Au bout de mon âge

/// Au bout de mon âge ///
Article du 11 mai 2024, modifi´é le 13 mai 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

Une de mes passions est la poésie et j’y reviens régulièrement par mes temps de doutes, et qui ne doute pas ? Surtout par les temps qui courent. Il m’arrive de semer des poèmes dans mes articles. Il sont pour moi une source d’espoir, de créativité et d’encouragement à poursuivre mes démarches.

À l’approche de mon 63ème anniversaire, ce matin, ce poème de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat que j’ai écouté maintes fois dans ma jeunesse m’est revenu à l’esprit.

Il ne parle pas de teintures, assez peu de la nature, mais surtout de la nature humaine… et c’est beau !

Le poème

Je viens de passer quelques heures sur internet pour essayer de retrouver le titre du livre, dont est extrait ce poème. En effet, Louis Aragon a écrit beaucoup de poésies, et je n’ai pas ses œuvres complètes sous la main.

Vu que tout est fait pour nous encourager à tester les fameuses Intelligences Artificielles qui sont censées nous aider dans la rédaction. Je me suis proposée de tester celle qui est le plus en vue ces derniers temps.

Celle-ci m’affirme d’abord que c’est de Paul Verlaine, puis comme j’exprime mes doutes, elle m’affirme qu’elle s’est trompée et que c’est de Léo Ferré ! Elle était supposée me simplifier la vie.

Un maître des arts martiaux et philosophe japonais, Itsuo Tsuda, disait qu’il ne faut surtout pas prendre de raccourci. Il avait raison.

J’ai le plaisir de joindre ici le PDF de notre conversation.

Ce n’est pas très encourageant.

À force de recherches, je trouve un site qui mentionne « Le voyage en Hollande ».1 Ce n’est pas son livre le plus connu, mais tout de même.

Je retrouve ce livre, et dedans, ce beau poème. J’ai une belle surprise. En réalité, il est beaucoup plus long, le refrain de la chanson est une simple strophe.

Cela donne envie d’aller vérifier les autres poèmes qu’a chanté Jean Ferrat.

Paroles de la version chantée

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé


Je me sens pareil
Au premier lourdeau
Qu’encore émerveille
Le chant des oiseaux

Les gens de ma sorte
Il en est beaucoup
Savent-ils qu’ils portent
Une pierre au cou

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Pour eux les miroirs
C’est le plus souvent
Sans même s’y voir
Qu’ils passent devant

Ils n’ont pas le sens
De ce qu’est leur vie
C’est une innocence
Que je leur envie

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Tant pour le plaisir
Que la poésie
Je croyais choisir
Et j’étais choisi

Je me croyais libre
Sur un fil d’acier
Quand tout équilibre
Vient du balancier

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Il m’a fallu naître
Et mourir s’en suit
J’étais fait pour n’être
Que ce que je suis

Une saison d’homme
Entre deux marées
Quelque chose comme
Un chant égaré

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Louis Aragon

J’ai une pensée pour ceux qui ne comprennent pas le français, ce sera l’occasion de tester les traducteurs automatiques… car la poésie est toujours difficile à traduire. Celle de Louis Aragon semble facile, mais elle est en réalité très recherchée, montrant toute la richesse de la langue française.

Ce texte est un peu triste, mais je persiste à vouloir bien rêver et cela sainement.

« Pour eux les miroirs
C’est le plus souvent
Sans même s’y voir
Qu’ils passent devant 
»

Cette strophe, semble me refléter. Pourquoi devrais-je m’arrêter devant les miroirs?, si :

« Il m’a fallu naître
Et mourir s’en suit
J’étais fait pour n’être
Que ce que je suis 
»

La chanson

Nombreux sont les sites indiqués pour cette chanson, certains donnent même les accords pour la jouer à la guitare.

Je vous donne le lien du site qui a eu la bonne idée de me mettre sur la piste du livre d’origine.

J’ai pris le temps de lire les biographies de Louis Aragon et de Jean Ferrat sur Wikipedia.

Réflexion positive – Au bout de mon âge

Au moment où j’essaie à distance de faire mes démarches pour ma retraite française qui n’atteindra pas les 350 Euros, je me forme encore et cherche un travail complémentaire. On est loin de la “Douce France” de Charles Trenet2.

Et ce n’est pas encore assuré. Il faudrait encore que j’arrive à me procurer le livret de famille où figurent mes deux enfants. Depuis le Chili, c’est plutôt compliqué. De plus, pour la CIPAV (10 années de cotisations lourdes), il faut être en France pour faire valoir mes droits. Il ne faut pas compter sur le Consulat.

En attendant, il va falloir trouver une ou plutôt des solutions complémentaires.

Des conférences, pourquoi pas ?

J’ai déjà partagé plus d’une fois, mes pratiques tinctoriales, notamment lors des congrès de teintures naturelles auxquels j’ai participé.

Je vous donne ici les liens pour les fichiers Powerpoint des présentations à ces congrès:

Des expositions

J’ai suffisamment de matériel et de compétences pour organiser des expositions. J’en ai fait une à la médiathèque de Loches, en France, en 2010.

Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Les panneaux provenaient de l’Association Couleur Garance, mais je suis mantenant en condition de produire les miens sur la base de mes expériences. En outre, j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de la Publication Assist´ee par Ordinateur (aussi bien en français qu’en espagnol).

Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, pochoir sur feutre, teinture à l'eucaplitus, au bout de mon âge
Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, pochoir sur feutre, teinture à l’eucaplitus

À la suite de ma participation au Congrès de teintures naturelles à Kuching, Malaisie, nous avons organisé à la médiathèque de Loches, France, un atelier de démonstration pratique de teintures naturelles, avec des enfants.

Atelier d'initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Atelier d’initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Atelier d'initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Atelier d’initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Il y en aussi eu à Iquique, au Nord du Chili. Pourquoi ne pas recommencer ailleurs?

Expo-vente avec plusieurs artisanes à Iquique, au bout de mon âge
Expo-vente avec plusieurs artisanes à Iquique

Des formations

Je reviens à la charge, en effet, c’est encore et toujours, le meilleur moyen de partager une technique, car cela implique une participation.

Le but est de vous rendre indépendant par la pratique, dès le départ… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Ne faîtes pas confiances aux IA dans ce domaine. Mieux vaut une formation vraiment humaine. L’artisanat, la teinture, le tissage, c’est vraiment du réel, cela doit encore se faire avec les mains… et cela ne s’improvise pas.

Cela vaut autant pour les enfants que pour ceux qui arrivent au bout de leur âge… qui comme moi continuent à se former en permanence. N’attendons pas l’après ci ou cela…

Un livre, au bout de mon âge

J’aime tant les livres, il est certainement temps d’écrire les miens.

Pour le moment, je pense plutôt à un e-book sur ma technique préférée actuelle, «anillado», elle sera la vedette d’un prochain article sur www.lanitando.com

Il paraît que c’est ce qu’on appelle des revenus passifs. Êtes-vous intéressés ?

Des créations à la demande ?

Une amie m’avait conseillée de m’acheter un rouet et de proposer de filer la laine de vos moutons… J’ai acheté un beau petit rouet électrique, léger, idéal pour voyager. Cet appareil a d’ailleurs déjà voyagé. Il file fin et en silence.

Il attend vos besoins de laines et autres fibres…

Justement, au bout de mon âge, je file du poil de chien
Justement, au bout de mon âge, je file du poil de chien

En attendant, je file un peu de poil de chien Akita. C’est très lent, car leur pelage est court.

Et voici le producteur de poils
Et voici le producteur de poils, il appartient à un artisan d’Angelmó, Pueerto Montt, Sud du Chili

Cela pourrait aussi être des tricots, des tapisseries ou des bijoux textiles… à la demande.

Au bout de mon âge, que devrais-je faire?

Je voyage toujours trop chargée, l’idéal serait de travailler sur commande, comme mon père qui était géomètre. Il se demandait pourquoi je tissais encore… Évidemment, il ne pouvait pas proposer des bornages à l’avance.

Il faut tout de même que j’ai quelques pièces à montrer…

Et des voyages… Pour bien rêver au bout de mon âge

Pour bien commencer, cela va faire un mois que j’ai débuté l’étude de l’indonésien. Cela fait rêver. En Indonésie, on pratique deux techniques de teintures avec réserves particulièrement remarquables : le batik et l’ikat. Ces deux noms sont d’ailleurs des mots indonésiens.

Batik

J’ai bien sûr quelques livres à ce sujet. Mais encore une fois, rien ne vaut la pratique.

Cet artiste peint laa réserve avec de la cire fondue, il pulvérisera d'autres couleurs autour de la réserve, puis il éliminera la cire, à Kuching, Malaisie, au bout de mon âge
Cet artiste peint laa réserve avec de la cire fondue, il pulvérisera d’autres couleurs autour de la réserve, puis il éliminera la cire, à Kuching, Malaisie

La toile sèche
La toile sèche

La technique traditionnelle utilise un petit récipient au bout d’une baguette. Mais, je n’ai pas de photo.

Nous avons fait un essai avec mon ami Hilaire, à Madagascar, sur une écharpe de soie de sa production.

Avec la cochenille, le batik, cela rend bien. Mais, nous avons eu de grosses difficultés pour enlever la cire au bout de mon âge
Avec la cochenille, le batik, cela rend bien. Mais, nous avons eu de grosses difficultés pour enlever la cire

Ikat

J’ai déjà été en contact avec cette technique, d’abord à Kuching, quand je suis allée au congrès de teintures naturelles WEFT, en 2010.

Préparation des zones de réserve, au bout de mon âge
Préparation des zones de réserve

La chaîne est tendue sur un cadre, les zones à protéger sont enveloppées de ficelles. Cettee chaîne sera teinte, les protections enlevées. Le processus est recommencé pour une autre couleur

Une fois,  la chaîne teinte et nettoyée de ces attaches, elle est montée sur le métier à tisser,, au bout de mon âge
Une fois, la chaîne teinte et nettoyée de ces attaches, elle est montée sur le métier à tisser

Cette toile a eu deux bains de teinture différents. Elle est donc passé deux fois par la première étape d’attache pour les réserves, certaines toiles ont parfois un troisième et un quatrième bain.

Puis, je l’ai revu à Madagascar, lors de l’IFPECO en 2017.

Ikat de soie et raphia, produits par une association de femmes à Majahunga, au Nord de Madagascar, présentés lors de l'IFPECO en 2017 à Antananarive, Madagascar
Ikat de soie et raphia, produits par une association de femmes à Majahunga, au Nord de Madagascar, présentés lors de l’IFPECO en 2017 à Antananarive, Madagascar

Puis, j’ai fait un test chez mon amie Solange à Andacollo. Là, la réserve a bien protégé la laine, mais cela a curieusement bougé. Pourtant, j’avais choisi de la laine qui avait déjà bouilli. Elle n’a pas rétréci, d’ailleurs je n’ai pas manqué de laine.

J'aurai du obtenir une "chacana", la croix du Sud, symbole très important dans les Andes
J’aurai du obtenir une “chacana”, la croix du Sud, symbole très important dans les Andes

Impression au bloc

Bloc en bois, pour impression
Toile avec impressions au bloc à Kuching
Toile avec impressions au bloc à Kuching

Vannerie

Il y a aussi beaucoup à voir en Indonésie et en Malaisie, en ce qui concerne la vannerie. Cette technique m’intéresse aussi beaucoup, il s’agit d’un précurseur du tissage et du tressage.

Photo prise de lors de l'ISEND à Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, ici une des artisane de Rumah Gari tisse un chapeau typique
Photo prise de lors de l’ISEND à Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, ici une des artisane de Rumah Gari tisse un chapeau typique

À Kuching, je me suis acheté un très beau livre sur la vannerie à Borné. Décidément, il y a beaucoup à voir là bas. Mais, que restera-t-il dans quelques années? Ils ont mis 20 ans pour rédiger ce livre. Lors de la publication, beaucoup de plantes utilisées avait disparu ou devait être protégées.

Livre acheté lors de l'ISEND à Kuching, Malaisie au bout de mon âge
Livre acheté lors de l’ISEND à Kuching, Malaisie

Aller voir sur place

Bien sûr, je connais la théorie de ces techniques, mais rien ne vaut la pratique par et avec les spécialistes, les créateurs. Moi, aussi, j’aime utiliser mes mains.

Il y a aussi des plantes à indigo, des plantes à rouge, des fibres végetales et de la soie.

Commencer un cercle vertueux

Le développement personnel, je ne suis pas très fan, mais il m’a fallu en lire. En outre, un schéma peut remplacer beaucoup de mots. Ce sont les métaphores d’aujourd’hui.

Je vais reprendre le schéma de mon ikigai.

Voici ce que devrait être mon ikigai au bout de mon âge
Voici ce que devrait être mon ikigai au bout de mon âge

Je l’adapte à l’état de mes méditations de ce jour.

État de mon ikigai au bout de mon âge actuel
État de mon ikigai au bout de mon âge actuel

J’en ai assez de regarder vers ce que j’ai fait dans le passé (il y a les Curriculum Vitae pour cela), c’est un peu comme se regarder dans un miroir, cela ne répare rien. Je préfère regarder vers l’avenir.

Remettons la roue en marche

Au bout de mon âge

Il suffit d’un petit coup de pouce.

Voici la roue à relancer au bout de mon âge
Voici la roue à relancer au bout de mon âge

Un simple contact suffit

Si vous n’aimez pas Whatsapp, j’ai aussi Signal et Telegram.

  1. Le voyage en Hollande, Louis Aragon, Éditions Seghers, 1964 ↩︎
  2. Douce France
    Cher pays de mon enfance
    Berceau de tant d’insouciance…
    ” Quelle ironie! ↩︎

Tresses, bandes tissées

/// Tresses et bandes tissées ///
Article créé le 29 mars 2023 et modifié le 3 janvier 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours à Codao – Chili du 15 au 20 janvier 2024
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com

Pourquoi des tresses?

Lors de mon dernier séjour à Gletterens, j’ai compris l’importance des bandes ´´etroites et autres rubans tissés ou tressés.

C’est très utile pour faire des lanières pour des pochettes et des sacs, pour faire des ceintures, des amarres… Les applications sont nombreuses. Une tresse est toujours la bienvenue et peut être très décorative.

Mes lanières au crochet et les simples tresses à 3, 4, 5… brins ne me suffisaient plus.

Dans les fouilles archéologiques, on en trouve de nombreuses variantes.

Les tresses et bandes étroites ne nécessitent pas ou peu d’outils et ne mobilisent que peu d’espace. Elles peuvent être une bonne initiation aux techniques de tissage, une étape pour des pièces de plus grande envergure.

Nouveau voyage au Danemark

Braids 2022, tresses et bandes

Par hasard, un jour j’ai découvert que la Braid Society organisait un séminaire à Svendborg, au Danemark. Je n’ai pas pu résister à l’envie de découvrir plus profondément ces techniques de tresses et bandes étroites que je commençais seulement à tester.

Les plaquettes, un type de tresses?

J’avais déjà commencé à essayer les plaquettes, mais sans grands résultats. Il y a toujours des détails simples qui compliquent le travail.

Premier test de tablettes
Premier test de tablettes

J’avais beaucoup d’informations, mais rien ne vaut la pratique guidée.

Lors des Braids 2022, j’ai pu suivre une initiation à cette technique.

Chaque plaquette a plusieurs chaînes qui s’inversent au fur et à mesure du tissage. C’est un peu comme une tresse traversée par une trame à chaque rang.

Cela permet une grande variété de dessins et on obtient un ruban plus épais qui peut mesurer jusqu’à plusieurs mètres de longueur.

Cette technique est attestée à Hallstatt (Autriche), 3000 ans avant JC, par exemple. Mais, on la retrouve un peu partout dans le monde depuis des temps très reculés.

Hallstattzeitlicher Textilfund aus den Hallstätter Salzbergwerken. - Textile trouvé dans la mine de sel de Hallstatt, Autriche, voir Wikipedia
Hallstattzeitlicher Textilfund aus den Hallstätter Salzbergwerken. – Textile trouvé dans la mine de sel de Hallstatt, Autriche, voir Wikipedia

Généralement, on l’utilise pour des bandes, des galons, par exemple. Mais certains artistes peuvent aligner 400 ou 500 tablettes.

Une artiste tisse cette oeuvre avec 500 plaquettes
Une artiste tisse cette oeuvre avec 500 plaquettes

Splicing, qu’est-ce que c’est?

J’ai découvert cette technique lors des Braids 2022, par des pièces réalisées par des intervenants, j’ai aussi pu acheter quelques livres à ce sujet.

Échantillons de splicing, au Braids 2022, Svendborg, Danemark
Échantillons de splicing, au Braids 2022, Svendborg, Danemark

C’est une technique de tresses où les fils se traversent littéralement. Les résultats sont vraiment impressionnants et ne se limitent pas à de simples bandes.

Elle permet de créer des pièces en relief, en volume. C’est notamment la technique originale des sacs Wayu, de Colombie.

La lucette

Il s’agit d’une sorte de tricotin qui prend la forme d’une simple fourche. Cela permet de tricoter des cordons carrés. Ceux-ci peuvent ensuite être tressés, tissés, cousus, comme des tresses…

Oeuvres d'un spécialiste de la lucette exposées aux Braids 2022
Oeuvres d’un spécialiste de la lucette exposées aux Braids 2022

Ces cordons peuvent inclure des perles et s’entremêler en structures complexes.

Le kumihimo

Encore une technique de tresses qui rappellent le scoubidou, en provenance du Japon. Le kumihimo utilise une planchette percée au milieu et bordée de fentes où vont se glisser les différents fils pendant le tissage/tressage.

Échantillons de pièces en kumihimo
Échantillons de pièces en kumihimo

Les possibilités sont très variées. On peut obtenir aussi bien des tresses cilindriques que des tresses plates.

À Turku, en Finlande, dans un musée, cette femme travaille le kumihimo

Le sprang

Cette technique n’est pas seulement destinée à faire des tresses étroites. On peut aussi l’utiliser pour des rideaux ou des pantalons. On peut faire des jours, c’est comme de la dentelle élastique.

En fait, il s’agit d’une tresse-filet dont la largeur dépend du nombre de fils de chaîne, donc de la largeur du métier. Chaque rang se tresse ou se tisse automatiquement en reflet, en haut et en bas.

C’est comme un tissage sans trame. Très belle technique préhistorique.

Sprang égyptien au Musée d'Archéologie de Florence, Italie
Sprang égyptien au Musée d’Archéologie de Florence, Italie

Là aussi, j’ai suivi une initiation qui m’a été bien utile.

Cours de Sprang à Svendborg, Danemark, durant le Braids 2022
Cours de Sprang à Svendborg, Danemark, durant le Braids 2022

Passementerie

Il s’agit de rubans ornés et de pompons divers. Ils peuvent fournir de somptueuses garnitures et décorations. Un vrai jeu sur les différentes couleurs et grosseurs de fils. C’est le royaume des entrelacs.

Métier à tisser des galons et échantillons de passements
Métier à tisser des galons et échantillons de passements

Il n’est pas nécessaire d’avoir un métier à tisser aussi imposant pour travailler des galons. Nous avons eu une petite initiation à cette technique.

Petit essai de passementerie
Petit essai de passementerie

Le reste du dernier voyage en Scandinavie

Avant les Braids 2022

Je suis partie de Gletterens pour le Danemark avec quelques jours d’avance pour faire quelques visites de musées sur le chemin.

Roue à eau du Moulin du Musée du Papier à Bâle, Suisse
Bâle

J’avais une étape à Bâle, encore en Suisse, j’ai profité de cette occasion pour visiter le Musée du Papier. Il est vraiment très intéressant. Malheureusement, je suis arrivée un peu tard et je n’ai pas pu finir la visite et voir les ateliers. Il y en avait un qui m’intéressait particulièrement, c’était celui d’ebru.

Atelier d'ebru
Atelier d’ebru

Je viens d’y retourner.

J’en suis sortie avec quelques livres supplémentaires pour ma bibliothèque, notamment un sur la technique de teinture/impression appelée “ebru” que j’aimerai bien pouvoir développer prochainement.

La librairie de ce musée est très fournie, je vous la recommande chaudement.

Hedeby ou HAitabu

Haitabu était une ancienne capitale viking. C’était une étape obligée. Il y a un très beau musée et une reconstitution de village de l’Âge de Fer.

Un peu avant l'entrée du village reconstitué
Un peu avant l’entrée du village reconstitué
Atelier de tissage reconstitué, on aperçoit quelques tresses et bandes tissées aux tablettes
Atelier de tissage reconstitué, on aperçoit quelques tresses et bandes tissées aux tablettes

Il y avait aussi un festival viking, mais je n’ai pas pu y assister,

car je n’ai pas trouvé d’hébergement. La ville était envahi de vrai-faux viking…

J’ai donc continué ma route vers Arrhus.

Arrhus

Arrhus n’a été qu’une étape nocturne. Bien qu’il s’agisse d’une importante ville danoise, elle n’a été qu’un point de départ pour Silkeborg.

Silkeborg

Là, j’ai pu visiter le musée de l’Homme de Tolund.

L'homme de  Tolund, au musée de Sylkeborg, Danemark
L’homme de Tolund, au musée de Sylkeborg, Danemark

Dommage que je n’ai découvert le musée du papier de Sylkeborg qu’une fois dans le bus pour rentrer à Arrhus.

Copenhague

Il y a encore des musées à visiter.

Les conditions de conservation étant des meilleures, ces tenues viking ont pu être reconstitués par des spécialistes présents au Braids 2022
Les conditions de conservation étant des meilleures, ces tenues viking ont pu être reconstitués par des spécialistes présents au Braids 2022
Svendborg

Braids 2022 mériterait un article complet, tellement c’`´etait intéressant. Cela a duré une semaine, une semaine de découvertes techniques de premier ordre.

Après Braids 2022

J’ai continué le voyage vers le nord…

Stockholm

Visite de nombreux musées. Certains offrent des démonstrations de nailbinding pour les enfants.

Ici, on a le choix des musées, ils sont presque tous regroupés sur une île
Ici, on a le choix des musées, ils sont presque tous regroupés sur une île
Ici, reconstitution d'un vêtement viking avec ses bandes tissées et ses tresses
Ici, au Viking Museum, reconstitution d’un vêtement viking avec ses bandes tissées et ses tresses
Petit jardin botanique joliement coloré où les moineaux viennent se nourrir des graines de lavande
Petit jardin botanique joliement coloré où les moineaux viennent se nourrir des graines de lavande
Au Nordiska Museet, on peut admirer des métier à tisser sami
Au Nordiska Museet, on peut admirer des métier à tisser sami
Dans le même musée, on peut admirer des bijoux en tresses de cheveux
Dans le même musée, on peut admirer des bijoux en tresses de cheveux
Au musée d'histoire de Stockholm, démonstration pour les enfants de nailbinding
Au musée d’histoire de Stockholm, démonstration pour les enfants de nailbinding
Turku

Le musée présentant de nombreuses bandes anciennes, tissées aux plaquettes était fermé.

Mais j’en ai visité d’autres. Notamment la réconstitution d’un quartier populaire au XIXème siècle, un musée de la pharmacie avec son jardin botanique, deux musées d’art moderne, un musée dit “biologique“…

Là, j’ai pu admirer des oeuvres d’une jeune artiste, Katja Syrja, qui produit ses propres encres et pigments naturels.

Oeuvre de Katja Syrja mettant en valeur l'ortie
Oeuvre de Katja Syrja mettant en valeur l’ortie

Certaines de ses oeuvres indiquent les pigments employés.

Détails des pigments employés
Détails des pigments employés
Une table présentait les flacons des pigments que l'artiste a utilisés
Une table présentait les flacons des pigments que l’artiste a utilisés

Une heureuse surprise!

Helsinski

Ce musée de la préhistoire expose de nombreux restes de textiles très anciens.

Reconstitution de vêtements féminins d'après les restes d'une riche tombe. Les tresses et bandes tissées sont remarquables
Reconstitution de vêtements féminins d’après les restes d’une riche tombe. Les tresses et bandes tissées sont remarquables

J’ai aussi visité un Musée Open Air, sur une île. C’est un grand parc avec des reconstitutions de bâtiments anciens de toutes les régions de Finlande.

Voici l'entrée de ce musée
Voici l’entrée de ce musée
Il y a aussi bien des fermes, des greniers que des moulins, des églises, des manoirs, des jardins...
Il y a aussi bien des fermes, des greniers que des moulins, des églises, des manoirs, des jardins…
L'intérieur des bâtiments sont aussi dans le style de l'époque et de la région
L’intérieur des bâtiments sont aussi dans le style de l’époque et de la région

On peut voir de nombreux métiers à tisser et rouets. Malheureusement, ils ne sont pas en état de fonctionner. Quel dommage!

Il y avait aussi de très beaux abris pour les bateaux
Il y avait aussi de très beaux abris pour les bateaux
Tallin

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de visiter de musées à Tallin car je suis arrivée dans l’après-midi et je suis repartie le lendemain matin.

Je me suis promenée dans la vieille ville.

Riga

J’ai eu un peu plus de temps à Riga. Le premier jour j’ai pu visiter que la moitié d’un musée ethnographique intéressant, avec une belle exposition sur le bois. J’étais arrivée un peu tard eet le musée fermait déjà.

Le second musée traitait du design.

Cette tresse gigantesque donne un bel abat-jour
Cette tresse gigantesque donne un bel abat-jour
Oeuvre de grande taille, tissage et tresses
Oeuvre de grande taille, tissage et tresses
Les tresses peuvent aussi servir à la confection de chaussures, comme c'est encore le cas des espadrilles
Les tresses peuvent aussi servir à la confection de chaussures, comme c’est encore le cas des espadrilles
Kaunas

Musée Open Air (à l’air libre) montrant des reconstructions de fermes, églises, moulins, jardins… de toutes les régions de Lithuanie. Musée immense et très intéressant, il faut prévoir une journée complète pour bien le visiter. On peut y admirer de nombreux textiles traditionnels, en lin, chanvre et laine. De même, sont présentés les processus de production de ces fibres.

Plan de ce musée
Plan de ce musée
Dans ce petit village reconstitué, il y avait plusieurs ateliers de tissage
Dans ce petit village reconstitué, il y avait plusieurs ateliers de tissage
Arrivée à l'entrée du village
Arrivée à l’entrée du village
Magnifiques bandes tissées aux tablettes
Presque toutes les fenêtres des maisons sont ornés de découpages en papier
Presque toutes les fenêtres des maisons sont ornés de découpages en papier
Travail du lin: machine à teiller et peigne à carder
Travail du lin: machine à teiller et peigne à carder
Teillage mécanisé
Teillage mécanisé

Le déplacement vaut vraiment la peine.

Szczeczyn

Je voulais aller à Wolyn, où il y a une reconstitution de village Viking. Malheureusement, ce musée avait fermé pour réaménagement juste 2 jours avant mon arrivée. Réouverture prévue dans quelques années. Je suis donc repartie pour Berlin.

Berlin

À Berlin, il y a de nombreux musées.

Joli sac tissé avec la technique de nailbinding, provenance Nouvelle Guinée, vu au Musée Ethnographique de Berlin, Allemagne

Par curiosité, je suis allée visiter le musée du chanvre. Il ne manque pas d’intérêt, mais semble mieux informé sur les informations médicales et les conditions légales que sur les propiétés textiles…

Gravure du XVIème siècle, le mari et la femme filent alors qu'un enfant préparent un écheveau
Gravure du XVIème siècle, le mari et la femme filent alors qu’un enfant préparent un écheveau
Toiles de chanvre et de coton, j’ai été agréablement surprise par la qualité de ces toiles, un peu raides cependant
Appareil pour la confection de cordes, très appréciées dans la marine, notamment
Appareil pour la confection de cordes, très appréciées dans la marine, notamment
Retour au Festival Yelen à Baulmes

Mon souvenir du Festival Yelen était si bon que j’avais décidé d’y revenir.

L’idée était bonne.

Accueil des enfants, à 9h00 du matin, avant qu'ils aillent participer aux différents ateliers
Accueil des enfants, à 9h00 du matin, avant qu’ils aillent participer aux différents ateliers
Accueil musical mixte, tambours africains et cors traditionnels suisses
Accueil musical mixte, tambours africains et cors traditionnels suisses
Le faux lion
Le faux lion
Défilé de mode
Défilé de mode
Marionettes géantes
Marionettes géantes
Bogolan à l'honneur
Bogolan à l’honneur
Mireille Keita, designer de ce défilé et organisatrice de ce beau festival Yelen
Mireille Keita, designer de ce défilé et organisatrice de ce beau festival Yelen

Outre la musique, les contes africains, les artisans… j’ai fait la rencontre d’un écovillage que j’ai eu la curiosité de visiter.

Grandvaux

Au Festival Yelen, il y avait un stand de la Communauté de l’Ecovillage – Ecopole – La Smala de Grandvaux. Ils m’ont proposé de venir découvrir leurs propositions.

J’ai accepté leur invitation et j’y suis restée en stage. C’est un lieu très multiculturel.

Quand, je suis arrivée à Ecopol-Grandvaux, il y avait des échafaudages pour l’installation de panneaux solaires thermiques et voltaïques, mais le paysage est admirable

Une de mes tâches était la création d’une décoration des luminaires. J’ai donc travaillé sur ces lampes jusqu’à mon retour au Chili.

Une bande est destinée à cacher de vilains cables
Une bande est destinée à cacher de vilains cables
Voici la bande, une fois installée
Voici la bande, une fois installée

Je suis donc de retour dans cet Écovillage pour quelques mois et continuer ce projet de longue haleine. Les lampes à habiller sont nombreuses, cela permet d’être créatif.

Ici, aussi, j’ai donc trouvé une application à une bande tissée.

Pour la suite…

Cet article commence à être trop long. Je vais l’arrêter là. Mais la suite sera publiée très prochainement sur le site en espagnol www.lanitando.com

Petites informations

Nouveau sitio en espagnol: www.lanitando.com

J’attends avec impatience vos remarques sur mon courrier électronique ou mes whatsapp/signal/telegram.

Comme, je reçois trop de courriers orduriers et de propositions malhonnêtes en laissant la possibilité d’envoyer des commentaires directement. Il faut rendre la tâche un peu plus difficile aux robots informatiques. J’insiste sur le fait que je rédige moi-même mes articles, sans aide d’une supposée intelligence artificielle qui ne peut avoir accès à mon expérience. Cela explique la lenteur de rédaction…

Francoise Gabrielle Raffi

Mobile français Reglomobile, whatsapp, telegram et signal
+33 7 69 905 352
Mobile chilien Entel, whatsapp, telegram et signal
+56 9 764 449 78
Mobile chilien Movistar
+56 9 831 670 91 Ce numéro a été attribué à une autre personne pendant mon absence du Chili, de plus cette compagnie a décidé de changer mon identité!!!

e-mail: publicobre2000@yahoo.es

facebook: francoise gabrielle raffi
linked’in: francoise gabrielle raffi
twitter: @FrancoiseRaffi
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Botanique et jardins

/// Botanique et jardins ///
Article créé le 20 mai 2023 et modifié le 10 juin 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Botanique, botanique! Pourquoi s’intéresser aux plantes?

N’est-ce pas normal de s’intéresser aux plantes quand on travaille avec des teintures et des fibres naturelles… Les jardins botaniques sont donc des passages obligés…

Lors de mes voyages textiles, je m’efforce avec plaisir d’inclure une visite à un jardin botanique.

Parfois, je le rencontre sans même le chercher. Quelle aubaine de rencontrer un jardin botanique. Cela donne beaucoup de renseignements sur le lieu…

L’ídéal, concernant les jardins botaniques, serait de les visiter à plusieurs reprises, suivant les saisons, pour pouvoir apprécier les différents stades de la végétation.

Madagascar botanique

À Madagascar, il y a peu de musées. Mais, il y a un jardin botanique et zoologique à Antananarivo où l’on peut découvrir toute l’exubérance et l’extravagance de la flore malgache.

On peut aussi y voir différents types de tombeaux traditionnels.

Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Jardin botanique Antananarivo, Madagascar, que d’exotisme!
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Variété de floraison, Jardin botanique Antananarivo, Madagascar
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Je crois que je n’ai jamais vu autant de variétés de formes végétales que dans ce Jardin botanique à Antananarivo, Madagascar
Fruis, graines et plant de roucou, bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil
Fruis, graines et plants de roucou, Bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil

Stockholm (Suède)

Entre deux musées, on a la surprise de découvrir un petit jardin traditionnel suédois. Y figurent en bonne place le tabac et de nombreuses plantes médicinales.

Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède
Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède. Les moineaux se nourissaient des graines de lavande
Plants de tabac dans ce jardin botanique de Stockholm
Plants de tabac dans ce petit jardin botanique bien coloré de Stockholm
Lin, au jardin botanique de Stockholm
Le lin figure en bonne place dans ce jardin botanique de Stockholm

Il me semble qu’il y avait un autre jardin botanique plus grand, mais je n’ai pas eu le temps de le visiter.

Lausanne, Jardin Botanique (Suisse)

J’ai déjà visité deux fois le Jardin Botanique de Lausanne, et je pense y retourner encore une ou deux fois…

Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022
Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022

Je viens d’y retourner en mai 2023, presque tout est en fleurs. C’est si beau qu’il est difficile de choisir entre les photos.

Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, au jardin botanique, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange
Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange

Les médicinales

Entre autres, il y a différentes sections, dont une avec des plantes médicinales, dont un certain nombres de plantes toxiques et des plantes textiles ou à fibres.

Vue générale d’une partie du jardin botanique où ont été regroup´´ees des plantes tinctoriales, Isatis tinctoria (pastel des teinturiers) y est en bonne place

Les tinctoriales

Il y a aussi des plantes tinctoriales: garance des teinturiers, aspérule, gaillets, pastel des teinturiers…

Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd'hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu'à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd’hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu’à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance - botanique
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance
Gaillet jaune, un cousin botanique de la garance des teinturiers
Gaillet jaune, un cousin de la garance des teinturiers
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes... Ce sont les feuilles du bas que l'on utillise pour les coques.
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes… Ce sont les feuilles du bas que l’on utillise pour les coques.

À la sortie, il est flanqué d’une série de jardins privés très colorés…

pavots jardin botanique
À la sortie du Jardin botanique, on peut admirer ces pavots monstrueux

Musées spécialisés, sujet botanique

Couleur Garance à Lauris (France)

L’une de mes premières rencontres avec la botanique tinctoriale et à fibres, fut le Jardin des plantes tinctoriales de l’Association Couleur Garance, créé à l’initiative de Michel Garcia et Dominique Cardon à Lauris, dans le Vaucluse, Sud de la France.

Quelle beauté!

Ici, se réunissent toutes les couleurs du monde.

Une partie du conservatoire botanique des plantes tinctoriales de Lauris, vue d'en haut.
Une partie du conservatoire des plantes tinctoriales de Lauris, vue d’en haut, botanique utile à l’état pur
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales

Berlin botanique et chanvre (Allemagne)

Après avoir visité de nombreux musées sur l’antiquité, il me restait du temps pour aller visiter le musée du chanvre, une des plantes à fibres historiques.

Musée du chanvre à Berlin
Musée du chanvre à Berlin, à la limite de la botanique

Une plante, une histoire botanique

Cette plante à fibres, avant d’intéresser les générations hyppies pour une autre composante, le THC, pas toujours présente dans la plante, était très largement cultivée en Allemagne jusque dans les années 60, jusqu’à son interdiction en 1981.

Des fibres pour des textiles

De fait, la culture du chanvre en vue de la production de fibres textiles est incompatible avec la production de THC illégale. En effet, comme pour le lin, pour obtenir de bonnes fibres longues et le moins fourchues possible, il faut semer bien serré afin que les plantes développent des fibres longues et souples. Dans ces conditions, les plantes produisent moins de fleurs…

En ce qui concerne le lin que je connais mieux, la récolte idéale doit être faite avant la floraison. Alors, je suppose qu’il en est de même pour le chanvre textile.

Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme
Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme

Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n'était apparemment pas une activité genrée
Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n’était apparemment pas une activité genrée au XVIème siècle

Voici un petit résumé historique de la filature de cette plante.

La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle
La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle

Chaque type de fibres génère ses outils, la machine à teiller sert pour le chanvre, le lin, l’ortie et sa cousine la ramie.

Machine à teiller, s'utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin
Machine à teiller, s’utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin et l’ortie

J’ai été surprises par la finesse de certaines toiles. Cependant, elles étaient un peu raides à mon goût. Notre notion de confort a certainement beaucoup évolué depuis le temps où l’on s’habillait de lin, chanvre, ortie et laine…

Échantillons de toiles de chanvre
Échantillons de toiles de chanvre

Des fibres pour des cordes

Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution

Comme il n’est pas courant d’avoir accès à ces fibres, je me posais beaucoup de questions, et j’espérais les voir résolues dans ce musée.

Rouet prêt à filer
Rouet prêt à filer

Une plante, des usages divers

Autrefois, au Chili, les fibres servaient pour les cordes, les graines pour de l’huile d’éclairage, les feuilles pour protéger les haricots de certains insectes… En outre, cette plante a la réputation de limiter l’érosion des sols, ceux-ci sont souvent en pente au Chili, pays de montagnes…

Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide
Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide, notamment les papiers monnaie
Voici quelques applications modernes du chanvre
Voici quelques applications modernes du chanvre

Dans ce musée, j’ai trouvé de nombreuses informations intéressantes.

Mais, je suis restée sur ma faim. Il y a beaucoup d’informations sur les problèmes légaux et sur les utilisations modernes possibles des fibres et de la chénevotte: entre autres, plastique pour imprimante 3D, ciment, isolation, litières pour chats…

La qualité de mes photos n’est malheureusement pas au rendez-vous, certaines sections de ce musée, fort intéressantes, étaient difficile à lire et encore plus à photographier. L’espace un peu exigü était utilisé jusqu’au plafond et les reflets sur les vitres sont un problème récurrent dans les musées. Celui-ci ne fait pas exception.

Mais, par exemple, j’aurai aimé savoir s’il vaut mieux le filer sec ou plutôt humide comme pour le lin. J’attends encore la réponse.

Turin, quelle surprise botanique (Italie)

Par hasard, j’ai découvert dans cette ville un surprenant musée du fruit.

Montage artistique mettant à l'honneur un minutieux travail de moulage
Montage artistique mettant à l’honneur un minutieux travail de moulage

Il a grandement surpris mon imagination. J’imaginais une série de variété botanique, d’arbres fruitiers, de greffes…

Différentes sortes de poires
Différentes sortes de poires

En r´ealité, un chercheur, Francesco Garnier Valletti, (Giaveno 1808 – Torino 1889), a consacré sa vie à la modélisation des fruits, en plâtre peint, toutes les pommes et poires y passent. Un certain nombre de maladie des fruits sont aussi représentées. Quelle passion botanique!

Représentations de maladies de fruits
Représentations de maladies de fruits

Des fruits en plâtre!

Moules en plâtre au service de l'étude botanique
Moules en plâtre au service de l’étude botanique

En effet, ces fruits sont vraiment très réalistes, y compris les raisins blancs qui semblent aussi translucides que dans la réalité.

Raisins
Raisins

En réalité, chaque fruit a été moulé dans du plâtre. Il y a bien longtemps, j’avais fait des bougies avec ce même système, mais sans les peindre pour leur donner un aspect réel. Quand on voit le réalisme et la quantité de fruits reproduits ainsi, cela donne le tournis.

Légumes racine
Légumes racine

Toutes sortes de végétaux ont ainsi été mod´elisés. Il y a même des tubercules. Il y a aussi des champignons.

Série de champignons
Série de champignons

Je suis curieuse de savoir combien des races de pommes représentées ici ont disparues. Quelle belle image de la biodiversité agricole qui régnait encore au XIXème siècle!

Turku, musée de la pharmacie (Finlande)

Ce musée montre une ancienne pharmacie et le logement d’un pharmacien et de sa famille au XIXème siècle. Dans la cour, il y a de nombreuses plantes médicinales locales.

Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique
Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique

Dans la cour, nous retrouvons les mêmes plantes, vivantes cette fois-ci.

Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin
Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin

Autres musées

En outre, un certain nombre de musées ethnographiques ou préhistoriques présentent une section botanique.

Chateau de Falaise, Normandie, France

Mon amie Monique m’a invitée quelques jours chez elle. Elle adore faire des ballades à pied. Nous sommes allées voir ce magnifique chateau chargé d’histoire. Nous n’avons pas pu le visiter à cause d’un certain virus très préjudiciable à la culture.

Mais, le jardin botanique était, par chance encore accessible.

Normandie textile

Chateau de Falaise et son  petit jardin botanique
Chateau de Falaise et son petit jardin botanique

Nous avons visité à plusieurs reprises ce jardin botanique où figuraient les principales plantes tinctoriales: pastel des teinturiers, garance, gaude, et bien d’autres…

Lin au jardin botanique de Falaise
Lin au jardin botanique de Falaise

La Normandie était une zone textile importante. La ville de Falaise était une des villes de foires commerciales importantes au Moyen-Âge. L’élevage de moutons est encore courant et la culture du lin y était déjà très développée.

Balle de lin chez un fermier normand
Balle de lin chez un fermier normand

Chez un fermier, de la famille de Monique, j’ai pu admirer ces balles de lin, de la dernière récolte.

Ces mêmes fibres de lin vues de plus près
Ces mêmes fibres de lin vues de plus près

Voici, une autre plante liée au monde textile, les cardères. Bien avant de nourrir les chardonnerets de nos jardins, ils servaient à donner un aspect duveteux aux toiles… Ils étaient cultivés à cet effet.

Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande

À Vienne, près de Lyon, j’ai pu voir une machine équipée de ces cardes.

Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne
Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne

Petit test

J'ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que  j'ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l'indigo
J’ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que j’ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l’indigo

Le pastel des teinturiers couvrait de larges superficies de culture pour teindre en bleu, avant l’arrivée de l’indigo d’Indigofera Suffructosa des pays tropicaux.

La garance pour le rouge et la gaude, très réputée pour son jaune, occupaient aussi de grandes surfaces, ces plantes avaient une grande importance économique ce qui explique leur présence dans ce jardin botanique.

Musée de Nemours (France)

Mon ami Gérard, de Chatenoy a eu la grande gentillesse de m’amener voir ce musée. Il s’agit d’un très beau musée de la Préhistoire locale de la Région Île-de-France.

Par chance, il représente le type de flore locale à l’époque préhistorique à laquelle correspondent les vitrines environnantes. Cela donne une bonne idée de l’évolution des conditions de vie des humains à l’époque donnée.

Cela permet de constater que cette végétation a beaucoup évolué entre les périodes de glaciations et de réchauffement.

Vitrine extérieure - botanique de l'époque
Vitrine extérieure – botanique de l’époque

Mucem, Marseille (France)

Le MUCEM, à Marseille est un très beau musée. Le bâtiment principal est entouré d’une très vaste section botanique, un peu dans le genre des Jardins en Mouvement de Gilles Clément. Ceci est un très beau concept, oú l’on laisse le jardin évoluer. Ainsi, les massifs de plantes se déplacent, par eux-mêmes, d’une année à l’autre.

Santolines et lavandes, la botanique des abeilles
Santolines et lavandes, la botanique des abeilles

Par chance, j’ai pu rencontrer le jardinier qui désherbait un peu une rocaille qui attirait beaucoup d’abeilles. Il m’a donné beaucoup d’informations.

Lavandes de Provence
Lavandes de Provence

C’est là que j’ai découvert le caprier, si beau, local, mais un peu envahissant. Je le retrouverai dans la suite de mon voyage en Italie et en Tunisie.

Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs
Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs

Cette année, le printemps avait été très sec, et le jardin en avait beaucoup souffert.

Zone aromatique de ce jardin botanique
Zone aromatique de ce jardin botanique

Musée Égyptien de Turin, section botanique (Italie)

Dans ce musée de premier ordre, il y a un petit jardin botanique des plantes d’usage courant dans l’Égypte des Pharaons. Cependant, il faut insister auprès du gardien qui vous renvoie vers la sortie.

Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens
Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens

De bien jolies plantes, dont certaines sont tinctoriales.

Grenadier
Grenadier
Lotus, la racine peut teindre en noir, la tige donne une fibre précieuse encore utiliséee au Myanmar
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n'arrivera que plus tard
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n’arrivera que plus tard
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune

Les fleurs étaient très importantes pour les Égyptiens du temps des Pharaons. Ils en faisaient des guirlandes. J’ai entendu dire qu’il y en avaient de grandes quantité dans la tombe de Toutankhamon qui n’ont pas attiré l’attention des découvreurs. Quel dommage!

Collier

Dans ce musée de Turin, il y avait des statuettes représentant ces guirlandes de fleurs.

Statuette à guirlandes de fleurs
Collier floral égyptien
Collier floral égyptien
Récolte du papyrus
Récolte du papyrus

Il y avait un diaporama sur la récolte et la fabrication artisanale du papyrus.

Musée Romain et botanique, Lausanne, Suisse

Un petit musée bien sympathique qui s’adresse d’abord aux enfants, mais aussi aux plus grands.

Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique
Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique

Une exposition invite à réfléchir à ce que pourraient trouver des archéologues dans quelques milliers d’années. Cela rappelle une nouvelle de Primo Levi.

Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu'un papyrus égyptien
Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu’un papyrus égyptien

Grande partie de notre production textuelle ne serait pas en mesure de résister au temps. Les interprétations de ce qu’ils pourraient retrouver risque fort d’être aléatoires et erronées à l’instar de certaines explications actuelles de notre passé.

Ce musée est flanqué d’un petit jardin botanique montrant les plantes qu’utilisaient les Romains.

Vue générale de ce petit jardin botanique
Vue générale de ce petit jardin botanique

Des pluies d’orage m’ont obligé prendre les photos en plusieurs épisodes.

Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l'orage n'ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l’orage n’ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Dans ce jardin botanique, j'ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l'imaginais beaucoup plus grand
Dans ce jardin botanique, j’ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l’imaginais beaucoup plus grand
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique, la garance aussi manquait à l’appel

“Open air” et botanique

Généralement, les mus´ées dit “Open Air” présentent souvent des sections Botanique.

En général, ils montrent des fermes de différentes régions du pays, il y a une dimension architecturale, mais aussi ethnographique.

D’habitude, ces musées montrent aussi des économies locales et familiales, artisanats et petite agriculture… Un jardin indique ainsi l’alimentation de la population locale, mais aussi les remèdes disponibles et les fibres utilisées pour les vêtements, l’ameublement, les cordages…

Oslo (Norv`ege)

Fort déçue par le musée des navires d’Oseberg, ceux-ci sont bien sûr très beaux et impressionants. Mais, on ne peut pas voir les trésors, notamment textiles, qu’ils contenaient.

Jolie décoration de l'un des navires d'Oseberg
Jolie décoration de l’un des navires d’Oseberg

Alors que ces trésors sont surprenants par leurs qualités et leur état de conservation, on ne pourra pas les voir avant 2025, quand ils auront enfin un nouveau musée. Quel dommage.

Heureusement, on peut les retrouver dans un livre. Cependant, pouvoir les voir en réalité, malgré la barrière de la vitrine, peut apporter beaucoup d’informations.

Quel beau jardin, botanique familiale
Quel beau jardin, botanique familiale

À coté de ce musée quasi absent, il y avait le musée Norsk Folkemuseum.

De nombreuses constructions traditionnelles s’insèrent dans un cadre botanique.

Belle clôture originale
Belle clôture originale
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés

Turku (Finlande)

Encore un rendez-vous manqué, le musée qui expose les bandes tissées aux tablettes n’était pas ouvert.

J’ai déjà parlé du Musée de la Pharmacie. Mais, il y a aussi un quartier populaire, celui de Luostarinmäki qui a résisté au grand incendie de 1827.

Musée de Luostarinmäki
Cours dans ce quartier populaire
Cours dans ce quartier populaire
Achillée millefeuille, m´edicinale et tinctoriale
Achillée millefeuille, m´edicinale, tinctoriale et anti-érosion

Turku Art Museum

Là, j’ai découvert une artiste qui s’inspire des plantes et peint avec des pigments qui proviennent de plantes: Katja Sirjä.

Petits flacons contenant des pigments naturels
Petits flacons contenant des pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels

Helsinki (Finlande)

Le temps ´´etait court.

Dans une des nombreuses îles d’Helsinki, celle de Seurasaari Open-Air Museum, on peut visiter plus de 80 bâtiments de toutes sortes: des abris pour les bateaux, des églises, des manoirs, des greniers, des maisons pratiquement toutes meublées, suivant l’époque, le niveau économique… J’y ai vu de nombreux rouets pour filer. Malheureusement, ils n’étaient jamais en état de marche.

Je crois que je n'ai jamais vu autant d'oies
Je crois que je n’ai jamais vu autant d’oies
Entrée du musée
Entrée du musée
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Encore des clôtures
Encore des clôtures

Et des clôtures originales.

Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Quelle écorce curieuse!
Quelle écorce curieuse!
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Série de greniers de différentes régions
Série de greniers de différentes régions
Sculpture en vannerie dans le jardin d'un manoir
Sculpture en vannerie dans le jardin d’un manoir

Il y avait aussi des jardins…

Jardins de plantes médicinales
Jardins de plantes médicinales
Jardin potager
Jardin potager
Maisons, moulin et église
Maisons, moulin et église
En partant, j'ai vu un écureuil
En partant, j’ai vu un écureuil

Il me semble qu’il faut consacrer plusieurs heures à ce musée très intéressant et agréable à parcourir.

Kaunas (Lithuanie)

Lors de mon retour de mon dernier voyage en Scandinavie, je suis passée rapidement par Tallin, Riga et Kaunas.

À 26 km de Kaunas, il y a un très beau Musée Ethnographique: Lietuvos Liaudies Buities muziejus. L’accès n’est pas facile quand on n’est pas motorisé. Je dois un grand merci à la dame qui m’a prise en stop et m’a ramenée si gentilement à Kaunas.

Entrée du musée
Entrée du musée
Plan du musée
Plan du musée

Comme dans les villes précédentes, la diversité de l’architecture est soulignée. Mais, ici, la superficie est largement supérieure à la moyenne. Les procédés agricoles sont bien expliqués, bien que je ne comprenne pas le lithuanien.

Petit village reconstitué autour de sa place
Petit village reconstitué autour de sa place
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Maison et clôture
Maison et clôture
Encore une clôture originale
Encore une clôture originale

On peut ainsi visiter un moulin à vent en suivant tout le parcours des céréales à moudre.

Vue d'un des moulins
Vue d’un des moulins
À l'intérieur du moulin
À l’intérieur du moulin
Il n'y avait pas d'indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche
Il n’y avait pas d’indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche

Notamment, il y a une grande grange avec des machines agricoles pour décortiquer les tiges de plantes à fibres, probablement lin ou chanvre.

Machine à teiller artisanale, apparemment, il s'agit de lin, surmonter d'un peigne à carder
Machine à teiller artisanale, apparemment, il s’agit de lin, surmonter d’un peigne à carder

Mais, là, une des fermes peut montrer tout un atelier de traitement quasi-industriel des fibres.

Système de teillage des fibres
Système de teillage des fibres
Il y a des fleurs autour de chaque maison
Il y a des fleurs autour de chaque maison

Il y a de nombreux jardins autour des fermes…

Bordure de maison fleurie
Bordure de maison fleurie
Ingénieux système de jardinières géantes
Ingénieux système de jardinières géantes
Pieds de houblon
Pieds de houblon

Il y a avait bien sûr un petit jardin médicinal… je n’ai retenu que 2 photos. Il était beau et bien renseigné.

Coreopsis, plante tinctoriale (jaune-orange)
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu'il s'agit d'Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu’il s’agit d’Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale

Il y a aussi des tisserands et d’autres artisans présents à qui l’on peut poser des questions.

Tisserand sur son m´etier à tisser
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l'intérieur
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l’intérieur
Cette cabane vue de l'extérieur
Cette cabane vue de l’extérieur

J’y ai passé la journée complète et j’y retournerai volontiers.

Rostkilde (Danemark)

Entrée du musée
Entrée du musée

Outre le bâtiment qui abrite les bâteaux retrouvés au fonds de la mer, à l’entrée du port, il y a une grande partie extérieure.

Utilisation des différentes essences d'arbres pour chaque partie d'un navire
Utilisation des différentes essences d’arbres pour chaque partie d’un navire

À l’extérieur, on peut y voir les différentes essences d’arbres utilisés pour les différentes parties des bâteaux et leurs qualités.

Description botanique et utilitaire d'un arbre utilisé dans la construction d'un navire viking
Description botanique et utilitaire d’un arbre utilisé dans la construction d’un navire viking

Alors, des arbres dans des bacs sont mis en lien avec les diifférentes parties du bateau.

Différentes cordes, botanique exploitée
Différentes cordes, botanique exploitée

De même, les cordes ont aussi leur stand, avec indication de la matière qui les compose.

Gletterens (Suisse)

Ici, les haies jouent un rôle important. Une grande quantité d’arbustes y ont été plantés en fonction de leur possible utilisation à l’époque néolithique. Il y a de nombreux arbres dont les fruits ont été consommés.

D’autres plantes avaient leur utilité en teinture, mais aussi pour le tannage des peaux.

Haies de Gletterens
Haies de Gletterens

Par exemple, il y a aussi des arbustes de viorne. Cet arbuste à de très jolies fleurs au printemps. Mais, ce n’est pas pour raisons esthétiques qu’il figure en bonne place à Gletterens. Ce sont les branches qui ont la réputation d’être d’une grande droiture, ce qui les destinaient à la fabrication des flèches qui lui valent cette place de choix… Les fruits crus de cet arbre sont toxiques.

Haie de Gletterens, que de ressources botaniques
Haie de Gletterens, que de ressources botaniques

Le petit jardin de plantes anciennes, récemment domestiquées au néolithique.

Beau lin en fleurs et en graines
Beau lin en fleurs et en graines
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique

Albersdorf (Allemagne)

À 2 heures de train de Hambourg, il y a un petit musée intéressant et un parc de reconstitution d’un village de l’Âge de Fer.

D’abord, au musée, il y a une salle consacrée à l’ambre, produit courant sur toute la Baltique. Elle peut révéler la micro-faune et la flore d’il y a des millions d’années. Il y a là toute une botanique enrobée dans cette résine végétale.

Quel trésor botanique enfermé dans cette résine
Quel trésor botanique enfermé dans cette résine

Ici, la plupart des maisons sont entourées d’un jardin maraîcher et de petits champs de céréales.

Signalétique du Musée et du Village de l'Âge de Fer
Signalétique du Musée et du Village de l’Âge de Fer
Jardin de plantes aromatiques
Jardin de plantes aromatiques
Potager et céréales
Potager et céréales, on remarquera les toits végétalisées
Encore du lin
Encore du lin
Et quelques moutons
Et quelques moutons

Jardin médiéval de Villeneuve près d’Aigle (Suisse)

En me promenant à Villeneuve, je suis tombée sur un petit jardin public fort intéressant.

Entrée du jardin médiéval
Entrée du jardin médiéval
Vue générale de ce jardin
Vue générale de ce jardin

Botanique sauvage

La botanique, ce n’est pas que les plantes cultivées, d´´ejà domestiquées. Ce sont aussi les plantes sauvages, d’où proviennent les végétaux choisis par nos ancêtres pour nous alimenter, nous vêtir et nous soigner.

Aujourd’hui, ces plantes originelles sont devenues mauvaises herbes, adventices, voire invasives car nous ne les connaissons plus, leur raison d’être a été invisibilisée.

Par exemple, c’est le but des importants travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bioindcatrices.

Jardin d’apicultrice – Codao (Suisse)

Après, la nature ordonnée et maîtrisée, voici un lieu où la nature reprend ses droits. C’est un point de rencontre de graines du monde. Celles qui survivent aux aléas de la vie y prospèrent joyeusement.

Tout un monde botanique
Tout un monde botanique

Comme Lucía est apicultrice à Codao, près de Santa Cruz, Région de O’Higgins, Centre du Chili, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de la visiter quand j’ai dû aller à Santiago.

Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l'entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir
Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l’entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir

Passionnée de botanique, elle collectionne les plantes pour ses abeilles et ses huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Ses plantes entrent dans la composition de ses produits cosmétiques à base de miel, pollen, propolis, cire d’abeilles… Que de bienfaits!

J'espère que cette image laissera s'envoler votre imagination vers ce paradis botanique
J’espère que cette image laissera s’envoler votre imagination vers ce paradis botanique, les abeilles sont déjà passées par là…

Alors, nous allons organiser un cours de teintures naturelles chez elle en novembre/décembre 2023. Je donnerai plus d’informations dans un article en espagnol très prochainement.

botanique en détail

Blog Divers

/// Blog Divers ///
Article créé le 21 mai 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés

Divers, entre teinture et textile

Divers, cette rubrique devient nécessaire. Les articles se multiplient et pour une meilleure consultation de ce site. Il me semble qu’il est indispensable de diviser ce blog en plusieurs branches.

Après la branche Teinture et la branche Tissage, voilà la branche Divers.

Elle complètera À propos qui est une section à la fois un peu plus généraliste et un peu plus personnelle. En effet, j’écris aussi des articles difficiles à classer dans les deux premières branches, mais toujours en lien avec la teinture et tissage.

Dans cette rubrique Divers, je classerai tous ce qui touche au domaine important à mon avis des fibres, matières premières, outils, expériences et techniques de recherche.

Il y aura aussi des articles de réflexion sur ma pratique professionnelle qui n’a rien d’automatique. Cette réflexion est richement alimentée au cours de mes voyages.

N’oubliez pas de visiter les Formations

Une petite visite à la boutique de mon ami Angel peut être un bon complément.

Suite à la demande persistante de mes amis hispanophones, je pense lancer prochainement un nouveau site, certainement plus orienté vers des tutoriels, en espagnol cette fois. Ce sera www.lanitando.com

Ce ne sera donc pas une traduction de mes deux sites existants, mais un complément nécessaire.

Je vous laisse explorer ces articles.

Divers Fibres

Pour tisser, on utilise des fibres. Celles-ci sont très variées et doivent subir un certain nombre de traitements divers, je les traiterai dans cette rubrique.

Divers Techniques

Les techniques et leur histoire ont leur importance. Je donne beaucoup d’importance à mes outils et je vais développer ce sujet qui me tient à coeur.

Je ne me contente pas d’acheter des outils. Parfois, j’essaie de les améliorer. Dans certains cas, je vais les puiser dans la nature.

Autres

Il y a toujours des inclassables même dans les Divers.

Ortie, houblon, fibres anciennes

/// Ortie et houblon, fibres anciennes ///
Article créé le 23 septembre 2022, dernière mise à jour le 29 septembre 2022
Je suis en Europe depuis le 10 mai 2022 – Retour au Chili le 11 novembre – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Il y a quelques années, j’avais déjà fait des expériences avec les orties, elles m’ont même menée jusqu’à Gletterens il y a 3 ans. J’y suis de retour cette année et j’en profite pour faire de nouveaux essais. La sécheresse et la canicule qui interdisaient les feux m’y ont aidée. Dans cet article, je résumerai un été d’expériences à Gletterens dont le travail de l’ortie a été a été l’exercice quotidien.

Houblon, j'appliquerai à cette plante le même traitement qu'à l'ortie pour en obtenir des fibres, bonnes à être filées et tissées
Houblon, j’appliquerai à cette plante le même traitement qu’à l’ortie pour en obtenir des fibres, bonnes à être filées et tissées

Retour à Gletterens

Le cours prévu à Zonca n’ayant malheureusement pas eu lieu, je suis arrivée à Gletterens plus tôt que prévu.

Cela m’a permis de faire de nombreuses expériences, seulement réalisables avec du temps et de la patience, ce qui est le cas du travail des fibres d’orties et des teintures solaires. Ces innovations agrémenteront mon été.

Difficile de teindre sans feu

L’été passé avait sous le signe de la pluie quasi permanente, cet été ce sera la canicule.

L’interdiction d’allumer des feux en extérieur a été proclamée courant juillet dans presque tous les cantons suisses, notamment dans celui dont dépend Gletterens.

C’est vrai que les haies avaient vraiment très mauvaise mine et des arbres adultes comme des bouleaux et des charmes avaient déjà perdu leurs feuilles à la mi-juillet.

Les arbustes de cette haie, pourtant aux bords des fossés, ont beaucoup souffert de la canicule
Les arbustes de cette haie, pourtant aux bords des fossés, ont beaucoup souffert de la canicule

Il y a toujours moyen de contourner les règles, mes feux pour teindre ne sont pas en extérieur, mais mieux vaut éviter des discussions inutiles…

Je me suis donc tournée vers une série de tests de teinture solaire, l’indigo et les expériences sur les fibres d’ortie et de houblon, qui avaient été largement utilisées pendant la préhistoire.

Les rares fois que j’ai pu allumer un feu, j’ai pu teindre les raphias pour le Village Lacustre qui avait trempé beaucoup plus longtemps que prévu et a mieux pris les teintures que l’an dernier.

Pratiquement tous les bains ont largement eu le temps de fermenter et d’infuser, ce qui a certainement influencé la teinture.

Les bains sont en train de patienter sous la canicule
Les bains sont en train de patienter sous la canicule

Le processus de teinture a encore été encore plus ralenti, les fibres ont macéré plus longtemps et les résultats semblent meilleurs. Seuls les récipients manquaient pour plus de teintures.

Collection de bains en attente de l'occasion de faire un feu
Collection de bains de teinture en attente de l’occasion de faire un feu
Les fibres s'égouttent après leur cuisson
Les fibres s’égouttent apr`es leur cuisson
Pendant que les fibres s'égouttent, une brassée d'ortie attend d'être effeuilée
Pendant que les fibres s’égouttent, une brassée de rumex attend d’être mise à tremper

Et, tous les jours, je fais de nouvelles expériences avec les orties. Heureusement, cette matière première ne manque pas…

Petite récolte d'ortie
Petite récolte d’ortie

Teinture solaire

J’avais même envisagé de monter une cuisine solaire en utilisant des élements récupérés à la déchetterie: vieux four électrique, grilles et papier d’aluminium… Cependant, cela n’aurait pas été archéocompatible. Mes casseroles, déjà ne le sont pas. Mais, cela devrait être en partie réglé l’an prochain lors d’une semaine d’expérimentation en céramique néolythique du 16 au 23 juillet 2023, puis lors du prochain Rassemblement Préhistorique du 30 juillet au 6 août 2023 au Village Lacustre de Gletterens.

J’espère pouvoir répéter cette expérience dans des pots en terre.

Petit test de teinture solaire, ces 4 récipients seront exposés au soleil pendant 15 jours. J'essaierai avec de l'ortie l'an prochain
Petit test de teinture solaire, ces 4 récipients seront exposés au soleil pendant 15 jours. J’essaierai avec de l’ortie l’an prochain
Résultat - À gauche, de haut en bas, fleurs d'hibiscus, racine de garance, cochenille et vinaigre - À droite, benoite récoltée autour du Village Lacustre
Résultat – À gauche, de haut en bas, fleurs d’hibiscus, racine de garance, cochenille et vinaigre – À droite, benoite récoltée autour du Village Lacustre, les colliers sont en soie, les autres fibres sont de la laine de mouton et d’alpaga

J’espère aussi tester ces teintures solaires en les plongeant alternativement dans des bains acides et des bains alcalins ou basiques.

Indigo

Comme, j’avais du temps entre chaque épluchage d’ortie, je poursuivais les expériences de teinture.

L’indigo est une teinture à froid. Quelle chance! et le raphia que j’avais teint en vert par l’indigo avait plut à mes amis de Gletterens. C’était donc l’occasion de recommencer.

Test d'un bain d'indigo prêt `a l'emploi avec du raphia qui a patiemment trempé dans la fontaine
Test d’un bain d’indigo prêt `a l’emploi avec du raphia qui a patiemment trempé dans la fontaine

D’autant plus que l’indigo est une teinture intéressante en démonstration, notamment avec son passage du jaune-verdâtre au bleu.

Le raphia restera vert, car il est naturellement légèrement jaune, les couleurs naturelles ne sont pas couvrantes, elles s'aditionnent à la couleur de base, les autres fibres qui étaient blanches bleuiront rapidement au contact de l'air
Le raphia restera vert, car il est naturellement légèrement jaune, les couleurs naturelles ne sont pas couvrantes, elles s’aditionnent à la couleur de base, les autres fibres qui étaient blanches bleuiront rapidement au contact de l’air

Nous avons aussi monté une deuxième cuve d’indigo avec les enfants qui participaient au Rassemblement Préhistorique.

Préparation d'une cuve d'indigo 123 (indigo, chaux hydraulique, miel)
Préparation d’une cuve d’indigo 123 (indigo, chaux hydraulique, miel)
Ce sera l'occasion d'apprendre à utiliser du papier pH, pour voir le degré d'alcalinité du bain
Ce sera l’occasion d’apprendre à utiliser du papier pH, pour voir le degré d’alcalinité du bain
Premier test de ce bain d'indigo, teinture de la robe d'une des fillettes
Premier test de ce bain d’indigo, teinture de la robe en lin d’une des fillettes
Détail de la robe, après séchage et rinçage, on notera la jolie bande tissée au plaquettes par Carole du Village Lacustre
Détail de la robe, après séchage et rinçage, on notera la jolie bande tissée au plaquettes par Carole du Village Lacustre, la cruche du bain d’indigo était certainement un peu petite pour une aussi grande pièce, cela explique les irrégularités de teinture
À la fin du séjour, je teindrai aussi une des chechia d'Othello en Tunisie
À la fin du séjour, je teindrai aussi une des chechia d’Othello en Tunisie

Grosse opération mordançage

Ne pouvant pas faire souvent du feu, je décide de faire une grande casserole de mordançage à l’alun et des tests de mordançage au lait de vache et au lait d’amande (je n’ai pas trouvé de lait de soja au supermarché du coin, ce qui aurait été plus économique).

Ces mordançages alternatifs sont parfois conseillés, notamment pour les fibres végétales. Lors des tests de teinture, je n’ai pas vu de différence dans les résultats. L’intérêt est que ce mordançage est libre d’aluminium.

Préparation d'une casserole de mordançage à l'alun
Préparation d’une casserole de mordançage à l’alun

Petit feu dans la maison longue pour préparer le mordançage, j’en profiterai pour faire défiler les autres casseroles.

Gros bain de mordançage en train de chauffer
Gros bain de mordançage en train de chauffer

j’avais préparé tout un cône de coton, il a ét´é mordancé en compagnie de laine, et de lin…

Test de mordançage au lait d'amandes et au lait de vache
Test de mordançage au lait d’amandes et au lait de vache
Dès que le mordançage aura chauffé, il sera remplacé sur le feu par diverses  casseroles de teintures
Dès que le mordançage aura chauffé, il sera remplacé sur le feu par diverses casseroles de teintures

Je prépare aussi une petite soupe clous (acétate de fer, pour les chimistes) avec du vinaigre et de la ferraille trouvée à la déchetterie.

Soupe de clou, mordant et modificateur, élément clé pour les ecoprint
Soupe de clou, mordant et modificateur, élément clé pour les ecoprint

Cette soupe de clou interviendra dans de nombreux tests.

Tissage et nailbinding

Bandes

Le système avec attache à la ceinture me donne mal au dos

Petit métier à bande norvégien et ceinture tunisienne
Petit métier à bande norvégien et ceinture tunisienne
Beau résultat avec du lin
Beau résultat avec du lin

J’ai testé un petit que j’avais ramené du chili pour tisser des bandes.

Petit métier chilien, bien adapté au tissage de bandes, peu encombrant...
Petit métier chilien, bien adapté au tissage de bandes, peu encombrant…

Nailbinding

J’ai continué avec à m’entraîner à la lente mais préhistorique technique du nailbinding/anillado. Un long travail à l’aiguille présent un peu partout dans le monde. On le trouve aussi bien en Égypte que dans la culture Tiwanaku qui a rayonné autour du Lac Titicaca, que chez les Viking (en Scandinavie cette technique est encore vivante) ou dans des frondes de Nouvelle Guinée…

Pièce commencée au Chili
Pièce une fois terminée
Pièce une fois terminée
Anillado en laine filée main
Anillado en laine filée main

Je viens de suivre un cours du Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili pour apprendre à tisser les bonnets à 4 pointes bicolores Tiwanaku.

Bonnet monochrome, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Bonnet monochrome, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Détail d'un bonnet bicolore, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Détail d’un bonnet bicolore, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Les formes et couleurs varient
Les formes et couleurs varient, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili

J’ai fait plus simple et moins serré, cela m’a tout de même pris environ 50 heures.

Bonnet en coton, travail beaucoup plus simple, fibre beaucoup plus grosse que les modèles des musées
Bonnet en coton, travail beaucoup plus simple, fibre beaucoup plus grosse que les modèles des musées

Cette technique peut avoir beaucoup d’applications.

Anse pour un sac avec cette même technique, en chanvre
Anse pour un sac avec cette même technique, en chanvre
Grosse laine, version créative
Grosse laine, version créative
Il existe de nombreux points, vue de détail d'un sac du Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Il existe de nombreux points, vue de détail d’un sac du Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Sac, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili
Sac, Musée de San Miguel de Azapa, Arica, Chili

Sprang

J’aussi préparé une petite chaîne de sprang sur le métier fabriqué à cet effet l’an dernier.

Beau métier à sprang, archéocompatible
Beau métier à sprang, archéocompatible

Dans une autre video de Sally Pointer, je découvre un autre petit métier à sprang.

Avec l’aide de Tania, nous en construisons un avec une branche de noisetier.

Une chaîne est aussitôt montée
Une chaîne est aussitôt montée

J’apprendrais les bases de cette fantastique technique lors des Rencontres Braids 2022, à Svendborg, Danemark. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Colliers

Pour tester les différentes matières tinctoriales et les différentes fibres, j’ai tricoté presque tous les jours des colliers avec des perles en bois à répartir dans les différentes casseroles de teinture.

Petit collier avec des perles en bois
Petit collier avec des perles en bois

À raison d’environ 20 minutes par collier, je me suis vite constitué une gamme de test de couleurs et de matières premières.

Exposition des colliers dans la maison longue du Village Lacustre de Gletterens
Exposition des colliers dans la maison longue du Village Lacustre de Gletterens

Rassemblement préhistorique

Le Rassemblement Préhistorique sera l’occasion de revoir des amis et de partager avec eux des premiers résultats sur les fibre d’ortie et de lancer d’autres expériences.

Tanneurs

Les tanneurs ont préparé une nouvelle peau de bison à la cervelle. Dominique Pflieger avait ramené des objets fabriqués avec la peau de l’an dernier.

Peau de bison en cours de préparation à la cervelle
Peau de bison en cours de préparation à la cervelle

Il m’a donné un morceau de cuir plus souple, travaillé avec cette technique, pour que je puisse éplucher mes fibres d’ortie sur mes genoux sans me mouiller les jambes. En outre les fines fibres ressortaient mieux sur un fonds sombre que sur une toile bllanche.

Le travail de tannage, se termine par un feu pour faire fumer les peaux
Le travail de tannage, se termine par un feu pour faire fumer les peaux

Nous avons eu aussi la visite d’autres spécialistes venant d’un musée français. Il étaient bien équipés.

Outils reconstitué
Outils reconstitué
Peaux tannées à la cervelle
Peaux tannées à la cervelle

Ecoprint sur os

Avant le Rassemblement préhistorique, j’ai fait une petite virée dans les boutiques spécialistes des fibres de l’Emmenthal.

J’en suis revenu avec du fil de lin (archócompatible), de la ramie, de la soie (pour les colliers) et une belle collection de livres.

Notamment, j’ai trouvé un livre sur les teintures naturelles, en allemand. Il proposait de faire des ecoprint sur du ciment.

J’ai testé sur des galets, des bouts de bois avec des résultats plutôt mitigés.

Bains de mordançage aux lait avec les tests d'ecoprint
Bains de mordançage aux lait avec les tests d’ecoprint
Ouverture des ecoprint
Ouverture des ecoprint
Ecoprint sur pierre
Ecoprint sur pierre

Puis, nous avons fait un petit test avec un pendentif en os de Tania.

Pendentif en os
Pendentif en os

Dommage, mais la feuille avait un peu bougé,

Après ecoprint
Après ecoprint

Mais, j’avais demandé à Éric, l’ami d’Archeoshop, de me ramener de gros os pour le Rassemblement Préhistorique.

Os pour expérimenter les ecoprint
Os pour expérimenter les ecoprint

Nous les avons donc testés.

Os prêts à cuire
Os prêts à cuire
Préparation des ecoprint
Préparation des ecoprint

Les os embobinés sont partis dans différentes casseroles de teinture naturelle.

Répartition des os dans les casseroles
Répartition des os dans les casseroles

Le déballage a encore eu lieu avec la participation des enfants.

Nos os après cuisson
Nos os après cuisson
Rinçage avant déballage
Rinçage avant déballage
Déballage
Déballage
Déballage
Déballage
Les bandes d'emballage des os ont bénéficié des ecoprint
Les bandes d’emballage des os ont bénéficié des ecoprint
Collection d'os ecoprintés
Collection d’os ecoprintés

Marbrures au naturel

Ce même livre allemand donnait aussi quelques informations sur les papiers marbrés, sujet qui m’intéresse depuis longtemps.

Une spécialiste de la reliure de livres était aussi présente au Rassemblement Préhistorique. Nous en parlâmes. La technique indiquée ne lui semblait pas être la meilleure.

Nous voulions tester une autre recette, mais celle-ci nécessitait du fiel de boeuf. Nous n’avons pas réussi à nous procurer ce produit sans additifs, et ceux-ci auraient pu perturber le résultat.

Ce sera pour une prochaine fois.

Enfin, retour vers l’ortie

Après tous ces détours, j’en arrive enfin à ce que j’ai annoncé: mes expériences avec les orties.

Le travail de l’ortie aura été quotidien cet été à Gletterens. Les fibres d’ortie sont vraiment très belles.

L’ortie, mais aussi le houblon

Il y avait au Village Lacustre, quelques pieds de houblon peu trop exubérant dans une haie qui avaient une facheuse tendance à étouffer quelques pieds de saules.

C’était l’occasion de tester une autre sorte de fibre. Je mènerai donc les deux expériences en parallèle.

Tiges de houblon effeuillées, attendant un long processus
Tiges de houblon effeuillées, attendant un long processus
Les feuilles sont mises à tremper pour teindre
Les feuilles sont mises à tremper pour teindre
Il suffit de casser les tiges pour faire apparaître de fines fibres
Il suffit de casser les tiges pour faire apparaître de fines fibres
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Martelage des tiges sèches
Premier résultat
Premier résultat

Martelage des tiges fraîches, au fonds, premiers résultats obtenus
Martelage des tiges fraîches, au fonds, premiers résultats obtenus
Cette technique a un autre défaut, les orties sèchent très vite, ce qui rend plus difficile le travail de  nettoyage des fibres
Cette technique a un autre défaut, les orties sèchent très vite, ce qui rend plus difficile le travail de nettoyage des fibres

Comment faire avec l’ortie?

Comment est composée une ortie

Une tige d’ortie comporte une tige en lignine (du bois) au centre, très cassant. Autour, il y a de fines fibres blanches de cellulose qu’il faut séparer de l’écorce verte. À ce stade, les orties bien qu’encore fraîches ne piquent plus.

Fibre d'ortie martelée
Fibre d’ortie martelée
Le bois de l'ortie est arraché, restent les fibres et l'écorce
Le bois de l’ortie est arraché, restent les fibres et l’écorce

Les livres sur l’ortie

J’ai consulté de nombreux livres sur les orties, maintenant je sais comment les manger, me soigner avec et en faire du purin. Je parle de tout cela dans un précédent article. Tout est bon dans l’ortie, depuis la racine à la graine…

Avec un peu de chance, on découvre au détour d’une page qu’on en tirait des fibres filées et souvent tissées d’une très grande solidité. En effet, on faisait des cordes d’arc en ortie, de la vannerie, même des voiles de bateaux, des draps, des vêtements ainsi que des sous-vêtements, au moins jusqu’au Moyen-Âge et parfois encore au XIXème siècle dans certaines régions du monde…

Avec la mécanisation des processus de traitement l’ortie est devenue invisible devant le chanvre et lin.

Il faut choisir les plantes d'ortie les plus longues et les moins ramifiées
Il faut choisir les plantes d’ortie les plus longues et les moins ramifiées

Ces plantes n’ont pas de noeuds et sont beaucoup plus faciles à travailler et donnant de plus longues fibres.

Botte d'ortie en attente de rouir
Botte d’ortie en attente de rouir

Mais, pas un mot sur l’obtention de ces fibres. Ce silence m’intrigue.

Les video sur la fibre d’ortie

Sur Youtube, il y a de nombreuses video, surtout anglosaxonnes sur la préparation des fibres d’ortie. Mais, il y en a pas qui aille jusqu’au bout. Comme dans la grande majorité des tutoriels, il manque toujours une étape cruciale,, un petit détail qui rend possible l’obtention d’un produit correct.

Le produit obtenu est une fibre d’ortie verdâtre, avec encore beaucoup d’écorce rugueuse et désagréable au toucher et encore plus à filer L’ortie ne pique plus depuis longtemps, mais les déchets d’écorce qui adhèrent encore aux fibres de cellulose ne donnent pas un produit très flatteur.

La couleur verte que certains apprécie disparaît très vite, c’est la chlorophylle qui se décompose rapidement à la lumière.

Il semblerait aussi, qu’ils utilisent un autre espèce d’ortie qui mesure plus de 3 mètres!

Une video, ou plutôt une série de video a cependant retenu toute mon attention, il s’agit de celles de Sally Pointer qui en outre fait de la reconstitution archéologique. Et j’y revient maintenant que je rédige cet article. Elle est accompagnée d’un article très intéressant que l’on peut télécharger gratuitement. Je vous le recommande. Puis, pour la première fois, je me donne la peine de lire les commentaires. Cela m’a pris plusieurs heures.

En laissant de côté, toutes les remarques concernant le fait que les orties piquent, et pour une fois, il s’agit d’ortie normale et les commentaires concernant un petit chat apparemment charmant que je n’avais pas remarqué, on peut découvrir des questions très intéressantes auxquelles l’auteur de la video répond très souvent en apportant des détails supplémentaires utiles.

Et le houblon?

Je n’ai pas trouvé d’ortie sèche, rouie par l’hiver passé, on était déjà en juillet, certainement un peu tard. Mais, le houblon présentait encore les deux étapes.

Sec ou frais

Pour le houblon, j’avais le choix entre les tiges mortes de l’an passé et les nouvelles qui étaient vertes. J’ai donc testé les deux.

Dans les deux cas, j’ai mis les tiges enroulées à tremper dans le bac des orties, ainsi que les fibres martelées ou grattées antérieurement comme dans les video.

Comme pour les orties, je les surveillaient. Je n’ai fait qu’une seule récolte dans une haie.

Quand les fibres et l’écorce étaient prêtes, elles se défaisaient facilement du bois de la tige qui était assez cassant et ne pouvait donc pas être utilisé en vannerie.

Fibres de houblon martelées
Fibres de houblon martelées

Puis, il fallait éliminer les écorces, par une longue série de séchage, frottage, martelage, trempage. Les fibres s’éclaircissent et s’adoucissent petit à petit au fur et à mesure que les déchets d’écorces s’en séparent. C’est long et r´épétitif avant d’obtenir des fibres que l’on peut filer au fuseau.

Fibres de houblon rouies

Cette technique est donc une technique de rouissage comme traditionnellement pour le chanvre et le lin.

Une fois sèches, des déchets tombent sur le cuir
Une fois sèches, des déchets tombent sur le cuir
Fibres de houblon battues
Fibres de houblon battues

Mais, selon Sally Pointer, des traces de micro-rayures observées sur les pièces archéologiques indiquent l’usage de gratttoirs.

Ce sera une nouvelle expérience à faire l’an prochain.

La ramie, cousine de l’ortie

La ramie est une fibre blanche, brillante et soyeuse qui provient d’une espèce d’ortie sud-est asiatique qui ne pique pas, ces fibres sont assez longues et peuvent être filées aussi bien au rouet qu’au fuseau. Tous mes amis tireurs à l’arc en ont reçu une petite bobine, j’en aurai certainement des nouvelle l’an prochain.

J’ai essayé de filer ces fibres aussi bien sèches qu’humides. Il semblerait que l’humidification rendrait l’opération un peu plus facile.

Filage d'un peu de ramie, cousine de l'ortie, préparée industriellement
Filage d’un peu de ramie, cousine de l’ortie, préparée industriellement

Tout oublier et tester l’ortie

On m’avait beaucoup insisté qu’il ne fallait pas faire rouir l’ortie trop longtemps et qu’il fallait bien la surveiller…

Après visionnage de nombreuses video et un certain nombre de test en martelant ou piétinant plus ou moins, en surveillant le rouissage… J’ai décidé de n’en faire qu’à ma tête.

J’ai donc arrêté de piétiner, de gratter avec un couteau.

J’effeuillais les orties que je ramassais par douzaine chaque jour et je les mettais à tremper dans un bac d’eau que je surveillais tout de même chaque matin.

Au centre, bain de rouissage des orties et du houblon
Au centre, bain de rouissage des orties et du houblon

Plus d’une fois, j’ai dû renouveler l’eau car des moustiques y avaient pondu leurs oeufs et des larves en forme de petits se tortillaient dans mon bac. Les moustiques manquaient de zones humides où pondre, j’ai trouvé ces petits clous agités jusque dans un pot contenant de la lessive de cendres.

Bain de rouissage, chauffé par le soleil, vérification de l'avancée du processus
Bain de rouissage, chauffé par le soleil, vérification de l’avancée du processus

Petit détail, mon bac de rouissage était noir et concentrait donc la chaleur.

Ces petits clous se développaient dans mon bain de rouissage d'ortie
Ces petits clous se développaient dans mon bain de rouissage d’ortie

Quand l’écorce de l’ortie se ramollissait et commençait à pourrir, je sortait les orties et je grattais les tiges avec l’ongle, de belles fibres blanches apparaissaient. Si elles ne se libéraient pas assez facilement de l’écorce verte, je le remettais à tremper. Je les retravaillais le jour suivant.

Essais de rouissage d'ortie sous la vidange de la fontaine
Essais de rouissage d’ortie sous la vidange de la fontaine

J’en avais aussi mises à rouir dans le petit fossé où se vide la fontaine.

Avec l'avance du rouissage, les fibres de cellulose d'ortie se déachent
Avec l’avance du rouissage, les fibres de cellulose d’ortie se déachent

J’ai donc fini par opter pour la technique moderne sans le savoir. Mes fibres étaient plus blanches, plus douces, mais aussi plus courtes.

Gros plan sur rouissage d'ortie plus avancé
Gros plan sur rouissage d’ortie plus avancé

En effet, le rouissage élimine les pectines et d’autres substances qui unissent encore les fibres entre elles dans la méthode par grattage préhistorique.

Nettoyage de la fibre d’ortie et de houblon

Rinçage à l’eau

Après chaque séchage, après martèlement, je fais tomber le maximum de poussières. Puis, je rince et je remets à sécher. Et des déchets, il en tombe toujours.

Bouillir avec des cendres

Après avoir visionné une video où l’on traitait les fibres avec un shampoing très spécial, mais certainement basique puis avec un bain acide, je décide de faire un test archéocompatible avec un petit peu de fibres mises à bouillir avec de la cendres.

Comme j'avais déjà un bon paquet de fibres d'ortie travaillées, je décide de faire un petit test avec de la cendre
Comme j’avais déjà un bon paquet de fibres d’ortie travaillées, je décide de faire un petit test avec de la cendre
Les différentes qualités de fibres
Les différentes qualités de fibres
Test de filage d'ortie, le fuseau avec la bobine blanche au cenre est un échantillon de ramie
Test de filage d’ortie, le fuseau avec la bobine blanche au cenre est un échantillon de ramie
Test de cuisson avec des cendres
Test de cuisson avec des cendres
Rinçage du test avec les cendres
Rinçage du test avec les cendres
Fin de rinçage des fibres
Résultat: fibres d'ortie en blanc, houblon, beige
Résultat: fibres d’ortie en blanc, houblon, beige

Rinçage au vinaigre

Puis je les ai rincées, et enfin je les ai fait tremper dans un peu de vinaigre et à nouveau rincées.

Après rinçage au vinaigre pour neuttraliser et éliminer le maximum de déchets

Dernier rinçage à l’eau

Après ce dernier rinçage à l’eau, mes fibres étaient beaucoup plus propres et douces. Il ne manquait plus que le cardage.

Fibres d'orties après le dernier rinçage à l'eau
Fibres d’orties après le dernier rinçage à l’eau

Finition de la fibre d’ortie et de houblon

Feuilles et fibres d'ortie et de houblon, un peu d'ortie filée
Feuilles et fibres d’ortie et de houblon, un peu d’ortie filée

Séchage

Heureusement qu’il faisait chaud. Tous les jours, je remettais à sécher mes fibres et ensuite je les secouais pour faire tomber les restes d’écorces récalcitrants. J’ai fait ces opérations depuis le début des tests et je l’ai poursuivi jusqu’au filage.

Cardage

Après tous ces traitements, mes fibres étaient plutôt en désordre et emmêlées, ce qui les rendaient difficiles à filer.

Cardage des fibres de houblon
Cardage des fibres de houblon

J’ai profité de mon retour au Festival Yelen à Baulmes pour utiliser les cardes que m’avait prêtées Camille pour carder mes fibres d’ortie et de houblon en démonstration pour les enfants.

Cardage des fibres d'ortie
Cardage des fibres d’ortie

Filage

Le but de toutes ces opérations était bien sûr d’obtenir un fil.

Fiil de houblon
Fiil de houblon

Je vais donc tester le filage de ces deux types de fibres.

Fibres d'orties cardées
Fibres d’orties cardées

En ce qui concerne le houblon, j’ai préféré le travail avec des tiges sèche de l’an dernier, mais elles sont plus grossières que les fibres d’ortie. Comme elles sont un peu plus longues, elles sont un peu plus faciles à filer.

Filage au fuseau de fibres d'ortie
Filage au fuseau de fibres d’ortie
Incroyable, mais vrai,  après tous ces traitements, il reste encore des déchets dans mes fibres d'ortie
Incroyable, mais vrai, après tous ces traitements, il reste encore des déchets dans mes fibres d’ortie

Conclusion

Avec un peu, beaucoup de patience, on peut vraiment tirer parti, de ces plantes qui sont souvent assez mal vues.

A chaque fois, que je ramassais et effeuillais les orties, je le faisais à main nue. Donc, elles me piquaient un peu, mais la nuit, je dormais mieux.

Comme l'ortie ne produit pas que des tiges, il y a eu aussi une casserole de teinture à l'ortie
Comme l’ortie ne produit pas que des tiges, il y a eu aussi une casserole de teinture à l’ortie
Teinture à l'ortie, une fois cuite
Teinture à l’ortie, une fois cuite
Résultat de la teinture à l'ortie, mordancée à l'alun
Résultat de la teinture à l’ortie, mordancée à l’alun

L’an prochain, j’aimerai tester certaines plantes comme la mauve et les roses trémières connues pour avoir des fibres. L’idéal serait de les récolter rouies naturellement après l’hiver. La difficulté est d’en trouver en quantité suffisante.

Les documents américains mentionnent le milkweed (qui semble être toxique), je ne l’ai pas encore rencontrée.

Je voudrai aussi tester des plantes à tiges dures à couper telles que la chicorée sauvage et le rumex, courants à Gletterens.

Filer comme au temps jadis?

/// Filer comme au temps jadis? ///
Article créé le 10 mai 2021 —- Mis à jour le 29 octobre 2024

Je suis rentrée au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés
Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025
Je pense revenir en Europe en mars 2025

Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352

Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com
Les dernières nouvelles apparaissent souvent sur ce site

Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.

Pourquoi filer?

Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.

Montons dont j'ai filé la laine en normandie
Montons dont j’ai filé la laine en normandie

Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.

Avoir appris à tondre les moutons m'a donné l'occasion de tondre des alpagas, le petit me regarde libérer sa mère de sa toison que je pourrai filer par la suite
Avoir appris à tondre les moutons m’a donné l’occasion de tondre des alpagas, le petit me regarde libérer sa mère de sa toison que je pourrai filer par la suite

En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.

Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.

J'ai  aussi eu l'occasion de filer la laine des parents de ces agneaux
J’ai aussi eu l’occasion de filer la laine des parents de ces agneaux

Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.

Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.

Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.

V
Les tiges sèches de roses trémières, rouies naturellement par l’hiver, libèrent des fibres soyeuses qui pourraient être filées

Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…

Liber de tilleul, fibre très utilisée dès la préhistoire, elle n’était généralement pas filée au fuseau, mais tordue manuellement.

La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…

Pour faire ce bonnet, je n'ai pas eu besoin de filer la laine, j'ai seulement préparé un cordon légèrement tordu
Pour faire ce bonnet, je n’ai pas eu besoin de filer la laine, j’ai seulement préparé un cordon légèrement tordu

Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,

Comment commencer à filer?

Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi, j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.

Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.

C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…

Quelles fibres choisir?

Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.

Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.

Laver la laine ou pas avant?

Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.

Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.

Carder ou peigner avant de filer

Peigner la laine

Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.

Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.

Carder à la main

C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.

Nous avons deux options.

Ma pratique habituelle, sans outils

J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.

À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.

Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.

Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.

cardage pour filer
Début du cardage
laine cardée prête à filer
Laine cardée à la main, bonne à filer

Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.

filer alpaga
Je peux filer ces fibres d’alpaga á partir de la toison brute de tonte aprés un simple cardage á la main. Avec un peu plus de patience, on peut en faire autant avec la laine de brebis.

Avec planches à carder

Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.

On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.

planches à carder
Chez mes amis Ivan et Narcisa à Machachi, Équateur, j’essaie les planches à carder que j’avais achetées à Otavalo, Équateur

C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.

Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.

brosse
Cet ensemble de peignes et brosse m’a coûté environ 3 euros.

Attention

On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…

Vue de détail de machine à cardères, Musée Textile de Vienne (69), France
Vue de détail de machine à cardères, Musée Textile de Vienne (69), France

Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.

Vue globale de la même machine
Vue globale de la même machine

Cardage à la machine

Cardeuse manuelle

J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.

À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.

Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.

En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.

Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.

cardeuse manuelle
Cette cardeuse manuelle transforme la laine en une nappe prête à filer ou feutrer.

Cardeuse de tapissier

J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.

cardeuse de tapissier
Essai de cardage de laine d’alpaga pleine de paille avec une cardeuse de tapissier

Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.

Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.

Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.

Cardeuse électrique

Chez “Rincón de Angel”, nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.

Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.

L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer

nappe de laine cardée
Cette nappe de laine cardée blanche a été teinte avec des teintures chimiques, on peut la feutrer ou la filer ce qui donnerait une laine aux couleurs changeantes.

Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.

cardeuse rincon de angel
Cette machine à carder manuelle correspond mieux aux nécessités des clientes de Rincón de Angel. Elles veulent préparer leur laines plus vite pour pouvoir les filer ensuite. Il y en aussi des électriques qui ressemblent beaucoup à ce modèle.
cardeuse
Voici la version électrique.

Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.

D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.

Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.

Astuce “viking”

La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.

Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.

La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.

C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.

cardeuse manuelle
Cet engin inspiré des Vikings m’a permis de récupérer beaucoup de laines qui ne passaient pas dans la cardeuse électrique, on pouvait ensuite les filer

Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.

Filer sec

Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.

Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.

Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.

Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.

bélier
J’ai tout de suite eu envie de filer la laine de ce jeune bélier. Et Gilles à eu la grande gentillesse de bien vouloir le tondre pour moi.
bélier à filer
J’ai donc rincé à deux eaux froides cette toison brute. Après cette étape, j’ai pu carder et filer facilement cette belle laine.

Filer humide

Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.

Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.

laine humide
Je n’ai pas résisté à l’envie d’essayer de filer cette laine encore humide. C’était une bonne idée, elle se filait mieux.

C’est beaucoup plus facile.

J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.

Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.

Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.

Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.

Que filaient nos ancêtres?

Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.

Difficile à filer?

Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.

Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.

La torsion

La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.

J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.

Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).

Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.

Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.

Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.

Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.

Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.

Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.

Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.

Filer S ou Z

A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.

Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia
Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia

Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.

Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.

Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…

Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.

Forte ou pas

Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.

fil trop tordu
Ce fil est trop tordu, j’ai deux solution, soit filer en tordant moins, soit retordre avec une autre laine. je préfère la deuxième solution.

C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.

Doubler ou retordre la laine

Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.

Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.

Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.

filer et retordre
Laine rééquilibrée par retorsion

Filer des laines fantaisie

Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.

Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.

Quel outil choisir pour filer?

Le fuseau

Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.

Grande variété de modèles

Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.

Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.

L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.

J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.

Facilité d’apprentissage

En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.

En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:

  • la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
  • l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
  • les forces centripètes et centrifuges.

Que de science résumée dans un outil aussi ancien!

Filer en marchant

Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.

En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.

filer debout
Filer en marchant est agréable et efficace.

Filer au rouet

En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.

Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.

Le rouet à pédale

Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.

Pendant longtemps, chez mon ami du “Rincón de Angel“, je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.

Filer avec un rouet à pédales
Filer avec un rouet à pédales

En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.

Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.

Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.

Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.

Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.

Le rouet électrique

Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.

Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.

On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.

Achat d’un rouet

Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.

Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.

Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.

Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord

Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.

J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.

Taille du trou d’entrée

La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.

En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.

Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…

Taille de la bobine

La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.

Taille des crochets sur la broche en U

La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.

Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.

Bon état de la broche en U

Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.

Possibilités de réglages

Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.

Tension de la courroie

La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.

Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.

Possiblité de retordre (marche inverse)

Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.

On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. “Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?“. 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.

J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.

D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.

Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.

Position de travail pour filer

L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position. Il faut arriver à ne pas devoir se rapprocher trop du rouet, cela permet d’avoir un peu d’avance si le fil se coupe, on peut rattraper le fil et arrêter s’il le faut avant que le fil aille s’enrouler sur la bobine.

Vitesse de filature

Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.

D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.

Possibilité de démontage

Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.

Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.

Ma recherche actuelle

Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.

Quelques chiffres

Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.

Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.

Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.

toison brute solognote
Voici un morceau de toison brute de brebis de race solognote que je vais filer.

Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.

brebis solognote à filer
Elles sont mignonnes ces brebis. Cela donne vraiment envie de filer leur laine.

Nettoyage et cardage manuel

Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.

Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.

toison brute
Pour carder et filer cette laine, je commence par éliminer les laines trop courtes, les pointes collées et brûlées par le soleil, et bien sûr les brains d’herbes et autres saletés.

J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.

cardage 1
Je tire sur la laine et obtient un gros ruban irrégulier, que j’affinerai à plusieurs reprise pour pouvoir le filer. À chaque fois, des saletés tombent, le ruban s’affine, plus le ruban est propre et fin, plus cela sera facile à filer.

Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.

Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn

La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.

déchets laine
Boules cardées et leurs déchets. Ces déchets peuvent être utilisés comme paillage au pied des plantes, cela les protège de la sécheresse.

Affinage des mèches de carde pour filer

Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.

Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.

Temps pour cette opération: 1h 30 mn

cardée prête à filer
Voici nos boules prêtes à filer. On peut voir les derniers déchets.

Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.

prêtes à filer
Boules prêtes à filer

Encore des déchets…

Temps pour cette opération: 1h

filer sans déchets
Éliminer les déchets est indispensable pour filer correctement, car ils seraient plus difficiles à éliminer après filage.

Filature au rouet

Enfin, on peut commencer à filer.

filer au rouet
Enfin, j’ai commencé à filer

Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.

filer bobine
Après filer, il faut libérer la bobine en faisant une pelote. Pour cela, il faut libérer la courroie qui freinerait la rotation de la bobine.

Encore des déchets, mais déjà moins.

Temps pour la filature: 6h 30 mn

filer bobines
Filer ne suffit pas, il faut maintenant retordre.

Doublage du fil

Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.

Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.

Temps pour retordre: 2h

Reorsion de la laine
Retorsion de la laine.

Mise en écheveaux

Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une “aspa”.

Temps de mise en écheveaux: 30 mn

Poids des écheveaux avant lavage: 340 g

Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.

Lavage

Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.

Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.

Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.

Trempage
On fait d’abord tremper à l’eau si possible froide.

Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.

On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.

lavage de la laine
Aline a choisi un récipient transparent pour mettre en évidence l’effet du lavage.

Plusieurs rinçages.

Rinçage
Le rinçage doit être soigné,

L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.

Lavage au lavoir

La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.

Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.

La solution était le lavoir.

Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.

Filet pour la laine
Ce filet servira pour laver et rincer la laine au lavoir.

Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.

Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.

algues
Quelle déception! Ces algues pourraient détruire tout notre travail.

Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.

Lavoir
Au lavoir, la laine s’est rincée tranquillement.

Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Séchage

Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.

séchage de la laine
Le vent a séché nos laines dans ce joli jardin. Certaines laines ont expérimenté les effets de la pleine lune.

Pesée après lavage et séchage: 225 g

Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %

Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g

Nombre de mètres de laine: 193 m

Temps total: 14 heures

Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.

Mise en pelotes

Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.

Produit fini
Et voilà, c’est fini.

Autres laines travaillées

À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.

Bleues du Maine

Bleues du Maine
Voici les Bleues du Maine dont j’ai filé la laine.

Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.

La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le “beri” à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.

suint et lanoline
Dans cette photo, prise avec loupe, on voit les petites pelotes de lanolines solidifiées. On pourra tout de même filer.

Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?

bleues du maine laine
Voici le résultat final du sac de laine de Bleues du Maine.

Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.

Thones et Marthod

tonnet morteau
Sur cette photo, nous voyons bien les grandes mèches de laine assez peu frisées.

Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.

C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.

J'ai dû filer cette laine au fuseau
J’ai dû filer cette laine au fuseau

Petite remarque

Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être “gratuite“.

Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.

Conclusion

Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.

Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.

D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.

Voulez-vous filer vos moutons?

Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.

Je dispose maintenant de mon propre rouet électrique transportable qui me permet de filer fin
Je dispose maintenant de mon propre rouet électrique transportable qui me permet de filer fin, ici je file de la laine teinte naturellement

Pourquoi pas un atelier?

Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.

Post-Scriptum

Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer à et partager des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.

Pour finir j’ai trouv´´e un poème

La Fileuse

Assise, la fileuse au bleu de la croisée

Où le jardin mélodieux se dodeline ;

Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.

Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline

Chevelure, à ses doigts si faibles évasives,

Elle songe, et sa tête petite s’incline.

Un arbuste et l’air pur font une source vive

Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose

De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.

Une tige, où le vent vagabond se repose,

Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,

Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée ;

Mystérieusement l’ombre frêle se tresse

Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

Le songe se dévide avec une paresse

Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,

La chevelure ondule au gré de la caresse…

Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,

Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :

Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

Ta soeur, la grande rose où sourit une sainte,

Parfume ton front vague au vent de son haleine

Innocente, et tu crois languir… Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

Paul Valery

Filets pour la pêche? ou pour s’habiller?

Ancienneté des filets

Des filets, les hommes en ont tissés dès la plus haute antiquité. Au Pérou et au nord du Chili (surtout dans la zone désertique), la sécheresse du climat a permis la conservation de textiles anciens de nombreuses civilisations.

Filets de pêche, Musée d'Anthropologie d'Iquique
Filets de pêche, Musée d’Anthropologie d’Iquique

Hélas, beaucoup de ces premiers filets et autres textiles anciens se sont souvent désintégrés, vu que les matières organiques resistent mal au temps.

Des fibres végétales sont habituellement utilisées pour les filets de pêche. Notamment, le coton développé par les civilisations précolombines, mais aussi d’autres végétaux moins connus, ont été préférés, car ils ne s’étirent pas autant que la laine, ne supporte pas bien les produits acides qui les détériorent rapidement.

Les premiers filets de pêche du Pérou étaient généralement de couleur brun chocolat à beige, car les anciens plants de coton étaient de couleur, ils ont été blanchis par la suite par croisement.

Coton, fuseaux, toiles, Musée de Madgalena de Cao
Coton, fuseaux, toiles, Musée de Madgalena de Cao
Filets présentés au Mus´ée du Site El Brujo, Magdalena de Cao, Pérou
Filets présentés au Mus´ée du Site El Brujo, Magdalena de Cao, Pérou

A Monteverde, près de Puerto Montt au Chili, dans un climat très humide, on a retrouvé des restes organiques extraordinaires datant de plus de 15.000 ans, il y avait notamment des restes de cordelettes.

Apparemment, la bonne conservation de ce site est dû à une inondation subite qui l’a recouvert sous une couche importante d’argile qui l’a isolé de l’atmosphère.

Filets pour la pêche

On tisse des filets pour la pêche, aussi pour faire des sacs, des pochettes, pour le transport.

Panier - filet de pêche tissé, Musée d'Iquique, Nord du Chili
Panier de pêche tissé, Musée d’Iquique, Nord du Chili

Filets vestimentaires

Mais, il semble que la technique a dépassé la réponse à des problèmes utilitaires liés à la pêche et au transport, en passant au vêtement…

Il semblerait que certaines “vénus” du paléolithique porterait des filets sur la tête.

 La Dame de Brassempouy Source: Wikipedia. Il semblerait qu'elle porte un filet
La Dame de Brassempouy
Source: Wikipedia. Il semblerait qu’elle porte un filet

Je rêvais de pouvoir tisser des filets

Depuis longtemps, j’avais des schémas pour tisser des filets (notamment dessins de Raoul d’Harcourt). Cependant, la distance est longue entre un schéma et une pratique.

Heureusement, on tisse encore des filets aujourd’hui, bien que cette pratique a tendance à se perdre.

Déjà, à Iquique, j’avais pris contact avec des femmes qui tissaient des filets et les reprisaient. Hélas, il n’y a pas eu de suite.

C’était une zone de pêche très importante. On m’a raconté qu’avant toute la ville sentait très fort le poisson. Ce n’est plus le cas. Cette ville vit maintenant du tourisme commercial dû à la Zone Franche.

Port d'Iquique, vu depuis les promenades en bateau, qui partent du Muelle Prat
Port d’Iquique, vu depuis les promenades en bateau, qui partent du Muelle Prat

Recherche de techniques anciennes

Je suis toujours à la recherche des solutions de la préhistoire à des problèmes de leur époque. Ces expériences très variées sont souvent très créatives et ont des qualités esthétiques certaines.

Les filets

Les filets, je viens de vous en parler et je vous en parlerai de nouveau, bien sûr.

Filet rebrodé en coton du début du XXème siècle, vu chez Joëlle de l'Atelier de Joëlle, à Loches, Indre et Loire, France
Filet rebrodé en coton du début du XXème siècle, vu chez Joëlle de l’Atelier de Joëlle, à Loches, Indre et Loire, France

Les gazes

Si on tisse encore des filets aujourd’hui, pour des raisons utilitaires, les gazes anciennes n’ont plus d’intérêt qu’esthétique ou pour la restauration de textiles anciens.

Quel dommage, c’est si beau! La culture Chancay, près de Lima, Pérou produisait de vrais merveilles, dont on peut voir de nombreux exemples au Musée Amano et dans les principaux musées de Lima.

Gaze Chancay, Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou
Gaze Chancay, Musée Amano, Miraflores, Lima, Pérou

Cette technique avait une expansion très importante, car j’ai pu voir une de ces gazes au petit, mais très intéressant, musée de Villazón (Ville bolivienne, à la frontière avec l’Argentine). Cette pièce provenait de la tombe d’une jeune princesse. Malheureusement, je n’ai pas pu la photographier.

Détail de gaze Chancay du Musée Amano
Détail de gaze Chancay du Musée Amano

Malheureusement, il semble qu’il ne reste que quelques restaurateurs textiles et spécialistes qui savent encore tisser ces toiles très gourmandes en temps.

Schéma de tissage de filet - gaze
Schéma de tissage de filet – gaze (splicing)

J’ai fait quelques essais, quand j’étais au Brésil, récemment, j’ai mis 3 jours pour tisser un carré de 20 cm, qui s’est encore réduit quand je l’ai retiré du métier.

Essai de reconstitution de filet - gaze en laine fine, filée main par une femme d'Incahuasi (Pérou)
Essai de reconstitution de filet – gaze en laine fine, filée main par une femme d’Incahuasi (Pérou)

Les techniques de noeuds

Bien sûr, on pratique encore beaucoup le macramé décoratif, utilitaire. J’ai des amis à Iquique qui fabriquent de très beaux colliers.

Cependant, il existe d’autres techniques anciennes de noeuds. Notamment, celle des fameux bonnets à quatre pointes.

Bonnet en coton
Bonnet en coton “anillado” et tresses de cheveux humains, Côte Sud du Pérou (1100-1450 Après JC) Museo del Oro, Lima, Pérou

Sur le site du Museo Chileno de Arte Precolombino, il y avait une video qui montrait toute la tchnique pour réaliser un de ces bonnets.

Il y a deux ans, j’ai suivi une formation à cette technique de bouclettes qui ressemble un peu la frivolité. Je vais prochainement publier un article à ce sujet sur mon autre site www.lanitando.com

Tissages à l’aiguille

Il s’agit d’une technique “primitive” que l’on retrouve partout dans le monde, je l’ai vu travaillée par des indigènes Wichi (Argentine) lors du Tinkuy 2014, à Cusco, Pérou.

J’ai appris les bases de cette technique auprès d’indigènes Péruvien d’Iquitos, lors d’une exposition à laquelle ils participaient.

Filets tissés à l'aiguille, fibre proche du sisal, filée au fur et à mesure du tissage, ce qui évite les noeuds
Filets tissés à l’aiguille, fibre proche du sisal, filée au fur et à mesure du tissage, ce qui évite les noeuds

Sprang

Il s’agit d’une autre technique “primitive” internationale, on la retrouve au Pérou, mais aussi chez les Vikings.

J’ai eu une petite formation à cette technique lors des Braids 2022, à Svendborg, Danemark. Cela donne des filets très élastiques.

Bandes tissées en sprang par la professeur
Bandes tissées en sprang par la professeur

Apprendre à tisser les filets au Brésil

Donc, j’ai fini par apprendre la base du tissage de filets. Mon ami a fait venir ses amis pêcheurs qui nous ont enseigné cette technique.

Un pêcheur montre comment réparer des filets de pêche, chez Rodrigo, Brésil
Un pêcheur montre comment réparer des filets de pêche, chez Rodrigo, Brésil

Premiers essais

Mes premiers essais étaient en coton, pour utiliser des fibres peu coûteuses, pour faire de petits morceaux. Le coton est plus visible que le nylon qui est transparent.

Premier essai de filets en coton
Premier essai de filet en coton

Quand je me suis sentie assez à l’aise, j’ai fait un test en grandeur nature avec un fil d’alpaga que j’avais filé à la main.

Je vais bientôt retourner au Brésil.

Les différentes fibres à tester

Depuis mon séjour au Brésil, j’ai fait des tests grandeur nature avec la soie de mon ami Hilaire, de Madagascar.

Début de filet en soie
Début de filet en soie

J’ai aussi essayé avec de laine d’alpaga filée industriellement et filée main.

Début de filet en alpaga filé industriellement
Début de filet en alpaga filé industriellement

Il y a aussi un essai avec deux fils, un alpaga filé industriel et un fil de soie de Madagascar.

Début de filet soie et alpaga
Début de filet soie et alpaga

Et bien sûr, il ne faut pas oublier le coton qui donne de bonnes possibilités et qui s’adapte bien à cette technique.

Navette néolithique

Navettes à filets trouvées dans le lac de Neuchatel
Navettes à filets trouvées dans le lac de Neuchatel, au Latenium, Suisse
et les instructions, Musée Latenium, Neuchatel, Suisse
et les instructions, Musée Latenium, Neuchatel, Suisse

Combinaisons de filets et autres techniques

Je pense combiner des morceaux de filets avec du tissage classique… Ce seront certainement mes prochains travaux…

J’ai déjà fait un petit test pour une petite pochette pour clé USB, pour mon dossier de demande de VAE.

Petite pochette en laine filée main, métier à clou et application de lanière en filets
Petite pochette en laine filée main, métier à clou et application de lanière en filet

Mes premières productions

Une des premières choses que j’ai faites en revenant du Brésil, fut de tisser un petit filet à commissions, et de montrer comment en faire à Valentina, la femme de mon ami Angel.

Filets à commissions
Filet à commissions

Voici d’autres pièces terminées…

Petit filet carré en soie de Madagascar, finitions au crochet
Petit filet carré en soie de Madagascar, finitions au crochet
Un de mes filets en alpaga, filé industriel, de Bolivie, avec augmentations, finitions au crochet
Un de mes filets en alpaga, filé industriel, de Bolivie, avec augmentations, finitions au crochet
Autre filet en alpaga, filé main et filé industriel, couleurs naturelles, sans teinture
Autre filet en alpaga, filé main et filé industriel, couleurs naturelles, sans teinture

Filets plus récents

Un filet pour le toit d'une yourte
Un filet pour le toit d’une yourte
Je fais une borduure en filets pour ce poncho tricoté au crochet
Je fais une borduure en filet pour ce poncho tricoté au crochet

La navette pour cette bordure en filets est un peu différente
La navette pour cette bordure en filets est un peu différente, elle permet d’enrouler plus de fil et surtout de faire des mailles plus petites, c’est beaucoup plus long, mais j’ai l’habitude des travaux longs

Début de ceinture en filets
Début de ceinture en filet

Poncho avec bordures en filets terminé
Poncho avec bordures en filets terminé

J’aurai certainement bientôt de nouveaux filets à vous présenter.

Vous souhaitez en savoir plus sur mes travaux? Alors, je vous invite à visiter mes présentations…

¿Vous avez besoin d’un cours ou d’un échange?

Si vous avez des questions mon whatsapp est à votre disposition.

Connaître 5 choses

/// Connaître 5 choses ///
J’ai mis à jour cet article le 29 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

5 choses à savoir pour teindre naturellement

Il y a beaucoup à connaître pour bien teindre avec les plantes, mais n’ayez pas peur, il y a seulement quelques règles à suivre. Ensuite, il faut tester, essayer, réfléchir sur les résultats.

Les anciens teinturiers élaboraient des nuanciers très précis, comme celui que commente Dominique Cardon dans son livre.

Livre de Dominique Cardon commentant un cahier d'échantillons d'un teinturier peu avant la Révolution Française
Livre de Dominique Cardon commentant un cahier d’échantillons d’un teinturier peu avant la Révolution Française

Au Moyen âge, en Europe, comme l’explique Michel Pastoureau, les teinturiers étaient très spécialisés en une ou au grand maximum deux couleurs.

1. Connaître les fibres

Premièrement, il faut se donner la peine de connaître les fibres, sous peine de gaspiller de l’énergie et de la matière tinctoriale inutilement. C’est anti-économique et anti-écologique. Encore une histoire de chimie…

En effet, toutes les fibres n’ont pas la même affinité pour les teintures et cela un problème ancien, les Européens ont longtemps espionné en Orient pour obtenir le rouge d’Andrinople sur coton…

Et maintenant, avec toutes les fibres et artificielles et synthétiques, le problème s’est complexifié, il est parfois difficile de savoir la composition d’une fibre et si celle-ci va pouvoir se teindre. Il ne reste plus qu’à faire des tests.

Le lavage

Il faut aussi se donner la peine de bien laver les fibres pour bien les dégraisser. En effet, pour la filature industrielle, on pratique ce qui s’appelle l’ensimage. Cette opération consiste à pulvériser des huiles sur les fibres, sinon elles s’accrocheraient dans les machines et les bloqueraient.

Ce traitement s’applique à tous les types de fibres.

Il faut donc éliminer ces huiles d’ensimage (pour certains laines bas de gamme, il s’agit de parafine, ce qui pas très sain), sinon on teindrait les huiles et la teinture s’en irait au lavage. C’est aussi ce qui arrive à ceux qui dégraissent mal leurs laine de mouton avant de teindre.

Cependant, pour la filature artisanale, il est beaucoup plus agréable de filer la laine sale (avec sa précieuse lanoline) et de la dégraisser une fois filée.

Que  faire?

Il faut faire bouillir les fibres, sans choc thermique, avec du savon neutre. Ne pas oublier de laisser refroidir avant rinçage. Puis, on peut mordancer et teindre.

Les différentes fibres ont leur texture particulière qui peut s’apprécier au microscope et explique les raisons pour lesquelles elles sont ou moins faciles à teindre. Ces structures microscopiques interviennent lors de la teinture en complément de la composition chimique de la fibre.

Tests de reconnaissance

Il existe de nombreux tests pour reconnaître les fibres, peut-être dans un prochain article sur ce site, ou sur le nouveau en espagnol, je publirais un article résumant les différents livres qui traitent du sujet.

Lors du premier atelier à Santa Fe, Argentine, une des stagiaires qui était pharmacienne, nous a fait un petit résumé. Nous avions testé les toiles supposées être en coton, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Nous avons brûlé des échantillons pour constater leur odeur typique de papier brûlé et nous avons fait aussi un test de teinture au thé (une des teintures les plus solides).

Tests des toiles brûlées
Tests des toiles brûlées
Test de la teinture au thé
Test de la teinture au thé

Heureusement, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises.

Fibres animales ou protéiques

C’est le meilleur des cas, il s’agit de la laine de mouton, des poils d’animaux divers (alpagas et autres camélidés, lapins et chèvres, angora, poils de chiens, cheveux humains… et bien sûr la soie).

Même dans cette catégorie, la teinture n’affectera pas de la même manière, même entre les différents poils… Certains sont plus lisses et ont plus de mal à se teindre ou plutôt nécessitent une plus grande quantité de matière tinctoriale.

La soie doit être traitée avec plus d’attention, car elle est plus fragile.

En général, les fibres animales supportent assez bien les acides dilués, mais plutôt mal les produits alcalins ou basiques.

Fibres végétales ou cellulosiques

Ici on retrouve: le lin, le coton, la ramie, le raphia, le sisal, le jute, le chanvre, fibres de bambou, de bananier, de bouleau, d’ortie, de liber de tilleul… nombreuses fibres végétales ont été oubliées et demandent à être redécouvertes… Pour certains textiles archéologiques, il n’a pas encore été possible de déterminer à quelle plante appartiennent les fibres.

Différentes fibres, de haut en bas, soie sauvage, soie domestique non décreusée, soie décreusées (fibres animales), puis sisal, fibre de bananier et raphia de Madagascar
Différentes fibres, de haut en bas, soie sauvage, soie domestique non décreusée, soie décreusées (fibres animales), puis sisal, fibre de bananier et raphia de Madagascar

Si l’on désire que la teinture se maintienne, surtout dans le cas des vêtements qui doivent pouvoir être lavés… sauf cas de teinture avec des plantes à tanins, il faudra mordancer d’une manière spéciale.

Contrairement aux fibres animales, les fibres végétales supporte bien les produits alcalins ou basiques et plutôt mal les acides.

Fibres artificielles, bien les connaître

En général, elles sont à base de cellulose végétale fondue et refilée, comme c’est le cas de la viscose (qui se teint très bien), mais les procédés d’obtention sont généralement très polluants (à base de solvants organiques volatiles tels que l’acétone) et en outre sont souvent très inflammables…

Mais il en existe aussi à base de protéines comme le lanital à base de lait, des fibres de soya… Il me semble cependant insensé d’élever des vaches pour ne récupérer que la caséine de leur lait pour faire des fibres, alors qu’on a que l’embarras du choix avec les plantes… et par ailleurs des gens meurent de faim!

Je n’ai donc pas testé ces fibres et je ne pense pas le faire.

Fibres synthétiques, à connaître aussi

Elles sont très nombreuses et changent de noms selon les pays, il en apparaît toujours de nouvelles et sont souvent mélangées entre elles ou avec des laines, du coton ou d’autres fibres…

Il faut donc tester, il me semble que les fibres naturelles sont toujours supérieures.

Fibres minérales

Il s’agit de:

  • fibres métalliques (or, argent, cuivre…)
  • amiante (interdit car cancérigène)
  • fibres de verre

Elles ne peuvent pas être teintes naturellement.

Autres matières

Plumes

Les plumes se teignent bien car elles sont d’origine protéique.

Il est à noter que selon une découverte récente, la couleur des plumes n’est pas due à des pigments ou colorants (sauf quelques cas de jaunes), mais à des trous microscopiques qui absorbent ou reflètent la lumière de manière différente selon leur forme…

Papier

Le papier se teint très bien, surtout s’il n’est pas blanchi au chlore. Comme il ne doit pas être lavé, cela donne plus de liberté.

Nous avons fait des tests lors des cours à la Redonda, Santa Fe (Argentine).

Echantillon de papier teint avec les fleurs de jacaranda, lors de l'atelier à Santa Fe, Argentine
Echantillon de papier teint avec les fleurs de jacaranda, lors de l’atelier à Santa Fe, Argentine

 J’ai aussi suivi un cours passionnant qu’avait donné une artiste du papier naturel (Aydée …) à Lauris, chez Couleur Garance. Elle avait teint des fibres de papier végétal avec de la garance, c’était très beau.

Papier végétal artisanal avec fibre teintes avec racines de garance moulues
Papier végétal artisanal avec fibre teintes avec racines de garance moulues

Le papier peut aussi être travaillé en ecoprint, c’est vraiment très beau.

Bois

Le bois peut être teint, mais vu que c’est un matériaux très absorbant, il vaut mieux faire des laques à base de pigments végétaux, ainsi que l’explique Michel Garcia.

Le rotin, ainsi que de nombreuses fibres utilisées en vannerie est souvent teint.

Pierres, coquilles, céramique, plâtre

Cela peut être possible dans certains cas, nous avons fait des essais à La Redonda à Santa Fe, Argentine, mais ce sont aussi des matériaux très absorbants.

Coquillages teints avec les peaux d'oignons lors de l'atelier à la Esquina Encendida, Santa fe, Argentina
Coquillages teints avec les peaux d’oignons lors de l’atelier à la Esquina Encendida, Santa fe, Argentina
Coquillages teints avec diffèrentes plantes et de la cochenille pour le mauve, parfois avec des échantillons de laines qui les ont accompagnés lors de la teinture
Coquillages teints avec différentes plantes et de la cochenille pour le mauve, parfois avec des échantillons de laines qui les ont accompagnés lors de la teinture
Perles en céramique sortant de leur bain de teinture, à La Redonda, Santa Fe
Perles en céramique sortant de leur bain de teinture, à La Redonda, Santa Fe

J’ai essayé de teindre des perles de rivière avec la cochenille, elles ont pris un ton rosé très pâle et ont perdu un peu de leur éclat.

J’aimerai bien pouvoir teindre de la cire, pour faire des crayons de cire et des bougies.

Récemment des étudiants de Santiago m’ont contactée pour teindre des préparations de laboratoire en biologie, pour les observer au microscope.

2. Connaître les plantes

C’est indispensable, car il faut s’attendre à des résultats similaires avec des plantes de la même famille. Mais, on peut parfois avoir des surprises, de plus, il vaut mieux éviter les plantes toxiques.

Palqui ou parqui, à Concón, plante toxique à connaître
Palqui ou parqui, à Concón, plante toxique à connaître

Il convient de savoir quelles parties utiliser dans la plante, les colorants se concentrent parfois dans certaines parties. Souvent la couleur est bien cachée.

Exemple

Palo Brasil, lors de mon voyage au Brésil, Rodrigo cultivait des arbustes de cette essence très connue pour sa teinture rouge qui a donné le nom au pays.

Sachant que cet arbre est rare, je n’ai utilisé que quelques feuilles et brindilles en ecoprint.

Malheureusement, il n’a été d’aucun effet. La partie de l’arbre utilisée habituellement est le bois de coeur.

Connaître Palo Brasil
Connaître Palo Brasil

Connaître les plantes à tanins

J’ai déjà rédigé deux articles sur le thèmes des plantes à tanins et sur les couleurs qu’ils nous permettent d’obtenir.

Grenadier en fleur, avec quelques fruits en formation, bonne plante à tanins, à mieux connaître
Grenadier en fleur, avec quelques fruits en formation, bonne plante à tanins, à mieux connaître

Connaître les plantes à flavonoïdes

Elles sont très nombreuses. Je parle aussi longuement des plantes à flavonoïdes et des autres plantes à jaunes dans un article, je me permets donc de vous y renvoyer pour ne pas me répéter inutilement.

Les feuilles de ronces avec les jeunes rameaux, excellente solution de taille, teignent d'un joli jaune, en dégageant une agréable odeur de confiture, présence de tanins, les épines piquent encore après cuisson
Les feuilles de ronces avec les jeunes rameaux, excellente solution de taille, teignent d’un joli jaune, en dégageant une agréable odeur de confiture, présence de tanins, les épines piquent encore après cuisson

Connaître les plantes à anthocyanes

Il s’agit de la plupart des baies et fruits rouge à noir, les plantes pourpres, la plupart des fleurs, ce ne sont généralement pas des colorants très stable ni chimiquement, ni à la lumière…

Ecoprint trés fleuri, connaître les plantes et les fibres
Ecoprint trés fleuri, connaître les plantes et les fibres

Connaître les plantes à anthraquinones

Elles donnent de jolis tons roux, rouge… beaucoup appartiennent à la famille des rubiacées, comme la garance, principal représentant en Europe, mais il existe des équivalents partout dans le monde.

Connaitre les plantes, test d'Ikat, garance
Connaitre les plantes, test d’Ikat, rouge de garance

Connaître les plantes à indigo

Les plantes à indigo nous donnent le bleu, couleur rare dans la nature. En combinaison avec une teinture avant ou après en jaune, on peut obtenir de jolis verts, ce qui est généralement difficile à obtenir avec une seule plante.

En combinaison avec les roses et rouges, on obtient des violets et pourpres, ces combinaisons étaient déjà utilisées dans l’antiquité pour imiter la pourpre des coquillages.

Dans toutes les régions du monde, il y a des plantes à indigo, on peut citer les différents indigotiers, le pastel, la renouée des teinturiers, le strobilanthes, les différents indigofera… Certaines autres ont été complètement oubliées ou n’ont pas été exploitées.

Connaître les champignons et les lichens

Un certain nombre  de champignons, généralement toxiques teignent et permettent d’obtenir tout l’arc-en-ciel. Malheureusement, j’ai bien lu plusieurs livres à ce sujet en plus des chapitres concernant les champignons dans les livres de Dominique Cardon et de Marie Marquet. Mais je n’ai guère eu l’occasion d’essayer, à part quelques lichens, appelés au Chili “barba de palo” qui donne des jaunes-roux intéressants… Les lichens poussent très lentement, il convient donc de ne pas abuser de leur cueillette.

Connaître les teintures animales

Cochenilles, kermès, lack et pourpre de murex ou autres coquillages sont depuis longtemps uilisés pour des teintures de grand luxe.

De tout cela, il ne reste à grande échelle, que la cochenille provenant du Mexique ou du Pérou et plus généralement d’Amérique Latine, parfois élevée ailleurs (îles Canaries, par exemple).

Le lack en Inde, set toujours produit, mais pour la résine et non plus pour le colorant, comme l’explique Dominique Cardon.

Connaître ecoprint dye lacq et garance
Connaître ecoprint dye lacq et garance

Quant à la pourpre de coquillages, elle est presque anecdotique malgré des recherches très intéressantes menées à Carthage (Tunisie)… Au Chili, les “locos” et “locates” très appréciés pour leur chaire, possèdent aussi une glande à pouvoir tinctoriale, mais elle est généralement rejetée à la mer lors du nettoyage des fruits de mer… Quel gâchis…

Connaître des coquillage à teinture
Connaître des coquillage à teinture

Connaître les mensonges

Tout ce qui tache ne teint pas!

La betterave rouge ne teint pas en rose, quelque que soit le mordant choisi. Lors des formations, je l’enseigne comme contre exemple.

3. Connaître les mordants

Connaître les mordants chimiques

Je parle longuement des mordants dans des premiers articles que j’ai écrits.

En principe, je travaille avec de la pierre d’alun (sulfate double d’aluminium et de potassium) ou du sulfate d’aluminium simple, de la soupe de clous (acétate de fer), du sulfate de fer, et assez rarement avec du sulfate de cuivre.

Connaître les mordants toxiques

Dans le passé, les industries textiles et papetières (de même que les tanneries) n’hésitaient pas à utiliser le plomb, l’arsenic et bien d’autres produits dangereux pour la santé, comme le cuivre, le chrome et l’étain…

J’étais assez surprise, il y quelques temps, de voir sur facebook, une femme aux Etats-Unis, faire des essais de teintures naturelles avec des eaux d’une source très chargée en lithium…

Il me semble que les mordants, vu qu’ils aident à fixer la teinture sur leur support doivent se maintenir présents sur celui-ci. Ce qui n’est pas le cas des catalyseurs qui facilitent une réaction, mais ne doivent pas rester dans le produit final. Donc, si on utilise un produit dangereux son contact lors de l’utilisation des vêtements peut causer divers problèmes de santé.

C’est ainsi que de nombreuses personnes ont été empoisonnées au XIXème siècle (entre autres, paraît-il même Napoléon Ier) par des papiers peints (verts) à l’arsenic qui avec le temps dégageaient des gaz nocifs (voir Michel Pastoureau).

Le chrome aussi utilisé en tannerie, qui intervient dans de nombreuses teintures kaki chimiques, serait mis en cause dans de nombreux cas d’allergies et de cancers de la peau, concernant en particulier les militaires…

Livre sur le vert de Michel Pastoureau, quelle patience pour nous donner à connaître autant informations!
Livre sur le vert de Michel Pastoureau, quelle patience pour nous donner à connaître autant informations!

Connaître les mordants naturels

Il y a beaucoup à faire pour redécouvrir les mordants naturels, les associations de plantes… Pour cela, il faut étudier de très près les techniques des teinturiers traditionnels, écouter avec patience, faire des essais, car ils connaissent mieux que nous les plantes bioaccumulatrices. Celles-ci accumulent dans leurs tissus certains métaux: aluminium, fer, cuivre… et savent les utiliser à bon escient.

L’idée de mordancer avec des plantes, est à la fois économique et plus sain. Ces pratiques ancestrales sont entrain de se perdre. Il conviendrait donc de les étudier en détails avant qu’elles ne disparaissent définitivement.

Les anciens teinturiers européens qui ont laissé des informations écrites n’utilisaient que les mordants chimiques. Il faut donc revisiter les traditions orales. Elles sont d’une valeur inestimable.

4. Connaître la patience

Teindre avec la nature suppose d’aller à son rythme, de bien la connaître. Il faut donc être patient et rentrer dans un monde “slow” qui prend son temps pour bien faire les choses comme il faut…

Parfois, il faut semer des plantes tinctoriales pour pouvoir teindre avec. Et dans certains cas, il faut attendre jusqu’à 5 ans pour qu’elle donne une bonne qualité de teinture, comme dans le cas de la garance…

Si on veut travailler par fermentation, la teinture elle-même peut prendre facilement un mois…

Il faut aussi prendre le temps de faire des recherches, d’étudier des recettes, de faire des tests, de laisser tremper et refroidir… L’urgence est mauvaise conseillère. Il faut laisser le temps à la nature pour qu’elle libère ses couleurs.

Connaître son eau

L’eau que l’on utilise pour teindre a aussi son importance. Son acidité ou sa dureté, ainsi que la présence de différents minéraux et métaux influencent les teintures.

À Mamiña, petit village d’eaux thermales au Nord du Chili, à 120 km à l’Est d’Iquique, il y avait différentes sources. Elles donnaient des résultats qui variaient considérablement.

Connaître son eau
Connaître son eau, source dite “des yeux”, à Mamiña, elle aurait redonné la vue à une princesse Inca

5. Connaître ses désirs

Il faut aussi savoir ce que l’on veut, certaines couleurs très chatoyantes (parfois très luxueuses, comme le safran ou le carthame) peuvent être très fugitives. Ne parlons pas de la fameuse betterave rouge qui n’est qu’un leurre.

Certaines teintures très économiques peuvent être très intéressantes. Par exemple, les épluchures d’oignons peuvent donner des résultats surprenants.

Connaître les oignons
Connaître les oignons, teinture aux épuchures, à Santa Fe, La Esquina Encendida, Argentine

Des règlements sont apparus très tôt dans l’histoire de la teinture concernant les grands et petits teints.

D’autre part, si on veut obtenir une couleur très précise, il faut s’attendre à devoir faire de nombreux essais. Parfois, on complète les bains. On ne doit pas hésiter à les répéter, prendre note de toutes les étapes, garder tous les échantillons en mentionnant comment ils ont été obtenus. Puis, on doit répéter des tests avec différents mordants à différentes dilutions… Cela a un coût en temps et en connaissance. Est-on disposé à le payer?

Les deux derniers livres de Dominique Cardon sur des nuanciers d’avant la Révolution Française peuvent être très utiles.

En ce qui concerne les gammes de dégradés, avec et sans mordants, les DVD de Michel Garcia, peuvent être d’une aide très précieuse. Je les visionne très régulièrement, et j’y découvre à chaque fois de nouvelles astuces.

Conclusion

Outre ces connaissances basiques, il est bon d’avoir de bonnes bases de chimie, les anciens teinturiers étaient souvent assimilés à des alchimistes (ancêtres des chimistes modernes)…

Une bonne formation en chimie aide à prévoir les résultats, à comprendre les bains ratés. La chimie me passionne bien que je ne sois qu’autodidacte en ce domaine, mais elle explique beaucoup de chose.

Cependant, les teinturiers traditionnels qui ne connaissent pas la chimie, ont une très bonne connaissance pratique des plantes, des fibres et autres mordants qu’ils utilisent. Souvent, ils ne travaillent qu’une gamme restreinte de couleurs. Ils ont un sens de l’observation et de l’expérimentation très développé. En outre, ils ont aussi l’habitude de travailler avec ce qu’ils ont à leur disposition.

Il est remaquable que des civilisations très anciennes aient su teindre avec l’indigo qui nécessite des réactions redox, dont les mécanismes ne sont connus que depuis peu.

J’essaie de réunir les deux types de connaissances. C’est l’une des raisons de vouloir organiser mon tour du monde textile et teinturier. Il s’agit de multiplier les échanges et découvertes partagées comme je l’ai fait lors de mes récents voyages au Pérou et au Brésil.

 

Métier María

/// Métier María /// en cours de rédaction

Article créé le 5 janvier 2018, mis à jour le 29 octobre 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2024
Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025
Je pense revenir en Europe en mars 2025

Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences et de nouveau voyages: www.lanitando.com
Comme Tinctoriales.com, ce site peut aussi se traduire automatiquement.

Choisir un bon métier à tisser peut être difficile, les options sont multiples. Je vous présente ici un métier qui offre de grandes possibilités, sans grand investissement. Il permet de tisser des toiles de plus d’une dizaine de mètres avec peu d’encombrement.

Métier María, le connaissez-vous ?

Au Chili, il est connu comme métier María. C’est un métier à peigne rigide. En Argentine, il est aussi connu comme “sureño” (du sud)…

C’est un métier à ensouple et peigne rigide. Il n’a habituellement pas de pieds, ce qui permet de le poser sur une table. Il peut être démontable. On peut le ranger dans un grand sac pour le transporter, même avec une chaîne montée et un tissage en cours… C’est pratique quand on participe à des foires et des expositions.

On peut le travailler assis, l’appuyant sur une table ou debout.

A Mamiña, je m'asseyais pour tisser au métier María
A Mamiña, je m’asseyais pour tisser au métier María

Si la chaîne est bien montée, le métier María permet de tisser des toiles de facilement plus de 10 mètres. On peut la diiviser en plusieurs pièces les unes à la suite des autres. Il suffit de les couper une par une, c’est très facile. en utilisant la même chaîne. Cela réduit les pertes de temps et de fils.

Possibilités du métier María

La largeur peut aller de 40 cm à 1,20 m. La largeur de la pièce est toujours un peu inférieure bien sûr à la largeur du peigne. Rien n’oblige à monter une chaîne qui utilise toute la largeur du peigne.

On peut avoir différents peignes selon la grosseur des fils de chaîne. Il existe des métiers María avec un dispositif pour monter deux ou plusieurs peignes. Cela permet de faire varier les dessins. On peut tisser en cilindre ou double largeur, je n’ai pas encore testé cela.

Cependant, les peignes ne sont pas standard. Ils dépendent du type d’architecture du métier, notamment des supports du peigne et bien sûr de la largeur du métier. La hauteur du peigne a aussi son importance. Conclusion, un nouveau peigne doit s’acheter chez le même concepteur.

Le métier María est rapide. Mais, il ne peut pas donner le rendement d’un métier à pédales. Cependant, il est moins encombrant et beaucoup plus facile à mettre en oeuvre. Il est possible de monter une chaîne de 10-12 mètres de long et commencer à tisser le même jour.

Mon premier métier María

J’ai acheté mon premier métier María à Santa Fe, Argentine. C’était juste après avoir donné une formation en teintures naturelles en juillet 2013 à la Esquina Encendida. C’est un centre culturel très ouvert à Santa Fe. Je suis restée quelques jours chez mon amie Lucrecia avant de rentrer à Mamiña.

J’en ai profité pour acheter des livres. J’ai pu visiter des musées et des bibliothèques. J’ai vu El taller de la Guardia, un atelier de céramique très original. Dans cet atelier, on fait des copies de céramiques précolombines… des cuissons de céramiques à ciel ouvert. C’est très impressionnant…

J’avais bien vendu mes tricots. Nous sommes allées chercher un métier à tisser, c’est ainsi que je suis revenue à Mamiña avec un métier.

Montage de la chaîne à Mamiña, sur mon premier métier María
Montage de la chaîne à Mamiña, sur mon premier métier María

Je me suis dépêchée de l’essayer, car d’abord c’était pour moi une nouveauté, j’adore les nouvelles expériences. J’avais lu de nombreuses revues sur le métier María, mais il faut bien sûr passer à la pratique.

La pratique était aussi indispensable, car il était prévu que je donne un cours à Pica. Ce sera en novembre sur les teintures naturelles pendant une semaine. Il y aura aussi une semaine sur métier María et métier à clous.

Les résultats

Je me suis donc bien entraînée pour ne pas décevoir les femmes de Pica.

Partie d'un poncho, tissé au métier María
Partie d’un poncho, tissé au métier María

Comme j’avais le temps et assez de laines à Mamiña, j’ai tissé un certain nombre de pièces. Cela a été l’occasion de tester différentes techniques que j’ai pu enseigner par la suite.

Mes tissages exposés à Mamiña, près des bains thermaux Ipla
Mes tissages exposés à Mamiña, près des bains thermaux Ipla

Une amie d’Iquique, créatrice de costumes de théâtre, Jeannette Baeza, m’a acheté plusieurs grandes pièces. Elle les a transformées en vêtements, puis elle a organisé un défilé de mode… au Palais Astoreca à Iquique. Déjà, elle m’avait aussi donné la possibilité d’exposer avec elle et deux autres artisanes mes travaux quelques années auparavant.

Une de mes toiles tissée au métier María, transformée en veste
Une de mes toiles tissées au métier María, transformée en veste

On peut adapter la plupart des points du métier à clous. Mais on peut en utiliser d’autres comme les points de gases, sur de grandes longueurs si l’on veut. C’est plus compliqué avec le métier à clous où la chaîne devient vite trop tendue.

Poncho en laine d'alpaga au point de gase sur métier María
Poncho en laine d’alpaga au point de gase sur métier María

L’usage du peigne permet aussi de tisser beaucoup plus vite de grandes pièces. Par exemple, de grands ponchos, couvertures de pied de lit, châles… La variété de points est différente.

Pica

J’ai vite obtenu une grande variété de points et d’effets, les femmes de Pica n’ont pas été déçues. Elles avaient suivi de nombreux cours sans beaucoup de résultats. Il y avait beaucoup d’indigènes Aymara parmi elles et elles savaient presque toutes tisser sur leurs métiers traditionnels de ceinture.

Je parle de cette expérience dans la présentation que j’avais préparée pour l’IFND de Taiwan. Elle est disponible sur www.academia.edu et www.slideshare.net.

Mais les techniques diffèrent beaucoup. C’est la chaîne qui fait les dessins sur les métiers à tisser indigènes (à pieux, de ceinture, Mapuche…). Alors que sur le métier María comme sur tous les métiers occidentaux, c’est la trame qui fait les dessins. De plus, leurs tissages sont généralement très lisses et très serrés.

Avec le métier María, en général, les tissages sont plus souples, moins serrés (donc plus économiques en laine). On peut aussi tisser des points en reliefs, c’est ce que je leur ai enseigné en priorité. Ainsi, elles pourront proposer par la suite des travaux différents de leurs collègues et concurrentes. Elles m’ont très agréablement surprise par leur créativité.

Avec l'une des organisatrices du cours, Graciela Palape, essayant un de mes ponchos
Avec l’une des organisatrices du cours, Graciela Palape, essayant un de mes ponchos
Exposition dans la salle de cours à Pica, tissages au métier María
Exposition dans la salle de cours à Pica, tissages au métier María
Les stagiaires,le premier jour, cours théorique, avant de découvrir les métiers à tisser
Les stagiaires, le premier jour, cours théorique.

Après Mamiña, Rincón de Angel

A Mamiña, j’ai beaucoup tissé et teint aussi. Mais la route est devenue de plus en plus mauvaise et les touristes de plus en plus rares.

J’avais voyagé jusqu’à Angelmó antérieurement pour chercher de la bonne laine. Il fallait bien alimenter ce métier très gourmand. Et c’est là que j’ai rencontré Angel qui m’a proposé de venir l’aider. Je me suis souvenu de sa proposition.

À Angelmó, il y a beaucoup de matières premières, de quoi alimenter ce métier… J’y suis restée quatre mois. Puis, je suis repartie en voyage en Equateur et à Moquegua, Pérou (pour chercher de la cochenille). Puis j’ai déménagé définitivement pour Angelmó.

Un bon métier María

Là, nous avons enfin trouvé un bon fournisseur de métier María. Nous espérons pouvoir fabriquer le nôtre, en perfectionnant quelques détails. En effet, ils ne sont pas tous bons, le mien s’était usé (les freins étaient faits en carton-pâte !). Il a fallu le refaire presque entièrement (seul le peigne s’est sauvé), d’autres sont trop courts, certains sont mal terminés… Il faut tout de même que cela soit agréable à travailler.

À Angelmó, les femmes achètent ce genre de métier. Elles vont passer des heures et des heures tous les jours dessus. Elles vont tisser de grandes pièces… Il faut donc qu’il soit ergonomique, c’est important.

Enfin, un bon métier María, chez Rincón de Angel
Enfin, un bon métier María, chez Rincón de Angel

Chez Angel, j’ai donc pu développer encore plus mes techniques, monter des chaînes beaucoup plus longues… et varier les effets.

J’en ai testé un de 1,20 m de large. La largeur de la pièce obtenue est intéressante. Mais c’est plus fatigant à travailler. Le peigne est plus lourd à manier et la navette étant plus longue provoque des mouvements plus amples.

Je vous expliquerai dans un prochain article comment je travaille avec le métier María. N’hésitez pas à me poser des questions, pour que j’y réponde dans le prochain article.

Cochenille, cochenille, cochenille…

/// Cochenille, cochenille, cochenille… ///
Article du 12 août 2017, modifi´é le 27 avril 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

La cochenille est une de mes teintures naturelles préférées, la force de sa couleur peut donner l’impression qu’elle est artificielle. Cet article est un des premiers de ce blog et j’y reviens pour la seconde fois. Je viens d’avoir une conversation très intéressante avec un Tunisien qui était très préoccupé par le sort des figuiers de Barbarie de Tunisie. Cela m’a poussée à chambouler l’ordre des mises à jour de mes articles.

J’ai beaucoup d’expériences et d’informations nouvelles sur la cochenille, il était temps de les partager.

Cochenille, surprises assurées

Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Cochenille sous influence du fer
La cochenille sous influence du fer

Cochenille qui teint,
cochenille qui ne teint pas ?

Le terme cochenille désigne un certain nombre de parasites dont seule une infime minorité sert en teinture. Les petits insectes que vous pouvez trouver aux pieds de vos arbres fruitiers ne teignent généralement pas. Rien n’empêche de les tester, cependant.

Nous ne intéressons donc pas à la cochenille farineuse.

J’ai été très surprise de voir récemment sur internet des photos de coléoptères associées aux teintures-additif E120 utilisés en alimentation. Il y a certainement une erreur qui prête à confusion.

Ce ne sont pas des doriphores! Il est à noter que la cochenille n’attaque que les palettes (feuilles) et non les fruits du figuier de barbarie. Cependant, les fruits deviennent très amers.

Voici la vraie cochenille

Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou
Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou

Le colorant de base, l’acide carminique, des cochenilles sèches, entières ou moulues. Si vous voulez teindre avec de la cochenille fraîche, il faudra en utiliser plus.

Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille moulue, prête à l'emploi
Cochenille moulue, prête à l’emploi

Un peu d’histoire

Anciennement, il existait différentes espèces de cochenille servant en teinture, mais elles sont pratiquement toutes disparues ou sont en voie d’extinction :

  • Dans le sud de la France on élevait les vers de kermes, sur les chênes kermes, qui donnait un rouge très luxueux. Quand la cochenille mexicaine est arrivée en Europe, ce marché a été bousculé et a fini par disparaître. Donc, le vers de kermes n’a plus été multiplié et son support, une espèce de chêne, est aussi devenu très rare…
  • il existait aussi une cochenille polonaise et une cochenille d’Arménie, celle-ci vivait dans les racines de certaines plantes des marécages, elle sont aussi en voie de disparition, les marais étant asséchés pour l’agriculture…
  • on mentionne aussi parfois une espèce égyptienne utilisée dans l’Antiquité, mais les spécialistes en doutent encore…
  • en outre, il existe une autre sorte de parasites cultivés sur des arbres en Inde. Il donnent à la fois un colorant rouge (maintenant peu exploité, vue la concurrence des teintures chimiques) et un vernis le lacq qui est encore utilisé… je reprends de mémoire des informations beaucoup plus détaillées dans les livres de Dominique Cardon, mais que je n’ai pas sous la main.
Test d'Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune
Test d’Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune

Toutes ces teintures ont eu une très grande importance, le rouge et particulièrement ces rouges nobles étaient l’apanage des élytes, qui se protégeaient par des lois somptuaires, dès l’Antiquité.

Que reste-t-il ?

La teinture avec le tissage et les tanneries furent les premières industries à se développer et eurent une importance considérable dans l’histoire.

Il ne reste donc plus que la cochenille du nopal (nom mexicain du figuier de Barbarie, au Pérou et au Chili, on parle de Tuna) qui ait encore une certaine importance, mais plus dans le textile, essentiellement dans l’alimentation et les cosmétiques. Les colorants artificiels sont interdits dans l’alimentation en Europe. La garance n’a pas d’autorisation pour d’éventuels effets sur le coeur.

La cochenille seule, se maintient et son marché vient de subir récemment un regain d’intérêt qui a provoqué une flambée des prix.

D’où vient la cochenille ?

La cochenille (dactylo coccus) provient d’un petit insecte parasite du figuier de barbarie (opuntia) et de quelques autres cactus. On exploite la femelle quand elle est prête à pondre ses oeufs. Elle ne mesure pas plus de 3 mm. Celle-ci n’a pas d’ailes, et ne bouge pratiquement pas de l’endroit où elle est née.

Quand la larve naît elle s’accroche au nopal et commence à sucer sa sève. Quand elle est au stade adulte, c’est le mâle qui est beaucoup plus petit et qui a des ailes qui vient la féconder.

Elle vit cachée sous une couche d’une espèce de cire qu’elle produit pour se protéger. Dans la nature, c’est le vent qui les répandent en arrachant parfois des larves de leur feuille.

La cochenille d’élevage est de meilleure qualité, contient plus d’acide carminique, car leurs éleveurs les protègent au maximum et elles produisent moins de cire protectrice. Cette cire pose de petits problèmes lors de la teinture. Donc, moins il y en a, mieux c’est…

Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l'atelier d'un groupe d'artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou
Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l’atelier d’un groupe d’artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou

D’où vient la cochenille

Elle était à l’origine élevée au Mexique sur les figuiers de barbarie appelés Nopal localement. Le Nopal est une plante très importante au Mexique, non seulement pour la cochenille, mais il sert aussi d’aliment courant sous différentes formes et il est aussi médicinal. Un paysan de La Ligua (Chili) me disait que les vaches aiment bien brouter les Figuiers de Barbarie.

La cochenille est aussi médicinale dans le Nord de l’Argentine, où elle existe encore, mais est très rare. On l’utilise pour des affections respiratoires.

Les peuples originaires du Mexique ont très tôt vu des atouts dans ce petit parasite, qu’il se sont mis à élever pour la jolie teinture rouge carmin qui en est tirée.

Il y a un vocabulaire très ample en Nahuatl et dans les différentes langues indigènes d’Amérique Centrale concernant les variétés de ces insectes sauvages ou élevés, les peintures, les teintures obtenues…

Au Pérou et au Chili

Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile
Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

Par la suite les Incas et certainement d’autres peuples précolombiens avant eux, ont collecté, puis élevé la cochenille, que l’on retrouve utilisée dans de nombreux et magnifiques textiles précolombiens.

Pagne précolombien, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La qualité des couleurs des textiles des Indigènes surprirent les Espagnols quand ils arrivèrent en Amérique. Outre les richesses métalliques (or, argent, étain…), de nombreuses matières tinctoriales furent l’objet d’une exploitation à outrance provoquent des désastres économiques à leur arrivée en Europe (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). La cochenille en faisait partie, mais aussi le Campeche, le Pau Brasil, le Quebracho…

Métier à tisser qui s’attache à la ceinture, avec sa chaîne montée, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La cochenille aujourd’hui

J’aurais certainement l’occasion de vous donner plus de détails, quand je pourrais voyager au Mexique prochainement.

Lors de l’IFPECO de Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer un spécialiste de la cochenille. J’irai le visiter dès que possible.

Il y a quelques années, j’avais fait spécialement quelques jours à Moquegua, au Sud du Pérou, pour en acheter. Dans cette zone, la plupart des figuiers de Barbarie sont infestés. Cela se voit depuis le bus.

J’étais passée dans un bureau du Ministère de l’Agriculture, pour savoir où je pourrai en trouver. On m’a demandé combien de tonnes j’en voulais. On m’avait donné quelques adresses pour en acheter au détail.

La foto est un peu floue, je l'ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature
La photo est un peu floue, je l’ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature

Lors de ce voyage, en passant en bus à travers un petit village qui s’appelle La Joya (le bijou), j’ai vu des grands tas au bord de la route. Ce n’était pas des tas de sable, mais des tas de cochenille.

Pendant mon dernier voyage au Pérou, fin 2018-début 2019, j’ai voulu en racheter. J’avais  plusieurs adresses où en acheter, cette fois-ci, il n’en restait qu’une à Moquegua. À Arequipa, zone de production, je n’ai pas réussi à en acheter.

À La Joya, les tas avaient disparu.

Les prix avait beaucoup augmenté. Maintenant, ils exportent les figues de Barbarie, et pour cela, on ne peut plus laisser se développer les cochenilles, car elles rendent les fruits amers.

Belle couleur et problème écologique

En Europe, la cochenille a été introduite dans les Iles Canaries. Je viens de découvrir qu’elle était entrain de s’étendre maintenant à l’Andalousie et à grand partie du Maghreb où elle pose de sérieux problèmes. Mais, je ne sais pas s’il s’agit d’une espèce tinctoriale qui fait des ravages.

Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne
Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne

Par curiosité, j’ai gratté un peu,, pour mieux observer.

Je n'ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées
Je n’ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées

Dans ce très beau jardin botanique, il y avait toute une série de pieds de nopal de variétés différentes, seul ce pied-là était attaqué.

Je viens d’avoir la confirmation, lors de cette conversation téléphonique, du fait que ces parasites se développaient en Tunisie.

Ce ne serait pas la première fois, à Madagascar, une amie me racontait qu’en 1825 les Français, pendant la colonisation l’avait déjà introduite. Ils ont ainsi gravement accéléré ainsi la désertification, puis elle semble avoir disparue.

Je lisais aussi récemment la relation d’un problème semblable en Australie sur des surfaces encore plus importantes, où les figuiers de Barbarie s’était follement développées.

Comment utiliser la cochenille ?

Elle est généralement vendue sèche. Au Pérou, on peut la trouver fraîche. Mais, je ne l’ai pas testée ainsi.

Je les toujours achetées sèches, au Pérou, pour pouvoir leur faire passer la douane pour rentrer au Chili, et ce non sans difficultés. Bien que cela soit expressement autorisé par un texte du SAG, organisme qui prétendait se les approprier.

Au Chili, il y a eu quelques tentatives avortées d’élevage, notamment dans la région de la Serena, près d’Ovalle et près d’Iquique, dans le Grand Nord chilien, à La Huayca.

Là, on raconté l’histoire de quelqu’un qui avait planté 5000 pieds de Nopal, ou plutôt de Tuna comme on dit au Chili. Pour qu’ils prennent bien, on les avait accompagnés de crottes de chèvres et de mouton comme engrais. Peu de temps après, il avaient 5000 pieds de Tamarugo, sorte d’acacia local, dont les troupeaux avaient mangé les graines. La région s’appelle la Pampa del Tamarugal, le Tamarugo comme tous les acacias a une racine pivotante qui peut plonger sous terre à plus de 40 mètres de profondeur.

Préparation

La plupart du temps, on la broie finement pour qu’elle donne plus de couleur. J’utilise habituellement un moulin à café électrique), on peut aussi utiliser un mortier. En cas d’absence de ces outils, on peut aussi faire comme mon ami M. Hilaire sur cette photo. Cela a très bien fonctionné. C’est minimaliste et efficace.

Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar
Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar

On peut aussi l’utiliser entière, on perd peut-être un peu de colorant. Mais la laine est plus facile à laver ensuite. En effet, les particules de cochenilles broyées ont tendance à s’accrocher aux poils de la laine et il faut beaucoup de rinçage pour les éliminer.

Pour éviter la perte de colorant, je laisse maintenant ma cochenille tremper à froid avec la laine, pendant plusieurs jours, avant de chauffer le bain.

Les couleurs

La cochenille peut donner une grande variété de couleurs allant du rose au gris, en passant par le violet, le rouge et l’orange, suivant la qualité de l’eau et le (ou les) mordant(s), plus ou moins foncé selon la proportion utilisée.

T-shirt teint la cochenille lors d'un cours près de Santa Fe, Argentine
T-shirt teint la cochenille lors d’un cours près de Santa Fe, Argentine, les irrégularités étaient voulues

La teinture à la cochenille est très sensible aux différentes traces de minéraux dans l’eau et au pH (acidité ou basicité de l’eau du bain).

Donc, il faut tout d’abord faire très attention l’eau et à la casserole que l’on va employer:

  • Si la casserole est en aluminium, elle participera au mordançage (mais attention, l’acide du bain finira par l’attaquer et la percer, cela m’est arrivé plusieurs fois, même sur de grandes casseroles). Il vaut donc mieux utiliser une casserole émaillée (sans défaut, sinon le fer entre en contact avec le bain et le modifie) ou une casserole en acier inoxidable, les casseroles en grès contiennent du fer, puisque l’argile est colorée par le fer. Les casseroles en cuivre modifient aussi la couleur.
  • L’idéal serait donc d’utiliser de l’eau déminéralisée, l’eau de puits, de rivière, de pluie et du robinet contiennent souvent du fer, de l’aluminium et beaucoup d’autres minéraux.
  • Quand j’étais à Mamiña, petit village thermal à 120 km à l’est d’Iquique (nord du Chili), j’ai essayé différentes sources avec la cochenille et j’ai ainsi obtenu des résultats différents. J’obtenais des couleurs beaucoup plus vives qu’à Puerto Montt.
  • Ne pas oublier le mordançage soit à l’alun ou mieux aux tanins, ce qui garantit la solidité de la couleur.
  • Comme pour toute teinture, il ne faut pas oublier de bien laver les fibres qui arrivent souvent de chez le fabricant avec toutes sortes d’apprêts, de graisses et autres empesages pour la présentation, mais aussi, souvent pour faciliter la filature. Ces produits peuvent nuire à la bonne teinture ou à sa solidité.
Sélection de teinture à la cochenille que j'ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d'alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre
Sélection de teinture à la cochenille que j’ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d’alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre

Processus

  • Faire tremper la veille, la cochenille dans le bain (de 5% à 20% du poids des fibres), éventuellement avec les fibres sèches mordancées, pour qu’elle dégage plus de teinture et qu’elle pénêtre mieux dans la fibre (surtout pour la laine).
  • Mettre à chauffer à feu doux pendant une ou deux heures.
  • Laisser refroidir, si possible jusqu’au lendemain (très important pour la laine).
  • Sortir du bain, faire sécher à l’ombre, puis rincer et laver. Ne pas s’étonner s’il sort du jus rose, il faut bien nettoyer les fibres des débris d’insectes qui peuvent s’être accrochés aux fibres. Faire sécher de nouveau à l’ombre.

Les modificateurs doivent donner :

  • Fer : violet
  • crème de tartre + rouge, + clair
  • cuivre : gris
  • vinaigre : orange
  • citron : orange ou élimine la teinture
  • j’ai fait des tests avec beaucoup d’autres modificateurs, à Santa Fe, en Argentine, et nous avons fait des fiches récapitulatives, curieusement, ils n’ont pas eu beaucoup d’effet. Nous n’avions pas travaillé avec de l’eau déminéralisée.
Tableau d'échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l'ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012
Tableau d’échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l’ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012

Que faire avec le reste du bain ?

Il peut rester de la couleur dans le bain. On peut l’utiliser de nouveau pour obtenir des couleurs de plus en plus claires, on peut avoir ainsi de très jolis roses et mauves pastel en dégradé.

On peut aussi en faire de la gouache ou de l’aquarelle. Je viens de suivre un cours à ce sujet en Argentine. Ce type de procédé peut servir avec pratiquement n’importe quel reste de teinture.

Malgré son coût, la cochenille peut être bien rentabilisée par les bains successifs pour épuiser le colorant.

Teinture solaire

À Gletterens, en Suisse, j’ai fait des tests de teinture solaire. J’ai donc essayé la cochenille.

Teinture solaire à Gletterens
Teinture solaire à Gletterens
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille

Ecoprint

La cochenille est aussi intéressante en ecoprint, elle peut donner des résultats originaux.

Ecoprint à la cochenille d'une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé
Ecoprint à la cochenille d’une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé

Cochenille avec les enfants

On peut tenter une activité très ludique.

Il faut s’armer:

  • d’un marteau en caoutchouc, de ceux qu’utilisent les carreleurs
  • d’une toile de fibres naturelles (coton, lin, soie ou laine) mordancée préalablement à l’alun
  • fleurs, pétales, feuilles
  • cochenilles entières détrempées quelques jours à l’avance
  • 1 litre de vinaigre ou trempent des clous ou de la ferraille (soupe de clous)

Il faut étaler la toile sur une table. On dispose les feuilles et les pétales de fleurs sur une moitié de la toile, on sème des cochenilles entre les feuilles et les pétales. On plie la toile de manière à recouvrir les pétales et les feuilles.

Puis on martèle la toile avec le marteau.

Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent
Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent

Après avoir bien martelé, on ouvre la toile. On enlève les feuilles, les pétales et les cochenilles. Si les empreintes vous semblent un peu pâles, trempez la toile dans la soupe de clous. Les couleurs vont s’assombrirent, les taches laissées par les cochenilles deviendront violettes.

Résultat après le passage dans la soupe de clous
Résultat après le passage dans la soupe de clous

Peinture, aquarelle

Avec la cochenille, comme avec n’importe quelle teinture naturelle, on peut extraire les pigments pour en faire des peintures.

J’avais déjà vu et revu les DVD que Michel Garcia a filmé à ce sujet. Il se trouvait que Luciana Marrone, une autre spécialiste des teintures naturelles et notamment de la cochenille proposait un cours dans son atelier à Necochea.

Nous avons extrait les pigments d’un vieux bain de cochenille.

Pigment de cochenille en pâte et en poudre
Pigment de cochenille en pâte et en poudre

Pigments entrain de filtrer, l'eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l'opération
Pigments entrain de filtrer, l’eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l’opération

Une fois les pâtes de pigments prêtes, nous les avons testés.

Nous avons sérigraphié des t-shirts, fait des tests avec des tampons. J’ai aussi essayé de peindre sur un morceau de cuir.

Voyage au Mexique

Nous avons déjà vu que le Mexique a été le premier à élever, ou plutôt, éduquer la cochenille, comme on dit au Mexique, bien avant le Pérou. Il existe une plus grande variété au niveau génétique des cochenilles au Mexique qu’au Pérou.

Il n’y a apparemment pas de continuité dans l’éducation au niveau géographique. Cela supposerait une exportation mexicaine précolombienne.

Musée de la Cochenille à Oaxaca, Nocheztlicalli

Oaxaca est la principale région de production de la cochenille. Ce sera e but principal de mon voyage. Je nourris beaucoup d’espoir concernant la visite de ce musée.

J’espère pouvoir y voir ce que je n’ai pas vu encore, la culture et la récolte.

Au Mexique, il y a aussi de l’indigo

L’indigo est une teinture avec un procédé bien spécial pour obtenir du bleu. On l’extrait d’un certain nombre de plantes, selon les lieux.

Le climat du Mexique permet la culture de l’Indigo suffructosa, une plante tropicale dont les feuilles possède une grande proportion d’indigo.

Je pense que j’ai beaucoup à apprendre au Mexique sur cette teinture qui me passionne.


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Teindre avec des plantes?

Teindre avec des plantes – Article mis à jour le 24 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Cet article est un des premiers de ce blog, c’est comme un apéritif, comme chaque étape doit être commentée assez longuement. Ces techniques sont commentées en détails dans différents articles. Il s’agit là du tronc de l’arbre. Je vous invite à en connaître aussi les racines, les branches, les fleurs et les fruits… Et à côté de cet arbre, il peut y avoir une forêt…

Casseroles de teintures, quand je faisais mes premiers pas en teinture avec des plantes, à Longotoma, près de La Ligua, centre du Chili.
Casseroles de teintures, quand je faisais mes premiers pas en teinture avec des plantes, à Longotoma, près de La Ligua, centre du Chili.

Comment obtenir les plantes ?

Les plantes, cela peut paraître rare quand on vit en ville, cela peut sembler un peu compliqué, mais il y a toujours des solutions. En regardant bien, on finit par en trouver partout. Il suffit de chercher un peu. Nous pouvons trouver des plantes à teindre, même dans des régions désertiques. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller dans des zones polaires, mais même dans ces conditions difficiles, les hommes ont trouvé des teintures…

Selon le type de plantes on va plutôt utiliser une partie qu’une autre. Pour certaines plantes la partie la plus intéressante sera la racine (par exemple la garance et les rubiacées). Dans ce cas-là, il est impératif de ne pas choisir une plante rare, car sans racines la plante risque de mourir.

Il ne s’agit pas d’exterminer des plantes pour teindre naturellement, ce serait absurde!

La culture des tinctoriales

C’est la raison pour laquelle la garance était cultivée en très grandes quantités jusqu’à l’apparition de l’alizarine artificielle. D’autant plus que celle-ci ne donne le maximum de pigments qu’à partir de la cinquième année.

Plante de garance
Plante de garance

La gaude couvrait des milliers d’hectares pour la teinture en jaune, bien que de nombreuses plantes sauvages en donnent aussi. Le pastel, plante à indigo européenne, a permis la création de très nombreuses fortunes.

Les plantes sauvages

Pas toujours besoin d’aller à la campagne pour trouver des plantes tinctoriales, de nombreuses “mauvaise herbes“, souvent méconnues, parfois invasives, peuvent nous être utiles…

Ainsi, en ville, la renouée du Japon, le buddleia, le plantin, l’érigeron du Canada… peuvent nous servir. Il suffit parfois de tester pour faire de grandes découvertes…

Plante de fougère
Plante de fougère

En forêt, la fougère peut être très intéressante, surtout en ecoprint.

Les écorces sont souvent intéressantes car elles contiennent en général des tanins qui sont toujours utiles. Cependant, il ne faut pas oublier qu’arracher l’écorce à un arbre le fait souffrir, l’affaiblit et peut le mettre en danger. Mieux vaut profiter des écorces déjà tombées, ou celles qui se détachent toutes seules, comme celles de l’eucalyptus qui donnent de très bons résultats.

Des déchets

Pour beaucoup de plantes, on peut utiliser les feuilles (même et surtout mortes), pour d’autres les fleurs ou éventuellement seulement les pétales (tournesol, par exemple, récolter les pétales au fur et à mesure qu’ils sèchent n’empêche pas qu’il produise des graines). Mais les fleurs sont longues à récolter, il en faut beaucoup (3 fois le poids des fibres) et le résultat peut être parfois décevant, même en ecoprint.

On peut aussi utiliser de la sciure, en général, les bois contiennent des tanins et on peut obtenir de très agréables surprises.

L’idéal est donc d’utiliser la biomasse due aux tailles, élagages et arrachages. Les déchets des jardiniers qui ne compostent pas sont très utiles. Nous avons travaillé avec beaucoup de ces déchets, trouvés souvent dans la rue en pleine ville à La Redonda, à Santa Fe, Argentine. En plein centre d’Iquique (ville en plein désert), j’avais ainsi essayé le Bougainvillier qu’avait taillé un voisin, cela m’a donné du jaune.

Il faut aussi voir les déchets de légumes, on peut en obtenir de grandes quantités à la fin des marchés, chez les marchands de légumes ou même auprès des restaurant. On peut ainsi récupérer les restes de thé, le marc de café, les fanes de carottes, les peaux d’oignons, les restes d’artichauts…

C’est comme cela que j’ai pu obtenir du jaune avec des bouquets de coriandre fanés chez mon ami Angel à Puerto Montt. Là-bas j’ai aussi obtenu de pleins sacs de peaux d’oignons qui teignent si joliement.

A Iquique, j’avais aussi récupéré les noyaux de mangues dans un bar à jus de fruits et j’ai obtenu un très joli jaune-saumon.

Les fleuristes jettent aussi souvent des fleurs fanées, des déchets de feuilles… Tout cela doit être exploité, il n’y a pas de honte à cela. C’est du recyclage.

Que doit-on faire avec les plantes?

Maintenant que l’on a les plantes, l’idéal est de les faire tremper pendant au moins une nuit (plusieurs, si possible) avec de l’eau froide à température ambiante dans un grand seau ou la casserole que l’on va utiliser pour teindre (elle ne servira plus pour la cuisine!).

Plus la casserole est grande, mieux c’est. Et plus cela trempe longtemps, plus les plantes libèreront de pigments.

Il ne faut pas oublier la proportion : 3 parties de plantes pour 1 partie de fibres.  Cette proportion peut varier selon les plantes, si elles sont sèches, on peut en mettre moins… Car il faut en tenir compte pour le choix de la casserole.

Enfin, plus les plantes sont réduites en petits fragments, plus elles donneront de la couleur.

Le mordançage et la préparation

Si on doit mordancer,  ce qui est souvent indispensable (voir l’article sur les mordants), il vaut mieux le faire la veille aussi et garder les fibres humides.

Laisser les fibres à tremper dans le bain de teinture avec les plantes (parfois il convient de mettre les plantes à tremper à l’intérieur d’un sac en toile fine, prévu à cet effet, pour éviter qu’elles s’emmêlent avec les fibres).

Chauffer et laisser refroidir

Mettre à chauffer pendant quelques heures. Si le bain s’épuise, il convient de rajouter de l’eau à la même température, pour éviter les chocs thermiques qui feutrent les laines.

Une fois la teinture obtenue, le mieux est de laisser refroidir tranquillement dans son bain, moi je laisse en général refroidir toute la nuit. La teinture pénêtre ainsi plus profondément dans les fibres et sera donc plus saturée et plus solide, plus stable.

Maintenant que le bain a refroidi, on sort les fibres. L’idéal de mettre à sècher avant de rincer, à l’ombre. Certaines réactions chimiques interviennent au contact de l’oxigène de l’air.

Puis laver. Si on a utiliser du mordant au fer dans le bain, il est alors indispensable de très bien rincer avant de sécher.

Quand les fibres auront été lavées et séchées, toujours à l’ombre. Elles sont prêtes à l’emploi.

Vous avez fini! Ce n’est pas difficile, c’est magique…

Résultat des teintures aux plantes à Santa Fé, Argentine
Résultat des teintures aux plantes et à la cochenille, à Santa Fé, Argentine

Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!

Je vous invite à laisser vos commentaires.

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