Mauvaises herbes utiles

/// Mauvaises herbes utiles ///
Nouvel article du 21 Mars 2020, complété le 5 Avril 2020
Nouvel ajout prochainement, en fonction des photographies et des découvertes…
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Les “mauvaises herbes“, un casse-tête pour tous ceux qui essaient de faire pousser des plantes, mais sont-elles toujours si mauvaises? Pendant mon activité actuellement, en confinement, le Wwoofing chez Biolab… J’ai très souvent affaire aux fameuses “mauvaises herbes“. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous écrire un petit article sur ces herbes que l’on dit mauvaises car on ne les connaît pas. Cet article reste encore en lien avec l’artisanat et la teinture naturelle.

Michel Pastoureau dit qu'”une couleur ne vient jamais seule“, c’est aussi le cas des plantes… Pour les “mauvaises herbes“, elles donnent l’impression de bien s’entendre. Et si on les arrache, immédiatement, une nouvelle génération apparaît, d’autres espèce, plus difficiles à arracher.

Arrachage de mauvaises herbes entre les plans de carottes; matricaires, pissenlits, chardons, véronique bleu... suite à cet arrachage massif, apparaîtront tout de suite de nouvelles espèces...
Arrachage de mauvaises herbes entre les plans de carottes; matricaires, pissenlits, chardons, véronique bleue… suite à cet arrachage massif, apparaîtront tout de suite de nouvelles espèces…

D’où viennent nos bonnes herbes? Des “mauvaises herbes” à succès…

Je n’aime pas le terme “mauvaises herbes“, c’est pourquoi, je l’écris entre guillemets. En fin de compte, ce que nous cultivons, ce sont des “mauvaises herbes” qui ont réussi. Elles ont été sélectionnées parmi toute l’offre végétale, et elles ont été protégées et développées des centaines de générations de cultivateurs. En conséquence, les autres sont presque méconnues.

Le maïs

Par exemple, l’ancêtre du maïs que consommaient déjà les Indigènes du désert d’Atacama n’était qu’une simple graminée, le téosinte, dont l’épi ne mesurait pas plus de 5 cm de longueur. Les sélections des paysans amérindiens ont donné une variétés de formes et de couleurs allant d’un grain blanc de la taille de l’ongle du pouce, à des grains plus courants mais noirs. Il existe de nombreuses variétés intermédiaires, parfois multicolores.

Ces derniers temps, cette sélection devient de plus en plus restreinte et de nombreuses variétés cultivées autrefois sont entrain de disparaître. Elles étaient pourtant adaptées aux conditions locales. Elles ont parfois beaucoup voyagé avant de s’adapter à notre voisinage.

Sans parler des variétés OGM, qui ont souvent fait appel à des qualité de résistance des “mauvaises herbes“, le catalogue des variétés a tendance à se restreindre, laissant se perdre des variétés anciennes plus rustiques.

Ont-elles toujours été des “mauvaises herbes“?

De nombreuses plantes considérées actuellement comme “mauvaises herbes” étaient encore cultivées, il y a à peine un siècle. Parfois, elles étaient très appréciées, sans pour autant être cultivées…

Arrêtons-nous sur quelques cas…

Le pissenlit

Je suis actuellement chez Biolab à Chevrainvilliers, près de Nemours (77 – France). Il y a beaucoup de pissenlit, il est très difficile de les expulser des serres.

Par exemple, Valentin qui travaille ici, me disait qu’autrefois dans cette zone, de grandes superficies étaient cultivées en pissenlit. Cette plante se mange en salade et est très intéressante du point de vue médicinal, notamment pour le foie. Il est riche en tanins et en vitamine C. Les vaches l’adorent.

"Mauvaises herbes" anciennement cultivées: le pissenlit
Mauvaises herbes” anciennement cultivées: le pissenlit

Le chénopode

Mauvaises herbes” courantes, les chénopodes, parents des épinards étaient très consommés autrefois, avant que Catherine de Médicis n’importe à la cour de France et mettent à la mode l’épinard fort apprécié en Italie.

Mauvaises herbes de seconde génération, les chénopodes
Mauvaises herbes de seconde génération, les chénopodes

L’ortie

Elle est le symbole d’une bonne terre. Un ancien proverbe basque disait que s’il y avait de l’ortie sur les terres de la future mariée, c’était bon signe.

Les orties sont indispensables pour une bonne immunité de la plupart des oiseaux. Elles sont très mellifères.

Des orties encore petites
Des orties encore petites, encore des “mauvaises herbes” utiles

Comme beaucoup de “mauvaises herbes”, elles sont bien sûr comestibles, en soupe ou comme des épinards et de biens d’autres manières. Elles teignent évidemment. Mais, les orties donnaient aussi des fibres qui se travaillaient un peu comme le lin.

N’oublions pas le fameux purin d’ortie, très utile en agriculture biologique. Tellement utile, qu’ils ont voulu l’interdire!

La réputation de l’ortie n’est plus à faire.

La grande consoude

Cette plante (Symphytum officinale) dont l’huile essentielle est très vantée, était aussi anciennement aussi utilisée en purin comme l’ortie pour protéger les cultures. Elle peut aussi être utilisée en mulch ou en compost dans le même but.

Elle est mellifère, donc intéressante pour les abeilles et doit faire participer au miel de ses qualités médicinales, notamment en ce qui concerne son pouvoir cicatrisant.

Mauvaises herbes” en association avec les cultures?

Certaines repoussent les insectes, d’autres les attirent et les mettent en évidences.

Les soucis

Les soucis qui on parfois mauvaise réputation, repoussent nombre d’insectes. Et comme les tagètes ou la tanaisie, ils peuvent être “cultivés” ou favorisé entre les rangs de cultures.

Les soucis peuvent être une aide précieuse
Les soucis peuvent être une aide précieuse

Les capucines, mauvaises herbes?

Cette jolie plante, sauvage et courante au Chili, a la particularité d’attirer les pucerons. Ceci fait que souvent, on la chasse des cultures au lieu de l’accueillir.

En outre, la magnifique fleur est comestible en salade. De même, la feuille est médicinale, son application sur les bleus aide à une résorption plus rapide de ceux-ci. Cela explique sans doute son appellation “espuela de galán” (éperon de galant), pour son utilisation pour soigner les yeux au beurre noir!

Certainement, il me faudra attendre mon retour au Chili pour mettre une photographie…

Et pourquoi pas la Bourse à Pasteur

En arrachant des “mauvaises herbes” entre les choux, j’ai découvert des bourses à pasteur dont la tige florale était couverte de petit pucerons noirs… Ne vaut-il pas mieux qu’ils sucent la sève de cette indésirable que celle de la culture.

Bourse à pasteur, non infectée de pucerons
Bourse à pasteur, non infestée de pucerons

Mauvaises herbes” médicinales

Le plantain

Ainsi, cette plante très courante, même en ville, est très intéressante. Elle soulage très rapidement les piqûres d’insectes et d’orties.

Comme beaucoup de plantes médicinales, elle est aussi tinctoriale. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer. Car il ne faut pas oublier qu’il faut généralement 3 fois le poids des fibres à teindre en plantes. C’est long à cueillir.

Mauvaises herbes - plantain, ici le remède est à côté du mal
Mauvaises herbes – plantain, ici le remède est à côté du mal

La digitale

Cette belle plante sauvage (Digitalis purpurea) est aussi intéressante du point de vue médicinal qu’elle est toxique. Elle est utilisée pour fabriquer des médicaments pour des problèmes cardiaques. Elle est trop efficace pour l’essayer, il faut la laisser aux laboratoires pharmaceutiques.

Mauvaises herbes” bonnes à teindre

La Sorona ou brea

Voici, cette plante dont le nom scientifique est Tessaria absinthioides est très courante au Chili depuis la zone centrale jusqu’au nord. Elle peut devenir envahissante.

À Pica, ou j’ai donné une formation, les femmes luttaient continuellement contre ces plantes qui envahissaient leurs “chacras” (mot quechua désignant une petite parcelle cultivée).

Belle expérience de teinture

Nous l’avons utilisé en teinture naturelle, elle furent très agréablement surprises par le magnifique jaune que cette “mauvaise herbe” peut donner.

Sorona ou Brea, á Mamiña, matière tinctoriale de premier choix
Sorona ou Brea, à Mamiña, matière tinctoriale de premier choix

Je viens d’apprendre qu’elle est très intéressante du point de vue médicinal pour les articulations, en infusion. Elle est aussi répulsive pour de nombreux insectes.

Lors d'un atelier de teinture à Pica, Nord du Chili, ces femmes découvrent les possibilités des "mauvaises herbes"
Lors d’un atelier de teinture à Pica, Nord du Chili, ces femmes découvrent les possibilités des “mauvaises herbes

Voici une photographie très émotive. Cette femme qui a une vie très difficile, caresse la laine qu’elle a teinte avec la Sorona qu’elle arrachait par pleines brassées.

Les ronces

Oui, les ronces ne font pas que piquer, envahir et donner parfois des mûres à l’automne. Les jeunes rameaux sont bourrés de tanins et sont très intéressants en teintures.

J’aime les jolis jaunes et de merveilleux gris, éventuellement des verts olives qu’elles donnent. Le résultat dépend des mordants: alun, fer ou cuivre et en prime une odeur de confiture lors du bouillon de teinture.

Ces jeunes rameaux de ronces sont l'idéal en teinture naturelle
Ces jeunes rameaux de ronces sont l’idéal en teinture naturelle

En permaculture, une technique innovante, utilise le fait que cette plante est une précurseur de la forêt. On aménage des cercles dans le massif de ronces et on y plante au milieu de petits arbres, le plus souvent fruitiers qui pousseront protégés par les ronces.

Les fleurs des champs en ecoprint

Voici une autre utilisation maline des plantes sauvages en teinture naturelle, est la technique appelée “ecoprint“. J’ai déjà consacré un article à celle belle technique que je pratique dès que je peux avec plaisir.

"Mauvaises herbes" et bonnes herbes du jardin en ecoprint
Mauvaises herbes” et bonnes herbes du jardin en ecoprint

Mauvaises herbes” fourragères et engrais vert

De nombreuses fabacées ou légumineuses sauvages servent d’engrais vert, grâce à leurs nodules sur les racines qui concentrent l’azote.

“Arvejilla”

Notamment, je pense à la “arvejilla” (petit petit-pois), courante au Chili (zone centre et sud), que les brebis apprécient beaucoup.

Il faut cependant penser à les tondre avant que les graines mûrissent, car celles-ci sont munies d’une épine très pointue qui blessent souvent les doigts quand on file la laine.

Cette graine était consommé par les indigènes qui savaient profiter de leur environnement.

J’ai appelé au secours mon amie Lucia Fuentes près de Rancagua (Chili) qui est apicultrice et connais très bien la flore chilienne. Elle m’a gentiment renvoyé tant d’informations que je ne sais pas à quel nom latin vous renvoyer. Il y a beaucoup d’espèces qui se ressemblent. Je me suis retrouvé devant un cas d’infobésité. Et malheureusement, je n’ai pas de photographie.

Les rumex

Avec leur solide racine pivotante, ils sont un cauchemar pour les agriculteurs. Il en existe de nombreuses variétés, toutes bio-indicatrices, indiquant différents types de sols.

Certaines espèces sont comestibles en salades. Les vaches les apprécient beaucoup.

Joli pied de rumex, une des mauvaises herbes les plus difficiles à arracher
Joli pied de rumex, une des mauvaises herbes les plus difficiles à arracher

Elles sont utiles en teinture naturelle, car elles ont beaucoup de tanins, et notamment des tanins peu colorants. Ils donnent des tons rosés pâles. C’est très intéressant pour utiliser ces tanins comme des mordants naturels et éviter ainsi la pierre d’alun. En outre, Gérard Ducerf nous apprends qu’elles récupèrent aussi les formes toxiques d’aluminium dans les sols. En teinture, cet aluminium peut certainement remplacer l’alun, pas toujours facile à trouver.

Bidens – amores secos

Cette herbe gracile qui aime les zones humides paraît bien innocente. Elle appartient à la famille des Bidens, au Chili on l’appelle “amour sec”, car leurs graines munies de deux petites dents s’accroche volontiers au vêtements.

Bidens, à Mamiña, je l'ai testé en teinture
Bidens, à Mamiña, je l’ai testé en teinture

Du temps des Incas, les enfants étaient envoyés les récolter pour la teinture, elle donne un magnifique jaune-ocre.

Les abeilles aiment les “mauvaises herbes

La grande majorité des plantes cultivées ne sont pas intéressantes pour les abeilles.

  • Les céréales sont généralement pollinisées par le vent.
  • Les légumes sont souvent récoltés avant la floraison, leur goût se modifie pendant la montée en graine…
  • Les fleurs cultivées pour les fleuristes sont récoltées en bouton, donc trop tôt pour les abeilles qui ont besoin que le pollen soit déhiscent et se libère facilement. C’est-à-dire que c’est la fleur mûre, presque fanée qui intéressent les abeilles.
  • Certaines fabacées devraient être intéressantes, mais la taille et la forme de la fleur ne laissent pas les abeilles faire leur travail… C’est notamment le cas de la luzerne.

Certaines zones cultivées apparaissent donc comme des déserts verts pour les abeilles domestiquées et beaucoup d’autres pollinisateurs sauvages.

Mauvaises herbes des champs, les camomilles des teinturiers attirent de nombreux insectes, ces fleurs donnent un très joli jaune d'or
Mauvaises herbes des champs, les camomilles des teinturiers attirent de nombreux insectes, ces fleurs donnent un très joli jaune d’or

Les “mauvaises herbes” qui arrivent à fleurir sont donc plus attractives pour les abeilles, d’autant plus que leur variété est plus grande. Et les abeilles profitent aussi des qualités médicinales de ces plantes.

Elles offrent aussi une plus grande variété de pollens et de nectars. En outre, elles ne fleurissent pas toutes au même moment, ce qui assure une alimentation variée et étendue dans le temps au fur et à mesure des floraisons décalées.

Abeille entrain de butiner une fleur de pissenlit, les poches à pollen pleines de pollens jaunes...
Abeille entrain de butiner une fleur de pissenlit, les poches à pollen pleines de pollens jaunes…

Si les abeilles dépendent seulement des variétés cultivées, elles ont des excédents de nourritures à certains moments et crient famine entre les floraisons.

Le lierre

Aussi curieux que cela puisse paraître, le lierre est très intéressant pour les abeilles. Heureusement, il a la bonne idée de fleurir en automne-hiver, époque où les abeilles sortent encore aux beaux jours et ne trouvent que très peu de fleurs.

Souvent mal considéré, le lierre n'est pourtant pas dénué d'intèrêt
Souvent mal considéré, le lierre n’est pourtant pas dénué d’intèrêt

Les baies sont vénéneuses. Elles contiennent beaucoup de tannins et de saponines. Ces graines alimentent de nombreux oiseaux en hiver, ils ont adapté leur appareil digestif et propagent ainsi les graines. Les feuilles sont utilisées comme détergent naturel.

Les feuilles ont la particularité de changer de forme entre l’état juvénile et l’état adulte.

Loin, d’être un danger pour les arbres sur lesquels il pousse, il les protège contre certains champignons et insectes. Le lierre n’est pas un parasite car il se nourrit par ses racines en terre.

C’est une plante dépolluante. Il est aussi utilisé depuis des temps immémoriaux dans des préparations médicinales.

Les adventices

Il s’agit là de cultures agricoles des années ou saisons passées, ou de champs voisins qui ressurgissent au milieu d’une culture principale. Ainsi, même le blé, par exemple, peut être considéré comme une adventice. Ce terme est plus scientifique pour nommer une “bonne herbe” qui n’est pas à sa place et devient “mauvaise” car elle est sensée faire concurrence à la culture du moment, peut-être exagérément normée.

Adventices, ici pourpier ou clayton de Cuba de la culture précédente, repoussant entre le choux pointus
Adventices, ici pourpier ou clayton de Cuba de la culture précédente, repoussant entre le choux pointus

Il est remarquable que ce pourpier est beaucoup moins beau que celui de qui avait été récolté précédemment. Les plans utilisés sont des hybrides F1 bio. Leurs rejetons ne possèdent donc plus toutes les qualités de leurs parents.

Voici le même pourpier, après 3 récoltes, il commence à fleurir, pour produire de nouvelles adventices
Voici le même pourpier, 15 jours après 3 récoltes, il commence à fleurir, pour produire de nouvelles adventices

Les plantes bio-indicatrices

Gérard Ducerf est un grand botaniste qui s’est spécialisé dans les “mauvaises herbes“. Il a élaboré une théorie très intéressante sur le fait que la levée de dormance des “mauvaises herbes” n’est pas la même partout.

Selon lui, les graines sont présentes partout, mais il faut des circonstances spéciales pour qu’elles germent (ou qu’elles lèvent leur dormance). Ces circonstances proviennent le plus souvent de la chimie du sol. Donc les “mauvaises herbes” qui pousseront, indiqueront certains manques ou certains excès du sol.

Je viens de trouver cette émission de France Culture où Gérard Ducerf explique ses observations. Je vous invite à l’écouter.

Montrer les problèmes du sol, voici le travail des mauvaises herbes

Le plus intéressant de l’affaire est que ces “mauvaises herbes” vont aussi tenter de remédier à ces problèmes. Il explique, par exemple, que certains chardons indiquent un manque de phosphates. Mais en outre, ils vont les chercher dans les couches plus profondes de la terre. Une fois que la plante se fane et se décompose, elle rend ces minéraux disponibles aux autres plantes cultivées.

Il nous faut donc réapprendre à connaître les “mauvaises herbes” qui ont toute une utilité qui n’est plus connue. Elles ont même souvent perdu leur nom. Plus une plante est “gênante“, plus elle a de nombreux noms communs ou vulgaire. C’est là que devient intéressante l’appellation scientifique en latin (parfois de cuisine).

La pollution

Par ailleurs, d’autres “mauvaises herbes” vont indiquer la présence de pollution par des métaux lourds ou des pesticides. Elles les concentreront souvent dans leurs tissus.

Mauvaises herbes - Datura, plante bioindicatrice, très toxique et halucinogène
Mauvaises herbes – Datura, plante bioindicatrice, très toxique et hallucinogène

Quand les conditions de levée de dormance disparaissent, ce sont d’autres espèces qui apparaissent…

Il explique en détails ses théories dans ses videos et ses livres. C’est vraiment intéressant.

Et les symbioses avec les “mauvaises herbes”

Parfois des “mauvaises herbes” semblent aider directement les bonnes herbes…

Après, Viña del Mar, j’ai vécu à Limache (à 30 km de Valparaíso, Région Centrale du Chili), j’ai eu deux expériences bonnes à méditer.

Quand je suis arrivée à Limache, il y avait beaucoup de plantes médicinales, une amie qui les connaissait bien me montre la mélisse. Elle me dit qu’il faut bien s’en occuper pour la protéger.

La mélisse

J’ai donc commencé par arracher les “mauvaises herbes” autour des plantes de mélisse. On m’a volé la pompe à eau. Je n’ai pas pu continuer à irriguer mes plantes. Heureusement, je n’avais pas réussi à nettoyer tous les plantes de mélisse. Car celles que je n’avais pas nettoyées ont résisté à la sécheresse, alors que toutes les mélisses que j’avais nettoyées se sont séchées.

La mélisse est très mellifère. Au Chili, on frotte les ruches vides avec de la mélisse pour attirer les essaims.

Par ailleurs, la mélisse est un anti-dépressif en tisane, ou parsemer quelques feuilles déchiquetées sur une salade.

Le parqui

D’autre part, j’avais beaucoup de parqui, une solanacée arbustive puante et toxique… Il y en avait des pieds qui poussaient très haut, juste à côté d’un grand citronnier. Les branches de parqui se cassent très facilement, je l’ai donc réduit très facilement, je ne l’ai pas arraché… Très rapidement, le citronnier est mort.

J’ai aussi constaté cette union citronnier-parqui dans la propriété de mon ami Uldis à Concon. Les seuls citronniers que respectaient les chevaux affamés des voisins étaient protégés par un pied de parqui.

Certaines “mauvaises herbes” peuvent avoir un effet répulsifs sur les prédateurs, d’autres peuvent les attirer libérant ainsi les cultures de leurs actions néfastes.

Les “mauvaises herbes” comestibles

Une nouvelle tendance est la redécouverte des plantes sauvages comestibles. Georges Oxley parle beaucoup dans ses videos de ces plantes et d’un mouvement britannique “Incredible Edible”. De nombreux livres sont entrain de paraître à ce sujet.

La renouée du Japon

Cette plante bio-indicatrice et envahissante montre des lieux pollués. Cependant ses jeunes pousses sont comestibles et exemptes de polluants.

Mauvaises herbes des villes, Reynutria Japonica ou Fallopia Japonica
Mauvaises herbes des villes, Reynutria Japonica ou Fallopia Japonica

Enfin, j’ai utilisé cette plante en teinture naturelle à Puerto Montt (sud du Chili), elle m’a donné un très beau jaune.

Elle est aussi très mellifère et attire les abeilles en nombres.

L’ail des ours

Cette plante phare des comestibles sauvages est une parente de l’ail cultivée. Selon wikipedia, elle présente beaucoup des propriétés de l’ail habituelle.

Comme pour toutes les plantes sauvages, il faut bien faire attention à toujours en laisser suffisamment pour qu’elle puisse se régénérer l’année suivante.

D’autre part, il faut éviter de la confondre avec d’autres plantes toxiques qui lui ressemble et qui peuvent entraîner de graves intoxications. Une bonne base en botanique est donc nécessaire.

Le lamier pourpre

Cette modeste plante fait partie des plantes préférées des débutants en “comestibles sauvages”. Elle a un goût de champignon et s’utilise en salade.

Du point de vue médicinal, Wikipedia nous dit que: “Les feuilles et les sommités fleuries sont toniques, vulnéraires, astringentes, hémostatiques et expectorantes grâce à leur richesse en tanins, mucilages et glucosides. Les fleurs sont également utilisées pour préparer des tisanes contre la bronchite.

Lamier
Lamier

Chardons

Il existe au Chili une sorte de chardon, cousine de l’artichaut dont les cotes des feuilles sont comestibles en salades ou frits. J’en ai mangé plus d’une fois.

De plus, ce chardon, comme beaucoup d’autres, est aussi très intéressant pour les abeilles.

Chardon comestible, aliment de choix pour les chevaux
Chardon comestible, aliment de choix pour les chevaux

Aussi, je les ai essayés en teinture naturelle, à mes débuts. J’ai employé les feuilles complètes. Encore une fois, j’ai obtenu un jaune. Les épines étaient restées piquantes après avoir bouilli.

Jolie fleur de chardon, bizarre qu'il n'y ait d'abeilles
Jolie fleur de chardon, bizarre qu’il n’y ait d’abeilles
Teintures aux mauvaises herbes dans une casserole bien spéciale
Teintures aux mauvaises herbes dans une casserole bien spéciale

Souvent, j’aime bien utiliser des déchets, des rebuts pour teindre. C’est économique, et cela ne manque que rarement.

La Gunnera

Cette plante utilisée en décoration de jardin en France (Gilles Clément l’apprécie beaucoup) est un peu invasive. Elle pousse sauvage au Sud du Chili, sur les bords de routes et de forêts, j’en ai beaucoup vu entre Coyhaique et Puerto Aysen.

Au Chili, on l’appelle “pangue” ou “nalca“. Ses grandes tiges se mangent en salade, c’est plutôt amer. On les vend, quand c’est la saison sur les marchés, à Puerto Montt. Les feuilles peuvent mesurer plus d’un mètre de large. On les utilise pour la recette du “curanto al hoyo“, spécialité gastronomique de la région de Chiloe et dans de nombreuses préparations culinaires de la région, notamment pour envelopper des “pains” (masas) de pommes de terre râpées.

Les racines sont utilisées traditionnellement en teinture naturelle et pour tanner les peaux.

Gunnera chilensis, mauvaises herbes imposantes du Sud du Chili
Gunnera chilensis, mauvaises herbes imposantes du Sud du Chili

Sur ce lien, vous pourrez voir des photographies impressionnantes et avoir plus d’informations sur cette plante.

Les “Chahuales

"Chahuales" à Concon, Région Centre du Chili
Chahuales” à Concon, Région Centre du Chili

Voici une magnifique plante en voie d’extinction au Chili est aussi comestible et recherchée. Mais comme on mange la tige florale en bouton, qui est en outre difficilement accessible, au milieu des feuilles dures et piquante, la plante une fois récoltée est incapable de se reproduire.

Mauvaises herbes” des villes

D’autre part, les “mauvaises herbes” n’envahissent pas que la campagne et les jardins. Elles arrivent à pousser dans n’importe quel interstice en ville… La nature sait recoloniser la ville.

Érigeron du Canada

Cette plante courante en ville, est utile en teinture naturelle. Elle donne aussi du jaune.

Erigerons qui profitent de n'importe quelle anfractuosité
Érigerons qui profitent de n’importe quelle anfractuosité, photographie prise à Santa Fe, Argentine. On en trouve aussi en Europe

Phytolacque

Enfin, cette plante plutôt envahissante et toxique est apparue un peu partout.

Ces graines étaient curieusement utilisées autrefois pour falsifier la couleur de certains vins, notamment de Bordeaux. Il s’agit d’un colorant petit teint, donc très instable.

“Mauvaises herbes” résistantes

Certaines, résistent même au feu…

Cette jolie fleur a poussé juste après l'incendie d'un bois d'eucalyptus
Cette jolie fleur a poussé juste après l’incendie d’un bois d’eucalyptus

D’autres, tels ces chardons sont capable de se maintenir après un an à l’ombre sous une bâche tissé…

Ces chardons ont passé plus d'un an à l'ombre d'une bâche tissé
Ces chardons ont passé plus d’un an à l’ombre d’une bâche tissé

Certaines savent être mignonnes

Certaines plantes savent être très mignonnes et délicates pour échapper à l’arrachage. Ainsi semble être la douce véronique bleue, qui n’hésite pas à tisser d’inextricables toiles de racines en marcottant dans tous les sens. Elles couvrent très bien les sols, dont elles indiquent un bon équilibre.

Ces jolies "mauvaises herbes", les véroniques bleues peuvent devenir un peu envahissantes
Ces jolies “mauvaises herbes”, les véroniques bleues peuvent devenir un peu envahissantes

Vieille expérience

Quand je suis arrivée à La Ligua (zone centrale du Chili), je suis rapidement partie vivre dans un hameau appelé la Quebrada del Pobre (la Vallée du Pauvre).

J’avais quelques hectares de coteau de colline avec quelques bosquets, un petit ruisseau qui coulait seulement en hiver, bordé d’arbres natifs (boldo, molle, peumo, quillay…). Il s’agissait d’une prairie en pente, nette plus sèche vers le côté nord.

Je démarrais en apiculture. J’ai donc décidé de me débarrasser de mon ânesse et de mon ânon et d’empêcher les voisins de faire paître leurs troupeau sur le terrain. Je voulais réserver les fleurs à mes abeilles. Elles ne sont pas capables d’aller chercher leur nourriture dans les bouses des animaux qui mangent les fleurs avec grand plaisir.

Après deux ans de luttes contre les paysans du week-end, j’ai pu constater quelques améliorations. Les paysans du week-end travaille la semaine à la ville, larguent leur troupeaux au bord des routes ou éventuellement chez leurs voisins. Ils viennent compter le nombre de têtes le samedi ou le dimanche… Quand on le leur reproche, ils répondent qu’ils n’ont pas de bêtes mais des animaux ou bien qu’ils n’ont d’animaux, mais des bêtes, selon si on mentionne la présence de chevaux ou de vaches. Cela est très courant et cette prairie leur faisait défaut, car ils avaient surpatûré toutes les autres dans la zone.

Après deux ans de dure chasse au bétail intrus, je constatais:

  • l’absence d’érosion, bien que les pentes soient assez abruptes,
  • une multiplication de la faune sauvage, insectes, petits rongeurs, oiseaux…
  • même en saison sèche, les pailles de la végétation de l’année antérieure attrapaient le brouillard et la rosée et les conduisaient au sol qui était maintenu vert (petites graminées, liserons…).

Conclusion sur les mauvaises herbes

Il me semble difficile de n’avoir sur son terrain que des plantes dites “utiles“, comme le souhaitais mon ami Rodrigo au Brésil. En outre, il faudrait mieux connaître les “mauvaises herbes“, car elles ont certainement toutes quelque chose d’utile. À nous de le découvrir.

En outre, la botanique et l’observation des plantes sont là pour nous aider. Rien ne peut être complètement positif, ni totalement négatif. Donc, il faut donc chercher le bon côté.

Certaines “mauvaises herbes” sont tout simplement belles…

Certaines "mauvaises herbes" savent être très belles...
Certaines “mauvaises herbes” savent être très belles…

Si pour des raisons économiques, vous devez vous débarrasser des “mauvaises herbes“, je vous conseille le cours-video de Konrad Schreiber.

Betterave rouge, non merci!

/// Betterave rouge, non merci! ///
Nouvel article du 8 Mars 2020
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

J’aime beaucoup les marchés, celui-ci a lieu le samedi matin à Angelmó, Puerto Montt, sud du Chili. On y trouve, bien sûr, de la betterave rouge, parmi de nombreux produits typiques. La betterave rouge figure parmi les premiers végétaux tinctoriaux qui viennent à l’idée du public non initié aux teintures naturelles… La référence à la betterave est curieusement permanente. Alors que d’autres déchets de végétaux comestibles, tels que les épluchures d’oignons, plus efficaces, sont oubliées.

Mes premières expériences sont donc dues aux dits de voisins à La Ligua qui n’avaient certainement pas essayés par eux-mêmes…

Mes premières expériences

Pour mes premiers tests, je ne pouvais pas penser les faire avec des produits exotiques tels que l’indigo, la garance ou la cochenille.

J’ai donc eu recours à des plantes que j’avais sous la main et à des déchets. La démarche générale est sans doute bonne, mais la betterave rouge est une exception.

Avec les feuilles de betterave

J’étais pauvre, je souhaitais donc éviter d’utiliser ce qui se mange pour teindre. Cela sentais le gâchis.

J’ai donc commencé à tester avec les feuilles, dont je viens seulement maintenant d’apprendre qu’elles étaient comestibles. J’ai pris un écheveau de 100 grammes de coton. C’était plus économique que la laine naturelle à La Ligua.

Bien sûr, le jus était rose vif, mais en rinçant simplement, tout est parti. Je n’ai eu qu’un jaune très pâle.

J’ai recommencé en ajoutant un mordançage à l’alun. Même résultat. Heureusement, j’avais récupéré les feuilles de betterave sur le marché.

Avec la racine

Il me semblait curieux que tant de gens se trompent. Je décidais donc de recommencer avec la racine, cette fois-ci. Bien que la betterave n’apparaisse nulle part dans ma documentation du moment, le Guide de la Teinture Naturelle de Dominique Cardon.

Cependant, je n’avais pas d’électricité à l’époque, donc pas d’internet. Ce guide et tous les autres livres de Dominique Cardon font toujours partie de ma documentation de base.

Je pris donc la décision de sacrifier un peu d’alimentation pour un nouveau test. Le résultat ne fut pas meilleur. Je comprenais pourquoi la betterave ne figurait pas dans le Guide de Dominique Cardon.

Malheureusement, je n’ai pas de photographies de ces premiers essais. J’aurais bien aimé partager cela.

Dans les cours

À Pica (Nord du Chili)

Dans les cours que j’ai donné à Pica, nous n’avons pas fait le test de la betterave rouge, les femmes n’en produisaient certainement pas dans leurs “chakra” (mot d’origine quechua désignant un petit terrain cultivé). Il fallait faire efficace, nous avons donc travaillé essentiellement avec des produits connus par les femmes. Notamment, nous avons teints avec des herbes médicinales de l’Altiplano, ou des plantes locales que j’avais personnellement testé positivement. Ainsi, nous avons utilisé la Sorona, “mauvaise herbe” qui envahissait les “chakra” et donne un très beau jaune.

À Santa Fe (Argentine)

Lors des deux ateliers à Santa Fe (Argentine), nous avons testé la betterave, car des stagiaires en avaient amenée. Ces groupes étaient très enclins à faire des expériences nouvelles. Nous l’avons donc fait comme contre-exemple, toujours avec le même résultat.

Test de la betterave rouge à Santa Fe, Centre Culturel La Redonda, Argentine
Test de la betterave rouge à Santa Fe, Centre Culturel La Redonda, Argentine

Ici les feuilles de betteraves cuisent pendant que l’on mordance les fibres dans une autre casserole.

Casserole de mordançage, pour préparer les fibres avant la teinture
Casserole de mordançage, pour préparer les fibres avant la teinture

Les fibres mordancées seront ensuite ajoutées au bain de betterave.

Fibres ajoutées au bain de feuilles de betterave rouge, le bain à gauche est de la cochenille
Fibres ajoutées au bain de feuilles de betterave rouge, le bain à gauche est de la cochenille
Petit résumé non exhaustif des teintures de cet atelier, manquent les teintures à la cochenille et celles à l'indigo
Petit résumé non exhaustif des teintures de cet atelier, manquent les teintures à la cochenille et celles à l’indigo

Nous avions étiqueté toutes les teintures que nous avions faites. Je ne vois pas d’étiquettes indiquant la betterave, le résultat a été si décevant que les fibres ont été reteintes.

Une betterave, qu’est-ce que c’est?

C’est une chénopodiacée, Beta vulgaris, de même que les épinards, les blettes et quinoa. Elle produit une grosse racine pivotante que l’on consomme habituellement. Il en existe un grand nombre de variétés, pas toutes rouges.

La culture

Comment naît une petite betterave?

Dans la serre, petite pousse de betterave qui vient de germer, avec ses deux premières feuilles. Les "mauvaises herbes" ont déjà pris de l'avance.
Dans la serre, petite pousse de betterave qui vient de germer, avec ses deux premières feuilles. Les “mauvaises herbes” ont déjà pris de l’avance.

À ce stade le désherbage n’est évident. il doit être fait manuellement, bio oblige, et rapidement avant que la planche soit envahie…

Puis elle sort les premières feuilles classiques de betterave.

Jeune betterave à 4 feuilles
Jeune betterave à 4 feuilles

Différentes variétés de betterave cultivées par Biolab, ferme Agrobiologique, près de Nemours, où je fais actuellement du wwoofing.

Et le développement de la betterave se poursuit...
Et le développement de la betterave se poursuit…

La récolte

Dans les champs, peu avant la récolte, Valentin qui travaille chez Biolab, récolte des échantillons.

Échantillons de betterave, avant la récolte...
Échantillons de betterave, avant la récolte…

Elles sont un peu petites, car elles ont été semées trop serrées. Elles n’ont pas eu assez de place pour se développer et elles vont bientôt monter en graines. Il faut donc les récoltées. Les meilleures ont déjà été sélectionnées par les mulots…

Les mulots sont de grands amateurs de betterave... ils ont tout de suite repéré les plus grosses
Les mulots sont de grands amateurs de betterave… ils ont tout de suite repéré les plus grosses

La terre est très humide, il a beaucoup plu ces derniers jours. On dirait que la terre aspire les betteraves quand on veut les arracher. Valentin va donc faire un essai avec le tracteur de soulever la couche de terre ou se trouvent les betteraves.

Malheureusement, malgré différents réglages, la lame coupe trop de betteraves, celles qui échappent à la lame, sont très difficile à extraire des blocs de terre soulevés.
Malheureusement, malgré différents réglages, la lame coupe trop de betteraves, celles qui échappent à la lame, sont très difficile à extraire des blocs de terre soulevés.

La récolte a été plutôt maigre.

Récolte de betterave
Récolte de betterave

En partageant tout ce travail, il devient pour moi aussi inconcevable de négocier les prix sur les légumes que sur l’artisanat. L’agriculture est aussi grande consommatrice de temps et de connaissances que l’artisanat.

Quand on coupe une betterave et qu’on la fait cuire, elle libère un jus rouge très trompeur, qui laisse croire que l’on pourrait teindre avec…

Là, il s’agit d’une jolie variété à rayures blanches. Elles ont moins de colorant.

La bétalaïne

Cette famille de pigment est présent dans de nombreux végétaux.

Betterave rouge, source de betala¨ïne courante, petit panneau dans le Jardin des Plantes Tinctoriales de Couleur Garance, à Lauris, France
Betterave rouge, source de betala¨ïne courante, petit panneau dans le Jardin des Plantes Tinctoriales de Couleur Garance, à Lauris, France

Voilà ce qu’en dit l’Association Couleur Garance, experte dans le domaine de la teinture naturelle.

Mes expériences

A Mamiña, petit village d’eaux thermales dans la précordillère, à 120 km de d’Iquique (Nord du Chili), j’ai fait de nombreux essais. Notamment, j’avais trouvé des pailles de quinoa, qui provenaient de Cancosa, en plein Altiplano, tout près de la frontière bolivienne.

Ces pailles sont rouge foncé. C’était donc intéressant à tester. Le résultat a été plutôt décevant. La quinoa fait partie des chénopodiacées. Ce n’est donc pas surprenant.

Utilisations possibles de la betterave…

Alimentaire, bien sûr. Nombreuses sont les recettes faisant intervenir la betterave rouge.

J’ai eu l’occasion de me cuisiner quelques betteraves que j’ai récoltées. Elles étaient délicieuses. Et voici, une salade de betterave bio.

Salade de betteraves roses à rayures blanches
Salade de betteraves roses à rayures blanches

Vu, que ce ne sont pas des betteraves rouges habituelles, elles n’ont pas libéré de jus rouge, seulement une eau de cuisson beige…

Le colorant Bétanine, une des formes de bétalaïne est utilisé par l’industrie agro-alimentaire sous la dénomination E162.

Médicale, pourquoi pas? La betterave serait un excellent hypotenseur. Cela me semble intéressant, non? Elle améliorerait aussi l’oxygénation des cellules.

Et en teinture?

Il s’agit donc d’une teinture alimentaire par excellence. Je viens d’en parler assez longuement, mais il me reste une dernière expérience à vous raconter.

Betterave rouges et sels de bain

Là aussi, les photographies font défaut. À Limache, j’avais perdu 95 % de la clientèle de ma petite imprimerie artisanale de Viña del Mar. Je n’étais qu’à 30 km, mais c’était trop loin.

Il fallait que je trouve d’autres produits. En allant chercher du maïs pour mes poules, je me suis rendue compte que le gros sel était très économique. J’avais beaucoup de plantes aromatiques et médicinales sur la propriété que je louais.

Je décidais donc de préparer des sels de bains. Je n’avais aucune documentation sur les teintures naturelles et bien sûr pas d’internet.

Ce fut ma première tentative de teintures naturelles. C’est ainsi que je testais avec la betterave rouge, le choux rouge et le jus de cerises.

La recette

Je vous livre donc la recette de mes sels de bain.

  • Je faisais bouillir la plante choisie pour son parfum et ses propriétés médicinales avec la plante colorante. Par exemple, feuilles de betterave rouge avec romarin.
  • Je laisse bouillir jusqu’à obtenir un jus colorant et odorant.
  • Dans une poêle, je versais du gros sel et le jus obtenu auparavant.
  • Je faisais chauffer pour que le sel absorbe le jus et sèche.

Il est à noter, qu’il n’y a pas de problème de conservation car le sel est lui-même un excellent conservateur. Je n’ai pas mis de fixateur pour les parfums, c’est plus naturel ainsi.

J’avais fait trois essais : lavande-choux rouge et citron, romarin-betterave rouge, mélisse-cerises.

  • lavande-choux rouge et citron, très beau rose vif
  • romarin-betterave rouge, rose un peu terne
  • mélisse-cerises, rose-beige foncé

Dans la pratique, je retiendrai le choux rouge associé au citron.

Conclusion

La betterave rouge est certainement très intéressante du point de vue alimentaire, voir médical. Mais dans le domaine de la teinture, malheureusement, elle fait définitivement partie du petit teint et doit être réservée à la teinture alimentaire, bien que dans ce domaine aussi la cochenille E120 est une concurrente de poids.

PS – Petit truc pour consommateurs

Si l’on vous propose des laines d’un joli rose, et qu’on ajoute, c’est teint à la betterave rouge, fuyez. C’est une arnaque.

Végétaux voyageurs

/// Végétaux voyageurs ///
Nouvel article du 1er Mars 2020
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Les végétaux n’ont pas de jambes, mais ils voyagent tout de même beaucoup. Comme tout ce qui est utile voyage, les plantes médicinales et tinctoriales sont donc de tout temps de grandes compagnes des voyageurs. Les végétaux traversent ainsi des continents et des océans…

Il y a tant à dire sur les végétaux voyageurs, je vais devoir me concentrer sur les plantes et insectes tinctoriaux voyageurs… Les végétaux et les animaux à fibres ont aussi beaucoup voyagé, sans doute mériteront-il un prochain article.

Un peu d’histoires de végétaux voyageurs

De tout temps les végétaux se sont ingéniés à développer des systèmes pour répandre leurs graines et donc à se multiplier sur des surfaces de plus en plus grandes. Ils ont souvent recours à l’aide des animaux, éventuellement de l’homme, parfois à son insu…

Les documentaires de Jean-Marie Pelt, par exemple, donne une idée de cette ingéniosité.

Certains végétaux ont ainsi fait le tour du monde, ils sont dotés d’une histoire précieuse qui les relient intimement aux textiles traditionnels.

Préhistoire

À Monteverde, près de Puerto Montt, au Sud du Chili, a été découvert un lieu habité depuis plus de 15.000 ans (traces les plus anciennes d’occupation humaine en Amérique Latine), avec de très nombreux restes organiques en très bon état de conservation. Il y avait notamment des restes de viande de mastodontes et de camélidés, des cordons de fibres végétales et des plantes notamment médicinales. Celles-ci ont été étudiées et proviennent de plus de 40 km du lieu où elles ont été trouvée.

Il ne s’agit pas encore de plantes tinctoriales. Mais, bien que les nomades ne transportent que l’indispensable, ils ont emmené avec eux ces végétaux médicinaux de même que d’autres comestibles (entre autres des pommes de terre).

Plus récemment, en Europe, au bord du Lac de Neuchatel, en Suisse, dans les restes d’un village lacustre néolithique, ont été trouvés des graines de sureaux hièbles toxiques. Ces végétaux sont utilisés en teinture, comme l’indique Dominique Cardon.

Antiquité et ses végétaux tinctoriaux

Normalement la gamme de couleur naturelles peut couvrir tout l’arc-en-ciel, comme je le commente dans un article récent. Cependant, des produits tinctoriaux exotiques avaient beaucoup de prestige et voyageaient en suivant les mêmes voies que la soie et les épices…

Mais en réalité, on se limitait souvent au jaune, au rouge et au bleu d’indigo.

Le rouge notamment, qui était la marque des élites, voyageait beaucoup. Cependant, il n’était pas seulement produit à partir de végétaux. On a eu recours à des insectes bien sûr, mais aussi à des coquillages, les murex…

Les coquillages

Ces coquillages étaient travaillés assez loin des villes, car leur pourriture produisaient des odeurs assez nauséabondes, les villages de teinturiers étaient donc mis à l’écart. Le terme latin pour désigner les teinturiers “infectores” est très significatif.

Je l’ai compris lorsque j’ai fait mon propre essai avec les “locos” et les “locates” de Taltal (Chili), après 15 jours de fermentation dans leur bouteille. Heureusement, j’ai fait l’essai à l’extérieur près d’une source.

Connaître des coquillage à teinture
Connaître des coquillage à teinture

Les insectes voyagent aussi

Le Kermes

Cet insecte parasite de certains chênes méditerranéens donne de très prestigieux rouges réservés aux familles royales et aux autorités ecclésiastiques. Vu la zone limitée de production, cela a dû voyager à travers toute la Mer Méditerranée et vers le Nord de l’Europe.

Les cochenilles polonaise et arménienne

Ces cochenilles donnaient des rouges carmins, elles étaient collectées dans les prairies et les marécages et voyageaient aussi à travers l’Europe.

Les végétaux

Les végétaux tinctoriaux plus voyageurs sont sans doute la garance pour le rouge, et l’indigo, pigment présent dans plusieurs plantes.

Cependant, les végétaux tinctoriaux qui donnent du jaune sont beaucoup plus courants. De nombreuses “mauvaises herbes” donnent des jaunes, mais la gaude a certainement voyagé, car elle se place au-dessus de toutes les autres sources de jaunes.

Il faut voir que de nombreux arbres fruitiers connus en Europe actuellement, par exemple, proviennent d’Asie Centrale ou de Chine. Il en est ainsi des pommiers, des poiriers, des cerisiers… J’en oublie beaucoup.

Parmi les végétaux voyageurs, l'amandier et le figuier du premier plan, les deux sont aussi utilisés en teinture
Parmi les végétaux voyageurs, l’amandier et le figuier du premier plan, les deux sont aussi utilisés en teinture

Tout ce que je viens de raconter ne concerne que l’axe Europe-Asie.

Nous n’avons malheureusement que peu de données concernant les Amériques, l’Afrique et l’Océanie où bien sûr, les teintures naturelles se sont développées très tôt.

En effet, le textile le plus ancien teint en indigo, provient du Pérou et date de de plus de 6000 ans.

L’histoire textile est très ancienne et très développée en variété et en qualité. Les colons espagnols ont été très surpris lors de leur arrivée au Mexique et au Pérou…

Textile précolombien dans un des musées de Puno, Pérou
Textile précolombien dans un des musées de Puno, Pérou

Je suppose qu’il y a des trésors semblables en Afrique et en Océanie. Comment les découvrir?

Les lichens

Les lichens à orseille qui donnent de jolis roses, malheureusement peu solides, voyageaient beaucoup depuis leurs lieux de récolte jusque chez les teinturiers. Combien d’étapes ?

Les minéraux aussi voyagent

Les minéraux voyagent depuis longtemps… L’alun, mordant incontournable en teinture, est produit généralement dans des régions volcaniques, parfois en plein désert. Il doit donc souvent être transporté jusqu’aux zones de teinture.

Dominique Cardon en parle assez longuement dans ses livres…

Moyen-Âge

On voit que Marco Polo, dans ses voyages, s’intéresse beaucoup aux teintures et aux textiles sans donner trop de détails.

Abandon du kermes

Avec l’effondrement de l’Empire Romain, les axes de commerce se modifient.

Puis, avec le développement du monde musulmans, le commerce méditerranéen devenait de plus en plus compliqué.

Le kermes tombera peu à peu dans l’oubli. Il sera remplacé par la garance des teinturiers (Rubia tinctorum) et d’autres rubiacées dont les racines donnent de magnifiques rouges.

Maintien des cochenilles du vieux monde

Les cochenilles du vieux monde se maintiendront, en baissant nettement après la “découverte” des Amériques par Cristophe Colomb. Car l’importation de la cochenille du Mexique et du Pérou va bouleverser le commerce des cochenilles et les techniques de teintures.

Disparition de la pourpre

Alors, la pourpre essentiellement produite sur les côtes orientales la Méditerranée et dans la zone de l’ancienne Carthage est délaissée. Elle devient difficilement disponible, d’autant plus que les coquillages surexploités deviennent rares.

Mais, cette couleur sera obtenue par la combinaison de bains de garance et d’indigo. Cette technique, des faussaires de l’antiquité la connaissent déjà, elle sera alors généralisée.

La garance

D’habitude, on pense à la merveilleuse garance des teinturiers (Rubia tinctorium). Mais, celle-ci a une cousine très intéressante, la garance voyageuse (Rubia peregrina). Elle voyage en s’accrochant aux vêtements, tout comme le font les gaillets, souvent tinctoriaux, eux aussi. On la trouve parfois près des anciens champs de culture de garance des teinturiers. Ses racines teignent aussi…

Garance voyageuse, végétal tinctorial sauvage, mais exploitée en teinture naturelle - Source Wikipedia
Garance voyageuse, végétal tinctorial sauvage, mais exploitée en teinture naturelle – Source Wikipedia

On a retrouvé une racine de garance dans la tombe d’une reine norvégienne dans les années 800 après JC. Il serait plutôt étonnant que cette plante aie poussé en Norvège. La zone de culture la plus septentrionale serait sans doute les Flandres.

L’indigo

Isatis tinctoria, le pastel ou guède, a été une des premières sources de bleu en Europe. Les autres continents possèdent une grande variété de plantes à indigo.

L’indigo du pastel était déjà exploité par les Celtes, entre autre pour des peintures corporelles, comme le note Jules César dans son récit sur la Guerre des Gaules.

Isatis tinctoria, Pastel ou Guède, fait partie des anciens végétaux voyageurs - Source Wikipedia
Isatis tinctoria, Pastel ou Guède, fait partie des anciens végétaux voyageurs – Source Wikipedia

Cet indigo fera la richesse d’une bonne partie du Sud de l’actuelle France, notamment de la région de Toulouse. L’expression “Pays de Cocagne“, fait d’ailleurs référence aux coques préparées à partir du pastel fermenté, mis en boule et séché.

Renaissance

Outre ces produits traditionnels, avec le développement des voyages en Asie et la conquête de l’Amérique, de nouveaux produits tinctoriaux vont faire leur apparition en Europe.

Bois rouges

D’Asie, puis des Amériques ont ramène des bois rouges, qui souvent ne sont pas considérés grand teint, mais participent de nombreuses recettes de teintures dans les gammes de rouge.

L’un des plus connu était traditionnellement rapporté des Indes sous le nom de brasil, bois de braise. Quand les Portugais parvinrent aux côtes du Brésil, ils découvrirent un arbre très semblable. Ils l’ont appelé Pau Brasil ou bois de Permanbouc (Caesalpinia echinata). C’était une des premières richesses exportées de ce nouveau territoire. De là, provient le nom du Brésil.

Ce bois est encore aussi utilisé pour fabriquer des archets de violons. Il s’agit d’une espèce protégée et rare du fait de sa surexploitation.

Pau Brasil, á l'Agroforestrerie de mon ami Rodrigo au Brésil, cet arbre fait partie des végétaux voyageurs à ses dépens, sa réputation lui a coûté cher
Pau Brasil, á l’Agroforestrerie de mon ami Rodrigo au Brésil, cet arbre fait partie des végétaux voyageurs à ses dépens, sa réputation lui a coûté cher

Il existe de nombreux autres bois rouges qui ont été importés en grandes quantités en Europe.

Bois jaunes

Outre les bois rouges, de nombreux bois jaunes tels que les fustets s’importaient en quantités impressionnantes aussi bien d’Asie que d’Amérique.

Tous ces bois devait être réduits en poudres ou en copeaux pour en tirer le maximum de colorants. C’était tout une industrie.

Cochenille d’Amérique

La cochenille d’Amérique, contrairement à la polonaise et l’arménienne est élevée. N’étant plus sauvage, elle n’a plus autant besoin de se protéger, Elle produit donc moins de cire protectrice, cette cire protectrice posait de nombreux problèmes aux teinturiers des temps anciens, elle provoquait des taches sur les textiles…

Végétaux, feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près de Carhuaz, Pérou. La cochenille a fait voyager le figuier de Barbarie, son support.
Végétaux, feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près de Carhuaz, Pérou. La cochenille a fait voyager le figuier de Barbarie, son support.

Le colorant, l’acide carminique est donc plus concentré, d’autant plus que la récolte se fait au bon moment, et éventuellement deux fois par an si les conditions le permettent.

Cette arrivée brusque d’une grande quantité de matières tinctoriales de meilleure qualité a totalement bouleversé l’économie des régions de récolte du kermes et des anciennes sources de cochenille.

La découverte que le mordançage à l’étain permet d’obtenir des couleurs plus proche des écarlates de kermes, encouragera son usage.

Des règlements ont vite essayé d’interdire cette nouvelle cochenille, comme le décrit très bien Michel Pastoureau dans ses nombreux livres, entre autre dans “Rouge, histoire d’une couleur“. Mais, les règlements sont faits pour être contournés…

Indigofera

Les diverses espèces d’indigofera, provenant des régions chaudes. Celles-ci provoqueront un second bouleversement économique. Là, au lieu d’importer de la matière brute, on ramènera le pigment déjà extrait sur leur lieu de production. Il provient notamment d’Asie, d’Inde et du Bangladesh. Mais il y avait aussi des cultures et de l’extraction d’indigo à La Guadeloupe. Dans ces pays leur culture en lieu et place des cultures vivrières provoquera de nombreuses famines et révoltes.

Là aussi, des règlements tenteront de limiter l’invasion en France, mais ce fut en vain. Michel Pastoureau en parle longuement dans ses livres et notamment dans “Bleu, histoire d’une couleur” où il donne de nombreuses anecdotes sur le nouvel indigo diabolisé.

Temps modernes

À cette époque, la cochenille et l’indigo importés s’imposeront dans les ateliers de teintures, grâce à des améliorations des procédés de teintures. Les anciens règlements s’assouplissent devant les nécessités économiques.

C’est le moment d’un grand développement de recherches, tant de la part des teinturiers dans leurs pratiques que de la part des chimistes. Ces derniers s’intéressent beaucoup au sujet de la couleur et tentent d’améliorer les procédés.

L’industrie textile est en plein développement et le domaine de la teinture doit suivre le rythme. La concurrence est rude en Europe et de nombreux espions sont envoyés pour découvrir des secrets de teintures…

Bois de Campêche

Le grand nouvel arrivant, aussi accusé d’être petit teint, est le bois de Campêche, à l’origine provenant du Mexique.

Il donne de jolis violets et des bleus réputés peu solides. Il est vrai qu’il est difficile de faire mieux que l’indigo dans ce domaine.

Un nouveau procédé de mordançage au chrome permettra d’obtenir de très beaux noirs relativement solides. Ils étaient jusque là très difficiles à obtenir, en multipliant les bains de teinture.

L’industrialisation

L’industrialisation de plus en plus rapide du textile exige des quantités chaque fois plus importantes de végétaux et autre matériaux tinctoriaux.

L’indigo

La culture de l’indigo s’est beaucoup développée jusqu’à l’apparition du Bleu de Prusse et des autres couleurs de synthèse.

Apparition des colorants de synthèse

Les nouvelles couleurs de synthèse apparaissent, depuis la découverte de la mauvéine par Perkin en 1856. Elles concurrencent de plus en plus durement les végétaux tinctoriaux voyageurs. Leur transport et leur usage est beaucoup plus facile. Leurs défauts apparaîtront seulement plus tard. Peut-être trop tard, il devient difficile de se passer de ce à quoi on s’est habitué.

Par exemple, en une dizaine d’années, l’Allemagne qui était grosse importatrice de matériaux tinctoriaux est devenue exportatrice. Le bouleversement a été d’autant plus rapide que la demande était grande.

La production de végétaux tinctoriaux à donc dû décroître, jusqu’à jouer un rôle insignifiant.

Et maintenant, les végétaux voyagent encore

Ils voyagent encore un peu pour les amateurs comme moi. Mais, je vais devoir partir à leur rencontre, avant qu’ils ne disparaissent complètement. Il faudrait pouvoir les resemer au plus vite pour maintenir les traditions…

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