mes métiers à clous, comme je collectionne les outils (les livres aussi), les métiers à tisser se multiplient.
J’ai découvert ce métier lors de ma première foire à La Ligua, une exposante en avait un grand, triangulaire, j’ai trouvé le système très intéressant. Je m’en suis fait faire rapidement plusieurs modèles différents de ce que j’avais vu…
Les métiers à clous peuvent arborer différentes formes, s’adapter à la pièce que l’on veut tisser. Il m’en manque toujours un, j’en ai de beaux, fabriqués par des menuisiers professionels, d’autres simplement fonctionnels, certains vraiment bruts que j’ai faits moi-même (et je ne suis pas spécialiste du travail du bois et je n’avais pas toujours les bons clous…).
C’est facile à fabriquer, on peut utiliser de vieux cadres… Nous en avons même improvisé un à Antsirabe (Madagascar) avec mon ami Hilaire avec un morceau de meuble démonté… pour tester de nouveau points, avec du sisal local.
Des clous créatifs
J’ai bien sûr des carrés, des rectangles, des triangles, mais aussi octogones, ronds, losanges, hexagones, spécial boléros, trapèze pour les jupes, des longs pour les écharpes… en forme de coeur, poisson, goutte d’eau… la seule limite est le temps pour les fabriquer et les tisser.
J’en ai des grands qui sont plus longs à tisser, des moyens, des petits… des classiques, des originaux…
J’en ai des tout petits, que m’a fabriqués mon père lors des mes voyages en France, pour tisser des bijoux, d’autres me rappellent des amis disparus, tels mes métiers pour faire des gilets. Chaque fois que je le tisse, je me souviens de Pato… qui me les a découpés.
Des clous pratiques
Comme de petits métiers permettent de tisser de grandes pièces (j’ai découvert une technique indigène pour unir les pièces lors du tissage, dans la bibliothèque du musée d’Antofagasta, depuis je l’applique très souvent), ils sont pratiques pour voyager, et comme je voyage beaucoup, ils m’accompagnent souvent. On peut ainsi les utiliser lors de n’importe quel moment d’attente, comme le crohet ou les aiguilles à tricoter… Mais, ils utilisent moins de laine pour la même surface, ce qui peut être intéressant quand on a peu de matière première. Il vaut mieux ne pas utiliser de laines trop fines, avec de la vraie laine, cela se passe relativement bien, car elle a des petites écailles qui s’accrochent entre les fils, mais les fils synthétiques et végétales (lin, coton…) sont lisses et glissent, ils doivent donc être tissés serrés.
Ils sont très versatiles, car ils permettent de tester, inventer ou plutôt réinventer de nouveaux points que l’on peut utiliser ensuite avec le métier María plus efficacement.
On peut aussi les utiliser avec différentes fibres qui souvent ne peuvent pas passer dans les peignes ou les lisses des autres types de métiers (cuir, baguettes de bois, osier, rafia, laine cardée, cordons, ficelles, feuilles de maïs, plumes…). Cela permet de faire des piéces décoratives très originales…
Différentes manières de les tisser
Ce qu’enseignent les revues…
Le travail en diagonale, pas besoin d’aiguille, se tisse à la main.
Il faut rajouter les franges ultérieurement, les carrés se déforment beaucoup, cela fonctionne bien sur les carrés et les triangles réguliers, c’est plus compliqué avec les rectangles et cela devient dificile sur les formes créatives ou personalisées.
Ce je pratique habituellement
Je monte habituellement la chaîne à la verticale, généralement sur le coté le plus long du métier, et je tisse la trame en perpendiculaire, l’hexagone et les triangles peuvent permettre une chaîne et deux trames…
Habituellement, je tisse avec une aiguille à coudre les sacs de pommes de terre. Je peux en utiliser plusieurs, si je travaille avec plusieurs couleurs…
Tissage du triangle
Tissage du gilet
Variantes créatives
Pour des tableaux, on peut aussi monter la chaîne d’autres manières, c’est ce que j’ai enseigné aux femmes du groupe de Pica.
Techniques d’union
On peut tout simplement coudre les pièces à l’aiguille ou les unir au crochet.
Mais cette technique indigène, pratiquement oubliée est très élégante…
Petit tutoriel
Tissage d’un tableau brodé simple
Les photos sont souvent plus parlantes que les mots…
Les pièces ainsi obtenues peuvent être complétées par de la broderie à l’aiguille ou au feutre à l’aiguille, quand elles sont encore montées sur le métier, ou une fois sorti de celui-ci.
Vu la tension sur le métier et que la laine est un peu élastique, les pièces rétrécissent un peu en sortant du métier, il ne faut donc pas trop tirer sur la laine quand on tisse. Le rétrécissement dépend aussi de la grosseur de laine utilisée.
Si vous avez des questions. n’hésitez pas…
Comme toujours, j’attends vos commentaires…
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
J’aimerai beaucoup savoir quels thèmes vous souhaiteriez voir développés, quels types de formation vous intéresserait…
Des idées, ce n’est pas ce qui manque, il y en a des petites, des grandes… mais dans cet article je voudrais vous laisser la parole, pour un peu plus d’interaction, donc je vous propose une foire aux idées et aux questions.
Des idées, j’en ai beaucoup, souvent elles s’échappent avant que j’ai le temps de les noter. Pour que l’une d’entre elles puisse germer, mieux vaut qu’elle concerne aussi d’autres que moi.
C’est pourquoi, j’ai décidé de faire appel à vous.
Vos idées comptent pour moi
En effet, vos idées et vos questions ont beaucoup de valeurs pour moi, elles peuvent servir de base pour un nouvel article, mais peut-être aussi pour beaucoup plus.
Donc une fois de plus, je vais vous inviter à remplir un questionnaire, à me laisser vos commentaires, car ce site doit aussi être le vôtre. Pour cela votre participation est indispensable.
« Gracias a la vida que me ha dado tanto. Me ha dado la risa y me ha dado el llanto. Así yo distingo dicha de quebranto, Los dos materiales que forman mi canto, Y el canto de ustedes que es el mismo canto Y el canto de todos, que es mi propio canto. »
« Merci a la vie qui m’a tant donné. qui m’a donné le rire et m’a donné les pleurs. Ainsi je peux distinguer le bonheur du malheur, Les deux matériaux qui forment mon chant, Et votre chant qui est le même chant Et le chant de tous, qui est mon propre chant. »
Foire aux questions
Outre les idées, vous devez bien avoir quelques questions, ne les gardez pas pour vous, partagez-les, elles seront toujours utiles. Elles me permettron de mieux répondre à vos attentes et peut-être pourrions démarrer un projet commun.
Il me semble que notre passion pour l’artisanat doit être partagée.
Un article à rallonge
Cet article peut sembler court, mais il doit s’allonger au fur et à mesure de vos remarques et questions…
Soyez patients, merci… Comme je suis chez mon ami Angel, de Puerto Montt les matières premières ne manquent pas chez Rincón de Angel.
Si vous souhaitez que je fasse une étape dans votre ville ou village, c’est le moment de nous organiser. Tous les détours sont possibles. Je serai très heureuse de pouvoir partager avec vous.
Je vous prie donc de ne pas être timides. Donc une fois de plus un petit questionnaire…
J’attends avec impatience vos remarques
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
/// Cochenille, cochenille, cochenille… /// Article du 12 août 2017, modifi´é le 27 avril 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
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La cochenille est une de mes teintures naturelles préférées, la force de sa couleur peut donner l’impression qu’elle est artificielle. Cet article est un des premiers de ce blog et j’y reviens pour la seconde fois. Je viens d’avoir une conversation très intéressante avec un Tunisien qui était très préoccupé par le sort des figuiers de Barbarie de Tunisie. Cela m’a poussée à chambouler l’ordre des mises à jour de mes articles.
J’ai beaucoup d’expériences et d’informations nouvelles sur la cochenille, il était temps de les partager.
Cochenille, surprises assurées
Cochenille qui teint, cochenille qui ne teint pas ?
Le terme cochenille désigne un certain nombre de parasites dont seule une infime minorité sert en teinture. Les petits insectes que vous pouvez trouver aux pieds de vos arbres fruitiers ne teignent généralement pas. Rien n’empêche de les tester, cependant.
Nous ne intéressons donc pas à la cochenille farineuse.
J’ai été très surprise de voir récemment sur internet des photos de coléoptères associées aux teintures-additif E120utilisés en alimentation. Il y a certainement une erreur qui prête à confusion.
Ce ne sont pas des doriphores! Il est à noter que la cochenille n’attaque que les palettes (feuilles) et non les fruits du figuier de barbarie. Cependant, les fruits deviennent très amers.
Voici la vraie cochenille
Le colorant de base, l’acide carminique, des cochenilles sèches, entières ou moulues. Si vous voulez teindre avec de la cochenille fraîche, il faudra en utiliser plus.
Un peu d’histoire
Anciennement, il existait différentes espèces de cochenille servant en teinture, mais elles sont pratiquement toutes disparues ou sont en voie d’extinction :
Dans le sud de la France on élevait les vers de kermes, sur les chênes kermes, qui donnait un rouge très luxueux. Quand la cochenille mexicaine est arrivée en Europe, ce marché a été bousculé et a fini par disparaître. Donc, le vers de kermes n’a plus été multiplié et son support, une espèce de chêne, est aussi devenu très rare…
il existait aussi une cochenille polonaise et une cochenille d’Arménie, celle-ci vivait dans les racines de certaines plantes des marécages, elle sont aussi en voie de disparition, les marais étant asséchés pour l’agriculture…
on mentionne aussi parfois une espèce égyptienne utilisée dans l’Antiquité, mais les spécialistes en doutent encore…
en outre, il existe une autre sorte de parasites cultivés sur des arbres en Inde. Il donnent à la fois un colorant rouge (maintenant peu exploité, vue la concurrence des teintures chimiques) et un vernis le lacq qui est encore utilisé… je reprends de mémoire des informations beaucoup plus détaillées dans les livres de Dominique Cardon, mais que je n’ai pas sous la main.
Toutes ces teintures ont eu une très grande importance, le rouge et particulièrement ces rouges nobles étaient l’apanage des élytes, qui se protégeaient par des lois somptuaires, dès l’Antiquité.
Que reste-t-il ?
La teinture avec le tissage et les tanneries furent les premières industries à se développer et eurent une importance considérable dans l’histoire.
Il ne reste donc plus que la cochenille du nopal (nom mexicain du figuier de Barbarie, au Pérou et au Chili, on parle de Tuna) qui ait encore une certaine importance, mais plus dans le textile, essentiellement dans l’alimentation et les cosmétiques. Les colorants artificiels sont interdits dans l’alimentation en Europe. La garance n’a pas d’autorisation pour d’éventuels effets sur le coeur.
La cochenille seule, se maintient et son marché vient de subir récemment un regain d’intérêt qui a provoqué une flambée des prix.
D’où vient la cochenille ?
La cochenille (dactylo coccus) provient d’un petit insecte parasite du figuier de barbarie (opuntia) et de quelques autres cactus. On exploite la femelle quand elle est prête à pondre ses oeufs. Elle ne mesure pas plus de 3 mm. Celle-ci n’a pas d’ailes, et ne bouge pratiquement pas de l’endroit où elle est née.
Quand la larve naît elle s’accroche au nopal et commence à sucer sa sève. Quand elle est au stade adulte, c’est le mâle qui est beaucoup plus petit et qui a des ailes qui vient la féconder.
Elle vit cachée sous une couche d’une espèce de cire qu’elle produit pour se protéger. Dans la nature, c’est le vent qui les répandent en arrachant parfois des larves de leur feuille.
La cochenille d’élevage est de meilleure qualité, contient plus d’acide carminique, car leurs éleveurs les protègent au maximum et elles produisent moins de cire protectrice. Cette cire pose de petits problèmes lors de la teinture. Donc, moins il y en a, mieux c’est…
D’où vient la cochenille
Elle était à l’origine élevée au Mexique sur les figuiers de barbarie appelés Nopal localement. Le Nopal est une plante très importante au Mexique, non seulement pour la cochenille, mais il sert aussi d’aliment courant sous différentes formes et il est aussi médicinal. Un paysan de La Ligua (Chili) me disait que les vaches aiment bien brouter les Figuiers de Barbarie.
La cochenille est aussi médicinale dans le Nord de l’Argentine, où elle existe encore, mais est très rare. On l’utilise pour des affections respiratoires.
Les peuples originaires du Mexique ont très tôt vu des atouts dans ce petit parasite, qu’il se sont mis à élever pour la jolie teinture rouge carmin qui en est tirée.
Il y a un vocabulaire très ample en Nahuatl et dans les différentes langues indigènes d’Amérique Centrale concernant les variétés de ces insectes sauvages ou élevés, les peintures, les teintures obtenues…
Au Pérou et au Chili
Par la suite les Incas et certainement d’autres peuples précolombiens avant eux, ont collecté, puis élevé la cochenille, que l’on retrouve utilisée dans de nombreux et magnifiques textiles précolombiens.
La qualité des couleurs des textiles des Indigènes surprirent les Espagnols quand ils arrivèrent en Amérique. Outre les richesses métalliques (or, argent, étain…), de nombreuses matières tinctoriales furent l’objet d’une exploitation à outrance provoquent des désastres économiques à leur arrivée en Europe (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). La cochenille en faisait partie, mais aussi le Campeche, le Pau Brasil, le Quebracho…
La cochenille aujourd’hui
J’aurais certainement l’occasion de vous donner plus de détails, quand je pourrais voyager au Mexique prochainement.
Lors de l’IFPECO de Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer un spécialiste de la cochenille. J’irai le visiter dès que possible.
Il y a quelques années, j’avais fait spécialement quelques jours à Moquegua, au Sud du Pérou, pour en acheter. Dans cette zone, la plupart des figuiers de Barbarie sont infestés. Cela se voit depuis le bus.
J’étais passée dans un bureau du Ministère de l’Agriculture, pour savoir où je pourrai en trouver. On m’a demandé combien de tonnes j’en voulais. On m’avait donné quelques adresses pour en acheter au détail.
Lors de ce voyage, en passant en bus à travers un petit village qui s’appelle La Joya (le bijou), j’ai vu des grands tas au bord de la route. Ce n’était pas des tas de sable, mais des tas de cochenille.
Pendant mon dernier voyage au Pérou, fin 2018-début 2019, j’ai voulu en racheter. J’avais plusieurs adresses où en acheter, cette fois-ci, il n’en restait qu’une à Moquegua. À Arequipa, zone de production, je n’ai pas réussi à en acheter.
À La Joya, les tas avaient disparu.
Les prix avait beaucoup augmenté. Maintenant, ils exportent les figues de Barbarie, et pour cela, on ne peut plus laisser se développer les cochenilles, car elles rendent les fruits amers.
Belle couleur et problème écologique
En Europe, la cochenille a été introduite dans les Iles Canaries. Je viens de découvrir qu’elle était entrain de s’étendre maintenant à l’Andalousie et à grand partie du Maghreb où elle pose de sérieux problèmes. Mais, je ne sais pas s’il s’agit d’une espèce tinctoriale qui fait des ravages.
Par curiosité, j’ai gratté un peu,, pour mieux observer.
Dans ce très beau jardin botanique, il y avait toute une série de pieds de nopal de variétés différentes, seul ce pied-là était attaqué.
Je viens d’avoir la confirmation, lors de cette conversation téléphonique, du fait que ces parasites se développaient en Tunisie.
Ce ne serait pas la première fois, à Madagascar, une amie me racontait qu’en 1825 les Français, pendant la colonisation l’avait déjà introduite. Ils ont ainsi gravement accéléré ainsi la désertification, puis elle semble avoir disparue.
Je lisais aussi récemment la relation d’un problème semblable en Australie sur des surfaces encore plus importantes, où les figuiers de Barbarie s’était follement développées.
Comment utiliser la cochenille ?
Elle est généralement vendue sèche. Au Pérou, on peut la trouver fraîche. Mais, je ne l’ai pas testée ainsi.
Je les toujours achetées sèches, au Pérou, pour pouvoir leur faire passer la douane pour rentrer au Chili, et ce non sans difficultés. Bien que cela soit expressement autorisé par un texte du SAG, organisme qui prétendait se les approprier.
Au Chili, il y a eu quelques tentatives avortées d’élevage, notamment dans la région de la Serena, près d’Ovalle et près d’Iquique, dans le Grand Nord chilien, à La Huayca.
Là, on raconté l’histoire de quelqu’un qui avait planté 5000 pieds de Nopal, ou plutôt de Tuna comme on dit au Chili. Pour qu’ils prennent bien, on les avait accompagnés de crottes de chèvres et de mouton comme engrais. Peu de temps après, il avaient 5000 pieds de Tamarugo, sorte d’acacia local, dont les troupeaux avaient mangé les graines. La région s’appelle la Pampa del Tamarugal, le Tamarugo comme tous les acacias a une racine pivotante qui peut plonger sous terre à plus de 40 mètres de profondeur.
Préparation
La plupart du temps, on la broie finement pour qu’elle donne plus de couleur. J’utilise habituellement un moulin à café électrique), on peut aussi utiliser un mortier. En cas d’absence de ces outils, on peut aussi faire comme mon ami M. Hilaire sur cette photo. Cela a très bien fonctionné. C’est minimaliste et efficace.
On peut aussi l’utiliser entière, on perd peut-être un peu de colorant. Mais la laine est plus facile à laver ensuite. En effet, les particules de cochenilles broyées ont tendance à s’accrocher aux poils de la laine et il faut beaucoup de rinçage pour les éliminer.
Pour éviter la perte de colorant, je laisse maintenant ma cochenille tremper à froid avec la laine, pendant plusieurs jours, avant de chauffer le bain.
Les couleurs
La cochenille peut donner une grande variété de couleurs allant du rose au gris, en passant par le violet, le rouge et l’orange, suivant la qualité de l’eau et le (ou les) mordant(s), plus ou moins foncé selon la proportion utilisée.
La teinture à la cochenille est très sensible aux différentes traces de minéraux dans l’eau et au pH (acidité ou basicité de l’eau du bain).
Donc, il faut tout d’abord faire très attention l’eau et à la casserole que l’on va employer:
Si la casserole est en aluminium, elle participera au mordançage (mais attention, l’acide du bain finira par l’attaquer et la percer, cela m’est arrivé plusieurs fois, même sur de grandes casseroles). Il vaut donc mieux utiliser une casserole émaillée (sans défaut, sinon le fer entre en contact avec le bain et le modifie) ou une casserole en acier inoxidable, les casseroles en grès contiennent du fer, puisque l’argile est colorée par le fer. Les casseroles en cuivre modifient aussi la couleur.
L’idéal serait donc d’utiliser de l’eau déminéralisée, l’eau de puits, de rivière, de pluie et du robinet contiennent souvent du fer, de l’aluminium et beaucoup d’autres minéraux.
Quand j’étais à Mamiña, petit village thermal à 120 km à l’est d’Iquique (nord du Chili), j’ai essayé différentes sources avec la cochenille et j’ai ainsi obtenu des résultats différents. J’obtenais des couleurs beaucoup plus vives qu’à Puerto Montt.
Ne pas oublier le mordançage soit à l’alun ou mieux aux tanins, ce qui garantit la solidité de la couleur.
Comme pour toute teinture, il ne faut pas oublier de bien laver les fibres qui arrivent souvent de chez le fabricant avec toutes sortes d’apprêts, de graisses et autres empesages pour la présentation, mais aussi, souvent pour faciliter la filature. Ces produits peuvent nuire à la bonne teinture ou à sa solidité.
Processus
Faire tremper la veille, la cochenille dans le bain (de 5% à 20% du poids des fibres), éventuellement avec les fibres sèches mordancées, pour qu’elle dégage plus de teinture et qu’elle pénêtre mieux dans la fibre (surtout pour la laine).
Mettre à chauffer à feu doux pendant une ou deux heures.
Laisser refroidir, si possible jusqu’au lendemain (très important pour la laine).
Sortir du bain, faire sécher à l’ombre, puis rincer et laver. Ne pas s’étonner s’il sort du jus rose, il faut bien nettoyer les fibres des débris d’insectes qui peuvent s’être accrochés aux fibres. Faire sécher de nouveau à l’ombre.
Les modificateurs doivent donner :
Fer : violet
crème de tartre + rouge, + clair
cuivre : gris
vinaigre : orange
citron : orange ou élimine la teinture
j’ai fait des tests avec beaucoup d’autres modificateurs, à Santa Fe, en Argentine, et nous avons fait des fiches récapitulatives, curieusement, ils n’ont pas eu beaucoup d’effet. Nous n’avions pas travaillé avec de l’eau déminéralisée.
Que faire avec le reste du bain ?
Il peut rester de la couleur dans le bain. On peut l’utiliser de nouveau pour obtenir des couleurs de plus en plus claires, on peut avoir ainsi de très jolis roses et mauves pastel en dégradé.
On peut aussi en faire de la gouache ou de l’aquarelle. Je viens de suivre un cours à ce sujet en Argentine. Ce type de procédé peut servir avec pratiquement n’importe quel reste de teinture.
Malgré son coût, la cochenille peut être bien rentabilisée par les bains successifs pour épuiser le colorant.
Teinture solaire
À Gletterens, en Suisse, j’ai fait des tests de teinture solaire. J’ai donc essayé la cochenille.
Ecoprint
La cochenille est aussi intéressante en ecoprint, elle peut donner des résultats originaux.
Cochenille avec les enfants
On peut tenter une activité très ludique.
Il faut s’armer:
d’un marteau en caoutchouc, de ceux qu’utilisent les carreleurs
d’une toile de fibres naturelles (coton, lin, soie ou laine) mordancée préalablement à l’alun
fleurs, pétales, feuilles
cochenilles entières détrempées quelques jours à l’avance
1 litre de vinaigre ou trempent des clous ou de la ferraille (soupe de clous)
Il faut étaler la toile sur une table. On dispose les feuilles et les pétales de fleurs sur une moitié de la toile, on sème des cochenilles entre les feuilles et les pétales. On plie la toile de manière à recouvrir les pétales et les feuilles.
Puis on martèle la toile avec le marteau.
Après avoir bien martelé, on ouvre la toile. On enlève les feuilles, les pétales et les cochenilles. Si les empreintes vous semblent un peu pâles, trempez la toile dans la soupe de clous. Les couleurs vont s’assombrirent, les taches laissées par les cochenilles deviendront violettes.
Peinture, aquarelle
Avec la cochenille, comme avec n’importe quelle teinture naturelle, on peut extraire les pigments pour en faire des peintures.
J’avais déjà vu et revu les DVD que Michel Garcia a filmé à ce sujet. Il se trouvait que Luciana Marrone, une autre spécialiste des teintures naturelles et notamment de la cochenille proposait un cours dans son atelier à Necochea.
Nous avons extrait les pigments d’un vieux bain de cochenille.
Une fois les pâtes de pigments prêtes, nous les avons testés.
Nous avons sérigraphié des t-shirts, fait des tests avec des tampons. J’ai aussi essayé de peindre sur un morceau de cuir.
Voyage au Mexique
Nous avons déjà vu que le Mexique a été le premier à élever, ou plutôt, éduquer la cochenille, comme on dit au Mexique, bien avant le Pérou. Il existe une plus grande variété au niveau génétique des cochenilles au Mexique qu’au Pérou.
Il n’y a apparemment pas de continuité dans l’éducation au niveau géographique. Cela supposerait une exportation mexicaine précolombienne.
Oaxaca est la principale région de production de la cochenille. Ce sera e but principal de mon voyage. Je nourris beaucoup d’espoir concernant la visite de ce musée.
J’espère pouvoir y voir ce que je n’ai pas vu encore, la culture et la récolte.
Au Mexique, il y a aussi de l’indigo
L’indigo est une teinture avec un procédé bien spécial pour obtenir du bleu. On l’extrait d’un certain nombre de plantes, selon les lieux.
Le climat du Mexique permet la culture de l’Indigo suffructosa, une plante tropicale dont les feuilles possède une grande proportion d’indigo.
Je pense que j’ai beaucoup à apprendre au Mexique sur cette teinture qui me passionne.
// Vive les tanins /// Article créé le 8 août 2017, dernière mise à jour le 25 octobre 2022 Je suis en Europe jusqu’au 11 novembre 2022, date de retour au Chili – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Des tanins, en veux-tu, en voilà
Des tanins, il y en a différentes sortes, des très clairs, des jaunâtres, des rosâtres, des beiges, des marrons… Par chance, on peut en trouver partout.
Traditionnellement, les plus clairs sont les plus recherchés, ils peuvent remplacer les mordants chimiques (alun, sulfate d’aluminium, acétate d’aluminium).
Par exemple, celui des noix de galles (Quercus infectoria), qui proviennent de la réaction d’une sorte de chêne à la piqure d’une guêpe. Il y a des galles sur différentes espèces d’arbre (par exemple sur le faux pistachier), soit sur les feuilles, soit sur les brindilles.
L’arbre réagit à la piqûre en produisant des tanins pour lutter contre la larve de l’insecte. L’idéal est de récolter les galles avant que l’insecte adulte en sorte, elles sont ainsi encore plus chargées en tanins. Ces galles sont très légères, moulues, elles libèrent leurs tanins dans les bains de teinture ou de mordançage.
La collecte de ces galles étaient autrefois un complément de revenus important dans les zones infectées.
Petite expérience
Récemment, je suis allée chez une amie pour faire des ecoprint sur soie et un test d’ikat. L’alun avait mystérieusement disparu de la maison. Nous avons ramassé les écorces de grenades sous les grenadiers… Avec un peu de cochenille, nous avons obtenu de jolies couleurs cuivrées…
On trouve aussi des tanins (ou tannins, les deux orthographes peuvent être utilisées), clairs dans les racines et les feuilles des rumex, dans beaucoup de fruits non mûrs (spécialement le kaki).
Où sont-ils encore, les tanins ?
On en trouve aussi :
dans les écorces de la plupart des arbres, plus que dans le bois (ne pas oublier qu’un arbre sans écorce, souffre et peux mourir), il faut donc profiter des écorces qui tombent toutes seules des eucalyptus qui donnent de très jolies couleurs, ou de celles d’arbres déjà abattus
les sciures, j’ai ainsi teint avec de la sciure de mélèze à Puerto Montt
les noyaux des fruits (j’ai par, exemple, essayé les noyaux de mangue, quand j’étais à Pica). Les noyaux d’avocats sont aussi réputés pour être indélibiles (ils servaient à marquer les chemises des enfants, avec une simple épingle),
Mais aussi…
l’écorce verte autour des coquilles de noix donne le fameux brou de noix, plus elle fermente, mieux c’est,
l’écorce de grenade dont on tirait les encres pour écrire,
les enveloppes des graines de tara, qui teint aussi en violet, dans le nord du Chili et au Pérou. Nous les avons testées à Pica, une femme du groupe en a profité pour les resemer et ainsi les multiplier,
le thé, le café (pensez à garder les déchets de ce que vous consommez, il reste toujours de quoi teindre), dans beaucoup de feuilles mortes (chêne, chataignier, noyer, marronier, platane…), dans les fougères…
les sources de tanins sont si nombreuses que j’en oublie la plupart…
Pourquoi les utiliser ?
Ce qui est intéressant avec les tanins :
c’est qu’ils évitent d’utiliser les mordants chimiques,
ils permettent obtenir leurs couleurs propres qui sont intéressantes, même et surtout si elles peuvent paraître pâles,
ils permettaient une meilleure résistance des filets et des voiles de bâteaux au sel marin.
ils servent de filtre anti UV, ce qui rend plus solide la couleur au soleil,
ils se combinent facilement et fixent d’autres colorants naturels, sans les éclaircir comme le fait souvent l’alun,
ils réagissent avec les sels de fer en donnant des gris, voir presque noir, c’est ce qui les met en évidence, notamment dans les ecoprint,
leur effet peut être concentré par l’ajout de jus de citron jusqu’à obtenir un pH 4, cela peut éventuellement modifier un peu la couleur, comme avec la cochenille qui peut devenir un peu plus orangée.
Rencontre avec le fer
Cette réaction avec le fer est immédiate, elle peut être exploitée de manière très variée au niveau graphique. Plus la concentration en fer est importante, plus le résultat est sombre. Tous les peuples ont développé des trésors d’imagination pour l’utilisation des tanins.
Une aubaine pour les graphistes textiles…
Ceci était très utilisé dans les systèmes d’impression au XIXème siècle et l’est encore actuellement en Inde avec la technique de l’impression au tampon qui est très impressionante.
À Puerto Montt et dans le sud du Chili, les femmes utilisent encore des sources où il y a des boues ferrigineuses pour obscurcir leurs laines.
En Afrique, la technique du bogolan utilise aussi ces boues pour dessiner sur des toiles préalablement teintes avec des tanins.
Les tanins interviennent aussi dans les ecoprint qui mettent en évidence le déplacement des tanins à travers les nervures des feuilles, ce qui donne des dessins très délicats.
Attention !
Il est donc important, si l’on en veut pas que le fer interfère sur la couleur finale, d’utiliser des casseroles soit en acier inoxidable, aluminium ou émaillées (vérifier que l’émail n’est pas usé et ne laisse pas passer de fer qui modifierait le résultat). Une fois la réaction faite, il en me semble pas qu’elle puisse être réversible.
Mieux vaut essayer d’éviter d’abuser du fer qui abîme toutes les fibres en les rendant rêches et cassantes. Cela pose de véritables casse-têtes aux archéologues et aux restaurateurs textiles, même sur des textiles qui n’ont que deux siècles.
Certaines eaux contiennent aussi du fer, ce qui modifiera le résultat des teintures.
Il est à noter que les tanins, comme leur nom l’indique, servent aussi à tanner les peaux, là aussi les tanins les plus clairs sont les préférés, car ils altèrent moins la couleur du cuir.
Je viens de découvrir une video très intéressante sur les tanins. Je viens d’apprendre beaucoup de choses…
Je viens juste de m’acheter le nouveau livre de Marc André Selosse: « Les goûts et les couleurs du monde« , chez Actes Sud. Il parle en détails des tanins, il est passionnant et facile à lire…
Il y a beaucoup à raconter sur les tanins, j’ajouterai certainement de nouvelles informations à la prochaine révision.
/// Couleur oú es-tu? /// J’ai mis à jour cet article le 6 Février 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
La couleur? Pourquoi une plante teint?
Couleur qui tache, ou couleur qui teint?
La couleur que nous cherchons… où est-elle donc cachée, c’est une histoire de chimie, de chimie organique. Cependant, la chimie de la couleur n’est qu’une des branches, très complexes.
Certaines plantes sont capables de produire plus de 20 colorants différents, comme c’est le cas de la garance.
Bien sûr, les plantes ne poussent pas pour donner de la couleur. Celle-ci est bien cachée dans des composants qui s’unissent avec facilité avec les fibres. Évidemment, il faut pour cela que les conditions soient favorables à la fixation de la couleur.
La couleur, c’est important
Cette couleur joue un rôle crucial dans la plante. Les molécules qui nous donne une couleur, ou le plus souvent plusieurs, ont un but.
D’ailleurs, ces molécules évoluent au cours de la vie de la plante. Cela explique que la couleur de teinture dépend aussi de la saison de récolte de la plante.
Elles servent à leur protection contre des agresseurs, d’avertissement pour leurs prédateurs. Ou bien, elles seront source d’attraction pour les pollinisateurs ou pour ceux qui dissimineront les graines.
Pratiquement presque toutes les plantes tachent. Mais il y en a beaucoup qui teignent. Certaines plantes ont besoin de se faire aider par des mordants, d’autres pas. Il y en aura aussi de très trompeuses et décevantes, telles la betterave rouge.
Un peu d’histoire
Chaque civilisation a choisi ses plantes à couleurs, parfois en les important de très loin.
L’indigo d’indigofera venait de tellement loin, passaient entre tant de mains, vu qu’il arrivait d’Extrême Orient. Ce n’est qu’au XVIIème siècle qu’il a été reconnu comme d’origine végétal. Auparavant, il était souvent confondu avec le Lapis-Lazulis!
Normalement, on doit pouvoir obtenir un arc-en-ciel n’importe où dans le monde, mais depuis longtemps les plantes voyagent…
Autrefois, les plantes tinctoriales étaient aussi cultivées en Europe, en particulier dans le Sud de la France. Là, les trois couleurs de base occupaient de très grandes surfaces. Mais, il y a eu délocalisation… à la Renaissance.
La culture des couleurs est partie en Extrême-Orient ou en Amérique, d’où on a ramené l’indigo d’indigofera, la cochenille et toute sorte de bois exotiques (brésil, fustet…). Le monde de la couleur a été complètement bousculé. Dominique Cardon et Michel Pastoureau l’expliquent très bien dans leurs livres.
Puis, il y a eu disruption, vers 1870, avec les premières couleurs chimiques.
Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué?
Il y a eu de très belles recherches en chimie sur les couleurs, depuis peu avant la Révolution Française. Autant les chimistes que les teinturiers sont partis à la recherche d’améliorations techniques de la couleur.
Le problème est que certaines plantes ont été oubliées, des techniques discréditées (indigo à l’urine, par exemple), des traditions perdues…
C’est ainsi que Charles Darwin, passant à Chiloe vers 1830 vit les habitants échanger de l’indigo. Aujourd’hui, dans cette même zone, personne n’a été capable de me dire de quelle plante pouvait avoir été tirée cet indigo.
On a souvent préféré allez chercher la couleur à l’autre bout du monde. Alors que bien des fois, on pouvait la trouver dans des « mauvaises herbes ».
Où est donc la couleur ?
Ce n’est pas évident, aucune plante n’affiche qu’elle va pouvoir teindre en bleu, le bleu n’apparaît même pas en faisant bouillir comme la plupart des plantes. De plus selon les procédés, une même plante peut donner d’autres couleurs (voir l’arc en ciel de dégradés, dans un livre de Michel Garcia).
Il en est de même avec le rouge qui provient rarement de pétales rouges.
Je me rappelle d’avoir essayé de teindre avec pétales rouge foncé d’hibiscus que j’avais récoltés à Iquique. Quelle surprise, lors de teinture, une fois rentrée à Mamiña. Le bain a viré à un joli vert amande quand j’ai ajouté un peu d’alun comme postmordançage!
La garance cache sa magnifique couleur rouge dans ses racines, et pour cela, le pied doit avoir plus de cinq ans.
Les tanins
En général, les plantes produisent des pigments pour se défendre (comme c’est le cas des tanins). Plus une plante est attaquée par des ravageurs, plus elles en produisent. Les galles du chêne sont un exemple de concentré de tanins. Habituellement la présence de pigments n’est pas visible à l’oeil nu.
La couleur la plus visible des plantes, la chlorophylle, ne se conserve pas (même si elle tache), donc le vert n’est pas aussi courant en teintures naturelles. D’autres pigments peuvent teindre l’eau, mais n’adhèrent pas aux fibres, qui malgré tous les mordançages possibles, ne donneront qu’un jaune faible.
Pour en savoir plus sur les cachettes de la couleur, je vous invite à lire le remarquable livre de Marc André Selosse.
La couleur, un luxe?
Au Chili, il y a un proverbe qui dit « el que quiere celeste, que le cueste » (celui qui veut du bleu, que cela lui coûte). Et même avec les teintures chimiques, il est rare que les femmes teignent en bleu à Puerto Montt!
Quand on les interroge sur les plantes sur le bleu, elles ne parlent que de certaines baies… dont les résultats ne doivent pas être stables.
La couleur, un coût aussi pour la plante
Il faut savoir que la couleur a un coût élevé en énergie pour la plante, que ce soit pour la fleur dans le but d’attirer les pollinisateurs, ou dans sa composition interne pour se protéger.
Une plante attaquée par n’importe quel agresseur, détourne des ressources (toujours limitées) qui devraient aller vers sa croissance, vers la production de substances diverses pour sa protection. Certaines de ces substances teignent accessoirement…
Cela explique aussi qu’il faut compter, en général, 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres à teindre.
Il convient donc de s’intéresser à la botanique, aux composants chimiques des plantes, cela nous renseignera sur les possibilités que peut offrir une plante.
Les plantes médicinales sont des concentrés de pigments, de colorants… bref de couleur. De plus, leur composition chimique est souvent mieux connue. Elles sont souvent bien documentées. Ce qui permet de se faire une idée de la couleur que l’on peut obtenir.
Un usage réglementé
C’est pourquoi partout dans le monde des plantes ont été sélectionnées par les artisans teinturiers, elles ont souvent été cultivées à cette fin, parfois sur de grandes extensions. Elles ont aussi, souvent, été choisies pour la solidité de leur couleurs.
Certaines plantes ont très vite été réservées à une élyte. Très tôt dans l’histoire, les plantes tinctoriales ont été répertoriées en grand et petit teints (dès le XIIème siècle, à Venise, par exemple – voir Michel Pastoureau).
Traditions à préserver
Face à ces connaissances écrites et bien documentées, chaque population a ses propres traditions locales, souvent orales qui dépendent des plantes dont elles disposent. Si ces populations sont déplacées, elles n’ont plus accès à la flore qu’elles connaissaient.
C’est ce que j’ai pu voir à Mamiña et à Pica, où les femmes Aymara savaient teindre avec leurs plantes, mais leurs plantes sont dans la haute cordillère et maintenant, elles vivent en basse cordillère. Les plantes ne sont plus les mêmes. Les couleurs ne sont plus les mêmes.
Ces traditions se perdent, il est important de les sauvegarder. La grande majorité de ces plantes en sont pas forcément décrites, les utilisateurs leur donnent des noms vulgaires qui peuvent représenter d’autres plantes un peu plus loin. Elles peuvent avoir une répartition géographique très limitée et peuvent être mises en danger par une surexploitation ou une dégradation de leur habitat.
Que faire ?
Il faut lire, s’informer, parler avec les personnes âgées, les gens de la campagne, parfois insister pour qu’ils cherchent dans leurs vieux souvenirs, souvent ils ont honte…Et puis maintenant, il y a internet et des formations…
Puis il faut tester, tester et encore essayer. On peut obtenir de nombreuses jolies variantes avant d’arriver à la couleur rêvée. Bien retenir tous les détails pour obtenir à nouveau quelque chose de ressemblant, demeure indispensable.
Nous avons tout sous la main
La nature nous donnent très facilement une grande variété de jaunes, de beiges, de marrons, de gris, de verdâtres, de verts olive, bronze… Mais la gamme est beaucoup plus étendue. Par exemple, la lampaya, plante médicinale de la haute cordillère des Andes, du Nord du Chili, peut donner un grenat profond.
En général, je préfère travailler avec les plantes courantes locales qui nous réservent souvent bien des surprises (je pense à cette « mauvaise herbe » très invasive qu’est la « sorona » dans le nord du Chili et dont les femmes de Pica ont découvert qu’elle pouvaient en tirer un très beau jaune). À titre exceptionnel, j’utilise des plantes cultivées tels l’indigo ou la garance que j’ai acquis en petites quantités lors de mes voyages (il en est de même de la cochenille qui n’est pas une plante).
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
Pour plus de sécurité, il suffit de prendre quelques précautions
Teindre avec des plantes n’est pas dangereux, mais il faut tout de même prendre certaines précautions, car la sécurité est primordiale.
Ce n’est pas parce que l’on travaille avec des plantes que l’on ne doit pas se protéger parfois. Il existe des plantes toxiques, même dans votre jardin, autant les éviter, si possible.
Donc, Il est bon de prendre les précautions suivantes :
Ne pas réutiliser pour la cuisine les ustensiles et casseroles utilisées en teinture!
Utiliser des gants en caoutchouc
Eventuellement un masque pour certaines vapeurs
Faire attention aux éclaboussures
Faire attention aux yeux, bien se laver les mains
Utiliser un tablier
Attention aux produits corrosifs : soude, chaux…
Si possible travailler à l’extérieur, ou travailler dans une pièce bien ventilée (certaines plantes peuvent sentir très mauvais)…
Si le bain est trop acide ou trop basique, neutraliser avant de l’éliminer dans l’égout. Vérifier si possible au papier pH.
D’autre part, il est bon de s’informer sur les végétaux toxiques, ils ne sont cependant pas tous inutilisables, beaucoup de plantes tinctoriales sont aussi médicinales, souvent c’est la dose qui fait le poison.
Certaines plantes peuvent être irritantes (sève laiteuse des figuiers), renconcules…
Certaines plantes comestibles ont des parties toxiques (pommes de terre, les tomates…), d’autres le sont crues (rhubarbe, manioc, petit pois…), mais plus cuites.
Certaines plantes sont considérées toxiques en Europe, mais pas en Amérique Latine, par exemple la Rue (ruta gravolens) qui est couramment utilisée au Chili contre les douleurs au ventre, est présente dans tous les magasins comme porte bonheur, était utilisé dans les couvents (pour éliminer les désirs sexuels)…
Le ricin, je l’est mentionné comme toxique lors des ateliers à Santa Fe, Argentine, les stagiaires m’ont affirmé avoir joué à la dinette avec quand elles étaient petites, elles se sont empressées de l’essayer (avec succès) quand nous avons pratiqué une technique qui consiste à écraser les feuilles entre deux toiles avec un marteau en caoutchouc. L’huile de ricin (castor oil) souvent mentionnée dans les traités de teinture est inoffensive.
Je vous mets tout de même en garde contre :
la cigüe (dont certains manuel mentionne le liber comme tinctorial),
la daphnée (qui teint en jaune et a rendu aveugles des générations de teinturiers dans le midi)- voir Dominique Cardon
la digitale, l’aconit (fort jolie mais qui fut employée comme arme biologique),
le datura stramoine, le floripondio
les euphorbiacées en géneral, les solanacées, les renonculacées, les liliacées (lis, tulipes, narcisse, jonquilles…)
le sureau hièble (était déjà utilisé en teinturerie au néolithique) qui est toxique à la différence du sureau commun
le lierre (hedera helix), l’if. le laurier rose, le rodhodendron, la jusquiame (qui selon un livre d’un teinturier antérieur à la Révolution Française contiendrait de l’indigo)…
de nombreuses baies noires ou rouges sont souvent toxiques, et généralement les teintures à anthocyanes ne sont pas très stables
certains champignons (la plupart de ceux qui teignent sont toxiques, voir très toxiques… comme en témoigne le dernier livre de Marie Marquet : « Guide des teintures naturelles – champignons et lichens »
Cette liste n’est pas exhaustive.
Il y a tant de végétaux sans problèmes pourquoi aller en chercher des problématiques?
Attention ! Certaines plantes tinctoriales sont très rares, en voie de disparition. Il n’est donc pas soutenable de les utiliser en teintures si elles ne sont pas cultivées ! D’autant que pour teindre 1000 g de fibres, il faut la plupart du temps 1000 g de plantes.
Outre les végétaux, les mordants ne sont pas tous inoffensifs…
Les sels de métaux lourds (plomb, arsenic, chrome, antimoine, mercure, étain, cadmium…) étaient courramment utilisés il y a encore quelques années. Avant, on se préoccupait moins de la sécurité !
Le cuivre bien qu’encore utilisé en agriculture bio, en produits d’entretien des piscines… est très douteux vu que la plupart de ses sels sont toxiques.
Le dioxide de titane nouvellement apparu en teinture naturelle et présent dans les protecteurs solaires et des produits alimentaires est aussi inquiétant.
Il nous reste l’aluminium (pierre d’alun) omniprésent, dont il convient de limiter au minimum nécessaire, l’usage, car il est aussi neurotoxique.
Il nous reste le fer, qui obscurcit les couleurs, à n’utiliser qu’à très faible dose car il rend rêches les fibres qui se dégradent très rapidement. Ne pas oublier de bien rincer juste après usage.
Pour travailler en toute sécurité, la solution idéale est de travailler avec des tanins naturels, il y en a beaucoup, il faut apprendre à les chercher. C’est ce que font les gens qui n’ont pas accès aux produits chimiques, ils combinent des plantes qui en contiennent (plantes bio-accumulatrices) et les plantes à tanins à celles qui colorent.
Il existent un certain nombre d’expériences qui peuvent être menées en toute sécurité avec les enfants sans danger, par exemple avec le chou rouge… Voir Michel Garcia.
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
Ecoprint – Article mis à jour le 14 octobre 2022 À partir du 11 novembre 2022 au Chili, retour prévu en Europe au printemps 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Voulez-vous ecoprinter votre jardin? Nous le faisons…
Ecoprint, kezako? Je reviens sur cet article que j’ai publié au tout début de la création de ce blog. C’est un sujet important, et vous avez donc droit à une toute nouvelle version qui va se compléter au fur et à mesure de mes nouvelles expériences.
Pourquoi ecoprint
L’ecoprint n’est pas un « machin » ou « nouveau truc » pour « reverdir » la teinture. Le « greenwashing« , ce n’est pas mon genre.
C’est une technique très économe en matières tinctoriales, quelques feuilles bien choisies suffisent. Alors que normalement, il faut 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres, et une très grande casserole et donc plus de combustible.
C’est une teinture locale, qui varie selon les saisons, un instantané du lieu.
D’autre part, cela permet de changer l’allure d’une manière unique de n’importe quel vêtement usagé, de fibres naturelles, bien sûr. Une nouvelle forme de recyclage.
Depuis mon retour de Madagascar et mon voyage au Brésil, j’ai eu de nouvelles expériences d’ecoprint et je tiens à vous les présenter maintenant.
L’ecoprint, quelle magie!
Un peu de théorie sur cette technique
L’ecoprint est une technique développée par un groupe de designers australiennes à la tête desquelles se trouvent India Flint, Susan Fell McLeanet le groupe Gondwana textiles… J’espère bien pouvoir aller visiter leurs ateliers lors de mon tour du monde…
C’est plutôt une impression qu’une teinture… Le végétal s’imprime essentiellement en surface.
Selon les méthodes et l’épaisseur du support, les empreintes végétales apparaîtront sur une ou deux face, ou éventuellement se répéteront en s’affaiblissant. Les deux faces des feuilles donnent des résultats différents.
Cette technique n’utilise que peu de matériaux végétaux, étalés sur la toile, ou éventuellement sur papier ou carton (c’est aussi possible), enroulés serrés, se mettent à tremper pendant quelques jours, avec ou sans mordants, puis éventuellement chauffés et enfin déballés, laissent différentes empreintes.
On peut obtenir des dessins naturels d’une très grande finesse.
Premiers essais à Santa Fe – Argentina
Nous avons avons fait les premiers essais d’ecoprint, sans grand succès, lors d’une formation que j’avais donnée au Centre Culturel « La Esquina Encendida« . Sans doute le rouleau n’avait pas été assez serré et qu’il n’a pas trempé assez longtemps.
Les tutoriels sur internet ne donnent pas toujours tous les détails, et ceux-ci peuvent être très importants.
Lors d’une seconde formation donnée à Santa Fe, à La Redonda, cette fois, il y avait deux participantes qui pratiquaient déjà couramment cette technique.
Mais ce qui a retenu le plus l’attention du groupe a été une technique assez proche, qui se travaille à froid, avec un marteau à carreler.
Les feuilles fraîches sont glissées entre deux toiles de fibres naturelles, on martèle, puis on enlève les feuilles, on fait tremper les toiles dans un bain de « soupe de clous » (vieux clous + vinaigre = acétate de fer) qui révèle les tanins. Puis, on lave et on rince.
Ecoprint à Madagascar
L’effet est très délicat. Nous avons pratiqué l’ecoprint avec Monsieur Hilaire à Talata, Madagascar. Cette technique nécessite de la patience mais peu de moyens.
India Flint, la précurseur de cette méthode de teinture, raconte dans un de ses livres, qu’elle voyage partout avec sa casserole électrique et des échantillons de textiles naturels, qu’elle teste juste après sa récolte en se promenant dans les rues.
A Talata, nous n’avons utilisé qu’une grande casserole et un petit réchaud traditionnel malgache (fatapera), avec du charbon de bois. Ce petit réchaud est très économique à l’usage et est très léger, fait en tôle recyclée. Je n’ai pas pu résister, je m’en suis achetée un. Chaque pièce teinte est unique, comme chaque feuille l’est dans la nature. C’est la magie de l’ecoprint. Tout doit être testé. Que de surprises!
Certaines feuilles donnent des résultats plus intéressants que les pétales de fleurs. Mais on peut retenir les fleurs d’oeillets d’Inde et de Cosmos Sulfureus (orange), nous avons testés les autres cosmos roses qui infestent les champs, sans résultat. J’ai beaucoup aimé la finesse des aiguilles de pin australiens et les fougères. Les feuilles de rosier et d’eucalyptus ont beaucoup plus à M. Hilaire.
À la suite de cette expérience à Talata Madagascar, j’ai préparé une présentation détaillant tout ce que nous avons fait en presque 15 jours. Cette présentation sera bientôt disponible en téléchargement quand je trouverai la solution informatique.
Atelier Ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin – France
Après mon retour de Madagascar, j’ai rencontré à Loches, une tisserande qui a organisé une petite formation sur le thème de l’ecoprint avec 6 autres personnes à La Chapelle Blanche Saint Martin (Indre et Loire – France) à l’élevage de Chèvres Mohair et Atelier de Brigitte, le dimanche 27 août 2017. J’ai d’ailleurs préparé une autre présentation sur cette journée qui a été très intéressante.
Ecoprint à Andacollo – Chili
Puis en février 2018, je suis allée donner un cours privé à un couple, près de La Serena, à 400 km au Nord de Santiago du Chili, ou après avoir teint de nombreuses laines et rubans de laine cardées avec les plantes de la propriété, nous avons estampé une écharpe de soie malgache (de Monsieur Hilaire) en ecoprint. Le résultat a beaucoup plu.
J’attends des nouvelles de mon amie qui doit lancer prochainement sa marque de vêtements et accessoires en fibres naturelles…
Au Chili, j’ai tissé un chemin de table avec le métier Tissanova et préparé quelques écharpes en laine feutré que je vais teindre en ecoprint, prochainement.
Récemment, en novembre 2019, nous avons faits de nouveaux tests, sans mordants (l’alun avait disparu de la maison), nous avons utilisés les tanins des écorces de grenades comme mordant.
Lors de mon dernier voyage au Pérou, j’ai rencontré un couple d’artisans à Cajamarca et nous avons fait un petit essai, sur coton.
Segundo est tisserand sur métier à pédales, il perpétue les points traditionnels péruviens et il est aussi professeur de tissage et de teinture.
Qu’avons nous fait ?
J’ai acheté un morceau de toile de coton léger, nous l’avons découpé en bandes. Nous les avons fait bouillir avec de la lessive, pour enlever l’apprêt, vu qu’il s’agissait d’une toile neuve.
Toutes les toiles neuves sont impregnées de nombreuses substances, d’abord pour faciliter la filature et le tissage, puis pour une meilleure tenue du tissu et éventuellement pour imperméabiliser ou apporter d’autres propriétés… Ces apprêts chimiques rendent plus difficile la teinture. Le débouillissage est donc absolument nécessaire.
Puis, nous avons présenté les plantes (schinus molle, sauge, et une plante de couleur pourpre qui avait attiré l’attention de mon ami…). Ces plantes sont disponibles en pleine ville. Nous avons trempé certaines plantes dans un bain de sulfate de cuivre et d’autres dans un bain de pierre d’alun. Nous n’avions pas de sulfate de fer, ni de « soupe de clous« .
Nous avons fait les petits rouleaux d’ecoprint et les avons laissé tremper jusqu’au lendemain.
Alors, nous les avons fait bouillir dans une casserole en aluminium que mes amis utilisent pour teindre. Le lendemain, nous avons défait les rouleaux, enlevé les plantes et rincé les toiles.
Résultat
Le résultat n’a pas été merveilleux, mais on voyait tout de même les feuilles de schinus molle imprimées en jaune. Peut-être aurions-nous dû faire sécher les toiles avant de préparer les rouleaux? Ou bien laisser tremper une nuit avant de faire chauffer.
Je préfère, en général, utiliser les vieilles feuilles, parfois blessées, trouées, dévorées par les insectes ou les limaces. Elles auront certainement plus de tanins et manqueront moins à la plantes que les jeunes pousses gorgées de sève.
Comme toujours. la saison de récolte influence le résultat.
Le coton est toujours plus difficile à teindre que la soie ou la laine. Peut-être que la toile n’était pas 100% naturelle. Les toiles de fibres naturelles pures deviennent rares.
Ecoprint au Brésil
Je suis partie pour le Brésil à l’aventure, je n’ai donc pris que peu de bagages.
J’ai alors acheté des vêtements d’occasion en coton qui m’ont servis de matière première pour mes essais.
Mon amie Iafa était très tentée par les fleurs multicolores, il y en a de vraiment très belles et partout. Je l’ai laissée faire. Le résultat était un peu pâle et s’est malheureusement décoloré au bout d’à peine quelques jours, bien que le vêtement avait séché à l’ombre.
Nous avons testé l’eau de mer, l’eau de la rivière, enterré des rouleaux sous le sable humide, d’autres dans une serre improvisés qui attiraient l’attention d’Ureba, le vautour apprivoisé très joueur… Beaucoup d’expériences…
Nous avons travaillé avec des fibres végétales, vêtements de seconde main, en coton généralement. On pouvait donc considérer que les apprêts avaient dû avoir été éliminés lors des lavages précédents. Cela explique peut-être les résultats un peu décevants à côté des expériences sur soie.
Ce qui a donné les meilleurs résultats ont été les feuilles de goyavier, de framboisiers, de fougères…
Les grosses taches rosées proviennent de tranches d’une patate douce non comestible, mais médicinale, utilisée comme antifongique.
Ecoprint en Suisse
J’ai recommencé en Suisse au Village Lacustre de Gletterens. Dans mon article consacré à cette expérience, vous pourrez voir des ecoprint pour personnaliser de vieux vêtements.
Dernières expériences
Lors des derniers mois, j’ai accumulé les vieux draps, vêtements d’occasion en coton et lin, vieille toile de matelas et même quelques coupons de soie.
Quand je suis allée passer mon diplôme en VAE, à Paris, je n’ai pas pu visiter de musées pour cause de virus. Quel dommage! Alors, je me suis acheté deux coupons de soie.
Si vous cherchez des toiles bio, voici un contact pour commander par internet.
Ecoprint sur os
De retour à Gletterens, cet ´eté, j’ai découvert un livre de teintures naturelles, en allemand, qui proposait de faire de l’écoprint sur ciment.
J’ai testé sur du bois et sur des galets avec un résultat plutôt mitigé.
Mais, comme l’os était une matière première très appréciée dans les temps anciens, j’ai eu l’idée de faire quelques tests sur de l’os.
Je suis repassée au Village Lacustre de Glettterens quelques mois après, un ´echantillon de ces écoprint sur os était resté à l’intempérie et ne montrait pas de marques de détérioration.
Tour du monde des teintures
Lors de mes prochains voyages, j’espère bien pouvoir avoir de nouvelles expériences avec cette technique. Je ne manquerai pas l’occasion de vous en parler. Cet article devrait donc être suivi régulièrement pour être au courant des nouveautés.
Elle reflète parfaitement la végétation locale dont elle révèle toute la richesse parfois cachée et s’adapte facilement, car elle ne nécessite que peu de matériel.
Chaque pièce est unique, comme chaque feuille, écorce, racine… ces végétaux ne peux pas être réutilisés, sauf en compost.
Comme, vous avez pu le voir, cette technique ne nécessite que très peu de matériel. On peut la combiner avec des techniques de shibori. Elle est très versatile et permet de découvrir les couleurs que peut donner n’importe quelle plante.
Voici, un vrai plaisir, un élément à développer dans mon Ikigai et peut-être dans le vôtre aussi.
Cela date de la préhistoire, mais c’est d’actualité!
Les teintures naturelles sont de nouveau d’actualité.
Il y a des congrès internationaux depuis des années, les derniers auquels j’ai participé (ISEND Kuching, Malaysie en 2012, Taiwan IFND en 2014 et dernièrement IFPECO Antananarivo, Madagascar en mai 2017)
Dans ces congrès, on s’aperçoit, qu’outre les passionnés d’histoire ancienne et de folklore, ils y de grosses entreprises traditionnelles et des startup qui s’intéressent à ce sujet :
par exemple, au dernier congrès de Madagascar, il y a avait des représentantes de l’Opéra Comique où maintenant tous les costumes sont teints naturellement, pour le bien être de tout le personnel.
il y avait aussi une startup Arteko, qui produit des bioplastiques très joliement colorés avec des teintures naturelles, La gamme est étonnament vive et variée…
Il y a de nombreuses tentatives d’emploi industriel des teintures naturelles qui semblent intéressantes (quand il ne s’agit pas de « greenwashing », verdissement-nettoyage de sociétés connues pour être polluantes…). Cela pose certaines problématiques concernant l’obtention en grandes quantités de ces pigments, mais aussi la reproductibilité avec une très grande précision des coloris choisis… Ce thème à été récurrent pendant les trois symposiums auxquels j’ai participé, il était d’ailleurs présent dans les symposium précédent, notamment celui de La Rochelle.
Ces symposium permettent de faire se rencontrer des usagers, des producteurs, des artisans, des artistes, des historiens, des teinturiers du monde entier, mais à aussi à différents niveaux de pratique depuis la haute couture jusqu’aux artisans locaux.
De plus, il y a un renouveau d’intéret pour les techniques traditionnelles, il faut cependant pousser assez loin les recherches (géographiquement et historiquement) pour retrouver des techniques écologiquement propres. Les cultures de plantes teinturières ont aussi parfois eu des conséquences désastreuses sur l’économie locale (voir l’histoire de l’indigo en Inde).
Les teintures chimiques se sont répandues un peu partout dans le monde, il est difficile d’y échapper. D’autre part, les teintureries industrielles en Europe (qui sont bien documentées), déjà avant la Révolution Française utilisaient comme mordants des sels toxiques (plomb, arsenic…).
Il reste de nombreuses recherches à mener pour construire une industrie de la teinture naturelle qui ne soit pas une menace pour l’écosystème. Les teintureries tout comme les tanneries (leurs concurrents pour l’usage de l’eau de rivière propre) salissaient déjà beaucoup au Moyen-àge (voir Michel Pastoureau).
Ce problème m’intéresse tout particulièrement, pour la création du village artisanal à Concon, chez mon ami Uldis, où la gestion des eaux et des déchets devra être réglée de manière écologique aussi. C’est pourquoi je prépare un projet de tour du monde pour découvrir les meilleures techniques et essayer de les mettre en applications.
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
/// Les mordants, cela ne mord pas /// Article créé le 22 juillet 2017, mis à jour le 31 mars 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Que sont les mordants?
Les mordants sont des produits que l’on ajoute à la teinture, soit avant de teindre (prémordançage), pendant la teinture, ou après (postmordançage) pour assurer la solidité de la teinture.
En général, ce processus modifie la couleur. Cependant, il est souvent indispensable pour fixer la couleur en provocant des réactions chimiques qui unissent les colorants à la fibre.
L’emploi des mordants n’est cependant pas systématique.
Certaines plantes peuvent colorer sans teindre définitivement (betterave rouge, plantes à anthocyane…). Dans ce cas, les mordants ne sont d’aucun secours. Ces teintures peuvent servir en alimentaire ou en cosmétiques, mais certainement pas pour les textiles.
Un peu d’histoire des mordants
Des tablettes sumériennes, écrite en cunéiforme, mentionne déjà des recettes de teinture avec notamment l’emploi d’alun.
En outre, déjà au XIIIème siècle, à Gênes et à Venise, en Italie des règlements classifiaient les plantes tinctoriales et faisaient la distinction entre plantes grand teint et plantes petit teint.
Au XVIIIème siècle, de nombreux chercheurs teinturiers et chimistes de renom ont fait des recherches pour améliorer la solidité des teintures et innover en ce qui concerne les mordants. Ils ont préparé des nuanciers très détaillés avec des échantillons. Domique Cardon en parle dans ses livres. Elle vient d’en publier un nouveau.
Prémordançage
Le prémordançage consiste à faire bouillir quelques heures les fibres avec le mordant, avant de les mettre dans le bain de teinture, si possible encore humides. Cette pratique permet d’attirer les fines particules de colorants naturels vers l’intérieur de la fibre où elles se fixent solidement.
Cette étape est donc cruciale. Donc, elle ne doit pas être prise à la légère pour une bonne formation et un bon résultat. C’est un temps de travail que l’on ne peut pas éliminer pour faire un cours en 3 heures1, le rêve de beaucoup. Tout n’est heureusement pas instagramable!
Il ne faut pas oublier d’éviter les chocs thermiques pour les laines. En effet, si l’eau vient à manquer dans la casserole lors du mordançage ou de la teinture, il faut rajouter de l’eau bouillante.
Découvrons les différents mordants
Les mordants sont des sels minéraux qui modifient le pH du bain de teinture:
alun de potassium
sulfate de fer
sulfate de cuivre
crème de tartre
oxalate de titane
D’abord l’alun
L’alunest un sulfate double d’aluminium et de potassium. Cela ressemble vaguement à des cristaux de sel. Ce produit est très largement utilisé comme antifloculant dans la potabilisation de l’eau.
Il est connu comme désodorant, cependant je ne le conseillerai pas pour cet usage, vu que l’aluminium semble être impliqué dans de nombreuses maladies. Il était anciennement utilisé au Chili par les militaires pour faire baisser l’ardeur sexuelle de leurs recrues.
Pourquoi mordancer?
Le mordançage à l’alun est incontournable car il fait apparaître beaucoup de tons jaunes qui sinon resteraient cachés ou très pâles. Il est indispensable pour la cochenillequi ne se maintiendrait pas sans cela.
Si la couleur obtenue n’est pas à notre goût, il est toujours temps de faire un post-mordançage, en ajoutant un peu de mordant ou un modificateur à la fin de la teinture. En teinture naturelle, rien n’est définitif.
Michel Garcia fait de nombreuses démonstrations des gammes de couleurs que l’on peut obtenir grâce aux mordants, en faisant varier leurs proportions, en les mélangeant. Ses DVD sont passionnants. Je ne touche pas de commissions, mais ils méritent vraiment que je les recommande.
Nous avons appliqué ces techniques lors d’un atelier que j’ai dirigé à La Redonda, Santa Fe, Argentine.
Si la laine, la soie et les fibres protéiques ne donnent souvent pas l’impression que le mordançage soit nécessaire (au détriment de la solidité – c’est souvent très trompeur). Cependant, il devient absolument indispensable dans le cas des fibres cellulosiques (végétales) qui attrapent beaucoup moins facilement les couleurs. Sauf cas des tanins qui agissent comme des mordants.
Précautions
J’insiste sur le fait qu’il ne faut surtout pas oublier de laver soigneusement les fibres avant le mordançage. En outre, il faut aussi débouillir les fibres végétales, en les faisant bouillir assez longuement avec du savon. Puis bien rincer.
Il s’agit d’éliminer les graisses d’ensimage utilisées lors de la filature et aussi les différents apprêts et charges appliqués lors du tissage et de la mise en forme industriels de la toile. Lors de ces étapes sont souvent appliqués des huiles, sucres, amidons, plâtres, craie, azurants… soit pour faciliter le tissage, soit pour donner la tenue à la toile, ou pour la blanchir. Si ces ajoûts ne sont pas éliminés, ils attireront les mordants et les teintures et ces derniers partiront au fur et à mesure des lavages (parfois, même d`es le premier lavage) en emportant les colorants.
Éliminer cette étape nuirait gravement à la qualité et à la solidité de la teinture.
Un peu d’histoire
L’alun naturel a été exploité depuis la très haute antiquité, notamment en Egypte où des gisements naturel de minerai d’alun étaient exploités en plein désert (Voir Dominique Cardon). Il semblerait que la recherche du maintien de l’accès aux sources de l’alun (situées à l’époque en Orient) ait été une des raisons économiques des grandes croisades. Par la suite, on a découvert des gisements dans une zone volcanique près de Naples, en Italie. Cet alun s’appelait « l’alun du Pape« .
Le fer
Nous avons trois solutions: une rapide, une plus économique et une plus difficile d’accès pour ceux qui connaissent leur terroir.
Certaines eaux sont riches en fer, comme d’autres peuvent l’être en calcaire. Cela explique que certaines couleurs sortent plus vives à certains endroits. On trouve ici une des raisons de la recommandation d’utiliser, si possible, des eaux de pluie pour teindre.
Sulfate de fer
Le sulfate de fer s’achète en quincaillerie ou en jardinerie. On l’utilise notamment contre les limaces et les mousses. Ce sont des cristaux vert clair.
On doit en utiliser très peu, en principe moins de 3% du poids des fibres.
Il s’utilise le plus souvent en post-mordançage. Il obscurcit très rapidement les couleurs en les faisant virer généralement vers les gris et les verts bronze ou olive. La cochenille passe du rose-rouge au violet, elle est très sensible au fer.
Le changement de couleur est irréversible. Si l’on a des doutes, mieux vaut faire le test sur un échantillon.
Si l’on travaille avec un récipient en fer, le mordançage se fera automatiquement, mais peut-être irrégulièrement.
Cependant, il faut rincer abondamment les fibres après mordançage au fer, car le fer rend les fibres rêches et les fragilise. De nombreux textiles historiques mordancés au fer posent des casse-têtes aux archéologues et aux restaurateurs.
Dans les recettes anciennes, on l’appelle « couperose verte » ou « vitriol vert« . C’était très utilisé dans les encres pour les manuscrits.
Soupe de clous
La Soupe de Clous est une alternative un peu plus douce. Il s’agit en fait d’acétate de fer.
C’est très simple, on fait tremper de la ferraille, de vieux clous, dans du vinaigre (acide acétique) dans un récipient non fermé. La reáction dégage des petites bulles d’hydrogène. Après quelques jours, on récupère le jus pour mordancer.
Autre solution, plus douce, mais sans doute plus difficile à trouver, utiliser des boues de sources en forêt qui combinent des sels de fer et des tanins provenant des déchets des arbres.
Ces boues sont encore couramment utilisées par les femmes qui filent la laine dans le sud du Chili. En Afrique, elles sont indispensables aux bogolans.
Certaines eaux naturellement chargées en fer modifieront aussi les teintes obtenues.
Activité
Le cuivre
Encore un sulfate, celui-ci est encore toléré en agriculture, même bio. C’est l’un des composants de la fameuse bouillie bordelaise.
Le sulfate de cuivre s’utilise aussi comme anti-algue pour les piscines et pour des traitement du bois.
On peut donc l’acheter en quincaillerie ou en jardinerie.
Ce sont de très jolis cristaux bleu, qui perdent leur couleur quand on les dilue dans l’eau.
Comme tous les dérivés du cuivre, ce produit est toxique et de nombreux teinturiers ne veulent plus l’utiliser. D’ailleurs, selon mes expériences, il ne fonctionne pas toujours.
Si l’on travaille avec un récipient en cuivre, le mordançage se fera automatiquement comme pour le fer.
C’est plutôt un modificateur, car il verdit les jaunes, les beiges et grise la cochenille.
Dans les vieilles recettes, il est appelé « couperose bleue » ou « vitriol bleu« .
L’oxalate de titane
C’est la grande nouveauté!
Je l’ai découvert en regardant le troisième DVD de Michel Garcia. Il permet d’obtenir de très beaux orangés avec les tanins.
J’ai récemment eu l’occasion de le tester, c’est vraiment très beau. J’en suis très contente. Je vous le recommande chaudement.
La crème de tartre
La crème de tartre s’utilise en très petites quantités pour rectifier l’eau du bain qui peut être très calcaire (ce qui nuit à la teinture) et elle permet aussi d’empêcher l’alun de précipiter au fonds de la casserole et de cristaliser sur les fibres, ce qui les détériore.
En outre, la crème de tartre est inoffensive, elle était extraite des fonds de tonneaux de vin. Elle est actuellement utilisée en pâtisserie. Unie au bicarbonate, c’est l’un des composants de la levure chimique. Je l’achète dans les boutiques de produits pour pâtissiers.
S’utilise en très petites quantités, en particulier pour la cochenille.
Les autres mordants chimiques
Anciennement étaient abondamment utilisés aussi:
le bichromate de potassium pour le noir de bois de Campêche, notamment. C’est un produit photosensible, utilisé pour les résines jaunes pour préparer les cadres de sérigraphie. Il faut donc garder les fibres mordanc´ees au chrome à l’abris de la lumière. Il rend les fibres rèches et cassantes. Le chrome est cancérigène.
le chlorure d’étain pour les rouges orangés de cochenille, il est très onéreux. Il servait anciennement pour la fabrication des miroirs. Primo Levi en parle dans l’une de ses nouvelles.
des sels d’arsenic, de plomb…
Tous ces produits sont bien sûr à bannir pour leur toxicité. D’ailleurs l’aluminium (de l’alun) et le cuivre ne sont pas sans danger. Le fer est à employer avec parcimonie car il rend les fibres rêches et elles se dégradent avec le temps.
Mordants naturels, mordant d’avenir
Les tanins
Ces mordants ne sont pas nécessaires avec les plantes qui contiennent des tanins, beaucoup de feuilles, d’écorces d’arbre, les fruits pas mûrs, les rumex, l’écorce de grenade, le brou de noix, les noix de galles, les pelures d’oignons…
Récemment, j’ai fait un test chez une amie, l’alun avait mystérieusement disparu, nous avons ramassé les écorces de grenades sous ses arbres et nous les avons utilisées comme source de tanins.
Certains parlent des épluchures de bananes. C’est assez économique, encore qu’il vaut mieux chercher des bananes bio quand on sait la quantité de pesticides utilisés dans la culture de ce fruit. Je n’ai pas de photo à vous montrer car je n’ai pas encore testé.
Plantes bioaccumulatrices
Il existe aussi des plantes à mordants, en général des plantes bioaccumulatrices qui récupèrent l’aluminium des sols: lycopodes (rare en Europe, lycopodium clavata, miconia argentea, qui poussent sur des sols acides), simplocos (feuilles), camélia (même le thé), le vinaigre de pommes est connu pour être plus chargé en aluminum…
À Puerto Montt, j’ai souvent teint au vinaigre de pommes, résultat de « chicha« , cidre qui avait viré… J’avais ramené plusieurs bonbonnes de 5 litres d’une visite chez une amie à l’île Maillen.
Il faut bien sûr utiliser une plus grande proportion de ces plantes (en général parties égales) pour obtenir l’équivalent d’un mordançage à l’alun. Mais, la solidité de la teinture est bien meilleure.
Celestina Stramigioli mentionne dans ses livres l’utilisation des cendres de certaines plantes notamment des cactus. Elle décrit les techniques anciennes encore utilisées par des femmes de zones très rurales d’Argentine où l’alun est rare et cher. Il est à noter que l’opération a une importance telle, que ces femmes ont inventé un terme spécifique pour cette opération.
Dans de nombreux endroits, notamment dans le sud du Chili, beaucoup de teinturières utilisent encore régulièrement des sources de boues qui contiennent sans doute du fer et d’autres minéraux (c’est une zone volcanique et les volcans relachent de grandes quantités de minéraux, des plus nobles aux plus dangereux).
Les modificateurs
Outre les cendres, de nombreuses traditions populaires utilisent le vinaigre, le jus de citron (qui peuvent renforcer l’action des tanins ou éclaircir les couleurs), l’amoniac, le bicarbonate, la soude, mais aussi l’urine, à mon avis ce sont plutôt des modificateurs et nous les avons testés, lors des deux ateliers à Santa Fe, Argentine, puis plus en détail, lors de la formation à Pica (Chili) où j’ai préparé une série de fiches qui m’ont été très utiles par la suite.
Les plantes qui ne nécessitent pas de mordants
Dans beaucoup d’endroit où l’alun n’est pas disponible ou trop cher, on a recours à des mélanges de plantes qui apportent soit des tanins, soit des sels d’aluminium. Ces méthodes me paraissent plus écologiques. Elles nécessitent une bonne connaissance des plantes.
Un certain nombre de plantes (en général à tanins) ne nécessitent pas de mordants :
noyer (feuilles, brou, écorces…)
écorces d’arbre en général
sciures de bois
feuilles gallées ou attaquées par des insectes
peaux d’oignons, épluchures et noyaux d’avocats
glands, fruits d’aulnes
noyaux de fruits (pêches, mangues, abricots, avocats…), coquilles de noix, noisettes, amandes, bogues de châtaignes et de marrons…
rumex
feuilles de chênes, chataigniers, marroniers, avocatiers…
Plantes à teinture substantive
Il existe quelques teintures dites « substantives » qui ne contiennent pas de tanins mais ne nécessitent pas de mordants.
Par exemple: le curcuma. Il n’est malheureusement pas stable à la lumière, ni aux acides et aux produits alcalins. C’est un cas typique de « petit teint« .
Indigo
La teinture à l’indigo est un procédé bien spécial et ne necessite pas de mordants.
Si l’on veut combiner un bain d’indigo avec un bain de jaune, pour obtenir un vert franc, on doit cependant mordancer le bain de jaune pour qu’il se fixe correctement. Il en est de même pour les combinaison avec des bains de rouge de garance ou de cochenille.
Solidité
Pour vérifier la solidité d’une teinture à la lumière:
Enrouler un morceau de fil teint (en faisant plusieurs tours) sur un carton,
En protéger la moitié avec un morceau de carton noir, bien fixé,
Exposer au soleil plusieurs jours, si possible un mois, ou à une lumière à rayons ultraviolets pendant quelques heures,
A la fin de l’expérience, défaire la protection et comparer les résultats
Conclusion
Le mordançage est donc un processus très important dans la teinture, bien qu’il ne semble pas toujours visible. Tous les bons livres de teintures naturelles y consacrent de nombreuses pages avant de présenter les recettes, il ne faut donc surtout pas négliger cette étape.
Il ne faut donc pas oublier que toute bonne formation en teintures naturelles doit donner une grande importance à cette étape indispensable bien que peu visible.
Je ne donne pas ce genre de cours, trop superficiel et trompeur. Mes cours doivent comprendre au moins 5 jours pour bien explorer tous les détails qui permettent d’obtenir de bonnes teintures.↩︎
Teindre avec des plantes – Article mis à jour le 24 janvier 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Cet article est un des premiers de ce blog, c’est comme un apéritif, comme chaque étape doit être commentée assez longuement. Ces techniques sont commentées en détails dans différents articles. Il s’agit là du tronc de l’arbre. Je vous invite à en connaître aussi les racines, les branches, les fleurs et les fruits… Et à côté de cet arbre, il peut y avoir une forêt…
Comment obtenir les plantes ?
Les plantes, cela peut paraître rare quand on vit en ville, cela peut sembler un peu compliqué, mais il y a toujours des solutions. En regardant bien, on finit par en trouver partout. Il suffit de chercher un peu. Nous pouvons trouver des plantes à teindre, même dans des régions désertiques. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller dans des zones polaires, mais même dans ces conditions difficiles, les hommes ont trouvé des teintures…
Selon le type de plantes on va plutôt utiliser une partie qu’une autre. Pour certaines plantes la partie la plus intéressante sera la racine (par exemple la garance et les rubiacées). Dans ce cas-là, il est impératif de ne pas choisir une plante rare, car sans racines la plante risque de mourir.
Il ne s’agit pas d’exterminer des plantes pour teindre naturellement, ce serait absurde!
C’est la raison pour laquelle la garance était cultivée en très grandes quantités jusqu’à l’apparition de l’alizarine artificielle. D’autant plus que celle-ci ne donne le maximum de pigments qu’à partir de la cinquième année.
La gaude couvrait des milliers d’hectares pour la teinture en jaune, bien que de nombreuses plantes sauvages en donnent aussi. Le pastel, plante à indigo européenne, a permis la création de très nombreuses fortunes.
Les plantes sauvages
Pas toujours besoin d’aller à la campagne pour trouver des plantes tinctoriales, de nombreuses « mauvaise herbes« , souvent méconnues, parfois invasives, peuvent nous être utiles…
Ainsi, en ville, la renouée du Japon, le buddleia, le plantin, l’érigeron du Canada… peuvent nous servir. Il suffit parfois de tester pour faire de grandes découvertes…
En forêt, la fougère peut être très intéressante, surtout en ecoprint.
Les écorces sont souvent intéressantes car elles contiennent en général des tanins qui sont toujours utiles. Cependant, il ne faut pas oublier qu’arracher l’écorce à un arbre le fait souffrir, l’affaiblit et peut le mettre en danger. Mieux vaut profiter des écorces déjà tombées, ou celles qui se détachent toutes seules, comme celles de l’eucalyptus qui donnent de très bons résultats.
Pour beaucoup de plantes, on peut utiliser les feuilles (même et surtout mortes), pour d’autres les fleurs ou éventuellement seulement les pétales (tournesol, par exemple, récolter les pétales au fur et à mesure qu’ils sèchent n’empêche pas qu’il produise des graines). Mais les fleurs sont longues à récolter, il en faut beaucoup (3 fois le poids des fibres) et le résultat peut être parfois décevant, même en ecoprint.
On peut aussi utiliser de la sciure, en général, les bois contiennent des tanins et on peut obtenir de très agréables surprises.
L’idéal est donc d’utiliser la biomasse due aux tailles, élagages et arrachages. Les déchets des jardiniers qui ne compostent pas sont très utiles. Nous avons travaillé avec beaucoup de ces déchets, trouvés souvent dans la rue en pleine ville àLa Redonda, à Santa Fe, Argentine. En plein centre d’Iquique (ville en plein désert), j’avais ainsi essayé le Bougainvillier qu’avait taillé un voisin, cela m’a donné du jaune.
Il faut aussi voir les déchets de légumes, on peut en obtenir de grandes quantités à la fin des marchés, chez les marchands de légumes ou même auprès des restaurant. On peut ainsi récupérer les restes de thé, le marc de café, les fanes de carottes, les peaux d’oignons, les restes d’artichauts…
C’est comme cela que j’ai pu obtenir du jaune avec des bouquets de coriandre fanés chez mon ami Angel à Puerto Montt. Là-bas j’ai aussi obtenu de pleins sacs de peaux d’oignons qui teignent si joliement.
A Iquique, j’avais aussi récupéré les noyaux de mangues dans un bar à jus de fruits et j’ai obtenu un très joli jaune-saumon.
Les fleuristes jettent aussi souvent des fleurs fanées, des déchets de feuilles… Tout cela doit être exploité, il n’y a pas de honte à cela. C’est du recyclage.
Que doit-on faire avec les plantes?
Maintenant que l’on a les plantes, l’idéal est de les faire tremper pendant au moins une nuit (plusieurs, si possible) avec de l’eau froide à température ambiante dans un grand seau ou la casserole que l’on va utiliser pour teindre (elle ne servira plus pour la cuisine!).
Plus la casserole est grande, mieux c’est. Et plus cela trempe longtemps, plus les plantes libèreront de pigments.
Il ne faut pas oublier la proportion : 3 parties de plantes pour 1 partie de fibres. Cette proportion peut varier selon les plantes, si elles sont sèches, on peut en mettre moins… Car il faut en tenir compte pour le choix de la casserole.
Enfin, plus les plantes sont réduites en petits fragments, plus elles donneront de la couleur.
Le mordançage et la préparation
Si on doit mordancer, ce qui est souvent indispensable (voir l’article sur les mordants), il vaut mieux le faire la veille aussi et garder les fibres humides.
Laisser les fibres à tremper dans le bain de teinture avec les plantes (parfois il convient de mettre les plantes à tremper à l’intérieur d’un sac en toile fine, prévu à cet effet, pour éviter qu’elles s’emmêlent avec les fibres).
Chauffer et laisser refroidir
Mettre à chauffer pendant quelques heures. Si le bain s’épuise, il convient de rajouter de l’eau à la même température, pour éviter les chocs thermiques qui feutrent les laines.
Une fois la teinture obtenue, le mieux est de laisser refroidir tranquillement dans son bain, moi je laisse en général refroidir toute la nuit. La teinture pénêtre ainsi plus profondément dans les fibres et sera donc plus saturée et plus solide, plus stable.
Maintenant que le bain a refroidi, on sort les fibres. L’idéal de mettre à sècher avant de rincer, à l’ombre. Certaines réactions chimiques interviennent au contact de l’oxigène de l’air.
Puis laver. Si on a utiliser du mordant au fer dans le bain, il est alors indispensable de très bien rincer avant de sécher.
Quand les fibres auront été lavées et séchées, toujours à l’ombre. Elles sont prêtes à l’emploi.
Vous avez fini! Ce n’est pas difficile, c’est magique…
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!