Chauffer le bain

Voici un petit retour sur un article ancien qui est toujours d’actualité. Il mérite bien une bonne mise à jour. Je le compl`ete donc avec mes nouvelles découvertes, faites lors de mes récents voyages en Tunisie et en Suisse. Voici quelques ajouts…

Faut-il chauffer le bain de teinture?

Chauffer le bain, cela semble évident, mais ce n’est pas toujours indispensable, cela peut même être gênant, pour l’indigo.

Teindre, c’est extraire les colorants des matières végétales ou éventuellement animales pour les transférer aux textiles. Chauffer nécessite de l’énergie, cependant ce n’est pas la seule solution.

La fermentation

Certaines techniques de teintures (en général, très anciennes) sont basées sur la fermentation et non sur la décoction et le bouillon… Ce seraient en quelque sorte des teintures vivantes, puisque de nombreuses bactéries et enzymes doivent intervenir.

Par ailleurs, les techniques à base de décoctions sont plus rapides et semblent plus hygiéniques, mais ne sont pas forcément plus solides.

De plus, la fermentation peut permettre d’éviter l’usage de mordants.

De toutes manières, pour la majorité des teintures naturelles, il convient de les laisser tremper au moins une nuit avant de chauffer.

Techniques d’Anne Rieger

Dominique Cardon mentionne dans ses livres des techniques anciennes basées sur la fermentation et des bains alternés acides et basiques sans autres mordants que de la lessive de cendres, ce qui rend ce type de teinture d’autant plus économique et écologique.

Ces techniques sont sensées permettre d’obtenir d’autres gammes de couleurs, souvent différentes de celles que donnent les décoctions classiques (généralement avec mordants). Selon Martha Herba qui a poursuivi les travaux d’Anne Rieger, ces teintures devraient être plus solides. D’après elle, la tapisserie de la Dame à la Licorne et la tapisserie de Bayeux auraient été teintes selon ces méthodes, ce qui explique qu’elles aient encore tout leur éclat.

Une des tapisseries de la Dame à La Licorne, exposée au Musée de Cluny à Paris. Est-ce que les bains de teintures ont du chauffer?
Une des tapisseries de la Dame à La Licorne, exposée au Musée de Cluny à Paris. Est-ce que les bains de teintures ont du chauffer?

Mes essais

J’ai fait quelques essais peu concluants. Peut-être n’ai-je pas choisi les bonnes plantes. Il faut avoir du temps et pouvoir travailler à l’extérieur pour profiter du soleil et à cause des mauvaises odeurs dues à la fermentation, difficile à réaliser dans un local commercial.

D’abord, j’ai fait quelques tests quand je vivais à Longotoma avec du quintral du molle. Puis, j’ai réessayé, plus récemment, à Concón, avec de l’etscholzia qui ne m’a donné qu’un jaune pâle. Ce n’était peut-être pas la plante idéale.

Préparation du bain fermenté dans un,seau en plastique courvert d'une vitre. Je n'ai pas fait chauffer
Préparation du bain fermenté dans un,seau en plastique couvert d’une vitre. Je n’ai pas fait chauffer
18 jours après, division du bain en deux, l'un avec ajout de vinaigre, l'autre supplémenté en lessive de cendres
18 jours après, division du bain en deux, l’un avec ajout de vinaigre, l’autre supplémenté en lessive de cendres
Les deux écheveaux entrain de sécher
Les deux écheveaux en train de sécher

Indigo

La plupart des cuves d’indigo se travaillent à froid ou plutôt à température ambiante. Même, certains bains d’indigo peuvent même utiliser des fruits pour remplacer le fructose. Quand, je ne trouvais pas de fructose, j’ai plusieurs fois utilisé du miel. Cela fonctionne très bien.

Bain d'indigo, à Gletterens, n'a pas eu besooin de chauffer
Bain d’indigo, à Gletterens, n’a pas eu besooin de chauffer

Pourpre “chilienne

Un jour, j’ai fait un petit essai de teinture à la pourpre de “loco” et “locate” (coquillages très appréciés en gastronomie au Chili, ils sont assez souvent interdits de récolte).

Lors d’un séjour de quelques jours à Taltal, petit village côtier entre Chañaral et Antofagasta (Nord du Chili), des pêcheurs m’avaient ramassé une petite quantité de ces coquillages. Le temps était mauvais, ils n’avaient pas pu aller plus au large pour en ramener plus.

Les pêcheurs de “locos” se reconnaissent à leurs mains rouges pourpre, teintes lors du nettoyage des fruits de mer pour les préparer à la vente. Ils jettent malheureusement toute cette précieuse matière tinctoriale à la mer.

Le test pratique

Ils ont mangé les fruits de mer et j’ai gardé dans deux petites bouteilles d’eau les glandes hypobrachiales qui contiennent les pigments.

Loco ouvert montrant sa glande hypobrachiale - chauffer?
Loco ouvert montrant sa glande hypobrachiale, et locates, plus petits

J’ai gardé ces bouteilles bien fermées et je me suis décidée à les ouvrir deux ou trois semaines après, lors de mon retour à Mamiña.

Teinture de locos et locates chauffer
Teinture de locos et locates

Heureusement que je vis avec le nez bouché et que j’ai ouvert la bouteille en plein air, la puanteur était insupportable. Je ne sais pas si ce n’était pas pire que la teinture aux baies de parqui.

J’ai mis quelques mèches de laine en toison à tremper dans les bouteilles, puis je les ai retirées, exposées au soleil, puis rincées. Elles étaient devenues mauves. Tout cela sans chauffer.

Ecahntillons de laine teints avec les locos et locates chauffer
Échantillons de laine teints avec les locos et locates

Je présente cette expérience dans ma présentation pour l’ISEND de Kuching, disponible sur internet (www.academia.edu, www.slideshare.net).

Il y a un groupe facebook spécialisé sur la pourpre. J’espère bien pouvoir en apprendre plus sur ce sujet lors de mon tour du monde tinctorial et textile.

Sur academia.edu, on trouve aussi beaucoup d’informations sur la pourpre, teinture très luxueuse de l’Antiquité.

La pourpre à Carthage, Tunisie

Je n’ai pas encore pu faire mon tour du monde tinctorial, mais je suis retournée en Europe. J’en ai profité pour aller en Tunisie en 2022 pour rencontrer le grand spécialiste qui m’a très gentillement reçue. Je vous invite à visiter son groupe facebook.

Quelle belle gamme de couleur, sans chauffer de bain!
Quelle belle gamme de couleur, sans chauffer de bain!

Orseilles et autres lichens

Dominique Cardon décrit en détail ces techniques, je ne les ai pas testées. Il s’agit de techniques de fermentation, en général avec ajout d’urine. On doit obtenir des tons de rose, malheureusement pas très solides. Mais, il faut d’abord trouver le bon lichen. Car tous les lichens ne servent pas pour des tons de rose. Il y a des groupes sur facebook spécialisés dans ce domaine qui montrent des résultats spectaculaires.

Fez, Maroc

On m’avait parlé des fosses à teindre de Fez. J’espérais trouver des teintures naturelles, mais il s’agit du travail du cuir. Je ne suis cependant pas convaincue de l’usage de teintures naturelles, malgré les informations données sur place, parfois un peu extravagantes. C’est tout de même très intéressant et pour le moins impressionnant.

Une des grandes tanneries de Fez chauffer
Une des grandes tanneries de Fez

Et le batik?

Quelqu’un m’a gentillement fait la remarque que j’avais oublié le batik. Et oui, le batik, quand on travaille à la cire d’abeilles, se teint à froid, vu que la cire fond à 62-63º C. Cependant, en général on doit faire bouillir, repasser avec du papier pour éliminer la cire.

Un essai

Nous avons fait un test avec mon ami Hilaire, à Madagascar, avec de la cire d’abeilles brute que nous avons achetée au marché d’Antsirabe et de la cochenille. Nous avons aspergé la soie avec des gouttes de cire fondue en essayant de faire un pochoir avec des feuilles de rosiers.

Puis, nous avons laissé tremper avec de la cochenille toute la nuit à froid. Le lendemain, nous avons fait bouillir l’écharpe dans de l’eau avec de l’alun pour fixer la teinture et éliminer la cire, la cochenille s’est bien fixée.

Mais la cire avait du mal à partir, j’étais déçue, car j’espèrais pouvoir la récupérer pour une autre fois. Nous avons du terminer avec le fer à repasser et du papier journal, puis des brouillons d’impression quand celui-ci vint à manquer, cela a dû utiliser beaucoup d’électricité.

Batik à la cochenille sur soie sans chauffer
Batik à la cochenille sur soie sans chauffer

Le résultat n’était pas tout à fait conforme à ce que l’on attendait. Les taches de cire sont restées un peu jaune. Ce n’était pas vilain. Mais, on ne voyait pas bien le pochoir. Mais la cochenille à très bien pris. Cette écharpe s’est vendu très rapidement, mais je ne crois pas qu’Hilaire recommencera cela. Il préfère l’ecoprint.

Détail du batik sans chauffer
Détail du batik sans chauffer
Une fois terminée sanas chauffer
Une fois terminée

Et si on fait chauffer, comment?

On a l’embarras du choix…

Chauffer au feu de bois

Trou dans le sol

J’ai beaucoup utilisé cette technique, depuis Longotoma jusqu’à Mamiña, en passant par Santa Fe, Argentine.

Pratique, simple, économique et permet de faire chauffer plusieurs grandes casseroles à la fois si l’on a une grille assez résistante.

Le bois doit être une ressource renouvelable… J’utilise habituellement du bois mort, à Mamiña c’était du bois de récupération de construction. Enfin, j’ai même fait du troc pour récupérer un camion de déchets de construction d’une route. J’ai dû ensuite remonté tout ce bois jusqu’à ma cabane à mi hauteur de la colline… Mais j’avais enfin de quoi travailler… Il en est même resté beaucoup pour mes amis qui me prêtaient la cabane. Une partie de ce bois a aussi servi pour construire les cages de mes lapins angoras.

Teinture à Mamiña, j'ai fait un trou de 30 à 40 cm de profondeur, que j'ai rempli de bois, j'ai posé une grille et différentes casserole, une tôle protégeait du vent
Teinture à Mamiña, j’ai fait un trou de 30 à 40 cm de profondeur, que j’ai rempli de bois, j’ai posé une grille et différentes casserole, une tôle protégeait du vent

Cela permet de faire chauffer plusieurs casseroles à la fois.

Feu de bois, à Gletterens, Suisse

Là, je ne pouvais pas faire un trou, j’utilisais le foyer prévu dans la reconstitution de maison du néolithique. Il était entouré de pierres, je les utilisées en rajoutant quelques une comme support pour mes casseroles.

Chauffer sur un feu de bois
Chauffer sur un feu de bois

Cette année, à Gletterens, j’avais une nouvelle casserole en terre, faite par mon amie Nora. C’est pas encore tout à fait néolithique, mais un peu moins anachronique que les casseroles récupérées à la déchetterie.

Cela faisait longtemps que je voulais tester les teintures dans une casserole en terre.

J’ai aussi adopté une nouvelle disposition des casseroles autour du foyer, que j’alimentais au centre.

La super casserole

Je lui ai dédié un article complet.

La super casserole à l'essai avec eucalyptus et ronces
La super casserole à l’essai avec eucalyptus et ronces

Cuisinìère à bois

A Rincón de Angel, nous avons acheté une cuisinière à bois, elles sont courantes dans la région, ici tout le monde se chauffe et cuisine avec.

Nous l’utilisions tous les jours pour cuisiner, j’en profitais pour mettre aussi une casserole de teinture naturelle. C’est très efficace car le bain se maintient chaud longtemps… J’ai donc beaucoup teint, tant que nous avions du bois…

Cela a deux inconvénients : cela brûle beaucoup de bois et cela fume quand c’est mal installé (ce qui était le cas). J’ai donc enfumé des tricots et des laines. J’ai eu beau les laver, la grisaille n’est pas partie.

Appareil acheté à Cuzco

A Cuzco, au marché, j’ai trouvé une petite structure en céramique très intéressante, elle était légère, pas chère, je n’étais pas très chargée pour une fois!

J’en ai profité, elle a fait le voyage entre mes jambes dans le bus, car elle était relativement fragile, par chance elle tenait dans mon sac, elle bien arrivée jusqu’à Mamiña où je l’ai beaucoup utilisée. Elle était très économique en bois, s’allumait facilement, je l’utilisais même pour préparer mon petit déjeûner…

Ma cuisinière péruvienne à l'épreuve, c'est boon pour chauffer
Ma cuisinière péruvienne à l’épreuve, c’est bon pour chauffer

Elle n’a malheureusement pas supporté le déménagement vers Puerto Montt et est arrivée en morceaux.

Lors de mon dernier voyage au Pérou, dans un marché, j’ai trouvé une version en tôle de cette “cuisinière“. J’étais très chargée lors de mon retour, je n’ai pas pu l’acheter. J’espère pouvoir en acheter une à la prochaine occasion.

Rocket stove, à Chinchero, Pérou

Avant d’acheter cet appareil en terre, je suis allée visiter le village de Chinchero, où de nombreux groupes de femmes teignent et tissent selon les traditions.

J’en ai profiter pour m’intéresser à leur méthode pour chauffer leurs bains de teintures, en voici une photo, elles en profitaient pour cuisiner aussi…

Cuisinière pour teindre et cuisiner à Chinchero, Pérou
Cuisinière pour teindre et cuisiner à Chinchero, Pérou

Au Brésil aussi, j’ai teint sur une “rocket stove“.

Fetapera malgache

Petite cuisinière très populaire à Madagascar, digne du film Ady Gasy de Lova Nantenaina (je vous le recommande vivement, disponible chez Latérite).

Lors de l’IFPECO à Antananarivo, nous avons fait presque toutes les démonstrations de teintures avec ces petites cuisinières, légères, économiques et économes, pur recyclage. Je les trouvé tellement sympathiques que je m’en suis achetée une que j’ai ramenée au Chili. Je l’ai utilisée à Concón où elle a fasciné mon ami Uldis.

Premier essai de la fetapera malgache
Premier essai de la fetapera malgache

Il y avait aussi de mini “rocket stoves“, intéressants mais trop lourds… pour mes bagages.

Démonstration de teinture sur rocket stove alimenté au charbon de bois de bambou
Démonstration de teinture sur rocket stove alimenté au charbon de bois de bambou

Chauffer au gaz

C’est plus courant, plus simple, mais pas forcément plus économique… Le gaz n’est pas une énergie renouvelable, sauf cas rare du biogaz.

Cuisinière industrielle

Pour le cours à Pica, les organisatrices avaient acheté deux cuisinières industrielles que nous appelons au Chili “fogón“. Elles sont basses et permettent de travailler facilement avec de très grandes casseroles.

Cela chauffe très vite, nous étions dehors, il y avait parfois du vent, j’ai trouvé cela assez dangereux. Et cela brûlait beaucoup de gaz, je n’ai pas compté combien de bidons…

Teinture lors du cours à Pica, Nord du Chili
Teinture lors du cours à Pica, Nord du Chili

Chez Rincón de Angel, nous utilisons aussi cela actuellement, il n’y a pas de vent dans le local, mais le feu ne peux presque pas se réguler et je préfère teindre avec une vieille cuisinière normale, le feu est plus petit donc moins violent avec la laine et c’est plus économique.

Cuisinière industrielle
Cuisinière industrielle

Cuisinière courante

Rien de plus banal.

Teinture à la cochenille
Teinture à la cochenille

Cuisine solaire

J’ai fait quelques essais à Longotoma…

Essai de teinture dans une cuisinière solaire improvisée
Essai de teinture dans une cuisinière solaire improvisée

A Concón, mon ami Uldis avait une cuisinière solaire parabolique, mais nous n’avons pas eu le temps de l’essayer. C’est vraiment dommage!

Teinture solaire à Gletterens

Teinture solaire, chauffer au soleil
Teinture solaire, chauffer au soleil, solution économique, 15 jours d’attente

Chauffer à l’électricité

Si l’on n’a pas d’autres solutions ou si l’on ne paye pas l’électricité… Ce n’est pas toujours une énergie renouvelable, sa production provoque souvent des dégats et de la pollution.

Plaque électrique

Chez Couleur Garance, ils utilisent des plaques électriques pour les cours, elles sont facilement régulables.

Pour les cours, on teint souvent seulement des échantillons, on n’utilise donc pas d’aussi grandes casseroles que pour l’artisanat et la vente de laines.

Casserole à riz

A Iquique, je ne payais pas l’électricité, elle était comprise dans le loyer, j’avais acheté un cuiseur de riz tout rayé au marché aux puces pour à peine plus d’1 Euro, et il fonctionnait!

C’était un peu petit, mais j’ai pu faire quelque tests avec. Feuilles d’artichauds récupérées au marché, feuillage et fleurs de Bougainvilliers… furent mis à profit grâce à cette casserole.

Cuiseur de riz dont l'usage à été détourné de sa vocation première
Cuiseur de riz dont l’usage à été détourné de sa vocation première

Chauffer au Four a micro-ondes

J’avais vu une video dans le CD édité à la suite de l’ISEND à La Rochelle (France) auquel je n’ai pas pu participer, où ils estampaient du feutre en sérigraphie avec des encres naturelles et les fixaient au micro-ondes, j’ai donc cherché à m’en procurer un…

Iquique est une ville surprenante, sans TVA, c’est une zone franche. envahie de tout un tas de choses qui ne tiennent pas dans les maisons en général très petites, car cette ville n’a pas d’espace pour se développer.

Juste quelques jours avant de partir pour Mamiña, je me suis achetée un four à micro-ondes d’occasion, je l’ai assez souvent utilisé pour des tests pendant les premiers mois dans le kiosque de mon amie Raquel. Les contenants étaient encore plus petits et les échantillons se sont donc encore réduits, surtout des morceaux de ruban cardés pour feutrer. Les résultats étaient cependant intéressants.

Micro-onde pour teindre
Micro-onde pour teindre

Conclusion

Nous avons donc beaucoup de solutions… Il faut voir laquelle est la plus adaptée à sa situation, la plus économique et surtout la plus écologique…

J’aimerai faire des essais avec des fours et cuisinières solaires, la plupart des teintures n’ont pas besoin de bouillir… L’artisanat se combine mal avec l’urgence…

Erreures de teintures

Mes plus grosses erreures de teintures

Toutes les expériences ne peuvent pas réussir,  des erreures peuvent survenir à n’importe quel moment, en voici quelques unes. J’ai déjà fait un peu allusion à ce sujet dans un article précédent. Mais, comme la pratique diffère parfois de la théorie, je me permets d’y revenir…

La betterave

Une erreure courante est de croire que la betterave teint d’un joli rose, certains “spécialistes” l’affirme même à la télévision chilienne, je ne vois pas l’intérêt de diffuser de telles erreures.

J’ai essayé à plusieurs reprises, même en formations (en particulier à Santa Fe, Argentine), à titre de contre-exemple, soit avec des feuilles, soit avec la racine elle–même, rien à faire, je n’ai obtenu que des jaunes pâles, malgré un mordançage à l’alun.

Exemple de teinture à la betterave, à Santa Fe, Argentine
Exemple de teinture à la betterave, à Santa Fe, Argentine

Rien à faire, cela ne donne qu’un jaune décevant à moins de tricher en ajoutant des teintures chimiques ou de la cochenille.

Ecoprint ratés

J’ai raté plusieurs ecoprint avant de les réussir, j’ai consulté beaucoup de sources d’informations, sans vraiment comprendre quelles étaient mes erreures. Dans toutes les video et autres articles, il manque toujours un détail important.

Je doit remercier les deux participantes au stage que j’ai donné à La Redonda, Santa Fe, Argentine, pour leurs précieux renseignements et leur démonstration.

Il y avait des erreures au niveau du mordançage et certainement, je ne serrais pas assez mes rouleaux de feutre qui étaient trop moux, donc les feuilles n’entraient pas assez en contact avec la laine. Le feutre n’était pas assez feutré.

Essai d'ecoprint raté. Plusieurs erreures : pas de mordançage, pas de temps de trempage, attaches pas assez serrées
Essai d’ecoprint raté. Plusieurs erreures : pas de mordançage, pas de temps de trempage, attaches pas assez serrées

Mon plaisir a été très grand quand j’ai réussi mes premiers ecoprint.

Ecoprint sur soie réussis, à Antsirabe, Madagascar, pas d'erreures cette fois-ci
Ecoprint sur soie réussis, à Antsirabe, Madagascar, pas d’erreures cette fois-ci

Teinture en alambic

Chez mon amie Lucia de Rancagua qui prépare des huiles essentielles grâce à un petit alambic, pour ses crèmes à bases de produits de la ruche, nous avons fait plusieurs expériences.

L’une d’elles a été de teindre une écharpe en feutre, en ecoprint, à l’intérieur de son alambic. Nous avons réparti des feuilles de boldo sur une écharpe en feutre que nous avons enroulée et attachée, puis nous l’avons mise à l’intérieur de l’alambic au milieu de feuilles de boldo.

Le boldo contient des tanins, et donne une tisane d’une jolie couleur cuivrée. Cela aurait dû teindre joliement.

Mais l’écharpe est ressortie couleur crème et les feuilles se voient à peine. L’huile essentielle est sortie très sombre. Sans doute, les tanins sont partis dans l’huile essentielle. Les feuilles ont commencé à apparaître un peu plus après une longue exposition au soleil, à Mamiña.

Erreures de chimie, la teinture est partie dans les huiles essentielles
Erreures de chimie, la teinture est partie dans les huiles essentielles

J’ai aussi raté quelques shibori

Lors d’un petit atelier à la médiathèque de Loches, où habitent mes parents, nous avons essayé de faire des échantillons de shibori avec des enfants, avec des pelures d’oignons et de la cochenille, peut-être qu’ils n’étaient pas attachés assez serré, la teinture a pénétré sous les attaches dans les deux cas, la toile de coton était peut-être trop épaisse.

Bain d’indigo au plâtre

Il s’agit d’une erreure involontaire, on m’avait vendu du plâtre au lieu de la chaux. J’ai tout de même réussi à récupérer le bain en ajoutant de la chaux.

Le bleu tirait un peu sur le gris.

Essai d’indigo avec confusion de plantes

La persicaire ressemble beaucoup à une plante qui pousse un peu partout sur les terrains humides, nous en avons trouvé avec mon amie Lucia et nous en avons ramassé pour la tester.

Plante à jaune appelée
Plante à jaune appelée “duraznillo” au Chili

Nous avons donc appliqué la technique de Michel Garcia dans son DVD pour extraire de l’indigo à partir de feuilles de pastel fraîches.

Nous n’avons obtenu qu’un jus jaune, qui n’a jamais donné d’indigo, nous l’avons utilisé pour teindre en jaune.

Jaune de
Jaune de “duraznillo”, bleu d’indigo et rouge de cochenille

Nous avons aussi essayé de faire du savon, mais j’avais acheté une mauvaise graisse, celui-ci n’a jamais voulu durcir. Et cette graisse économique, beaucoup de gens l’utilisent pour fabriquer leur pain!

Lampaya

La lampaya est une plante médicinale (bonne pour les articulations, se prend en tisane), elle pousse dans la haute cordillère des Andes, dans le nord du Chili.

Lors du cours que j’ai donné à Pica, une des femmes en avait amené pour que nous l’essayions.

Nous avons toutes été très surpris d’obtenir un très joli pourpre, qui en outre s’est avéré très solide quand nous lui avons appliqué les modificateurs pour faire les fiches.

Teintue avec la lampaya
Teinture avec la lampaya

Fiches de résultats des modificateurs
Fiches de résultats des modificateurs

J’étais très contente, il est à noter que nous l’avions mise à tremper un ou deux jours avant de teindre.

Quand le cours a été fini, on m’en a donné un peu pour que je puisse l’utiliser sur mes laines.

De retour à Mamiña, j’étais très pressée de réessayer et j’ai oublié de faire tremper à l’avance. Je n’ai obtenu qu’un beige sans grand intérêt. Cela correspondait d’ailleurs à l’échantillon mis sur le livre concernant la teinture avec les plantes de l’Altiplano que j’ai trouvé à la bibliothèque de Pica.

Livre sur les teintures naturelles de la Cordillère des Andes
Livre sur les teintures naturelles de la Cordillère des Andes

Page d'échantillon de ce livre
Page d’échantillon de ce livre

Remplacement de l’alun par de la limaille d’aluminium

Lors du second atelier à La Redonda, à Santa Fe, Argentine, nous avons manqué d’un élément crucial : l’alun, devenu introuvable dans tout Santa Fe.

Quelqu’un à proposé que, comme nous utilisions de la soupe de clous pour remplacer le sulfate de fer, pourquoi pas utiliser de la limaille d’aluminium, l’une des stagiaires avait un voisin qui faisait des structures en aluminium. Elle lui en a demandé un peu et nous avons essayé dans une casserole.

Je doutais que cela fonctionne car je sais que l’aluminium s’oxide immédiatement et se protège ainsi, mais apparemment, il y a agit quand même, de même que l’aluminium des casseroles qui finissent par se percer à cause de l’acidité des bains de teintures.

Le problème, c’est que nous n’avons pas mis la limaille dans une pochette en tissu pour la séparer de la laine. Et voici le résultat.

Limaille d'aluminium accrochée dans la laine
Limaille d’aluminium accrochée dans la laine

Il m’est arrivé un problème un peu semblable lors d’une teinture au brou de noix, où celui-ci était resté collé dans du ruban de laine cardé, la couleur était très jolie, mais la laine inutilisable…

Teinture aux colorants alimentaires, erreures basiques

Je vivais à Longotoma, à 40 km de La Ligua, Centre du Chili, un ami menuisier qui m’avait fabriqué quelques métiers à tisser m’avait dit qu’il teignait le bois avec des colorants alimentaires. J’ai aussi vu plus tard sur internet des articles montrant ce genre de teinture.

Je suis donc allé en acheter quelques petites pochettes pour faire des essais, j’avais plusieurs couleur, j’ai pris deux écheveaux de laine, et je leur ai fait des rayures de toutes les couleurs, cela semblait intéressant, alors je les ai rincé, avec de l’eau et tout est parti, je ne crois pas que le mordançage aurait ajouté beaucoup.

Le bois ne se lave pas habituellement et la teinture le pénêtre. Les fibres textiles, elles doivent généralement pouvoir se laver.

Teinture au Parqui

Quand je vivais à la Quebrada del Pobre, je commençais  seulement à teindre. On m’avais dit que les baies de Parqui teignaient, qu’on les utilisait autrefois pour marquer les sacs de blé.

Un jour, j’ai donc ramassé un peu de baies, mis un petit écheveau de laine dans une petite casserole avec de l’eau et un peu d’alun et mis à cuire sur le gaz, dans ma cabane très aérée.

Puis je suis sortie, le parqui est une plante normalment très puante, mais je ne m’imaginais pas que cela allait prendre une telle ampleur. J’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, tellement c’était nauséabond. Il en est cependant sorti un joli vert émeraude pastel. Mais je ne recommencerai pas.

Le parqui est médicinal, mais aussi toxique!

Que nous apportent les erreures

Nous devons souvent faire attention à de petits détails pour éviter des erreures. Mais celles-ci peuvent nous apprendre beaucoup. Si toutes les expériences réussissaient, ce ne serait plus intéressant.

Ces erreures me poussent à lire encore plus, à comparer les recettes, à faire plus d’expériences, à répéter les essais en faisant varier quelques détails… pour voir où se trouvent les erreures.

Il faut parfois aussi essayer d’oublier ce que l’on a appris en théorie et que l’on n’a pas testé soi-même. Beaucoup de recettes répètent des informations erronées, parfois sciemment, parfois par confiance dans la source utilisée…

Les questions posées lors des cours peuvent permettre d’être très créatifs pour les expériences, c’est pourquoi j’ai choisi de faire ma présentation pour l’IFPECO sur les ateliers à La Redonda (www.academia.edu, www.slideshare.net), même une question qui peut paraître idiote peut déboucher sur quelque chose de très intéressant.

Toxiques, les plantes?

Mis à jour le 26 SEPPTEMBRE 2019

Et les plantes toxiques?

Les plantes toxiques doivent représenter moins d’1 % des plantes en général. J’essaie de les éviter, c’est pourquoi je collectionne les livres de botanique, je m’informe. Dominique Cardon en signale certaines dans ses livres.

Les livres sur les plantes médicinales donnent aussi beaucoup d’informations.

Livre qui donne des informations très détaillées, le seul défaut est le nombre restreint de plantes
Livre qui donne des informations très détaillées, le seul défaut est le nombre restreint de plantes

Même des plantes qui servent habituellement de fourrage pour le bétail, ou d’aliments pour les humains peuvent être ou devenir toxiques dans certaines conditions. Certaines plantes doivent être cuites pour être consommées, comme par exemple la rhubarbe ou le tapioca.

Il y a un mouvement, parti d’Angleterre, “Incredible Edible” (quelque chose comme comestibles incroyables) qui tend à remanger les plantes sauvages. Il y avait lors de l’atelier d’ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin, une femme qui avait un restaurant à Chinon, où justement elle ne servait que des plantes sauvages. Une meilleure connaissance de la botanique peut nous amener à modifier profondément notre alimentation. George Oxley à écrit sur ce thème.

Ce mouvement est entrain de prendre de l’ampleur, récemment au Brésil, j’ai eu l’occasion de consulter un livre passionnant et très détaillée à ce sujet.

Livre sur les plantes et arbres comestibles au Brésil
Livre sur les plantes et arbres comestibles au Brésil

Dans la même collection, il existe un livre sur les plantes toxiques et un autre sur les plantes médicinales, ils sont très documentés.

Un peu d’histoire des teintures toxiques

La toxicité de certaines plantes n’a pas toujours fait peur aux teinturiers…

La daphnée ou trentanelle

Elle a été très longtemps utilisée par les ateliers de teinturiers, elle poussait sauvage et était récoltée pour teindre en jaune en remplacement de la gaude (reseda luteolens) surtout dans le midi de la France tout en sachant qu’elle provoquait la cécité des ouvriers teinturiers et certainement aussi des pauvres gens qui les ramassaient (cf. Dominique Cardon).

La jusquiame noire

Cette plante qui était utilisée au moyen-âge pour empoisonner les flèches des soldats est proposée comme source d’indigo par un manuel de teinturerie qui date de peu après la Révolution Française “L’art de la teinture des fils et des étoffes de coton” signé par Le Pileur d’Apligny, an VI, 1798 (ce document très intéressant est disponible gratuitement sur internet).

Apparemment, l’auteur n’a pas été suivi. Heureusement, parce qu’anciennement les tinturiers en indigo goûtaient leurs bains pour savoir s’ils étaient prêts.

Il y a aussi une sorte d’indigo dans la scabieuse et dans les cardères ou “cabarets des oiseaux” qui ne me semblent pas toxiques et en plus ils sont mellifères. Cela pourrait valoir la peine de développer ces plantes… en outre, les cardères servait à carder la laine…

Mordants toxiques

Outre, les plantes elles-mêmes, les teinturiers n’hésitaient pas utiliser des métaux aussi dangereux que l’arsenic et le plomb. Beaucoup de manuel de teintures végétales relativement récents parlent de mordançage au chrome et à l’étain, parfois sans indiquer leur dangerosité. Le cuivre et l’aluminium semblent ne pas être sans danger.

Comment connaître les plantes toxiques?

L’idéal est de prendre des précautions, India Flint raconte dans un de ses beaux livres sur l’ecoprint (que l’on m’a prêté très gentiment pour quelques jours à Santa Fe, Argentine) comment en arrivant en Inde, elle avait testé les feuilles d’un arbre très toxique sans le savoir.

Telabotanica et d’autres applications de ce style peuvent nous aider, il y en a plein de disponible sur mobile.

Différences de points de vue entre l’Europe et l’Amérique

La rue (ruta graveolens) réputée toxique en France, est couramment utilisée au Chili contre les douleurs abdominales, elle était utilisé dans les couvents et ardemment recommandées dans les écoles catholiques pour réduire les désirs sexuels. On la trouve en pots, dans presque tous les commerces, elle est sensée porter chance.

Le ricin que les Argentins appellent tártago
Le ricin que les Argentins appellent tártago

Le ricin dont les graines sont très toxiques, une amie argentine de Santa Fe, me racontait qu’elle jouait à la dinette avec les feuilles quand elle était petite. Lors du stage à La Redonda, elle a bien joué  du marteau avec ces feuilles. le résultat était intéressant, cette feuille a de grosses nervure qui rendent bien.

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Les baies et graines

Lierre, troëne, sureau yèble, phytolacque…

La plupart du temps les teintures obtenues à partir de baies ne sont pas solides au lavage, alors pourquoi se compliquer la vie avec des baies toxiques.

On peut souvent obtenir le même résultat avec des baies alimentaire (myrtille, cassis, mûres…), par exemple en utilisant les résidus de la fabrication de gelées.

Le ricin

On extrait l’huile de ricin (castor oil) sans danger, des graines très toxiques, cette huile est utilisée pour mordancer les fibres végétales, ainsi que l’explique Michel Garcia.

Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées
Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées

Les plantes entières

Cigüe

Pas besoin de présenter la cigüe, connue pour avoir tué Socrate. J’ai vu indiqué dans un manuel de teintures naturelles que le liber de cette plante teignait. Je n’essaierai pas.

Et pourtant cette plante aurait des vertus mécidinale pour des maladies des articulations.

Le datura

Plante importante dans la médecine traditionnelle Mapuche, qui a de nombreux noms en espagnol (estramonio, miyaya, chuchampe, coco del diablo, toloache…) est en outre halucinogène. Toutes ses parties sont toxiques.

Une amie de mes parents qui savait que je teignais avec les plantes m’en a ramené une pleine cargaison un jour de son jardin, j’ai dû refuser le cadeau. Si même la fumée quand la plante brûle est dangereuse, que penser des vapeurs et de ce qui peut rester dans le fibres?

Datura, plante bioindicatrice, très toxique et halucinogène

Depuis, en écoutant les conférences de Gérard Ducerf sur Youtube, j’ai appris que c’était une plante bioindicatrice.

Le parqui

Le parqui ou palqui (parqui cestrum) est une solanacée très courante dans la région centre du Chili. Les habitants de La Ligua m’avaient dit que les anciens utilisaient les baies noires pour marquer les sacs de blé.

C’est une plante médicinale, mais elle peut être assez toxique pour tuer des vaches qui viennent d’une zone où cela ne pousse pas, elles ont vue du vert, elles ont mangé bien que cela sente très mauvais et en sont mortes.

Je ne connaissais pas encore l’histoire des vaches de Longotoma. Des paysans avaient achetés de grosses vaches du Sud et pensaient les alimenter avec de l’herbe rase et sèche à Los Romeros, où j’ai habité. Ces vaches ne connaissaient pas le parqui, sur 150 vaches, une cinquantaine en sont mortes. A Concón, chez mon ami Uldis, les vaches et les chevaux connaissaient le parqui et ne s’en approchaient pas, les seuls citroniers que ces animaux n’attaquaient pas étaient protégés par un pied de parqui!.

J’ai essayé de teindre avec les baies de parqui, j’en ai mis un peu dans une petite casserole avec de l’eau et 100 grammes de laine et un peu d’alun. Cela sentait si mauvais que j’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, bien que la cabane était très ventilée…

J’ai obtenu un vert émeraude très clair qui m’a beaucoup plu, mais je n’ai jamais recommencé. C’était une de mes premières expériences quand je vivais à La Quebrada del Pobre, à 8 km de La Ligua.

Parqui
Parqui

Traditionnellement, on nettoie les braises dans les fours à pain avec des branches de parqui, il intervient dans un certain nombre de superstitions.

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Floripondio, dans une pépinière a Antananarivo, Madagascar
Floripondio, dans une pépinière a Antananarivo, Madagascar

Ce bel arbre que l’on rencontre dans certains jardins, et même dans les rues (à La Ligua – Chili, par exemple) est très toxique, curieusement ses fleurs attirent les abeilles.

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Cette jolie plante, sert à fabriquer des médicaments pour le coeur. Je préfère m’abstenir d’y toucher.

Arnica, aconit, belladone, muguet, saut de salomon, Laurier cerise…

La liste est longue… et elles ont presque toutes des propriétés médicinales…

Il faut considérer que pratiquement toute la famille des euphorbes comme toxique et aussi grande partie des solanacées, ainsi même toute la plante de la pomme de terre est toxique, sauf le tubercule que l’on consomme et celui-ci peut aussi être toxique s’il verdit à la lumière.

Il y a un curieux jardin au Nord de l’Angleterre, à Alnwick, qui ne regroupe que des plantes toxiques… Ces plantes sont certainement très toxiques, mais elles sont biodégradables, ce qui n’est pas le cas des polluants chimiques…

Je viens de découvrir en cherchant la video sur le jardin anglais, qu’il avait un équivalent en France.

Les champignons

Beaucoup de champignons teignent, ils peuvent donner tout l’arc-en-ciel, comme en témoigne le livre de Marie Marquet et celui de Miriam Rice et Dorothy Beebee que l’on m’a donné à Kuching.

Manuel de teinture à l'aide de champignons, certains sont toxiques
Manuel de teinture à l’aide de champignons, certains sont toxiques
Livre de Marie Marquet, la plupart des champignons décrits sont toxiques, elle indique les précautions à prendre
Livre de Marie Marquet, la plupart des champignons décrits sont toxiques, elle indique les précautions à prendre

Malheureusement, la plupart de ceux qui teignent sont toxiques, comme les cortinaires, par exemple.

Le champignon de Paris n’est malheureusement pas mentionné comme tinctorial, c’est dommage. Il y a tout de même quelques cèpes dans la liste,,,

Je ne les pas testés. Mon ami Hilaire, à Antsirabé, Madagascar, teint avec un champignon qui pousse sur l’eucalyptus, mais il ne semble pas toxique.

J’ai seulement testé des lichens appelé “barba de palo” au Chili (barbe de bois) qui donne un joli marron roux, il est assez rare et pousse lentement, je ne pense pas qu’ils soient toxiques. Cette teinture est réputée solide et anti-mites.

Conclusion

Il y a tant de plantes non toxiques qui teignent, pourquoi allez essayer celles qui sont toxiques? Sauf par ignorance.

Quand on a des doutes, mieux vaut teindre à l’extérieur, ne pas respirer le vapeurs et travailler avec des gants imperméables…

La prudence est de mise, mieux vaut s’informer et développer des connaissances botaniques qui en outre peuvent nous aider à nous soigner naturellement.

J’ai certainement oublié de nombreuses plantes toxiques, alors étudions un peu la  botanique… Il est parfois difficile d’avoir des informations sur des plantes qui paraissent être des “mauvaises herbes” invasives.

Par exemple, j’aimerai en savoir plus sur cette plante, j’espère  qu’elle n’est pas toxique, elle m’a donné un très joli jaune sur la laine mordancée à l’alun, elle attire les abeilles, mais telabotanica ne me donne pas de réponse correcte, car ils sont plus centrés sur les plantes européennes…

Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, détail
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, vue générale, cette plante disparaît à l'automne
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, vue générale, cette plante disparaît à l’automne

 

Par hasard, je viens de retrouver cette plante derrière le FabLab de Loches (dont je parlerai dans un prochain article).

On vient de me dire qu’il s’agissait de renouée du Japon, ses jeunes pousses sont comestibles et c’est une plante bio-indicatrice pour les métaux lourds, mais n’en contient pas selon Gérard Ducerf. Elle est plutôt invasive. Il faut donc profiter des jolis jaunes qu’elle nous fournit, sans se priver.

Je viens de lire un livre qui doit être pratiquement introuvable, il date de 1968 et a été édité par Robert Morel, maison d’édition qui a malheureusement dû fermer depuis longtemps. C’est une traduction de l’anglais-américain et parle surtout des plantes toxiques d’Amérique du Nord, mais on en retrouve beaucoup en Europe…

C’est intéressant car il fait déjà des remarques concernant les agrochimiques et mentionne le livre de Rachel Carlson “Silent Spring”.

Photo à rajouter

Les enfants peuvent teindre

Les enfants aussi…

Avec beaucoup de plantes, les enfants peuvent teindre sans danger, même à l’école maternelle.

C’était à Mamiña

Une des femmes qui a assisté aux cours organisés par Kespi Kala à Mamiña était la maîtresse du jardin d’enfants (école maternelle).

Cours organisé par Kespi Kala à Mamiña
Cours organisé par Kespi Kala à Mamiña

Elle était d’origine Quechua (aussi artisane) et s’intéressait beaucoup à ce que les enfants aient des connaissances sur les traditions locales, donnait des cours de quechua à ces enfants avec l’aide d’un ami artisan “Lalo”. Elle devait faire participer des adultes de temps en temps à ses classes.

Elles m’avait invité une année à ce que je montre aux enfants comment on file la laine et tricote au crochet.

L’année suivante, nous avons cherché une expérience de teinture, ou plutôt peinture à faire avec les enfants.

Nous avons décidé de leur montrer la magie du choux rouge.

Préparation du choux rouge

Nous avons pris un demi choux rouge, ce n’était pas la saison, ce n’est pas cultivé à Mamiña, nous l’avons acheté assez cher à Iquique.

Nous l’avons fait cuire la veille pour en extraire le jus, car nous n’avions pas d’extracteur de jus.

Le jour du cours nous avions quatre pots de yaourts. Dans le premier, il n’y avait rien, dans le deuxième du savon, dans le troisième du jus de citron (cela peut être aussi du vinaigre, c’est le caractère acide qui compte ici), dans le quatrième un peu de cendres.

Le jus de choux rouge et les gobelets pour les modificateurs
Le jus de choux rouge et les gobelets pour les modificateurs

Nous avons réparti le jus de choux rouge entre les quatre pots de yaourt et avons donné des papiers et des pinceaux aux enfants pour qu’ils dessinent.

Les enfants ont peint

Les enfants dessinent avec les différentes couleurs
Les enfants dessinent avec les différentes couleurs

Avec le jus de citron, cela donne un joli rose, avec les cendres, cela donne du vert, avec le savon cela doit donner du bleu et tout seul, violet. Ces effets sont intéressants en dessins, mais posent des problèmes quand on lave un vêtement teint avec du chou rouge, on a le même genre de phénomènes avec les baies (cassis, raisin, sureau, mirtilles, mûres, maqui…), les couleurs varient selon le pH, c’est-à-dire le degré d’acidité ou  d’alcalinité.

Nous avons mis à sécher les dessins dans la cours

Nous avons aussi teints les feuilles de papier froissées avec les enfants. Les couleurs avaient l’air un peu pâle, mais le soleil brille fort à Mamiña…

Les enfants teignent le papier
Les enfants teignent le papier

Ils se sont bien amusés. J’aurais bien pouvoir faire plus d’expériences avec eux, mais je suis partie vers le Sud, à Puerto Montt.

Plus d’expériences pour enfants

Cette expérience et bien d’autres sont décrites dans un cahier rédigé par Michel Garcia édité par l’association Couleur Garance.

Cahier détaillant la mise en oeuvre d'expériences de teinture et peinture naturelles avec des enfants
Cahier détaillant la mise en oeuvre d’expériences de teinture et peinture naturelles avec des enfants

Et dans ce livre de Michel Garcia.

Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées
Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées

Le bébé lama

Cette même institutrice s’était acheté un bébé lama, elle le gardait dans une petite cours derrière la salle de classe. Puis quand il est devenu plus grand, elle l’a envoyé chez sa mère qui avait d’autres lamas à Pozo Almonte.

Bébé lama
Bébé lama

Teintures en privé

Je n’avais pas l’électricité à Mamiña, j’allais donc assez souvent à l’école maternelle le soir pour recharger l’ordinateur, nous en avons profité pour faire des expériences de teintures.

Nous avons monté un petit bain d’indigo qui nous a réservé des surprises. Au lieu de me vendre de la chaux hidraulique, on m’avait vendu du plâtre! Cela n’a pas bien marché, évidemment. Mais nous avons tout de même réussi à le récupérer quand j’ai pu acheter de la chaux à Iquique.

Arbres pour teindre

Les arbres comme matière tinctoriale

Les arbres sont de bons fournisseurs de matières premières pour la teinture. Certaines espèces ont été mise en danger, ils ont été surexploités. L’histoire montre que le commerce des matières tinctoriales a fait bien des dégats du point de vue écologique. Beaucoup d’espèces courantes peuvent nous servir, pourquoi aller chercher plus loin?

Certains arbres sont encore cultivés pour la teinture et les tanneries. Beaucoup de bois contiennent des tanins qui sont utiles pour ces deux activités.

Selon les espèces d’arbres, les différentes parties peuvent donner différentes tonalités.

Les feuilles

Cette partie de l’arbre est renouvelable, ont peut profiter des tailles annuelles et de la chûte des feuilles à l’automne. Et comme un arbre donne beaucoup de biomasse, l’on a vite fait de remplir une casserole pour teindre.

En petites quantité, l’écoprint est une technique qui permet de mettre en valeur tous les détails de chacune d’entre elles. Même une simple aiguille de pin australien peut donner des résultats inattendus.

Ecoprint sur soie, à Madagascar avec Hilaire
Ecoprint sur soie, à Madagascar avec Hilaire

Les arbres fruitiers

J’ai fait quelques tests avec des feuilles de cognassiers, quand je vivais à Mamiña, avec des feuilles d’abricotier, de kaki, d’avocat, de néflier quand j’étais à Longotoma. Je n’ai malheureusement pas étiqueté les échantillons.

Les indigotiers

Les indigotiers sont cultivé pour leur feuillage qui une fois fermenté donne de l’indigo, qui est à la fois pigment et teinture. Cette teinture ne se fait pas à chaud, mais dans un bain tiède, fermenté et alcalin.

Outre la teinture, les feuillages de d’indigotiers peuvent, comme pour beaucoup d’arbres, servir de fourrage pour les animaux.

Les indigotiers on besoin d’un climat chaud et humide pour pousser et donner de l’indigo. Pour les autres climats, il y a d’autres plantes : persicaire, strobilanthes, pastel…

Les eucalyptus

Au Chili, nous avons que deux ou trois espèces, surtout le globulus, mais ils sont très intéressants du point de vue tinctorial, bien que très mauvais pour les sols.

Premier essai de la super casserole, à Concón
Premier essai de la super casserole, à Concón

En Australie, il y a plus de deux cents espèces d’eucalyptus, je suis très curieuse de voir cela. Susan Fell Mclean de Gondwana fait de merveilleux écoprint en les utilisant et vend des colorants à base de ces arbres.

Le pin australien ou cuarasiña

Pin australien ou cuarasiña, courant au nord du Chili,nous l'avons aussi utilisé à Madagascar
Pin australien ou cuarasiña, courant au nord du Chili, nous l’avons aussi utilisé à Madagascar

Prêt pour teindre en jaune
Prêt pour teindre en jaune

Ces aiguilles sont très intéressantes en écoprint, mordancé au fer
Ces aiguilles sont très intéressantes en écoprint, mordancé au fer

Détail de préparation d'ecoprint avec aiguilles de pin australien
Détail de préparation d’ecoprint avec aiguilles de pin australien

J’ai beaucoup utilisé cet arbre au pied de la colline ou j’habitais. Il était grand et gènait le passage des camions, régulièrement ils lui arrachaient des branches, je les récupérais. C’était une source inépuisable.

J’ai été très contente d’en retrouvé près du Lac Andraikiba, là où habite mon ami Hilaire, j’ai beaucoup aimé les traces fines et élegantes que laissent les aiguilles, passées à la soupe de clous, en ecoprint.

Le poivrier rose (schinus molle)

Je l’ai beaucoup utilisé à Mamiña, mais on le trouve encore en zone centrale (j’en ai vu à La Ligua et à Limache), c’est un très bel arbre, au bois très léger et odorant qui orne la place centrale de Copiapó. Il teint d’un très beau jaune et aussi d’un joli vert encore lumineux au fer.

Jaune de schinus molle, poivrier rose
Jaune de schinus molle, poivrier rose

Les arbres sacrés teignent aussi

Le Canelo, arbre sacré des Mapuche, teint très joliment en jaune, habituellement en association avec le noisetier du Chili.

Canelo, arbre sacré des Mapuche
Canelo, arbre sacré des Mapuche

Autres arbres

Boldo, molle, litre, peumo, guayacan, buddleya…

L’écorce

Encore une fois l’eucalyptus

Les écorces d’eucalyptus sont faciles à obtenir, nos eucalyptus les perdent naturellement, ils ne souffrent donc pas quand on la récupère. Elles libèrent de  grandes quantités de teinture, laisser tremper quelques jours pour obtenir de meilleurs résultats, l’une de mes premières teintures à Longotoma. Pas de mauvaises surprises, cela marche à tous les coups.

Autres essais

Je n’ai fait que peu d’essai avec des écorces pour ne pas abîmer les arbres. Mais j’ai récupéré des écorces de Luma sur du bois de chauffage, et cela m’a donné des beiges.

Le bois

Teindre avec de la sciure

J’ai testé la sciure de mélèze, déchets de production d’un artisan de Puerto Montt, le résultat a été très intéressant, il faut faire attention à protéger la laine de la sciure qui s’accroche sur la laine.

Le bois de campêche

Il est vendu en brisures, je me suis fournie chez Couleur Garance, j’ai été surprise par la quantité de bains que j’ai pu faire avec aussi peu. Même problème qu’avec la sciure, cela s’accroche dans la laine. Il est réputé petit teint, mais les couleurs m’ont beaucoup plu.

Série de laines teintes à la cochenille et au bois de Campêche, arbres que j'espère connaître quand j'irai au Mexique
Série de laines teintes à la cochenille et au bois de Campêche, arbres que j’espère connaître quand j’irai au Mexique

Les racines d’arbres

Je n’ai jamais essayé de teindre avec des racines d’arbres, vu que j’essaye de respecter le plus possible la nature, arracher des racines peut tuer un arbre, pourquoi le faire, s’il donne déjà tant de possibilités sans le mettre en danger?

Les fleurs d’arbres

J’ai fait peu d’essais avec des fleurs d’arbre, j’ai essayé les fleurs du quintral seules, le résultat est le même si j’emploi la plante parasite complète.

A Santa Fe, Argentine, lors de l’atelier à La Redonda, nous avons essayé les fleurs tombées de jacaranda et à La Ligua les fleurs de ceibo de la place.

Le,sophora est connu pour donner un beau jaune, mais je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer.

Il vaut mieux travailler avec des fleurs fanées, tombées de l’arbre, ainsi on ne pertube pas la fructification.

Les fruits

  • Brou et coquilles de noix,
  • Coquilles de noisettes
  • Noyaux et écorces d’avocats
  • Noyaux de mangues et autres fruits
  • Glands, fènes, pommes de pin
  • Enveloppes des chataignes et marrons
  • Epluchures de pommes, coings…
  • Ecorces de grenade
  • Kaki
  • Fruits pas mûrs
  • Gousse de graines de tara
  • Graines d’acacias, mimosa

Michel Garcia, m’a fait une démonstration très intéressante de teinture au kaki, en l’utilisant comme mordant.

Les gousses de tara sont intéressantes, nous les avons utilisées lors du cours à Pica, nous avons épluché les graines, une dame les a semé, elles ont germé, nous avons teint avec leur gousse. Elles contiennent des tanins, nous avons obtenus des beiges et des gris en mordançant au fer, normalement on aurait dû obtenir un rouge pourpre, un ami artisan, m’a raconté qu’il avait tanné des cuirs au tara et avait écrasé les gousses avec un outil en fer et ses cuirs avaient été teints en plus  d’être tannés.

Graines de tara
Graines de tara

Arbres à savon

Dans toute la zone centrale du Chili pousse le Quillay (ce qui signifie savon en mapudungu). L’écorce de cet arbre médicinal et mellifère contient beaucoup de saponine. On en fait des shampoings et on l’utilisait pour laver la laine. Il est aussi sensé protéger la laine des mites.

Parasites des arbres

A Antsirabe, Madagascar, mon ami Hilaire teint avec des champignons qui poussent sur les eucalyptus qui donnent de très jolis marrons. Nous sommes allés en chercher, il n’y en avait pas, je n’ai pas pu les photographier.

Les galles du chêne sont bourrées de tanins, elles servent de mordant naturel. Elles sont produite lors de la ponte d’une guêpe, ce qui crée des boules sur les rameaux de l’arbre qui tente de se défendre.

En zone centrale du Chili, il y a le quintral qui pousse sur de nombreuses espèces d’arbreet notamment sur le molle, donne de jolis marrons roux très lumineux, le résultat varie selon l’arbre hôte du quintral, sur certains arbres, cela ne donnera que du beige.

Quintral sur un molle
Quintral sur un molle

Les résines d’arbres

Beaucoup d’arbres donnent des résines utiles, notamment certains acacias qui donne la gomme arabique. Celle-ci se dilue dans l’eau et permet d’épaissir des teintures pour imprimer ou peindre sur tissus et pour faire des encres naturelles.

Conclusion

Il y a beaucoup à explorer… Cet article est destiné à s’allonger considérablement lors de mon voyage autour du monde, j’espère rencontrer de nombreux arbres tinctoriaux et vous les faire connaître…

Comme ils sont admirables ces arbres, je ne peux que vous conseiller d’écouter cette conférence de Francis Hallé et un peu de poèsie avec Gilles Servat.

Grand teint et petit teint


Grand teint et petit teint – Article mis à jour le 27 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile


Grand et petit teint, définition

Quand on achète un vêtement teint naturel, on est en droit d’exiger que la teinture soit solide à la lumière, au lavage, au frottement et si possible à la sueur… Si la teinture résiste à ces différents tests, on peut dire qu’elle est grand teint… on est curieusement moins exigeant avec les couleurs chimiques.

Certaines teintures très luxueuses, notamment le rose de carthame, sont connues pour être de petit teint, car elle ne résiste pas à la lumière. Elles étaient souvent utilisées pour des robes de soirée qui n’avaient pas besoin de supporter la lumière du soleil.

Tests de solidité à la lumière

Les rayons ultra-violets ont tendance à détruire les couleurs. Le test le plus simple est d’enrouler un échantillon de fibres teintes sur un morceau de carton. On en cache la moitié avec un carton noir et on l’expose pendant quelques semaines au soleil, ou quelques heures à une lampe à ultraviolet. Puis, on enlève le carton noir et on constate les modifications…

Tests de solidité au lavage

    1. On lave à plusieurs reprise un échantillon de fibres et on compare avec un échantillon non lavé.
    2. On attache ensemble des fibres teintes et les mêmes fibres non teintes, bien serrées. On lave à plusieurs reprises. Une fois l’échantillon sec, on dénoue et vérifie que les fibres teintes n’ont pas déteint sur les autres.

Tests de solidité au frottement

On frotte très sérieusement à sec un échantillon de fibres teintes et on compare avec les mêmes fibres non frottées. Il existe des machines à cet effet.

Grand teint, notion européenne

Au cours de l’histoire de la teinture, on parle beaucoup de grand teint et de petit teint en Europe. Depuis le Chili, où je vis depuis plus de vingt ans, je n’ai pas l’impression que cette thématique soit si importante.

Je suis surprise de voir la quantité de sites web et d’articles (nord ou sud américains) prônant des teintures au choux rouge, au phytolacque, au curcuma, avec des baies… sans mentionner qu’ils sont petit teint et que ces couleurs changent avec le pH.

Certains prônent même la betterave rouge, ce n’est qu’illusion. Dans le meilleur cas, quand on lave, on obtient un jaune pâle. Lors de formations, nous faisons des tests, pour éliminer les doutes.

Effectivement, ce sont des couleurs fascinantes et faciles à réaliser… mais tellement peu durables. On y découvre de jolis roses et violets, malheureusement si peut durables…

Il est vrai que dans notre société de consommation effrénée, l’on n’a plus besoin de durabilité. Les modes passent si vite que les vêtements n’ont pas le temps de se décolorer.

Textiles anciens

Les textiles précolombiens étaient bien en grand teint. Ils ont encore des couleurs très vives, les mêmes qui ont surpris les Espagnols lors de leur arrivée… D’autant plus que nous voyons maintenant après qu’ils aient passé plusieurs siècles dans des conditions chimiques assez rudes, en plein désert…

Il faut dire que ces vêtements étaient certainement faits pour durer, on a même retrouvés des momies avec des vêtements très luxueux rapiécés et racommodés dans certaines tombes dans le désert d’Atacama.

À l’époque, la couleur étaient un luxe. Dans les périodes les plus anciennes, elle n’était employée que pour de fine lignes, ou des bordures… mais en grand teint. Souvent les matières tinctoriales voyageaient sur des distances considérables.

Chuspa et collier précolombiens présentés au musée d'Iquique, visiblement grand teint
Chuspa et collier précolombiens présentés au musée d’Iquique, visiblement grand teint

Vous pouvez avoir un petit aperçu de la qualité de l’art textile précolombien en téléchargeant ce merveilleux livre Awakhuni“, mis à disposition par le “Museo Chileno de Arte Precolombino de Santiago de Chile“.

Un peu d’histoire

De tout temps, il y a eu des tricheurs, de nombreux papyrus égyptiens et des tablettes sumériennes mentionnent des recettes pour imiter la luxueuse pourpre du murex avec de la garance et de l’indigo. Ce qui n’étaient tout de même pas être des teintures bas de gamme.

Pour les périodes anciennes Dominique Cardon cite de nombreux détails dans ses livres.

Concernant le Moyen-âge, la référence est Michel Pastoureau. Il a étudié très en détails tout ce qui touche au thème des couleurs en Europe. Sur d’autres continents, il y a en effet d’autres conceptions de la couleur, qui sont entrain de s’effacer.

Par exemple, le jaune, peu apprécié en Europe est très importante en Asie, notamment en Chine, où il est réservé à l’Empereur. Au Japon, on donne beaucoup d’importance à l’opposition brillant/mat…

En Europe même, la conception des couleurs a évolué dans le temps.

Je suis actuellement entrain de lire “Jésus chez le teinturier” de Michel Pastoureau.

Jésus chez le Teinturier, Michel Pastoureau
Jésus chez le Teinturier, Michel Pastoureau

Evolution des règlements

Dans ses nombreux livres sur ce sujet, il explique comment les ateliers de teinture étaient séparés couleur par couleur. Par exemple, il n’était pas possible de mélanger du jaune et du bleu pour obtenir du vert, c’étaient des ateliers séparés. C’était pourtant facile deux bains consécutifs. En outre, les ateliers étaient aussi souvent séparé selon les fibres qu’ils teignaient : soie, laine, lin… Et ceux qui teignaient en petit teint ne pouvaient pas teindre en grand teint.

Dès les années 1240, en Italie, ont été rédigés des textes réglementant très précisément les matières tinctoriales de grands et petits teints.

En France, en 1634, un règlement de Colbert définit une liste très stricte de matières tinctoriales qui sera respecté durant plusieurs siècles, jusqu’à la synthèse des premières anilines, à partir de 1856, qui ne seront d’ailleurs pas de grand teint.

Liste non exhaustive de teintures grand teint :

    • Garance
    • Kermes
    • Pastel, l’indigofera a eu beaucoup de diffiicultés à entrer dans la liste pour des raison de protectionisme
    • Gaude
    • Sarrette des teinturiers
    • Noyer

Le mordançage influence aussi sur la solidité de la teinture.

Grand teint sérieux contre petit teint populaire?

En général, les plantes grand teint sont cultivées (pastel, garance, gaude…), par opposition à de nombreuses plantes sauvages récoltées pour les teintures plus populaires, surtout dans les tons de jaunes et marron. On mordance souvent les teintures plus populaires, sans alun (avec du sel, de la cendre, de l’urine…). Elles peuvent se reteindre plusieurs fois… (voir les tableaux des Frères Le Nain).

De nombreuses teintures étaient aussi importées de fort loin, elles n’étaient pas toutes de grand teint, mais permettaient d’économiser sur certaines matières premières très coûteuses. C’était, par exemple, le cas du fustet qui entrait en petites quantités dans de nombreuses recettes.

Certaines plantes étaient très controversées, comme par exemple, le bois de Campêche, très connu pour son noir mordancé au chrome, mais qui n’avait pas d’équivalent.

Conclusion

J’essaie dans la mesure du possible de teindre en grand teint, car c’est dommage de passer du temps, d’utiliser de l’énergie et des fibres coûteuses, pour des couleurs qui s’effacent avec le temps. En général, je laisse sécher mes laines après les avoir teintes et après je les lave et les laisse sécher à nouveau à l’ombre.

Mais il faut reconnaître que l’on ne fait plus bouillir la lessive comme avant, mais il serait dommage de faire un tableau qui pâlirait avec le temps… C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec beaucoup de tapisseries anciennes où les verts on pratiquement disparus, par manque de solidité.

Un certain nombre de plantes locales chiliennes ne sont évidemment pas définies dans le règlement de Colbert. Certaines peuvent être de grand teint (plantes à tanins, par exemple), d’autres certainement pas. Il faudrait faire des tests.

Déchets bons pour teindre

// Déchets bons pour teindre ///
Article créé le 12 janvier 2018, dernière mise à jour le 12 octobre 2022
Je suis en Europe jusqu’au 11 novembre 2022, date de retour au Chili – Beaucoup de nouveautés
Organisons
donc des ateliers! C’est facile
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Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Des déchets tinctoriaux

Teindre avec des déchets peut être très facile, simple, économique… C’est une forme de recyclage et de mise en valeur efficace. N’en attendez pas les rouges et le bleu, de tout temps des plantes ont été cultivées pour cela… Mais vous aurez des jaunes, des verts pâles, des verts olives-bronze, des marrons, des beiges, des gris, toute la gamme classique des teintures naturelles…

Aller au marché et revenir avec des teintures-déchets

Au marché ou chez les marchands de légumes, on peut récupérer les pelures d’oignons, les queues et feuilles d’artichauds, les fanes de carottes, des légumes trop fanés, pommes piquées, avocats trop mûrs… j’ai même teint avec du coriandre qui avait jauni et était invendable, mais a teint en jaune.

Je n’ai pas encore essayé, mais les feuilles de laitue, blettes, épinards… devraient aussi donner des jaunes.

Il est donc très intéressant d’avoir de bonnes relations avec son marchand de fruits et légumes, une bonne occasion pour abandonner le supermarché… Cela peut être une bonne occasion de chercher à se fournir en circuit court.

Il ne faut pas hésiter parfois `mettre sa honte dans un mouchoir et ranger le tout dans sa poche. Par expérience, je sais que les écorces de citron teignent. Un matin, au petit supermarché de Gletterens, les employés triaient les invendus de fruits et légumes et je me suis permise de demander les citrons qui allaient partir à la poubelle. Ma demande a été accueillie favorablement.

3 citrons invendables sont venus complementer un bain de fenugrec presqu'épuisé
3 citrons invendables sont venus complementer un bain de fenugrec presqu’épuisé

Un autre moyen d’obtenir des déchets alimentaires, en particulier, avec les restaurants pour les épluchures d’oignons, les vendeurs de jus de fruits naturels pour les noyaux de mangues, d’avocats, de pêche, d’abricots… les écorces de citrons, oranges, pamplemousses, les épluchures de pommes, coings, poires, avocats… tout cela doit être essayé.

Si vous avez des arbres fruitiers, souvent, il perdent des fruits avant maturation, ces petits fruit sont en général bourrés de tanins, il est donc intéressant de les ramasser pour faire des essais de teinture.

A Puerto Montt, il font beaucoup de chicha à base de pommes, certaines femmes utilisent les restes de pommes écrasées pour teindre.

Les noyaux de mangues m’ont donné de très bon résultat quand je vivais à Mamiña.

Epluchures d'oigons et artichauds, déchets récupérés chez le marchand de légumes à Angelmó
Epluchures d’oigons et artichauds, déchets récupérés chez le marchand de légumes à Angelmó

Les épluchures d’oignons sont très intéressantes, surtout avec les vieux oignons qui ont été gardés pendant l’hiver. Il faut laisser tremper pendant plusieurs jours avant de teindre, et laisser mijoter le plus longtemps possible. On m’a mentionné plusieurs fois la coutûme de teindre des oeufs à Paques, avec des épluchures d’oignons ficelées autour des oeufs.

Teinture aux déchets d'oignons
Teinture aux déchets d’oignons
Teinture à l'oignon sur laine et coton
Teinture à l’oignon sur laine et coton

Laissez tomber les feuilles de betteraves, ceux qui en parlent ont seulement “entendu le coq chanter” (expression chilienne siginifiant que l’on ne sait pas de quoi on parle). Dans le meilleur des cas, on obtiendra un jaune pâle très décevant, le rose partant au premier rinçage. Je fais souvent la démonstration lors des cours. Cela peut teindre des sels de bains, mais le choux rouge, m’a donné de meilleurs résultats, j’avais aussi essayé les cerises.

teinture” à la betterave

Le choux rouge et les différentes baies qui tachent bien, risquent d’être aussi décevants, vu leur instabilité et leurs variations en fonction de l’acidité, lors du lavage. Mais cela peut être mis à profit pour des expériences avec des enfants. J’en parlerai certainement dans un prochain article.

Songez à garder les coques de fruits sec (noix, pistaches, noisettes, chataignes…). Ces fruits sont excellents pour la santé et leurs coques sont bourrées de tanins.

Les feuilles toxiques de rhubarbes donnent de jolis jaune ocre, sans danger.

Les déchets “mauvaises herbes” profitons-en

Vive les chardons

Ils teignent en jaune, verts et gris selon les mordants. Vous aurez la surprise de découvrir qu’ils sont tout aussi piquant cuits que crus.

Teinture aux chardons à Concón
Teinture aux chardons à Concón

Les coquelicots

D’après Dominique Cardon, leurs pétales teignent en rouge, je n’ai pas encore essayé, il en faut de grandes quantités et au Chili les coquelicots sont mauves !

Je les ai cueilli, jour après jour à Nemours et j’ai testé à Gletterens.

Séchage de la récolte quotidienne de p´etales de coquelicots
Séchage de la récolte quotidienne de p´etales de coquelicots

Les ronces

Les jeunes rameaux donnent de très jolis jaunes, vert olive et gris, selon le mordant, il en sort une très bonne odeur de confiture de mûres. Comme pour les chardons, les épines résistent à la cuisson. Les mûres comme toutes les baies sont plutôt décevantes, mieux vaut les manger.

Teinture avec des jeunes branches de ronces
Teinture avec des jeunes branches de ronces

Les orties

Si vous ne les mangez pas en soupe ou ne les utilisez pas pour faire du purin ou du shampoing, elles teignent aussi, je n’ai pas encore l’occasion d’essayer, une fois sèches ou cuites, elles ne piquent plus… Michel Garcia en parle dans un de ses livres.

A Gleterrens encore, je les ai testé et pour la teinture et pour les fibres.

Les rumex

Très mal vue par les agriculteurs, cette plante bioindicatrice est très intéressante, car elle contient beaucoup de tanins clairs, ce qui permet de l’utiliser comme mordant naturel en combinaison avec d’autres plantes. L’idéal est d’utiliser les racines, mais celles-ci peuvent être difficiles à arracher, dans ce cas le reste de la plante peut être utilisé.

Rumex apportés par l'une des stagiaires à l'atelier d'ecoprint
Rumex apportés par l’une des stagiaires à l’atelier d’ecoprint

Le quintal

C’est un parasite qui attaque de nombreuses espèces d’arbres au Chili et selon la plante hôte, le résultat va du beige au marron roux très lumineux, c’est une teinture que j’apprécie beaucoup.

Quintral du molle
Quintal du molle
Laine teinte en toison au quintral du molle
Laine teinte en toison au quintral du molle

…et j’en oublie beaucoup de ces plantes méconnues… évitons tout de même les plantes toxiques comme le datura! d’autant plus qu’elles ont aussi tendance à concentrer les métaux lourds et les pesticides qu’elles adorent.

Votre voisin taille ses haies ? encore des déchets utiles

A Iquique, en plein centre ville, au coeur du désert, un voisin a taillé son Bougainvillier un peu trop encombrant. Il avait de jolies fleurs roses fuchsia…  c’était pour moi une vraie aubaine. Il ne faut pas avoir honte, j’avais là une matière première de choix, j’en ai ramassé deux gros sacs que j’ai partagés avec une amie, Jeannette Baeza, qui faisait des colliers avec des fleurs séchées.

A Santa Fe, en Argentine, ville pleine de verdure, avec mon amie Lucrecia, nous avons récupéré pour les deux ateliers de nombreuses plantes que les voisins avaient taillées…

Récupération de déchets de taille, ici un bignonia
Récupération de déchets de taille, ici un bignonia

Les rosiers, notamment, les feuilles donnent des résultats très intéressants en ecoprint, je crois que c’était l’une des plantes préférées de mon ami Hilaire à Antsirabé (Madagascar).

Mon ami Hilaire découvrant un de ses premiers ecoprint, Antsirabé, Madagascar
Mon ami Hilaire découvrant un de ses premiers ecoprint, Antsirabé, Madagascar

Les troënes, le chèvre-feuille, buddleia, le lierre, l’hortensia et de nombreuses autres plantes grimpantes ou utilisées pour les haies, peuvent teindre (attentions certaines peuvent toxiques).

Vive les feuilles mortes

Certains les jettent, c’est dommages car nos sols en on besoin pour se régénérer et se protéger. Mais on peut aussi teindre avec, elles contiennent souvent beaucoup de tanins et des flavonoïdes… en bref, des marrons, des jaunes, des verts bronze et olive, des gris…

Fleurs fanées

A Iquique, j’ai essayé les fleurs fanées d’hibiscus rouge, j’ai eu la grande surprise d’obtenir un joli vert clair quand j’ai ajouté l’alun.

Feutre, orange de garance, vert clair d'hibiscus
Feutre, orange de garance, vert clair d’hibiscus

A Santa Fe, lors de l’atelier à La Redonda, nous avons essayé les jolies fleurs mauves de jacaranda tombées au sol, le résultat a été un joli brun roux.

Fleurs de jacaranda
Fleurs de jacaranda
Laine teinte aux fleurs de jacaranda
Laine teinte aux fleurs de jacaranda

On peut aussi profiter des déchets des fleuristes, une plante n’a pas besoin d’être présentable pour teindre, il y a beaucoup de feuillages très intéressants pour les ecoprint que le fleuriste du quartier doit jeter, pourquoi ne pas les lui demander?

Les écorces et racines

Je ne vous conseille pas d’arracher des écorces et des racines sur des plantes vivantes, car cela peut les mettre en danger.

Mais on peut profiter des bois de taille des arbres fruitiers, j’ai, par exemple, essayé l’abricotier, quand je vivais à longotoma, cela m’a donné un beige rose pâle intéressant, les feuilles m’on donné du vert.

On peut aussi récupérer les écorces sur les bûches de bois de chauffage, c’est là que se concentrent les tanins. C’est ainsi que j’ai teint avec des grosses écorces d’eucalyptus.

Grosses écorces d'eucalyptus
Grosses écorces d’eucalyptus

Sciure de bois

J’ai testé la sciure de mélèze que je m’étais procurée auprès d’un artisan en bois, cela m’a donné une jolie couleur cuivrée.

Je n’ai pas encore essayé le BRF (bois raméal fragmenté) qui est très utilisé en permaculture, je suis curieuse de voir le résultat.

Noyaux et épluchures d’avocats

Pour les amateurs de thé et de maté, gardez vos déchets

Ces déchets-là aussi fonctionnent…

Le thé

C’est une grande source de tanins, il peut teindre presque tout, très solidement (s’éclaircit avec du jus de citron), en beige. Si on en consomme beaucoup, cela peut valoir la peine de garder les restes pour teindre…

Le maté

A Santa Fe, en Argentine, tout le monde boit du maté à longueur de journée, nous avons donc récupéré les déchets d’une seule journée, cela nous a suffit, car la casserole était petite, elle était elle-aussi de récupération…

Teinture aux déchets de maté bouilli
Teinture aux déchets de maté bouilli
Yerba Maté
Yerba Maté

Le café

Je n’ai pas encore essayé, car au Chili, on n’a pas de culture du café, on boit du café en poudre qui n’a plus rien de naturel, je ne peux donc pas récupérer des quantités suffisantes de marc de café, d’autant plus que le café est grillé durant la torréfaction, ce qui doit éliminer des composants de la graine.

Mais, le caféïer est une rubiacée, donc de la même famille que la garance. A Madagascar et en Equateur, j’ai vu l’arbre, mais je n’ai pas eu l’occasion d’essayer.

Cafeïer à Antsirabe, Madagascar
Cafeïer à Antsirabe, Madagascar

Le cacao

Je n’ai pas essayé, il me semble qu’il a plus d’affinité pour les graisses que pour l’eau, ce qui complique les choses en teinture textile, si l’on doit pouvoir laver… À la suite d’un cours que j’ai donné à Santa Fe, Argentine, des animatrices d’un centre culturel l’ont essayé. Je ne sais pas quel a été le résultat.

Déchets modificateurs

Urine

L’urine a été employé comme mordant ou modificateur depuis les temps les plus anciens, elle apparaît dans de nombreuses recettes de teintures, on récollectait de préférence l’urine des garçons avant leur puberté, il y a une modification chimique que les anciens teinturiers avaient sans doute découverte.

Sans remonter au moyen-âge, une amie originaire de l’Ile Maillen, près de Puerto Montt, m’a raconté que quand sa mère teignait, elle récupérait l’urine de ses 9 enfants.

A titre d’expérience, pour les fiches de modificateurs à Pica et à Santa Fe, nous avons testé l’urine.

J’allais oublier de mentionner la fameuse cuve d’indigo à l’urine. Je ne l’ai pas testée. Le Chili est un pays très hygiéniste, c’est peut-être pour cela que l’on a perdu pratiquement toutes les connaissances concernant l’indigo et on le redécouvre maintenant gràce à la mode du shibori. Quand Charles Darwin est passé par Chiloe vers 1832, si je me rappelle bien, il dit qu’il a vu les Indigènes échanger de l’indigo… Un curé allemand qui avait appris le mapundungu, langue des Mapuches et était passionné de botanique, mentionne une plante qu’il pense avoir été source de bleu, connue seulement dans certaines communautés, mais sans en être vraiment sûr.

Cendres

La lessive de cendre est très alcaline, elle était traditionnellement utilisé pour laver la laine et les vêtements. Celestina Stramigioli cite des recettes traditionnelles en Argentine où les femmes sortaient la laine du bain de teinture et l’imprégnait de cendres avant de la replonger dans la teinture.

Après les avoir utilisés en teinture, ces déchets peut partir au compost si vous avez un jardin.

Conclusion

Les déchets les plus divers peuvent servir à teindre, pourquoi se priver, d’autant qu’il faut beaucoup de matières tinctoriales pour teindre peu de fibres. Autant profiter des ressources gratuites qui peuvent être abondantes et à portée de main, les résultats peuvent être surprenants.

Semer des teintures

Semer des teintures peut être rentable

Semer appartient à l’histoire

Jusqu’en 1870, date des premiers colorants de synthèse, semer des teintures était très courant en Europe, mais aussi sur de nombreux continents… outre les plantes, insectes et arbres sauvages récoltés parfois à de très grandes distances, de très grandes surfaces étaient réservées à la culture de pastel, indigo, garance et même gaude pour fournir les ateliers de teinturiers. C’était un négoce très important comme en témoignent les informations fournies par Dominique Cardon et Michel Pastoureau.

La garance et le pastel firent la richesse du Sud de la France, au point que l’expression “pays de Cocagne” fait référence à la culture du pastel qui se préparait en “coques” pour pouvoir se conserver, se transporter plus facilement et concentrer les pigments.

Parfois même, certaines cultures de plantes tinctoriales étant plus rentables que les cultures vivrières provoquaient des disettes et famines. Un empereur de Chine fit même interdire de semer certaines plantes à teindre… Ces plantes ont  aussi provoqué des guerres…

Semer, c’est être cultivé

Semer des plantes tinctoriales, c’est sauvegarder des traditions, c’est d’autant plus intéressant que la plupart des plantes tinctoriales sont aussi des plantes médicinales… Et porter des vêtements teints naturellement est donc beaucoup plus sain que des vêtements teints chimiquement.

Je voudrai saluer les efforts de l’Association Couleur Garance à Lauris (84 Vaucluse – France) qui a eu la très grande gentillesse de m’avoir reçue pendant 15 jours, il y a de cela plusieurs années à mon reour de l’ISEND à Kuching.

Leur jardin qui offre une variété toujours croissante de plantes tinctoriales est un modèle pour moi.

Il est à noter qu’ils vendent des graines de nombreuses plantes très intéressantes, récoltées sur place, proposent des formations, des encres et des teintures naturelles. C’est un exemple à suivre.

Semer appartient à l’avenir

Aujourd’hui encore, cela peut être rentable et même être un facteur de développement, au Bengladesh, en Inde, à Madagascar, au Salvador, à Taiwan, mais aussi en France ou en Hollande où une coopérative s’est mise à culture de la garance.

L’indigo naturel est encore très recherché, en semer peut valoir la peine, le shibori est à la mode, l’indigo est la teinture idéale pour cette technique (dont les possibilités sont sans limites) et le mouvement slow fashion prend de l’ampleur. Il faut déterminer la plante qui convient le mieux au lieu que l’on veut cultiver. Certaines plantes à indigo sont des légumineuses donc des engrais verts et peuvent très bien se combiner dans un jardin en permaculture ou agroforestrerie.

Mon voyage autour du monde doit aussi m’apprendre à semer et récolter… aussi bien au sens propre qu’au sens figuré.

Je sèmerai aussi

Je voulais semer des plantes à indigo, du cosmos sulphureus, du carthame et de la garance à Concón, cela aurait été bon pour cette terre, malheureusement les chevaux les auraient manger. Je ne pouvais pas me limiter à récolter ce que ne peuvent pas manger les chevaux…

De retour de mon tour du monde tinctorial et textile, je chercherai un endroit où en semer ces plantes et bien d’autres pour mes besoins personnels… mon idée est d’être le plus autosuffisante possible… du point de vue alimentaire, mais aussi professionnel…

Pour préserver ces trésors, il est aussi important de multiplier les plantes que l’on utilise pour ne pas les exterminer sans le vouloir, il faut se rappeler que pour beaucoup de plantes, il faut 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres… Donc il faut éviter de récolter les plantes rares, pour qu’elles puissent se reproduire et essayer de favoriser leur expansion.

De même je chercherai à semer de la garance tout en sachant que je devrais attendre plusieurs années pour en récolter les racines. C’est du travail à long terme, mais il faut se donner les moyens pour pouvoir créer… C’est pourquoi je veux aussi apprendre plus d’agronomie sustentable et je m’intéresse à la permaculture.

Pas de photos

Cet article ne montre pas de photo pour le moment, vu que je n’ai pas encore semé, je n’ai rien de personnel à vous montrer. Il va aussi s’enrichir prochainement d’informations complémentaires.

J'attends les photos des amis qui sèment et cultivent, semer est important
J’attends les photos des amis qui sèment et cultivent, semer est important

Je serai très heureuse de pouvoir visiter les semeurs de plantes tinctoriales et vous prie de vous manifester pour pouvoir vous inclure dans mon tour du monde tinctorial et textile.


Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!

Je vous invite à laisser vos commentaires.

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Bain raté? Comment le récupérer

Vous avez raté votre bain?

Cela arrive à tous les teinturiers d’être déçu par un bain de teinture… Une plante que l’on ne connaît pas… un manque de mordant… une couleur décevante…

Parfois, cela ne vaut pas la peine d’essayer de modifier le résultat, par exemple une fois j’ai essayé de teindre avec l’escholtsia ou pavot de Californie, le résultat a été un vert-jaune très pâle, qui m’a déçu sur le moment, bien sûr on pourrait s’attendre à beaucoup mieux d’une fleur si voyante… Mais j’ai gardé l’écheveau tel quel, par la suite je l’ai tricoté en combinaison avec d’autres couleurs qui le faisait ressortir… J’ai récemment réessayé de teindre avec cette fleur à Concon, par la technique de la fermentation. le résultat a été assez similaire.

Fleurs d'elchotsia ou pavot de Californie
Fleurs d’elchotsia ou pavot de Californie

Cela peut se rattraper avec un autre bain, un petit supplément, ou on peut le transformer en laine tricolore, peut-être pas bleu-blanc-rouge… Mais les mordants et les modificateurs sont une source sans fin de variations.

Je vais vous raconter quelques expériences

Sebastiana était très déçue

Lors d’un atelier que nous avons fait avec l’Association Aymara Kespi Kala, à Mamiña, nous avons teint dans une casserole un peu rouillée, avec du schinus molle, poivrier rose, qui dans une cassserole non rouillée doit donner un jaune très fort… mais le fer de la rouille est intervenu…

Le résultat fut un joli vert avec des taches presque noires… Cela m’a beaucoup plus, mais pour ma voisine Sebastiana cela n’allait pas avec ses traditions où l’on considère comme beau une couleur unie… La solution aurait été de retremper la laine dans un bain avec de l’acétate de fer (soupe de clous ou bain de clous dans du vinaigre) qui aurait régularisé la couleur vers le ton le plus sombre.

Il aurait tout de même fallu faire attention à bien rincer, car le fer a tendance à rendre la laine rugueuse et la fragilise.

La laine qui n'a pas plu à ma voisine
La laine qui n’a pas plu à ma voisine

Laine à 4 couleurs à Rancagua

De retour de France, après l’ISEND de Kuching, je suis passée voir mon amie Lucia à Rancagua, nous avons testé une plante qui ressemblait beaucoup à la persicaire à indigo, nous avons testé la technique pour extraire l’indigo que montre Michel Garcia dans son DVD. Nous nous étions trompé de plante, nous avons quand récupéré le bain jaune obtenu lors de notre tentative, et nous avons teint avec en jaune… Nous avons un écheveau et ne l’avons laissé que jusqu’à la moitié dans le bain.

Il en est sorti une laine jaune et blanche, c’est normal, seulement la laine n’est jamais vraiment blanche (Michel Pastoureau parle même de teinture en blanc, qui fut longtemps un problème…).

Comme j’avais ramené un peu d’indigo de Kuching, nous avons donc préparé un bain d’indigo.

Le résultat fut une laine jaune, blanche et bleu, avec toutes les variations possibles…

De retour à Mamiña, je lui ai fait subir un autre bain, de cochenille cette fois.

Bain de cochenille supplémentaire
Bain de cochenille supplémentaire

Laines multicolores
Laines multicolores

Béret, mouton, multicolor, teinture naturelle, indigo, cochenille, duraznillo, métier à clous, crochet
Béret, mouton, multicolor, teinture naturelle, indigo, cochenille, duraznillo, métier à clous, crochet

Les fiches de modificateurs

A Pica, puis à nouveau à Santa Fe (Argentine) lors de l’atelier à La Redonda, nous avons fait des tests de modification des teintures que nous avons synthétisés sur des fiches… Ces fiches longues à réaliser m’ont beaucoup appris.

Fiche des tests de modificateurs
Fiche des tests de modificateurs

En effet, la grande majorité des recettes “littéraires” ou plutôt occidentales se basent sur des bains acidifiés (alun, vinaigre, citron, crème de tartre, sulfate de cuivre…), les trois premiers ayant souvent tendance à éclaircir les couleur.

Mais les recettes traditionnelles, populaires, en Argentine (voir Celestina Stramigioli) comme au Chili font souvent appel à des produits plutôt alcalins (sel, bicarbonate, chaux, lessive de cendres, urine…) qui ont pour effet de renforcer la couleur ou plutôt de l’obscurcir. On obtient ainsi des jaunes beaucoup plus soutenus, plus agréables…

Prolonger un bain

Je l’ai fait, il y a peu de temps avec ma teinture au citron, grace au bicarbonate (un usage supplémentaire de ce produit aux ressources infinies), un petit peu dans le troisième et le quatrième bain et j’ai presque égalé le second bain…

teinture au citron
teinture au citron

Camouflage à l’eucalyptus

Lors de mes premiers essais de teinture, quand je vivais à Longotoma, près de La Ligua, j’avais teint deux écheveaux de laine à l’écorce d’eucalyptus (celle qui tombe des troncs et s’arrache toute seule, cela ne nuit pas à l’arbre). J’avais obtenu un joli café, mais j’en avais déjà plusieurs  qui lui ressemblaient, j’ai donc décidé de les modifer…

J’ai pris deux récipients, dans l’un j’ai dilué un peu de sulfate de cuivre, dans l’autre un peu de sulfate de fer. J’ai mis les bouts des écheveaux dans ces récipients, laissant la partie du milieu hors des bains…

La réaction est rapide. D’un coté, j’avais du gris foncé, de l’autre un vert kaki, séparé par du marron. Quand j’ai tricoté un poncho avec ces laines, il était à la mode camouflage…

Second bain d’indigo

A Santa Fe, Argentine, lors du premier atelier, à la Esquina Encendida, mon amie Mara m’acheté un bonnet, mais elle n’a pas résisté à l’envie de le modifier, nous avions un bain d’indigo. Cela se prête merveilleusement à toutes les techniques de shibori. Nous avons donc ficelé ce bonnet et l’avons plongé à plusieurs reprises dans le bain d’indigo jusqu’à ce que la couleur lui plaise…

Tie dye à Santa Fe
Tie dye à Santa Fe

Sortie du bain d'indigo
Sortie du bain d’indigo

Teinture terminée
Teinture terminée

Cochenille

La cochenille se prête merveilleusement aux modifications, cette teinture est très sensible au fer, au cuivre, au citron, à la crème de tartre… attention aux casseroles rouillées ! Je lui ai déjà consacré un article… Elle le mérite bien.

Laines teintes à la cochenille, à Mamiña
Laines teintes à la cochenille, à Mamiña

Ecoprint pas assez net

Lors de l’atelier d’ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin (Indre et Loire – France), il y a eu quelques essais qui n’étaient pas assez contrastés, ils sont passés dans un bain supplémentaire soit à la chaux hidraulique, soit à la soupe de clous, qui ont révélé les détails cachés

Ecoprint révélé au bain de chaux hidraulique
Ecoprint révélé au bain de chaux hidraulique

Prochains essais

Bain de garance trop pâle

J’ai teint des laines à la garance, elle a bien trempé plusieurs jours… mais je n’ai pas dû en mettre suffisamment (j’en ai peu, on n’en produit pas au Chili, et cela coûte cher de l’importer de France… et je n’ai pas encore réussi à me procurer son équivalent le Relbun, pourtant sauvage dans le sud du Chili). Le résultat est un rose saumon.

Quatrième bain de garance
Quatrième bain de garance

Le second bain est assez semblable au premier. J’en ai fait un troisième en attente avec rajout de craie, seulement un peu plus clair que les deux premiers.

Le quatrième bain est en attente, avec cette fois-ci des laines blanches et un écheveau déjà teint en jaune.

 

Je crois que je vais passer une partie de ces laines dans un bain de cochenille…

Résultats lors d’une prochaine mise à jour de cet article

Métier María

/// Métier María /// en cours de rédaction

Article créé le 5 janvier 2018, mis à jour le 29 octobre 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2024
Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025
Je pense revenir en Europe en mars 2025

Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences et de nouveau voyages: www.lanitando.com
Comme Tinctoriales.com, ce site peut aussi se traduire automatiquement.

Choisir un bon métier à tisser peut être difficile, les options sont multiples. Je vous présente ici un métier qui offre de grandes possibilités, sans grand investissement. Il permet de tisser des toiles de plus d’une dizaine de mètres avec peu d’encombrement.

Métier María, le connaissez-vous ?

Au Chili, il est connu comme métier María. C’est un métier à peigne rigide. En Argentine, il est aussi connu comme “sureño” (du sud)…

C’est un métier à ensouple et peigne rigide. Il n’a habituellement pas de pieds, ce qui permet de le poser sur une table. Il peut être démontable. On peut le ranger dans un grand sac pour le transporter, même avec une chaîne montée et un tissage en cours… C’est pratique quand on participe à des foires et des expositions.

On peut le travailler assis, l’appuyant sur une table ou debout.

A Mamiña, je m'asseyais pour tisser au métier María
A Mamiña, je m’asseyais pour tisser au métier María

Si la chaîne est bien montée, le métier María permet de tisser des toiles de facilement plus de 10 mètres. On peut la diiviser en plusieurs pièces les unes à la suite des autres. Il suffit de les couper une par une, c’est très facile. en utilisant la même chaîne. Cela réduit les pertes de temps et de fils.

Possibilités du métier María

La largeur peut aller de 40 cm à 1,20 m. La largeur de la pièce est toujours un peu inférieure bien sûr à la largeur du peigne. Rien n’oblige à monter une chaîne qui utilise toute la largeur du peigne.

On peut avoir différents peignes selon la grosseur des fils de chaîne. Il existe des métiers María avec un dispositif pour monter deux ou plusieurs peignes. Cela permet de faire varier les dessins. On peut tisser en cilindre ou double largeur, je n’ai pas encore testé cela.

Cependant, les peignes ne sont pas standard. Ils dépendent du type d’architecture du métier, notamment des supports du peigne et bien sûr de la largeur du métier. La hauteur du peigne a aussi son importance. Conclusion, un nouveau peigne doit s’acheter chez le même concepteur.

Le métier María est rapide. Mais, il ne peut pas donner le rendement d’un métier à pédales. Cependant, il est moins encombrant et beaucoup plus facile à mettre en oeuvre. Il est possible de monter une chaîne de 10-12 mètres de long et commencer à tisser le même jour.

Mon premier métier María

J’ai acheté mon premier métier María à Santa Fe, Argentine. C’était juste après avoir donné une formation en teintures naturelles en juillet 2013 à la Esquina Encendida. C’est un centre culturel très ouvert à Santa Fe. Je suis restée quelques jours chez mon amie Lucrecia avant de rentrer à Mamiña.

J’en ai profité pour acheter des livres. J’ai pu visiter des musées et des bibliothèques. J’ai vu El taller de la Guardia, un atelier de céramique très original. Dans cet atelier, on fait des copies de céramiques précolombines… des cuissons de céramiques à ciel ouvert. C’est très impressionnant…

J’avais bien vendu mes tricots. Nous sommes allées chercher un métier à tisser, c’est ainsi que je suis revenue à Mamiña avec un métier.

Montage de la chaîne à Mamiña, sur mon premier métier María
Montage de la chaîne à Mamiña, sur mon premier métier María

Je me suis dépêchée de l’essayer, car d’abord c’était pour moi une nouveauté, j’adore les nouvelles expériences. J’avais lu de nombreuses revues sur le métier María, mais il faut bien sûr passer à la pratique.

La pratique était aussi indispensable, car il était prévu que je donne un cours à Pica. Ce sera en novembre sur les teintures naturelles pendant une semaine. Il y aura aussi une semaine sur métier María et métier à clous.

Les résultats

Je me suis donc bien entraînée pour ne pas décevoir les femmes de Pica.

Partie d'un poncho, tissé au métier María
Partie d’un poncho, tissé au métier María

Comme j’avais le temps et assez de laines à Mamiña, j’ai tissé un certain nombre de pièces. Cela a été l’occasion de tester différentes techniques que j’ai pu enseigner par la suite.

Mes tissages exposés à Mamiña, près des bains thermaux Ipla
Mes tissages exposés à Mamiña, près des bains thermaux Ipla

Une amie d’Iquique, créatrice de costumes de théâtre, Jeannette Baeza, m’a acheté plusieurs grandes pièces. Elle les a transformées en vêtements, puis elle a organisé un défilé de mode… au Palais Astoreca à Iquique. Déjà, elle m’avait aussi donné la possibilité d’exposer avec elle et deux autres artisanes mes travaux quelques années auparavant.

Une de mes toiles tissée au métier María, transformée en veste
Une de mes toiles tissées au métier María, transformée en veste

On peut adapter la plupart des points du métier à clous. Mais on peut en utiliser d’autres comme les points de gases, sur de grandes longueurs si l’on veut. C’est plus compliqué avec le métier à clous où la chaîne devient vite trop tendue.

Poncho en laine d'alpaga au point de gase sur métier María
Poncho en laine d’alpaga au point de gase sur métier María

L’usage du peigne permet aussi de tisser beaucoup plus vite de grandes pièces. Par exemple, de grands ponchos, couvertures de pied de lit, châles… La variété de points est différente.

Pica

J’ai vite obtenu une grande variété de points et d’effets, les femmes de Pica n’ont pas été déçues. Elles avaient suivi de nombreux cours sans beaucoup de résultats. Il y avait beaucoup d’indigènes Aymara parmi elles et elles savaient presque toutes tisser sur leurs métiers traditionnels de ceinture.

Je parle de cette expérience dans la présentation que j’avais préparée pour l’IFND de Taiwan. Elle est disponible sur www.academia.edu et www.slideshare.net.

Mais les techniques diffèrent beaucoup. C’est la chaîne qui fait les dessins sur les métiers à tisser indigènes (à pieux, de ceinture, Mapuche…). Alors que sur le métier María comme sur tous les métiers occidentaux, c’est la trame qui fait les dessins. De plus, leurs tissages sont généralement très lisses et très serrés.

Avec le métier María, en général, les tissages sont plus souples, moins serrés (donc plus économiques en laine). On peut aussi tisser des points en reliefs, c’est ce que je leur ai enseigné en priorité. Ainsi, elles pourront proposer par la suite des travaux différents de leurs collègues et concurrentes. Elles m’ont très agréablement surprise par leur créativité.

Avec l'une des organisatrices du cours, Graciela Palape, essayant un de mes ponchos
Avec l’une des organisatrices du cours, Graciela Palape, essayant un de mes ponchos
Exposition dans la salle de cours à Pica, tissages au métier María
Exposition dans la salle de cours à Pica, tissages au métier María
Les stagiaires,le premier jour, cours théorique, avant de découvrir les métiers à tisser
Les stagiaires, le premier jour, cours théorique.

Après Mamiña, Rincón de Angel

A Mamiña, j’ai beaucoup tissé et teint aussi. Mais la route est devenue de plus en plus mauvaise et les touristes de plus en plus rares.

J’avais voyagé jusqu’à Angelmó antérieurement pour chercher de la bonne laine. Il fallait bien alimenter ce métier très gourmand. Et c’est là que j’ai rencontré Angel qui m’a proposé de venir l’aider. Je me suis souvenu de sa proposition.

À Angelmó, il y a beaucoup de matières premières, de quoi alimenter ce métier… J’y suis restée quatre mois. Puis, je suis repartie en voyage en Equateur et à Moquegua, Pérou (pour chercher de la cochenille). Puis j’ai déménagé définitivement pour Angelmó.

Un bon métier María

Là, nous avons enfin trouvé un bon fournisseur de métier María. Nous espérons pouvoir fabriquer le nôtre, en perfectionnant quelques détails. En effet, ils ne sont pas tous bons, le mien s’était usé (les freins étaient faits en carton-pâte !). Il a fallu le refaire presque entièrement (seul le peigne s’est sauvé), d’autres sont trop courts, certains sont mal terminés… Il faut tout de même que cela soit agréable à travailler.

À Angelmó, les femmes achètent ce genre de métier. Elles vont passer des heures et des heures tous les jours dessus. Elles vont tisser de grandes pièces… Il faut donc qu’il soit ergonomique, c’est important.

Enfin, un bon métier María, chez Rincón de Angel
Enfin, un bon métier María, chez Rincón de Angel

Chez Angel, j’ai donc pu développer encore plus mes techniques, monter des chaînes beaucoup plus longues… et varier les effets.

J’en ai testé un de 1,20 m de large. La largeur de la pièce obtenue est intéressante. Mais c’est plus fatigant à travailler. Le peigne est plus lourd à manier et la navette étant plus longue provoque des mouvements plus amples.

Je vous expliquerai dans un prochain article comment je travaille avec le métier María. N’hésitez pas à me poser des questions, pour que j’y réponde dans le prochain article.

Clous pour tisser

Vive les petits clous

Des clous, ou plus des petites pointes, j’en consomme de grandes quantités pour mes métiers à clous, comme je collectionne les outils (les livres aussi), les métiers à tisser se multiplient.

J’ai découvert ce métier lors de ma première foire à La Ligua, une exposante en avait un grand, triangulaire, j’ai trouvé le système très intéressant. Je m’en suis fait faire rapidement plusieurs modèles différents de ce que j’avais vu…

Les métiers à clous peuvent arborer différentes formes, s’adapter à la pièce que l’on veut tisser. Il m’en manque toujours un, j’en ai de beaux, fabriqués par des menuisiers professionels, d’autres simplement fonctionnels, certains vraiment bruts que j’ai faits moi-même (et je ne suis pas spécialiste du travail du bois et je n’avais pas toujours les bons clous…).

C’est facile à fabriquer, on peut utiliser de vieux cadres… Nous en avons même improvisé un à Antsirabe (Madagascar) avec mon ami Hilaire avec un morceau de meuble démonté… pour tester de nouveau points, avec du sisal local.

Métier à clous pour tester des points au sisal
Métier à clous pour tester des points au sisal

Echantillon terminé
Echantillon terminé

Des clous créatifs

J’ai bien sûr des carrés, des rectangles, des triangles, mais aussi octogones, ronds, losanges, hexagones, spécial boléros, trapèze pour les jupes, des longs pour les écharpes… en forme de coeur, poisson, goutte d’eau… la seule limite est le temps pour les fabriquer et les tisser.

Partie centrale d'un des premiers ponchos que j'ai tissés au métier à clous
Partie centrale d’un des premiers ponchos que j’ai tissés au métier à clous

Poncho, une fois fini, un carré et deux triangles unis
Poncho, une fois fini, un carré et deux triangles unis

Autre exemple, technique de tapisserie
Autre exemple, technique de tapisserie

J’en ai des grands qui sont plus longs à tisser, des moyens, des petits… des classiques, des originaux…

Châle recangulaire, pied de lit. laine mouton, teint au quintral, naturel, tissé métier à clous construit pour l¡occasionm finitions crochets
Châle recangulaire, pied de lit. laine mouton, teint au quintral, naturel, tissé métier à clous construit pour l’occasion, finitions crochets

En cours de tissage
En cours de tissage

J’en ai des tout petits, que m’a fabriqués mon père lors des mes voyages en France, pour tisser des bijoux, d’autres me rappellent des amis disparus, tels mes métiers pour faire des gilets. Chaque fois que je le tisse, je me souviens de Pato… qui me les a découpés.

Métiers à gilets
Métiers à gilets

Variété de métiers à clous
Variété de métiers à clous

Des clous pratiques

Comme de petits métiers permettent de tisser de grandes pièces (j’ai découvert une technique indigène pour unir les pièces lors du tissage, dans la bibliothèque  du musée d’Antofagasta, depuis je l’applique très souvent), ils sont pratiques pour voyager, et comme je voyage beaucoup, ils m’accompagnent souvent. On peut ainsi les utiliser lors de n’importe quel moment d’attente, comme le crohet ou les aiguilles à tricoter… Mais, ils utilisent moins de laine pour la même surface, ce qui peut être intéressant quand on a peu de matière première. Il vaut mieux ne pas utiliser de laines trop fines, avec de la vraie laine, cela se passe relativement bien, car elle a des petites écailles qui s’accrochent entre les fils, mais les fils synthétiques et végétales (lin, coton…) sont lisses et glissent, ils doivent donc être tissés serrés.

Poncho réunissant 64 carrés tissés sur métier à clous de 20 cm x 20 cm
Poncho réunissant 64 carrés tissés sur métier à clous de 20 cm x 20 cm

Ils sont très versatiles, car ils permettent de tester, inventer ou plutôt réinventer de nouveaux points que l’on peut utiliser ensuite avec le métier María plus efficacement.

On peut aussi les utiliser avec différentes fibres qui souvent ne peuvent pas passer dans les peignes ou les lisses des autres types de métiers (cuir, baguettes de bois, osier, rafia, laine cardée, cordons, ficelles, feuilles de maïs, plumes…). Cela permet de faire des piéces décoratives très originales…

Différentes manières de les tisser

Ce qu’enseignent les revues…

Le travail en diagonale, pas besoin d’aiguille, se tisse à la main.

Il faut rajouter les franges ultérieurement, les carrés se déforment beaucoup, cela fonctionne bien sur les carrés et les triangles réguliers, c’est plus compliqué avec les rectangles et cela devient dificile sur les formes créatives ou personalisées.

Ce je pratique habituellement

Je monte habituellement la chaîne à la verticale, généralement sur le coté le plus long du métier, et je tisse la trame en perpendiculaire, l’hexagone et les triangles peuvent permettre une chaîne et deux trames…

Habituellement, je tisse avec une aiguille à coudre les sacs de pommes de terre. Je peux en utiliser plusieurs, si je travaille avec plusieurs couleurs…

Tissage du triangle

Tissage du triangle avec des franges
Tissage du triangle avec des franges

Tissage du gilet

Variantes créatives

Pour des tableaux, on peut aussi monter la chaîne d’autres manières, c’est ce que j’ai enseigné aux femmes du groupe de Pica.

Chaîne en diagonale
Chaîne en diagonale

Chaîne en rayon, comme si le métier était rond
Chaîne en rayon, comme si le métier était rond

Rectangle chaîne en diagonale presque terminé
Rectangle chaîne en diagonale presque terminé

Chaînes inusuelles terminées. Quelle créativité!
Chaînes inusuelles terminées. Quelle créativité!

Techniques d’union

On peut tout simplement coudre les pièces à l’aiguille ou les unir au crochet.

Mais cette technique indigène, pratiquement oubliée est très élégante…

Union de deux carrés
Union de deux carrés

Union de deux carrés, détail
Union de deux carrés, détail

Petit tutoriel

Tissage d’un tableau brodé simple

Les photos sont souvent plus parlantes que les mots…

Les pièces ainsi obtenues peuvent être complétées par de la broderie à l’aiguille ou au feutre à l’aiguille, quand elles sont encore montées sur le métier, ou une fois sorti de celui-ci.

Vu la tension sur le métier et que la laine est un peu élastique, les pièces rétrécissent un peu en sortant du métier, il ne faut donc pas trop tirer sur la laine quand on tisse. Le rétrécissement dépend aussi de la grosseur de laine utilisée.

Si vous avez des questions. n’hésitez pas…

Comme toujours, j’attends vos commentaires…


Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!

J’aimerai beaucoup savoir quels thèmes vous souhaiteriez voir développés, quels types de formation vous intéresserait…

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