/// Au bout de mon âge /// Article du 11 mai 2024, modifi´é le 13 mai 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
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Une de mes passions est la poésie et j’y reviens régulièrement par mes temps de doutes, et qui ne doute pas ? Surtout par les temps qui courent. Il m’arrive de semer des poèmes dans mes articles. Il sont pour moi une source d’espoir, de créativité et d’encouragement à poursuivre mes démarches.
À l’approche de mon 63ème anniversaire, ce matin, ce poème de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat que j’ai écouté maintes fois dans ma jeunesse m’est revenu à l’esprit.
Il ne parle pas de teintures, assez peu de la nature, mais surtout de la nature humaine… et c’est beau !
Le poème
Je viens de passer quelques heures sur internet pour essayer de retrouver le titre du livre, dont est extrait ce poème. En effet, Louis Aragon a écrit beaucoup de poésies, et je n’ai pas ses œuvres complètes sous la main.
Vu que tout est fait pour nous encourager à tester les fameuses Intelligences Artificielles qui sont censées nous aider dans la rédaction. Je me suis proposée de tester celle qui est le plus en vue ces derniers temps.
Celle-ci m’affirme d’abord que c’est de Paul Verlaine, puis comme j’exprime mes doutes, elle m’affirme qu’elle s’est trompée et que c’est de Léo Ferré ! Elle était supposée me simplifier la vie.
Un maître des arts martiaux et philosophe japonais, Itsuo Tsuda, disait qu’il ne faut surtout pas prendre de raccourci. Il avait raison.
J’ai le plaisir de joindre ici le PDF de notre conversation.
À force de recherches, je trouve un site qui mentionne « Le voyage en Hollande ».1 Ce n’est pas son livre le plus connu, mais tout de même.
Je retrouve ce livre, et dedans, ce beau poème. J’ai une belle surprise. En réalité, il est beaucoup plus long, le refrain de la chanson est une simple strophe.
Cela donne envie d’aller vérifier les autres poèmes qu’a chanté Jean Ferrat.
Paroles de la version chantée
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Je me sens pareil Au premier lourdeau Qu’encore émerveille Le chant des oiseaux
Les gens de ma sorte Il en est beaucoup Savent-ils qu’ils portent Une pierre au cou
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant
Ils n’ont pas le sens De ce qu’est leur vie C’est une innocence Que je leur envie
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Tant pour le plaisir Que la poésie Je croyais choisir Et j’étais choisi
Je me croyais libre Sur un fil d’acier Quand tout équilibre Vient du balancier
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis
Une saison d’homme Entre deux marées Quelque chose comme Un chant égaré
Au bout de mon âge Qu’aurais-je trouvé Vivre est un village Où j’ai mal rêvé
Louis Aragon
J’ai une pensée pour ceux qui ne comprennent pas le français, ce sera l’occasion de tester les traducteurs automatiques… car la poésie est toujours difficile à traduire. Celle de Louis Aragon semble facile, mais elle est en réalité très recherchée, montrant toute la richesse de la langue française.
Ce texte est un peu triste, mais je persiste à vouloir bien rêver et cela sainement.
« Pour eux les miroirs C’est le plus souvent Sans même s’y voir Qu’ils passent devant »
Cette strophe, semble me refléter. Pourquoi devrais-je m’arrêter devant les miroirs?, si :
« Il m’a fallu naître Et mourir s’en suit J’étais fait pour n’être Que ce que je suis »
La chanson
Nombreux sont les sites indiqués pour cette chanson, certains donnent même les accords pour la jouer à la guitare.
Au moment où j’essaie à distance de faire mes démarches pour ma retraite française qui n’atteindra pas les 350 Euros, je me forme encore et cherche un travail complémentaire. On est loin de la “Douce France” de Charles Trenet2.
Et ce n’est pas encore assuré. Il faudrait encore que j’arrive à me procurer le livret de famille où figurent mes deux enfants. Depuis le Chili, c’est plutôt compliqué. De plus, pour la CIPAV (10 années de cotisations lourdes), il faut être en France pour faire valoir mes droits. Il ne faut pas compter sur le Consulat.
En attendant, il va falloir trouver une ou plutôt des solutions complémentaires.
Des conférences, pourquoi pas ?
J’ai déjà partagé plus d’une fois, mes pratiques tinctoriales, notamment lors des congrès de teintures naturelles auxquels j’ai participé.
Je vous donne ici les liens pour les fichiers Powerpoint des présentations à ces congrès:
J’ai suffisamment de matériel et de compétences pour organiser des expositions. J’en ai fait une à la médiathèque de Loches, en France, en 2010.
Les panneaux provenaient de l’Association Couleur Garance, mais je suis mantenant en condition de produire les miens sur la base de mes expériences. En outre, j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de la Publication Assist´ee par Ordinateur (aussi bien en français qu’en espagnol).
À la suite de ma participation au Congrès de teintures naturelles à Kuching, Malaisie, nous avons organisé à la médiathèque de Loches, France, un atelier de démonstration pratique de teintures naturelles, avec des enfants.
Il y en aussi eu à Iquique, au Nord du Chili. Pourquoi ne pas recommencer ailleurs?
Des formations
Je reviens à la charge, en effet, c’est encore et toujours, le meilleur moyen de partager une technique, car cela implique une participation.
Le but est de vous rendre indépendant par la pratique, dès le départ… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Ne faîtes pas confiances aux IA dans ce domaine. Mieux vaut une formation vraiment humaine. L’artisanat, la teinture, le tissage, c’est vraiment du réel, cela doit encore se faire avec les mains… et cela ne s’improvise pas.
Cela vaut autant pour les enfants que pour ceux qui arrivent au bout de leur âge… qui comme moi continuent à se former en permanence. N’attendons pas l’après ci ou cela…
Un livre, au bout de mon âge
J’aime tant les livres, il est certainement temps d’écrire les miens.
Pour le moment, je pense plutôt à un e-book sur ma technique préférée actuelle, «anillado», elle sera la vedette d’un prochain article sur www.lanitando.com
Il paraît que c’est ce qu’on appelle des revenus passifs. Êtes-vous intéressés ?
Des créations à la demande ?
Une amie m’avait conseillée de m’acheter un rouet et de proposer de filer la laine de vos moutons… J’ai acheté un beau petit rouet électrique, léger, idéal pour voyager. Cet appareil a d’ailleurs déjà voyagé. Il file fin et en silence.
Il attend vos besoins de laines et autres fibres…
En attendant, je file un peu de poil de chien Akita. C’est très lent, car leur pelage est court.
Cela pourrait aussi être des tricots, des tapisseries ou des bijoux textiles… à la demande.
Au bout de mon âge, que devrais-je faire?
Je voyage toujours trop chargée, l’idéal serait de travailler sur commande, comme mon père qui était géomètre. Il se demandait pourquoi je tissais encore… Évidemment, il ne pouvait pas proposer des bornages à l’avance.
Il faut tout de même que j’ai quelques pièces à montrer…
Et des voyages… Pour bien rêver au bout de mon âge
Pour bien commencer, cela va faire un mois que j’ai débuté l’étude de l’indonésien. Cela fait rêver. En Indonésie, on pratique deux techniques de teintures avec réserves particulièrement remarquables : le batik et l’ikat. Ces deux noms sont d’ailleurs des mots indonésiens.
Batik
J’ai bien sûr quelques livres à ce sujet. Mais encore une fois, rien ne vaut la pratique.
La technique traditionnelle utilise un petit récipient au bout d’une baguette. Mais, je n’ai pas de photo.
Nous avons fait un essai avec mon ami Hilaire, à Madagascar, sur une écharpe de soie de sa production.
Ikat
J’ai déjà été en contact avec cette technique, d’abord à Kuching, quand je suis allée au congrès de teintures naturelles WEFT, en 2010.
La chaîne est tendue sur un cadre, les zones à protéger sont enveloppées de ficelles. Cettee chaîne sera teinte, les protections enlevées. Le processus est recommencé pour une autre couleur
Cette toile a eu deux bains de teinture différents. Elle est donc passé deux fois par la première étape d’attache pour les réserves, certaines toiles ont parfois un troisième et un quatrième bain.
Puis, je l’ai revu à Madagascar, lors de l’IFPECO en 2017.
Puis, j’ai fait un test chez mon amie Solange à Andacollo. Là, la réserve a bien protégé la laine, mais cela a curieusement bougé. Pourtant, j’avais choisi de la laine qui avait déjà bouilli. Elle n’a pas rétréci, d’ailleurs je n’ai pas manqué de laine.
Impression au bloc
Vannerie
Il y a aussi beaucoup à voir en Indonésie et en Malaisie, en ce qui concerne la vannerie. Cette technique m’intéresse aussi beaucoup, il s’agit d’un précurseur du tissage et du tressage.
À Kuching, je me suis acheté un très beau livre sur la vannerie à Borné. Décidément, il y a beaucoup à voir là bas. Mais, que restera-t-il dans quelques années? Ils ont mis 20 ans pour rédiger ce livre. Lors de la publication, beaucoup de plantes utilisées avait disparu ou devait être protégées.
Aller voir sur place
Bien sûr, je connais la théorie de ces techniques, mais rien ne vaut la pratique par et avec les spécialistes, les créateurs. Moi, aussi, j’aime utiliser mes mains.
Il y a aussi des plantes à indigo, des plantes à rouge, des fibres végetales et de la soie.
Commencer un cercle vertueux
Le développement personnel, je ne suis pas très fan, mais il m’a fallu en lire. En outre, un schéma peut remplacer beaucoup de mots. Ce sont les métaphores d’aujourd’hui.
Je l’adapte à l’état de mes méditations de ce jour.
J’en ai assez de regarder vers ce que j’ai fait dans le passé (il y a les Curriculum Vitae pour cela), c’est un peu comme se regarder dans un miroir, cela ne répare rien. Je préfère regarder vers l’avenir.
Remettons la roue en marche
Au bout de mon âge
Il suffit d’un petit coup de pouce.
Un simple contact suffit
Si vous n’aimez pas Whatsapp, j’ai aussi Signal et Telegram.
Le voyage en Hollande, Louis Aragon, Éditions Seghers, 1964 ↩︎
“Douce France Cher pays de mon enfance Berceau de tant d’insouciance…” Quelle ironie! ↩︎
/// Botanique et jardins /// Article créé le 20 mai 2023 et modifié le 10 juin 2023 Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023 +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Botanique, botanique! Pourquoi s’intéresser aux plantes?
N’est-ce pas normal de s’intéresser aux plantes quand on travaille avec des teintures et des fibres naturelles… Les jardins botaniques sont donc des passages obligés…
Lors de mes voyages textiles, je m’efforce avec plaisir d’inclure une visite à un jardin botanique.
Parfois, je le rencontre sans même le chercher. Quelle aubaine de rencontrer un jardin botanique. Cela donne beaucoup de renseignements sur le lieu…
L’ídéal, concernant les jardins botaniques, serait de les visiter à plusieurs reprises, suivant les saisons, pour pouvoir apprécier les différents stades de la végétation.
Madagascar botanique
À Madagascar, il y a peu de musées. Mais, il y a un jardin botanique et zoologique à Antananarivo où l’on peut découvrir toute l’exubérance et l’extravagance de la flore malgache.
On peut aussi y voir différents types de tombeaux traditionnels.
Stockholm (Suède)
Entre deux musées, on a la surprise de découvrir un petit jardin traditionnel suédois. Y figurent en bonne place le tabac et de nombreuses plantes médicinales.
Il me semble qu’il y avait un autre jardin botanique plus grand, mais je n’ai pas eu le temps de le visiter.
Lausanne, Jardin Botanique (Suisse)
J’ai déjà visité deux fois le Jardin Botanique de Lausanne, et je pense y retourner encore une ou deux fois…
Je viens d’y retourner en mai 2023, presque tout est en fleurs. C’est si beau qu’il est difficile de choisir entre les photos.
Les médicinales
Entre autres, il y a différentes sections, dont une avec des plantes médicinales, dont un certain nombres de plantes toxiques et des plantes textiles ou à fibres.
Les tinctoriales
Il y a aussi des plantes tinctoriales: garance des teinturiers, aspérule, gaillets, pastel des teinturiers…
À la sortie, il est flanqué d’une série de jardins privés très colorés…
Musées spécialisés, sujet botanique
Couleur Garance à Lauris (France)
L’une de mes premières rencontres avec la botanique tinctoriale et à fibres, fut le Jardin des plantes tinctoriales de l’Association Couleur Garance, créé à l’initiative de Michel Garcia et Dominique Cardon à Lauris, dans le Vaucluse, Sud de la France.
Quelle beauté!
Ici, se réunissent toutes les couleurs du monde.
Berlin botanique et chanvre (Allemagne)
Après avoir visité de nombreux musées sur l’antiquité, il me restait du temps pour aller visiter le musée du chanvre, une des plantes à fibres historiques.
Une plante, une histoire botanique
Cette plante à fibres, avant d’intéresser les générations hyppies pour une autre composante, le THC, pas toujours présente dans la plante, était très largement cultivée en Allemagne jusque dans les années 60, jusqu’à son interdiction en 1981.
Des fibres pour des textiles
De fait, la culture du chanvre en vue de la production de fibres textiles est incompatible avec la production de THC illégale. En effet, comme pour le lin, pour obtenir de bonnes fibres longues et le moins fourchues possible, il faut semer bien serré afin que les plantes développent des fibres longues et souples. Dans ces conditions, les plantes produisent moins de fleurs…
En ce qui concerne le lin que je connais mieux, la récolte idéale doit être faite avant la floraison. Alors, je suppose qu’il en est de même pour le chanvre textile.
Voici un petit résumé historique de la filature de cette plante.
Chaque type de fibres génère ses outils, la machine à teiller sert pour le chanvre, le lin, l’ortie et sa cousine la ramie.
J’ai été surprises par la finesse de certaines toiles. Cependant, elles étaient un peu raides à mon goût. Notre notion de confort a certainement beaucoup évolué depuis le temps où l’on s’habillait de lin, chanvre, ortie et laine…
Des fibres pour des cordes
Comme il n’est pas courant d’avoir accès à ces fibres, je me posais beaucoup de questions, et j’espérais les voir résolues dans ce musée.
Une plante, des usages divers
Autrefois, au Chili, les fibres servaient pour les cordes, les graines pour de l’huile d’éclairage, les feuilles pour protéger les haricots de certains insectes… En outre, cette plante a la réputation de limiter l’érosion des sols, ceux-ci sont souvent en pente au Chili, pays de montagnes…
Dans ce musée, j’ai trouvé de nombreuses informations intéressantes.
Mais, je suis restée sur ma faim. Il y a beaucoup d’informations sur les problèmes légaux et sur les utilisations modernes possibles des fibres et de la chénevotte: entre autres, plastique pour imprimante 3D, ciment, isolation, litières pour chats…
La qualité de mes photos n’est malheureusement pas au rendez-vous, certaines sections de ce musée, fort intéressantes, étaient difficile à lire et encore plus à photographier. L’espace un peu exigü était utilisé jusqu’au plafond et les reflets sur les vitres sont un problème récurrent dans les musées. Celui-ci ne fait pas exception.
Mais, par exemple, j’aurai aimé savoir s’il vaut mieux le filer sec ou plutôt humide comme pour le lin. J’attends encore la réponse.
Turin, quelle surprise botanique (Italie)
Par hasard, j’ai découvert dans cette ville un surprenant musée du fruit.
Il a grandement surpris mon imagination. J’imaginais une série de variété botanique, d’arbres fruitiers, de greffes…
En r´ealité, un chercheur, Francesco Garnier Valletti, (Giaveno 1808 – Torino 1889), a consacré sa vie à la modélisation des fruits, en plâtre peint, toutes les pommes et poires y passent. Un certain nombre de maladie des fruits sont aussi représentées. Quelle passion botanique!
Des fruits en plâtre!
En effet, ces fruits sont vraiment très réalistes, y compris les raisins blancs qui semblent aussi translucides que dans la réalité.
En réalité, chaque fruit a été moulé dans du plâtre. Il y a bien longtemps, j’avais fait des bougies avec ce même système, mais sans les peindre pour leur donner un aspect réel. Quand on voit le réalisme et la quantité de fruits reproduits ainsi, cela donne le tournis.
Toutes sortes de végétaux ont ainsi été mod´elisés. Il y a même des tubercules. Il y a aussi des champignons.
Je suis curieuse de savoir combien des races de pommes représentées ici ont disparues. Quelle belle image de la biodiversité agricole qui régnait encore au XIXème siècle!
Turku, musée de la pharmacie (Finlande)
Ce musée montre une ancienne pharmacie et le logement d’un pharmacien et de sa famille au XIXème siècle. Dans la cour, il y a de nombreuses plantes médicinales locales.
Dans la cour, nous retrouvons les mêmes plantes, vivantes cette fois-ci.
Autres musées
En outre, un certain nombre de musées ethnographiques ou préhistoriques présentent une section botanique.
Chateau de Falaise, Normandie, France
Mon amie Monique m’a invitée quelques jours chez elle. Elle adore faire des ballades à pied. Nous sommes allées voir ce magnifique chateau chargé d’histoire. Nous n’avons pas pu le visiter à cause d’un certain virus très préjudiciable à la culture.
Mais, le jardin botanique était, par chance encore accessible.
Normandie textile
Nous avons visité à plusieurs reprises ce jardin botanique où figuraient les principales plantes tinctoriales: pastel des teinturiers, garance, gaude, et bien d’autres…
La Normandie était une zone textile importante. La ville de Falaise était une des villes de foires commerciales importantes au Moyen-Âge. L’élevage de moutons est encore courant et la culture du lin y était déjà très développée.
Chez un fermier, de la famille de Monique, j’ai pu admirer ces balles de lin, de la dernière récolte.
Voici, une autre plante liée au monde textile, les cardères. Bien avant de nourrir les chardonnerets de nos jardins, ils servaient à donner un aspect duveteux aux toiles… Ils étaient cultivés à cet effet.
À Vienne, près de Lyon, j’ai pu voir une machine équipée de ces cardes.
Petit test
Le pastel des teinturiers couvrait de larges superficies de culture pour teindre en bleu, avant l’arrivée de l’indigo d’Indigofera Suffructosa des pays tropicaux.
La garance pour le rouge et la gaude, très réputée pour son jaune, occupaient aussi de grandes surfaces, ces plantes avaient une grande importance économique ce qui explique leur présence dans ce jardin botanique.
Musée de Nemours (France)
Mon ami Gérard, de Chatenoy a eu la grande gentillesse de m’amener voir ce musée. Il s’agit d’un très beau musée de la Préhistoire locale de la Région Île-de-France.
Par chance, il représente le type de flore locale à l’époque préhistorique à laquelle correspondent les vitrines environnantes. Cela donne une bonne idée de l’évolution des conditions de vie des humains à l’époque donnée.
Cela permet de constater que cette végétation a beaucoup évolué entre les périodes de glaciations et de réchauffement.
Mucem, Marseille (France)
Le MUCEM, à Marseille est un très beau musée. Le bâtiment principal est entouré d’une très vaste section botanique, un peu dans le genre des Jardins en Mouvement de Gilles Clément. Ceci est un très beau concept, oú l’on laisse le jardin évoluer. Ainsi, les massifs de plantes se déplacent, par eux-mêmes, d’une année à l’autre.
Par chance, j’ai pu rencontrer le jardinier qui désherbait un peu une rocaille qui attirait beaucoup d’abeilles. Il m’a donné beaucoup d’informations.
C’est là que j’ai découvert le caprier, si beau, local, mais un peu envahissant. Je le retrouverai dans la suite de mon voyage en Italie et en Tunisie.
Cette année, le printemps avait été très sec, et le jardin en avait beaucoup souffert.
Musée Égyptien de Turin, section botanique (Italie)
Dans ce musée de premier ordre, il y a un petit jardin botanique des plantes d’usage courant dans l’Égypte des Pharaons. Cependant, il faut insister auprès du gardien qui vous renvoie vers la sortie.
De bien jolies plantes, dont certaines sont tinctoriales.
Les fleurs étaient très importantes pour les Égyptiens du temps des Pharaons. Ils en faisaient des guirlandes. J’ai entendu dire qu’il y en avaient de grandes quantité dans la tombe de Toutankhamon qui n’ont pas attiré l’attention des découvreurs. Quel dommage!
Dans ce musée de Turin, il y avait des statuettes représentant ces guirlandes de fleurs.
Il y avait un diaporama sur la récolte et la fabrication artisanale du papyrus.
Musée Romain et botanique, Lausanne, Suisse
Un petit musée bien sympathique qui s’adresse d’abord aux enfants, mais aussi aux plus grands.
Une exposition invite à réfléchir à ce que pourraient trouver des archéologues dans quelques milliers d’années. Cela rappelle une nouvelle de Primo Levi.
Grande partie de notre production textuelle ne serait pas en mesure de résister au temps. Les interprétations de ce qu’ils pourraient retrouver risque fort d’être aléatoires et erronées à l’instar de certaines explications actuelles de notre passé.
Ce musée est flanqué d’un petit jardin botanique montrant les plantes qu’utilisaient les Romains.
Des pluies d’orage m’ont obligé prendre les photos en plusieurs épisodes.
“Open air” et botanique
Généralement, les mus´ées dit “Open Air” présentent souvent des sections Botanique.
En général, ils montrent des fermes de différentes régions du pays, il y a une dimension architecturale, mais aussi ethnographique.
D’habitude, ces musées montrent aussi des économies locales et familiales, artisanats et petite agriculture… Un jardin indique ainsi l’alimentation de la population locale, mais aussi les remèdes disponibles et les fibres utilisées pour les vêtements, l’ameublement, les cordages…
Oslo (Norv`ege)
Fort déçue par le musée des navires d’Oseberg, ceux-ci sont bien sûr très beaux et impressionants. Mais, on ne peut pas voir les trésors, notamment textiles, qu’ils contenaient.
Alors que ces trésors sont surprenants par leurs qualités et leur état de conservation, on ne pourra pas les voir avant 2025, quand ils auront enfin un nouveau musée. Quel dommage.
Heureusement, on peut les retrouver dans un livre. Cependant, pouvoir les voir en réalité, malgré la barrière de la vitrine, peut apporter beaucoup d’informations.
À coté de ce musée quasi absent, il y avait le musée Norsk Folkemuseum.
De nombreuses constructions traditionnelles s’insèrent dans un cadre botanique.
Turku (Finlande)
Encore un rendez-vous manqué, le musée qui expose les bandes tissées aux tablettes n’était pas ouvert.
J’ai déjà parlé du Musée de la Pharmacie. Mais, il y a aussi un quartier populaire, celui de Luostarinmäki qui a résisté au grand incendie de 1827.
Turku Art Museum
Là, j’ai découvert une artiste qui s’inspire des plantes et peint avec des pigments qui proviennent de plantes: Katja Sirjä.
Helsinki (Finlande)
Le temps ´´etait court.
Dans une des nombreuses îles d’Helsinki, celle de Seurasaari Open-Air Museum, on peut visiter plus de 80 bâtiments de toutes sortes: des abris pour les bateaux, des églises, des manoirs, des greniers, des maisons pratiquement toutes meublées, suivant l’époque, le niveau économique… J’y ai vu de nombreux rouets pour filer. Malheureusement, ils n’étaient jamais en état de marche.
Et des clôtures originales.
Il y avait aussi des jardins…
Il me semble qu’il faut consacrer plusieurs heures à ce musée très intéressant et agréable à parcourir.
Kaunas (Lithuanie)
Lors de mon retour de mon dernier voyage en Scandinavie, je suis passée rapidement par Tallin, Riga et Kaunas.
À 26 km de Kaunas, il y a un très beau Musée Ethnographique: Lietuvos Liaudies Buities muziejus. L’accès n’est pas facile quand on n’est pas motorisé. Je dois un grand merci à la dame qui m’a prise en stop et m’a ramenée si gentilement à Kaunas.
Comme dans les villes précédentes, la diversité de l’architecture est soulignée. Mais, ici, la superficie est largement supérieure à la moyenne. Les procédés agricoles sont bien expliqués, bien que je ne comprenne pas le lithuanien.
On peut ainsi visiter un moulin à vent en suivant tout le parcours des céréales à moudre.
Notamment, il y a une grande grange avec des machines agricoles pour décortiquer les tiges de plantes à fibres, probablement lin ou chanvre.
Mais, là, une des fermes peut montrer tout un atelier de traitement quasi-industriel des fibres.
Il y a de nombreux jardins autour des fermes…
Il y a avait bien sûr un petit jardin médicinal… je n’ai retenu que 2 photos. Il était beau et bien renseigné.
Il y a aussi des tisserands et d’autres artisans présents à qui l’on peut poser des questions.
J’y ai passé la journée complète et j’y retournerai volontiers.
Rostkilde (Danemark)
Outre le bâtiment qui abrite les bâteaux retrouvés au fonds de la mer, à l’entrée du port, il y a une grande partie extérieure.
À l’extérieur, on peut y voir les différentes essences d’arbres utilisés pour les différentes parties des bâteaux et leurs qualités.
Alors, des arbres dans des bacs sont mis en lien avec les diifférentes parties du bateau.
De même, les cordes ont aussi leur stand, avec indication de la matière qui les compose.
Gletterens (Suisse)
Ici, les haies jouent un rôle important. Une grande quantité d’arbustes y ont été plantés en fonction de leur possible utilisation à l’époque néolithique. Il y a de nombreux arbres dont les fruits ont été consommés.
D’autres plantes avaient leur utilité en teinture, mais aussi pour le tannage des peaux.
Par exemple, il y a aussi des arbustes de viorne. Cet arbuste à de très jolies fleurs au printemps. Mais, ce n’est pas pour raisons esthétiques qu’il figure en bonne place à Gletterens. Ce sont les branches qui ont la réputation d’être d’une grande droiture, ce qui les destinaient à la fabrication des flèches qui lui valent cette place de choix… Les fruits crus de cet arbre sont toxiques.
Le petit jardin de plantes anciennes, récemment domestiquées au néolithique.
Albersdorf (Allemagne)
À 2 heures de train de Hambourg, il y a un petit musée intéressant et un parc de reconstitution d’un village de l’Âge de Fer.
D’abord, au musée, il y a une salle consacrée à l’ambre, produit courant sur toute la Baltique. Elle peut révéler la micro-faune et la flore d’il y a des millions d’années. Il y a là toute une botanique enrobée dans cette résine végétale.
Ici, la plupart des maisons sont entourées d’un jardin maraîcher et de petits champs de céréales.
Jardin médiéval de Villeneuve près d’Aigle (Suisse)
En me promenant à Villeneuve, je suis tombée sur un petit jardin public fort intéressant.
Botanique sauvage
La botanique, ce n’est pas que les plantes cultivées, d´´ejà domestiquées. Ce sont aussi les plantes sauvages, d’où proviennent les végétaux choisis par nos ancêtres pour nous alimenter, nous vêtir et nous soigner.
Aujourd’hui, ces plantes originelles sont devenues mauvaises herbes, adventices, voire invasives car nous ne les connaissons plus, leur raison d’être a été invisibilisée.
Par exemple, c’est le but des importants travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bioindcatrices.
Jardin d’apicultrice – Codao (Suisse)
Après, la nature ordonnée et maîtrisée, voici un lieu où la nature reprend ses droits. C’est un point de rencontre de graines du monde. Celles qui survivent aux aléas de la vie y prospèrent joyeusement.
Comme Lucía est apicultrice à Codao, près de Santa Cruz, Région de O’Higgins, Centre du Chili, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de la visiter quand j’ai dû aller à Santiago.
Passionnée de botanique, elle collectionne les plantes pour ses abeilles et ses huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Ses plantes entrent dans la composition de ses produits cosmétiques à base de miel, pollen, propolis, cire d’abeilles… Que de bienfaits!
Alors, nous allons organiser un cours de teintures naturelles chez elle en novembre/décembre 2023. Je donnerai plus d’informations dans un article en espagnol très prochainement.
/// Blog Castellano /// Artículo creado el 25 de mayo de 2023 En Europa desde el 4 de mayo 2023 – Vuelta a Chile el 15 de noviembre 2023 – Muchas novedades 2 cursos en Chile en noviembre-diciembre 2023 – Pica et Codao Organicemos talleres! Es fácil +33 7 69 905 352 o +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram y signal) – publicobre2000@yahoo.es Estoy escribiendo varios artículos nuevos y serán publicados dentro de poco. Blog recién reorganizado Por fin, nuevo blog en castellano disponible: www.lanitando.com
Por fin, para mis amigos que hablan castellano
Al fin, escribo en castellano. Tengo informaciones importantes para mis amigos hispanohablantes, y especialmente de Chile.
Esperando la próxima creación de un sitio complementario a este en castellano: www.lanitando.com. Ya se solucionó con la ayuda de un amigo, unos problemas informáticos.
Luego, tengo que ponerme a escribir y esto necesita tiempo. Así, les ruego que sean un poco pacientes. Ya está la página principal y un artículo. Los otros seguirán…
Lo primero que tengo que anunciar es un curso en Noviembre o Diciembre 2023.
Se desarrollará en la casa y el jardín de mi amiga Lucía Fuentes, en Coado, cerca de Santa Cruz, 6a Región O’Higgins, Chile.
Por fin, no olvidé visitar el sitio de amigo Angel, de ahí vendrán las buenas lanas que teñiremos.
¿De qué les hablaré en castello?
En castellano, estos artículos serán distintos de los que publiqué en francés. Así que no serán simples traducciones.
Primero, los cursos, por supuesto
Los estoy preparando desde hace varios meses.
Las técnicas
Creo que lo están esperando.
Traigo de mis viajes bastante novedades y tengo muchas ganas de compartirselas. Pienso hacerlo con más detalles.
¿Acaso, conocen el anillado? ¿Le gustaría conocer esta técnica ancestral, desarrollada desde la prehistoria, un poco por todo el mundo?
Reflexiones
Nunca faltan y hay que desarrollarlas.
Viajes
Saco gran cantidad de fotos, visito museos, conozco gente nueva…
/// Festival Yelen /// Article cr´éé le 8 décembre 2021, publié le 6 mai, non terminé Retour en Europe le 10 mai 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp/signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.
Teinture naturelle 10 – 15 juillet Tissage artisanal 17 – 22 juillet
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Le Festival Yelen, j’y suis arrivée grâce à Camille. Elle est venue me visiter lors du Rassemblement Préhistorique, à Gletterens. Nous avons partagé nos pratiques lainières et elle m’a parlé de ce Festival. J’ai pensé que ce serait intéressant, un avant goût de mon tour du monde textile. Mais, cela a été beaucoup mieux que je ne le croyais. J’ai découvert une organisation admirable qui a créé un Festival exceptionnel.
Yelen, signifie Lumière en Bambara, une des langues parlées au Mali et ce festival était vraiment lumineux de beauté et de bonté. Cet article sera un Festival de photographies. Sans doute, parleront-elles mieux que mes mots de ce Festival.
Festival des enfants
En effet, les premiers arrivés au Festival furent les enfants. De nombreuses activités leur étaient dédiées.
Bien sûr, il y avait des classes entières accompagnées de leurs enseignants. Mais, il y avait aussi beaucoup d’enfants qui font l’école à la maison. C’est assez courant en Suisse. Il y a beaucoup de zones qui sont très enneigées en hiver, ce qui complique la circulation. Ce système permet aussi de lutter contre l’exode rurale et permet à de nombreux villages de rester vivants.
Les enfants se sont rués sur les activités dès 9h du matin.
Festival textile
Mireille Keita et sa collection Festival Yelen
J’attends les photos, je n’ai pas réussi à voir le défilé, il y avait trop de spectateurs!
Un tisserand burkinabé
Il y avait 2 métiers à tisser impressionnant sous différents aspects.
Une fois rangé ce métier ne prend que très peu de place. J’en ai acheté un à mon voisin. Il tient dans un petit sac dans ma valise. Nous remonterons le système de suspension au Chili.
Camille et ses laines
Camille a un petit troupeau de brebis, dans un alpage tout près de Baulmes.
Elle est venue avec ses fuseaux, son rouet… faire des démonstrations de filage de laine.
Festival teinturier
Le bogolan
Un vrai maître du bogolan donnait l’occasion aux enfant de personnaliser des t-shirts.
On voit, ici, que l’on peut faire varier les nuances.
La collection est belle.
Mes petites démonstrations
Pour moi, cela a été un grand honneur de participer à ce festival international.
Je suis partie un peu vite et encore une fois trop chargée de Gletterens et j’ai oublié les casseroles. Heureusement que Camille était là. Donc elle est allée faire une petite visite à la déchetterie du village. Les déchetteries suisses sont une source inépuisable, on y trouve des objets en parfait état… Grâce à la déchetterie locale, nous pourrons teindre au Festival Yelen.
Indigo, spécialité africaine
J’avais réservé 100 g de précieux indigo.
Festival de danse
Le faux lion
Le faux-lion est vraiment très impressionnant. Les enfants sont entrés dans son jeu avec une découverte participative active des danses et musiques africaines. Nous avons bénéficié d’un merveilleux spectacle de danse théâtrale…
Les marionnettes géantes
Dans leur exagération poétique, les marionnettes géantes créaient l’enthousiasme de tous par leur ingéniosité. Et dire qu’elles ont failli ne pas arriver à temps.
Il y avait aussi un atelier de fabrication de marionnettes recyclage.
Dans les stands aussi, il y avait des marionnette…
Festival d’amitié
Cuisine merveilleuse
La cuisine du Festival Yelen, assurée par des bénévoles est une invitation au voyage.
Quelles musiques
Admirable union des tambours africain et des corps suisses.
Il y avait un atelier de fabrication de tambours recyclage. J’ai encore oublié de photographier. Tout est arrivé trop vite.
Les enfants ont appris à transformer de grosses boîtes de conserve en tambours.
Les stands
Le tour d’horizon ne serait pas complet sans montrer les stands et autres animations
Le délicieux mouton rôtissait en musique…
Quelles émotions!
J’allais oublier de mentionner les décorations très créatives, depuis la signalétique extérieure en passant par les sièges.
Il ne faudrait surtout oublier les très beaux contes d’Innocent. J’aurai aimé les écouter tous, ils étaient plein de philosophie. Et, souvent, je n’en saisissais que des bribes au passage.
Même une navette était prévue pour revenir à la gare.
Il y avait un dortoir pour héberger ceux qui en avait besoin, décoré comme il se doit. Quelle attention!
J’espère n’avoir oublié personne et je fais appel à vos photographies pour compléter cet album…
/// Fête de la Préhistoire /// 4ème article sur le Village Lacustre de Gletterens Article cr´´eé le 24 novembre 2021, modifié le 1er décembre J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 (whatsapp) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Je vous invite à suivre la suite du voyage… N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….
Fête de la Préhistoire, prochaine étape
Alors, c’est reparti pour 15 jours d’expériences…
Teintures et autres activités
Oui, la Fête de la Préhistoire arrive bientôt à Gletterens, peu après le Rassemblement Préhistorique. En attendant, je continue mes activités qui donnent un petit supplément de vie au lieu. Le feu pour les teintures réchauffe un peu l’atmosphère` fraîche de la maison.
L’atmosphère un peu enfumée de la maison donne aussi une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans une maison néolithique. La fumée participe aussi à la préservation de la toiture.
Les particules fines existaient déjà… Tania et Doris fendaient le bois en plus petits morceaux pour essayer d’éviter cet excès de fumée.
La toiture
Celle-ci a plus de 20 ans et est encore apparemment en bon état. Cependant, elle doit être rénovée prochainement. En effet, c’est la première maison construite dans le village lacustre. Cela va être un très gros chantier. À suivre…
9 août
Je joue les prolongations. Martin m’a amenée voir deux boutiques de laines et autres fibres. Nous les avions déjà visitées l’an passé, dans l’Emmenthal. J’avais acheté beaucoup de types de matières premières (soie, lin, alpaga, chanvre, ramie…) et des livres que j’ai exploités pendant toute l’année, notamment pour les teintures cette année. Je suis très contente.
On devait voir aussi les prix pour les laines filées main. C’est très difficile pour moi d’établir un prix juste.
Cette fois-ci, j’ai encore trouvé des livres intéressants, un petit métier à tisser les plaquettes, des paquets de plaquettes, des aiguilles spéciales, de nombreux petits outils… Tout faisait envie!
Le rouet
Évidemment, mon acquisition principale a été un tout petit rouet électrique, spécial pour artisan nomade. Il tient dans mon sac à dos. De plus, il est léger et très silencieux. Il voyagera avec moi en Scandinavie.
Ces boutiques ont de très bonnes librairies, surtout en allemand et en anglais. Mais c’est très difficile de se retenir d’acheter. Bien sûr, toute cette documentation est vraiment très utile pour moi.
J’y ai également trouvé des fibres de chameau, je suis très curieuse de les filer.
J’en ai aussi profité pour acheter 1 kilo d’alun et j’ai bien fait. En effet, ce mordant a toujours la mauvaise idée de manquer au mauvais moment.
Cette visite est tombée au bon moment. J’aurai encore plus de choses à montrer pour la Fête de la Préhistoire.
Je vous parlerai de tous ces achats dans de prochains articles, quand je commencerai à les exploiter. J’ai complété ces achats en Scandinavie.
De retour à Gletterens, j’ai vu passer un hérisson près de la yourte. Je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est parti se cacher trop vite. On m’avait déjà commenté son existence.
10 août
Nous allons tenter de récupérer au maximum les bains restants. Car, nous pouvons en obtenir des pigments pour peindre. Il faut que je revoie les DVD de Michel Garcia, il y en a un qui traite de ce sujet. Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui, j’espère que demain, je pourrai.
J’ai vidé tous les paquets de feuilles et écorces qui ont servi aux teintures sur le tas de compost. J’ai fait du rangement dans l’atelier provisoire de teinture.
Comme aujourd’hui il faisait beau, j’ai lavé presque toutes les laines teintes et je les ai mises à sécher dans l’arbre.
Du nouveau, teinture aux graines de cornouiller pas mûres, nombreux tests d’indigo avec les visiteurs.
Essai d’évaporation du gros bain mélangé. À la fin de la journée, il en reste beaucoup. Je croyais que la concentrations des vieux bains serait plus rapide.
Le coracle
Il s’agit du projet principal du Rassemblement Préhistorique. Il est presque prêt à l’usage, mais nous devons encore le soigner…
Nous avons remis le coracle sous son “fumoir”, je dois entretenir le feu pour qu’il fume assez longtemps. Ce sera la vedette de la Fête de la Préhistoire.
Alors, j’alimente le feu avec des branchages verts, ce qui fume plus.
Bogolan
Enfin, j’ai fini par me décider à sortir le drap teint aux tannins pour le test de bogolan, il s’agit d’une technique africaine très intéressante qui consiste à appliquer des boues ferrugineuses sur des toiles teintes avec des tannins légers. Dominique Cardon parle de cette technique, il y a longtemps que je voulais l’essayer.
La technique
La technique est simple, mais donne de très belles possibilités. Elle est pratiquée au Mali, mais aussi en Amazonie péruvienne, notamment par les Shipibo. Elle est basée sur la réaction des tannins avec le fer.
Mais, on en s’improvise pas teinturier en bogolan.
Les enfants y laissent leurs traces
J’ai fait faire le test à des enfants sur un drap sec préparé à l’avance. Ne sachant pas où trouver une source dotée des caractéristiques recherchées, j’ai décidé d’utiliser l’argile que j’avais tamisée pour tenter de faire des récipients archaïques pour teindre, elle était encore très humide, j’y ai ajouté ma soupe de clous et dans un autre pot le reste d’oxalate de titane.
La réaction se fait bien avec le fer, mais un peu pâle. J’ai aussi voulu tester avec le titane qui devait donner un bel orange, comme en ecoprint, mais cela semble sans effet. Je trouve que le liquide se diffuse un peu trop, laissant les formes peu reconnaissables.
Pour renforcer ma soupe de clous (acétate de fer), j’avais mis à tremper des aiguilles que j’utilise pour les métiers à clous qui avaient commencé à rouiller.
Je les ai sorties, nettoyées avec un peu au papier de verre, puis je les ai graissées.
Bien que je ne soie pas totalement satisfaite de ce test de bogolan, l’effet sur les visiteurs est intéressant. Chacun apporte son petit grain de sel, sa technique d’application de la pâte.
Sauvetage de hérisson
Nous allions faire de nouveaux ecoprint avec Doris, mais des visiteurs ont découvert un petit hérisson malade près de l’atelier provisoire de teinture. Il était sortit en plein soleil, ce qui n’était pas normal, il avait l’air très faible.
Doris a décidé de l’emmener chez le vétérinaire à Morat. Il a été recueilli par une association qui essaie de sauver les hérissons. S’il est guéri, il sera relâché près de son nid, là où on l’a trouvé.
Le soir nous avons essayé de faire tourner le nouveau rouet, mais il faisait déjà presque nuit.
11 août
À 7h30, j’ai préparé le rouet et je me suis installée dans les toilettes, où il y a une prise de courant. Premier test positif, seulement il faut mieux nettoyer les pailles qui restent dans la laine.
Au premier test, j’ai déjà pu filer assez fin.
J’ai de nouveau sorti le drap et pot d’argile modifiée pour le bogolan.
Les graines de cornouiller sanguin ont donné un joli jaune, j’ai plongé la moitié de l’écheveau dans l’indigo, j’ai obtenu une laine bicolore, jaune et vert pâle.
Encore quelques tests d’indigo avec les visiteurs.
Aujourd’hui pas de feu. Lavage des laines non lavées.
Nouvelle décoration du saule mort avec les laines teintes.
Préparation d’un petit bain avec les deux garances, de la cochenille, du tannin de galles du chêne et pour m’assurer un peu d’alun. Cuisson demain. Un peu de laine mérinos et de soie.
J’ai presque fini les mitaines pour Martin, elles ont beaucoup plu à Doris qui m’en a demandé d’une autre couleur.
12 août
Je suis retournée filer avec mon rouet dans les toilettes, il semble que ma rallonge m’a lâchée. Il faut que je m’habitue à nettoyer mieux ma laine, car cela en pardonne pas. Contrairement au rouet à pédale, là la vitesse est régulière et on en peut pas ralentir sans lâcher la laine. Parfois, la laine se casse et s’enroule sur la bobine et le bout se cache dans la laine enroulée.
Depuis les premiers tests, j’ai filé 5 grammes de laine sale que j’ai retordue au fuseau pour bien voir les défauts et enlever les petites saletés restantes. Je viens de la laver au savon pour faire un test d’indigo avec demain.
J’ai redécoré le vieux saule avec les laines et redéployé le drap à bogolan.
Tissage
J’ai fini dans la soirée la petite pochette à rayures commandée par Tania, elle a choisi les couleurs dans l’arbre à laines, m’a indiqué son idée.
J’ai filé un peu de laine de mouton suisse teinte au henné.
Teinture
La teinture à la garance additionnée de cochenille m’a donné un joli vieux rose après ajout d’un peu de crème de tartre. Ce soir, j’ai complété ce bain avec un peu de garance Rubia cordifolia et de tannin de gale de chêne. Il y aura cette fois un petit écheveau de mérinos, un peu de soie de Madagascar, un peu de soie en ruban et un peu de laine de mouton suisse bien lavé.
Je venais juste de finir les mitaines de Martin et je commençais celles de Doris, le ciel s’est obscurci et le vent s’est mis à souffler très fort. C’est le début d’un orage qui secoue l’auvent de l’abri et sa porte en toile.
Plus qu’une semaine pour la Fête de la Préhistoire
13 août
J’ai filé ce matin de l’alpaga, assez bien préparé, avec beaucoup plus de facilité.
Le bain de garance amélioré a donné quasiment la même teinte qu’hier, la laine de mouton bien dégraissée n’a donné qu’un ton saumon pâle, la soie décreusée bleu clair a donné un joli grenat.
Il faudra réessayer demain en mordançant avant.
J’ai presque fini les mitaines de Doris, il faut que je file la laine pour les coutures et tours de finition.
Test d’indigo sur lin pour la chaîne du métier à sprang pour la fête de la Préhistoire, le 22 août.
Il va falloir refaire la cuve d’indigo. Ce sera fait dans quelques jours.
Le drap à bogolan se couvre peu à peu.
14 août
À 7 heures du matin, je m’installe à la porte des toilettes avec une rallonge que m’a prêtée Doris, pour filer. D’abord, je finis la petite quantité d’alpaga gris et teint marron qui me restait. Je change de bobine et démarre la laine pour finir les mitaines de Doris. À 10 heures, j’ai fini de filer les 65 g de laine multicolore.
Je range le rouet et je décore de nouveau l’arbre à laine. Puis, je mets sur le feu le mordançage de lin, laine, soie et vue d’un bain de henné et d’un autre de cochenille.
Je retord l’alpaga et la laine multicolore et finis les mitaines. Il reste de la laine et je décide de faire une petite pochette avec cette laine, puis une autre.
Normalement le rouet peut retordre automatiquement, il en reste qu’à déplacer la petite bague qui détermine l’endroit où va s’enrouler la laine. Mais pour cela, il faut filer des fibres très propres qui en nécessitent pas de révision, du top, par exemple. Cela est rarement le cas pour moi.
D’autre part, il faut séparer la laine à filer sur 2 bobines égales.
J’aurai l’occasion d’en parler ultérieurement.
Heureusement que je retord à la main. Je dois d’abord préparer une bobine avec deux bouts sur un bâton.
Lors de ce bobinage, j’élimine encore des morceaux de paille, je dois renouer parfois quand le fil est trop fragile.
15 août
Ce matin vers 7 heures, je m’installe de nouveau à côté des toilettes. C’est très agréable de filer au grand air. Le rouet est très silencieux, j’entends les oiseaux…
Cette fois-ci, j’ai choisi de filer un reste de Thones et Martod sale, mais sans pailles. En un peu plus d’une heure, j’ai filé presque une demie bobine. Les bobines font à peu près 100 grammes.
Après la décoration de l’arbre à laine, je finis une pochette et j’en fais une autre.
Quand je tisse dehors, j’entends des commentaires assez sympathiques. Il y en a qui se demandent si le coracle sert d’urinoir. C’est vrai qu’il en sent pas très bon, mais il s’améliore avec le temps.
J’ai préparé un nouveau bain de cochenille pour demain et j’ai à nouveau mordancé en prévision de cette teinture. En outre, j’ai fait un test de mordançage au lait.
Puis, j’ai encore fais un bain avec du lin dans le reste de henné et de Cosmos sulfureus.
Dans l’après-midi, le village lacustre est très tranquille. Je décide de tester le filage d’un paquet de laine de mouton valais propre et cardée. En environ 2 heures, j’ai filé presque 100 grammes de laine. J’ai même osé accélérer la vitesse de filage.
Il faut que j’en fasse une deuxième bobine pour tester le retord qui doit être automatique.
En rangeant le drap à bogolan, je m’aperçois que l’envers semble plus marqué que l’endroit.
De 19 h à 21h30, je suis retournée filer à côté des toilettes la laine des moutons valais que m’a donnée Doris, encore plus fine cette fois-ci et avec un peu de soie. La vitesse doit être un peu plus lente pour un fil plus fin.
16 août
Je rembobine ce que j’ai filé la veille au soir sur un bâton pour libérer la bobine du rouet et avoir une bobine à deux bouts pour la retordre au fuseau, elle est parfois un peu fragile, ce sont encore les premiers essais.
Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laine, cependant un peu plus tard que d’habitude à cause d’un risque de pluie. Petit bain de cochenille avec laines mordancées et nouveau mordançage.
Évidemment, je parle toujours de laines, mais j’ai aussi teint de nombreuses autres fibres.
Ce bain de cochenille a très bien pris. Lorsque j’ai enlevé les laine du bain de mordançage j’ai eu la surprise de trouver de gros cristaux d’alun de plusieurs centimètres au fond de la casserole. La veille, j’avais récupérer de l’alun qui s’était échappé de son sachet trop fragile. Peut-être que les impuretés et l’excès ont favorisé la cristallisation.
Sur le drap à bogolan, un enfant de 4 ans me dessine un curieux serpent, son grand-père m’explique qu’il s’agit du canal de la Broye, sujet d’actualité du fait des inondations dues aux récentes pluies diluviennes dans la région.
Alors, je retords les 70 g de fil fin de la veille, mais pas dans le sens habituel. En effet, par erreur, le bouton sur la machine était passé en torsion Z. Mais, cela me facilite le retord manuel.
Aujourd’hui, ils ont fait les foins sur le terrain devant la caisse, avec plusieurs mois de retard. Du fait des inondations, le tracteur ne pouvait pas passer, les plantes auront eu le temps de fleurir et de se resemer. Cela sent bon.
Dans l’après-midi je file à nouveau un peu de fil fin.
17 août
Aujourd’hui, je devais aller à Neuchâtel pour visiter le Musée Ethnographique que Jacques Reinhard m’avait conseillé d’aller voir. En outre, je dois aussi faire réparer mes lunettes dont un verre s’échappe constamment. Mais, on me dit que les musées sont gratuits le mercredi. Donc, j’irai demain.
Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laines, un peu teinture, lavage des dernières laines teintes, filage, retord.
18 août
D’abord, je rencontre Jack qui avait reçu un petit appareil pour couper des lanières de cuir. Il a toujours de bonnes informations pour les matériels et petits outils pour l’artisanat. L’outil est arrivé très vite. La démonstration et vraiment impressionnante.
Puis, je pars à Neuchâtel en bateau. Les bateaux ont été rétabli, car ils avaient été supprimé pendant plusieurs mois à cause des inondations.
J’ai réussi à faire réparer mes lunettes qui paraît-il ont été très mal montées et le verre devrait à nouveau tomber très prochainement. Me voilà prévenue.
Que de magasins de chocolat! Cela fait très envie, mais les prix font peur.
Le musée
Aujourd’hui, je suis partie voir le musée d’Ethnographie, bien caché dans la verdure. Il y avait une exposition de photographie des années 1950 sur des Peuls du Sahel, intéressante.
Enfin, je finis par trouver l’entrée du musée qui n’était indiquée nulle part.
J’ai d’abord visité l’exposition permanente organisée par thèmes: plumes, ambassades, sandales, cordes, croix, contenants… J’avoue que j’aurai aimé avoir plus d’informations sur certains objets.
Je retiendrai tout particulièrement deux fuseaux très décorés et des bijoux en pailles tressées.
Les expositions
Puis j’ai visité deux expositions temporaires, l’une sur les missions suisses au Mozambique et l’autre sur le mal du voyage qui montre bien les déformations que peut provoquer le tourisme sur l’artisanat local.
Par exemple au Pérou, une casquette avec des motifs shipibo (d’indigènes d’Amazonie, Nord du Pérou), normalement dessinés en noir (de fer) sur une toile teinte avec des tannins où est écrit Cusco (Andes du Sud du Pérou). Quelle étude de marché a fait produire un objet aussi insensé? Sans compter le fait que ces dessins ont une signification importante pour ceux qui les ont créés. Découpés en petits morceaux, ils deviennent de vulgaires motifs qui pourront être remplacés par d’autres au gré des modes.
On peut aussi y voir une video très instructive sur un groupe de femmes qui présentent avec un certain humour, mais très organisées, la teinture à la cochenille, au village de Chinchero à 20 minutes de Cusco que j’ai vu lors mon voyage au Tinkuy.
Le show est intéressant mais si rapide (les touristes sont toujours pressés) que l’on en se rend pas compte de la complexité et de la lenteur du travail représenté.
Cependant, ces femmes qui doivent être des artisanes qualifiées paraissent plus être des actrices. Quand ont-elles le temps de produire de l’artisanat si les groupes défilent les uns après les autres gratuitement et leur salaire provient des ventes? Quand je les ai rencontrées, il y a plus de 10 ans déjà, leur principal intérêt était de me vendre leur chapeau ou leur gilet, quand je cherchais de la laine d’alpaga et des plantes pour teindre en bleu et en rouge.
Certes la partie de l’exposition sensée représenter un marché artisanal faisait la part belle au Pérou qui est spécialiste de l’artisanat industriel, mais il y avait aussi des stands sur les Esquimaux qui produisaient de petites reproductions de kayak en impression 3D ou les imitations d’objets en ivoire africains…
J’ai oublié de prendre une photo des kayaks en plastique fluo. C’est dommage.
19 août
Jack a fini le métier à sprang, alors nous pourrons monter la chaîne demain et commencer à le tisser. Maintenant, il tient droit et devra rester fixé à une poutre. Au passage, j’ai appris le système de nœuds utilisé à cet effet.
Recharge du bain d’indigo
Puis, avec Jack nous avons complété la cuve d’indigo. Je l’ai testée comme d’habitude avec des visiteurs.
Elle m’a donné un bleu plus soutenu, nous avions récupéré l’eau de rinçage qui contenait certainement assez de pigments. Bien sûr, nous avons utilisé la même cruche.
J’ai cuit une casserole de cochenille où j’avais mis un peu de soie en ruban, un peu de soie de Madagascar décreusée, un peu de laine propre et du lin pour le sprang. Le tout était mordancé à l’alun avec un peu de vinaigre.
Retord Navajo
Puis, j’ai terminé de filer une bobine de laine de Thones et Martod sale au rouet. Je voulais tester le retord dit navajo avec cette laine. Ce type de retord est à la mode actuellement. Une seule bobine suffit.
Pour cela, il s’agit de retordre en faisant d’énormes chaînettes avec les mains. Ainsi, on obtient une laine à 3 brins. Je l’ai pesée, elle faisait 126 g. puis d’abord rincée, et enfin lavée avec un peu de savon liquide. Elle sera teinte avec des écorces de saule.
Autres teintures
François a coupé des branches de saule pour faire le fonds du coracle, il m’a laissé les écorces pour teindre. J’ai déjà mis à tremper cette laine dans le mordant pour la teindre avec cette teinture, on ne peut plus locale.
Comme prévu, j’ai commencé à préparer des étiquettes de prix pour la Fête de la Préhistoire qui approche à grands pas.
20 août
Bain de cochenille avec 70 g de laine de mouton valais filée au rouet, retordue au fuseau. Mordançage de la laine pour le saule.
Au matin, l’eau avait un peu jauni et montrait quelques petites bulles. Laine mise à tremper avec supplément d’écorces et de feuillage.
Maintenant, le sol du coracle est fini et est mis en place à sécher chargé de pierres pour qu’il prenne sa forme définitive, les tensions le font craquer le soir.
J’ai fait des bobines avec les fils des rayures du sprang. Puis, j’ai commencé à monter la chaîne. Enfin, j’ai décidé de faire 4 petites tresses pour maintenir les débuts et fin de sprang, je ne sais pas si c’est nécessaire. C’est comme cela quand on expérimente en autodidacte. J’ai teint 2 des tresses en indigo.
Teinture en indigo d’un écheveau de laine de mouton et d’un autre en alpaga-soie beige, comme test. Pour le moment, c’est beau, nous verrons le résultat une fois rincé.
Plusieurs heures passées à faire des étiquettes en cuir avec l’adresse du site, le poids, le prix et le type de fibre, la teinture utilisée. Cela a été long. Maintenant, l’arbre à laines est doté de chiffres.
Quand j’ai sorti les laines de la cochenille, j’ai ajouté un peu de crème de tartre dans le bain, elles ont donné un rose assez soutenu. J’ai complémenté avec de la garance pour le lendemain.
J’ai aussi préparé un petit bain avec des déchets variés: épluchures d’échalotes, d’avocat…
François a joué de la cornemuse ce soir, c’était beau.
Puis, sont arrivés les constructeurs du coracle. Ils se sont décidés à aller l’essayer tout de suite, essai concluant. Ils ont décidés où ils débarqueraient pour l’arrivée des marchands lors de la Fête de la Préhistoire.
Le test s’est passé dans une très bonne humeur, comme d’habitude à Gletterens.
21 août – Demain, c’est la Fête de la Préhistoire
Nouvelles journée passée à doter de prix mes travaux, c’est difficile de faire ni trop cher, ni trop peu cher. Les visiteurs sont toujours trop pressés.
Nouveau test du coracle, cette fois-ci avec les marchandises. Nouveau succès.
Journée très calme, Jack m’a imprimé des cartes de visite, car il ne m’en restait presque plus.
Nouveau bain de cochenille. Encore une expérience, reteinte d’un écheveau rose de cochenille en indigo. Un écheveau de bois de Campêche violet, le bain de déchets variés a donné un très beau jaune, il est resté à tremper.
Derniers préparatifs pour la Fête de la Préhistoire.
C’est la Fête de la Préhistoire
22 août
Il a beaucoup plu pendant la nuit, heureusement la journée a été assez belle.
Comme souvent, j’ai allumé les feux de bonne heure. Bain d’écorces et de feuilles de saules qui trempent depuis 2 jours, épuisement des bains de cochenille et déchets divers. Retord à la dernière minute de laine sale filée au rouet pour alimenter ces bains.
J’ai décoré l’arbre à laine avec les dernières teintures lavées le matin même, les nouvelles teintures de la veille et toujours les rubans et autres fibres non filées.
Les “marchands” débarquent les marchandises, il y a beaucoup de visiteurs. Je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de photos.
Une dame m’a donné 4 grands cônes de coton. C’est un beau cadeau, je pense en teindre une partie pour mes premiers galons aux plaquettes. Il va falloir les passer en écheveaux, les faire bouillir avec du savon et les mordancer.
Une Mapuche chilienne m’a enseigné à faire une tresse à 5 fils doubles, le résultat est très joli.
Les “marchands” ont bien vendu, surtout des laines teintes.
En fait, la journée est passée si vite que je n’ai presque `pas pris de photos. Il y avait beaucoup de monde.
Après la Fête…
23 août
Vers 6 heures du matin, j’ai vu une grosse pleine lune entre les arbres, j’ai eu beaucoup de mal à la photographier car le ciel s’éclaircissait plus en photo qu’en réalité. Puis, j’ai vu passer un écureuil brun foncé dans les arbres.
Encore une fois, j’ai vidé sur le compost les restes de végétaux qui encombraient les bains de teinture à filtrer.
Préparations pour le départ
J’ai beaucoup à faire pour préparer mon départ. Je dois préparer un peu mon itinéraire.
Il faudrait aussi que je fasse les derniers ecoprint tant que j’ai des casseroles, que j’épuise les bains ou les transforme en teintures ou pigments.
En fait, j’ai passé presque toute la journée à transformer un cône de 850 g de coton en écheveaux. Comme, j’avais besoin de nouveaux récipients pour filtrer les vieux bains et laver le coton, j’ai accompagné Tania à la déchetterie pour se débarrasser des ordures de la Fête de la Préhistoire, j’en ai profité pour récupérer quelques pots utilisables.
J’ai donné une deuxième vie à une bonbonne de bière en plastique, après avoir enlevé l’étiquette, je découvrais une grosse bouteille en plastique que j’ai pu percer avec un couteau en silex, puis j’ai continué aux ciseaux.
J’ai aidé Tania à démonter une petite yourte et j’ai beaucoup appris sur le montage de celles-ci, il faudra que je modifie mon article sur la yourte de Chevrainvilliers.
Aujourd’hui, j’ai pu parler avec Mireille qui organise le Festival Yelen à Baulme en Septembre. Elle m’a confirmé que je pouvais y participer, elle aussi pratique la teinture naturelle et notamment le bogolan. Il me semble que cela va être très intéressant.
Dans la soirée, Doris et Martin sont venu ramener le petit hérisson souffrant à son nid. Il semble avoir récupéré sa santé, il a eu aussi droit à deux jours de nourriture spéciale pour lui. Je suis bien contente.
Lorsque je rangeais l’arbre à laine, il m’est venu à l’idée de tester l’indigo avec de la soie tussah, le résultat est très beau, je vais sans doute recommencer demain.
24 août
Enfin, vient la teinture des écheveaux de coton, 2 en indigo, mordançage de 2 autres au lait, le reste est réparti entre un bain de cochenille-alun-crème de tartre et mordançage à l’alun.
Épuisement des bains, réduction pour transformer les restes en encre après tamisage. Les filtres à café en servent pas, ils se percent les uns après les autres. Je finis par aller chercher la vieille passoire pour les cendres aux toilettes sèches je l’ai recouverte d’une toile comme tamis.
Malgré le fait que j’épuise les bains, je suis assez contente des couleurs obtenues en coton.
Une dame qui vit au Mali et connaît des artistes qui travaillent le bogolan m’a invité chez elle là-bas. Ce serait passionnant. Mais, ce voyage semble un peu compliqué. Maintenant, alors que j’écris cet article, je me débats avec les bureaucraties tant française que chilienne, tout bêtement pour pouvoir rentrer au Chili.
J’ai commencé le bonnet jaune et violet que l’on m’a commandé dimanche. Je le finirai en voyage.
Dernières teintures sur coton et un peu de soie.
Beaucoup de vent.
Je commence à concentrer les bains. Dernière promenade à la déchetterie pour compléter la panoplie de vieilles casseroles.
Mise au compost des restes solides des bains.
25 août carnet
Fin de concentration des bains accélérée.
Rangement un peu brusqué de tout mon bazar, pour mon départ le lendemain.
Tri organisé rapide des bagages qui m’attendront au Village Lacustre jusqu’au Festival Yelen.
J’ai encore récupéré un peu de fibre de houblon qui avait eu le temps de rouir. Curieusement, j’avais rêvé de ces tiges de houblon.
Demain départ pour la Scandinavie
Prochain article pour bientôt… Si mes démarches pour mon retour au Chili m’en laissent le temps.
/// Rassemblement Préhistorique 2021 /// Article modifié le 2 novembre 2021 Je suis arrivée en France il y a longtemps et j’y serai jusqu’en novembre 2021 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 – publicobre2000@yahoo.es
Dernier article publié: Gletterens, préparations Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Le Rassemblement Préhistorique a la particularité de favoriser des échanges entre des spécialistes et des amateurs de différents domaines autour des thèmes préhistoriques, différentes techniques sont mises en œuvre par des démonstrations, parfois spectaculaires, auxquelles tous peuvent participer…Lors du Rassemblement Préhistorique, on se peut de promener dans tous le Village Lacustre. Mais pendant, ces jours-là, on y découvre des activités multiples parfois surprenantes…
Quel est l’intérêt de cet événement?
Toutes ces tentatives de reconstitutions montrent que ce qu’ils faisaient à la préhistoire, nous pouvions tous le faire. Maintenant, il s’agit de voir les comment? et pourquoi?
C’est aussi comme une forme formation permanente pour toute l’équipe expérimentée du Village Lacustre. Elle doit travailler deux fois plus pendant ces jours pour assurer le déroulement de cet événement et des visites habituelles et en profite souvent pour faire des expériences en dehors de leurs horaires de travail. Pour eux, les animations spontanées, les travaux de ménage… continuaient. En outre, ils devaient nous approvisionner en bois pour les feux et résoudre de nombreux autres problèmes… Entre deux taches courantes, ils arrivaient à partager des activités qui les intéressaient.
Je tiens à remercier chaudement toute l’équipe (François, Jack, Tania, Carole, Doris et Martin) pour toute leur aide et leur gentillesse.
Rassemblement Préhistorique – 31 juillet
Mise en place de l’expo
Je fais une petite visite à la déchetterie pour récupérer plus de récipients – bonne récolte. Bien que cette récupération ne soit pas compatible néolithique, c’est un bon recyclage. Cela va permettre de multiplier les bains de teinture qui sont gourmands en récipients et autres contenants. Nous touchons ici du doigt un problème de l’humain durant la préhistoire. L’archéologue Jean Guilaine y fait référence dans son roman “Pourquoi j’ai construit une maison carrée“.
Le tannage
Découverte de la peau de bison, elle était déjà tendue sur le cadre qu’avait préparé Grégory. Dominique n’est plus seul à tanner c’est année. Il y a aussi une femme qui tente de rattraper des peaux de moutons mal préparées.
Tissage, teinture
Je fais une petite démonstration de filet à la demande d’un visiteur, je trouve le temps de tisser une nouvelle pochette.
Le matin, je prépare deux bains de garance, un bain de tanaisie et un autre de bois de Campêche. Il faut toujours laisser tremper les bains à l’avance. Il est certain que la tanaisie et la garance font partie de l’univers tinctorial néolithique local. Le bois de Campêche a très probablement une utilisation très ancienne sur son lieu d’origine (Mexique et Caraïbes).
Dominique Cardon mentionne dans un de ses livres que des graines de plantes tinctoriales ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques dans le lac de Neuchâtel.
Vannerie
Je découvre la préparation de la clématite sauvage, la vannerie en massettes (roseaux).
Je profite du bain de cuisson de la clématite pour mettre un petit écheveau à teindre. Un groupe de vannier est entrain d’en faire cuire pour en ôter plus facilement l’écorce.
Rassemblement Préhistorique – 1 août
Voyage dans le temps – Fête nationale Suisse
Tout au long de la saison, le Village Lacustre propose des événements et des animations particulières, celle-ci tombait par hasard le jour de la Fête Nationale, occasion de tourner son regard vers une évocation du passé local avec une mise en scène de l’architecture du Village et de l’activité de ses habitants.
Activités du jour
Allumage de deux feux dans la maison longue, où je suis installée. Cela me permet de faire plus de démonstrations à la fois. Maintenant, le nombre de récipients (bien qu’anachroniques) me le permet.
Teinture de lin et alpaga à la garance des teinturiers (Rubia tinctoria) et laine de mouton avec garance indienne (Rubia cordifolia). Cette dernière, appartient aux vieilles traditions tinctoriales de l’Inde.
L’usage de la garance (Rubia tinctoria) et son mordançage sont expliqués dans des tablettes sumériennes qui commentent comment l’utiliser conjointement avec l’indigo pour contrefaire la coûteuse teinture à `la pourpre de murex (voir les livres de Dominique Cardon).
Récupération du bain de clématite plus ajout d’écorces de noisetiers et de cornouillers sanguins provenant des arbres abattus pour le chassis pour le cuir de bison. Teinture aux tanins de deux vieux draps, pour ecoprint et essai de bogolan.
Je prépare un bain de cochenille (moulue), un bain de mordant pour fibres végétales. Quand, je parle de cochenille, ce n’est pas celle qui infeste vos arbres fruitiers. En fait, il s’agit de celle qui attaque les figuiers de Barbarie et est élevée au Mexique et au Pérou depuis des siècles. Notamment, au Mexique, où elle est élevée depuis des temps immémoriaux ce que prouve l’importance et la précision des termes la concernant en nahuatl.
Vu que je n’ai pas de grandes quantités de laines filées et que les récipients sont plutôt petits, je teints de petits écheveaux, de petits paquets de laines et autres fibres bien lavées. Cela me permet d’avoir une plus grande variété de couleurs, éventuellement en épuisant les bains.
Les teintures du jour au Rassemblement Préhistorique
Poils de bison
En ce qui concerne les poils de bison, nous avons une grande conversation avec Éric au sujet de la méthode de récolte. Il traite ses peaux à la chaux pour faire tomber les poils en vue du tannage. Cependant, la récupération des poils pour les filer l’intéresse aussi.
Comme les fibres organiques n’aiment pas les alcalis et que la chaux provoque une réaction qui produit du calcaire, Dominique le tanneur (qui est chimiste) me conseille d’en faire tremper dans du vinaigre. Espérons que l’acidité du vinaigre rattrapera cela et que la chaux n’aie pas attaqué les écailles des fibres. Ce que je crains fort.
Les poils de la peau qu’ils sont entrain de tanner sont nettement plus doux.
Je viens de découvrir à la Bibliothèque Publique d’Information de Beaubourg, le gros livre de Dominique Cardon “Les draperies au Moyen Âge“. Une bonne partie de ce livre parle des traitements de la laine.
Teintures d’os
Comme l’an passé Éric, d’archeoshop.com va teindre des os, notamment des flûtes, un peu de toutes les couleurs.
R´ésultats
Nous pouvons déjà admirer les résultats des premiers bains entrain de sécher.
Jacques Reinhard
Rencontre avec Jacques Reinhard, archéologue et grand spécialiste des textiles, j’attendais de pouvoir le rencontrer depuis l’an dernier.
Il m’a enseigné à faire des cordelettes de raphia et de liber de tilleul. Essai des orties récoltées pas assez séchées, pas rouies.
Vraiment, il est passionnant. Toutes ses informations me seront utiles. Il m’a beaucoup appris.
On pouvait voir sous toutes les coutures ce qui est exposé sous vitrine dans des musées comme le Latenium à Neuchâtel.
Un photographe est passé, il a photographié et il filmé longuement.
Cette journée a été si remplie que j’ai oublié de manger à déjeuner.
Rassemblement Préhistorique – 2 août
Il a encore plu cette nuit, cela permet de constater que le grenier est très efficace.
Teintures
Mordançage et teinture de raphia pour les bracelets et colliers que fabriquent les animateurs, dans un bain réunissant les deux garances, supplémenté en garance indienne. Le résultat me paraît un peu clair, je vais essayer de le foncer avec du sel.
Le raphia est une fibre végétale plus difficile à teindre, d’autant plus qu’elle est très lisse et absorbe moins les teintures.
Les draps teints aux tannins ont séché sur la pelouse, la face contre la pelouse est beaucoup plus claire.
Nous avons fait des ecoprint sur tee-shirt avec Doris et Martin, l’un est parti tout de suite dans le bain encore chaud de garance, l’autre cuira demain dans la tanaisie qu’avait amené François.
Je prépare un nouveau bain d’écorces d’érable dans une bassine zinguée un peu rouillée (laine, soie, os). Les écorces proviennent des bois récoltés par François pour le métier à Sprang que nous allons construire et essayer avec Tania.
Le bain de bois de Campêche agrémenté d’un peu de soupe de clous a donné un bleu très foncé sur laine, soie et os.
Voici un nouveau bain de cochenille très chargé, le lin naturel a bien pris, la soie moins bien. J’avais ajouté deux petits morceaux d’étain, je n’en vois pas l’effet pour le moment. Os teint très foncé. Sauf peut-être sur une flûte qui prend différentes tonalités.
Nous manquons d’alun et avons des difficultés à nous en procurer. Heureusement que Doris en avait chez elle.
Préparation d’un bain de Cosmos sulfureus et d’un bain de henné.
Camille, une amie de François qui a des moutons est venue. Nous nous sommes rencontrées l’an dernier au Rassemblement Préhistorique. Elle m’a donné de la laine et m’a invitée à un festival d’artisanat du 9 au 12 septembre. Il s’agit du Festival Yelen. J’y participerai, ce sera l’occasion d’un prochain article.
Rassemblement Préhistorique – 3 août
Il pleut encore ce matin, Dominique le tanneur, va à un supermarché pour s’acheter des bottes, je lui demande si je peux l’accompagner pour chercher de l’alun. Il connaît bien tous les usages de ce produit difficilement remplaçable. Nous n’en trouvons pas au supermarché. Mais nous trouvons une droguerie à Estavayer le Lac qui nous en vend 1 kg de sulfate d’aluminium. Cela nous d´épanne bien.
Le matin, je sors les bains de la veille: tanaisie avec laine, os et ecoprint sur coton. Ecoprint réussi, soie décevante.
Je file au fuseau un mélange alpaga blanc et beige et soie bleue de bois de Campêche.
François prépare le métier pour le sprang.
Test pour foncer les couleur des raphias provenant d’un même bain, une partie aura un ajout de sel de table, l’autre partie, un ajout de bicarbonate.
Bain de thym mordancé au titane.
Complémentation en garance indienne du bain de garance qui n’a donné qu’un roux. Division du raphia sorti le matin en 4 parties:
une non modifié pas de noeud,
une reteinte en cochenille 1 noeud,
une dans un bain de sel 2 nœuds,
une dans un bain avec bicarbonate 3 nœuds.
C’était le raphia du Village Lacustre, il n’en reste pas beaucoup. Alors, c’est pour cette raison que je préfère diviser en petites quantités et faire varier les couleurs. Le résultat a plu aux intéressées, ce qui est le plus important. Il s’en servent pour tresser des bracelets et des colliers qu’ils vendent aux visiteurs à la caisse.
Jacque Reinhard m’a enseigné comment filer avec un simple petit bâton, c’est intéressant. Il m’a fait des commentaires sur les fuseaux dits “maya” qui servent d’abord à tordre les carex et les pailles de céréales, notamment pour la fabrication de ponts, comme il y en a encore au Pérou.
Le tannage
Le travail sur la peau de bison progresse.
Éric a ´déjà mis en vente ses flûtes teintes. Elles ont l’air de plaire au public.
Test
Test pour arrondir des morceaux de verre de vitrail, je voudrai en faire des pendentifs. Chez Gérard, j’ai pu arrondir les arrêtes avec une lime. Mais, depuis longtemps, je voulais faire cette expérience. Je les ai placés dans une boîte de sardine avec du talc dans la braise du foyer, cela n’a pas été suffisant, je le laisserai au centre du foyer demain.
Les bronziers
Cette année, je n’ai pas pris de photographies, ou très peu, des bronziers au travail, j’en ai pris beaucoup l’an dernier, j’étais à côté d’eux et cette année je suis beaucoup plus occupée. Le passage pour la Maison du Bronze est devenu compliqué à cause des pluies si abondantes. Mais, ils ont continué leurs expériences. J’en parle plus dans l’article sur Gletterens l’an passé.
Début de l’épopée du coracle
La reconstitution d`’un coracle, embarcation, genre coquille de noix géante était prévue. Il s’agit d’une peau de vache nettoyée, mais brute (non tannée) tendue sur une vannerie en noisetiers. La peau est arrivée fraîche, copieusement salée dans un caisse en plastique.
Elle a été bien rincée pour enlever le sel. Puis, a commencé le travail de décharnage. Elle ne sentait déjà pas très bon et elle était aussi très gluante et épaisse. Elle va mettre à l’épreuve les perçoirs et couteaux préhistoriques. Le temps très pluvieux ne facilitait pas son séchage.
Une équipe de plusieurs personnes `a travaillé sur ce projet jusqu’à la fin du Rassemblement Préhistorique.
Ils sont allés chercher de nombreuses branches de noisetiers pour construire la nacelle.
Déroulement de l’ecoprint de Doris et Martin
Le moment de la découverte est venu. C’est toujours un moment chargé d’émotions.
Le test de ramollissement de morceaux de verre de vitrail dans une boite de sardine est prolongé.
Épuisement du bain de garance, un peu renforcé, tunique en lin et laine d’alpaga.
Tests de teinture sur cuir
Après les essais de teintures d’os, nous allons faire des essais sur cuir avec Tania, car elle, ainsi que Doris et Carole fabriquent de très belles pochettes en cuir.
Avec Tania qui s’intéresse particulièrement à ce sujet, nous travaillerons à froid, car le cuir se désagrège quand il cuit et se transforme en une colle, anciennement appelée colle de gants.
Il y a longtemps, quand je vivais à Longotoma, près de La Ligua (zone centrale du Chili) j’avais imaginé de mettre des applications de cuir de lapin teintes en rose, à la cochenille sur un poncho. Quand, j’ai sorti la laine que j’avais teinte avec, il n’y avait plus de cuir, mais une multitude de poils roses.
Les essais
Ici, nous travaillons avec du cuir tanné végétal. Le trempage dans les différents bains colorés sera un peu décevant. Le cuir prend la couleur mais se durcit et devient parfois cassant. Le cuir a subi un certain nombre de traitement après le tannage, peut-être ceux-ci réagissent avec les bains de teinture. Pour la teinture, il faudrait sans doute intervenir avant la finition du cuir.
Mais, la technique d’application de feuilles et autres objets trempés dans la soupe de clous ou l’oxalate de titane sur du cuir, elle enthousiasmera Tania. Effet réussi, peut-être cela produira de nouvelles activités à proposer aux enfants.
En attendant, Tania et Carole démontrent leur créativité débordante en décorant leurs nouvelles pochettes en cuir avec cette technique.
Cela fait plaisir de voir des résultats concrets et utiles pour des essais qui ne semblaient avoir qu’un intérêt esthétique.
Teinture au Cosmos sulfureus
Enfin, le bain de Cosmos sulfureus a refroidi. Ces mignonnes fleurs si légères teignent joliment.
Ce bain de Cosmos sulfureus avec laine, soie, os et plumes m’a beaucoup plu. Je l’ai réutilisé pour une pièce en feutre, car il n’était pas encore épuisé.
L’écoprint de Doris
Déballage de l’ecoprint cuit dans la garance de Doris, préparation avec elle d’un nouveau tee-shirt.
Divers
Tests de plumes dans tous le bains.
J’ai commencé à tricoter les mitaines de Martin, le bronzier.
Tannage à la cervelle
Les peaux partent se faire fumer dans l’atelier. Il y a l`à une structure à cet effet. Dominique effectuera ce traitement sans doute de retour chez lui. Sa peau est plus épaisse et demandera plus de temps.
Rassemblement Préhistorique – 5 août
Test du verre
Je récupère les cendres du foyer. Je retrouve la boîte de sardines écrasée et seulement 1 des 4 quatre morceaux de verre. Les arrêtes ne se sont pas arrondies, les 3 autres apparaîtront peut-être au tamisage des cendres qui seront utilisées soit comme pigment, soit pour les toilettes sèches de la yourte.
Teinture
Je mordance la petite robe en lin de la fille de François. Puis, je la teints à la tanaisie. Je rajoute de l’oxalate de titane comme expérience sur la moitié de la casserole. La petite robe est sortie jaune, avec de grandes taches irrégulières orange.
Cela plaît à la petite fille, mais pas à son père. Je l’ai donc remis dans un bain de titane, elle est devenue toute orange.
Je continue les expériences avec le cuir, les os et les plumes.
Je sors tous les bains de la veille.
Je remet à chauffer la tanaisie (petite robe et ecoprint de Doris), un petit bain de bois de Campêche avec flûtes, un bain de cosmos, un bain de henné, un tout petit bain de cochenille…
Je prépare un bain de feuilles de noyer, un bain de lichens, mordançage de lin et de fibres de bambou, deux bains de cochenille pour tester le titane en comparaison du classique alun + crème de tartre.
Comme j’ai commencé de bonne heure, le feu se retrouve tôt sans casserole, je remets le reste de garance avec une chemise de coton préparée en shibori et dont j’ai trempé le bas dans la soupe de clous.
Doris et Martin m’ont aidé à mettre des prix convenant à la situation sur mes tissages, j’ai commencé à vendre.
Le silex
Je ne vous ai encore pas parlé du silex, mais il i y avait de nombreux amateurs de la taille du silex.
Je n’ai pas assez visité la maison du Bronze cette année. Mais, Éric a dû passer de nombreuses heures à tailler des silex.
Le coracle
Le travail sur la peau de vache du coracle continue. Elle a le don d’attirer les limaces.
Rassemblement Préhistorique – 6 août
Teinture au Rassemblement Préhistorique
Préparation d’un bain d’ortie, mélange des restes de garance cochenille, thym…
Récupération du tee-shirt ecoprint que j’avais utilisé comme sac pour le thym.
Nouveaux bains de cochenille. Celui que j’avais préparé dans la casserole d’aluminium est devenu mauve, il y avait sans doute des restes de fer d’un bain précédent. L’autre casserole est restée plus rouge, j’ai divisé le bain en 2, dans une petite casserole (avec la moitié de la soie) j’ai ajouté les classiques alun et crème de tartre qui ont bien rougi. Dans le bain principal avec laine et soie, j’ai ajouté de l’oxalate de titane.
Nouvel ecoprint sur une chemise en coton de Jacques Reinhard, cuit dans le bain de mélange garance et autres restes.
Teinture aux feuilles de noyer, aux lychens et pétales de coquelicots.
Les ventes
Je vends un grand carré de soie, ainsi qu’une écharpe.
Grandes réflexions sur le prix de vente de mes laines, c’est vraiment difficile à estimer, Martin m’invite à voir lundi les prix chez Spycher. Ce magasin est immense. Il y a de nombreux matériaux rares, des métiers à tisser, des rouets… Je me réjouis à l’avance de cette visite.
Animation – Atelier de dessin
Parmi les animations proposées par le Village Lacustre, il y a des atelier de dessin avec des pigments semblables à ceux utilisés aux temps préhistoriques: ocre jaune, ocre rouge, noir de charbon, craie, cendres…
Les enfants adorent ces animations, parfois ils reviennent plusieurs fois. Durant l’année scolaire, ces mêmes animations sont proposées aux enfants des écoles.
Céramique
Tania va cuire en plein air des pièces de la production du groupe. Elle va obtenir différents effets intéressants.
Elle va cuire aussi des perles et des fusaïoles que j’avais préparé depuis quelques semaines.
Les fusaïoles se sont cassées, elles était très fines et n’avaient peut-être pas bien séché dans la maison, l’atmosphère était très humide, il a beaucoup plu ces dernier temps.
D’autres pièces n’ont pas supporté la cuisson, notamment des hochets préhistoriques.
Ils sont très beaux, ce sont des reproductions de hochets retrouvés dans des tombes d’enfants du Néolithique. À l’intérieur, ils contiennent des petits cailloux qui font du bruit.
Certaines pièces ont subi un traitement privilégié pour les noircir.
L’équipe du coracle a presque atteint son but, la peau de vache a été nettoyée. Des lanières ont été préparées pour consolider la partie vannerie en bois de saule. Il leur faut fixer la peau et bien sûr le tester sur le lac encore en crue.
Rassemblement Préhistorique – 7 août
Résumé avec 2 jours de retard, il y avait tant à faire.
Épuisement des différents bains, recharge de celui de bois de Campêche pour une flûte en os et un peu de chanvre.
Cuisson du bain d’orties, il était temps, elles commençaient à moisir.
Le bain de feuilles de noyers a donné un beige un peu décevant. e bain était certainement trop chargé en fibres.
Celui de lichens a donné une laine bicolore, la casserole était allongée et j’ai vidé un reste d’oxalate de titane à un bout, le résultat es un joli jaune orangé. C’est Éric qui avait amené ce lichens.
Le vieux bain de garances mélangées à d’autres vieux bains de tanins a donné un joli roux.
Avec des visiteurs nous préparons un nouvel ecoprint sur toile à matelas.
Enfin, une cuve d’indigo au Rassemblement Préhistorique
On a, enfin, monté la cuve d’indigo avec Dominique le tanneur qui met à profit ses talents de de chimiste et Tania.
Nous faisons les premiers tests réussis malgré quelques doutes. Le pH était apparemment de 11 au lieu de 9-10. On en voyait pas la couche cuivrée à la surface. Mais la maison est un peu sombre et nous avons fait le bain d’indigo dans une grande cruche, ce qui limite la surface d’oxygénation.
Je n’ai pas pris de photographies de la préparation de cette cuve d’indigo. Mais, nous avons suivi les indications du bain 1-2-3 de Michel Garcia, 1 partie d’indigo, 2 parties de chaux, 3 partie de fructose, remplacé par du miel.
Mais, voici une photographie du premier essai.
Le coracle
Le coracle est bientôt fini, il a été mis à fumer, il sent encore très mauvais. Il vont faire un sol en vannerie à l’intérieur pour protéger un peu le cuir.
Musique
La musique est aussi un grand centre d’intérêt pour de nombreux participants au Rassemblement Préhistorique.
À 20 heures, concert du groupe Polyphoniques avec François. Il est aussi beau que celui de l’an dernier.
Rassemblement Préhistorique – 8 août
À 8h du matin nous tentons de faire un peu de bleu maya avec Tania, sur les braises, nous ne voyons pas la réaction se produire.
Il fait sombre dans la maison longue et encore il y a des jours ont été prévus dans les murs, pour qu’elle puisse être utilisée pour les animations. En effet, il n’y a pas d’électricité dans le Village Lacustre.
La maison du feu est encore plus sombre. L’atelier est conçu avec un mur absent pour une plus grande luminosité. Cela n’est pas conforme aux restes découverts dans les fouilles. Mais, le bâtiment devait être fonctionnel pour les activités de formation du Village Lacustre et l’équipe le signale aux visiteurs.
Nous poursuivons en plein jour sur le camping-gaz. L’argile blanche est devenue grise ciment et s’en échappe une vapeur rose fuchsia. Nous arrêtons l’expérience. Tania doit aller ouvrir la caisse.
Essai de récupération
J’essaye de diluer un peu de ce curieux mélange avec de l’eau, le mélange se fait mal, l’argile veut rester en suspension. On peut apercevoir une couche bleu indigo au fond du gobelet. Dominique pense que je me suis trompée d’argile. Il faudra réessayer.
Nombreux tests en indigo au Rassemblement Préhistorique
L’indigo est intéressant. Il permet de faire des démonstrations rapides de teinture. La teinture pénètre la fibre le temps que j’explique les particularités de ce type de teinture.
En outre, c’est une teinture magique. Les fibres sortent verdâtres et elles bleuissent avec l’oxygène de l’air.
Divers teinture
Je continue à épuiser les bains, car c’est le dernier jour.
Enfin un jour de soleil.
Nous ouvrons l’ecoprint sur toile à matelas, il est plutôt décevant. Cela est certainement dû au fait que j’y ai inclus des feuilles de tabac dont les nervures sont très grosses et détendaient la toile et pour l’ecoprint il faut qu’elle soit bien serrée pour faire contact avec les feuilles.
Petite recharge d’un bain de cochenille classique pour teindre deux os et encore un peu de laine.
Le bain d’ortie a donné un beige jaunâtre.
L’écharpe de feutre a bien pris la teinture au Cosmos sulfureus.
Le coracle du Rassemblement Préhistorique
Le coracle est remis à sécher dans la journée et à fumer le soir quand les visiteurs sont partis. Il ne sera testé sur le lac que pour la Fête de la Préhistoire, où il aura un rôle de vedette.
C’est le fruit du travail acharné de toute une équipe qui a su braver les mauvaises odeurs. Ce fut aussi un centre d’intérêt pour les visiteurs intrigués.
On a du mal à s’imaginer que des moines ont quitté l’Irlande dans de telles embarcations pour rejoindre l’Islande au IXème si`´ècle.
Fin du Rassemblement Préhistorique
Dernier jour, le village lacustre s’est vidé de presque tous ses occupants. Je commence à ranger l’atelier provisoire.
Cette expérience a été très intéressante, j’ai beaucoup appris et fais de très bon contacts. Le temps est passé trop vite.
Quelques jours d’expérimentation en liberté
Quelques conclusions du Rassemblement Préhistorique
Toutes ces expériences soulèvent un certain nombre de questions en ce qui concerne:
l’importance du temps consacré à certaines activités. Le temps n’avait certainement pas la même valeur
les difficultés de transport (par exemple, les silex étaient débités sur place, on ramenait des pièces déjà dégrossies)
les difficultés d’approvisionnement, on faisait avec ce qu’on avait et quand on avait
savoir attendre que la nature facilite le travail (je pense au rouissage des fibres végétales, notamment pour les orties)
/// Gletterens, préparations/// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver) — Nouvel article du 21 juin 2021 — Mis à jour le 8 octobre 2021 — Prochain article – Laver la laine Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Pour Gletterens 2021, il y a tant à faire que je ne sais plus par quoi commencer! En réalité, je m’y prépare depuis le Rassemblement Préhistorique de l’an dernier, au Village Lacustre. Depuis l’obtention de mon diplôme je mets les bouchées doubles… Je voudrais arriver à tout faire.Un prochain article fera le compte rendu de ces expériences.
Lectures et rencontres pour Gletterens
Comme de bien entendu toute nouveauté est précédée de rencontres et de lectures et bien sûr d’expérimentations.
Quelles lectures?
Les sources
Elles sont multiples et très variées, elles vont des bibliothèques des amis, les médiathèques municipales, ma propre collection personnelle que j’enrichis chaque fois que je le peux et sites aux internet, en passant par les inoubliables leçons de la nature.
Voici quelques précieuses sources internet:
hal.fr, thèses et articles en français
academia.edu, semblable, mais plus international, m’a beaucoup servi
libraryxyz, livres pdf ou epub, mais aussi beaucoup d’articles
bnf, multimédia, sur livres anciens, s’avère très intéressant parfois
wikipedia, n’est pas toujours sans intérêt, les articles sont parfois un peu légers, mais les liens tels que celui-ci, peuvent être intéressants
Pinterest, la recherche peut être longue, mais c’est très visuelet on peut y découvrir des pépites
video youtube
cours de Ver de Terre production
conférences du Collège de France, c’est agréable à écouter quand on file, tisse ou fait la cuisine et j’y ai beaucoup appris…
Quelle panoplie, je ne n’arrive pas à tout exploiter. J’ai de quoi faire pour les longues soirées d’hiver.
Le sujets
Comme vous le savez sans doute déjà, je ne me limite pas à la teinture et au travail des fibres.
Les video
Bien sûr, je continue à m’intéresser aux orties et aux autres plantes à fibres, j’ai donc vu de nombreux documentaires sur ces sujets, certaines sont listées dans cet article.
Les rencontres
Wwoofing
Comme Aline m’a amenée de nombreuses fois à la médiathèque d’Argentan, j’y ai puisé de nombreuses informations qui me seront utiles.
Elle m’a procuré une expérience prolongée de filage au rouet… Elle m’a aussi aidée à monter ma boutique Etsy. Cela m’a donné envie d’avoir un petit rouet de voyage qui me permettrait de filer un peu n’importe où.
Chez elle, j’ai rencontré Gregory, wwoofeur aussi, très doué en vannerie et construction végétale qui sera aussi présent à Gletterens en 2021…
Avec Grégory, les surprises ne manquaient pas.
Aline m’a aussi présenté une de ses amies tisserande et dentellière qui m’a beaucoup enseigné. J’ai vu chez elle de magnifiques outils anciens.
Chez Gilles, j’ai beaucoup appris sur les moutons, sur le cidre accessoirement et sur beaucoup d’autres choses passionnantes…
Je lui dois aussi une très bonne laine brute que j’ai répartie entre filature et feutrage. Toutes les laines que j’ai filées ont été tissées et teintes.
Dès l’ouverture des musées, Monique m’a amenée au Musée des Civils pendant la Guerre à Falaise et Gérard m’a fait visiter le Musée de la Préhistoire à Nemours.
Nouveautés pour Gletterens
Nouvelles matières premières
Orties, nouvel essai
Chez Gérard, j’ai fait un nouvel essai pour récupérer des fibres d’orties, d’après des informations recueillies sur internet qui a raté encore une fois. J’attends le prochain Rassemblement Préhistorique et de faire la connaissance de Jacques Reinhard pour en savoir plus.
À Falaise, j’ai eu l’occasion de briser des tiges de roses trémières qui avaient roui naturellement pendant l’automne et l’hiver, elles contenaient de fines fibres blanches, mais il faudrait en avoir de grandes quantités pour en tirer un écheveau ou une bobine…
Nouveaux tissages pour Gletterens
Les nouvelles matières, les limitations matérielles et le peu de temps disponibles m’ont obligé à essayer d’innover. De plus, je ne pouvais pas revenir à Gletterens qu’avec ce qui me restait de l’an passé. Il fallait du nouveau et de la variété.
Alors, j’ai fait quelques écharpes en laine, deux ponchos légers en coton et lin, des petites pochettes, des bracelets… Vous les verrez dans le prochain article sur Gletterens 2021.
Outils qui sortent du commun, spécial Gletterens
Comme je suis toujours à la recherche de nouveaux outils: fuseaux, métiers à tisser… je m’équipe de mieux en mieux. Vu que cela prend de la place, il faut aussi que j’essaie de faire petit et léger.
Fuseau maya, une nouveauté pour Gletterens
Petite découverte fascinante due à Pinterest. Les rares producteurs étant soit aux États-Unis, soit en Angleterre, je me suis décidée à en faire ma propre version bricolée.
C’est très facile à manier et j’ai même pu filer fin avec. En outre, il est démontable, léger et n’occupe que peu d’espace.
En outre, il est totalement archéocompatible. Il suffira de le refaire avec des matériaux moins élaborés que ceux-ci.
D’ailleurs, bien avant le néolithique, des tablettes assez proches servaient à tordre des cordons, ficelles et cordes.
Fuseau turc léger
Le fuseau turc est très intéressant car il fournit directement une pelote prête à l’usage.
A la fin de mon séjour en Suisse, à Gletterens, l’an dernier, mes amis bronziers m’avaient amené voir une immense boutique de laines. Je m’en suis acheté un. Malheureusement, il est un peu trop lourd, à mon goût.
Ma version est beaucoup plus légère et économique. En effet, le plus léger pèse 7 grammes.
Fuseau basque
Je l’ai découvert très récemment sur Pinterest et Gérard m’en a fait un à sa façon. Ce fuseau aussi fournit une pelote prête à l’usage.
“Métier” à bracelets
Vu que je n’ai pas de grosses quantités de laine, le filage au fuseau est très long et qu’il ne me reste presque plus de grandes pièces tissées, je me suis mise à tisser des bracelets et des pochettes.
J’ai cherché un outil archéocompatible (mon métier à clous ne l’est pas).
Voici ce que j’ai trouvé.
Lavage de laine
Pour ne pas partir avec autant de laines sales, avec des déchets, j’ai aussi fait des essais concernant le lavage de la laine.
Aussi, j’ai essayé d’éliminer de la paille qui rendait une laine d’alpaga difficile à filer. J’ai tenté une recette vu dans des livres pourtant sérieux décrivant une technique industrielle pour débarrasser les laines des déchets végétaux. Il s’agit de les faire tremper dans une solution à 5% d’acide sulfurique ou chlorhydrique. J’ai testé l’acide sulfurique disponible en bouteille au supermarché.
Alors, j’ai essayé à plusieurs concentrations, j’ai laissé agir pendant plus d’une semaine, mais apparemment pas d’effet, les pailles étaient toujours là.
Feutre
Mes tests de lavage m’ont incitée à feutrer certaines laines.
D’autres n’ont absolument pas voulu feutrer (shropshire), je les ai préparées pour le filage, certaines ont été teintes chez Gérard.
Autres techniques
Suite à la rencontre de Grégory, le constructeur de huttes kanak, je me suis plus intéressée à la vannerie, technique probablement ancêtre des textiles.
Poursuite de Gletterens l’an dernier
Matières premières non touchées avant Gletterens l’an dernier
Soie, lin, chanvre…
Avant de venir en Suisse, je n’avais pas pu tester ces matières si renommées. Depuis, grâce à mes amis bronzier, j’ai pu essayer de les filer et j’ai même osé les travailler.
Lapin angora
Il y a longtemps, j’avais un peu testé les fibres de mes lapins à Mamiña, mais j’en avais si peu que c’était comme si j’en avais pas eu. Avec Monique, nous sommes allées voir un producteur de fibres d’alpaga et de lapin angora.
Depuis, mon arrivée en France, j’ai d’abord accumulé des toiles à teindre (draps et vieux vêtements, mais aussi toiles de soie). Puis, chez Monique et chez Gérard, j’ai eu l’occasion de partager cette technique.
Autres supports
À Falaise, j’ai acheté et testé des écharpes en laine fine, une toile de matelas et une toile légère de soie.
Filage pour Gletterens
J’ai filé au rouet pendant près de 4 mois, chez Aline. J’ai donc pu tester plusieurs variétés de laines et dans mes temps libres testés les soies, chanvre et autre lin que j’avais ramenés de Suisse.
Peu de temps avant mon départ pour Gletterens, j’ai reçu un paquet de fibres de bison, cadeau d’Éric d’Archeoshop, Je me suis dépêchée de tester ces fibres, d’abord seules, mais elles sont assez courtes, puis mélangées à de la laine de mouton sale. Là, cela se filait un peu plus facilement. Nouvelle expérience sympathique.
Cette fibre n’est pas très facile à filer seule, comme c’est le cas pour beaucoup de fibres difficiles à travailler, je l’ai mélangée avec de la laine de mouton, cela améliore la cohésion du fil.
Voici, les deux produits finaux après retors.
Filets
Lors de ma visite au Latenium à Neuchatel, l’an dernier, j’ai vu un autre outil ancien pour les filets, à tester.
Arrivée à Gletterens en avance
Arrivée le 14 juillet
Voyage sans encombre, un grand merci pour Gérard qui m’a accompagné jusqu’au train à la Gare de Lyon. Des Suisses inconnus m’ont beaucoup aidé avec les bagages au changement de train à Lausanne.
Seul mon petit charriot m’a lâchée juste en arrivant à Gletterens, mais c’est sans doute réparable.
Avec surprise, je découvre l’inondation. Par la suite, le petit supermarché fermera pendant 3 jours de crainte des coupures de courant dues au débordement du Lac de Neuchatel. Tous les lacs de la région ont largement débordés.
Je devais repartir en laissant l’essentiel des bagages pour revenir quelques jours avant le Rassemblement Préhistorique, mais on a eu pitié de moi, ma tente n’était pas adaptée à la météo du moment. On m’a dit de m’installer dans un des abris préhistoriques qui était parfaitement sec.
Du 15 au 19 juillet
Coutures des ourlets sur les écharpes en soie, j’ai tenu à le faire avec des files de soie, ma soie était très emmêlée et j’ai passé beaucoup de temps avec cela.
En outre, j’ai aussi raccommodé avec de la soie les petits trous des bouffettes sur les sacs en toile de matelas écoprintés. Pour les sacs, il me reste à faire les lanières que je tresserai avec du lin et du chanvre que j’ai filé au fuseau. Ce sera solide.
Préparation de nouveaux fuseaux compatibles néolithiques.
Reproduction d’un fuseau trouvé dans une tombe à La Ligua visible au Musée de La Ligua. Là-bas, on m’avait dit qu’il n’avait certainement pas du être utilisé, que ce devait être une miniature. En effet, il était constitué d’un simple bâtonnet et d’une petite huître percée au centre.
Les amis de Gletterens m’ont aidé, ils m’ont fourni un petit coquillage, Tatiana l’a percé en frottant l’extérieur d’abord sur une pierre à polir, puis avec un poinçon en silex elle a préparé le trou à l’intérieur, puis elle l’a terminé à la vrille préhistorique.
J’ai trouvé une baguette, je l’ai tout de suite testé avec de la laine mouton. Cela fonctionne bien, il est très léger et peut filer très fin, seulement on ne peut pas produire de grosses bobine avec.
Fabrication d’un fuseau Maya à partir des matériaux du bord. Finition d’autres fuseaux Maya avec des perles ajustées avec une colle néolithique à base de brai de bouleau.
20 juillet
Pour le Rassemblement Préhistorique, il faut dans la mesure du possible utiliser du matériel qui ne soit pas anachronique.
Et nous manquons de casseroles, il va falloir en faire en argile.
Préparation de l’argile
À Gletterens, il y a un tas d’argile qui sert pour le torchis des murs des maisons, elle doit être bonne, mais elle a été envahie par les racines des arbres et quelques ronces.
J’en ramasse un paquet dans un sac poubelle. D’abord, je l’égraine dans un seau d’eau.
Puis, je malaxe bien le résultat, il reste encore beaucoup de radicelles. Enfin, je vais essayer de la tamiser. Puis je la laisse décanter dans un bac en espérant qu’elle sèche. Heureusement, il fait beau et chaud avec un peu de vent. J’essaie d’éliminer les quelques centimètres d’eau qui surnage.
Le matin, au petit déjeuner, j’ai la visite d’une petite mésange charbonnière très entreprenante. D’abord, elle me picore les mains, puis elle saute sur mes genoux, s’accroche à mon pull, grimpe sur mon épaule et enfin sur ma tête.
21 juillet
Je vais chercher un nouveau seau d’argile le matin.
Cette fois-ci, je fais plus simple et rapide. Je rajoute l’eau dans le seau. Puis le soir, je malaxe, j’enlève à la main les grosses racines et je tamise deux fois.
Je laisse décanter la nuit.
22 juillet
D’abord, j’élimine l’eau qui surnage dans les deux récipients. Le premier est déjà plus consistant.
Normalement, j’aurai du aller chercher du sable fin pour amaigrir une partie de cette terre, mais elle est déjà très sablonneuse. Puis, dès que la terre aura une bonne consistance je la battrai pour éliminer les bulles d’air. Enfin, j’essaierai de faire quelques perles et fusaïoles, avant d’essayer de faire des casseroles. De toute manière, la quantité préparée est sans doute insuffisante. Et il faut laisser le temps à la terre de sécher avant de la cuire.
Puis, il faudra les battre pour récupérer les fibres à filer
J’ai récupéré les feuilles pour la teinture.
D’autre part, j’ai commencé à récolter des graines de cornouiller sanguin et de bourdaine qui font partie des fameuses “Graines d’Avignon” que je n’ai pas encore testées.
Puis, j’ai avancé sur le poncho entouré de filet. J’avais déjà fait deux côtés, il m’en restait deux autres. J’en suis à la moitié du troisième côté.
23 juillet
Nouvelle récolte d’orties, il y en a de très grandes. Préparation après quelques heures de séchage, elles piquent un peu moins. Je voudrais les photographier à la loupe. C’est vrai que cela pique, mais on finit par oublier et cela fait du bien aux articulations, je dors mieux la nuit…
J’avance sur le filet de bord du poncho, je viens d’attaquer le 4ème côté.
L’argile sèche petit à petit, premier essai de perle.
Tressage d’une lanière à 5 fils de lin et soie pour 1 sac ecoprint sur toile à matelas.
24 juillet
Petite visite à la déchetterie pour chercher de la ferraille pour la soupe de clous et de vieilles marmites pour la teinture. En effet, ma marmite archéocompatible ne sera certainement pas prête à temps pour les Rencontres Préhistoriques, la semaine prochaine. Les déchetteries sont une source d’approvisionnement très riche en Suisse.
Disparition insolite de l’argile encore mouillée entre 6h30 et 9h00. Donc, préparation d’argile nouvelle.
Couture de la lanière sur le sac, elle était trop fine, je l’ai agrémentée de 2 rangs de crochet de chaque côté.
Tressage d’une lanière à 8 fils de chanvre que j’ai du retordre auparavant. Pour la même longueur de fil, elle était plus courte et beaucoup plus longue à tresser. Elle est très douce au toucher.
25 juillet
J’ai tamisé et laisser reposer l’argile qui trempe depuis la veille.
Tressage d’une autre lanière, cette fois-ci combinaison de chanvre et lin-soie. Le résultat me plaît, mais c’est très long.
26 juillet
Tamisage de l’argile
Nouvelle tresse á 8 huit brins et une autre à 10 est presque finie.
J’avance sur le filet du bord du poncho, il ne me manque que 3 rangs.
Les mésanges viennent visiter l’abri préhistorique, elles sont vraiment très curieuses. Leur visite me met de bonne humeur le matin.
27 juillet
Je viens de m’installer dehors pour taper ce texte. Les mésanges viennent manger les miettes, se promènent sur le clavier, elles sont si légères qu’elles ne tapent pas de texte incongru. Puis, elles me picorent les pieds.
J’ai fini les tresses pour les sacs en ecoprint. Elles m’auront pris plusieurs jours.
Comme, j’ai fini le poncho entouré de filets., j’ai commencé la ceinture en filet.
Arrivée de Gregory, je suis contente qu’il ait pu venir, je pense que ce sera une bonne expérience.
28 juillet
Nouvelles visites des mésanges affamées par la pluie.
D’abord, j’ai cousu toutes les lanières des sacs ecoprint, Je suis contente, mais j’ai passé beaucoup de temps dessus.
Puis, j’ai rangé les bacs d’argile sous clef, car elle est presque assez sèche.
Enfin, j’ai récupéré les écorces de cornouillers et de noisetiers que Gregory a coupées pour faire le châssis pour le tannage de la peau de bison. Elles me serviront pour teindre. La texture du bois de cornouiller est très belle.
29 juillet
Poursuite de la ceinture en filet. J’en aurai pour un bon moment, elle n’est pas large, mais c’est très long.
Enfin, j’ai fini le dernier sac, je peux passer à d’autres taches.
Moulage d’un grand bol avec de l’argile que m’avait amenée Doris, j’espère qu’il se démoulera sans problème, pour le moment il sèche dans l’abri préhistorique.
J’ai encore fait deux fusaïoles et quelques perles.
J’ai testé la terre que j’ai tamisée, car elle commence à sécher. Elle se fendille quand on la modèle. Il paraît qu’il faut battre cette terre.
Je ramasse tous les jours de nombreuses feuilles de peupliers attaquées par un insecte qui provoque une boursoufflure sur la tige. C’est intéressant en teinture, car ces boules dues à un parasite concentrent les tanins.
30 juillet
Récolte de petits pois sauvages, dans le jardin. Il fallait le faire car les gousses commençaient à s’ouvrir et les graines se perdaient.
Ramassage d’une grosse botte d’orties
Le soir arrivée des premiers participants au Rassemblement Préhistorique: Andreas – tannage et pièges, il est chimiste, Dominique – tannage à la cervelle est aussi chimiste, Eric – silex, flûte, créateur d’archeoshop.com, puis François et trois amis. Grosse déception Pierre le Frondeur n’a pas pu venir.
Fin de soirée très agréable avec concert folk celtique… Filature de poils de lapin angora, fibre courte qui vole mais feutre aussi avec facilité.
Demain commencent le nouveau Rassemblement Préhistorique!!! Nous sommes prêts, la suite vient dans un prochain article.
Gletterens 2022
Nous espérons tous pouvoir nous revoir l’an prochain à Gletterens.
/// Filer comme au temps jadis? /// Article créé le 10 mai 2021 —- Mis à jour le 29 octobre 2024
Je suis rentrée au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352
Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com Les dernières nouvelles apparaissent souvent sur ce site
Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.
Pourquoi filer?
Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.
Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.
En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.
Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.
Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.
Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.
Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.
Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…
La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…
Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,
Comment commencer à filer?
Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi,j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.
Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.
C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…
Quelles fibres choisir?
Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.
Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.
Laver la laine ou pas avant?
Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.
Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.
Carder ou peigner avant de filer
Peigner la laine
Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.
Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.
Carder à la main
C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.
Nous avons deux options.
Ma pratique habituelle, sans outils
J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.
À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.
Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.
Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.
Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.
Avec planches à carder
Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.
On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.
C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.
Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.
Attention
On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…
Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.
Cardage à la machine
Cardeuse manuelle
J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.
À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.
Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.
En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.
Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.
Cardeuse de tapissier
J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.
Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.
Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.
Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.
Cardeuse électrique
Chez “Rincón de Angel”, nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.
Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.
L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer
Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.
Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.
D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.
Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.
Astuce “viking”
La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.
Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.
La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.
C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.
Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.
Filer sec
Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.
Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.
Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.
Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.
Filer humide
Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.
Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.
C’est beaucoup plus facile.
J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.
Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.
Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.
Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.
Que filaient nos ancêtres?
Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.
Difficile à filer?
Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.
Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.
La torsion
La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.
J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.
Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).
Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.
Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.
Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.
Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.
Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.
Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.
Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.
Filer S ou Z
A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.
Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.
Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.
Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…
Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.
Forte ou pas
Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.
C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.
Doubler ou retordre la laine
Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.
Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.
Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.
Filer des laines fantaisie
Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.
Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.
Quel outil choisir pour filer?
Le fuseau
Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.
Grande variété de modèles
Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.
Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.
L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.
J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.
Facilité d’apprentissage
En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.
En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:
la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
les forces centripètes et centrifuges.
Que de science résumée dans un outil aussi ancien!
Filer en marchant
Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.
En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.
Filer au rouet
En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.
Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.
Le rouet à pédale
Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.
Pendant longtemps, chez mon ami du “Rincón de Angel“, je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.
En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.
Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.
Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.
Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.
Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.
Le rouet électrique
Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.
Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.
On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.
Achat d’un rouet
Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.
Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.
Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.
Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord
Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.
J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.
Taille du trou d’entrée
La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.
En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.
Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…
Taille de la bobine
La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.
Taille des crochets sur la broche en U
La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.
Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.
Bon état de la broche en U
Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.
Possibilités de réglages
Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.
Tension de la courroie
La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.
Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.
Possiblité de retordre (marche inverse)
Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.
On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. “Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?“. 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.
J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.
D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.
Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.
Position de travail pour filer
L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position. Il faut arriver à ne pas devoir se rapprocher trop du rouet, cela permet d’avoir un peu d’avance si le fil se coupe, on peut rattraper le fil et arrêter s’il le faut avant que le fil aille s’enrouler sur la bobine.
Vitesse de filature
Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.
D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.
Possibilité de démontage
Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.
Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.
Ma recherche actuelle
Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.
Quelques chiffres
Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.
Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.
Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.
Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.
Nettoyage et cardage manuel
Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.
Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.
J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.
Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.
Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn
La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.
Affinage des mèches de carde pour filer
Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.
Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.
Temps pour cette opération: 1h 30 mn
Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.
Encore des déchets…
Temps pour cette opération: 1h
Filature au rouet
Enfin, on peut commencer à filer.
Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.
Encore des déchets, mais déjà moins.
Temps pour la filature: 6h 30 mn
Doublage du fil
Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.
Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.
Temps pour retordre: 2h
Mise en écheveaux
Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une “aspa”.
Temps de mise en écheveaux: 30 mn
Poids des écheveaux avant lavage: 340 g
Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.
Lavage
Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.
Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.
Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.
Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.
On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.
Plusieurs rinçages.
L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.
Lavage au lavoir
La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.
Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.
La solution était le lavoir.
Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.
Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.
Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.
Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.
Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Séchage
Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.
Pesée après lavage et séchage: 225 g
Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %
Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g
Nombre de mètres de laine: 193 m
Temps total: 14 heures
Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.
Mise en pelotes
Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.
Autres laines travaillées
À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.
Bleues du Maine
Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.
La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le “beri” à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.
Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?
Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.
Thones et Marthod
Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.
C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.
Petite remarque
Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être “gratuite“.
Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.
Conclusion
Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.
Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.
D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.
Voulez-vous filer vos moutons?
Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.
Pourquoi pas un atelier?
Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.
Post-Scriptum
Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer à et partager des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.
/// Lacustre, le village, en Suisse /// —- Encore en cours de rédaction — Cet article vaut pour deux! J’attendais la confirmation des amis de Gletterens pour publier cet article, n’ayant pas eu de réponse à ce jour, je me permets de le faire. Nouvel article du 2 Septembre 2020 — Mis à jour le 19 janvier 2021 — Organisons donc des ateliers! C’est facile
Premiers contacts avec le Village Lacustre
Il y a presqu’un an, une des membres de l’Association La Mère Lison de Loches me parlait du Village Lacustre de Gletterens… où il y avait des spécialistes des textiles anciens… Je prenais contact, mais nous étions déjà en Octobre. Il commence à y faire froid et les activités se congèlent pour passer l’hiver et reprendre au printemps.
Tout commence par…
François m’a donné gentiment les dates des prochaines Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre et m’a beaucoup parlé du spécialiste des textiles, Jacques. Je prenais note.
Puis lors de recherches concernant les orties et mes essais de filature, j’appelais une dame qui faisait des reconstitutions historiques en tissage, elle aussi me renvoyait vers le Village Lacustre de Gletterens.
Alors, nous étions fin juin, j’ai donc rappelé au Village Lacustre pour savoir si les Rencontres Préhistoriques n’avaient pas été éliminées comme tant d’activités culturelles en France par ce vilain virus…
Par chance, en Suisse, la culture n’a pas subi autant de dégâts qu’en France. On m’a dit que je pouvait venir condition d’avoir un déguisement préhistorique.
Mon déguisement préhistorique
Cependant, il me restait peu de temps. Donc, après mes heures de wwoofing, je me dépêchais de me composer un costume…
Teinture
Depuis quelques mois, je filais de la laine que m’avait donnée Cécile, une amapienne, amie de Paul de Biolab Maraîchage.
On m’avait aussi donné quelques bassines à confitures, je les ai mises à contribution pour teindre, de même que celle en inox que j’avais achetée pour faire les savons.
Avec un petit groupe de wwoofers curieux de voire des teintures naturelles, nous avons teint les petits écheveaux que j’avais filés.
Lavage des laines
Je les ai d’abord lavés en testant la lessive de lierre que nous avions préparée. Le résultat a été plus que correct, bien que la laine était très grasse. En effet, je la file brute de tonte, c’est plus facile.
Teintures
Nous avons testés:
Les écorces et noyaux d’avocats que nous avions mangés
Les feuilles du pauvre noyer qui avait eu la mauvaise idée de pousser dans la serre en verre et qui faisait trop d’ombre aux poivrons…
Comme je teints de petites quantités, exceptionnellement, je le fais sur la cuisinière.
Enfin, certains bains se sont répétés dans différentes casseroles donnant une grande variété de couleurs… Le cuivre modifie les couleurs.
Résultat final
Quand j’ai pesé toutes ces laines, je n’avais pas plus que 400 grammes. En effet, au lavage, la laine perd plus du tiers de son poids. C’était, la graisse (lanoline), le suint (le parfum ou la mauvaise odeur, selon les goûts) et les poussières.
Maintenant, je file plus fin et je retords mes laines pour obtenir un meilleur résultat, c’est donc plus long.
Tissage
Le poncho
J’ai décidé d’aller au plus simple, un poncho, des guêtres, et une jupe…
Le poncho, je l’ai fait avec deux bandes sur mon métier Tissanova que j’ai réunies au crochet. Une des bandes avait des broderies incrustées lors du tissage avec les laines teintes naturellement. Ces dessins ressortaient sur un fond de trame blanche en laine de mouton et une chaîne d’alpaga beige. En outre, cela a été l’occasion de tester l’extension de mon métier Tissanova que m’a gentiment fait notre voisin à Loches. Cela a très bien fonctionné.
J’étais tellement pressée de terminer mon poncho que j’ai oublié de prendre des photographies de la première bande…
La deuxième bande, plus simple, alternait des rayures de différentes couleurs de laines plus ou moins épaisses.
Elle était un peu plus longue que la première. Pour cacher cette différence, j’ai décalé les deux bandes pendant le montage lors du voyage.
Les guêtres
Elles étaient constituées de deux rectangles crochetés avec la laine brute, non filée.
Puis, je les ai lavés et teints aux feuilles de noyer, ils ont été cousus au crochet pour faire des tubes avec une laine teinte à la garance.
En outre, les guêtres et les ponchos étaient effectivement utilisés en Amérique précolombienne, comme l’attestent les dessins de Guaman Poma de Ayala.
Costume pas fini, mais suffisant
Enfin, je n’ai pas terminé la jupe qui était crochetée de la même manière, j’ai tout de même obtenu un grand rectangle que j’ai teint à la ronce au Village Lacustre.
Je n’ai pas eu besoin de la jupe, car il faisait très chaud. Alors, j’ai mis un pantalon en coton teint en ecoprint au Brésil.
Je n’ai pas eu le temps de me faire les chaussures en feutres que j’avais projetées. Mais le feutre n’est arrivé que très récemment en Amérique Latine.
Je n’avais pas non plus de cuir sous la main pour me faire des tongs comme les Incas ou mieux des mocassins. Ce sera pour une prochaine fois.
Le voyage vers le Village Lacustre de Gletterens
En France, quand on veut éviter de passer par Paris, tout se complique, bien que quand on insiste dans les recherches, c’est possible. Les recherches ont été longues mais fructueuse, en partant 2 jours à l’avance.
Détour par Loches
Avant de repartir au Chili en novembre 2019, j’avais laissé un gros sac de tricots et tissages chez mes amis de l’Atelier de Joëlle à Loches.
Mes amis n’étaient pas là l’après-midi. Je suis donc passé le chercher comme convenu chez La Mère Lison.
Nemours – Montargis pas de problème, il y a des trains toutes les heures, j’arrive à la gare vers 9 heures, j’attends le suivant.
Maintenant, il y a tant de trains en retard, que l’on annonce ceux qui sont à l’heure…
Les déboires commencent
Montargis – Orléans, il n’y a plus de trains, mais un bus et plusieurs escaliers pour la sortie, pas d’ascenseurs, ni de rampe d’accès pour les handicapés. Ma grosse valise bleue se délabre. En essayant de lui faire passer les marches, la poignée s’est arrachée. J’arrive à l’arrêt de bus, il faut attendre 3 heures. Je m’installe à coudre mes guêtres, puis à lire.
Le bus arrive, pas d’aide pour mettre les bagages dans la soute. Le chauffeur ne dit pas bonjour, mais “Mettez votre masque“. Il n’est pas content, car il doit me rendre la monnaie qui pourrait le contaminer. La moitié des sièges ne peuvent pas être utilisés.
Arrivée à la Gare Routière d’Orléans, pas d’indications de la Gare SNCF, personne ne sait rien et je dois traîner mes deux valises et mon sac à dos.
Curieuse banalité à la gare d’Orléans
Une fois trouvée la gare, cachée dans un centre commercial, je veux acheter le billet Orléans – Tours. Les machines automatiques me disent que mes cartes bleues ne marchent pas. Quelle inquiétude! Je passe au bureau d’achat, heureusement cela a marché. Mais en sortant, le vigile ne voit pas que je dois tirer deux valises une par une et commence à me menacer.
Arrivée à Tours, il faut à nouveau sortir de la gare pour prendre un bus et il faut que j’arrive avant 19 heures, avant que la Mère Lison ne ferme.
Loches
Arrivée à Loches, je demande à l’employé de la gare s’il y a une consigne. Il dit que oui. J’arrive avec mes valises, il veut d’abord que je mette mon masque alors qu’il est bien protégé derrière une vitre. Puis, il me dit qu’il n’y a plus de consigne depuis les attentats. Je suis curieuse de savoir quand a eu lieu le dernier attentat à Loches, tranquille village de moins de 10.000 habitants?
Je dois donc traîner mes valises jusqu’à la Mère Lison pour ensuite revenir à la gare avec un gros sac en plus! Heureusement, arrivée sur la place du marché, je rencontre la police municipale qui ne peut pas m’aider, mais me dit de voir avec le restaurant. Le restaurant m’autorise à laisser mes valises sur leur terrasse pendant 10 petites minutes. Je file à la Mère Lison. Là-bas quelqu’un qui me connaît m’aide à ramener mon sac de tricots et mes valises jusqu’à la gare. Elle a vraiment été très gentille.
Drôle de tourisme
Retour à Tours en bus. Celui-ci passe par de nombreux petits villages aux gares abandonnées. Joli clocher en pierres à Courçay, je ne l’ai pas photographié, les photos prises depuis un bus ne rendent jamais bien…
Ce voyage est aussi la résistance à la soif. Je m’achète une petite bouteille d’eau au distributeur (il n’y en a pas de grandes). Paiement par carte sans contact pour éviter la contamination au virus…
Tours
De retour à la Gare SNCF de Tours, il est déjà plus de 20 heures. Le bureau de vente des tickets est déjà fermé. Les machines ne vendent que des tickets qui passent par Paris, alors que les trains qui vont à Lyon passent par Tours. Où est la logique? Jusqu’ici, j’avais évité Paris, je n’allais tout de même pas y retourner, et peut-être devoir changer de gare avec mes valises? C’était hors de question.
Bien sûr, je prends mon mal en patience, pensant y être en sécurité, je décide de passer la nuit dans la gare. Pas de toilettes, pas d’internet non plus, bien que j’étais assise dans la zone WIFI. Je voulais attendre le premier train pour Tours-Les Aubrais vers 6 heures.
Mauvaise idée, c’est devenu impossible en France. Plus de train de nuit, donc interdiction d’attendre. Un peu avant 23 heures arrivent 3 vigiles équipé d’un chien me réveille de mon état de somnolence et prétendent que je les retardent pour fermer la gare. Évidemment, ils n’ont pas autre chose à me proposer que de sortir, sans aide. Je crois qu’à leur place j’aurais eu honte. Mais, la honte semble aussi interdite aujourd’hui.
Nuit avec les SDF à Tours
Je traîne donc à nouveau, un à un, à moitié endormie, mes deux valises et mon sac de tricot, sans enlever mon sac à dos, vers la sortie de la gare. Je préfère rester dans le coin le mieux éclairé, c’est-à-dire juste devant la porte de la gare que les vigiles se sont empressés de fermer, à peine l’eus-je franchie.
Il y a bien des édifices qui ressemblent à des hôtels, ils sont sans doutes inabordables et semblent fermés, pas une fenêtre ne montre de lumière.
Un touriste me fait donner un billet de 5 euros par sa petite fille. Je me mets à écrire un premier jet de ce passage.
Un Africain passe à vélo, il écoute une chanson qui dit “Il faut réfléchir tout de suite“. C’est peut-être la chose la plus sensée que j’ai entendue aujourd’hui!
Que faire?
Maintenant, je ne pouvais plus me permettre de fermer l’oeil. Heureusement, je n’avais pas froid aux pieds avec mes guêtres. D’abord, j’étudiais un peu la situation. J’ai osé aller parler un peu avec un chauffeur de taxi. Il me dit que l’on pouvait utiliser le WIFI du MacDonald du coin, mais cela ne marchait pas à cet horaire. J’essaie de me renseigner s’il y a des bus pour Lyon, il me conseille d’attendre le matin.
Parfois, des SDF me demandaient des cigarettes, malheureusement pour eux, je ne fume pas. Ils repartaient déçus. Il y en a un qui trouvait chouettes mes vieilles crocs. Il y avait du monde qui passait…
Ne pas perdre de temps
Voyant que mon coin était tout de même assez tranquille, je me suis décidée à chercher mon gros sac vert qui était dans la petite valise noire et à répartir les tricots récupérés à Loches entre ce sac et la petite valise noire.
Puis, je cherchais les morceaux de mon poncho-déguisement, un crochet et de la laine pour faire les finitions, profitant de l’éclairage nocturne de la gare vide, peuplée de vigiles sans pitié pour les clients qui en fin de compte paient leurs salaires.
J’ai donc tricoté, assise sur ma valise, jusqu’à 5h30, heure à laquelle les vigiles daignent ouvrir les portes.
Que penser de cette nuit?
Tout cela donne l’impression d’une perte de qualité du service. La sécurité concerne le bâtiment, mais non les usagers et clients. Pourtant, tout cela est payé par nos achats et bien sûr nos impôts.
Signalétique hermétique
De curieux pictogrammes souvent liés au COVID 19 ont fait leur apparition un peu partout, même sur le sol. Ils sont si peu évidents que des affiches les expliquent. Cela a dû être rentable pour les designers qui les ont conçus.
Comment les archéologues du futur interprèteront-ils tout cela dans quelques milliers d’années?
Je pense à la nouvelle de Primo Levi, où il imagine des archéologues du futur qui redécouvre Pompéi à nouveau couvert de cendres après une répétition moderne de l’explosion du Vésuve, et ils analysent les différents appareils photographiques des touristes en se posant des questions insolubles…
Tours Les Aubrais – Lyon – Genève
Après une nuit pleine d’inquiétude, je prends une des premières navettes pour Tours-Les Aubrais. J’en profite pour enfin pouvoir aller aux toilettes dans le train.
Par chance, là j’arrive à obtenir de l’aide auprès d’une employée qui sait comment faire sortir de la machine à tickets toute une série de billets pour aller jusqu’à Genève, sans passer par Paris.
On dirait que le système s’est un peu dégrippé! Elle a même la gentillesse de m’autoriser à laisser mes bagages au pied de l’escalier le temps d’aller m’acheter quelque chose à manger. J’avais terriblement faim, je n’avais rien mangé depuis la veille à 6 heures… D’autant plus que les dernières heures avaient été très sportives.
Car, il semble qu’il faille être en excellente santé pour voyager dans les transport en commun en France.
Cette fois, le train est bondé, il a récupéré les passagers d’un autre train en retard pour avoir croisé le passage malencontreux d’un chevreuil inattentif. Là encore, le personnel était débordé, mais très accommodant… Voyage assise sur ma valise, car je n’étais pas montée dans la bonne voiture…
Lyon
Changement de train à Lyon, mon pied glisse entre le quai et le train. Une de mes chaussures tombe sur la voie. Je n’en ai pas d’autres. Heureusement, un employé me la ramasse une fois le train partie. Je suis bonne pour une remarquable série de bleus sur la jambequi m’accompagneront pendant 15 jours.
Cela n’aurait pas eu lieu en Suisse où les trains ont de petites extensions devant les portes pour éviter les chûtes, même quand on est chargé.
Enfin, j’espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon périple. Mais, vu le prix des transports, il me semblerait normal de recevoir un meilleur service. Ce service est-il encore public?
Arrivée en Suisse
Je suis tellement fatiguée par la nuit devant la porte de la Gare de Tours, que j’ai dormi une grande partie du voyage. Je n’ai pas pu profiter du paysage.
Passage de la douane à Genève sans problème. Recherche du prochain train pour Fribourg. Ici, les choses sont beaucoup plus faciles, malgré les indications en allemand. Il y a des rampes et aussi souvent des ascenseurs. Et les gens aident spontanément, ce qui est très appréciable.
Près du but
Je reprends contact avec François et Jacques, ce dernier me réponds par message qu’il a eu de gros soucis de santé et que je dois appeler au Village Lacustre. François a aussi eu un accident peu auparavant. J’arrivais un jour avant les Rencontres Préhistoriques, au Village Lacustre, comme me l’avais conseillé Jacques.
À Fribourg, j’ai pris un train pour Estavayer le Lac, car un autre ami wwoofer suisse m’en avait parlé, au lieu de me baser sur le plan du site. J’aurais plutôt dû descendre à Payerne ou avoir pris un bus pour Gletterens à Fribourg.
J’arrive à Estavayer le Lac vers 21 heures. Pour descendre du train une dame me dit “¿La puedo ayudar?”, c’était une Chilienne qui vit en Espagne. La gare est déserte et je ne sais pas où passer la nuit… Heureusement, elle me donne le numéro d’un taxi. Celui m’a aidé à trouver une chambre d’hôtel et m’y a amené.
Je me retrouve dans un hôtel sur une aire de repos d’autoroute. L’hôtel est un peu cher (130 Francs Suisses), mais quel repos après toutes ces heures de voyage mouvementé.
Arrivée au Village Lacustre de Gletterens
Le matin, depuis l’hôtel, j’appelle le Village Lacustre, car je ne savais pas comment faire pour y arriver. Jack, un des animateurs-médiateurs culturels, passera me chercher vers 14 heures.
À partir de 11 heures, je sors avec tous mes bagages et je m’installe pour terminer mon poncho, car je n’avais pas encore réuni les deux bandes. Je le fais par une couture au crochet.
Juste au moment où j’ai fini mon poncho, Jack du Village Lacustre apparaît. Il m’a tout de suite amenée à Gletterens et j’ai pu faire connaissance avec d’autres membres de cette sympathique équipe.
Le Village Lacustre de Gletterens
Les abris préhistoriques
Il y a un, un peu caché sous les arbres, à côté des autres habitations du village lacustre. Un peu trop caché, certains visiteurs ne le voient pas.
Il y en 3 autres à côtés des tipees qui sont habituellement loués à la nuit. J’ai dormi dans l’un d’eux pendant le temps des Rencontres Préhistoriques. J’ai trouvé cela si agréable que j’aimerai bien qu’on en construise un à Biolab Maraîchage.
La structure
En effet, la structure en bois est facile à monter avec des branches droites et souples attachées, maintenant avec des ficelles, durant la préhistoire avec des lanières en cuir, des nerfs d’animaux ou des cordes végétales.
Cela ressemble à un igloo couvert de peaux d’animaux. C’était sans doute un matériaux courant à l’époque. Les animateurs m’ont raconté qu’ils avaient acheté à bas prix des peaux invendables à une tannerie qui avait été inondée.
Il y au milieu du toit un carré d’un mètre environ, couvert par une bâche en plastique transparent que l’on peut ouvrir et refermer, laisse entrer la lumière.
Le sol
Le sol est recouvert de BRF (bois raméal fragmenté), ou pour le dire plus simplement de copeaux.
Surprenant, ces abris sont suffisamment grands pour que l’on tienne debout, on peut y dormir à plusieurs. Ils sont très étanches, même en cas d’orage…
Les différents types de maison du Village Lacustre de Gletterens
Ce sont des maisons en bois et terre/paille. Elles ont été construites suivant des modèles de bâtiments dont on a retrouvé les traces lors de fouilles.
Si les plans sont précis, grâce aux implantations des pilotis et poutres retrouvés dans les lacs des alentours. Les toits sont des suppositions fort probables, ils n’ont malheureusement pas été conservés.
Les maisons près de la fontaine
Dès le petit pont de l’entrée, on découvre une petite maison sur pilotis, décorée.
En outre, il y a trois autres maisons plus grandes et un petit bâtiment qui sert de réserve dans la zone centrale, près d’un point d’eau.
Ces bâtiments servent pour les animations et ateliers (feu, peinture, tissage…).
Pendant les quelques jours des Rencontres Préhistoriques, il y a eu aussi un tipee en cuir tanné àla cervelle et construit par l’un des participants, c’était un des centres d’activités du Village Lacustre, on y taillait des silex, faisait de la céramique et polissait des haches…
La maison du bronze
Derrière une haie, il y a dernière venue, la Maison du Bronze, avec le four à bronze et l’atelier de tissage. je ne sais pas pourquoi, j’ai oublié de la photographier. Sans doute est-ce parce que ce qui se passait à l’intérieur était plus important.
Doris, vient de m’envoyer deux photographies.
Voici un joli détail d’une porte.
En outre, des panneaux à l’entrée indiquent comment ont été construits les différents édifices et les dates auxquels ils correspondent. Ces panneaux sont bilingues français/allemand. Ils sont complétés par des brochures distribuées à l’entrée.
Le jardin néolithique du Village Lacustre
Il a une forme de mandala, c’est plus joli ainsi…
Son but est de réunir des plantes cultivées au néolithique. Car, les fouilles récentes ont mis à jour de nombreuses graines et des restes de plantes médicinales, à fibres et tinctoriales.
En effet, le bouillon blanc jolie plante médicinale ne pouvait pas manquer à l’entrée. Ses feuilles étaient utiles au moment d’aller au toilettes quand le papier hygiénique n’existait pas encore.
Donc, on y voit du lin, dont les fibres étaient déjà très utilisées pour les vêtements et les graines pour l’alimentation. Maintenant, on doit choisir soit la production de fibres ou celle de graines.
À côté, sont aussi présentes des céréales et des légumineuses anciennes, base de l’alimentation à l’époque. Les chaumes des céréales et d’autres graminées servaient certainement pour les toitures.
Une belle touffe de cardères (cabaret aux oiseaux) donne un peu de relief. Les boules de graines, servaient jusqu’il y a peu à carder la laine.
Lors de mon voyage en Équateur, à Otavalo, ville spécialisée dans l’activité textile, j’ai vu un outil équipé de boule de cardère. Frotter une toile en laine avec cet appareil, arrache de petites fibres et rend le textile légèrement poilu. Ce type de finition est très apprécié.
Le beau n’exclut pas l’utilitaire
Ce jardin n’oublie pas les fleurs qui ont aussi leur rôle à jouer dans la protection des cultures.
Les graines de plantes anciennes proviennent de la fondation Pro Specie Rara, qui aide à la diffusion d’espèces agricoles. Elle fournit des semences au Village Lacustre de Gletterens et lors de la récolte, les animateurs renvoient à la Fondation une partie des graines.
Bien que ce jardin semble modeste, il demande beaucoup de travail et n’est malheureusement pas épargné par les rongeurs qui semblent l’apprécier un peu trop.
Les haies ont aussi été plantées d’arbustes spécialement choisis pour leur utilisation au néolithique, par exemple bois de flèches, manche d’outils… Elles sont vraiment très belles et j’ai eu du mal à choisir la photographie… Jack les entretient tout le long de l’année.
Les ateliers du Village Lacustre
Je n’ai malheureusement pas pris de photographies des ateliers. Il y en a destinés aux enfants, comme la peinture avec des ocres… Pour les plus grands, il y a le feu, le tir de sagaie, la taille de silex… Même les adultes apprécient ces initiations à des techniques mythiques.
Ces ateliers ont généralement lieu l’après-midi.
Enfin, le Village Lacustre de Gletterens fait aussi l’objet de nombreuses visites scolaires.
En outre, il y a des échanges avec d’autres musées.
Les tipees et abris préhistoriques
Il y a trois abris préhistoriques, tels que je les ai décrits antérieurement. M’y voici installée pour 15 jours merveilleux.
En outre, il y a deux modèles de tipees, un petit et deux grands. Ils sont vraiment imposants.
Bien sûr, ils sont plus lumineux à l’intérieur, mais ils semblent moins étanches à la pluie. De même que les abris préhistoriques, le sol est garni de copeaux de bois.
Ils sont démontés à la mauvaise saison et remontés au printemps.
Normalement, ils sont loués à la nuit, mais exceptionnellement nous, les participants des Rencontres Préhistoriques, y avons été logés pendant ces jours.
Les Rencontres Préhistoriques
D’abord, elles permettent aux visiteurs d’en savoir un peu plus en voyant en direct des techniques que l’on voit habituellement seulement dans des documentaires, ou même parfois des techniques inconnues du grand public, telle que le tannage à la cervelle.
Ainsi, les visiteurs ont aussi la possibilité d’assouvir leur soif de connaissances en posant des questions. Par chance, ce n’étaient pas des touristes pressés comme au Chili, ils oubliaient de regarder le portable…
Ensuite, ces rencontres sont passionnantes pour les animateurs et les chercheurs qui peuvent prendre le temps de se perfectionner en partageant avec leurs pairs des détails techniques et des questions qui les font progresser dans leur pratique de tous les jours. C’était vraiment très enrichissant.
Les spécialistes font des découvertes notables chaque année et comparent leurs résultats.
Les techniques représentées au Village Lacustre
Le bronze
C’est certainement la technique la plus spectaculaire.
J’ai pris tant de photographies, que je crois que je vais devoir y consacrer un article entier. C’est vraiment trop beau pour n’y consacrer qu’un chapitre ici.
La taille de silex et le feu
Deux des techniques préhistoriques les plus anciennes étaient très bien représentées au Village Lacustre de Gletterens.
Éric enseignait à qui voulait le suivre tous les détails de la taille du silex. Il avait fait un admirable pendentif salamandre en silex.
Puis, il enseignait les différentes méthodes pour produire du feu.
Un peu de musique
Enfin, il faisait sonner toute une série de répliques d’instruments de musique préhistoriques. Les éventuels clients ne pouvaient pas les essayer à cause du COVID! Quelle ironie!
Il a aussi fait une démonstration d’abattage d’arbre à la hache de pierre. Un aulne à été choisi.
Le tannage à la cervelle
Dominique, le tanneur, est chimiste de formation. Je suis vraiment très contente d’avoir rencontré un chimiste. Car, beaucoup de mes problèmes d’artisanat, sont des problèmes de chimie. De plus, il s’intéressait aussi aux colorants.
Depuis longtemps, je cherchais des informations sur le tannage des peaux et je n’en ai trouvé que très peu d’utiles. Dominique a publié un petit livre très concret à ce sujet, disponible sur le site d’Éric.
La technique est simple, elle requiert surtout du temps, de la force et de la patience…
Il a aussi fait des démonstrations de tannage à la cervelle, telle que la pratique encore les Indiens d’Amérique du Nord. Il a tanné la fourrure d’un daim. Le résultat semble meilleur que le tannage à l’alun et ne présente pas la toxicité des sels de chrome qui sont le plus souvent utilisés en tannerie depuis le XIXème siècle.
Les frondes
Là, il y avait aussi Pierre, le spécialiste des frondes. Il faisait des démonstrations de tir à la fronde avec des modèles du monde entier.
Pierre a aussi profité pour apprendre auprès d’Éric plusieurs technique de taille de silex. Il a appris à filer au fuseau et pourra ainsi filer les fibres qu’il utilise dans ses frondes.
Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visiter son facebook.
Tissage aux tablettes
Carole, une des animatrices du Village Lacustre faisait des démonstrations de tissage aux tablettes.
Cette technique dite “primitive” est apparue un peu partout dans le monde, elle permet de tisser notamment des galons très complexes, grâce à des tablettes généralement percées de 4 trous. Cela permet de gérer de différentes manières des chaînes de différentes couleurs. En faisant tourner les tablettes, on obtient des dessins qui peuvent même être double face.
Ce type de métier est vraiment peu encombrant (il peut tenir dans une poche) et permet de tisser n’importe où à partir du moment que l’on trouve un point d’attache pour la chaîne. Il est l’idéal pour les nomades.
Je n’ai pas encore pu pratiquer ce type de tissage. Mais grâce à mes amis les bronziers, j’ai pu acheter des métiers à tablettes et des livres pour m’y former.
Fibres de liber de tilleuls
Les fibres de liber de végétaux ont fait partie des premières fibres utilisées par nos ancêtres.
Elles deviennent rares aujourd’hui, car elles exigent l’abattage de l’arbre. En effet, la circulation de la sève dans les végétaux passe par le cambium, c’est-à-dire, la partie interne de l’écorce. C’est justement cela qui est utilisé dans ce cas. Le tilleul est l’un des arbres les plus apprécié depuis des temps immémoriaux. C’était parfois un arbre sacré.
L’écorce est arrachée tout autour du tronc, par segment verticaux, normalement sur l’arbre avant d’être abattu, si possible en mai-juin. Cette écorce est mise à rouir dans de l’eau pendant un certain temps. Alors, les fibres du liber se sépare de l’écorce.
On m’a raconté au Village Lacustre que le tilleul n’est pas très apprécié des forestiers qui sont souvent contents de s’en débarrasser. Cela peut donner l’occasion de récupérer le liber.
Pour cela, on laisse tremper dans de l’eau les écorces. Des fils se séparent en plusieurs couches, on les sépare, les fait sécher. On peut les tresser, les travailler en vannerie et plus difficilement les filer.
J’en ai ramené un peu.
C’est l’une de mes découvertes au Village Lacustre. Cependant, c’est un produit assez rare et je n’ai pas tenté de le teindre. Mais, cela ne doit pas différer beaucoup du raphia.
Cela ressemble un peu à du raphia, mais c’est plus difficile à travailler.
Les liber d’autres plantes peuvent aussi être utilisés. Á titre indicatif, j’ai vu mentionnés les liber de cigüe et de chêne…
Je viens de découvrir le site du musée d’Albersdorf, au Nord de l’Allemagne qui donne des informations très intéressantes sur les techniques employées pour le tissage de ce type de vêtements.
Poterie et autres activités
Auprès du tipee en cuir, il y avait un groupe de jeunes qui pratiquaient aussi bien le tannage, la taille du bois, la poterie et fabriquait leur habillement.
Pauline avait fait ainsi en terre cuite de jolis verres à boire avec des éclats de mica qui brillaient.
Un autre s’est taillé au couteau une navette pour tisser un filet… ainsi que d’autres outils en bois.
La teinture
Bien sûr, je faisais moi aussi, mes démonstrations.
Nous avons teint de la laine et du raphia avec de la ronce, différentes plantes à tannins, de la cochenille, du bois de Campêche et un champignon que j’ai trouvé près de la fontaine.
Un mélange de plantes à tannins a ainsi permit de donner une patine ancienne à une reproduction de flûte en os d’Éric.
Bien sûr, la cochenille et le bois de Campêche sont exotiques. Mais ils faisaient partie de l’arsenal tinctorial des sociétés très anciennes des Amériques et notamment du Mexique d’où ils sont originaires.
En outre, il existait des parents de la cochenille en Europe, notamment les cochenilles dites de Pologne (mais présente un peu partout en Europe) et celles dites d’Arménie. Le Kermès, récolté sur certains chênes des régions méditerranéennes, avait sans doute éveillé l’intérêt des peuples anciens…
Ecoprint
S’il n’y a pas de traces d’ecoprint anciens que je sache, il est fort probable que des taches végétales aient mis les premiers humains sur la voie de la teinture.
Donc, cette technique nous a permet de découvrir les pouvoirs tinctoriaux des plantes locales et de personnaliser nos vêtements. Éric, le tailleur de pierres et Dominique le tanneur ont ainsi redonné vie à leurs vieux tee-shirts et pantalons en les personnalisant ainsi.
Ainsi, nous avons testé, le camerisier à balais, la viorne classique, la viorne lantane (idéale pour la fabrication de flèches), le cornouiller sanguin, le frêne, le charme, noisetiers, saule, bourdaine, chêne, noyer, champignons, ronces et aulnes.
Bon nombre de ces plantes ont été plantées spécialement au Village Lacustre et y sont protégées, car elles étaient fort utiles pendant la préhistoire. On en a retrouvé les traces lors des fouilles archéologiques dans les nombreux villages lacustres retrouvés dans la zone.
Cela a été l’occasion de parfaire mes connaissances en botanique. Enfin, j’ai pu voir en réalité des plantes que savais tinctoriales, mais que je n’avais jamais vues, ou j’étais passée devant sans les reconnaître. Par exemple, Dominique le tanneur, m’a présentée la bourdaine, un des arbustes qui donnent les graines d’Avignon.
La filature
Une amie de François m’a amenée un jour un drap plein de laine, déjà lavée. Elle provenait de moutons valais, une vieille race locale. Cette laine serait très intéressante pour faire des inclusion dans du feutre.
Elle savait filer au rouet, mais pas au fuseau, elle a vite appris et elle est repartie avec un fuseau que lui avait vendu Éric, le tailleur de silex.
J’ai aussi un peu filé pour faire des tests de teinture.
Crochet
Il semble que le crochet est une technique qui proviennent de l’Inde. Mais, je ne sais pas si elle remonte au néolithique. Mes guêtres ont beaucoup plu à mes amis bronziers. C’est vrai qu’elles tiennent chaud. Alors, ils m’en ont commandé deux paires… J’ai réussi à en faire une paire avec la laine que j’avais, la seconde je viens de l’envoyer.
Tissage de gaze
J’avais acheté un livre sur les techniques de gazes, lors de mon voyage au Pérou.
J’ai donc essayé de tisser un échantillon des techniques montrées dans ce livre, en me basant aussi sur les dessins de Raoult d’Harcourt et ce que m’avaient montré des amies Diaguitas qui faisaient des “peleros“, sortes de couvertures épaisses à mettre entre le dos du cheval et la selle.
Fin des teintures
Après les Rencontres Préhistoriques, je suis restée quelques jours encore au Village Lacustre. Je déménageais de l’abri préhistorique vers la yourte de mes amis bronziers.
J’ai terminé des essais de teintures en cours, notamment avec le champignon xylophage de la fontaine et la sciure de bois. Le champignon a donné un beige un peu décevant.
Dans la sciure, j’ai laisser teindre à froid un ecoprint que mes amis ont développé après une semaine.
Je recevrai quelques jours après mon retour une photographie du résultat.
Visite au Latenium
J’ai souvent entendu parler du Latenium, grand musée de Neuchatel. Il aurait été dommage de repartir sans aller le voir.
Je suis donc partie pour Neuchatel, j’ai traversé le lac en bateau, c’est très joli.
Puis, j’ai pris un tramway pour le Latenium. Ce musée est très grand. J’y ai vu beaucoup de choses intéressantes, notamment au niveau des textiles.
J’y ai découvert un autre outil pour faire des filets.
Enfin, la librairie de ce musée est vraiment très fournie et j’ai eu beaucoup de mal à me retenir d’acheter quelques libres.
Ensuite, je suis allée acheter un charriot pour pouvoir transporter plus facilement mon sac vert. J’avais beaucoup allégé mes bagages grâce aux ventes des tricots. Mais, je repartais avec de nouvelles laines, un peu de cuir et quelques livres, dont ceux de Françoise Rossel que je vous recommande chaudement.
Rencontre avec une possible cliente
Peu de temps avant mon départ pour le Village Lacustre de Gletterens, je reçois un mail d’une artiste suisse qui désirait découvrir l’ecoprint.
Alors, je lui ai aussi donné rendez-vous au Village Lacustre. Je lui est montré quelques un de mes ecoprint et elle m’a montré des photographies de quelques unes de ses œuvres qui m’ont beaucoup plu.
Nous avons aussi éclairci quelques difficultés pour la réalisation de son projet. Enfin, je pense que je vais bientôt faire des tests en grandes dimensions, car je viens de m’équiper pour cela.
Divers
Entre les différentes activités de nombreux participants s’exerçaient au tir de sagaies, à l’arc ou à la fronde.
Nous avons aussi eu le plaisir d’assister à un concert de polyphonie avec le groupe de François Rossel. Ce fut un surprenant voyage musical qui allait de l’Espagne à la Turquie avec de nombreuses étapes.
Suite du voyage
Départ du Village Lacustre
Lors de conversations sur les textiles, le nom de Hallstatt est revenu plusieurs fois. Doris m’a montré des photographies de textiles préhistoriques extrêmement bien conservés.
Cela m’a donné très envie d’y aller. C’est en Autriche, c’est plus proche de Gletterens que de Paris. Et, je ne sais pas quand j’aurais pu y aller par la suite.
J’ai étudié les plans et les solutions de transport proposés. J’ai trouvé un bus qui allait trois fois par semaine de Berne à Salzbourg, beaucoup plus économique que le train.
Je suis donc partie de bonne heure pour Berne avec mon sac à dos, seulement avec ma petite tente et mon sac de couchage et un des livres de François. J’ai laissé l’ordinateur sous la protection de Doris, car il était trop lourd. J’ai bien fait, je ne l’aurais pas utilisé.
Berne
Je suis arrivée à Berne vers midi.
Je suis arrivée à la gare routière vers 13 heures, j’avais quelques heures d’avance. Serait-ce l’effet du COVID, cette gare routière était complètement déserte. Tous les bureaux étaient fermés. Les horaires indiqués n’étaient pas à jour.
Une jeune fille est arrivée à vélo, je croyais qu’elle venait ouvrir le bureau d’une compagnie de bus. En réalité, elle était originaire de Chevroux, village voisin de Gletterens, connaissait Jacques des textiles anciens et venait chercher une amie qui devait arriver en bus.
Je n’avais pas fini d’attendre. Mais, enfin le bus arrive. Petit problème: les chauffeurs ne parlent que slovaque (le bus continuait vers Bratislava, après Salzbourg). Par chance, j’ai étudié le polonais, il y a plus de 30 ans, je les comprends. Mais, je n’avais pas acheté le ticket par internet et il fallait l’avoir imprimé. Il y avait peu de voyageurs, ils m’ont proposé payer 50 francs suisses. Je n’en croyait pas mes souvenirs linguistiques, c’était moins cher que si j’avais acheté le ticket par internet.
Le train m’aurait coûté 135 francs suisses, mais avec départ immédiat.
Je m’embarque donc pour Salzbourg. J’y arrive à 2 heures du matin, à un arrêt de bus.
Salzbourg
Alors, il faut que j’arrive à la gare ferroviaire. Heureusement, un taxi attend tout près. Il m’y emmène. La gare était assez loin, mais elle était ouverte, contrairement aux gares françaises. J’achète un billet pour Hallstatt. J’ai un premier train vers 4 heures du matin et je dois faire un changement. J’arrive à la station de Hallstatt vers 7 heures du matin.
Le deuxième train passe par de nombreux villages bordant des lacs. Le jour se lève à peine, le brouillard s’effiloche peu à peu sur les montagnes et les lacs. C’est vraiment très beau. Cela donne envie de descendre à presque chaque gare.
La gare d’Hallstatt est en fait située de l’autre côté du lac. Il fallait donc prendre un bateau. Il suffit de descendre un peu pour trouver le quai, mais c’est très mal indiqué.
Le bateau
Pour prendre le bateau, je patiente en prenant quelques photographie de la flore sauvage très abondante et du village que l’on aperçoit de l’autre côté du lac.
Enfin, j’arrive au village vers 9 h 30, c’est trop tôt pour prétendre prendre un petit déjeuner, il faut arriver presque au bout du village pour trouver un endroit où manger.
Il y a déjà beaucoup de touristes qui circulent dans les rues de ce village qui ressemble à un décor de conte de fées. Il me faut encore attendre pour visiter le musée.
Hallstatt
Le sel historique
Hallstatt est un village très (presque trop) touristique. Il est connu depuis la préhistoire pour ses mines de sel qui ont fait sa fortune.
En effet, le sel était jusqu’à il y a quelques siècles, un produit rare, longtemps contrebandé… Il explique l’éthymologie du mot “salaire“. Il a longtemps servi de monnaie. Tradition reprise par certaines monnaies locales alternatives.
D’une part, certains mineurs ont été enterrés accidentellement lors d’effondrements de galeries et le sel les ont conservés. D’autre part, les populations locales qui vivaient souvent dans les mines y enterraient aussi leurs morts.
Le sel est connu pour ses vertus de conservateur depuis la préhistoire. C’est bon pour les jambons, mais aussi pour les textiles.
Des découvertes inestimables
Des centaines de découvertes précieuses ont été faites en parfait état. Elles ont permis de faire de grands pas dans la connaissance de la vie courante au néolithique.
Non seulement des outils et des bijoux ont été découverts. Mais aussi, des vêtements, des chaussures, des paniers servant à transporter le sel… et, même des excréments qui ont permis de découvrir le régime alimentaire de ces gens.
Ces mines ont connues différentes vagues d’effondrement, d’inondations et d’éboulements qui ont attiré l’attention sur les découvertes dès la fin du XVIIIème siècle. Des directeurs éclairés des mines ont fait tout leur possible pour préserver ces découvertes.
Le musée
Certes, le musée est un peu petit, présente un peu de ces découvertes. J’aurai aimé en voir un peu plus. On m’a dit qu’il y en avait certainement plus à Vienne… Ce sera pour un autre voyage.
J’aurai peut-être dû aller visiter la mine, dans laquelle on monte par un téléphérique. La queue était longue, mais le prix (32 euros) un peu trop élevé à mon goût.
Il y avait bien sûr beaucoup de boutiques pour touristes avec des articles en bois et du sel sous toutes les formes et de toutes les couleurs… Les maisons ont gardé leur style anciens.
Je viens de recevoir un lien de www.academia.edu pour un article sur les textiles de Hallstatt. Ces textiles sont si beau que je dois partager ce lien.
Retour vers Murten
Vers 14 heures, je reprends le bateau pour retourner à la gare, c’est le meilleur chemin pour retourner à Salzbourg.
Je ferais tout le chemin de retour vers Murten, une petite ville proche du Village Lacustre, par des trains de nuit avec un changement à Innsbrück, où la gare est aussi ouverte la nuit.
Dans les temps d’attente, je savoure les livres de François. Vivement qu’il en publie un autre.
Murten
Mes amis les bronziers m’ont invité à passer chez eux, ils ont ramené mes bagages depuis le Village Lacustre. Cela m’a évité bien des efforts.
J’y passerai plusieurs jours, Martin avait un rouet à pédale. Je m’y suis entraînée et j’ai pu ainsi retordre plusieurs pelotes, beaucoup plus vite qu’au fuseau.
Il y avait aussi une cardeuse et d’autre accessoires. Ils avait aussi fait du feutre. Du très beau matériel.
Doris a appris à filer au fuseau. Cela lui a plu.
Des rouets, j’en ai vu beaucoup au Marché au Puces de Murten, mais je ne vois pas comment j’aurais pu en ramener un avec tous mes bagages.
Les boutiques de laines
Le dernier jour chez eux, ils m’ont invité à visiter deux boutiques de laines et fibres dans d’autres provinces. Les paysages étaient très beaux.
Les boutiques étaient vraiment très intéressantes. Il y avait un très grand choix de fibres de luxe, de nombreuses variétés de laine de mouton.
Première boutique
Dans la première, nous avons pu voir la salle de cardage.
Nous avons aussi visité la salle de lavage des laines. Le spécialiste nous a donné des informations intéressantes que j’appliquerai certainement lors du prochain lavage.
J’ai pu acheter de la soie, de la ramie, de l’angora en ruban prêt à filer. Assez peu, mais suffisamment pour les tester. J’y ai aussi trouvé des métiers à tablettes, des lucettes et un fuseau turc que je cherchais depuis longtemps.
Il y avait aussi une grande variété de métiers à tisser, de rouets et autres accessoires, nous avons bien dû y passer 2 heures, sans nous en rendre compte, tellement il y avait de choses intéressantes.
Deuxième boutique
Dans la deuxième boutique, j’ai acheté surtout des fils de soie et de lin prêt à tisser, que je pourrais teindre naturellement. J’y ai trouvé encore quelques accessoires de tissage et surtout des livres sur les techniques de tresse, la dentelle, la teinture et bien sûr les tablettes. J’ai de quoi approfondir mes connaissances à la fois en allemand et en textiles.
Ensuite, il m’a fallu aller chercher une nouvelle valise au Marché au Puces, j’avais déjà remplacé la bleue détraquée, et mes amis m’ont donné un nouveau sac à roulettes.
Retour en France
Bref, je vous épargne les déboires de mon retour à Chevrainvilliers, avec passage imprévu par Paris, dû à un déraillement de train de marchandises dangereuses dans la matinée…
Enfin, j’ai eu beaucoup de mal à abandonner la Suisse, le Village Lacustre de Gletterens et mes nouveaux amis Suisses. Tous mes remerciements à cette merveilleuse équipe très dévouée.
J’espère que ce lieu pourra se maintenir financièrement, car le fameux virus a provoqué de nombreuses annulations d’activités et par conséquent des pertes. Ce serait dommage qu’un lieu pareil vienne à disparaître…
Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu rencontrer Jacques, le spécialiste des textiles anciens. Je lui souhaite de tout cœur un bon rétablissement.
/// Ronces utiles /// Article du 3 mai 2020, modifi´é le 29 septembre 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départfin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2 mai000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Comme les ronces abondent ici, j’en ai déjà parlé dans plusieurs articles, le moment est venu de leur consacrer quelques pages dédiées. Car, cette plante précurseur de la forêt mérite tout notre intérêt et peut s’avérer très utile à plus d’un titre.
Après 3 mois de Wwoofing chez Biolab Maraîchage, et 2 mois de confinement, l’équipe de wwoofeurs s’étoffe. Il y a maintenant beaucoup d’énergie concentrée. Un proverbe dit: “Seul, on avance plus vite. À plusieurs, on va plus loin…” Chacun a ses compétences propres, ses intérêts et participe à sa façon.
Suite à la visite de Coralie, une amie de Paul Thierry, des sessions de teintures, filatures et tissage vont s’organiser.
Coralie aimera les ronces
Coralie est venue, dans un drôle de fourgon jaune, nous proposer de participer à un projet d’écovillage, près de Limoges, à Monts Blonds…
Alors, je lui ai demandé si elle avait déjà quelqu’un pour les teintures naturelles… et nous avons vite convenu d’organiser ensemble un petit atelier expérimental. Coralie aime le jaune. Et, les ronces qui nous envahissent peuvent donner du jaune. Elle fait partie des anciens collaborateurs de Biolab Maraîchage et des initiateurs du mandala aromatique.
Les ronces ont donc naturellement été choisies pour le premier essai, selon les volontés de l’intéressée, comme toujours. En effet, les quantités à teindre sont assez importantes, car elle veut se faire un tapis de yoga jaune. Pour teindre beaucoup de fibres, il ne faut pas choisir une matière première rare. Par chance, les ronces produisent beaucoup de biomasse.
Autant en profiter…
Les ronces : la matière tinctoriale choisie
Une fois la matière tinctoriale choisie, nous nous devons de mieux la connaître. Quelle chance, elles sont vraiment très abondantes ici.
Un peu de botanique sur les ronces
Il en existe une très grande variété, ici, à Chevrainvilliers, elles ont de grosses épines qui transpercent les chaussures. À Gletterens, en Suisse, elles étaient très graciles et ne faisaient que s’accrocher un peu.
Pour la teinture c’est aussi plus agréable, car les épines ne s’amollissent pas en cuisant. Il est vrai qu’il en est de même pour les chardons.
Où trouver des ronces ?
En effet, les ronces se développent un peu partout, avec d’autres épineux, elles préparent le terrain pour les espèces arbustives et les arbres. On les trouve donc souvent en bordure de forêts et de haies.
Elles ont la réputation de faire avancer la forêt et de disparaître au fur et à mesure qu’elles avancent… en cédant la place aux arbres.
Le numéro 64 de la revue “La Hulotte” nous explique comment les ronces se multiplient en partenariat notamment avec le renard.
Quelle partie des ronces choisir ?
Normalement, ce sont les jeunes pousses qui sont choisies, car elles concentrent les tanins dans un minimum de volume. Mais, les tanins ne disparaissent pas avec le développement de la plante, car celle-ci est incapable de les éliminer de leurs tissus. Donc, elles les stockent dans leurs tissus.
Par conséquent, cette fois-ci, je ne ferai pas le tri.
La récolte des ronces
Simultanément au projet de teinture à la ronce, il a été décidé de nettoyer une des façades de la serre en verre envahie par les ronces.
Gérard, l’oncle de Paul, s’y était déjà attaqué, il y a quelques mois à l’aide d’un sécateur géant. Mais, nos amies les ronces avait repris de plus belle.
Cette fois-ci, David, un des wwoofeurs, les ont attaquées à la débroussailleuse. Il fallait passer derrière et récupérer cette précieuse matière tinctoriale. Avec Gwendoline, nous avons continué au sécateur. Il fallait nettoyer les tuyaux de récupération d’eau de pluie qui alimentent la mare.
Ainsi, nous avons récupéré une caisse de près de 10 kg de pousses et de branches de ronces, coupées en petit morceaux. La récolte était déjà accompagnée d’une douce odeur de confiture de mûres. Malheureusement, les odeurs ne passent pas par internet. Il faudra organiser un cours pour en bénéficier.
Le matériel
Les récipients pour les ronces
Ce n’est pas la première fois que je teins avec des ronces, je l’ai fait plusieurs fois au Chili. J’utilisais de très grandes casseroles soit en aluminiun, soit en acier inoxidable, ce qui est meilleur. J’ai donc assez souvent parfumé la boutique de mon ami Angel, laissant croire que je cuisais de la confiture de mûres.
Vue que les ronces sont dures, elles occupent plus de place dans la casserole. Coralie a bien fait les choses, elle a acheté une vieille lessiveuse.
J’ai donc mis les ronces à tremper dans cette lessiveuse en attendant que la laine soit lavée. Je suis déjà habituée à faire tremper les plantes à l’avance.
Cette fois-ci, cela a été un peu long, environ 3 semaines.
Je pensais qu’elles avaient pourri. Mais, une fois la laine lavée et le trou pour le feu creusé, quand nous avons mis la laine à teindre, les tiges de ronces en profondeur, étaient encore vertes.
Le métal de cette lessiveuse a sans doute modifié la couleur. C’est souvent le cas.
Coralie a lavé sa laine selon deux méthodes. La plus classique était à base de lessive de cendres, bien rincée.
La seconde méthode fait intervenir les enzymes présentes dans la saleté du mouton. C’est plus lent, il faut avoir de l’espace à l’extérieur et accès de l’eau de rivière ou de pluie.
Là, le principal défaut provient des mauvaises odeurs lors du rinçage. En effet, il s’agit de simplement laisser la laine tremper dans de l’eau si possible non chlorée pour favoriser le microbiote qui va se développer, pendant une quinzaine de jour.
Par la suite, il suffit de bien rincer et de laisser sécher à l’air libre. Lors de la teinture, les derniers restes de mauvaises odeurs s’en vont naturellement.
Laine filée
Je n’ai malheureusement pas eu le temps de filer de la laine pour faire un essai.
Aussi, j’ai profité du bain pour faire un test de shibori sur de la laine crochetée.
Le mordançage
Les ronces sont bourrées de tanins. Cependant, elles teignent en jaunes, verts et gris, selon les mordants.
En effet, le jaune n’apparaîtra que lors de l’ajout de mordant à l’aluminium, de pierre d’alun. L’alun participera aussi à la fixation des teintures.
Le foyer
Avec Julien, un des wwoofeurs, nous avons regardé des photographies des différents foyers que j’ai utilisés lors des cours de teinture que j’ai donnés et de mes expériences.
Ici, le foyer sera utilisé pour l’artisanat et notamment la teinture, mais aussi à l’occasion des prochaines soirées “grillade” que cette joyeuse bande organise avec plaisir…
Nous avons donc étudié diverses solutions avant de choisir.
Option 1 – le feu dans un trou
C’est la technique que j’utilise dès que je le peux, quand il y a de la place à l’extérieur. Donc, c’est celle que nous avons choisie.
Enfin, je me permets de vous présenter les autres options dont nous disposions.
Option 2 – le foyer péruvien
J’en ai acheté un en terre cuite au marché de Cusco lors de mon voyage pour assister au Tinkuy de tisserands en novembre 2013. Maintenant, ils en font en tôle. Je ne sais pas s’ils sont aussi efficaces.
Malheureusement, il s’est cassé lors de mon déménagement à Puerto Montt et ne pouvait pas être réparé.
Je voudrais en refaire un, il est très économe, je l’ai beaucoup utilisé à Mamiña. Il est aussi facile à allumer et à alimenter.
Il faut que je trouve de l’argile d’assez bonne qualité et que je fasse des tests.
Option 3 – Fetapera malgache
Alors j’ai utilisé la fetapera malgache, à Madagascar bien sûr. Cela m’a plu. Il en existe différents modèles. Il y a les lourdes qui conservent mieux la chaleur, comme ci-dessus. Mais, il y a aussi les légères en tôle.
En effet, c’est léger et très économique, car elle peut être alimentée avec un peu de petit bois ou du charbon de bois. Ci-dessus, elles sont chauffées au charbon de bois de bambou de production locale.
La partie basse récolte les cendres et assure l’aération, le foyer avec son combustible est posé sur une grille dans la partie haute.
Alors, je m’en suis achetée une que j’ai utilisée pendant quelques mois à Concon, alimentée au petit bois que je glanais lors de mes promenades. Depuis longtemps, je m’intéressais à ce type de foyer.
Option 4 – Casserole spéciale
Cette fois-ci, j’aurais bien aimé répéter l’expérience de la casserole spéciale, tentée à Concon.
Mais quand je suis allée voir Gérard, l’oncle de Paul, pour chercher une tôle, il m’a proposé une ancienne auge pour les chevaux.
Elle est très intéressante, mais un peu lourde et il faudrait boucher un trou d’évacuation. Pour le moment, la partie trouée est en hauteur et elle sert à la préparation de purins et aux essais de rouissage d’orties. En outre, elle récupère les eaux de pluie qui sont toujours préférables…
Elle est donc fort utile.
Option 5 – La cuisinière
Quand on a pas accès aux solutions présentées ci-dessus, on peut utiliser la cuisinière. Celle à bois est l’idéale, dans ce cas, car la chaleur est mieux répartie et moins violente.
La filature
Filer la laine
Ah, filer de la laine, c’est facile, il suffit d’avoir un fuseau… et de bien la préparer. J’ai donc rédig´é un article à ce sujet, car j’ai ramené de nouveaux matériaux de Suisse. Je prévois aussi un autre article sur le lavage de la laine qui est un sujet crucial.
Filer, c’est facile, mais c’est long. Je sais déjà depuis longtemps ce que l’on peut obtenir avec les ronces. Donc, je préfère teindre les petites quantités que je produis avec de nouvelles matières tinctoriales.
Enfin, la teinture
Je n’avais pas de pierre d’alun, cela explique la couleur verdâtre de la laine. L’alun est un mordant, mais aussi un modificateur, comme nous pouvons l’apprécier ici. Rien n’empêche de faire un bain de post-mordançage.
Pour les expériences suivantes, j’ai dû me procurer de l’alun, la seule forme que j’ai trouvée en supermarché, c’était de l’antifloculant pour piscine. Il faut bien lire les étiquettes et vérifier qu’ils contiennent bien du sulfate d’aluminium.
Filer les ronces
Il me semblait qu’il devait être possible de filer des fibres de ronces, mais je ne sais pas encore comment. Avis aux connaisseurs…
Les ronces décoratives?
Avec cette profusion de techniques, comment ne pas tirer profit des ronces, matériaux si abondant, très ou trop renouvelable?
Vannerie en ronces
Si les ronces sont un peu difficiles à utiliser en filature, il semblerait qu’elles soient encore utilisées de nos jours en vannerie, après une bonne préparation. Il faut savoir diviser les tiges et les faire tremper avant de les utiliser.
Tapisserie décorative
Bien que les épines ne glissent pas bien entre les fils de chaîne, rien n’empêche d’utiliser des branches de ronce dans des tableaux décoratifs tissés. II me semble qu’elles y trouveraient bien leur place.
Je viens de mettre à rouir quelques branches de ronce, dans l’espoir de pouvoir éliminer les épines.
Les ronces en permaculture
Comme nous n’allons pas exterminer cette matière première difficilement épuisable, nous allons aussi essayer d’en tirer parti du point de vue agricole et surtout permacole.
Permaculture
Création de haies grâce aux ronces
En effet, les ronces procurent de bonnes bases pour créer des haies. Il ne faut pas oublier de les tailler très régulièrement. Là, les chèvres ou des camélidés (lamas ou alpagas) peuvent nous aider.
Protection des jeunes arbres fruitiers
Ou bien, on peut les utiliser en les guidant, pour entourer de jeunes arbres fruitiers, par exemple.
Pour faciliter les boutures
Je viens d’apprendre que les racines des jeunes rejets permettent de produire des hormones de bouture d’excellente qualité.
Nous venons d’arracher de nombreuses ronces pour construire un poulailler.
J’ai donc récupéré les racines des rejets de ronces comme le conseille Gérard Ducerf. Déjà, je suis entrain de tester cette hormone de bouture maison.
Comme je suis entrain de tailler les plantes aromatiques du mandala, le pot se remplit chaque jour un peu plus.
Cuisine
Les anthocyanes
Les principaux colorants des mûres et de beaucoup de fruits noirs ou rouges sont appelés anthocyanes. On les trouve aussi dans les cassis, framboises, myrtilles, cerises, maqui, raisins… mais aussi dans les choux rouges et un certain nombres de fleurs.
Or, tous sont plutôt décevants en teinture.
Alors qu’ils sont excellents du point de vue nutritionnel, mais ils sont très instables du point de vue de la teinture.
En effet, leurs couleurs varient selon l’acidité ou l’alcalinité du milieu. Ils ont même servi pour faire des test d’acidité en chimie.
Donc, il vaut beaucoup mieux manger les mûres que de les utiliser pour teindre.
Quelques recettes où interviennent les ronces
Je viens d’apprendre que les bourgeons étaient comestibles… comme les asperges.
Confiture de mûres, fruits des ronces
La confiture de mûres est une des plus fameuses. Le sucre est un très bon conservateur. Il permettra de faire dure les plaisirs de l’été.
Je suis à la recherche de la meilleure recette. Dès que je la trouve, je vous la communique.
Ronces médicales
En outre, les ronces sont aussi utiles en médecine alternative.
En matière de médecine, je ne suis pas spécialiste, c’est pourquoi, je me permets ici de citer Wikipedia.
“La ronce est une plante médicinale « très appréciée dans l’Antiquité pour son action astringente, antidiarrhéique et antihémorragique »49 : Pline l’Ancien la vante pour ses vertus anti-inflammatoires de l’intestin et de la bouche, décrit un sirop à base de mûre de ronce (le panchrestos, littéralement « bon à tous maux »). Ses vertus sont également reconnues au Moyen Âge comme les mentionne l’école de médecine de Salerne, Hildegarde de Bingen au XIIe siècle qui la préconise contre les hémorragies du fondement50,51. Dans l’esprit de la pensée magique médiévale reposant sur la théorie des signatures (plaies sur la peau analogues à la piqûre des aiguillons), la ronce est réputée retirer les affections de peau en rampant sous ses arceaux et être le meilleur antidote des morsures de serpents52. Dans l’occident médiéval, elle a également une action ambivalente : les mûres sont accusées « de nuire à la santé, d’engendrer des maux de tête et de la fièvre », et cette mauvaise réputation se rencontre encore aujourd’hui dans son surnom de « ronce de renard », cet animal qui « cueille » les fruits et les souille facilement de ses déjections53. Les botanistes du XVIe siècle (Fuchs, Dodoens) reconnaissent également ses vertus médicinales49. Elle est dite à bon droit, au même titre que les roses et les épervières, « la croix des botanistes », les anciens voyant en elle une panacée pour guérir presque toutes les maladies54.
Grâce à leur richesse en tanins astringents, les feuilles séchées et les jeunes pousses fermentées sont utilisées en gargarismesdétersifs, en tisanes, pour soigner les angines55. Elles apportent également de la vitamine C.”
Nous allons essayer de récupérer la cellulose des ronces que nous avons utilisées pour teindre pour en faire du papier végétal artisanal. Ceci va être une première pour moi.
Le processus
Il s’agit de faire cuire les ronces longuement dans une solution fortement alcaline qui libérera les fibres de cellulose.
Le matériel
Une grande casserole,
Une grande bassine,
De la soude caustique,
Des gants,
Des cadres tendus d’une toile fine,
Le mélange de fibres bien cuites et bien mixé,
Des planches,
De vieilles couvertures,
Quelques briques ou mieux une presse…
Les résultats
Ils restent à venir, je réunis le matériel, j’espère que les expérimentateurs arriveront bientôt.
Alors, je n’oublierai pas de vous en parler
Conclusion sur les ronces
Ainsi, j’espère que vous ne regarderez plus les ronces comme une méchante mauvaise herbe, après la lecture de cet article. Comme nous l’avons vu, cette plante a vraiment beaucoup à nous donner.
Enfin, nous nous devons de l’apprécier à sa juste valeur.
Pourquoi pas un atelier?
Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.
Je pense revenir en Europe en mars 2025, cela pourrait être l’occasion de rencontrer mes lecteurs inconnus.
Post-Scriptum
Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer et partager à des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.
/// Printemps tant attendu /// Nouvel article du 29 Mars 2020 — vu que le printemps ne fait que commencer, je mettrai à jour régulièrement cet article… Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Nous allons observer le printemps naissant… Regardons les teintures germer, grandir et fleurir… Beaucoup de photographies pour les amis qui en réclament… Comme des millions de gens, je me retrouve en confinement. Dans mon cas, c’est en Wwoofing dans une ferme maraîchère bio, Biolab à Chevrainvilliers. Il faut donc utiliser intelligemment son temps. J’en profite pour observer et apprendre. L’agriculture est déjà indispensable, elle le sera encore plus dans les mois à venir…
Chaque semaine, je prends donc des photographies des mêmes endroits, et j’obtiens une évolution. Ainsi, je voulais vous montrer comment d’une semaine à l’autre les champs passaient du marron au vert, certains de colza deviennent jaunes… Mais en regardant les photographies, on ne voit pas le fonds du paysage.
Printemps et teintures
Cependant, cela reste en lien avec mes activités artisanales de teintures naturelles et de tissage. En effet, les plantes cultivées et les autres aussi et surtout, sont des matières tinctoriales naturelles. En outre, les teintures naturelles doivent s’adapter au rythme des saisons.
Parfois, c’est un peu de la déformation professionnelle, mais je vois partout des teintures naturelles. À vrai dire, il me manque le temps pour les tester.
Souvent, je ne connais les plantes que par les livres. Maintenant, je peux les observer et poser des questions…
Le printemps arrive chaque année
Mais, on ne prend pas le temps de le voir, de l’écouter et de le sentir… Les odeurs ne passent pas par internet…
Voilà, il arrive en grands vents… C’est comme les chants d’oiseaux, cela ne passe pas dans les photographies… Je suis donc sortie photographier les vents de printemps. Il me semble ne jamais avoir vu autant de vents. Et pourtant, cela souffle aussi au Chili. Mais, on n’a pas le temps de le voir.
J’ai perdu quelques printemps, en travaillant, en voyageant, d’autres en tissant, en filant au local… L’occasion a fait que cette année, je me suis arrêtée dans une exploitation agricole… Je suis en contact direct avec le printemps… Donc, cette année, je travaille dans et avec le printemps…
Voici donc, le printemps 2020. J’espère pouvoir commenter les printemps prochains.
Le printemps, une histoire de couleurs
Tous les tons de vert
Auparavant, il restait des verts sombres et tristes de l’hiver, maintenant arrivent ceux du printemps. J’aime leur variété et leur délicatesse.
Alors, chaque semaine, je prends quelques photographies depuis la fenêtre de la cuisine. Cela verdit…
Au Chili, la plupart des arbres sont le plus souvent à feuilles pérennes, et même l’hiver. ils restent vert.
N’oublions pas que le vert de la végétation vient de la chlorophylle, qui tache mais ne teint pas. Ce colorant ne tient pas. Le vert est assez difficile à obtenir en teinture naturelle. En général, on l’obtient en deux bains, un de jaune, suivi d’un bain d’indigo (ou l’inverse).
Mais, un feuillage vert peut cacher de nombreuses couleurs, le bleu ne provient généralement pas de fleurs, mais plutôt de feuille où l’indigo se cache.
Certaines plantes n’attendent pas le printemps et supportent les gelées…
Certaines à l’extérieur ont souffert des dernières gelées… Celles-ci étaient à l’ombre du hangar.
Les jaunes
Toujours et encore les pissenlits. Ils forment de jolies taches sur fonds vert et attirent les premières abeilles.
Les blancs
Avec un petit peu de jaune, les pâquerettes, les matricaires, les marguerites… mais aussi de fines “mauvaises herbes”…
Et les autres couleurs…
Enfin, deux tulipes rouges solitaires sont apparues… Dans les serres, il y a des légumes colorés… pourpres et violets…
Les autres couleurs semblent plus rares… parsemées par groupes de lamiers et de véroniques bleues… Parmi les herbes, les seules taches de rouge rouille, pour le moment, sont les vieilles feuilles de rumex…
Cependant, il faudra encore patienter pour voir plus de couleurs.
Les germinations
Un peu partout, et surtout dans les serres, cela germe, de frêles feuilles émergent du sol. Il faut attendre un peu pour les identifier…
Je viens de terminer de trier les plus de 3000 photographies que j’ai prises cette semaine. Pour illustrer tous les détails, mieux vaut en avoir un peu trop…
Bonnes herbes et mauvaises herbes
Au printemps, tout redémarre, il ne reste plus qu’à faire le tri avec patience entre les bonnes et les mauvaises herbes.
Les bourgeons du printemps
Le déploiement des nouvelles feuilles
Les feuilles nouvelles naissantes sont toujours très belles
Les feuilles de Chevrainvilliers ne sont pas aussi impressionnantes, mais tout de même très intéressantes…
Panais
Enfin, nous venons de récolter les derniers panais. Ils étaient entrain de produire de nouveaux feuillages avant la montée en graine. Le déploiement des feuilles ressemble à un origami.
Fenouil
Curieux légumes, les fenouils ont de très légères feuilles qu’apprécient beaucoup les lapins. Au Chili, ils poussent sauvages. Voyons comment elles naissent.
Bourgeon d’arbres
Les bourgeons se sont préparés lentement pendant tout l’hiver. Alors, ils éclosent très rapidement, il faut prendre le temps de les surprendre.
Parfois, les fleurs apparaissent avant les premières feuilles.
Les bourgeons sont difficile à surprendre en photographie, ils évoluent si vite…
En outre, les bourgeons des arbres et arbustes sont très importants pour les abeilles. Elles viennent y puiser des résines qui leur serviront pour produire le propolis avec lequel elles calfeutrent leur ruche. Ce calfeutrage est autant chimique que physique.
Fougères
Voici quelques pousses de fougères à Misahualli, en Équateur, région de Napo, Amazonie équatorienne. Les fougères ont pour spécialité dérouler leurs feuilles.
Bourrache
Ohh! Elle est toute poilue! Cette semaine, elle vient de réapparaître de sa cachette d’hiver…
Les artichauts
Voilà, eux aussi sont pressés de fleurir, je vais les guetter de semaine en semaine. Je ne me lasse pas de les admirer.
Savez-vous que l’on peut teindre avec les feuilles, les tiges et les restes de ce qu’on mange de l’artichaut?
Une artiste qui a suivi l’atelier de la Redonda a Santa Fe en Argentine avait coupé un artichaut en deux pour faire des impressions…
Les tanins
Au printemps, la production de tanins démarre aussi. Car toute la vie sauvage a faim après l’hiver et les plantes doivent soit se protéger des herbivores, soit se multiplier se développer plus rapidement que la prédation. C’est ce qui explique que certaines plantes soient toxiques.
Comme l’explique Marc-André Selosse dans ses livres, les plantes produisent des tanins, et notamment des anthocyanes. C’est un investissement important en énergie de la part de la plante pour se protéger. Donc, cela concerne surtout les nouvelles pousses bien tendres qui attirent les herbivores et les zones à fort ensoleillement…
Cependant, les tanins ne pourrons pas sortir de la feuille, car ils sont enfermés à l’intérieur des cellules. Mais la feuille grandit. Souvent, elle n’augmente pas la quantité de tanins.
En outre, ces tanins sont bien sûr très intéressants en teinture naturelle. Ils nous offrent des possibilités très intéressantes…
Les pousses de printemps des ronces
Voici venir les premières pousses de ronces si utiles en teinture naturelle. Je leur dois un des plus beau gris que j’ai obtenu après mordançage au fer. Les épines restent piquantes après le bain de teinture.
À quelques mètres de là, une autre ronce vit à l’ombre du hangar…
Celle-ci avait décidé de renaître sous une bâche…
Les rosiers
Les feuilles de rosiers sont très intéressantes en ecoprint. Cela ne peut pas rater. Les feuilles de framboisiers sont aussi intéressantes dans cette technique.
J’allais oublier de vous montrer ce que donne l’ecoprint…
La lavande
Les feuilles nouvelles de la lavande ont un autre ton de vert. On peut constater le même phénomène sur la sauge.
La lavande, comme la sauge et de nombreuses aromatiques servent aussi en teinture.
Les fleurs du printemps
Au printemps apparaissent toutes les fleurs, chacune à son tour. Je vais donc les épier…
Ce printemps, les légumes semblent très pressés de monter en graine. L’hiver a encore été plutôt doux.
La vie insiste toujours, les choux récoltés il y a 15 jours tentent de renaître…
Les arbres fruitiers commencent à fleurir. Quelques abeilles commencent à apparaître. Mais elles semblent préférer les pissenlits.
Le sureau
Un jeune sureau prépare déjà ses fleurs…
Le printemps des animaux
Les voisins à Chatenoy sortent leur brebis. Je suis curieuse de voir quand ils vont les tondre.
Les poules pondent un peu plus souvent, mais malheureusement pas toujours dans leur nid.
Ici, c’est aussi le printemps pour les lézards de la serre.
Le printemps poétique
Bien sûr, il n’y a pas de doute, les plantes sont belles au printemps et cela inspire de nombreux poètes. Laissez-moi un peu de temps pour sélectionner pour vous quelques chansons et poèmes…
En avez-vous un à me proposer?
Conclusion
En fait, le printemps ne fait que commencer, je mettrais donc cet article au fur et à mesure des observations et des découvertes.
/// Mauvaises herbes utiles /// Nouvel article du 21 Mars 2020, complété le 5 Avril 2020 Nouvel ajout prochainement, en fonction des photographies et des découvertes… Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Les “mauvaises herbes“, un casse-tête pour tous ceux qui essaient de faire pousser des plantes, mais sont-elles toujours si mauvaises? Pendant mon activité actuellement, en confinement, le Wwoofing chez Biolab… J’ai très souvent affaire aux fameuses “mauvaises herbes“. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous écrire un petit article sur ces herbes que l’on dit mauvaises car on ne les connaît pas. Cet article reste encore en lien avec l’artisanat et la teinture naturelle.
Michel Pastoureau dit qu'”une couleur ne vient jamais seule“, c’est aussi le cas des plantes… Pour les “mauvaises herbes“, elles donnent l’impression de bien s’entendre. Et si on les arrache, immédiatement, une nouvelle génération apparaît, d’autres espèce, plus difficiles à arracher.
D’où viennent nos bonnes herbes? Des “mauvaises herbes” à succès…
Je n’aime pas le terme “mauvaises herbes“, c’est pourquoi, je l’écris entre guillemets. En fin de compte, ce que nous cultivons, ce sont des “mauvaises herbes” qui ont réussi. Elles ont été sélectionnées parmi toute l’offre végétale, et elles ont été protégées et développées des centaines de générations de cultivateurs. En conséquence, les autres sont presque méconnues.
Le maïs
Par exemple, l’ancêtre du maïs que consommaient déjà les Indigènes du désert d’Atacama n’était qu’une simple graminée, le téosinte, dont l’épi ne mesurait pas plus de 5 cm de longueur. Les sélections des paysans amérindiens ont donné une variétés de formes et de couleurs allant d’un grain blanc de la taille de l’ongle du pouce, à des grains plus courants mais noirs. Il existe de nombreuses variétés intermédiaires, parfois multicolores.
Ces derniers temps, cette sélection devient de plus en plus restreinte et de nombreuses variétés cultivées autrefois sont entrain de disparaître. Elles étaient pourtant adaptées aux conditions locales. Elles ont parfois beaucoup voyagé avant de s’adapter à notre voisinage.
Sans parler des variétés OGM, qui ont souvent fait appel à des qualité de résistance des “mauvaises herbes“, le catalogue des variétés a tendance à se restreindre, laissant se perdre des variétés anciennes plus rustiques.
Ont-elles toujours été des “mauvaises herbes“?
De nombreuses plantes considérées actuellement comme “mauvaises herbes” étaient encore cultivées, il y a à peine un siècle. Parfois, elles étaient très appréciées, sans pour autant être cultivées…
Arrêtons-nous sur quelques cas…
Le pissenlit
Je suis actuellement chez Biolab à Chevrainvilliers, près de Nemours (77 – France). Il y a beaucoup de pissenlit, il est très difficile de les expulser des serres.
Par exemple, Valentin qui travaille ici, me disait qu’autrefois dans cette zone, de grandes superficies étaient cultivées en pissenlit. Cette plante se mange en salade et est très intéressante du point de vue médicinal, notamment pour le foie. Il est riche en tanins et en vitamine C. Les vaches l’adorent.
Le chénopode
“Mauvaises herbes” courantes, les chénopodes, parents des épinards étaient très consommés autrefois, avant que Catherine de Médicis n’importe à la cour de France et mettent à la mode l’épinard fort apprécié en Italie.
L’ortie
Elle est le symbole d’une bonne terre. Un ancien proverbe basque disait que s’il y avait de l’ortie sur les terres de la future mariée, c’était bon signe.
Les orties sont indispensables pour une bonne immunité de la plupart des oiseaux. Elles sont très mellifères.
Comme beaucoup de “mauvaises herbes”, elles sont bien sûr comestibles, en soupe ou comme des épinards et de biens d’autres manières. Elles teignent évidemment. Mais, les orties donnaient aussi des fibres qui se travaillaient un peu comme le lin.
N’oublions pas le fameux purin d’ortie, très utile en agriculture biologique. Tellement utile, qu’ils ont voulu l’interdire!
La réputation de l’ortie n’est plus à faire.
La grande consoude
Cette plante (Symphytum officinale) dont l’huile essentielle est très vantée, était aussi anciennement aussi utilisée en purin comme l’ortie pour protéger les cultures. Elle peut aussi être utilisée en mulch ou en compost dans le même but.
Elle est mellifère, donc intéressante pour les abeilles et doit faire participer au miel de ses qualités médicinales, notamment en ce qui concerne son pouvoir cicatrisant.
“Mauvaises herbes” en association avec les cultures?
Certaines repoussent les insectes, d’autres les attirent et les mettent en évidences.
Les soucis
Les soucis qui on parfois mauvaise réputation, repoussent nombre d’insectes. Et comme les tagètes ou la tanaisie, ils peuvent être “cultivés” ou favorisé entre les rangs de cultures.
Les capucines, mauvaises herbes?
Cette jolie plante, sauvage et courante au Chili, a la particularité d’attirer les pucerons. Ceci fait que souvent, on la chasse des cultures au lieu de l’accueillir.
En outre, la magnifique fleur est comestible en salade. De même, la feuille est médicinale, son application sur les bleus aide à une résorption plus rapide de ceux-ci. Cela explique sans doute son appellation “espuela de galán” (éperon de galant), pour son utilisation pour soigner les yeux au beurre noir!
Certainement, il me faudra attendre mon retour au Chili pour mettre une photographie…
Et pourquoi pas la Bourse à Pasteur
En arrachant des “mauvaises herbes” entre les choux, j’ai découvert des bourses à pasteur dont la tige florale était couverte de petit pucerons noirs… Ne vaut-il pas mieux qu’ils sucent la sève de cette indésirable que celle de la culture.
“Mauvaises herbes” médicinales
Le plantain
Ainsi, cette plante très courante, même en ville, est très intéressante. Elle soulage très rapidement les piqûres d’insectes et d’orties.
Comme beaucoup de plantes médicinales, elle est aussi tinctoriale. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer. Car il ne faut pas oublier qu’il faut généralement 3 fois le poids des fibres à teindre en plantes. C’est long à cueillir.
La digitale
Cette belle plante sauvage (Digitalis purpurea) est aussi intéressante du point de vue médicinal qu’elle est toxique. Elle est utilisée pour fabriquer des médicaments pour des problèmes cardiaques. Elle est trop efficace pour l’essayer, il faut la laisser aux laboratoires pharmaceutiques.
Voici, cette plante dont le nom scientifique est Tessaria absinthioides est très courante au Chili depuis la zone centrale jusqu’au nord. Elle peut devenir envahissante.
À Pica, ou j’ai donné une formation, les femmes luttaient continuellement contre ces plantes qui envahissaient leurs “chacras” (mot quechua désignant une petite parcelle cultivée).
Belle expérience de teinture
Nous l’avons utilisé en teinture naturelle, elle furent très agréablement surprises par le magnifique jaune que cette “mauvaise herbe” peut donner.
Je viens d’apprendre qu’elle est très intéressante du point de vue médicinal pour les articulations, en infusion. Elle est aussi répulsive pour de nombreux insectes.
Voici une photographie très émotive. Cette femme qui a une vie très difficile, caresse la laine qu’elle a teinte avec la Sorona qu’elle arrachait par pleines brassées.
Les ronces
Oui, les ronces ne font pas que piquer, envahir et donner parfois des mûres à l’automne. Les jeunes rameaux sont bourrés de tanins et sont très intéressants en teintures.
J’aime les jolis jaunes et de merveilleux gris, éventuellement des verts olives qu’elles donnent. Le résultat dépend des mordants: alun, fer ou cuivre et en prime une odeur de confiture lors du bouillon de teinture.
En permaculture, une technique innovante, utilise le fait que cette plante est une précurseur de la forêt. On aménage des cercles dans le massif de ronces et on y plante au milieu de petits arbres, le plus souvent fruitiers qui pousseront protégés par les ronces.
Les fleurs des champs en ecoprint
Voici une autre utilisation maline des plantes sauvages en teinture naturelle, est la technique appelée “ecoprint“. J’ai déjà consacré un article à celle belle technique que je pratique dès que je peux avec plaisir.
“Mauvaises herbes” fourragères et engrais vert
De nombreuses fabacées ou légumineuses sauvages servent d’engrais vert, grâce à leurs nodules sur les racines qui concentrent l’azote.
“Arvejilla”
Notamment, je pense à la “arvejilla” (petit petit-pois), courante au Chili (zone centre et sud), que les brebis apprécient beaucoup.
Il faut cependant penser à les tondre avant que les graines mûrissent, car celles-ci sont munies d’une épine très pointue qui blessent souvent les doigts quand on file la laine.
Cette graine était consommé par les indigènes qui savaient profiter de leur environnement.
J’ai appelé au secours mon amie Lucia Fuentes près de Rancagua (Chili) qui est apicultrice et connais très bien la flore chilienne. Elle m’a gentiment renvoyé tant d’informations que je ne sais pas à quel nom latin vous renvoyer. Il y a beaucoup d’espèces qui se ressemblent. Je me suis retrouvé devant un cas d’infobésité. Et malheureusement, je n’ai pas de photographie.
Les rumex
Avec leur solide racine pivotante, ils sont un cauchemar pour les agriculteurs. Il en existe de nombreuses variétés, toutes bio-indicatrices, indiquant différents types de sols.
Certaines espèces sont comestibles en salades. Les vaches les apprécient beaucoup.
Elles sont utiles en teinture naturelle, car elles ont beaucoup de tanins, et notamment des tanins peu colorants. Ils donnent des tons rosés pâles. C’est très intéressant pour utiliser ces tanins comme des mordants naturels et éviter ainsi la pierre d’alun. En outre, Gérard Ducerf nous apprends qu’elles récupèrent aussi les formes toxiques d’aluminium dans les sols. En teinture, cet aluminium peut certainement remplacer l’alun, pas toujours facile à trouver.
Bidens – amores secos
Cette herbe gracile qui aime les zones humides paraît bien innocente. Elle appartient à la famille des Bidens, au Chili on l’appelle “amour sec”, car leurs graines munies de deux petites dents s’accroche volontiers au vêtements.
Du temps des Incas, les enfants étaient envoyés les récolter pour la teinture, elle donne un magnifique jaune-ocre.
Les abeilles aiment les “mauvaises herbes“
La grande majorité des plantes cultivées ne sont pas intéressantes pour les abeilles.
Les céréales sont généralement pollinisées par le vent.
Les légumes sont souvent récoltés avant la floraison, leur goût se modifie pendant la montée en graine…
Les fleurs cultivées pour les fleuristes sont récoltées en bouton, donc trop tôt pour les abeilles qui ont besoin que le pollen soit déhiscent et se libère facilement. C’est-à-dire que c’est la fleur mûre, presque fanée qui intéressent les abeilles.
Certaines fabacées devraient être intéressantes, mais la taille et la forme de la fleur ne laissent pas les abeilles faire leur travail… C’est notamment le cas de la luzerne.
Certaines zones cultivées apparaissent donc comme des déserts verts pour les abeilles domestiquées et beaucoup d’autres pollinisateurs sauvages.
Les “mauvaises herbes” qui arrivent à fleurir sont donc plus attractives pour les abeilles, d’autant plus que leur variété est plus grande. Et les abeilles profitent aussi des qualités médicinales de ces plantes.
Elles offrent aussi une plus grande variété de pollens et de nectars. En outre, elles ne fleurissent pas toutes au même moment, ce qui assure une alimentation variée et étendue dans le temps au fur et à mesure des floraisons décalées.
Si les abeilles dépendent seulement des variétés cultivées, elles ont des excédents de nourritures à certains moments et crient famine entre les floraisons.
Le lierre
Aussi curieux que cela puisse paraître, le lierre est très intéressant pour les abeilles. Heureusement, il a la bonne idée de fleurir en automne-hiver, époque où les abeilles sortent encore aux beaux jours et ne trouvent que très peu de fleurs.
Les baies sont vénéneuses. Elles contiennent beaucoup de tannins et de saponines. Ces graines alimentent de nombreux oiseaux en hiver, ils ont adapté leur appareil digestif et propagent ainsi les graines. Les feuilles sont utilisées comme détergent naturel.
Les feuilles ont la particularité de changer de forme entre l’état juvénile et l’état adulte.
Loin, d’être un danger pour les arbres sur lesquels il pousse, il les protège contre certains champignons et insectes. Le lierre n’est pas un parasite car il se nourrit par ses racines en terre.
C’est une plante dépolluante. Il est aussi utilisé depuis des temps immémoriaux dans des préparations médicinales.
Les adventices
Il s’agit là de cultures agricoles des années ou saisons passées, ou de champs voisins qui ressurgissent au milieu d’une culture principale. Ainsi, même le blé, par exemple, peut être considéré comme une adventice. Ce terme est plus scientifique pour nommer une “bonne herbe” qui n’est pas à sa place et devient “mauvaise” car elle est sensée faire concurrence à la culture du moment, peut-être exagérément normée.
Il est remarquable que ce pourpier est beaucoup moins beau que celui de qui avait été récolté précédemment. Les plans utilisés sont des hybrides F1 bio. Leurs rejetons ne possèdent donc plus toutes les qualités de leurs parents.
Les plantes bio-indicatrices
Gérard Ducerf est un grand botaniste qui s’est spécialisé dans les “mauvaises herbes“. Il a élaboré une théorie très intéressante sur le fait que la levée de dormance des “mauvaises herbes” n’est pas la même partout.
Selon lui, les graines sont présentes partout, mais il faut des circonstances spéciales pour qu’elles germent (ou qu’elles lèvent leur dormance). Ces circonstances proviennent le plus souvent de la chimie du sol. Donc les “mauvaises herbes” qui pousseront, indiqueront certains manques ou certains excès du sol.
Je viens de trouver cette émission de France Culture où Gérard Ducerf explique ses observations. Je vous invite à l’écouter.
Montrer les problèmes du sol, voici le travail des mauvaises herbes
Le plus intéressant de l’affaire est que ces “mauvaises herbes” vont aussi tenter de remédier à ces problèmes. Il explique, par exemple, que certains chardons indiquent un manque de phosphates. Mais en outre, ils vont les chercher dans les couches plus profondes de la terre. Une fois que la plante se fane et se décompose, elle rend ces minéraux disponibles aux autres plantes cultivées.
Il nous faut donc réapprendre à connaître les “mauvaises herbes” qui ont toute une utilité qui n’est plus connue. Elles ont même souvent perdu leur nom. Plus une plante est “gênante“, plus elle a de nombreux noms communs ou vulgaire. C’est là que devient intéressante l’appellation scientifique en latin (parfois de cuisine).
La pollution
Par ailleurs, d’autres “mauvaises herbes” vont indiquer la présence de pollution par des métaux lourds ou des pesticides. Elles les concentreront souvent dans leurs tissus.
Quand les conditions de levée de dormance disparaissent, ce sont d’autres espèces qui apparaissent…
Il explique en détails ses théories dans ses videos et ses livres. C’est vraiment intéressant.
Et les symbioses avec les “mauvaises herbes”
Parfois des “mauvaises herbes” semblent aider directement les bonnes herbes…
Après, Viña del Mar, j’ai vécu à Limache (à 30 km de Valparaíso, Région Centrale du Chili), j’ai eu deux expériences bonnes à méditer.
Quand je suis arrivée à Limache, il y avait beaucoup de plantes médicinales, une amie qui les connaissait bien me montre la mélisse. Elle me dit qu’il faut bien s’en occuper pour la protéger.
La mélisse
J’ai donc commencé par arracher les “mauvaises herbes” autour des plantes de mélisse. On m’a volé la pompe à eau. Je n’ai pas pu continuer à irriguer mes plantes. Heureusement, je n’avais pas réussi à nettoyer tous les plantes de mélisse. Car celles que je n’avais pas nettoyées ont résisté à la sécheresse, alors que toutes les mélisses que j’avais nettoyées se sont séchées.
La mélisse est très mellifère. Au Chili, on frotte les ruches vides avec de la mélisse pour attirer les essaims.
Par ailleurs, la mélisse est un anti-dépressif en tisane, ou parsemer quelques feuilles déchiquetées sur une salade.
Le parqui
D’autre part, j’avais beaucoup de parqui, une solanacée arbustive puante et toxique… Il y en avait des pieds qui poussaient très haut, juste à côté d’un grand citronnier. Les branches de parqui se cassent très facilement, je l’ai donc réduit très facilement, je ne l’ai pas arraché… Très rapidement, le citronnier est mort.
J’ai aussi constaté cette union citronnier-parqui dans la propriété de mon ami Uldis à Concon. Les seuls citronniers que respectaient les chevaux affamés des voisins étaient protégés par un pied de parqui.
Certaines “mauvaises herbes” peuvent avoir un effet répulsifs sur les prédateurs, d’autres peuvent les attirer libérant ainsi les cultures de leurs actions néfastes.
Les “mauvaises herbes” comestibles
Une nouvelle tendance est la redécouverte des plantes sauvages comestibles. Georges Oxley parle beaucoup dans ses videos de ces plantes et d’un mouvement britannique “Incredible Edible”. De nombreux livres sont entrain de paraître à ce sujet.
La renouée du Japon
Cette plante bio-indicatrice et envahissante montre des lieux pollués. Cependant ses jeunes pousses sont comestibles et exemptes de polluants.
Enfin, j’ai utilisé cette plante en teinture naturelle à Puerto Montt (sud du Chili), elle m’a donné un très beau jaune.
Elle est aussi très mellifère et attire les abeilles en nombres.
L’ail des ours
Cette plante phare des comestibles sauvages est une parente de l’ail cultivée. Selon wikipedia, elle présente beaucoup des propriétés de l’ail habituelle.
Comme pour toutes les plantes sauvages, il faut bien faire attention à toujours en laisser suffisamment pour qu’elle puisse se régénérer l’année suivante.
D’autre part, il faut éviter de la confondre avec d’autres plantes toxiques qui lui ressemble et qui peuvent entraîner de graves intoxications. Une bonne base en botanique est donc nécessaire.
Le lamier pourpre
Cette modeste plante fait partie des plantes préférées des débutants en “comestibles sauvages”. Elle a un goût de champignon et s’utilise en salade.
Il existe au Chili une sorte de chardon, cousine de l’artichaut dont les cotes des feuilles sont comestibles en salades ou frits. J’en ai mangé plus d’une fois.
De plus, ce chardon, comme beaucoup d’autres, est aussi très intéressant pour les abeilles.
Aussi, je les ai essayés en teinture naturelle, à mes débuts. J’ai employé les feuilles complètes. Encore une fois, j’ai obtenu un jaune. Les épines étaient restées piquantes après avoir bouilli.
Souvent, j’aime bien utiliser des déchets, des rebuts pour teindre. C’est économique, et cela ne manque que rarement.
La Gunnera
Cette plante utilisée en décoration de jardin en France (Gilles Clément l’apprécie beaucoup) est un peu invasive. Elle pousse sauvage au Sud du Chili, sur les bords de routes et de forêts, j’en ai beaucoup vu entre Coyhaique et Puerto Aysen.
Au Chili, on l’appelle “pangue” ou “nalca“. Ses grandes tiges se mangent en salade, c’est plutôt amer. On les vend, quand c’est la saison sur les marchés, à Puerto Montt. Les feuilles peuvent mesurer plus d’un mètre de large. On les utilise pour la recette du “curanto al hoyo“, spécialité gastronomique de la région de Chiloe et dans de nombreuses préparations culinaires de la région, notamment pour envelopper des “pains” (masas) de pommes de terre râpées.
Les racines sont utilisées traditionnellement en teinture naturelle et pour tanner les peaux.
Sur ce lien, vous pourrez voir des photographies impressionnantes et avoir plus d’informations sur cette plante.
Les “Chahuales“
Voici une magnifique plante en voie d’extinction au Chili est aussi comestible et recherchée. Mais comme on mange la tige florale en bouton, qui est en outre difficilement accessible, au milieu des feuilles dures et piquante, la plante une fois récoltée est incapable de se reproduire.
“Mauvaises herbes” des villes
D’autre part, les “mauvaises herbes” n’envahissent pas que la campagne et les jardins. Elles arrivent à pousser dans n’importe quel interstice en ville… La nature sait recoloniser la ville.
Érigeron du Canada
Cette plante courante en ville, est utile en teinture naturelle. Elle donne aussi du jaune.
Phytolacque
Enfin, cette plante plutôt envahissante et toxique est apparue un peu partout.
Ces graines étaient curieusement utilisées autrefois pour falsifier la couleur de certains vins, notamment de Bordeaux. Il s’agit d’un colorant petit teint, donc très instable.
“Mauvaises herbes” résistantes
Certaines, résistent même au feu…
D’autres, tels ces chardons sont capable de se maintenir après un an à l’ombre sous une bâche tissé…
Certaines savent être mignonnes
Certaines plantes savent être très mignonnes et délicates pour échapper à l’arrachage. Ainsi semble être la douce véronique bleue, qui n’hésite pas à tisser d’inextricables toiles de racines en marcottant dans tous les sens. Elles couvrent très bien les sols, dont elles indiquent un bon équilibre.
Vieille expérience
Quand je suis arrivée à La Ligua (zone centrale du Chili), je suis rapidement partie vivre dans un hameau appelé la Quebrada del Pobre (la Vallée du Pauvre).
J’avais quelques hectares de coteau de colline avec quelques bosquets, un petit ruisseau qui coulait seulement en hiver, bordé d’arbres natifs (boldo, molle, peumo, quillay…). Il s’agissait d’une prairie en pente, nette plus sèche vers le côté nord.
Je démarrais en apiculture. J’ai donc décidé de me débarrasser de mon ânesse et de mon ânon et d’empêcher les voisins de faire paître leurs troupeau sur le terrain. Je voulais réserver les fleurs à mes abeilles. Elles ne sont pas capables d’aller chercher leur nourriture dans les bouses des animaux qui mangent les fleurs avec grand plaisir.
Après deux ans de luttes contre les paysans du week-end, j’ai pu constater quelques améliorations. Les paysans du week-end travaille la semaine à la ville, larguent leur troupeaux au bord des routes ou éventuellement chez leurs voisins. Ils viennent compter le nombre de têtes le samedi ou le dimanche… Quand on le leur reproche, ils répondent qu’ils n’ont pas de bêtes mais des animaux ou bien qu’ils n’ont d’animaux, mais des bêtes, selon si on mentionne la présence de chevaux ou de vaches. Cela est très courant et cette prairie leur faisait défaut, car ils avaient surpatûré toutes les autres dans la zone.
Après deux ans de dure chasse au bétail intrus, je constatais:
l’absence d’érosion, bien que les pentes soient assez abruptes,
une multiplication de la faune sauvage, insectes, petits rongeurs, oiseaux…
même en saison sèche, les pailles de la végétation de l’année antérieure attrapaient le brouillard et la rosée et les conduisaient au sol qui était maintenu vert (petites graminées, liserons…).
Conclusion sur les mauvaises herbes
Il me semble difficile de n’avoir sur son terrain que des plantes dites “utiles“, comme le souhaitais mon ami Rodrigo au Brésil. En outre, il faudrait mieux connaître les “mauvaises herbes“, car elles ont certainement toutes quelque chose d’utile. À nous de le découvrir.
En outre, la botanique et l’observation des plantes sont là pour nous aider. Rien ne peut être complètement positif, ni totalement négatif. Donc, il faut donc chercher le bon côté.
Certaines “mauvaises herbes” sont tout simplement belles…
Si pour des raisons économiques, vous devez vous débarrasser des “mauvaises herbes“, je vous conseille le cours-video de Konrad Schreiber.
/// Betterave rouge, non merci! /// Nouvel article du 8 Mars 2020 Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
J’aime beaucoup les marchés, celui-ci a lieu le samedi matin à Angelmó, Puerto Montt, sud du Chili. On y trouve, bien sûr, de la betterave rouge, parmi de nombreux produits typiques. La betterave rouge figure parmi les premiers végétaux tinctoriaux qui viennent à l’idée du public non initié aux teintures naturelles… La référence à la betterave est curieusement permanente. Alors que d’autres déchets de végétaux comestibles, tels que les épluchures d’oignons, plus efficaces, sont oubliées.
Mes premières expériences sont donc dues aux dits de voisins à La Ligua qui n’avaient certainement pas essayés par eux-mêmes…
Mes premières expériences
Pour mes premiers tests, je ne pouvais pas penser les faire avec des produits exotiques tels que l’indigo, la garance ou la cochenille.
J’ai donc eu recours à des plantes que j’avais sous la main et à des déchets. La démarche générale est sans doute bonne, mais la betterave rouge est une exception.
Avec les feuilles de betterave
J’étais pauvre, je souhaitais donc éviter d’utiliser ce qui se mange pour teindre. Cela sentais le gâchis.
J’ai donc commencé à tester avec les feuilles, dont je viens seulement maintenant d’apprendre qu’elles étaient comestibles. J’ai pris un écheveau de 100 grammes de coton. C’était plus économique que la laine naturelle à La Ligua.
Bien sûr, le jus était rose vif, mais en rinçant simplement, tout est parti. Je n’ai eu qu’un jaune très pâle.
J’ai recommencé en ajoutant un mordançage à l’alun. Même résultat. Heureusement, j’avais récupéré les feuilles de betterave sur le marché.
Avec la racine
Il me semblait curieux que tant de gens se trompent. Je décidais donc de recommencer avec la racine, cette fois-ci. Bien que la betterave n’apparaisse nulle part dans ma documentation du moment, le Guide de la Teinture Naturelle de Dominique Cardon.
Cependant, je n’avais pas d’électricité à l’époque, donc pas d’internet. Ce guide et tous les autres livres de Dominique Cardon font toujours partie de ma documentation de base.
Je pris donc la décision de sacrifier un peu d’alimentation pour un nouveau test. Le résultat ne fut pas meilleur. Je comprenais pourquoi la betterave ne figurait pas dans le Guide de Dominique Cardon.
Malheureusement, je n’ai pas de photographies de ces premiers essais. J’aurais bien aimé partager cela.
Dans les cours
À Pica (Nord du Chili)
Dans les cours que j’ai donné à Pica, nous n’avons pas fait le test de la betterave rouge, les femmes n’en produisaient certainement pas dans leurs “chakra” (mot d’origine quechua désignant un petit terrain cultivé). Il fallait faire efficace, nous avons donc travaillé essentiellement avec des produits connus par les femmes. Notamment, nous avons teints avec des herbes médicinales de l’Altiplano, ou des plantes locales que j’avais personnellement testé positivement. Ainsi, nous avons utilisé la Sorona, “mauvaise herbe” qui envahissait les “chakra” et donne un très beau jaune.
À Santa Fe (Argentine)
Lors des deux ateliers à Santa Fe (Argentine), nous avons testé la betterave, car des stagiaires en avaient amenée. Ces groupes étaient très enclins à faire des expériences nouvelles. Nous l’avons donc fait comme contre-exemple, toujours avec le même résultat.
Ici les feuilles de betteraves cuisent pendant que l’on mordance les fibres dans une autre casserole.
Les fibres mordancées seront ensuite ajoutées au bain de betterave.
Nous avions étiqueté toutes les teintures que nous avions faites. Je ne vois pas d’étiquettes indiquant la betterave, le résultat a été si décevant que les fibres ont été reteintes.
Une betterave, qu’est-ce que c’est?
C’est une chénopodiacée, Beta vulgaris, de même que les épinards, les blettes et quinoa. Elle produit une grosse racine pivotante que l’on consomme habituellement. Il en existe un grand nombre de variétés, pas toutes rouges.
La culture
Comment naît une petite betterave?
À ce stade le désherbage n’est évident. il doit être fait manuellement, bio oblige, et rapidement avant que la planche soit envahie…
Puis elle sort les premières feuilles classiques de betterave.
Différentes variétés de betterave cultivées par Biolab, ferme Agrobiologique, près de Nemours, où je fais actuellement du wwoofing.
La récolte
Dans les champs, peu avant la récolte, Valentin qui travaille chez Biolab, récolte des échantillons.
Elles sont un peu petites, car elles ont été semées trop serrées. Elles n’ont pas eu assez de place pour se développer et elles vont bientôt monter en graines. Il faut donc les récoltées. Les meilleures ont déjà été sélectionnées par les mulots…
La terre est très humide, il a beaucoup plu ces derniers jours. On dirait que la terre aspire les betteraves quand on veut les arracher. Valentin va donc faire un essai avec le tracteur de soulever la couche de terre ou se trouvent les betteraves.
La récolte a été plutôt maigre.
En partageant tout ce travail, il devient pour moi aussi inconcevable de négocier les prix sur les légumes que sur l’artisanat. L’agriculture est aussi grande consommatrice de temps et de connaissances que l’artisanat.
Quand on coupe une betterave et qu’on la fait cuire, elle libère un jus rouge très trompeur, qui laisse croire que l’on pourrait teindre avec…
Là, il s’agit d’une jolie variété à rayures blanches. Elles ont moins de colorant.
La bétalaïne
Cette famille de pigment est présent dans de nombreux végétaux.
Voilà ce qu’en dit l’Association Couleur Garance, experte dans le domaine de la teinture naturelle.
Mes expériences
A Mamiña, petit village d’eaux thermales dans la précordillère, à 120 km de d’Iquique (Nord du Chili), j’ai fait de nombreux essais. Notamment, j’avais trouvé des pailles de quinoa, qui provenaient de Cancosa, en plein Altiplano, tout près de la frontière bolivienne.
Ces pailles sont rouge foncé. C’était donc intéressant à tester. Le résultat a été plutôt décevant. La quinoa fait partie des chénopodiacées. Ce n’est donc pas surprenant.
Utilisations possibles de la betterave…
Alimentaire, bien sûr. Nombreuses sont les recettes faisant intervenir la betterave rouge.
J’ai eu l’occasion de me cuisiner quelques betteraves que j’ai récoltées. Elles étaient délicieuses. Et voici, une salade de betterave bio.
Vu, que ce ne sont pas des betteraves rouges habituelles, elles n’ont pas libéré de jus rouge, seulement une eau de cuisson beige…
Le colorant Bétanine, une des formes de bétalaïne est utilisé par l’industrie agro-alimentaire sous la dénomination E162.
Médicale, pourquoi pas? La betterave serait un excellent hypotenseur. Cela me semble intéressant, non? Elle améliorerait aussi l’oxygénation des cellules.
Et en teinture?
Il s’agit donc d’une teinture alimentaire par excellence. Je viens d’en parler assez longuement, mais il me reste une dernière expérience à vous raconter.
Betterave rouges et sels de bain
Là aussi, les photographies font défaut. À Limache, j’avais perdu 95 % de la clientèle de ma petite imprimerie artisanale de Viña del Mar. Je n’étais qu’à 30 km, mais c’était trop loin.
Il fallait que je trouve d’autres produits. En allant chercher du maïs pour mes poules, je me suis rendue compte que le gros sel était très économique. J’avais beaucoup de plantes aromatiques et médicinales sur la propriété que je louais.
Je décidais donc de préparer des sels de bains. Je n’avais aucune documentation sur les teintures naturelles et bien sûr pas d’internet.
Ce fut ma première tentative de teintures naturelles. C’est ainsi que je testais avec la betterave rouge, le choux rouge et le jus de cerises.
La recette
Je vous livre donc la recette de mes sels de bain.
Je faisais bouillir la plante choisie pour son parfum et ses propriétés médicinales avec la plante colorante. Par exemple, feuilles de betterave rouge avec romarin.
Je laisse bouillir jusqu’à obtenir un jus colorant et odorant.
Dans une poêle, je versais du gros sel et le jus obtenu auparavant.
Je faisais chauffer pour que le sel absorbe le jus et sèche.
Il est à noter, qu’il n’y a pas de problème de conservation car le sel est lui-même un excellent conservateur. Je n’ai pas mis de fixateur pour les parfums, c’est plus naturel ainsi.
J’avais fait trois essais : lavande-choux rouge et citron, romarin-betterave rouge, mélisse-cerises.
lavande-choux rouge et citron, très beau rose vif
romarin-betterave rouge, rose un peu terne
mélisse-cerises, rose-beige foncé
Dans la pratique, je retiendrai le choux rouge associé au citron.
Conclusion
La betterave rouge est certainement très intéressante du point de vue alimentaire, voir médical. Mais dans le domaine de la teinture, malheureusement, elle fait définitivement partie du petit teint et doit être réservée à la teinture alimentaire, bien que dans ce domaine aussi la cochenille E120 est une concurrente de poids.
PS – Petit truc pour consommateurs
Si l’on vous propose des laines d’un joli rose, et qu’on ajoute, c’est teint à la betterave rouge, fuyez. C’est une arnaque.
/// Végétaux voyageurs /// Nouvel article du 1er Mars 2020 Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Les végétaux n’ont pas de jambes, mais ils voyagent tout de même beaucoup. Comme tout ce qui est utile voyage, les plantes médicinales et tinctoriales sont donc de tout temps de grandes compagnes des voyageurs. Les végétaux traversent ainsi des continents et des océans…
Il y a tant à dire sur les végétaux voyageurs, je vais devoir me concentrer sur les plantes et insectes tinctoriaux voyageurs… Les végétaux et les animaux à fibres ont aussi beaucoup voyagé, sans doute mériteront-il un prochain article.
Un peu d’histoires de végétaux voyageurs
De tout temps les végétaux se sont ingéniés à développer des systèmes pour répandre leurs graines et donc à se multiplier sur des surfaces de plus en plus grandes. Ils ont souvent recours à l’aide des animaux, éventuellement de l’homme, parfois à son insu…
Les documentaires de Jean-Marie Pelt, par exemple, donne une idée de cette ingéniosité.
Certains végétaux ont ainsi fait le tour du monde, ils sont dotés d’une histoire précieuse qui les relient intimement aux textiles traditionnels.
Préhistoire
À Monteverde, près de Puerto Montt, au Sud du Chili, a été découvert un lieu habité depuis plus de 15.000 ans (traces les plus anciennes d’occupation humaine en Amérique Latine), avec de très nombreux restes organiques en très bon état de conservation. Il y avait notamment des restes de viande de mastodontes et de camélidés, des cordons de fibres végétales et des plantes notamment médicinales. Celles-ci ont été étudiées et proviennent de plus de 40 km du lieu où elles ont été trouvée.
Il ne s’agit pas encore de plantes tinctoriales. Mais, bien que les nomades ne transportent que l’indispensable, ils ont emmené avec eux ces végétaux médicinaux de même que d’autres comestibles (entre autres des pommes de terre).
Plus récemment, en Europe, au bord du Lac de Neuchatel, en Suisse, dans les restes d’un village lacustre néolithique, ont été trouvés des graines de sureaux hièbles toxiques. Ces végétaux sont utilisés en teinture, comme l’indique Dominique Cardon.
Antiquité et ses végétaux tinctoriaux
Normalement la gamme de couleur naturelles peut couvrir tout l’arc-en-ciel, comme je le commente dans un article récent. Cependant, des produits tinctoriaux exotiques avaient beaucoup de prestige et voyageaient en suivant les mêmes voies que la soie et les épices…
Mais en réalité, on se limitait souvent au jaune, au rouge et au bleu d’indigo.
Le rouge notamment, qui était la marque des élites, voyageait beaucoup. Cependant, il n’était pas seulement produit à partir de végétaux. On a eu recours à des insectes bien sûr, mais aussi à des coquillages, les murex…
Les coquillages
Ces coquillages étaient travaillés assez loin des villes, car leur pourriture produisaient des odeurs assez nauséabondes, les villages de teinturiers étaient donc mis à l’écart. Le terme latin pour désigner les teinturiers “infectores” est très significatif.
Je l’ai compris lorsque j’ai fait mon propre essai avec les “locos” et les “locates” de Taltal (Chili), après 15 jours de fermentation dans leur bouteille. Heureusement, j’ai fait l’essai à l’extérieur près d’une source.
Les insectes voyagent aussi
Le Kermes
Cet insecte parasite de certains chênes méditerranéens donne de très prestigieux rouges réservés aux familles royales et aux autorités ecclésiastiques. Vu la zone limitée de production, cela a dû voyager à travers toute la Mer Méditerranée et vers le Nord de l’Europe.
Les cochenilles polonaise et arménienne
Ces cochenilles donnaient des rouges carmins, elles étaient collectées dans les prairies et les marécages et voyageaient aussi à travers l’Europe.
Les végétaux
Les végétaux tinctoriaux plus voyageurs sont sans doute la garance pour le rouge, et l’indigo, pigment présent dans plusieurs plantes.
Cependant, les végétaux tinctoriaux qui donnent du jaune sont beaucoup plus courants. De nombreuses “mauvaises herbes” donnent des jaunes, mais la gaude a certainement voyagé, car elle se place au-dessus de toutes les autres sources de jaunes.
Il faut voir que de nombreux arbres fruitiers connus en Europe actuellement, par exemple, proviennent d’Asie Centrale ou de Chine. Il en est ainsi des pommiers, des poiriers, des cerisiers… J’en oublie beaucoup.
Tout ce que je viens de raconter ne concerne que l’axe Europe-Asie.
Nous n’avons malheureusement que peu de données concernant les Amériques, l’Afrique et l’Océanie où bien sûr, les teintures naturelles se sont développées très tôt.
En effet, le textile le plus ancien teint en indigo, provient du Pérou et date de de plus de 6000 ans.
L’histoire textile est très ancienne et très développée en variété et en qualité. Les colons espagnols ont été très surpris lors de leur arrivée au Mexique et au Pérou…
Je suppose qu’il y a des trésors semblables en Afrique et en Océanie. Comment les découvrir?
Les lichens
Les lichens à orseille qui donnent de jolis roses, malheureusement peu solides, voyageaient beaucoup depuis leurs lieux de récolte jusque chez les teinturiers. Combien d’étapes ?
Les minéraux aussi voyagent
Les minéraux voyagent depuis longtemps… L’alun, mordant incontournable en teinture, est produit généralement dans des régions volcaniques, parfois en plein désert. Il doit donc souvent être transporté jusqu’aux zones de teinture.
Dominique Cardon en parle assez longuement dans ses livres…
Moyen-Âge
On voit que Marco Polo, dans ses voyages, s’intéresse beaucoup aux teintures et aux textiles sans donner trop de détails.
Abandon du kermes
Avec l’effondrement de l’Empire Romain, les axes de commerce se modifient.
Puis, avec le développement du monde musulmans, le commerce méditerranéen devenait de plus en plus compliqué.
Le kermes tombera peu à peu dans l’oubli. Il sera remplacé par la garance des teinturiers (Rubia tinctorum) et d’autres rubiacées dont les racines donnent de magnifiques rouges.
Maintien des cochenilles du vieux monde
Les cochenilles du vieux monde se maintiendront, en baissant nettement après la “découverte” des Amériques par Cristophe Colomb. Car l’importation de la cochenille du Mexique et du Pérou va bouleverser le commerce des cochenilles et les techniques de teintures.
Disparition de la pourpre
Alors, la pourpre essentiellement produite sur les côtes orientales la Méditerranée et dans la zone de l’ancienne Carthage est délaissée. Elle devient difficilement disponible, d’autant plus que les coquillages surexploités deviennent rares.
Mais, cette couleur sera obtenue par la combinaison de bains de garance et d’indigo. Cette technique, des faussaires de l’antiquité la connaissent déjà, elle sera alors généralisée.
La garance
D’habitude, on pense à la merveilleuse garance des teinturiers (Rubia tinctorium). Mais, celle-ci a une cousine très intéressante, la garance voyageuse (Rubia peregrina). Elle voyage en s’accrochant aux vêtements, tout comme le font les gaillets, souvent tinctoriaux, eux aussi. On la trouve parfois près des anciens champs de culture de garance des teinturiers. Ses racines teignent aussi…
On a retrouvé une racine de garance dans la tombe d’une reine norvégienne dans les années 800 après JC. Il serait plutôt étonnant que cette plante aie poussé en Norvège. La zone de culture la plus septentrionale serait sans doute les Flandres.
L’indigo
Isatis tinctoria, le pastel ou guède, a été une des premières sources de bleu en Europe. Les autres continents possèdent une grande variété de plantes à indigo.
L’indigo du pastel était déjà exploité par les Celtes, entre autre pour des peintures corporelles, comme le note Jules César dans son récit sur la Guerre des Gaules.
Cet indigo fera la richesse d’une bonne partie du Sud de l’actuelle France, notamment de la région de Toulouse. L’expression “Pays de Cocagne“, fait d’ailleurs référence aux coques préparées à partir du pastel fermenté, mis en boule et séché.
Renaissance
Outre ces produits traditionnels, avec le développement des voyages en Asie et la conquête de l’Amérique, de nouveaux produits tinctoriaux vont faire leur apparition en Europe.
Bois rouges
D’Asie, puis des Amériques ont ramène des bois rouges, qui souvent ne sont pas considérés grand teint, mais participent de nombreuses recettes de teintures dans les gammes de rouge.
L’un des plus connu était traditionnellement rapporté des Indes sous le nom de brasil, bois de braise. Quand les Portugais parvinrent aux côtes du Brésil, ils découvrirent un arbre très semblable. Ils l’ont appelé Pau Brasil ou bois de Permanbouc (Caesalpinia echinata). C’était une des premières richesses exportées de ce nouveau territoire. De là, provient le nom du Brésil.
Ce bois est encore aussi utilisé pour fabriquer des archets de violons. Il s’agit d’une espèce protégée et rare du fait de sa surexploitation.
Il existe de nombreux autres bois rouges qui ont été importés en grandes quantités en Europe.
Bois jaunes
Outre les bois rouges, de nombreux bois jaunes tels que les fustets s’importaient en quantités impressionnantes aussi bien d’Asie que d’Amérique.
Tous ces bois devait être réduits en poudres ou en copeaux pour en tirer le maximum de colorants. C’était tout une industrie.
Cochenille d’Amérique
La cochenille d’Amérique, contrairement à la polonaise et l’arménienne est élevée. N’étant plus sauvage, elle n’a plus autant besoin de se protéger, Elle produit donc moins de cire protectrice, cette cire protectrice posait de nombreux problèmes aux teinturiers des temps anciens, elle provoquait des taches sur les textiles…
Le colorant, l’acide carminique est donc plus concentré, d’autant plus que la récolte se fait au bon moment, et éventuellement deux fois par an si les conditions le permettent.
Cette arrivée brusque d’une grande quantité de matières tinctoriales de meilleure qualité a totalement bouleversé l’économie des régions de récolte du kermes et des anciennes sources de cochenille.
La découverte que le mordançage à l’étain permet d’obtenir des couleurs plus proche des écarlates de kermes, encouragera son usage.
Des règlements ont vite essayé d’interdire cette nouvelle cochenille, comme le décrit très bien Michel Pastoureau dans ses nombreux livres, entre autre dans “Rouge, histoire d’une couleur“. Mais, les règlements sont faits pour être contournés…
Indigofera
Les diverses espèces d’indigofera, provenant des régions chaudes. Celles-ci provoqueront un second bouleversement économique. Là, au lieu d’importer de la matière brute, on ramènera le pigment déjà extrait sur leur lieu de production. Il provient notamment d’Asie, d’Inde et du Bangladesh. Mais il y avait aussi des cultures et de l’extraction d’indigo à La Guadeloupe. Dans ces pays leur culture en lieu et place des cultures vivrières provoquera de nombreuses famines et révoltes.
Là aussi, des règlements tenteront de limiter l’invasion en France, mais ce fut en vain. Michel Pastoureau en parle longuement dans ses livres et notamment dans “Bleu, histoire d’une couleur” où il donne de nombreuses anecdotes sur le nouvel indigo diabolisé.
Temps modernes
À cette époque, la cochenille et l’indigo importés s’imposeront dans les ateliers de teintures, grâce à des améliorations des procédés de teintures. Les anciens règlements s’assouplissent devant les nécessités économiques.
C’est le moment d’un grand développement de recherches, tant de la part des teinturiers dans leurs pratiques que de la part des chimistes. Ces derniers s’intéressent beaucoup au sujet de la couleur et tentent d’améliorer les procédés.
L’industrie textile est en plein développement et le domaine de la teinture doit suivre le rythme. La concurrence est rude en Europe et de nombreux espions sont envoyés pour découvrir des secrets de teintures…
Bois de Campêche
Le grand nouvel arrivant, aussi accusé d’être petit teint, est le bois de Campêche, à l’origine provenant du Mexique.
Il donne de jolis violets et des bleus réputés peu solides. Il est vrai qu’il est difficile de faire mieux que l’indigo dans ce domaine.
Un nouveau procédé de mordançage au chrome permettra d’obtenir de très beaux noirs relativement solides. Ils étaient jusque là très difficiles à obtenir, en multipliant les bains de teinture.
L’industrialisation
L’industrialisation de plus en plus rapide du textile exige des quantités chaque fois plus importantes de végétaux et autre matériaux tinctoriaux.
L’indigo
La culture de l’indigo s’est beaucoup développée jusqu’à l’apparition du Bleu de Prusse et des autres couleurs de synthèse.
Apparition des colorants de synthèse
Les nouvelles couleurs de synthèse apparaissent, depuis la découverte de la mauvéine par Perkin en 1856. Elles concurrencent de plus en plus durement les végétaux tinctoriaux voyageurs. Leur transport et leur usage est beaucoup plus facile. Leurs défauts apparaîtront seulement plus tard. Peut-être trop tard, il devient difficile de se passer de ce à quoi on s’est habitué.
Par exemple, en une dizaine d’années, l’Allemagne qui était grosse importatrice de matériaux tinctoriaux est devenue exportatrice. Le bouleversement a été d’autant plus rapide que la demande était grande.
La production de végétaux tinctoriaux à donc dû décroître, jusqu’à jouer un rôle insignifiant.
Et maintenant, les végétaux voyagent encore
Ils voyagent encore un peu pour les amateurs comme moi. Mais, je vais devoir partir à leur rencontre, avant qu’ils ne disparaissent complètement. Il faudrait pouvoir les resemer au plus vite pour maintenir les traditions…
/// Teintes, quelles chimies? /// Article en cours de rédaction Nouvel article du 9 Février 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Histoire des gammes de teintes et des couleurs
Encore une fois, les teintes et les couleurs sont un des thèmes préférés de Michel Pastoureau. En effet, cet article lui doit beaucoup. Comme lui, je vais me centrer sur les palettes occidentales, celles que je connais le mieux pour le moment.
Cependant, je ferais tout de même une petite incursion dans les Andes et notamment au Pérou et au Nord du Chili que j’ai la chance de connaître un peu mieux.
Bien sûr, j’espère que mon prochain tour du monde textile et tinctoriale me permettra de combler les lacunes en ce qui concerne les autres continents. Prendre en compte leurs points de vue serait souhaitable, car ils ont certainement beaucoup à apporter dans ce domaine.
Donc, cet article est un complément des deux autres articles déjà publiés sur le thème de la couleur. Le sujet est suffisamment large pour permettre la rédaction de nombreux textes sans se répéter.
1 – Un peu d’histoire
A – Palette de couleurs de la préhistoire
Il ne reste malheureusement pas de traces de textiles de la préhistoire ancienne, tout laisse à supposer que la palette de base reprend les teintes des peintures des grottes de Lascaux, Chauvet, Altamira…
Certains détails dans les statuettes dites Vénus font penser à des représentations de textiles.
On a tout de même trouvé à Monte Verde, près de Puerto Montt des restes cordes de fibres végétales et un certain nombre de restes organiques très bien conservés de plus de 14.000 ans.
Il ne reste pas de traces des peintures corporelles. Cependant, elles ont dû apparaître très tôt. Elles sont souvent à base végétale, du genre roucou ou fruit immature de jenipap, comme le font encore aujourd’hui les Guaranis, au Brésil. C’est complètement biodégradable.
Après ces teintures organiques, il nous reste donc les pigments des peintures rupestres.
Blancs
La craie et la chaux sont des pigments blancs faciles à trouver. Ils sont aussi mélangés à d’autres pigments…
Ocre jaune, ocre rouge, argiles
Généralement, les ocres et les argiles rouges sont faciles à trouver.
J’aurai du mal a faire mieux en paraphrasant Wikipedia, je préfère donc la citer:
“Les ocres jaunes (PY43 dans le Colour Index) et rouges (PR102) sont des pigments importants de la palette des artistes de toutes les époques. Grâce à leur coût modique, elles sont les rares pigments naturels encore présents dans les nuanciers de peintures, même si les fabricants tendent à les remplacer par des oxydes de fer synthétiques (PY42 ou PR101), plus réguliers et couvrants. Le chauffage des pigments permet également d’obtenir une grande variété de nuances. Ainsi, les ocres jaunes après calcination à 700 °C se transforment en ocres rouges. Comme le vin, les ocres possèdent leurs crus : les ocres jaunes peuvent être verdâtres ou orangées et donner des ocres rouges plus ou moins brunes et chaudes. Les qualités les plus claires sont aussi les plus transparentes. La non-toxicité des ocres autorise leur emploi dans toutes sortes de techniques (huile, aquarelle, acrylique, pastel, tempera, fresque). Elles sont compatibles avec tous les liants (graisses animales, huiles végétales, eau…) et les autres pigments. “ Wikipedia
Noir de charbon, suie
Ces produits sont bien sûr d’obtention facile et disponibles partout, comme déchets des activités domestiques. Ils jouissent d’une très grande stabilité dans le temps.
Couleur internationale des pétroglyphes
Ces couleurs sont donc celles de pratiquement tous les pétroglyphes.
Quand je vivais à Iquique, il y avait un peintre, professeur de peinture, qui peignait des toiles en coton en utilisant ces couleurs. Il peignait habituellement les pétroglyphes et les géoglyphes de la région.
Cet artiste emmenait ses élèves visiter les sites archéologiques tels que Cerro Pintado, Quipisca, Parca, Mamiña, Ariquilda, Tamentica, Huatacondo… Ils sont parfois difficiles d’accès.
Il s’appelait Gary, et quand je suis retournée à Iquique, je ne l’ai pas retrouvé, je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Teintes des premières céramiques
Cette palette est aussi celle des premières céramiques.
J’avoue que je ne connais pas très bien l’histoire de la céramique, mais il me semble que les premiers bleus et verts sont arrivés plus tardivement. Les vrais rouges et les orangés sont encore plus difficiles à obtenir et nécessite une très bonne régulation de la température. La gamme des teintes s’est développée avec le verre et les émaux céramiques.
En céramique, verrerie et émaillage, les sels minéraux font apparaître leurs couleurs lors de la cuisson et peuvent varier selon si celle-ci se déroule dans une atmosphère avec ou sans oxygène, il y a là aussi une réaction Redox.
Si je ne me trompe pas, cela démarre déjà du côté de Sumer.
Petites remarques
Les couleurs que je viens de citer ne sont pas des colorants textiles, mais des pigments dont la texture est trop grossière pour se fixer durablement sur les fibres. La différence entre pigments et colorants est importante.
En peinture, les deux peuvent être utilisés, en teinture non.
Cependant, la suie est utilisée dans certaines teintures naturelles sur textiles en Amérique Latine. On me l’a mentionnée plusieurs fois, mais jamais utilisée seule.
La chaux, tout comme la cendre, le sel de cuisine et le bicarbonate peut être utilisée comme modificateur, notamment pour renforcer les jaunes. J’en parle plus en détails dans l’article sur les mordants.
La palette préhistorique
J’ai donc dessiné une petite infographie représentant la palette préhistorique selon Michel Pastoureau.
B – Les teintes de l’antiquité
Dès le néolithique, la palette s’est très vite étendue.
Des tablettes sumériennes donnent des recettes complètes de teinture à la garance (mordant compris) et d’indigo. Elles indiquent même des solutions pour falsifier la pourpre du murex, couleur des plus luxueuses.
Si dans la réalité la gamme des teintes est déjà très large, dans le domaine du vocabulaire c’est beaucoup plus flou.
En effet, Michel Pastoureau explique très bien dans ses nombreux livres comment la bible s’est remplie de couleurs au fur et à mesure des traductions et avec le temps. Aussi bien l’Hébreu ancien que le Grec ancien ou le Latin sont avares en termes de couleurs. Ainsi, les quelques termes existants couvrent des gammes très amples et correspondent plutôt à des notions de luminosité ou de saturation.
Dans ses textes, il analyse longuement l’évolution des termes de couleurs. Ainsi, dans de nombreuses langues, les termes qui désignent le “rouge” se confond souvent avec “beau” ou avec “couleur“.
Isidore de Séville, grand encyclopédiste (560-637), qui parle des teintures, colorants, pigments et peintures se contente encore de la palette Blanc-Rouge-Noir.
On ne peut pas regarder le passé avec notre point de vue imprégné par les apports de Newton, toutes les dernières découvertes scientifiques et la lumière d’aujourd’hui.
Les goûts ont beaucoup changés.
La palette chromatique d’Aristote
Comme illustration, je viens de créer une nouvelle infographie montrant la palette d’Aristote.
Cette palette a régné Europe jusqu’à la Renaissance.
C – Les teintes des Andes
Les premiers textiles
Évidemment, les premiers textiles étaient de couleurs naturelles. D’abord, les animaux, les camélidés en particulier: vigognes, guanaco, lama, alpaga, étaient d’abord beiges et blanc comme les deux premières espèces sauvages.
Le lama et l’alpaga sont des espèces domestiquées et la variété de couleurs (très grande) est due à la sélection des éleveurs. Les industries de la laine de camélidés font un tri des toisons sur une gamme de 24 teintes. Ce tri s’opère manuellement.
Le blanchissement des troupeaux d’alpagas est donc, semble-t-il, un phénomène assez récent. Les alpagas bancs, sont très blancs et leur laine n’a pas besoin d’être blanchie comme celle des brebis.
Dans les musées, les textiles les plus anciens sont généralement beige. D’abord, la créativité est centrée sur les techniques de filature très originales. Puis apparaissent de fines rayures d’ornement sur les bords ou au centre.
Des teintes très variées
Les nombreux textiles trouvés dans les tombes aussi bien dans le Nord du Chili qu’au Pérou, d’une qualité qui sort de l’ordinaire, dans des conditions de conservations remarquables, en sont la preuve.
Des teintes très saturées, lisses
Dans les Andes, on recherche des couleurs très saturées et lisse. Assez curieusement, on voit peu de blancs, sauf les gazes Chancay. Pourtant, ils avaient déjà sélectionné des cotons blancs et il devait bien y avoir déjà des camélidés blancs.
Les poils de camélidés sont plus lisses que la laine de brebis. Donc, ils reflètent plus la lumière. Cela signifie qu’il faut plus de matières tinctoriales pour la même teinte. Les Anciens remédiaient à ce problème en teignant des laines naturellement beiges ou grises.
Lors d’un atelier de teintures naturelles, à Mamiña, à 120 km d’Iquique, avec des amies Aymara et Quechua, nous avions obtenu un joli vert. En réalité, le schinus molle aurait dû nous donner un jaune soutenu. Mais la casserole était en fer et avait rouillé.
Nous avons là l’explication du ton vert. Cependant, la laine ne touchait pas toujours la paroi rouillée de la casserole, il en résulta une laine qui variait du vert clair au vert foncé.
J’étais très contente, mais mes amies étaient très déçues. Elles voulaient une laine de couleur unie.
Des techniques originales
Shibori, ikat, techniques de dessins double face inversée, tapisseries, gases…
D – Palette du Moyen-Âge
Teintes très vives et saturées
Durant longtemps, si les couleurs n’étaient pas assez saturées, elles étaient dites “affamées”, notamment pour le rouge.
Là, il suffit de regarder un tableau de Brueghel, on voit une grande variété de couleurs.
La montée du bleu
Michel Pastoureau l’a décrit très bien dans ce livre. Il reprend différentes variantes d’un évangile apocryphe, contant une anecdote concernant un apprentissage raté de Jésus adolescent chez un teinturier, le résultat étant bien sûr un miracle.
Puis, dans les versions les plus anciennes, Jésus teint tout en bleu, ce qui est catastrophique, car le bleu n’était pas bien valorisé… Dans les versions ultérieurs, les copistes ont changé de couleur car maintenant le bleu est apprécié. Jésus teint alors tout en jaune, couleur de la discrimination…
Problèmes avec le vert et le noir
La teinture est aussi un fait de culture, avec ses interdiction…
Il y a donc des problèmes culturels de teinture en Occident pour le vert… En effet, la Bible n’aime pas les mélanges. Elle insiste à plusieurs reprise sur le fait qu’il ne faut pas mélanger le lin et la laine… Le concept s’étend au mélange des couleurs.
Le jaune et le bleu se teignaient chez différents teinturiers. Cela interdisait donc les doubles bains, dans le genre un pied de bleu avant une teinture en jaune pour obtenir une teinte de vert.
Ce problème n’existe pas dans le monde musulman, ni dans le monde andin, où on n’hésite pas à mélanger poils d’alpaga et coton.
Obtenir du noir est véritablement un problème technique. Presque tous les noirs tirent sur le brun, le bleu, le bordeau, le vert… Anciennement, teindre en noir, signifiait un bain de rouge, puis un bain d’indigo, un bain de tanins… et un petit bain de mordant de fer.
E – Newton et Goethe
Avant Newton, divers théoriciens de la peinture proposaient déjà de nouvelles palettes. Aucune n’a réussi à s’imposer.
La révolution du prisme
N’étant personnellement pas physicienne de formation, je me permets de vous renvoyer à cette page de Wikipedia, très documentée.
Voici donc le spectre visible complet, avec les différentes longueurs d’ondes.
La palette de Goethe
Goethe a élargi considérablement la recherche de Newton en étudiant l’opposition lumière/obscurité. En opposition à la science pure et limitée de Newton, dont la théorie découle d’un cas particulier.
Il considère la couleur d’un point de vue plus global et sans doute aussi plus émotionnel avec une nouvelle théorie des couleurs chaudes et froides.
Michel Pastoureau explique qu’au Moyen-Âge, on considérait comme chaud le bleu et froid le rouge… Ce qui n’est pas forcément faux, car le bleu absorbe plus la lumière que le rouge.
Cependant, il reste très scientifique.
Ainsi il fit apparaître un spectre complémentaire. En outre, il est à l’origine du cercle harmonique des couleurs.
Je vous invite vivement à voir ce documentaire qui résume très bien la théorie de Goethe.
Cela évoluera vers la gamme Pantone, outils de base des designers actuels.
Ce système s’oppose à la quadrichromie photographique, mais il la complète parfois en imprimerie.
C’est le principe qu’utilisent la majorité des imprimantes actuelles.
F – L’arrivée des teintes pastel et des rayures peu avant la révolution
Revenons aux teintures
Souvent, ces deux techniques se combinent.
Les découvertes techniques donnant un meilleur blanchissage permet de teindre en ton pastels, aussi plus économiques en quantité de matières tinctoriales.
Les rayures
Longtemps, les rayures étaient auparavant mal vues, toujours en vertu de l’idée d’éviter les mélanges. Les rayures étant assimilées à un mélange bariolé, elles servaient à discriminer.
Michel Pastoureau leur a consacré un livre.
Du point de vue aussi bien technique qu’économique, les rayures permettent de réduire les matières tinctoriales et/ou d’utiliser des restes de fibres déjà teintes, les tons pastels permettent en outre d’épuiser les bains de teinture. Ce n’est pas négligeable.
L’impression
Puis on passera à l’impression, soit au tampon en sérigraphie. Il s’agit là encore d’une économie, car la teinture couvre les fibres seulement en surface. En outre, cela permet de faire varier les motifs, en produisant plus rapidement.
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2 – Un peu de chimie des teintes
A – Chimie ancienne des couleurs
Les nombreuses fresques égyptiennes donne une idée de l’étendue de la gamme de couleurs de l’époque. La plupart des pigments utilisés étaient d’origine minérale.
Sur certaines fresques de Pompéi, l’utilisation de la garance a été démontrée. Le bleu Maya est obtenu à partir de l’indigo comme l’explique Michel Garcia dans un de ses DVD.
Les ocres jaune et rouge font partie des premiers pigments utilisés par l’homme. Ils sont faciles à trouver et à utiliser.
Dans son dernier livre “Jaune, histoire d’une couleur“, Michel Pastoureau commente, page 21: “Comment les peintre du Paléolithique ont-ils appris à transformer un élément terreux naturel – le minerai – en un produit pouvant servir à peindre – le pigment? De même, comment ont-ils eu l’idée de chauffer de l’ocre jaune pour obtenir de l’ocre rouge, voire de l’ocre brun? peut-on déjà parler d’une chimie des matières colorantes? de fait, différentes trouvailles ont prouvé que certains ocres jaunes étaient chauffés dans des creusets en pierre pour perdre leur eau et changer de couleur; quelques un de ces creusets nous ont été conservés et présentent encore des traces de couleur: du jaune, du rouge, du brun…”
Rouge de mercure
Le réalgar, le très toxique sulfure de mercure, par sa belle couleur, fut utilisé par de nombreuses civilisations, notamment dans l’ancien Mexique qui recouvrait les corps de leurs grands chefs.
Antimoine
Cet élément, était fort utilisé par les Égyptiens, en peinture bien sûr. Mais, aussi en maquillage, dans le khol.
Sels de cuivre
Vert de gris, oxydes de cuivre, carbonate de cuivre… Voici des sources de bleus et de verts, malheureusement assez instables…
Sels de plomb
La céruse, oxyde de plomb, blanc très courant en peinture, jusqu’à il y a peu. La céruse a aussi longtemps été utilisée en cosmétique.
Le plomb intervient aussi comme liant, adhésif et siccatif en peinture. Sa toxicité a provoqué de nombreux drames. L’industrie des peintures a eu beaucoup de mal à s’en passer. Paradoxalement, en trouve encore dans des cosmétiques, notamment des rouges à lèvres…
Arsenic
L’orpiment, pigment jaune or toxique très utilisé traditionnellement en peinture. L’arsenic intervient aussi dans certains verts.
D’autres sels minéraux dangereux ont aussi été utilisés. Les peintres sont les champions de l’usage de produits toxiques.
* Les teintes animales
Depuis l’Antiquité, les animaux ont été mis à contribution surtout dans le domaine de la teinture textile. Ce sont généralement des produits de luxe.
Pourpre de murex
Cette teinture provient des glandes hypobrachiales jaune de certains coquillages, escargots de mer. Le liquide de cette glande jaune vire au violet, au pourpre ou au bleu lorsqu’il est exposé à la lumière du soleil.
Des millions de crustacés ont été sacrifié seulement pour teindre les vêtements des élites méditerranéennes.
Chimiquement, c’est très proche de l’indigo, avec des propriétés photochimiques en plus.
Vermillon de kermes
Il s’agit d’un petit parasite, kermes vermilio qui attaque des espèces de chênes des pourtours méditerranéens, dont notamment, le chêne kermès Quercus Coccifera.
Maintenant ces arbres sont en voie d’extinction et le kermès encore plus rare. La collecte de ces insectes alimentait de nombreuses familles. Comme les cochenilles, il donnait de très beau rouges.
Cochenilles polonaise et arménienne
Avant la découverte du Nouveau Monde et l’arrivée de la cochenille du Mexique, ont utilisait deux autres sortes de cochenille: la polonaise et l’arménienne.
Cochenille polonaise
Cette cochenille parasite les racines d’un certain nombre de plantes. On l’appelle polonaise, car elle était importée de Pologne, mais sa zone de diffusion va depuis la France jusqu’à la Mongolie. Cependant, “elle ne vit que dans des lieux incultes: steppes, marais, zones inondables“. Comme l’explique Dominique Cardon, dans “Le monde des teintures naturelles“.
En outre, elle mentionne que la récolte de cette cochenille permettait de payer ses impôts en Allemagne, ce qui révèle son importance économique.
Cochenille arménienne
La cochenille arménienne est un peu plus grosse que la polonaise, ne vit qu’au pieds de deux plantes, dans des zones marécages, ces mêmes zones sont entrain de disparaître.
La femelle adulte est récoltée au moment où elle émerge du sol pour s’accoupler, très tôt le matin.
Cette cochenille, plus grosse, contient moins de colorant que la polonaise. Donc, elle était moins appréciée.
Autres cochenilles du Vieux Monde
Ensuite, Dominique Cardon mentionne une cochenille chinoise dite du Sophora, utilisée notamment dans le Cachemire et une cochenille égyptienne qui vit sur des graminées de Haute Égypte employée localement de même que le kermès.
Laque d’Inde et Laque de Birmanie
Il s’agit de petits parasites de la famille de la cochenille qui attaque un certain nombre d’arbres. Ces insectes bourrés d’acide carminique (colorant rouge) s’entourent d’une résine naturelle pour se protéger.
Cette résine est utilisée en alimentation et en pharmaceutique sous le code E904. C’est un plastique naturel et il a beaucoup d’application dans le domaine des vernis, dans la fabrication de la cire à cacheter…
Le nettoyage de la gomme laque libère donc l’acide carminique tinctoriale.
* Les couleurs végétales
Les basiques grand teint
Garance (Rubia Tinctoria)
Rubiacée, dont on utilise les racines après 5 ans de culture, depuis l’antiquité pour teindre en rouge. Cette plante a été cultivée sur de très grandes surfaces en Europe pour la teinture en rouge écarlate. Il y a d’autres rubiacées qui teignent en rouge.
Pastel ou guède
Brassicassée, Isatis Tinctoria, on extrait de l’indigo de ses feuilles, récoltées à plusieurs reprises. Plante cultivée depuis l’Antiquité. Les feuilles sont mises à fermenter, ce qui libère l’indigo lors d’une réaction Redox.
Les Gaulois et les Celtes en général maîtrisaient très bien cette technique. Ils l’utilisaient comme peinture corporelle comme l’indique Jules César dans son livre sur la Guerre des Gaules.
Gaude
Reseda Luteola, jolie plante à fleur jaune, préférée parmi tous les jaunes que nous offre la nature, et ils sont nombreux. Anciennement cultivée, maintenant elle est assez rare. En teinture, on emploie la plante entière.
Tanins
Grande famille de colorants naturels présents dans une grande quantité de végétaux. Je leur ai déjà consacré un article.
Grand teint et petit teint
Ce sont les principales plantesgrand teintautorisées par les strictes normes de Colbert qui régissent strictement les conditions de teintures pour une qualité maximale.
Les teintures de luxe de petit teint
Orseille
Il s’agit d’une série de lichens que l’on faisait fermenter dans de l’urine et qui donne des roses, des mauves, jolis mais peu solides. On peut remplacer l’urine par de l’ammoniaque.
Safran, carthame
La célèbre et très coûteuse épice aussi teint en jaune. En Chine, c’était la couleur de l’Empereur. Toute sa papeterie était teinte en jaune de safran.
Le carthame est une plante dont les graines donne une huile très intéressante. Les pétales donnent deux types de colorants, des jaunes que l’on élimine habituellement en les lavant en les malaxant vigoureusement. Ce qui reste est traité avec du jus de citron et l’on obtient une teinture rose vif, très belle mais peu solide à la lumière.
B – Les nouvelles matières tinctoriales
Avec le développement des voyages en Asie et la découverte du Nouveau Monde, apparaissent de nouvelles matières tinctoriales. Une première disruption dans le monde de la teinture et nous assistons aux premières délocalisations des cultures de plantes à teindre et à l’extension de la culture du coton, favorisées par le développement de l’esclavage.
Les bois jaunes, les bois rouges
On va importer des Indes et du Brésil de nombreux bois jaunes, tels que le fustet, le bois de Brasil, bois de Permambouc… Il ne seront pas admis en grand teint, mais pourront être employés en nuançage.
La cochenille du Nopal
Quand les Espagnol arrivent au Mexique et plus tard au Pérou, il sont surpris par la qualité et les couleurs des textiles des Indigènes.
Alors, ils découvrirent la cochenille que les Indigènes élevaient sur les figuiers de Barbarie. Elle est mieux concentrée en acide carminique.
Ils en importèrent des quantités phénoménales, bouleversant toute l’économie de l’Europe.
Indigofera
Les différents Indigofera qui poussent sous les Tropiques contiennent beaucoup plus d’indigo que le Pastel ou Guède qui avaient fait la fortune du Pays de Cocagne.
Cette culture provoquera même une guerre au Bengladesh.
Le bois de Campêche
Ce bois rouge, est broyé en équilles, il est capable de teindre en bleu, en violet en mordançant au fer et en noir. Un vrai noir quand on le mordance au bichromate de potassium… Il permettra la grande mode du noir.
Les mordants
Plus besoin d’aller faire des Croisades pour réouvrir l’accès aux mines d’alun. On découvre un gisement près de Naples, ce sera l’Alun du Pape.
C – Chimie moderne des couleurs
Juste au moment où les recherches aboutissaient sur de nouvelles technique, la chimie de synthèse provoque une nouvelle disruption…
Jusqu’à la découverte de la mauvéine par William Henry Perkin en 1856, toutes les teintures faisaient appel à la chimie verte (sauf quelques mordants toxiques).
La chimie grise se donne des couleurs
À partir de 1856, se développe toute une gamme de couleurs de synthèse qui remplaceront très rapidement les couleurs cultivées.
Voilà que cette disruption provoque des bouleversements un peu partout dans le monde dont l’importance augmente avec l’industrialisation.
Par exemple, dès 1900, l’Allemagne qui était grosse importatrice de teintures naturelles devient exportatrice avec ce qui deviendra Bayer.
Une gamme théoriquement complète
En théorie, la gamme est complète.
Mais les couleurs peaux, sont très difficiles à obtenir. Nos fournisseurs ne proposent pas de mélange tout fait. Au local d’Angel, on m’en demande très régulièrement, pour les visages des poupées en feutre. Évidemment, j’ai trouvé une solution, mais, j’ai dû avoir recours à une astuce pour obtenir ce genre de teinte.
C’est tout de même curieux, quand on va voir les immenses hangars pleins de cônes de laines industrielles à La Ligua, ou si l’on va directement chez des grands distributeurs comme Ukryl, à Santiago, il manque toujours des couleurs- Ce sont celles qui ne sont pas supposées être à la mode.
Une fois, je cherchais des tons saumons, abricots… C’était introuvable. La seule qui avait quelque chose d’approchant était une vieille qui gardait des stocks d’invendus…
Un peu de poudre et puis voilà
C’est devenu trop facile. Plus besoin de récolter des plantes, de les faire tremper, toute la casserole peut être remplie de laine.
Malheureusement, c’est tellement facile, que le travail est souvent mal fait. On ne lave pas avant de teindre… Résultat: les couleurs sont fragiles et partent polluer la nature au premier lavage.
Certaines couleurs, en particulier les jaunes se mélangent mal dans le bain. Elles ne se fixent donc pas bien sur les fibres et partent tout de suite à l’égoût.
Des teintes qui varient
Ces poudres miraculeuses permettent d’être très créatifs. On peut mélanger plusieurs couleurs dans une même casserole, obtenir des variations de teinte tout le long du fil… ou simplement de petites taches parsemées… J’avoue que j’ai pris beaucoup de plaisir à teindre ainsi pour Angel. Je m’efforce de faire varier les effets de teintes.
En effet, les possibilités sont infinies et ne dépendent que du temps à y consacrer et de la quantité de matières premières.
Au contraire, cela peut provoquer une certaine standardisation, quand on s’en tient aux teintes des gammes des fournisseurs et on retrouvent les mêmes couleurs tout au long du pays. Les femmes qui filent se spécialisent dans certaines couleurs qu’elles réussissent bien et se copient.
Et les fluos
En teinture textile, je n’en ai pas trouvé chez mes fournisseurs, rose un rose très vif.
En revanche, pour les industriels, de nombreuses fibres synthétiques, sont teintes dans la masse dans ces teintes fluos. Les étals des marchands de laines dans la banlieue haute de La Paz, appelée El Alto (Bolivie) sont impressionnants. Je n’ai malheureusement pas pris de photographie. Dans les alentours du célèbre marché de 16 de Julio, ils empilent les cônes en arc-en-ciel fluos, couleurs très appréciées dans le monde andin.
Mais en encre de sublimation et de sérigraphie, il y a une assez grande variété.
N’oublions pas la toxicité
Nous avons affaire à des poudres, on en respire souvent quand on les manipulent.
Elles ont été étudiées spécialement pour se fixer sur les protéines, et notre corps en contient beaucoup…
Les teintures chimiques contiennent souvent du chrome, du cadmium… ou d’autres éléments dangereux pour la santé.
Plus de pétrole, plus de couleurs
Enfin, toutes ces couleurs chimiques sont des dérivés du pétrole. La prochaine pénurie de pétrole nous obligera à un retour à la chimie verte.
D – Teintes d’avenir?
Le retour de la chimie verte
Un fait est certain, c’est que tous les poisons, même les plus violent que produisent les plantes, les champignons et les animaux sont tous biodégradables. Voilà la magie de la chimie verte.
Les séminaires internationaux tels que ISEN-WEFT, IFND, IFPECO, auxquels j’ai assisté tentent justement de promouvoir la recherche dans ce domaine. J’attends avec impatience le prochain.
Il est à noter que ces symposium n’intéressent pas que des artistes, des designers ou des archéologues… De très grosses entreprises gourmandes en matières tinctoriales s’intéressent depuis longtemps à un retour à une chimie verte, pour proposer des produits verts…
Teindre avec des déchets végétaux
N’oublions pas que nous pouvons teindre avec des déchets végétaux, des plantes invasives, puis encore les recycler après la teinture ou l’extraction des colorants en compost ou biogaz…
Nouveaux mordants
Dans le DVD 3 de Michel Garcia, il parle de mordancer avec de l’oxalate de titane. Avec les tanins, cela donne des oranges vifs.
Sans mordants
Les mordants peuvent être considérés comme une source de pollution et souvent comme un coût supplémentaire prohibitif dans beaucoup d’endroit. Leur élimination doit être une direction de recherche non négligeable.
Il faut apprendre à tirer profit des tanins et des plantes bio-accumulatrices.
Ces tendances nouvelles sont en fin de compte un retour à des pratiques ancestrales.
Ecoprint
Cette technique récente développée par India Flint, permet d’obtenir des empreintes de plantes qui révèlent ainsi leurs teintes cachées et font apparaître des textures insoupçonnées.
Économique et écologique, cette technique permet de recycler des vêtements usagés.
Les couleurs fongiques
Depuis quelques années, les teintures à base de champignons sont très à la mode, notamment aux États-Unis.
En français, Dominique Cardon en parle assez longuement dans ces livres et Marie Marquet vient de leur consacrer aussi un livre.
Souvent, ces champignons ne sont pas cultivés parce qu’ils appartiennent à la catégorie des toxiques.
Cependant, l’arc-en-ciel complet peut être obtenir à partir de champignons et lichens. Car, il ne faudrait pas abuser de la récolte de ces derniers, ils sont lents à pousser. En outre, ils souffrent beaucoup de la sécheresse, du changement climatique et de la pollution.
Les couleurs bactériennes
Très récemment, j’ai suivi un Mooc sur la mode circulaire, de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas (Edx). Il mentionnait une société qui avait développé des teintures bactériennes. Je suis allée voir leur site, on y voyait de nombreux textiles innovants, des gammes complètes de teintures naturelles, mais pratiquement rien à ce sujet précis.
Cependant, par hasard en visitant un groupe sur le nettoyage par fermentation des laines sur Facebook, j’ai vu une communication d’une Américaine qui était très choquée d’avoir vu sa toison de luxe qui avait viré au rose vif, une bactérie non désirée avait développé cette teinte surprenante.
Lorsque j’ai assisté à une conférence où les étudiants de l’Université Catholique de Santiago du Chili présentaient leurs travaux… une des étudiantes m’avait posé la question de teindre avec des bactéries. Il y a donc un intérêt pour la question.
C’est un sujet d’avenir à développer.
Conclusion
Cette chimie verte à un grand avenir dans différents domaines: peintures, teintures, cosmétiques, aliments…
Même dans la construction, il y a un regain d’intérêt pour les enduits et peintures naturelles.
Hélas, cet article touche à sa fin. Je vais certainement le compléter dans un futur proche. Parce que je n’ai pas encore épuisé le sujet, j’y reviendrai prochainement.
Je tiens à rappeler que je ne touche aucune commission sur les livres ou autres produits mentionnés ou conseillé. Ce site n’est pas monétarisé.
/// Video et Documentaires Textiles /// Article du 30 août 2019, modifi´é le 9 avril 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025 Je pense revenir en Europe en mars 2025 Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
On peut apprendre beaucoup en regardant des video. Cet article sera donc alimenté régulièrement, dans la mesure du possible, parfois le temps s’échappe…Cet article est un concentré de liens, il est complé par un article sur les livres.
Je viens de m’apercevoir, avec surprise, que vous êtes nombreux à visiter cet article, cela m’encourage à le mettre à jour. Je me permets de vous encourager à visiter mes autres articles, vous y trouverez sans doute de nouveaux liens.
Après mes indications bibliographiques, je vais donc réunir dans cette page des liens de video et documentaires textiles et autres avec leur liens, au fur et à mesure de mes découvertes…
J’attends vos propositions de liens pour enrichir cet article.
En attendant que je crée mes propres video (il faut que j’apprenne encore cela…), je vous invite à visiter ce que j’ai découvert lors de mes recherches sur internet et pendant mes voyages…
Video sur les textiles
Le Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili présente de nombreuses voici le lien.
Je viens de découvrir une video sur les tissages de crins de cheval.
Aussi, j’ai eu l’occasion de dénicher une conférence gesticulée sur le textile. Je vous la conseille chaudement.
Il y a beaucoup de manières de filer et beaucoup de matières premières.
Je viens d’en découvrir une nouvelle bien originale.
Les orties
Voici deux videos en anglais sur la préparation et la filature des orties. Cela donne envie d’essayer. Sally Pointer est vraiment une grande spécialiste et mérite d’être suivie, elle propose de nombreux tutoriels de reconstitution de pièces archéologiques.
Video sur la couleur
Podcasts de France Culture, janvier 2013. Je suis avec beaucoup de plaisir de nombreuses émissions de cette radio, sur le site web.
Voici la dernière video que je viens de trouveret une autre plus ancienne, en français.
Michel Garcia
Michel Garcia a été un de mes premiers maîtres en teinture avec Dominique Cardon dont j’ai lu et relu tous les livres. Je vous invite à visiter son site.
Il a publié plusieurs DVD techniques très instructifs, disponibles sur son site ou chez Couleur Garance.
Voici une court film, ancien, où il présentent les plantes tinctoriales, à Lauris
Il y en avaient trois, et il vient de publier la quatrième video: “Natural Dye Workshop IV: Beyond Mordants Indigo and Direct Application of Dye”
Attendue avec impatience. Je viens de le recevoir, ce sont près de 4 heures de concentré d’informations.
Je viens de prendre le temps de le voir, il est vraiment passionnant. Rien que de la teinture sans mordants chimiques, et vraiment beaucoup d’informations et de réflexions. Ces video sont à voir et revoir sans modération. Leur seul défaut est qu’ils sont en anglais, mais il y a des sous-titres en français, italien, espagnol, chinois et japonais.
J’ai plusieurs video sur le shibori qui est une technique de teinture avec réserves, aussi appelée tye-dye, utilisant des amarres.
Yoshiko Iwamoto Wada
Il s’agit d’une grande spécialiste japonaise des textiles. Elle organise des ateliers et des voyages sur les thèmes textiles. Elle a écrit de nombreux livres et produit des DVD…
J’ai aussi une video sur la pratique rituelle de l’ikat à Rumah Gary à Borneo.
Video sur les voyages
Ady Gasy
Ady Gasy de Lova Nantenaina est le premier film que je vous recommanderai dans cette section. Je l’ai vu la première fois lors de l’IFPECO à Madagascar. C’est impressionnant et très instructif…
Cela faisait longtemps que je n’alimentais pas cet article. Je vous donne un lien vers une video sur une race ovine que je viens de découvrir en Wwoofing, la Thones et Marthod.
J’ai beaucoup aimé sa laine.
Et les plantes
Je pense d’abord à la série de Jean Marie Pelt sur la grande aventure des plantes. Jean Marie Pelt est aussi l’auteur de nombreux livres passionnants.
Je recommanderai aussi les conférences et video de:
Hervé Coves, il vous fait apprécier les ravageurs.
Georges Oxley, comestibles sauvages…
Francis Hallé, les arbres vus sous toutes leurs dimensions…
Jean-Marie Pelt, des documentaires et des livres passionnants…
Gérard Ducerf, ses livres sur les plantes bioindicatrices valent vraiment leur prix (voir chez Promonature qui diffuse aussi bien d’autres livres)
Claude et Lydia Bourguignon, les sols vivants ou l’on apprend comment Paris s’alimentait de sa propre production maraîchère au XIXème siècle, et bien d’autres informations surprenantes…
Olivier Husson qui parle de la “Santé des plantes par le RedOx“
Gilles Clément, de nombreux livres très poétiques
Konrad Schreiber, de nombeuses video passionnantes ettrès didactiques,
Maurice Chaudière, sculpteur, greffeur, apiculteur et auteur du livre “Le goût du sauvage” avec Ruth Stegassy,
Marc André Selosse, j’ai lu son livre “Jamais seul“, on y apprend beaucoup de choses sur le microbiote… Je viens aussi de recevoir le second sur les tannins, vraiment très intéressant, et maintenant desconférences. De nouveaux livres viennent de paraître.
Petite dernière découverte, video de Ernst Zürcher, à ne pas manquer.
Chacun a des points de vue différents, qui se complètent souvent…
Et encore des liens botaniques
Lors de recherches pour la rédaction d’un prochain article sur les “mauvaises herbes“, une amie m’a fait découvrir quelques sites d’informations botaniques.
À cela, il faudrait ajouter Telabotanica, en français, qui propose aussi des MOOC et une application de reconnaissance botanique.
Video d’archéologie
Je viens de découvrir deux video du Collège de France où Dominique Cardon donne des informations passionnantes sur des textiles d’époque romaine trouvés dans des anciens forts sur les routes vers les anciens ports de la Mer Rouge. 1 et 2.
Le Collège de France est à suivre dans un grand nombre d’autres domaines.
Depuis quelques temps, je reçois des video du Corning Glass Museum, de New-York, c’est très beau de voir comment les artistes du verre confectionnent des pièces artistiques. Travail en équipe et beaucoup de matériel à disposition, très professionnel. Malheureusement en anglais.
Quelqu’un des Crapauds Fous m’a donné le lien suivant, mérite d’être vu et médité.
A la suite d’une remarquable conférence gesticulée de Bernard Friot, j’ai découvert les stages de langue de bois.
“A la fin de cette collection de liens, j’aimerais un partage plus concret, moins virtuel. Il y a beaucoup à faire, et ce n’est pas si difficile. Entrons dans la pratique réelle.
/// Matières premières /// Article mis à jour le 31 août 2019 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Tout bon livre de teinture naturelle (il en est de même pour les teintures chimiques) commence par une description des fibres. Cela est d’une très grande importance, de cela dépend le type de mordant et bien souvent le résultat.
Oui, je sais, je vous ai déjà parlé des matières premières. Je ne vais pas radoter, mais c’est un thème important et j’ai de nouvelles informations à vous apporter. Ainsi, je vous invite à relire le précédent article.
Les matières premières à la loupe
Ou mieux encore, au microscope. J’en rêvais depuis longtemps…
Une des meilleures méthodes pour déterminer à quel type de fibre on a affaire, est de l’étudier au microscope.
Et je vais sortir mon microscope
Un étudiant doctorant, Fernan, est venu avec des amis de Santiago au local Rincón de Angel et nous avons beaucoup parlé de teintures, eux les utilisaient pour leurs préparations au microscope.
Ils auraient préféré utiliser des teintures naturelles pour cela. Je leur ai donné un peu de cochenille pour qu’ils fassent des essais. Très peu leur suffisait…
Le retour de Fernan
Quelques mois plus tard, Fernan est revenu avec 20 étudiants de son laboratoire. Et ils m’avaient apporté un microscope qui se branche sur l’ordinateur.
C’est un bon outil pour analyser rapidement des matières premières. Les fibres se distinguent par leur forme, la présence d’écailles… Tout cela influe sur la teinture.
On peut aussi voir si la laine est propre ou contient encore de la graisse. C’est très important pour la solidité de la teinture qui préfère s’allier à la graisse qu’à la fibre et aura tendance à s’en aller avec la graisse au lavage.
Je vais donc le brancher pour continuer l’article
Depuis que je l’ai, il a voyagé avc moi, au Pérou, au Brésil, et maintenant en France, il va certainement m’accompagner lors de mon tour du monde pour analyser toutes les fibres que je rencontrerai sur mon chemin.
Le voici branché il faut bien installer l’éclairage et le régler…
Nous allons voir de belles matières premières
Je vais réunir les fibres que j’ai sous la main pour vous les montrer sous un autre jour.
Laines
Chez mon ami Angel, il y en a une grande variété.
Alpaga
Je vais vous montrer ce que j’ai tondu à Concon en 2017.
Vigogne
J’en ai trouvé en Bolivie. C’est rare et très cher.
Coton natif péruvien
Eh oui, le coton n’a pas toujours été blanc, et celui a bien failli disparaître. Heureusement, il y a des artisans qui le sèment encore, notamment dans la région de Chiclayo (Nord du Pérou).
Il est brut de récolte, ces fils semblent plats.
Soie de Madagascar
J’en ai ramené de chez mon ami Hilaire, quand je suis allée à l’IFPECO de Madagascar. Il m’en reste un peu.
J’ai aussi décreusé un peu de cette soie, nous allons aussi l’étudier.
Autres soies
Voici la soie du Laos qu’utilise mon amie à l’Atelier de Joëlle…
Paille à chapeau, d’Equateur
J’en ai ramené un peu de Ciudad Eten, près de Chiclayo, où ils ont la spécialité de tisser des chapeaux… Les femmes tressent leurs chapeaux, chez elles. On les voit depuis la porte ou la fenêtre ouverte…
Cheveux humains
Je vais en profiter pour examiner mes cheveux, pourquoi pas. C’est très instructif.
Crin de queue de cheval (noir)
Quand je suis allée tondre les alpagas à Concon, on m’a donné une queue de cheval. Nous allons donc étudier ces crins.
Chanvre
Ma voisine récupère auprès du facteur les liens des paquets de courrier. Il paraît que c’est du chanvre.
Lin
Je n’ai pas retrouvé de fibre de lin. Quand j’en aurai je remettrai à jour cet article.
Orties et ramies
Les orties et la ramie (sous-espèce d’ortie non urticante) sont aussi des fibres intéressantes, mais je n’en ai malheureusement pas d’échantillon.
Fibres de bananier
J’ai ramené un peu de fibres de bananiers de Madagascar, cet échantillon a été teint à la cochenille.
Sisal
Celui-ci provient aussi de Madagascar, il a été légèrement teint à l’indigo.
Rafia
J’ai aussi ramené un peu de rafia de Madagascar, qui en produit beaucoup. Celui-ci a été teint à la cochenille. Naturel, il et moins blanc que la paille à chapeau équatorienne.
Plume
Je viens de trouver uune plume dans la toison d’alpaga que j’allais préparer pour la filer… Nous allons l’étudier.
Fibres de bambou
Je n’en ai pas. Il s’agit en fait d’une viscose de bambou, avec tout le brillant de la viscose et tous ces défauts. La viscose est une fibre très flateuse, qui se teint généralement très bien.
N’importe quelle cellulose convient pour la fabriquer. Pratiquement toute biomasse végétale doit pouvoir servir à sa fabrication. Il s’agit donc d’une fibre artificielle.
Le problème est que le mode de fabrication, en général à base d’acétone ou d’autres solvants organiques, produit beaucoup de COV (composés organiques volatiles) et autres déchets qui ne sont pas franchement aimables avec le milieu ambiant.
La viscose est aussi très inflammable. Les retardateurs de combustion sont par ailleurs très toxiques.
Les fibres qui me manquent…
Liber de tilleul et de bouleau, qui furent longtemps utilisés, notamment au moyen-âge.
Lapin et chèvre angora, yack…
Synthétiques et artificielles
Il faut bien voir ce qui nous envahit…
Visite à leur laboratoire
Quelques temps plus tard, avant de repartir en voyage, je passe quelques jours à Santiago. Et Fernan m’invite à une conférence de ses étudiants à leur campus Lo Contador, Faculté d’Architecture – Université Catholique à Santiago du Chili.
C’était très intéressant. Il y avait là un FabLab, je n’ai seulement pu le voir que par une grande baie vitrée, il y avait beaucoup de machines.
Nouveaux Projets avec Fernan
Voici des nouvelles fraîches. Je viens de reprendre contact avec Fernan qui me propose plusieurs projets concernant l’amélioration de ce microscope et sa diffusion en open source et low cost.
Il l’utilisait pour l’étude des levures et veut l’adapter mieux à l’étude des matières premières textiles.
/// Connaître 5 choses /// J’ai mis à jour cet article le 29 janvier 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
5 choses à savoir pour teindre naturellement
Il y a beaucoup à connaître pour bien teindre avec les plantes, mais n’ayez pas peur, il y a seulement quelques règles à suivre. Ensuite, il faut tester, essayer, réfléchir sur les résultats.
Les anciens teinturiers élaboraient des nuanciers très précis, comme celui que commente Dominique Cardon dans son livre.
Au Moyen âge, en Europe, comme l’explique Michel Pastoureau, les teinturiers étaient très spécialisés en une ou au grand maximum deux couleurs.
1. Connaître les fibres
Premièrement, il faut se donner la peine de connaître les fibres, sous peine de gaspiller de l’énergie et de la matière tinctoriale inutilement. C’est anti-économique et anti-écologique. Encore une histoire de chimie…
En effet, toutes les fibres n’ont pas la même affinité pour les teintures et cela un problème ancien, les Européens ont longtemps espionné en Orient pour obtenir le rouge d’Andrinople sur coton…
Et maintenant, avec toutes les fibres et artificielles et synthétiques, le problème s’est complexifié, il est parfois difficile de savoir la composition d’une fibre et si celle-ci va pouvoir se teindre. Il ne reste plus qu’à faire des tests.
Le lavage
Il faut aussi se donner la peine de bien laver les fibres pour bien les dégraisser. En effet, pour la filature industrielle, on pratique ce qui s’appelle l’ensimage. Cette opération consiste à pulvériser des huiles sur les fibres, sinon elles s’accrocheraient dans les machines et les bloqueraient.
Ce traitement s’applique à tous les types de fibres.
Il faut donc éliminer ces huiles d’ensimage (pour certains laines bas de gamme, il s’agit de parafine, ce qui pas très sain), sinon on teindrait les huiles et la teinture s’en irait au lavage. C’est aussi ce qui arrive à ceux qui dégraissent mal leurs laine de mouton avant de teindre.
Cependant, pour la filature artisanale, il est beaucoup plus agréable de filer la laine sale (avec sa précieuse lanoline) et de la dégraisser une fois filée.
Que faire?
Il faut faire bouillir les fibres, sans choc thermique, avec du savon neutre. Ne pas oublier de laisser refroidir avant rinçage. Puis, on peut mordancer et teindre.
Les différentes fibres ont leur texture particulière qui peut s’apprécier au microscope et explique les raisons pour lesquelles elles sont ou moins faciles à teindre. Ces structures microscopiques interviennent lors de la teinture en complément de la composition chimique de la fibre.
Tests de reconnaissance
Il existe de nombreux tests pour reconnaître les fibres, peut-être dans un prochain article sur ce site, ou sur le nouveau en espagnol, je publirais un article résumant les différents livres qui traitent du sujet.
Lors du premier atelier à Santa Fe, Argentine, une des stagiaires qui était pharmacienne, nous a fait un petit résumé. Nous avions testé les toiles supposées être en coton, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.
Nous avons brûlé des échantillons pour constater leur odeur typique de papier brûlé et nous avons fait aussi un test de teinture au thé (une des teintures les plus solides).
Heureusement, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises.
Fibres animales ou protéiques
C’est le meilleur des cas, il s’agit de la laine de mouton, des poils d’animaux divers (alpagas et autres camélidés, lapins et chèvres, angora, poils de chiens, cheveux humains… et bien sûr la soie).
Même dans cette catégorie, la teinture n’affectera pas de la même manière, même entre les différents poils… Certains sont plus lisses et ont plus de mal à se teindre ou plutôt nécessitent une plus grande quantité de matière tinctoriale.
La soie doit être traitée avec plus d’attention, car elle est plus fragile.
En général, les fibres animales supportent assez bien les acides dilués, mais plutôt mal les produits alcalins ou basiques.
Fibres végétales ou cellulosiques
Ici on retrouve: le lin, le coton, la ramie, le raphia, le sisal, le jute, le chanvre, fibres de bambou, de bananier, de bouleau, d’ortie, de liber de tilleul… nombreuses fibres végétales ont été oubliées et demandent à être redécouvertes… Pour certains textiles archéologiques, il n’a pas encore été possible de déterminer à quelle plante appartiennent les fibres.
Si l’on désire que la teinture se maintienne, surtout dans le cas des vêtements qui doivent pouvoir être lavés… sauf cas de teinture avec des plantes à tanins, il faudra mordancer d’une manière spéciale.
Contrairement aux fibres animales, les fibres végétales supporte bien les produits alcalins ou basiques et plutôt mal les acides.
Fibres artificielles, bien les connaître
En général, elles sont à base de cellulose végétale fondue et refilée, comme c’est le cas de la viscose (qui se teint très bien), mais les procédés d’obtention sont généralement très polluants (à base de solvants organiques volatiles tels que l’acétone) et en outre sont souvent très inflammables…
Mais il en existe aussi à base de protéines comme le lanital à base de lait, des fibres de soya… Il me semble cependant insensé d’élever des vaches pour ne récupérer que la caséine de leur lait pour faire des fibres, alors qu’on a que l’embarras du choix avec les plantes… et par ailleurs des gens meurent de faim!
Je n’ai donc pas testé ces fibres et je ne pense pas le faire.
Fibres synthétiques, à connaître aussi
Elles sont très nombreuses et changent de noms selon les pays, il en apparaît toujours de nouvelles et sont souvent mélangées entre elles ou avec des laines, du coton ou d’autres fibres…
Il faut donc tester, il me semble que les fibres naturelles sont toujours supérieures.
Fibres minérales
Il s’agit de:
fibres métalliques (or, argent, cuivre…)
amiante (interdit car cancérigène)
fibres de verre
Elles ne peuvent pas être teintes naturellement.
Autres matières
Plumes
Les plumes se teignent bien car elles sont d’origine protéique.
Il est à noter que selon une découverte récente, la couleur des plumes n’est pas due à des pigments ou colorants (sauf quelques cas de jaunes), mais à des trous microscopiques qui absorbent ou reflètent la lumière de manière différente selon leur forme…
Papier
Le papier se teint très bien, surtout s’il n’est pas blanchi au chlore. Comme il ne doit pas être lavé, cela donne plus de liberté.
Nous avons fait des tests lors des cours à la Redonda, Santa Fe (Argentine).
J’ai aussi suivi un cours passionnant qu’avait donné une artiste du papier naturel (Aydée …) à Lauris, chez Couleur Garance. Elle avait teint des fibres de papier végétal avec de la garance, c’était très beau.
Le papier peut aussi être travaillé en ecoprint, c’est vraiment très beau.
Bois
Le bois peut être teint, mais vu que c’est un matériaux très absorbant, il vaut mieux faire des laques à base de pigments végétaux, ainsi que l’explique Michel Garcia.
Le rotin, ainsi que de nombreuses fibres utilisées en vannerie est souvent teint.
Pierres, coquilles, céramique, plâtre
Cela peut être possible dans certains cas, nous avons fait des essais à La Redonda à Santa Fe, Argentine, mais ce sont aussi des matériaux très absorbants.
J’ai essayé de teindre des perles de rivière avec la cochenille, elles ont pris un ton rosé très pâle et ont perdu un peu de leur éclat.
J’aimerai bien pouvoir teindre de la cire, pour faire des crayons de cire et des bougies.
Récemment des étudiants de Santiago m’ont contactée pour teindre des préparations de laboratoire en biologie, pour les observer au microscope.
2. Connaître les plantes
C’est indispensable, car il faut s’attendre à des résultats similaires avec des plantes de la même famille. Mais, on peut parfois avoir des surprises, de plus, il vaut mieux éviter les plantes toxiques.
Il convient de savoir quelles parties utiliser dans la plante, les colorants se concentrent parfois dans certaines parties. Souvent la couleur est bien cachée.
Exemple
Palo Brasil, lors de mon voyage au Brésil, Rodrigo cultivait des arbustes de cette essence très connue pour sa teinture rouge qui a donné le nom au pays.
Sachant que cet arbre est rare, je n’ai utilisé que quelques feuilles et brindilles en ecoprint.
Malheureusement, il n’a été d’aucun effet. La partie de l’arbre utilisée habituellement est le bois de coeur.
Connaître les plantes à tanins
J’ai déjà rédigé deux articles sur le thèmes des plantes à tanins et sur les couleurs qu’ils nous permettent d’obtenir.
Connaître les plantes à flavonoïdes
Elles sont très nombreuses. Je parle aussi longuement des plantes à flavonoïdes et des autres plantes à jaunes dans un article, je me permets donc de vous y renvoyer pour ne pas me répéter inutilement.
Connaître les plantes à anthocyanes
Il s’agit de la plupart des baies et fruits rouge à noir, les plantes pourpres, la plupart des fleurs, ce ne sont généralement pas des colorants très stable ni chimiquement, ni à la lumière…
Connaître les plantes à anthraquinones
Elles donnent de jolis tons roux, rouge… beaucoup appartiennent à la famille des rubiacées, comme la garance, principal représentant en Europe, mais il existe des équivalents partout dans le monde.
Connaître les plantes à indigo
Les plantes à indigo nous donnent le bleu, couleur rare dans la nature. En combinaison avec une teinture avant ou après en jaune, on peut obtenir de jolis verts, ce qui est généralement difficile à obtenir avec une seule plante.
En combinaison avec les roses et rouges, on obtient des violets et pourpres, ces combinaisons étaient déjà utilisées dans l’antiquité pour imiter la pourpre des coquillages.
Dans toutes les régions du monde, il y a des plantes à indigo, on peut citer les différents indigotiers, le pastel, la renouée des teinturiers, le strobilanthes, les différents indigofera… Certaines autres ont été complètement oubliées ou n’ont pas été exploitées.
Connaître les champignons et les lichens
Un certain nombre de champignons, généralement toxiques teignent et permettent d’obtenir tout l’arc-en-ciel. Malheureusement, j’ai bien lu plusieurs livres à ce sujet en plus des chapitres concernant les champignons dans les livres de Dominique Cardon et de Marie Marquet. Mais je n’ai guère eu l’occasion d’essayer, à part quelques lichens, appelés au Chili “barba de palo” qui donne des jaunes-roux intéressants… Les lichens poussent très lentement, il convient donc de ne pas abuser de leur cueillette.
Connaître les teintures animales
Cochenilles, kermès, lack et pourpre de murex ou autres coquillages sont depuis longtemps uilisés pour des teintures de grand luxe.
De tout cela, il ne reste à grande échelle, que la cochenille provenant du Mexique ou du Pérou et plus généralement d’Amérique Latine, parfois élevée ailleurs (îles Canaries, par exemple).
Le lack en Inde, set toujours produit, mais pour la résine et non plus pour le colorant, comme l’explique Dominique Cardon.
Quant à la pourpre de coquillages, elle est presque anecdotique malgré des recherches très intéressantes menées à Carthage (Tunisie)… Au Chili, les “locos” et “locates” très appréciés pour leur chaire, possèdent aussi une glande à pouvoir tinctoriale, mais elle est généralement rejetée à la mer lors du nettoyage des fruits de mer… Quel gâchis…
Connaître les mensonges
Tout ce qui tache ne teint pas!
La betterave rouge ne teint pas en rose, quelque que soit le mordant choisi. Lors des formations, je l’enseigne comme contre exemple.
3. Connaître les mordants
Connaître les mordants chimiques
Je parle longuement des mordants dans des premiers articles que j’ai écrits.
En principe, je travaille avec de la pierre d’alun (sulfate double d’aluminium et de potassium) ou du sulfate d’aluminium simple, de la soupe de clous (acétate de fer), du sulfate de fer, et assez rarement avec du sulfate de cuivre.
Connaître les mordants toxiques
Dans le passé, les industries textiles et papetières (de même que les tanneries) n’hésitaient pas à utiliser le plomb, l’arsenic et bien d’autres produits dangereux pour la santé, comme le cuivre, le chrome et l’étain…
J’étais assez surprise, il y quelques temps, de voir sur facebook, une femme aux Etats-Unis, faire des essais de teintures naturelles avec des eaux d’une source très chargée en lithium…
Il me semble que les mordants, vu qu’ils aident à fixer la teinture sur leur support doivent se maintenir présents sur celui-ci. Ce qui n’est pas le cas des catalyseurs qui facilitent une réaction, mais ne doivent pas rester dans le produit final. Donc, si on utilise un produit dangereux son contact lors de l’utilisation des vêtements peut causer divers problèmes de santé.
C’est ainsi que de nombreuses personnes ont été empoisonnées au XIXème siècle (entre autres, paraît-il même Napoléon Ier) par des papiers peints (verts) à l’arsenic qui avec le temps dégageaient des gaz nocifs (voir Michel Pastoureau).
Le chrome aussi utilisé en tannerie, qui intervient dans de nombreuses teintures kaki chimiques, serait mis en cause dans de nombreux cas d’allergies et de cancers de la peau, concernant en particulier les militaires…
Connaître les mordants naturels
Il y a beaucoup à faire pour redécouvrir les mordants naturels, les associations de plantes… Pour cela, il faut étudier de très près les techniques des teinturiers traditionnels, écouter avec patience, faire des essais, car ils connaissent mieux que nous les plantes bioaccumulatrices. Celles-ci accumulent dans leurs tissus certains métaux: aluminium, fer, cuivre… et savent les utiliser à bon escient.
L’idée de mordancer avec des plantes, est à la fois économique et plus sain. Ces pratiques ancestrales sont entrain de se perdre. Il conviendrait donc de les étudier en détails avant qu’elles ne disparaissent définitivement.
Les anciens teinturiers européens qui ont laissé des informations écrites n’utilisaient que les mordants chimiques. Il faut donc revisiter les traditions orales. Elles sont d’une valeur inestimable.
4. Connaître la patience
Teindre avec la nature suppose d’aller à son rythme, de bien la connaître. Il faut donc être patient et rentrer dans un monde “slow” qui prend son temps pour bien faire les choses comme il faut…
Parfois, il faut semer des plantes tinctoriales pour pouvoir teindre avec. Et dans certains cas, il faut attendre jusqu’à 5 ans pour qu’elle donne une bonne qualité de teinture, comme dans le cas de la garance…
Si on veut travailler par fermentation, la teinture elle-même peut prendre facilement un mois…
Il faut aussi prendre le temps de faire des recherches, d’étudier des recettes, de faire des tests, de laisser tremper et refroidir… L’urgence est mauvaise conseillère. Il faut laisser le temps à la nature pour qu’elle libère ses couleurs.
Connaître son eau
L’eau que l’on utilise pour teindre a aussi son importance. Son acidité ou sa dureté, ainsi que la présence de différents minéraux et métaux influencent les teintures.
À Mamiña, petit village d’eaux thermales au Nord du Chili, à 120 km à l’Est d’Iquique, il y avait différentes sources. Elles donnaient des résultats qui variaient considérablement.
5. Connaître ses désirs
Il faut aussi savoir ce que l’on veut, certaines couleurs très chatoyantes (parfois très luxueuses, comme le safran ou le carthame) peuvent être très fugitives. Ne parlons pas de la fameuse betterave rouge qui n’est qu’un leurre.
Certaines teintures très économiques peuvent être très intéressantes. Par exemple, les épluchures d’oignons peuvent donner des résultats surprenants.
Des règlements sont apparus très tôt dans l’histoire de la teinture concernant les grands et petits teints.
D’autre part, si on veut obtenir une couleur très précise, il faut s’attendre à devoir faire de nombreux essais. Parfois, on complète les bains. On ne doit pas hésiter à les répéter, prendre note de toutes les étapes, garder tous les échantillons en mentionnant comment ils ont été obtenus. Puis, on doit répéter des tests avec différents mordants à différentes dilutions… Cela a un coût en temps et en connaissance. Est-on disposé à le payer?
Les deux derniers livres de Dominique Cardon sur des nuanciers d’avant la Révolution Française peuvent être très utiles.
En ce qui concerne les gammes de dégradés, avec et sans mordants, les DVD de Michel Garcia, peuvent être d’une aide très précieuse. Je les visionne très régulièrement, et j’y découvre à chaque fois de nouvelles astuces.
Conclusion
Outre ces connaissances basiques, il est bon d’avoir de bonnes bases de chimie, les anciens teinturiers étaient souvent assimilés à des alchimistes (ancêtres des chimistes modernes)…
Une bonne formation en chimie aide à prévoir les résultats, à comprendre les bains ratés. La chimie me passionne bien que je ne sois qu’autodidacte en ce domaine, mais elle explique beaucoup de chose.
Cependant, les teinturiers traditionnels qui ne connaissent pas la chimie, ont une très bonne connaissance pratique des plantes, des fibres et autres mordants qu’ils utilisent. Souvent, ils ne travaillent qu’une gamme restreinte de couleurs. Ils ont un sens de l’observation et de l’expérimentation très développé. En outre, ils ont aussi l’habitude de travailler avec ce qu’ils ont à leur disposition.
Il est remaquable que des civilisations très anciennes aient su teindre avec l’indigo qui nécessite des réactions redox, dont les mécanismes ne sont connus que depuis peu.
J’essaie de réunir les deux types de connaissances. C’est l’une des raisons de vouloir organiser mon tour du monde textile et teinturier. Il s’agit de multiplier les échanges et découvertes partagées comme je l’ai fait lors de mes récents voyages au Pérouet au Brésil.
/// Graines pour teindre /// Article modifié le 27 septembre 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
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Graines et fruits peuvent aussi teindre
Pourquoi ne pas travailler avec les graines et fruits?
La nature est généralement très généreuse en ce qui concerne les graines et les fruits, les plantes ne pouvant pas se déplacer elles-mêmes, les graines sont une admirable solution. Le vent, l’eau, les animaux et même les êtres humains les transportent et les resèment (voir Francis Hallé).
Vu que les graines sont le plus souvent en surnombre, on peut en profiter pour en réutiliser un peu pour teindre…
Quel est l’intérêt des graines
Les enveloppes des graines contiennent généralement beaucoup de tanins pour les protéger contre les animaux qui pourraient les manger. En outre, la nature est généralement très généreuse.
Les glands, les marrons, les gousses de mimosa…
Je n’avais pas encore testé les glands, c’est plutôt rare au Chili, la plupart des chênes ont été remplacés par des eucalyptus et des pins… mais, par les livres (Dominique Cardon…), je sais qu’ils peuvent être utiles en teinture. Je viens de le faire cet été à Gletterens en Suisse. Un matin, jai ramassé les premiers glands tombés à la suite d’un bon coup de vent.
J’ai testé les bogues de marrons d’Inde, et j’ai obtenu un beige.
Les gousses de mimosa, comme celle de tous les acacias sont bourrés de tanins et devraient être intéressantes à essayer, ces arbres en produisent vraiment beaucoup.
L’aulne et ses jolies graines
He aquí un nuevo experimento bien simple.
Pour m’assurer un meilleur résultat, j’ai laissé tremper une semaine.
L’Eucalyptus
Je n’ai pas testé les réceptacles des graines d’eucalyptus (en effet, les minuscules graines s’échappent très vite des petits cônes), c’est beaucoup plus simple avec les feuilles et l’écorce.
Les pommes de pin, ainsi que les aiguilles et les écorces de ces arbres doivent contenir des tanins, mais je ne les ai pas essayés.
Les châtaignes, les pistaches, les amandes…
Vu que ces graines sont comestibles et très bonnes pour la santé, mieux vaut les manger et utiliser les déchets pour la teinture. Dans le cas des châtaignes, on peut aussi bien utiliser les bogues que les enveloppes dures que l’on ne consomme pas.
Les écorces des amandes m’ont donné une couleur rosée cuivrée qui m’a beaucoup plû.
En Equateur, j’ai testé l’écorce de noix de coco, le résultat était un peu décevant, mais je n’ai pas tenté de reteindre ensuite.
Des graines spéciales: les noix
Comme dans le cas des châtaignes, l’écorce dure des noix peut être utilisée. Mais la partie la plus intéressante est l’enveloppe qui est molle, d’abord verte puis marron foncé, c’est le brou de noix, bien connu en menuiserie.
L’idéal est de le laisser fermenter un maximum de temps, afin qu’il libère le plus possible de colorant. Cela donne de très jolis bruns très solides dont la réputation n’est plus à faire.
Les fruits non mûrs
Les fruits verts qui tombent des arbres après une tourmente ou des pluies trop violentes sont aussi bourrés de tanins, ils peuvent remplacer les mordançages classiques à l’alun.
Au Brésil, j’ai aussi découvert les fruits non mûrs de genipap. Ils servent notamment pour teindre des gâteaux ou des alcohols. On les utilise aussi pour des tatouages temporaires.
Et les noyaux
Les noyaux d’avocats servaient à marquer de manière indélibile les vêtements des enfants pour l’école, simplement avec une aiguille ou une épingle.
Cependant, j’ai testé les feuilles, au Chili qui sont intéressantes.
N’étant pas très friande de cet excellent fruit, je n’ai eu l’occasion de l’essayer que sur de petites quantités de fibres, cela donne un rosé intéressant, même sur coton.
Quand, je vivais à Mamiña, j’ai récupéré un sac de noyaux de mangue dans un café qui offrait des jus naturels sur le marché d’Iquique. J’ai obtenu un jaune rosé très intéressant.
D’autres noyaux peuvent êtres utilisés, je pense aux jolis noyaux de néflier, de lucuma, ils sont si beaux, je n’en ai pas encore eu l’occasion.
Je serai curieuse de tester les noyaux d’olives, de pêches, d’abricots, de prunes, de cerises, chirimoya… malheureusement je suis trop mauvaise consommatrice de fruits pour pouvoir en réunir une quantité suffisante pour teindre, et je préfère les resemer.
Le maïs noir
A Iquique, on trouve un maïs noir, produit au Pérou. Je l’ai laissé tremper quelques jours dans de l’eau, puis je l’ai filtré, j’ai donc teint dans le jus violet foncé qui m’a donné un gris. Je ne sais pas s’il s’agit d’une teinture grand teint.
Le roucou
Le roucou est une graine utilisée comme épice dans les régions où cette plante pousse (en Equateur, elle très utilisée en cuisine, teint en rouge tous plats). En Amazone, il est utilisé comme peinture corporelle, certainement très bénéfique car doté d’un taux très élevé de vitamine A. C’est donc aussi un colorant alimentaire sans danger.
A Madagascar, il est aussi très utilisé en teinture, bien qu’il ne soit pas grand teint vu sa plus grande affinité pour les graisses.
Les baies
Un certain nombres de baies peuvent teindre, dans ce cas, ce n’est pas la graine, mais ce qui l’entoure et plus souvent la peau noire: sureau, mûres, maqui, mirtilles, cassis, raisins…
Malheureusement, ces teintures ne sont pas très fiables, varient avec le pH, et sont peu solides.
En outre, certaines sont toxiques: sureau yèble, parqui… mieux vaut les laisser aux oiseaux qui s’en nourrissent…
Les gales
Les gales sur les chênes, mais aussi sur beaucoup d’autres arbres, ne sont pas des graines, elles sont le résultat de la piqure d’un insecte pour pondre ses oeufs et de la réaction de l’arbre qui produit des tanins pour se protéger.
L’intérêt des gales, c’est qu’elles donnent des tanins très clairs qui n’influencent que très peu la couleur définitive tout en la fixant.
Evitez certaines graines
Je vous conseille pas les graines de parqui (parqui cestrum), j’en parle dans un autre article.
Quand on teint avec des fleurs qui ont de petites graines, il faut faire attention à ce que celles-ci ne viennent pas se coller dans la laine, je pense notamment aux bidens qui ont le don de s’accrocher partout, au Chili, on les appellent “amores secos” (amours sèches). Cette plante appelée benoite en français, donne un très joli jaune (utilisé par les Incas), je l’ai utilisée à Mamiña.
Les fruits murs de la plante hémiparasite quintal du molle, sont très collants, et le restent même bouillis.
Comment utiliser les graines
L’idéal est d’utiliser essentiellement les enveloppes, gousses… et semer ou consommer ce qui peut l’être, comme dans le cas des noix, des châtaignes…
L’idée est d’utiliser avant tout, les déchets, comme par exemple, le marc de café, les épluchures (pommes, poires, châtaignes…).
Et si, le résultat était un mordançage
Il y a quelques jours, j’avais des graines de potiron et je me suis dit “pourquoi ne pas teindre avec?“. Alors, j’ai essayé, le résultat a été très décevant.
Puis deux jours plus tard, je lis sur internet, sur un document ancien sur les teintures domestiques en Angleterre, mentionnait les graines de potiron comme mordançage.
Je viens de mettre à tremper cette laine pour quelques jours avec une laine blanche sans traitement dans un vieux bain de garance et de cochenille, pour l’épuiser. Il va falloir attendre le résultat.
Et si, on veut semer les graines
C’est encore mieux et je vous y encourage vivement.
Lors du cours que j’ai donné à Pica, nous avons teint avec le tara (ceasalpina), avec ses graines, mais on a utilisé seulement les gousses, une des femmes qui assistait au cours, a emmené les graines chez elle, elle les a semées, elle a eu un grand nombre de petits arbres!
L’idéal est d’ailleurs le plus souvent, de ne pas utiliser les graines, mais plutôt les enveloppes, dans les graines, il y a beaucoup d’amidon et celui-ci peut être gênant.
En effet, quand je vivais à Longotoma, j’ai essayé de teindre avec des graines de sorgho (curaguilla, utilisées au Chili pour que les poules aient envie de pondre). Je les ai fait fermenter pendant au moins un mois, avec la laine dedans, puis j’ai fait chauffer, cela a teint, un marron rose cuivré intéressant, mais le problème c’est que la laine en est ressortie très dure, malgré les rinçages, certainement à cause de l’amidon. Mais ma laine n’était pas seulement dure mais aussi cassante!
Conclusions
Les graines sont donc de bonnes ressources tinctoriales, il faut en profiter.
On reste souvent dans la gamme des beiges, brun rosé, mais on a souvent un mordant naturel qui peut être employé en combinaison avec d’autres plantes.
Ces tons s’harmonisent facilement avec les autres couleurs, ce qui est un avantage.
/// Chauffer le bain /// Article créé le 28 janvier 2018, mis à jour le 5 avril 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Voici un petit retour sur un article ancien qui est toujours d’actualité. Il mérite bien une bonne mise à jour. Je le compl`ete donc avec mes nouvelles découvertes, faites lors de mes récents voyages en Tunisie et en Suisse. Voici quelques ajouts…
Faut-il chauffer le bain de teinture?
Chauffer le bain, cela semble évident, mais ce n’est pas toujours indispensable, cela peut même être gênant, pour l’indigo.
Teindre, c’est extraire les colorants des matières végétales ou éventuellement animales pour les transférer aux textiles. Chauffer nécessite de l’énergie, cependant ce n’est pas la seule solution.
La fermentation
Certaines techniques de teintures (en général, très anciennes) sont basées sur la fermentation et non sur la décoction et le bouillon… Ce seraient en quelque sorte des teintures vivantes, puisque de nombreuses bactéries et enzymes doivent intervenir.
Par ailleurs, les techniques à base de décoctions sont plus rapides et semblent plus hygiéniques, mais ne sont pas forcément plus solides.
De plus, la fermentation peut permettre d’éviter l’usage de mordants.
De toutes manières, pour la majorité des teintures naturelles, il convient de les laisser tremperau moins une nuit avant de chauffer.
Techniques d’Anne Rieger
Dominique Cardon mentionne dans ses livres des techniques anciennes basées sur la fermentation et des bains alternés acides et basiques sans autres mordants que de la lessive de cendres, ce qui rend ce type de teinture d’autant plus économique et écologique.
Ces techniques sont sensées permettre d’obtenir d’autres gammes de couleurs, souvent différentes de celles que donnent les décoctions classiques (généralement avec mordants). Selon Martha Herba qui a poursuivi les travaux d’Anne Rieger, ces teintures devraient être plus solides. D’après elle, la tapisserie de la Dame à la Licorne et la tapisserie de Bayeux auraient été teintes selon ces méthodes, ce qui explique qu’elles aient encore tout leur éclat.
Mes essais
J’ai fait quelques essais peu concluants. Peut-être n’ai-je pas choisi les bonnes plantes. Il faut avoir du temps et pouvoir travailler à l’extérieur pour profiter du soleil et à cause des mauvaises odeurs dues à la fermentation, difficile à réaliser dans un local commercial.
D’abord, j’ai fait quelques tests quand je vivais à Longotoma avec du quintral du molle. Puis, j’ai réessayé, plus récemment, à Concón, avec de l’etscholzia qui ne m’a donné qu’un jaune pâle. Ce n’était peut-être pas la plante idéale.
Indigo
La plupart des cuves d’indigo se travaillent à froid ou plutôt à température ambiante. Même, certains bains d’indigo peuvent même utiliser des fruits pour remplacer le fructose. Quand, je ne trouvais pas de fructose, j’ai plusieurs fois utilisé du miel. Cela fonctionne très bien.
Pourpre “chilienne“
Un jour, j’ai fait un petit essai de teinture à la pourpre de “loco” et “locate” (coquillages très appréciés en gastronomie au Chili, ils sont assez souvent interdits de récolte).
Lors d’un séjour de quelques jours à Taltal, petit village côtier entre Chañaral et Antofagasta (Nord du Chili), des pêcheurs m’avaient ramassé une petite quantité de ces coquillages. Le temps était mauvais, ils n’avaient pas pu aller plus au large pour en ramener plus.
Les pêcheurs de “locos” se reconnaissent à leurs mains rouges pourpre, teintes lors du nettoyage des fruits de mer pour les préparer à la vente. Ils jettent malheureusement toute cette précieuse matière tinctoriale à la mer.
Le test pratique
Ils ont mangé les fruits de mer et j’ai gardé dans deux petites bouteilles d’eau les glandes hypobrachiales qui contiennent les pigments.
J’ai gardé ces bouteilles bien fermées et je me suis décidée à les ouvrir deux ou trois semaines après, lors de mon retour à Mamiña.
Heureusement que je vis avec le nez bouché et que j’ai ouvert la bouteille en plein air, la puanteur était insupportable. Je ne sais pas si ce n’était pas pire que la teinture aux baies de parqui.
J’ai mis quelques mèches de laine en toison à tremper dans les bouteilles, puis je les ai retirées, exposées au soleil, puis rincées. Elles étaient devenues mauves. Tout cela sans chauffer.
Je présente cette expérience dans ma présentation pour l’ISEND de Kuching, disponible sur internet (www.academia.edu, www.slideshare.net).
Il y a un groupe facebook spécialisé sur la pourpre. J’espère bien pouvoir en apprendre plus sur ce sujet lors de mon tour du mondetinctorial et textile.
Sur academia.edu, on trouve aussi beaucoup d’informations sur la pourpre, teinture très luxueuse de l’Antiquité.
La pourpre à Carthage, Tunisie
Je n’ai pas encore pu faire mon tour du monde tinctorial, mais je suis retournée en Europe. J’en ai profité pour aller en Tunisie en 2022 pour rencontrer le grand spécialiste qui m’a très gentillement reçue. Je vous invite à visiter songroupe facebook.
Orseilles et autres lichens
Dominique Cardon décrit en détail ces techniques, je ne les ai pas testées. Il s’agit de techniques de fermentation, en général avec ajout d’urine. On doit obtenir des tons de rose, malheureusement pas très solides. Mais, il faut d’abord trouver le bon lichen. Car tous les lichens ne servent pas pour des tons de rose. Il y a des groupes sur facebook spécialisés dans ce domaine qui montrent des résultats spectaculaires.
Fez, Maroc
On m’avait parlé des fosses à teindre de Fez. J’espérais trouver des teintures naturelles, mais il s’agit du travail du cuir. Je ne suis cependant pas convaincue de l’usage de teintures naturelles, malgré les informations données sur place, parfois un peu extravagantes. C’est tout de même très intéressant et pour le moins impressionnant.
Et le batik?
Quelqu’un m’a gentillement fait la remarque que j’avais oublié le batik. Et oui, le batik, quand on travaille à la cire d’abeilles, se teint à froid, vu que la cire fond à 62-63º C. Cependant, en général on doit faire bouillir, repasser avec du papier pour éliminer la cire.
Un essai
Nous avons fait un test avec mon ami Hilaire, à Madagascar, avec de la cire d’abeilles brute que nous avons achetée au marché d’Antsirabe et de la cochenille. Nous avons aspergé la soie avec des gouttes de cire fondue en essayant de faire un pochoir avec des feuilles de rosiers.
Puis, nous avons laissé tremper avec de la cochenille toute la nuit à froid. Le lendemain, nous avons fait bouillir l’écharpe dans de l’eau avec de l’alun pour fixer la teinture et éliminer la cire, la cochenille s’est bien fixée.
Mais la cire avait du mal à partir, j’étais déçue, car j’espèrais pouvoir la récupérer pour une autre fois. Nous avons du terminer avec le fer à repasser et du papier journal, puis des brouillons d’impression quand celui-ci vint à manquer, cela a dû utiliser beaucoup d’électricité.
Le résultat n’était pas tout à fait conforme à ce que l’on attendait. Les taches de cire sont restées un peu jaune. Ce n’était pas vilain. Mais, on ne voyait pas bien le pochoir. Mais la cochenille à très bien pris. Cette écharpe s’est vendu très rapidement, mais je ne crois pas qu’Hilaire recommencera cela. Il préfère l’ecoprint.
Et si on fait chauffer, comment?
On a l’embarras du choix…
Chauffer au feu de bois
Trou dans le sol
J’ai beaucoup utilisé cette technique, depuis Longotoma jusqu’à Mamiña, en passant par Santa Fe, Argentine.
Pratique, simple, économique et permet de faire chauffer plusieurs grandes casseroles à la fois si l’on a une grille assez résistante.
Le bois doit être une ressource renouvelable… J’utilise habituellement du bois mort, à Mamiña c’était du bois de récupération de construction. Enfin, j’ai même fait du troc pour récupérer un camion de déchets de construction d’une route. J’ai dû ensuite remonté tout ce bois jusqu’à ma cabane à mi hauteur de la colline… Mais j’avais enfin de quoi travailler… Il en est même resté beaucoup pour mes amis qui me prêtaient la cabane. Une partie de ce bois a aussi servi pour construire les cages de mes lapins angoras.
Cela permet de faire chauffer plusieurs casseroles à la fois.
Là, je ne pouvais pas faire un trou, j’utilisais le foyer prévu dans la reconstitution de maison du néolithique. Il était entouré de pierres, je les utilisées en rajoutant quelques une comme support pour mes casseroles.
Cette année, à Gletterens, j’avais une nouvelle casserole en terre, faite par mon amie Nora. C’est pas encore tout à fait néolithique, mais un peu moins anachronique que les casseroles récupérées à la déchetterie.
Cela faisait longtemps que je voulais tester les teintures dans une casserole en terre.
J’ai aussi adopté une nouvelle disposition des casseroles autour du foyer, que j’alimentais au centre.
A Rincón de Angel, nous avons acheté une cuisinière à bois, elles sont courantes dans la région, ici tout le monde se chauffe et cuisine avec.
Nous l’utilisions tous les jours pour cuisiner, j’en profitais pour mettre aussi une casserole de teinture naturelle. C’est très efficace car le bain se maintient chaud longtemps… J’ai donc beaucoup teint, tant que nous avions du bois…
Cela a deux inconvénients : cela brûle beaucoup de bois et cela fume quand c’est mal installé (ce qui était le cas). J’ai donc enfumé des tricots et des laines. J’ai eu beau les laver, la grisaille n’est pas partie.
Appareil acheté à Cuzco
A Cuzco, au marché, j’ai trouvé une petite structure en céramique très intéressante, elle était légère, pas chère, je n’étais pas très chargée pour une fois!
J’en ai profité, elle a fait le voyage entre mes jambes dans le bus, car elle était relativement fragile, par chance elle tenait dans mon sac, elle bien arrivée jusqu’à Mamiña où je l’ai beaucoup utilisée. Elle était très économique en bois, s’allumait facilement, je l’utilisais même pour préparer mon petit déjeûner…
Elle n’a malheureusement pas supporté le déménagement vers Puerto Montt et est arrivée en morceaux.
Lors de mon dernier voyage au Pérou, dans un marché, j’ai trouvé une version en tôle de cette “cuisinière“. J’étais très chargée lors de mon retour, je n’ai pas pu l’acheter. J’espère pouvoir en acheter une à la prochaine occasion.
Rocket stove, à Chinchero, Pérou
Avant d’acheter cet appareil en terre, je suis allée visiter le village de Chinchero, où de nombreux groupes de femmes teignent et tissent selon les traditions.
J’en ai profiter pour m’intéresser à leur méthode pour chauffer leurs bains de teintures, en voici une photo, elles en profitaient pour cuisiner aussi…
Au Brésil aussi, j’ai teint sur une “rocket stove“.
Fetapera malgache
Petite cuisinière très populaire à Madagascar, digne du film Ady Gasy de Lova Nantenaina (je vous le recommande vivement, disponible chez Latérite).
Lors de l’IFPECO à Antananarivo, nous avons fait presque toutes les démonstrations de teintures avec ces petites cuisinières, légères, économiques et économes, pur recyclage. Je les trouvé tellement sympathiques que je m’en suis achetée une que j’ai ramenée au Chili. Je l’ai utilisée à Concón où elle a fasciné mon ami Uldis.
Il y avait aussi de mini “rocket stoves“, intéressants mais trop lourds… pour mes bagages.
Chauffer au gaz
C’est plus courant, plus simple, mais pas forcément plus économique… Le gaz n’est pas une énergie renouvelable, sauf cas rare du biogaz.
Cuisinière industrielle
Pour le cours à Pica, les organisatrices avaient acheté deux cuisinières industrielles que nous appelons au Chili “fogón“. Elles sont basses et permettent de travailler facilement avec de très grandes casseroles.
Cela chauffe très vite, nous étions dehors, il y avait parfois du vent, j’ai trouvé cela assez dangereux. Et cela brûlait beaucoup de gaz, je n’ai pas compté combien de bidons…
Chez Rincón de Angel, nous utilisons aussi cela actuellement, il n’y a pas de vent dans le local, mais le feu ne peux presque pas se réguler et je préfère teindre avec une vieille cuisinière normale, le feu est plus petit donc moins violent avec la laine et c’est plus économique.
Cuisinière courante
Rien de plus banal.
Cuisine solaire
J’ai fait quelques essais à Longotoma…
A Concón, mon ami Uldis avait une cuisinière solaire parabolique, mais nous n’avons pas eu le temps de l’essayer. C’est vraiment dommage!
Teinture solaire à Gletterens
Chauffer à l’électricité
Si l’on n’a pas d’autres solutions ou si l’on ne paye pas l’électricité… Ce n’est pas toujours une énergie renouvelable, sa production provoque souvent des dégats et de la pollution.
Plaque électrique
Chez Couleur Garance, ils utilisent des plaques électriques pour les cours, elles sont facilement régulables.
Pour les cours, on teint souvent seulement des échantillons, on n’utilise donc pas d’aussi grandes casseroles que pour l’artisanat et la vente de laines.
Casserole à riz
A Iquique, je ne payais pas l’électricité, elle était comprise dans le loyer, j’avais acheté un cuiseur de riz tout rayé au marché aux puces pour à peine plus d’1 Euro, et il fonctionnait!
C’était un peu petit, mais j’ai pu faire quelque tests avec. Feuilles d’artichaudsrécupérées au marché, feuillage et fleurs de Bougainvilliers… furent mis à profit grâce à cette casserole.
Chauffer au Four a micro-ondes
J’avais vu une video dans le CD édité à la suite de l’ISEND à La Rochelle (France) auquel je n’ai pas pu participer, où ils estampaient du feutre en sérigraphie avec des encres naturelles et les fixaient au micro-ondes, j’ai donc cherché à m’en procurer un…
Iquique est une ville surprenante, sans TVA, c’est une zone franche. envahie de tout un tas de choses qui ne tiennent pas dans les maisons en général très petites, car cette ville n’a pas d’espace pour se développer.
Juste quelques jours avant de partir pour Mamiña, je me suis achetée un four à micro-ondes d’occasion, je l’ai assez souvent utilisé pour des tests pendant les premiers mois dans le kiosque de mon amie Raquel. Les contenants étaient encore plus petits et les échantillons se sont donc encore réduits, surtout des morceaux de ruban cardés pour feutrer. Les résultats étaient cependant intéressants.
Conclusion
Nous avons donc beaucoup de solutions… Il faut voir laquelle est la plus adaptée à sa situation, la plus économique et surtout la plus écologique…
J’aimerai faire des essais avec des fours et cuisinières solaires, la plupart des teintures n’ont pas besoin de bouillir… L’artisanat se combine mal avec l’urgence…
Les plantes toxiques doivent représenter moins d’1 % des plantes en général. J’essaie de les éviter, c’est pourquoi je collectionne les livres de botanique, je m’informe. Dominique Cardon en signale certaines dans ses livres.
Les livres sur les plantes médicinales donnent aussi beaucoup d’informations.
Même des plantes qui servent habituellement de fourrage pour le bétail, ou d’aliments pour les humains peuvent être ou devenir toxiques dans certaines conditions. Certaines plantes doivent être cuites pour être consommées, comme par exemple la rhubarbe ou le tapioca.
Il y a un mouvement, parti d’Angleterre, “Incredible Edible” (quelque chose comme comestibles incroyables) qui tend à remanger les plantes sauvages. Il y avait lors de l’atelier d’ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin, une femme qui avait un restaurant à Chinon, où justement elle ne servait que des plantes sauvages. Une meilleure connaissance de la botanique peut nous amener à modifier profondément notre alimentation. George Oxley à écrit sur ce thème.
Ce mouvement est entrain de prendre de l’ampleur, récemment au Brésil, j’ai eu l’occasion de consulter un livre passionnant et très détaillée à ce sujet.
Dans la même collection, il existe un livre sur les plantes toxiques et un autre sur les plantes médicinales, ils sont très documentés.
Un peu d’histoire des teintures toxiques
La toxicité de certaines plantes n’a pas toujours fait peur aux teinturiers…
La daphnée ou trentanelle
Elle a été très longtemps utilisée par les ateliers de teinturiers, elle poussait sauvage et était récoltée pour teindre en jaune en remplacement de la gaude (reseda luteolens) surtout dans le midi de la France tout en sachant qu’elle provoquait la cécité des ouvriers teinturiers et certainement aussi des pauvres gens qui les ramassaient (cf. Dominique Cardon).
Cette plante qui était utilisée au moyen-âge pour empoisonner les flèches des soldats est proposée comme source d’indigo par un manuel de teinturerie qui date de peu après la Révolution Française “L’art de la teinture des fils et des étoffes de coton” signé par Le Pileur d’Apligny, an VI, 1798 (ce document très intéressant est disponible gratuitement sur internet).
Apparemment, l’auteur n’a pas été suivi. Heureusement, parce qu’anciennement les tinturiers en indigo goûtaient leurs bains pour savoir s’ils étaient prêts.
Il y a aussi une sorte d’indigo dans la scabieuse et dans les cardères ou “cabarets des oiseaux” qui ne me semblent pas toxiques et en plus ils sont mellifères. Cela pourrait valoir la peine de développer ces plantes… en outre, les cardères servait à carder la laine…
Outre, les plantes elles-mêmes, les teinturiers n’hésitaient pas utiliser des métaux aussi dangereux que l’arsenic et le plomb. Beaucoup de manuel de teintures végétales relativement récents parlent de mordançage au chrome et à l’étain, parfois sans indiquer leur dangerosité. Le cuivre et l’aluminium semblent ne pas être sans danger.
Comment connaître les plantes toxiques?
L’idéal est de prendre des précautions, India Flint raconte dans un de ses beaux livres sur l’ecoprint (que l’on m’a prêté très gentiment pour quelques jours à Santa Fe, Argentine) comment en arrivant en Inde, elle avait testé les feuilles d’un arbre très toxique sans le savoir.
Telabotanica et d’autres applications de ce style peuvent nous aider, il y en a plein de disponible sur mobile.
Différences de points de vue entre l’Europe et l’Amérique
La rue (ruta graveolens) réputée toxique en France, est couramment utilisée au Chili contre les douleurs abdominales, elle était utilisé dans les couvents et ardemment recommandées dans les écoles catholiques pour réduire les désirs sexuels. On la trouve en pots, dans presque tous les commerces, elle est sensée porter chance.
Le ricin dont les graines sont très toxiques, une amie argentine de Santa Fe, me racontait qu’elle jouait à la dinette avec les feuilles quand elle était petite. Lors du stage à La Redonda, elle a bien joué du marteau avec ces feuilles. le résultat était intéressant, cette feuille a de grosses nervure qui rendent bien.
La plupart du temps les teintures obtenues à partir de baies ne sont pas solides au lavage, alors pourquoi se compliquer la vie avec des baies toxiques.
On peut souvent obtenir le même résultat avec des baies alimentaire (myrtille, cassis, mûres…), par exemple en utilisant les résidus de la fabrication de gelées.
Le ricin
On extrait l’huile de ricin (castor oil) sans danger, des graines très toxiques, cette huile est utilisée pour mordancer les fibres végétales, ainsi que l’explique Michel Garcia.
Les plantes entières
Cigüe
Pas besoin de présenter la cigüe, connue pour avoir tué Socrate. J’ai vu indiqué dans un manuel de teintures naturelles que le liber de cette plante teignait. Je n’essaierai pas.
Et pourtant cette plante aurait des vertus mécidinale pour des maladies des articulations.
Le datura
Plante importante dans la médecine traditionnelle Mapuche, qui a de nombreux noms en espagnol (estramonio, miyaya, chuchampe, coco del diablo, toloache…) est en outre halucinogène. Toutes ses parties sont toxiques.
Une amie de mes parents qui savait que je teignais avec les plantes m’en a ramené une pleine cargaison un jour de son jardin, j’ai dû refuser le cadeau. Si même la fumée quand la plante brûle est dangereuse, que penser des vapeurs et de ce qui peut rester dans le fibres?
Depuis, en écoutant les conférences de Gérard Ducerf sur Youtube, j’ai appris que c’était une plante bioindicatrice.
Le parqui
Le parqui ou palqui (parqui cestrum) est une solanacée très courante dans la région centre du Chili. Les habitants de La Ligua m’avaient dit que les anciens utilisaient les baies noires pour marquer les sacs de blé.
C’est une plante médicinale, mais elle peut être assez toxique pour tuer des vaches qui viennent d’une zone où cela ne pousse pas, elles ont vue du vert, elles ont mangé bien que cela sente très mauvais et en sont mortes.
Je ne connaissais pas encore l’histoire des vaches de Longotoma. Des paysans avaient achetés de grosses vaches du Sud et pensaient les alimenter avec de l’herbe rase et sèche à Los Romeros, où j’ai habité. Ces vaches ne connaissaient pas le parqui, sur 150 vaches, une cinquantaine en sont mortes. A Concón, chez mon ami Uldis, les vaches et les chevaux connaissaient le parqui et ne s’en approchaient pas, les seuls citroniers que ces animaux n’attaquaient pas étaient protégés par un pied de parqui!.
J’ai essayé de teindre avec les baies de parqui, j’en ai mis un peu dans une petite casserole avec de l’eau et 100 grammes de laine et un peu d’alun. Cela sentait si mauvais que j’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, bien que la cabane était très ventilée…
J’ai obtenu un vert émeraude très clair qui m’a beaucoup plu, mais je n’ai jamais recommencé. C’était une de mes premières expériences quand je vivais à La Quebrada del Pobre, à 8 km de La Ligua.
Traditionnellement, on nettoie les braises dans les fours à pain avec des branches de parqui, il intervient dans un certain nombre de superstitions.
floripondio
Ce bel arbre que l’on rencontre dans certains jardins, et même dans les rues (à La Ligua – Chili, par exemple) est très toxique, curieusement ses fleurs attirent les abeilles.
digitales
Cette jolie plante, sert à fabriquer des médicaments pour le coeur. Je préfère m’abstenir d’y toucher.
Arnica, aconit, belladone, muguet, saut de salomon, Laurier cerise…
La liste est longue… et elles ont presque toutes des propriétés médicinales…
Il faut considérer que pratiquement toute la famille des euphorbes comme toxique et aussi grande partie des solanacées, ainsi même toute la plante de la pomme de terre est toxique, sauf le tubercule que l’on consomme et celui-ci peut aussi être toxique s’il verdit à la lumière.
Il y a un curieux jardin au Nord de l’Angleterre, à Alnwick, qui ne regroupe que des plantes toxiques… Ces plantes sont certainement très toxiques, mais elles sont biodégradables, ce qui n’est pas le cas des polluants chimiques…
Je viens de découvrir en cherchant la video sur le jardin anglais, qu’il avait un équivalent en France.
Les champignons
Beaucoup de champignons teignent, ils peuvent donner tout l’arc-en-ciel, comme en témoigne le livre de Marie Marquet et celui de Miriam Rice et Dorothy Beebee que l’on m’a donné à Kuching.
Malheureusement, la plupart de ceux qui teignent sont toxiques, comme les cortinaires, par exemple.
Le champignon de Paris n’est malheureusement pas mentionné comme tinctorial, c’est dommage. Il y a tout de même quelques cèpes dans la liste,,,
Je ne les pas testés. Mon ami Hilaire, à Antsirabé, Madagascar, teint avec un champignon qui pousse sur l’eucalyptus, mais il ne semble pas toxique.
J’ai seulement testé des lichens appelé “barba de palo” au Chili (barbe de bois) qui donne un joli marron roux, il est assez rare et pousse lentement, je ne pense pas qu’ils soient toxiques. Cette teinture est réputée solide et anti-mites.
Conclusion
Il y a tant de plantes non toxiques qui teignent, pourquoi allez essayer celles qui sont toxiques? Sauf par ignorance.
Quand on a des doutes, mieux vaut teindre à l’extérieur, ne pas respirer le vapeurs et travailler avec des gants imperméables…
La prudence est de mise, mieux vaut s’informer et développer des connaissances botaniques qui en outre peuvent nous aider à nous soigner naturellement.
J’ai certainement oublié de nombreuses plantes toxiques, alors étudions un peu la botanique… Il est parfois difficile d’avoir des informations sur des plantes qui paraissent être des “mauvaises herbes” invasives.
Par exemple, j’aimerai en savoir plus sur cette plante, j’espère qu’elle n’est pas toxique, elle m’a donné un très joli jaune sur la laine mordancée à l’alun, elle attire les abeilles, mais telabotanica ne me donne pas de réponse correcte, car ils sont plus centrés sur les plantes européennes…
Par hasard, je viens de retrouver cette plante derrière le FabLab de Loches (dont je parlerai dans un prochain article).
On vient de me dire qu’il s’agissait de renouée du Japon, ses jeunes pousses sont comestibles et c’est une plante bio-indicatrice pour les métaux lourds, mais n’en contient pas selon Gérard Ducerf. Elle est plutôt invasive. Il faut donc profiter des jolis jaunes qu’elle nous fournit, sans se priver.
Je viens de lire un livre qui doit être pratiquement introuvable, il date de 1968 et a été édité par Robert Morel, maison d’édition qui a malheureusement dû fermer depuis longtemps. C’est une traduction de l’anglais-américain et parle surtout des plantes toxiques d’Amérique du Nord, mais on en retrouve beaucoup en Europe…
C’est intéressant car il fait déjà des remarques concernant les agrochimiques et mentionne le livre de Rachel Carlson “Silent Spring”.
Le citron, on en mange, mais on peut récupérer les écorces pour teindre.
De retour à Puerto Montt, chez Rincón Angel, pour quelques jours, j’ai amené des citrons bio de la parcelle de Concón. Les salades étaient très bonnes, nous avons gardé les épluchures pour teindre. Les déchets d’à peu près 6 kg de citrons ont donc servi de bain de teinture. J’avais déjà fait l’essai avec les citrons lors du premier cours à la Esquina Encendida, en Santa Fe, Argentina.
Nous avons commencé dans une grande casserole en aluminium, sur un réchaud puissant, avec seulement 2 écheveaux de laine de mouton filée industriellement, lavées, puis 2 autres et encore 2, puis 4 et encore quelques-une de plus.
D’abord seulement avec de l’alun comme mordant, puis en ajoutant aussi un peu de bicarbonate. Cela fait peu de différence. Les écheveaux ont été lavé après teinture, la perte de couleur me semble insifignifiante.
La couleur est assez claire, mais jolie et différente des autres jaunes naturels.
Nouvel essai, de retour à Concón
De retour à Concón, vu que je dispose d’une très grande quantité de citron qui ont trop muri… j’ai donc réessayé avec de la laine artisanale et avec de la laine de mouton filée industriellement comme à Puerto Montt…
Je n’ai malheureusement pas trouvé de pierre d’alun ni de sulfate d’aluminium à Viña del mar. Le résultat était plutôt pâle.
De retour à Puerto Montt, j’ai donc mis ces laines dans une casserole pour les mordancer après teinture avec du sulfate d’aluminium.
Quand on travaille avec des couleurs aussi délicates, la qualité de la laine (certaines sont déjà un peu jaune) et celle de la casserole sont aussi des facteurs importants.
Autres usages du citron en teinture
Le jus de citron peut être aussi utilisé comme mordant/modificateur, par son action acide, notamment pour la teinture avec la cochenille, qu’il peut éclaircir, voir éliminer ou rendre plus orange selon les cas.
Il est aussi utilisé dans la teinture au carthame pour révéler le fameux rose de carthame.
Et les oranges ? me dit-on
Nous avons essayé pendant le cours à Pica, c’est une oasis spécialisée dans les fruits tropicaux près d’Iquique (Nord du Chili), il y avait une dame qui avait un petit verger et faisait des jus de fruits, elle nous a donc ramené un plein sac de déchets d’oranges, de quoi remplir une casserole de plus de 20 litres. Nous avons donc testé.
Le résultat a été un joli abricot pâle.
Je n’ai pas encore testé les autres citriques.
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!
/// Cochenille, cochenille, cochenille… /// Article du 12 août 2017, modifi´é le 27 avril 2024 Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
La cochenille est une de mes teintures naturelles préférées, la force de sa couleur peut donner l’impression qu’elle est artificielle. Cet article est un des premiers de ce blog et j’y reviens pour la seconde fois. Je viens d’avoir une conversation très intéressante avec un Tunisien qui était très préoccupé par le sort des figuiers de Barbarie de Tunisie. Cela m’a poussée à chambouler l’ordre des mises à jour de mes articles.
J’ai beaucoup d’expériences et d’informations nouvelles sur la cochenille, il était temps de les partager.
Cochenille, surprises assurées
Cochenille qui teint, cochenille qui ne teint pas ?
Le terme cochenille désigne un certain nombre de parasites dont seule une infime minorité sert en teinture. Les petits insectes que vous pouvez trouver aux pieds de vos arbres fruitiers ne teignent généralement pas. Rien n’empêche de les tester, cependant.
Nous ne intéressons donc pas à la cochenille farineuse.
J’ai été très surprise de voir récemment sur internet des photos de coléoptères associées aux teintures-additif E120utilisés en alimentation. Il y a certainement une erreur qui prête à confusion.
Ce ne sont pas des doriphores! Il est à noter que la cochenille n’attaque que les palettes (feuilles) et non les fruits du figuier de barbarie. Cependant, les fruits deviennent très amers.
Voici la vraie cochenille
Le colorant de base, l’acide carminique, des cochenilles sèches, entières ou moulues. Si vous voulez teindre avec de la cochenille fraîche, il faudra en utiliser plus.
Un peu d’histoire
Anciennement, il existait différentes espèces de cochenille servant en teinture, mais elles sont pratiquement toutes disparues ou sont en voie d’extinction :
Dans le sud de la France on élevait les vers de kermes, sur les chênes kermes, qui donnait un rouge très luxueux. Quand la cochenille mexicaine est arrivée en Europe, ce marché a été bousculé et a fini par disparaître. Donc, le vers de kermes n’a plus été multiplié et son support, une espèce de chêne, est aussi devenu très rare…
il existait aussi une cochenille polonaise et une cochenille d’Arménie, celle-ci vivait dans les racines de certaines plantes des marécages, elle sont aussi en voie de disparition, les marais étant asséchés pour l’agriculture…
on mentionne aussi parfois une espèce égyptienne utilisée dans l’Antiquité, mais les spécialistes en doutent encore…
en outre, il existe une autre sorte de parasites cultivés sur des arbres en Inde. Il donnent à la fois un colorant rouge (maintenant peu exploité, vue la concurrence des teintures chimiques) et un vernis le lacq qui est encore utilisé… je reprends de mémoire des informations beaucoup plus détaillées dans les livres de Dominique Cardon, mais que je n’ai pas sous la main.
Toutes ces teintures ont eu une très grande importance, le rouge et particulièrement ces rouges nobles étaient l’apanage des élytes, qui se protégeaient par des lois somptuaires, dès l’Antiquité.
Que reste-t-il ?
La teinture avec le tissage et les tanneries furent les premières industries à se développer et eurent une importance considérable dans l’histoire.
Il ne reste donc plus que la cochenille du nopal (nom mexicain du figuier de Barbarie, au Pérou et au Chili, on parle de Tuna) qui ait encore une certaine importance, mais plus dans le textile, essentiellement dans l’alimentation et les cosmétiques. Les colorants artificiels sont interdits dans l’alimentation en Europe. La garance n’a pas d’autorisation pour d’éventuels effets sur le coeur.
La cochenille seule, se maintient et son marché vient de subir récemment un regain d’intérêt qui a provoqué une flambée des prix.
D’où vient la cochenille ?
La cochenille (dactylo coccus) provient d’un petit insecte parasite du figuier de barbarie (opuntia) et de quelques autres cactus. On exploite la femelle quand elle est prête à pondre ses oeufs. Elle ne mesure pas plus de 3 mm. Celle-ci n’a pas d’ailes, et ne bouge pratiquement pas de l’endroit où elle est née.
Quand la larve naît elle s’accroche au nopal et commence à sucer sa sève. Quand elle est au stade adulte, c’est le mâle qui est beaucoup plus petit et qui a des ailes qui vient la féconder.
Elle vit cachée sous une couche d’une espèce de cire qu’elle produit pour se protéger. Dans la nature, c’est le vent qui les répandent en arrachant parfois des larves de leur feuille.
La cochenille d’élevage est de meilleure qualité, contient plus d’acide carminique, car leurs éleveurs les protègent au maximum et elles produisent moins de cire protectrice. Cette cire pose de petits problèmes lors de la teinture. Donc, moins il y en a, mieux c’est…
D’où vient la cochenille
Elle était à l’origine élevée au Mexique sur les figuiers de barbarie appelés Nopal localement. Le Nopal est une plante très importante au Mexique, non seulement pour la cochenille, mais il sert aussi d’aliment courant sous différentes formes et il est aussi médicinal. Un paysan de La Ligua (Chili) me disait que les vaches aiment bien brouter les Figuiers de Barbarie.
La cochenille est aussi médicinale dans le Nord de l’Argentine, où elle existe encore, mais est très rare. On l’utilise pour des affections respiratoires.
Les peuples originaires du Mexique ont très tôt vu des atouts dans ce petit parasite, qu’il se sont mis à élever pour la jolie teinture rouge carmin qui en est tirée.
Il y a un vocabulaire très ample en Nahuatl et dans les différentes langues indigènes d’Amérique Centrale concernant les variétés de ces insectes sauvages ou élevés, les peintures, les teintures obtenues…
Au Pérou et au Chili
Par la suite les Incas et certainement d’autres peuples précolombiens avant eux, ont collecté, puis élevé la cochenille, que l’on retrouve utilisée dans de nombreux et magnifiques textiles précolombiens.
La qualité des couleurs des textiles des Indigènes surprirent les Espagnols quand ils arrivèrent en Amérique. Outre les richesses métalliques (or, argent, étain…), de nombreuses matières tinctoriales furent l’objet d’une exploitation à outrance provoquent des désastres économiques à leur arrivée en Europe (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). La cochenille en faisait partie, mais aussi le Campeche, le Pau Brasil, le Quebracho…
La cochenille aujourd’hui
J’aurais certainement l’occasion de vous donner plus de détails, quand je pourrais voyager au Mexique prochainement.
Lors de l’IFPECO de Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer un spécialiste de la cochenille. J’irai le visiter dès que possible.
Il y a quelques années, j’avais fait spécialement quelques jours à Moquegua, au Sud du Pérou, pour en acheter. Dans cette zone, la plupart des figuiers de Barbarie sont infestés. Cela se voit depuis le bus.
J’étais passée dans un bureau du Ministère de l’Agriculture, pour savoir où je pourrai en trouver. On m’a demandé combien de tonnes j’en voulais. On m’avait donné quelques adresses pour en acheter au détail.
Lors de ce voyage, en passant en bus à travers un petit village qui s’appelle La Joya (le bijou), j’ai vu des grands tas au bord de la route. Ce n’était pas des tas de sable, mais des tas de cochenille.
Pendant mon dernier voyage au Pérou, fin 2018-début 2019, j’ai voulu en racheter. J’avais plusieurs adresses où en acheter, cette fois-ci, il n’en restait qu’une à Moquegua. À Arequipa, zone de production, je n’ai pas réussi à en acheter.
À La Joya, les tas avaient disparu.
Les prix avait beaucoup augmenté. Maintenant, ils exportent les figues de Barbarie, et pour cela, on ne peut plus laisser se développer les cochenilles, car elles rendent les fruits amers.
Belle couleur et problème écologique
En Europe, la cochenille a été introduite dans les Iles Canaries. Je viens de découvrir qu’elle était entrain de s’étendre maintenant à l’Andalousie et à grand partie du Maghreb où elle pose de sérieux problèmes. Mais, je ne sais pas s’il s’agit d’une espèce tinctoriale qui fait des ravages.
Par curiosité, j’ai gratté un peu,, pour mieux observer.
Dans ce très beau jardin botanique, il y avait toute une série de pieds de nopal de variétés différentes, seul ce pied-là était attaqué.
Je viens d’avoir la confirmation, lors de cette conversation téléphonique, du fait que ces parasites se développaient en Tunisie.
Ce ne serait pas la première fois, à Madagascar, une amie me racontait qu’en 1825 les Français, pendant la colonisation l’avait déjà introduite. Ils ont ainsi gravement accéléré ainsi la désertification, puis elle semble avoir disparue.
Je lisais aussi récemment la relation d’un problème semblable en Australie sur des surfaces encore plus importantes, où les figuiers de Barbarie s’était follement développées.
Comment utiliser la cochenille ?
Elle est généralement vendue sèche. Au Pérou, on peut la trouver fraîche. Mais, je ne l’ai pas testée ainsi.
Je les toujours achetées sèches, au Pérou, pour pouvoir leur faire passer la douane pour rentrer au Chili, et ce non sans difficultés. Bien que cela soit expressement autorisé par un texte du SAG, organisme qui prétendait se les approprier.
Au Chili, il y a eu quelques tentatives avortées d’élevage, notamment dans la région de la Serena, près d’Ovalle et près d’Iquique, dans le Grand Nord chilien, à La Huayca.
Là, on raconté l’histoire de quelqu’un qui avait planté 5000 pieds de Nopal, ou plutôt de Tuna comme on dit au Chili. Pour qu’ils prennent bien, on les avait accompagnés de crottes de chèvres et de mouton comme engrais. Peu de temps après, il avaient 5000 pieds de Tamarugo, sorte d’acacia local, dont les troupeaux avaient mangé les graines. La région s’appelle la Pampa del Tamarugal, le Tamarugo comme tous les acacias a une racine pivotante qui peut plonger sous terre à plus de 40 mètres de profondeur.
Préparation
La plupart du temps, on la broie finement pour qu’elle donne plus de couleur. J’utilise habituellement un moulin à café électrique), on peut aussi utiliser un mortier. En cas d’absence de ces outils, on peut aussi faire comme mon ami M. Hilaire sur cette photo. Cela a très bien fonctionné. C’est minimaliste et efficace.
On peut aussi l’utiliser entière, on perd peut-être un peu de colorant. Mais la laine est plus facile à laver ensuite. En effet, les particules de cochenilles broyées ont tendance à s’accrocher aux poils de la laine et il faut beaucoup de rinçage pour les éliminer.
Pour éviter la perte de colorant, je laisse maintenant ma cochenille tremper à froid avec la laine, pendant plusieurs jours, avant de chauffer le bain.
Les couleurs
La cochenille peut donner une grande variété de couleurs allant du rose au gris, en passant par le violet, le rouge et l’orange, suivant la qualité de l’eau et le (ou les) mordant(s), plus ou moins foncé selon la proportion utilisée.
La teinture à la cochenille est très sensible aux différentes traces de minéraux dans l’eau et au pH (acidité ou basicité de l’eau du bain).
Donc, il faut tout d’abord faire très attention l’eau et à la casserole que l’on va employer:
Si la casserole est en aluminium, elle participera au mordançage (mais attention, l’acide du bain finira par l’attaquer et la percer, cela m’est arrivé plusieurs fois, même sur de grandes casseroles). Il vaut donc mieux utiliser une casserole émaillée (sans défaut, sinon le fer entre en contact avec le bain et le modifie) ou une casserole en acier inoxidable, les casseroles en grès contiennent du fer, puisque l’argile est colorée par le fer. Les casseroles en cuivre modifient aussi la couleur.
L’idéal serait donc d’utiliser de l’eau déminéralisée, l’eau de puits, de rivière, de pluie et du robinet contiennent souvent du fer, de l’aluminium et beaucoup d’autres minéraux.
Quand j’étais à Mamiña, petit village thermal à 120 km à l’est d’Iquique (nord du Chili), j’ai essayé différentes sources avec la cochenille et j’ai ainsi obtenu des résultats différents. J’obtenais des couleurs beaucoup plus vives qu’à Puerto Montt.
Ne pas oublier le mordançage soit à l’alun ou mieux aux tanins, ce qui garantit la solidité de la couleur.
Comme pour toute teinture, il ne faut pas oublier de bien laver les fibres qui arrivent souvent de chez le fabricant avec toutes sortes d’apprêts, de graisses et autres empesages pour la présentation, mais aussi, souvent pour faciliter la filature. Ces produits peuvent nuire à la bonne teinture ou à sa solidité.
Processus
Faire tremper la veille, la cochenille dans le bain (de 5% à 20% du poids des fibres), éventuellement avec les fibres sèches mordancées, pour qu’elle dégage plus de teinture et qu’elle pénêtre mieux dans la fibre (surtout pour la laine).
Mettre à chauffer à feu doux pendant une ou deux heures.
Laisser refroidir, si possible jusqu’au lendemain (très important pour la laine).
Sortir du bain, faire sécher à l’ombre, puis rincer et laver. Ne pas s’étonner s’il sort du jus rose, il faut bien nettoyer les fibres des débris d’insectes qui peuvent s’être accrochés aux fibres. Faire sécher de nouveau à l’ombre.
Les modificateurs doivent donner :
Fer : violet
crème de tartre + rouge, + clair
cuivre : gris
vinaigre : orange
citron : orange ou élimine la teinture
j’ai fait des tests avec beaucoup d’autres modificateurs, à Santa Fe, en Argentine, et nous avons fait des fiches récapitulatives, curieusement, ils n’ont pas eu beaucoup d’effet. Nous n’avions pas travaillé avec de l’eau déminéralisée.
Que faire avec le reste du bain ?
Il peut rester de la couleur dans le bain. On peut l’utiliser de nouveau pour obtenir des couleurs de plus en plus claires, on peut avoir ainsi de très jolis roses et mauves pastel en dégradé.
On peut aussi en faire de la gouache ou de l’aquarelle. Je viens de suivre un cours à ce sujet en Argentine. Ce type de procédé peut servir avec pratiquement n’importe quel reste de teinture.
Malgré son coût, la cochenille peut être bien rentabilisée par les bains successifs pour épuiser le colorant.
Teinture solaire
À Gletterens, en Suisse, j’ai fait des tests de teinture solaire. J’ai donc essayé la cochenille.
Ecoprint
La cochenille est aussi intéressante en ecoprint, elle peut donner des résultats originaux.
Cochenille avec les enfants
On peut tenter une activité très ludique.
Il faut s’armer:
d’un marteau en caoutchouc, de ceux qu’utilisent les carreleurs
d’une toile de fibres naturelles (coton, lin, soie ou laine) mordancée préalablement à l’alun
fleurs, pétales, feuilles
cochenilles entières détrempées quelques jours à l’avance
1 litre de vinaigre ou trempent des clous ou de la ferraille (soupe de clous)
Il faut étaler la toile sur une table. On dispose les feuilles et les pétales de fleurs sur une moitié de la toile, on sème des cochenilles entre les feuilles et les pétales. On plie la toile de manière à recouvrir les pétales et les feuilles.
Puis on martèle la toile avec le marteau.
Après avoir bien martelé, on ouvre la toile. On enlève les feuilles, les pétales et les cochenilles. Si les empreintes vous semblent un peu pâles, trempez la toile dans la soupe de clous. Les couleurs vont s’assombrirent, les taches laissées par les cochenilles deviendront violettes.
Peinture, aquarelle
Avec la cochenille, comme avec n’importe quelle teinture naturelle, on peut extraire les pigments pour en faire des peintures.
J’avais déjà vu et revu les DVD que Michel Garcia a filmé à ce sujet. Il se trouvait que Luciana Marrone, une autre spécialiste des teintures naturelles et notamment de la cochenille proposait un cours dans son atelier à Necochea.
Nous avons extrait les pigments d’un vieux bain de cochenille.
Une fois les pâtes de pigments prêtes, nous les avons testés.
Nous avons sérigraphié des t-shirts, fait des tests avec des tampons. J’ai aussi essayé de peindre sur un morceau de cuir.
Voyage au Mexique
Nous avons déjà vu que le Mexique a été le premier à élever, ou plutôt, éduquer la cochenille, comme on dit au Mexique, bien avant le Pérou. Il existe une plus grande variété au niveau génétique des cochenilles au Mexique qu’au Pérou.
Il n’y a apparemment pas de continuité dans l’éducation au niveau géographique. Cela supposerait une exportation mexicaine précolombienne.
Oaxaca est la principale région de production de la cochenille. Ce sera e but principal de mon voyage. Je nourris beaucoup d’espoir concernant la visite de ce musée.
J’espère pouvoir y voir ce que je n’ai pas vu encore, la culture et la récolte.
Au Mexique, il y a aussi de l’indigo
L’indigo est une teinture avec un procédé bien spécial pour obtenir du bleu. On l’extrait d’un certain nombre de plantes, selon les lieux.
Le climat du Mexique permet la culture de l’Indigo suffructosa, une plante tropicale dont les feuilles possède une grande proportion d’indigo.
Je pense que j’ai beaucoup à apprendre au Mexique sur cette teinture qui me passionne.
Ecoprint – Article mis à jour le 14 octobre 2022 À partir du 11 novembre 2022 au Chili, retour prévu en Europe au printemps 2023 Organisons donc des ateliers! C’est facile Voulez-vous ecoprinter votre jardin? Nous le faisons…
Ecoprint, kezako? Je reviens sur cet article que j’ai publié au tout début de la création de ce blog. C’est un sujet important, et vous avez donc droit à une toute nouvelle version qui va se compléter au fur et à mesure de mes nouvelles expériences.
Pourquoi ecoprint
L’ecoprint n’est pas un “machin” ou “nouveau truc” pour “reverdir” la teinture. Le “greenwashing“, ce n’est pas mon genre.
C’est une technique très économe en matières tinctoriales, quelques feuilles bien choisies suffisent. Alors que normalement, il faut 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres, et une très grande casserole et donc plus de combustible.
C’est une teinture locale, qui varie selon les saisons, un instantané du lieu.
D’autre part, cela permet de changer l’allure d’une manière unique de n’importe quel vêtement usagé, de fibres naturelles, bien sûr. Une nouvelle forme de recyclage.
Depuis mon retour de Madagascar et mon voyage au Brésil, j’ai eu de nouvelles expériences d’ecoprint et je tiens à vous les présenter maintenant.
L’ecoprint, quelle magie!
Un peu de théorie sur cette technique
L’ecoprint est une technique développée par un groupe de designers australiennes à la tête desquelles se trouvent India Flint, Susan Fell McLeanet le groupe Gondwana textiles… J’espère bien pouvoir aller visiter leurs ateliers lors de mon tour du monde…
C’est plutôt une impression qu’une teinture… Le végétal s’imprime essentiellement en surface.
Selon les méthodes et l’épaisseur du support, les empreintes végétales apparaîtront sur une ou deux face, ou éventuellement se répéteront en s’affaiblissant. Les deux faces des feuilles donnent des résultats différents.
Cette technique n’utilise que peu de matériaux végétaux, étalés sur la toile, ou éventuellement sur papier ou carton (c’est aussi possible), enroulés serrés, se mettent à tremper pendant quelques jours, avec ou sans mordants, puis éventuellement chauffés et enfin déballés, laissent différentes empreintes.
On peut obtenir des dessins naturels d’une très grande finesse.
Premiers essais à Santa Fe – Argentina
Nous avons avons fait les premiers essais d’ecoprint, sans grand succès, lors d’une formation que j’avais donnée au Centre Culturel “La Esquina Encendida“. Sans doute le rouleau n’avait pas été assez serré et qu’il n’a pas trempé assez longtemps.
Les tutoriels sur internet ne donnent pas toujours tous les détails, et ceux-ci peuvent être très importants.
Lors d’une seconde formation donnée à Santa Fe, à La Redonda, cette fois, il y avait deux participantes qui pratiquaient déjà couramment cette technique.
Mais ce qui a retenu le plus l’attention du groupe a été une technique assez proche, qui se travaille à froid, avec un marteau à carreler.
Les feuilles fraîches sont glissées entre deux toiles de fibres naturelles, on martèle, puis on enlève les feuilles, on fait tremper les toiles dans un bain de “soupe de clous” (vieux clous + vinaigre = acétate de fer) qui révèle les tanins. Puis, on lave et on rince.
Ecoprint à Madagascar
L’effet est très délicat. Nous avons pratiqué l’ecoprint avec Monsieur Hilaire à Talata, Madagascar. Cette technique nécessite de la patience mais peu de moyens.
India Flint, la précurseur de cette méthode de teinture, raconte dans un de ses livres, qu’elle voyage partout avec sa casserole électrique et des échantillons de textiles naturels, qu’elle teste juste après sa récolte en se promenant dans les rues.
A Talata, nous n’avons utilisé qu’une grande casserole et un petit réchaud traditionnel malgache (fatapera), avec du charbon de bois. Ce petit réchaud est très économique à l’usage et est très léger, fait en tôle recyclée. Je n’ai pas pu résister, je m’en suis achetée un. Chaque pièce teinte est unique, comme chaque feuille l’est dans la nature. C’est la magie de l’ecoprint. Tout doit être testé. Que de surprises!
Certaines feuilles donnent des résultats plus intéressants que les pétales de fleurs. Mais on peut retenir les fleurs d’oeillets d’Inde et de Cosmos Sulfureus (orange), nous avons testés les autres cosmos roses qui infestent les champs, sans résultat. J’ai beaucoup aimé la finesse des aiguilles de pin australiens et les fougères. Les feuilles de rosier et d’eucalyptus ont beaucoup plus à M. Hilaire.
À la suite de cette expérience à Talata Madagascar, j’ai préparé une présentation détaillant tout ce que nous avons fait en presque 15 jours. Cette présentation sera bientôt disponible en téléchargement quand je trouverai la solution informatique.
Atelier Ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin – France
Après mon retour de Madagascar, j’ai rencontré à Loches, une tisserande qui a organisé une petite formation sur le thème de l’ecoprint avec 6 autres personnes à La Chapelle Blanche Saint Martin (Indre et Loire – France) à l’élevage de Chèvres Mohair et Atelier de Brigitte, le dimanche 27 août 2017. J’ai d’ailleurs préparé une autre présentation sur cette journée qui a été très intéressante.
Ecoprint à Andacollo – Chili
Puis en février 2018, je suis allée donner un cours privé à un couple, près de La Serena, à 400 km au Nord de Santiago du Chili, ou après avoir teint de nombreuses laines et rubans de laine cardées avec les plantes de la propriété, nous avons estampé une écharpe de soie malgache (de Monsieur Hilaire) en ecoprint. Le résultat a beaucoup plu.
J’attends des nouvelles de mon amie qui doit lancer prochainement sa marque de vêtements et accessoires en fibres naturelles…
Au Chili, j’ai tissé un chemin de table avec le métier Tissanova et préparé quelques écharpes en laine feutré que je vais teindre en ecoprint, prochainement.
Récemment, en novembre 2019, nous avons faits de nouveaux tests, sans mordants (l’alun avait disparu de la maison), nous avons utilisés les tanins des écorces de grenades comme mordant.
Lors de mon dernier voyage au Pérou, j’ai rencontré un couple d’artisans à Cajamarca et nous avons fait un petit essai, sur coton.
Segundo est tisserand sur métier à pédales, il perpétue les points traditionnels péruviens et il est aussi professeur de tissage et de teinture.
Qu’avons nous fait ?
J’ai acheté un morceau de toile de coton léger, nous l’avons découpé en bandes. Nous les avons fait bouillir avec de la lessive, pour enlever l’apprêt, vu qu’il s’agissait d’une toile neuve.
Toutes les toiles neuves sont impregnées de nombreuses substances, d’abord pour faciliter la filature et le tissage, puis pour une meilleure tenue du tissu et éventuellement pour imperméabiliser ou apporter d’autres propriétés… Ces apprêts chimiques rendent plus difficile la teinture. Le débouillissage est donc absolument nécessaire.
Puis, nous avons présenté les plantes (schinus molle, sauge, et une plante de couleur pourpre qui avait attiré l’attention de mon ami…). Ces plantes sont disponibles en pleine ville. Nous avons trempé certaines plantes dans un bain de sulfate de cuivre et d’autres dans un bain de pierre d’alun. Nous n’avions pas de sulfate de fer, ni de “soupe de clous“.
Nous avons fait les petits rouleaux d’ecoprint et les avons laissé tremper jusqu’au lendemain.
Alors, nous les avons fait bouillir dans une casserole en aluminium que mes amis utilisent pour teindre. Le lendemain, nous avons défait les rouleaux, enlevé les plantes et rincé les toiles.
Résultat
Le résultat n’a pas été merveilleux, mais on voyait tout de même les feuilles de schinus molle imprimées en jaune. Peut-être aurions-nous dû faire sécher les toiles avant de préparer les rouleaux? Ou bien laisser tremper une nuit avant de faire chauffer.
Je préfère, en général, utiliser les vieilles feuilles, parfois blessées, trouées, dévorées par les insectes ou les limaces. Elles auront certainement plus de tanins et manqueront moins à la plantes que les jeunes pousses gorgées de sève.
Comme toujours. la saison de récolte influence le résultat.
Le coton est toujours plus difficile à teindre que la soie ou la laine. Peut-être que la toile n’était pas 100% naturelle. Les toiles de fibres naturelles pures deviennent rares.
Ecoprint au Brésil
Je suis partie pour le Brésil à l’aventure, je n’ai donc pris que peu de bagages.
J’ai alors acheté des vêtements d’occasion en coton qui m’ont servis de matière première pour mes essais.
Mon amie Iafa était très tentée par les fleurs multicolores, il y en a de vraiment très belles et partout. Je l’ai laissée faire. Le résultat était un peu pâle et s’est malheureusement décoloré au bout d’à peine quelques jours, bien que le vêtement avait séché à l’ombre.
Nous avons testé l’eau de mer, l’eau de la rivière, enterré des rouleaux sous le sable humide, d’autres dans une serre improvisés qui attiraient l’attention d’Ureba, le vautour apprivoisé très joueur… Beaucoup d’expériences…
Nous avons travaillé avec des fibres végétales, vêtements de seconde main, en coton généralement. On pouvait donc considérer que les apprêts avaient dû avoir été éliminés lors des lavages précédents. Cela explique peut-être les résultats un peu décevants à côté des expériences sur soie.
Ce qui a donné les meilleurs résultats ont été les feuilles de goyavier, de framboisiers, de fougères…
Les grosses taches rosées proviennent de tranches d’une patate douce non comestible, mais médicinale, utilisée comme antifongique.
Ecoprint en Suisse
J’ai recommencé en Suisse au Village Lacustre de Gletterens. Dans mon article consacré à cette expérience, vous pourrez voir des ecoprint pour personnaliser de vieux vêtements.
Dernières expériences
Lors des derniers mois, j’ai accumulé les vieux draps, vêtements d’occasion en coton et lin, vieille toile de matelas et même quelques coupons de soie.
Quand je suis allée passer mon diplôme en VAE, à Paris, je n’ai pas pu visiter de musées pour cause de virus. Quel dommage! Alors, je me suis acheté deux coupons de soie.
Si vous cherchez des toiles bio, voici un contact pour commander par internet.
Ecoprint sur os
De retour à Gletterens, cet ´eté, j’ai découvert un livre de teintures naturelles, en allemand, qui proposait de faire de l’écoprint sur ciment.
J’ai testé sur du bois et sur des galets avec un résultat plutôt mitigé.
Mais, comme l’os était une matière première très appréciée dans les temps anciens, j’ai eu l’idée de faire quelques tests sur de l’os.
Je suis repassée au Village Lacustre de Glettterens quelques mois après, un ´echantillon de ces écoprint sur os était resté à l’intempérie et ne montrait pas de marques de détérioration.
Tour du monde des teintures
Lors de mes prochains voyages, j’espère bien pouvoir avoir de nouvelles expériences avec cette technique. Je ne manquerai pas l’occasion de vous en parler. Cet article devrait donc être suivi régulièrement pour être au courant des nouveautés.
Elle reflète parfaitement la végétation locale dont elle révèle toute la richesse parfois cachée et s’adapte facilement, car elle ne nécessite que peu de matériel.
Chaque pièce est unique, comme chaque feuille, écorce, racine… ces végétaux ne peux pas être réutilisés, sauf en compost.
Comme, vous avez pu le voir, cette technique ne nécessite que très peu de matériel. On peut la combiner avec des techniques de shibori. Elle est très versatile et permet de découvrir les couleurs que peut donner n’importe quelle plante.
Voici, un vrai plaisir, un élément à développer dans mon Ikigai et peut-être dans le vôtre aussi.
/// Les mordants, cela ne mord pas /// Article créé le 22 juillet 2017, mis à jour le 31 mars 2024 Retour au Chili le 15 novembre 2024 Organisons donc des ateliers! C’est facile +33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com
Que sont les mordants?
Les mordants sont des produits que l’on ajoute à la teinture, soit avant de teindre (prémordançage), pendant la teinture, ou après (postmordançage) pour assurer la solidité de la teinture.
En général, ce processus modifie la couleur. Cependant, il est souvent indispensable pour fixer la couleur en provocant des réactions chimiques qui unissent les colorants à la fibre.
L’emploi des mordants n’est cependant pas systématique.
Certaines plantes peuvent colorer sans teindre définitivement (betterave rouge, plantes à anthocyane…). Dans ce cas, les mordants ne sont d’aucun secours. Ces teintures peuvent servir en alimentaire ou en cosmétiques, mais certainement pas pour les textiles.
Un peu d’histoire des mordants
Des tablettes sumériennes, écrite en cunéiforme, mentionne déjà des recettes de teinture avec notamment l’emploi d’alun.
En outre, déjà au XIIIème siècle, à Gênes et à Venise, en Italie des règlements classifiaient les plantes tinctoriales et faisaient la distinction entre plantes grand teint et plantes petit teint.
Au XVIIIème siècle, de nombreux chercheurs teinturiers et chimistes de renom ont fait des recherches pour améliorer la solidité des teintures et innover en ce qui concerne les mordants. Ils ont préparé des nuanciers très détaillés avec des échantillons. Domique Cardon en parle dans ses livres. Elle vient d’en publier un nouveau.
Prémordançage
Le prémordançage consiste à faire bouillir quelques heures les fibres avec le mordant, avant de les mettre dans le bain de teinture, si possible encore humides. Cette pratique permet d’attirer les fines particules de colorants naturels vers l’intérieur de la fibre où elles se fixent solidement.
Cette étape est donc cruciale. Donc, elle ne doit pas être prise à la légère pour une bonne formation et un bon résultat. C’est un temps de travail que l’on ne peut pas éliminer pour faire un cours en 3 heures1, le rêve de beaucoup. Tout n’est heureusement pas instagramable!
Il ne faut pas oublier d’éviter les chocs thermiques pour les laines. En effet, si l’eau vient à manquer dans la casserole lors du mordançage ou de la teinture, il faut rajouter de l’eau bouillante.
Découvrons les différents mordants
Les mordants sont des sels minéraux qui modifient le pH du bain de teinture:
alun de potassium
sulfate de fer
sulfate de cuivre
crème de tartre
oxalate de titane
D’abord l’alun
L’alunest un sulfate double d’aluminium et de potassium. Cela ressemble vaguement à des cristaux de sel. Ce produit est très largement utilisé comme antifloculant dans la potabilisation de l’eau.
Il est connu comme désodorant, cependant je ne le conseillerai pas pour cet usage, vu que l’aluminium semble être impliqué dans de nombreuses maladies. Il était anciennement utilisé au Chili par les militaires pour faire baisser l’ardeur sexuelle de leurs recrues.
Pourquoi mordancer?
Le mordançage à l’alun est incontournable car il fait apparaître beaucoup de tons jaunes qui sinon resteraient cachés ou très pâles. Il est indispensable pour la cochenillequi ne se maintiendrait pas sans cela.
Si la couleur obtenue n’est pas à notre goût, il est toujours temps de faire un post-mordançage, en ajoutant un peu de mordant ou un modificateur à la fin de la teinture. En teinture naturelle, rien n’est définitif.
Michel Garcia fait de nombreuses démonstrations des gammes de couleurs que l’on peut obtenir grâce aux mordants, en faisant varier leurs proportions, en les mélangeant. Ses DVD sont passionnants. Je ne touche pas de commissions, mais ils méritent vraiment que je les recommande.
Nous avons appliqué ces techniques lors d’un atelier que j’ai dirigé à La Redonda, Santa Fe, Argentine.
Si la laine, la soie et les fibres protéiques ne donnent souvent pas l’impression que le mordançage soit nécessaire (au détriment de la solidité – c’est souvent très trompeur). Cependant, il devient absolument indispensable dans le cas des fibres cellulosiques (végétales) qui attrapent beaucoup moins facilement les couleurs. Sauf cas des tanins qui agissent comme des mordants.
Précautions
J’insiste sur le fait qu’il ne faut surtout pas oublier de laver soigneusement les fibres avant le mordançage. En outre, il faut aussi débouillir les fibres végétales, en les faisant bouillir assez longuement avec du savon. Puis bien rincer.
Il s’agit d’éliminer les graisses d’ensimage utilisées lors de la filature et aussi les différents apprêts et charges appliqués lors du tissage et de la mise en forme industriels de la toile. Lors de ces étapes sont souvent appliqués des huiles, sucres, amidons, plâtres, craie, azurants… soit pour faciliter le tissage, soit pour donner la tenue à la toile, ou pour la blanchir. Si ces ajoûts ne sont pas éliminés, ils attireront les mordants et les teintures et ces derniers partiront au fur et à mesure des lavages (parfois, même d`es le premier lavage) en emportant les colorants.
Éliminer cette étape nuirait gravement à la qualité et à la solidité de la teinture.
Un peu d’histoire
L’alun naturel a été exploité depuis la très haute antiquité, notamment en Egypte où des gisements naturel de minerai d’alun étaient exploités en plein désert (Voir Dominique Cardon). Il semblerait que la recherche du maintien de l’accès aux sources de l’alun (situées à l’époque en Orient) ait été une des raisons économiques des grandes croisades. Par la suite, on a découvert des gisements dans une zone volcanique près de Naples, en Italie. Cet alun s’appelait « l’alun du Pape« .
Le fer
Nous avons trois solutions: une rapide, une plus économique et une plus difficile d’accès pour ceux qui connaissent leur terroir.
Certaines eaux sont riches en fer, comme d’autres peuvent l’être en calcaire. Cela explique que certaines couleurs sortent plus vives à certains endroits. On trouve ici une des raisons de la recommandation d’utiliser, si possible, des eaux de pluie pour teindre.
Sulfate de fer
Le sulfate de fer s’achète en quincaillerie ou en jardinerie. On l’utilise notamment contre les limaces et les mousses. Ce sont des cristaux vert clair.
On doit en utiliser très peu, en principe moins de 3% du poids des fibres.
Il s’utilise le plus souvent en post-mordançage. Il obscurcit très rapidement les couleurs en les faisant virer généralement vers les gris et les verts bronze ou olive. La cochenille passe du rose-rouge au violet, elle est très sensible au fer.
Le changement de couleur est irréversible. Si l’on a des doutes, mieux vaut faire le test sur un échantillon.
Si l’on travaille avec un récipient en fer, le mordançage se fera automatiquement, mais peut-être irrégulièrement.
Cependant, il faut rincer abondamment les fibres après mordançage au fer, car le fer rend les fibres rêches et les fragilise. De nombreux textiles historiques mordancés au fer posent des casse-têtes aux archéologues et aux restaurateurs.
Dans les recettes anciennes, on l’appelle « couperose verte » ou « vitriol vert« . C’était très utilisé dans les encres pour les manuscrits.
Soupe de clous
La Soupe de Clous est une alternative un peu plus douce. Il s’agit en fait d’acétate de fer.
C’est très simple, on fait tremper de la ferraille, de vieux clous, dans du vinaigre (acide acétique) dans un récipient non fermé. La reáction dégage des petites bulles d’hydrogène. Après quelques jours, on récupère le jus pour mordancer.
Autre solution, plus douce, mais sans doute plus difficile à trouver, utiliser des boues de sources en forêt qui combinent des sels de fer et des tanins provenant des déchets des arbres.
Ces boues sont encore couramment utilisées par les femmes qui filent la laine dans le sud du Chili. En Afrique, elles sont indispensables aux bogolans.
Certaines eaux naturellement chargées en fer modifieront aussi les teintes obtenues.
Activité
Le cuivre
Encore un sulfate, celui-ci est encore toléré en agriculture, même bio. C’est l’un des composants de la fameuse bouillie bordelaise.
Le sulfate de cuivre s’utilise aussi comme anti-algue pour les piscines et pour des traitement du bois.
On peut donc l’acheter en quincaillerie ou en jardinerie.
Ce sont de très jolis cristaux bleu, qui perdent leur couleur quand on les dilue dans l’eau.
Comme tous les dérivés du cuivre, ce produit est toxique et de nombreux teinturiers ne veulent plus l’utiliser. D’ailleurs, selon mes expériences, il ne fonctionne pas toujours.
Si l’on travaille avec un récipient en cuivre, le mordançage se fera automatiquement comme pour le fer.
C’est plutôt un modificateur, car il verdit les jaunes, les beiges et grise la cochenille.
Dans les vieilles recettes, il est appelé « couperose bleue » ou « vitriol bleu« .
L’oxalate de titane
C’est la grande nouveauté!
Je l’ai découvert en regardant le troisième DVD de Michel Garcia. Il permet d’obtenir de très beaux orangés avec les tanins.
J’ai récemment eu l’occasion de le tester, c’est vraiment très beau. J’en suis très contente. Je vous le recommande chaudement.
La crème de tartre
La crème de tartre s’utilise en très petites quantités pour rectifier l’eau du bain qui peut être très calcaire (ce qui nuit à la teinture) et elle permet aussi d’empêcher l’alun de précipiter au fonds de la casserole et de cristaliser sur les fibres, ce qui les détériore.
En outre, la crème de tartre est inoffensive, elle était extraite des fonds de tonneaux de vin. Elle est actuellement utilisée en pâtisserie. Unie au bicarbonate, c’est l’un des composants de la levure chimique. Je l’achète dans les boutiques de produits pour pâtissiers.
S’utilise en très petites quantités, en particulier pour la cochenille.
Les autres mordants chimiques
Anciennement étaient abondamment utilisés aussi:
le bichromate de potassium pour le noir de bois de Campêche, notamment. C’est un produit photosensible, utilisé pour les résines jaunes pour préparer les cadres de sérigraphie. Il faut donc garder les fibres mordanc´ees au chrome à l’abris de la lumière. Il rend les fibres rèches et cassantes. Le chrome est cancérigène.
le chlorure d’étain pour les rouges orangés de cochenille, il est très onéreux. Il servait anciennement pour la fabrication des miroirs. Primo Levi en parle dans l’une de ses nouvelles.
des sels d’arsenic, de plomb…
Tous ces produits sont bien sûr à bannir pour leur toxicité. D’ailleurs l’aluminium (de l’alun) et le cuivre ne sont pas sans danger. Le fer est à employer avec parcimonie car il rend les fibres rêches et elles se dégradent avec le temps.
Mordants naturels, mordant d’avenir
Les tanins
Ces mordants ne sont pas nécessaires avec les plantes qui contiennent des tanins, beaucoup de feuilles, d’écorces d’arbre, les fruits pas mûrs, les rumex, l’écorce de grenade, le brou de noix, les noix de galles, les pelures d’oignons…
Récemment, j’ai fait un test chez une amie, l’alun avait mystérieusement disparu, nous avons ramassé les écorces de grenades sous ses arbres et nous les avons utilisées comme source de tanins.
Certains parlent des épluchures de bananes. C’est assez économique, encore qu’il vaut mieux chercher des bananes bio quand on sait la quantité de pesticides utilisés dans la culture de ce fruit. Je n’ai pas de photo à vous montrer car je n’ai pas encore testé.
Plantes bioaccumulatrices
Il existe aussi des plantes à mordants, en général des plantes bioaccumulatrices qui récupèrent l’aluminium des sols: lycopodes (rare en Europe, lycopodium clavata, miconia argentea, qui poussent sur des sols acides), simplocos (feuilles), camélia (même le thé), le vinaigre de pommes est connu pour être plus chargé en aluminum…
À Puerto Montt, j’ai souvent teint au vinaigre de pommes, résultat de « chicha« , cidre qui avait viré… J’avais ramené plusieurs bonbonnes de 5 litres d’une visite chez une amie à l’île Maillen.
Il faut bien sûr utiliser une plus grande proportion de ces plantes (en général parties égales) pour obtenir l’équivalent d’un mordançage à l’alun. Mais, la solidité de la teinture est bien meilleure.
Celestina Stramigioli mentionne dans ses livres l’utilisation des cendres de certaines plantes notamment des cactus. Elle décrit les techniques anciennes encore utilisées par des femmes de zones très rurales d’Argentine où l’alun est rare et cher. Il est à noter que l’opération a une importance telle, que ces femmes ont inventé un terme spécifique pour cette opération.
Dans de nombreux endroits, notamment dans le sud du Chili, beaucoup de teinturières utilisent encore régulièrement des sources de boues qui contiennent sans doute du fer et d’autres minéraux (c’est une zone volcanique et les volcans relachent de grandes quantités de minéraux, des plus nobles aux plus dangereux).
Les modificateurs
Outre les cendres, de nombreuses traditions populaires utilisent le vinaigre, le jus de citron (qui peuvent renforcer l’action des tanins ou éclaircir les couleurs), l’amoniac, le bicarbonate, la soude, mais aussi l’urine, à mon avis ce sont plutôt des modificateurs et nous les avons testés, lors des deux ateliers à Santa Fe, Argentine, puis plus en détail, lors de la formation à Pica (Chili) où j’ai préparé une série de fiches qui m’ont été très utiles par la suite.
Les plantes qui ne nécessitent pas de mordants
Dans beaucoup d’endroit où l’alun n’est pas disponible ou trop cher, on a recours à des mélanges de plantes qui apportent soit des tanins, soit des sels d’aluminium. Ces méthodes me paraissent plus écologiques. Elles nécessitent une bonne connaissance des plantes.
Un certain nombre de plantes (en général à tanins) ne nécessitent pas de mordants :
noyer (feuilles, brou, écorces…)
écorces d’arbre en général
sciures de bois
feuilles gallées ou attaquées par des insectes
peaux d’oignons, épluchures et noyaux d’avocats
glands, fruits d’aulnes
noyaux de fruits (pêches, mangues, abricots, avocats…), coquilles de noix, noisettes, amandes, bogues de châtaignes et de marrons…
rumex
feuilles de chênes, chataigniers, marroniers, avocatiers…
Plantes à teinture substantive
Il existe quelques teintures dites “substantives” qui ne contiennent pas de tanins mais ne nécessitent pas de mordants.
Par exemple: le curcuma. Il n’est malheureusement pas stable à la lumière, ni aux acides et aux produits alcalins. C’est un cas typique de “petit teint“.
Indigo
La teinture à l’indigo est un procédé bien spécial et ne necessite pas de mordants.
Si l’on veut combiner un bain d’indigo avec un bain de jaune, pour obtenir un vert franc, on doit cependant mordancer le bain de jaune pour qu’il se fixe correctement. Il en est de même pour les combinaison avec des bains de rouge de garance ou de cochenille.
Solidité
Pour vérifier la solidité d’une teinture à la lumière:
Enrouler un morceau de fil teint (en faisant plusieurs tours) sur un carton,
En protéger la moitié avec un morceau de carton noir, bien fixé,
Exposer au soleil plusieurs jours, si possible un mois, ou à une lumière à rayons ultraviolets pendant quelques heures,
A la fin de l’expérience, défaire la protection et comparer les résultats
Conclusion
Le mordançage est donc un processus très important dans la teinture, bien qu’il ne semble pas toujours visible. Tous les bons livres de teintures naturelles y consacrent de nombreuses pages avant de présenter les recettes, il ne faut donc surtout pas négliger cette étape.
Il ne faut donc pas oublier que toute bonne formation en teintures naturelles doit donner une grande importance à cette étape indispensable bien que peu visible.
Je ne donne pas ce genre de cours, trop superficiel et trompeur. Mes cours doivent comprendre au moins 5 jours pour bien explorer tous les détails qui permettent d’obtenir de bonnes teintures.↩︎
Teindre avec des plantes – Article mis à jour le 24 janvier 2020 Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre Organisons donc des ateliers! C’est facile
Cet article est un des premiers de ce blog, c’est comme un apéritif, comme chaque étape doit être commentée assez longuement. Ces techniques sont commentées en détails dans différents articles. Il s’agit là du tronc de l’arbre. Je vous invite à en connaître aussi les racines, les branches, les fleurs et les fruits… Et à côté de cet arbre, il peut y avoir une forêt…
Comment obtenir les plantes ?
Les plantes, cela peut paraître rare quand on vit en ville, cela peut sembler un peu compliqué, mais il y a toujours des solutions. En regardant bien, on finit par en trouver partout. Il suffit de chercher un peu. Nous pouvons trouver des plantes à teindre, même dans des régions désertiques. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller dans des zones polaires, mais même dans ces conditions difficiles, les hommes ont trouvé des teintures…
Selon le type de plantes on va plutôt utiliser une partie qu’une autre. Pour certaines plantes la partie la plus intéressante sera la racine (par exemple la garance et les rubiacées). Dans ce cas-là, il est impératif de ne pas choisir une plante rare, car sans racines la plante risque de mourir.
Il ne s’agit pas d’exterminer des plantes pour teindre naturellement, ce serait absurde!
C’est la raison pour laquelle la garance était cultivée en très grandes quantités jusqu’à l’apparition de l’alizarine artificielle. D’autant plus que celle-ci ne donne le maximum de pigments qu’à partir de la cinquième année.
La gaude couvrait des milliers d’hectares pour la teinture en jaune, bien que de nombreuses plantes sauvages en donnent aussi. Le pastel, plante à indigo européenne, a permis la création de très nombreuses fortunes.
Les plantes sauvages
Pas toujours besoin d’aller à la campagne pour trouver des plantes tinctoriales, de nombreuses “mauvaise herbes“, souvent méconnues, parfois invasives, peuvent nous être utiles…
Ainsi, en ville, la renouée du Japon, le buddleia, le plantin, l’érigeron du Canada… peuvent nous servir. Il suffit parfois de tester pour faire de grandes découvertes…
En forêt, la fougère peut être très intéressante, surtout en ecoprint.
Les écorces sont souvent intéressantes car elles contiennent en général des tanins qui sont toujours utiles. Cependant, il ne faut pas oublier qu’arracher l’écorce à un arbre le fait souffrir, l’affaiblit et peut le mettre en danger. Mieux vaut profiter des écorces déjà tombées, ou celles qui se détachent toutes seules, comme celles de l’eucalyptus qui donnent de très bons résultats.
Pour beaucoup de plantes, on peut utiliser les feuilles (même et surtout mortes), pour d’autres les fleurs ou éventuellement seulement les pétales (tournesol, par exemple, récolter les pétales au fur et à mesure qu’ils sèchent n’empêche pas qu’il produise des graines). Mais les fleurs sont longues à récolter, il en faut beaucoup (3 fois le poids des fibres) et le résultat peut être parfois décevant, même en ecoprint.
On peut aussi utiliser de la sciure, en général, les bois contiennent des tanins et on peut obtenir de très agréables surprises.
L’idéal est donc d’utiliser la biomasse due aux tailles, élagages et arrachages. Les déchets des jardiniers qui ne compostent pas sont très utiles. Nous avons travaillé avec beaucoup de ces déchets, trouvés souvent dans la rue en pleine ville àLa Redonda, à Santa Fe, Argentine. En plein centre d’Iquique (ville en plein désert), j’avais ainsi essayé le Bougainvillier qu’avait taillé un voisin, cela m’a donné du jaune.
Il faut aussi voir les déchets de légumes, on peut en obtenir de grandes quantités à la fin des marchés, chez les marchands de légumes ou même auprès des restaurant. On peut ainsi récupérer les restes de thé, le marc de café, les fanes de carottes, les peaux d’oignons, les restes d’artichauts…
C’est comme cela que j’ai pu obtenir du jaune avec des bouquets de coriandre fanés chez mon ami Angel à Puerto Montt. Là-bas j’ai aussi obtenu de pleins sacs de peaux d’oignons qui teignent si joliement.
A Iquique, j’avais aussi récupéré les noyaux de mangues dans un bar à jus de fruits et j’ai obtenu un très joli jaune-saumon.
Les fleuristes jettent aussi souvent des fleurs fanées, des déchets de feuilles… Tout cela doit être exploité, il n’y a pas de honte à cela. C’est du recyclage.
Que doit-on faire avec les plantes?
Maintenant que l’on a les plantes, l’idéal est de les faire tremper pendant au moins une nuit (plusieurs, si possible) avec de l’eau froide à température ambiante dans un grand seau ou la casserole que l’on va utiliser pour teindre (elle ne servira plus pour la cuisine!).
Plus la casserole est grande, mieux c’est. Et plus cela trempe longtemps, plus les plantes libèreront de pigments.
Il ne faut pas oublier la proportion : 3 parties de plantes pour 1 partie de fibres. Cette proportion peut varier selon les plantes, si elles sont sèches, on peut en mettre moins… Car il faut en tenir compte pour le choix de la casserole.
Enfin, plus les plantes sont réduites en petits fragments, plus elles donneront de la couleur.
Le mordançage et la préparation
Si on doit mordancer, ce qui est souvent indispensable (voir l’article sur les mordants), il vaut mieux le faire la veille aussi et garder les fibres humides.
Laisser les fibres à tremper dans le bain de teinture avec les plantes (parfois il convient de mettre les plantes à tremper à l’intérieur d’un sac en toile fine, prévu à cet effet, pour éviter qu’elles s’emmêlent avec les fibres).
Chauffer et laisser refroidir
Mettre à chauffer pendant quelques heures. Si le bain s’épuise, il convient de rajouter de l’eau à la même température, pour éviter les chocs thermiques qui feutrent les laines.
Une fois la teinture obtenue, le mieux est de laisser refroidir tranquillement dans son bain, moi je laisse en général refroidir toute la nuit. La teinture pénêtre ainsi plus profondément dans les fibres et sera donc plus saturée et plus solide, plus stable.
Maintenant que le bain a refroidi, on sort les fibres. L’idéal de mettre à sècher avant de rincer, à l’ombre. Certaines réactions chimiques interviennent au contact de l’oxigène de l’air.
Puis laver. Si on a utiliser du mordant au fer dans le bain, il est alors indispensable de très bien rincer avant de sécher.
Quand les fibres auront été lavées et séchées, toujours à l’ombre. Elles sont prêtes à l’emploi.
Vous avez fini! Ce n’est pas difficile, c’est magique…
Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!