Heureuse de pouvoir vous montrer mes laines

Heureuse de travailler la laine

Je suis heureuse de travailler la laine

Je suis très heureuse de travailler et de manipuler la laine, c’est la fibre que je peux travailler depuis la source au produit fini, il ne me manque que d’élever les animaux à tondre… J’espère que cela viendra (j’ai déjà fait un essai à Mamiña, avec des lapins angora)… J’aimerais aussi beaucoup essayer la sériciculture (élevage de vers à soie)…

Très heureuse, entrain de tondre un alpaga, à Concón, Bébé alpaga très curieux
Très heureuse, entrain de tondre un alpaga, à Concón, Bébé alpaga très curieux

La laine est la matière que j’ai en très grande quantité à ma disposition, ici à Puerto Montt, chez mon ami Angel, mais je m’intéresse aussi à toutes les autres fibres, surtout naturelles, bien que certaines soit rares et coûteuses ici (soie, lin, chanvre…).

Petite sélection de laines
Petite sélection de laines

A Madagascar, j’ai eu l’occasion de faire des essais avec la soie, le sisal, les fibres de bananier et le raphia.

Démostration de teinture à la cochenille sur différents types de fibres
Démostration de teinture à la cochenille sur différents types de fibres

C’est d’ailleurs, cet intérêt pour la diversité qui me pousse à me préparer pour un tour du monde textile et tinctorial. Je veux bien sûr retourner dans les endroits où j’ai eu des expériences de teintures intéressantes, mais il y a aussi beaucoup à apprendre en chemin

Si vous souhaitez organiser, là où vous vivez, une étape de formation et d’échanges techniques, n’hésitez pas à me contacter pour nous organiser.

Dans cet article, vous allez en apprendre plus sur moi.

Heureuse de filer

Débuts à La Ligua

J’ai appris à filer la laine il y a environ 10 ans, quand je vivais à La Ligua, qui est supposée être la capitale textile au Chili, c’était sans doute le cas il y a trente ans, où l’on entendait le bruit des machines à tricoter et des métiers à tisser, partout dans la ville.

Maintenant, la production a beaucoup diminué et est essentiellement à base de fibres syntétiques. Il y a un peu plus de dix ans, quand je vivais là-bas, j’ai tout de même trouvé une artisane qui a eu la gentillesse de m’enseigner à filer, il s’agit de Paulina de Origen Chile, je l’en remercie encore aujourd’hui,

Avoir appris à filer m’a beaucoup apporté et j’en suis heureuse. Cela n’est pas difficile, mais il faut de la pratique et c’est long, très lent. Au fuseau, mètre par mètre, au rouet électrique, c’est plus rapide, mais la qualité n’est plus la même. L’intérêt est que cela me permet d’obtenir un fil personnel qui ne peut pas se confondre avec un fil industriel. D’ailleurs, chaque personne qui file, file à sa façon, les femmes qui filent et vendent leur laine, la reconnaisse, même teinte parmi toutes les laines filées par leurs collègues.

Laines filées par différentes mains
Laines filées par différentes mains

Maintenant

Je trouve merveilleux de pouvoir partir d’une matière brute, directement de la tonte, d’en faire un fil, éventuellement de le retordre avec un autre, de pouvoir  mélanger cette matière brute avec une autre (de la soie, par exemple) ou avec une ou plusieurs autres couleurs, de tester les différents types de torsion, différentes textures… Les variantes sont infinies…

Laine de mouton en toison brute
Laine de mouton en toison brute

Filer permet d’occuper ses mains quand il fait froid, de ne pas rester à ne rien faire dans les temps d’attente, il m’arrive d’emmener de la laine et un fuseau quand je sors faire des démarches, d’ailleurs, je file aussi en marchant…

Filer comme culture

Je pense que l’on devrait enseigner aux enfants à filer, non seulement pour développer motricité fine et pour faire suivre des traditions qui risquent de se perdre, mais aussi parce que la filature au fuseau réunit un certain nombre de lois physiques et permet de les expliquer simplement (résistance, inertie, forces centrifuge et centripète…).

Filer pour la qualité

Filer moi-même ma laine me permet d’obtenir un résultat différent et donc une pièce unique non reproductible à l’identique, comme on le fait à La Ligua où tous se copient avec les mêmes matériaux de base (fils synthétiques, gammes de couleurs limitées, même si les hangars des marchands de “laine” sont impressionnants).

Sans le savoir, je suis rentrée dans le mouvement “slow“…

De plus, si je veux pouvoir être exigeante sur la qualité de laine que l’on me vend, je dois connaître tous les processus pour l’obtenir, les femmes qui me vendent leur laine savent que je file aussi et beaucoup ont amélioré la qualité de leur laine depuis la date où je suis arrivée à Puerto Montt.

Filer, c’est un peu méditer

Quand on file, on entre dans un autre monde, au fil des pensées qui vont et viennent, comme on analyse le fil qui se construit, petit à petit, on commence à voir les choses sous différents angles, à se poser des questions, à imaginer des expériences… Tisser et tricoter, avec leurs aspects mathématiques, permettent de poursuivre ces réflexions. Ces pratiques me font beaucoup de bien, et je ne voudrais pas être la seule à en bénéficier.

Heureuse de teindre

En même temps que j’apprenais à filer, je découvrais les teintures naturelles grâce à un livre de Dominique Cardon.

Livre de Dominique Cardon qui m'a donné les bases de ma nouvelle carrière
Livre de Dominique Cardon qui m’a donné les bases de ma nouvelle carrière

 La teinture est pour moi un vrai plaisir, la couleur modifie complètement la texture et la qualité de la laine, généralement en bien, parfois en mal, et ce si possible pour longtemps.

Quel plaisir que d’épuiser un bain (de cochenille, par exemple) et d’obtenir ainsi une série de couleurs en dégradé (certains bains semblent interminables), ou d’obtenir des laines multicolores, soit en reteignant, soit en jouant avec les mordants.

Tous ces roses saumon proviennent d'un seule et même bain de garance et cochenille qui n'en finit pas de s'épuiser, de ce bain sont aussi sortis quelques kilos de ruban à feutrer et de laine filée industriellement
Tous ces roses saumon proviennent d’un seule et même bain de garance et cochenille qui n’en finit pas de s’épuiser, de ce bain sont aussi sortis quelques kilos de ruban à feutrer et de laine filée industriellement

C’est aussi pour moi très agréable d’enseigner et de partager mes techniques.

Comment ne pas s’enthousiasmer quand on peut faire jaillir un jaune éclatant d’une simple “mauvaise herbe” comme la “sorona” ou “brea”… ou d’un déchet… On ne regarde plus son environnement de la même manière après ces simples expériences. Après, on voit des teintures partout… dans la cuisine, dans la rue, dans les poubelles… Il suffit d’essayer.

Jaune de sorona, plante détestée par tous ceux qui cultivent dans le nord du Chili - teinture lors du cours à Pica
Jaune de sorona, plante détestée par tous ceux qui cultivent dans le nord du Chili – teinture lors du cours à Pica

Certaines teintures peuvent être faites avec des enfants, il s’en émerveilleront.

Les enfants de Mamiña teignent du papier au choux rouge
Les enfants de Mamiña teignent du papier au choux rouge

Les matières tinctoriales sont très nombreuses et les techniques aussi. Il y a toujours de nouvelles expériences à faire, des plantes à tester, des essais de fermentation, d’ecoprint, de shibori, d’ikat…

A chaque teinture, j’apprends quelque chose, c’est aussi important

Heureuse de tisser

Après avoir obtenu une très ample gamme de couleurs naturelles, j’éprouve beaucoup de plaisir à les unir, les mélanger… en les tissant sur toute sorte de métiers, même en absence de métier véritable

Métier à tisser de fortune, à Concón
Métier à tisser de fortune, à Concón

Heureuse de tricoter

Non seulement je tisse, mais je tricote depuis l’enfance… le crochet me permet toujours d’unir les pièces tissées (je n’aime pas coudre, je couds donc au crochet).

J’ai beaucoup crocheté à différentes périodes de ma vie. Et, maintenant, je vis du travail de la laine, sous toutes ses formes.

Mon stand. lors de l'exposition à l'Alliance Française `à Antananarivo, MMadagascar, lors de l'IFPECO en mai 2017
Mon stand. lors de l’exposition à l’Alliance Française `à Antananarivo, MMadagascar, lors de l’IFPECO en mai 2017

Le crochet donne toutes les possibiltés: travaux plats, mais aussi en volume… qui peuvent s’aggrandir dans tous les sens, qui va de l’utile au simplement estéthique.

Chaque tissage est une expérience différente, il faut en tirer profit…

Heureuse de feutrer

Le feutre est une autre façon d’utiliser la laine avant sa filature. J’ai testé les deux techniques, humide avec l’eau et le savon et sèche avec les aiguilles.

Quelle surprise que de voir cette laine sans forme se compacter et prendre forme, passer d’un paquet de fibres de laines désordonné à une toile non tissée, mais résistante ou une pièce en volume et solide. unifiée, parfois souple et légère et presque transparent ou raide et compacte, en passant par tous les intermédiaires.

Là aussi, la couleur intervient, elles peuvent se fondre ou s’opposer.

On peut y inclure des fibres différentes, du tissu. des pièces de crochet, on peut le broder, l’imprimer, le feutre est donc une matière très versatile.

Echarpe en feutre brodée, teinte aux feuilles de noyers
Echarpe en feutre brodée, teinte aux feuilles de noyers

J’espèrais pouvoir recycler ainsi des laines courtes que les femmes qui filent ne veulent pas utiliser, mais cela n’est pas si facil, le nettoyage de ces laines est très long et je n’ai pas réussi à obtenir des résultats très satisfaisants. Et pourtant, on doit pouvoir partir de la laine brute.

Heureuse d’enseigner

Enseigner et partager mes connaissances et expériences est très bénéfique.

Quand j’avais ma petite imprimerie informatique, quand je suis arrivée au Chili, à Viña del Mar pour y rester en 1999, je faisais toute sorte d’impressions (cartes de visite, souvenirs, parchemins…) avec mon client à côté et je m’efforçais de me plier à ses désirs…

Maintenant, il en est de même avec les formations qui doivent s’adapter à chaque cas… Par exemple, pour le cours de teintures naturelles à La Redonda, Santa Fe, Argentine, ils ont voulu travailler surtout avec le coton, parce qu’il faisait très chaud déjà, et que la laine n’est pas courante dans cette région, je m’y suis adapté, et cela a été passionnant pour moi, l’expérience a été si intéressante que j’ai choisi d’en parler lors de ma présentation à l’IFPECO de Madagascar en mai 2017, plutôt que de parler des quatre dernières années à Puerto Montt, où je vis au milieu de la laine.

Technique à l'indigo de réserve à l'argile de Michel Garcia complétée à l'argile de couleur par des stagiaires céramistes
Technique à l’indigo de réserve à l’argile de Michel Garcia complétée à l’argile de couleur par des stagiaires céramistes

Je souhaite donc multiplier à l’infini ces expériences…

Heureuse de toutes les rencontres

Je suis heureuse de toutes les rencontres faites lors de mes cheminements. Je pourrais écrire tout un livre sur les personnages de Mamiña, ce village vit à la fois décalé du monde moderne et est en même temps trop proche de la modernité qui menace de l’engloutir…

A chaque étape, j’ai connu des gens qui me donne envie de revenir…

Parfois, heureuse de vendre

J’ai parfois le bonheur de vendre… Ce n’est pas aussi facile que l’on pourrait le croire, le temps n’est malheureusement pas valorisé, ni l’expérience… comme si les choses se fabriquaient toutes seules…

C’est tout de même agréable de voir ses créations appréciées… Cela a été le cas lors de l’IFND à Taiwan où j’ai vendu plus de la moitié des deux valises de tricots et tissages en laine que j’avais amenées. J’ai été vraiment très agréablement surprise, vu qu’il fait très chaud à Taiwan.

Pourquoi suis-je aussi heureuse?

Une autre des composantes de mon bonheur sont les voyages. Ma passion m’a permis de voyager, et je me prépare pour un long voyage d’investigations et d’échanges sur ces techniques…

La lecture, technique, mais aussi diverse est une partie importante de ma vie, malheureusement la culture a un coût élevé ici.

Je suis aussi heureuse d’être apicultrice

Cela n’a peut-être rien à voir avec le sujet, mais ce sont les abeilles qui m’ont introduite dans le monde de l’écologie, j’y étais déjà sensible, mais en théorie, pas dans la pratique. J’avais encore quelques rûches quand j’ai commencé à teindre avec les plantes…

Un des trois essaims d'abeilles que j'ai récupéré à Longotoma
Un des trois essaims d’abeilles que j’ai récupéré à Longotoma

En découvrant les abeilles, j’ai aussi compris beaucoup de relations entre la chimie et beaucoup de choses, entre autre la teinture naturelle…

J’ai aussi découvert une apicultrice, mon amie Lucia à Rancagua… avec elle nous avons aussi fait des expériences de teintures naturelles…

Comment suis-je heureuse?

Les découvertes quotidiennes pratiques et théoriques me rendent heureuse et me poussent à en faire toujours plus. Et le plus beau de tout cela, c’est que je le fais d’habitude avec peu de moyens… Parfois moins est mieux!

Et si je partageais ce plaisir?

C’est ce que j’essaie de faire avec ce site et avec les formations. Et je continue à vous proposer d’organiser de nouvelles expériences… pour innover en retournant aux traditions…

Conclusion

Ma vie consiste donc, maintenant, à manipuler la laine ou d’autres fibre par tous les moyens possibles pour obtenir des objets de toutes sortes…

Je m’intéresse aussi à tout ce qui est tresses, cordons, mais aussi dentelles, frivolité… et autres techniques anciennes, voire “primitive” qui sont parfois fort compliquées et très créatives…

J’aime mélanger les techniques, elles se complètent… et m’enseignent des détails qui peuvent être importants.

Cette vie me permet de toujours apprendre, ce qui allie l’utile à l’agréable et j’en suis heureuse…

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Francoise Raffi - La Francesa Bigotuda

Artisane textile, tisserande, teinturière, vivant depuis plus de 20 ans au Chili, je travaille avec des teintures naturelles depuis plus de dix ans. J'ai participé à plusieurs séminaires internationaux (ISEND Kuching, IFND Taiwan et dernièrement IFPECO à Madagascar) Je tisse, tricote ou feutre les fibres teintes. Je propose des formations aux teintures naturelles adaptées au lieu. Artesana textil, tejedora, tintorera, viviendo desde más de 20 años en Chile, trabajo con teñidos naturales desde más de diez años. He participado a varios seminarios internacionales (ISEND Kuching, IFND Taiwan y ultimamente IFPECO en Madagascar). Tejo o afieltro las fibras teñidas. Propongo formaciones, capacitaciones, talleres de teñido natural adaptadas al lugar.

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