Au bout de mon âge

/// Au bout de mon âge ///
Article du 11 mai 2024, modifi´é le 13 mai 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

Une de mes passions est la poésie et j’y reviens régulièrement par mes temps de doutes, et qui ne doute pas ? Surtout par les temps qui courent. Il m’arrive de semer des poèmes dans mes articles. Il sont pour moi une source d’espoir, de créativité et d’encouragement à poursuivre mes démarches.

À l’approche de mon 63ème anniversaire, ce matin, ce poème de Louis Aragon chanté par Jean Ferrat que j’ai écouté maintes fois dans ma jeunesse m’est revenu à l’esprit.

Il ne parle pas de teintures, assez peu de la nature, mais surtout de la nature humaine… et c’est beau !

Le poème

Je viens de passer quelques heures sur internet pour essayer de retrouver le titre du livre, dont est extrait ce poème. En effet, Louis Aragon a écrit beaucoup de poésies, et je n’ai pas ses œuvres complètes sous la main.

Vu que tout est fait pour nous encourager à tester les fameuses Intelligences Artificielles qui sont censées nous aider dans la rédaction. Je me suis proposée de tester celle qui est le plus en vue ces derniers temps.

Celle-ci m’affirme d’abord que c’est de Paul Verlaine, puis comme j’exprime mes doutes, elle m’affirme qu’elle s’est trompée et que c’est de Léo Ferré ! Elle était supposée me simplifier la vie.

Un maître des arts martiaux et philosophe japonais, Itsuo Tsuda, disait qu’il ne faut surtout pas prendre de raccourci. Il avait raison.

J’ai le plaisir de joindre ici le PDF de notre conversation.

Ce n’est pas très encourageant.

À force de recherches, je trouve un site qui mentionne « Le voyage en Hollande ».1 Ce n’est pas son livre le plus connu, mais tout de même.

Je retrouve ce livre, et dedans, ce beau poème. J’ai une belle surprise. En réalité, il est beaucoup plus long, le refrain de la chanson est une simple strophe.

Cela donne envie d’aller vérifier les autres poèmes qu’a chanté Jean Ferrat.

Paroles de la version chantée

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé


Je me sens pareil
Au premier lourdeau
Qu’encore émerveille
Le chant des oiseaux

Les gens de ma sorte
Il en est beaucoup
Savent-ils qu’ils portent
Une pierre au cou

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Pour eux les miroirs
C’est le plus souvent
Sans même s’y voir
Qu’ils passent devant

Ils n’ont pas le sens
De ce qu’est leur vie
C’est une innocence
Que je leur envie

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Tant pour le plaisir
Que la poésie
Je croyais choisir
Et j’étais choisi

Je me croyais libre
Sur un fil d’acier
Quand tout équilibre
Vient du balancier

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Il m’a fallu naître
Et mourir s’en suit
J’étais fait pour n’être
Que ce que je suis

Une saison d’homme
Entre deux marées
Quelque chose comme
Un chant égaré

Au bout de mon âge
Qu’aurais-je trouvé
Vivre est un village
Où j’ai mal rêvé

Louis Aragon

J’ai une pensée pour ceux qui ne comprennent pas le français, ce sera l’occasion de tester les traducteurs automatiques… car la poésie est toujours difficile à traduire. Celle de Louis Aragon semble facile, mais elle est en réalité très recherchée, montrant toute la richesse de la langue française.

Ce texte est un peu triste, mais je persiste à vouloir bien rêver et cela sainement.

« Pour eux les miroirs
C’est le plus souvent
Sans même s’y voir
Qu’ils passent devant 
»

Cette strophe, semble me refléter. Pourquoi devrais-je m’arrêter devant les miroirs?, si :

« Il m’a fallu naître
Et mourir s’en suit
J’étais fait pour n’être
Que ce que je suis 
»

La chanson

Nombreux sont les sites indiqués pour cette chanson, certains donnent même les accords pour la jouer à la guitare.

Je vous donne le lien du site qui a eu la bonne idée de me mettre sur la piste du livre d’origine.

J’ai pris le temps de lire les biographies de Louis Aragon et de Jean Ferrat sur Wikipedia.

Réflexion positive – Au bout de mon âge

Au moment où j’essaie à distance de faire mes démarches pour ma retraite française qui n’atteindra pas les 350 Euros, je me forme encore et cherche un travail complémentaire. On est loin de la “Douce France” de Charles Trenet2.

Et ce n’est pas encore assuré. Il faudrait encore que j’arrive à me procurer le livret de famille où figurent mes deux enfants. Depuis le Chili, c’est plutôt compliqué. De plus, pour la CIPAV (10 années de cotisations lourdes), il faut être en France pour faire valoir mes droits. Il ne faut pas compter sur le Consulat.

En attendant, il va falloir trouver une ou plutôt des solutions complémentaires.

Des conférences, pourquoi pas ?

J’ai déjà partagé plus d’une fois, mes pratiques tinctoriales, notamment lors des congrès de teintures naturelles auxquels j’ai participé.

Je vous donne ici les liens pour les fichiers Powerpoint des présentations à ces congrès:

Des expositions

J’ai suffisamment de matériel et de compétences pour organiser des expositions. J’en ai fait une à la médiathèque de Loches, en France, en 2010.

Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Les panneaux provenaient de l’Association Couleur Garance, mais je suis mantenant en condition de produire les miens sur la base de mes expériences. En outre, j’ai travaillé de nombreuses années dans le domaine de la Publication Assist´ee par Ordinateur (aussi bien en français qu’en espagnol).

Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, pochoir sur feutre, teinture à l'eucaplitus, au bout de mon âge
Exposition à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, pochoir sur feutre, teinture à l’eucaplitus

À la suite de ma participation au Congrès de teintures naturelles à Kuching, Malaisie, nous avons organisé à la médiathèque de Loches, France, un atelier de démonstration pratique de teintures naturelles, avec des enfants.

Atelier d'initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Atelier d’initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Atelier d'initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012, au bout de mon âge
Atelier d’initiation à la teinture naturelle à la médiath`èque de Loches, France, en 2012

Il y en aussi eu à Iquique, au Nord du Chili. Pourquoi ne pas recommencer ailleurs?

Expo-vente avec plusieurs artisanes à Iquique, au bout de mon âge
Expo-vente avec plusieurs artisanes à Iquique

Des formations

Je reviens à la charge, en effet, c’est encore et toujours, le meilleur moyen de partager une technique, car cela implique une participation.

Le but est de vous rendre indépendant par la pratique, dès le départ… « C’est en forgeant que l’on devient forgeron ». Ne faîtes pas confiances aux IA dans ce domaine. Mieux vaut une formation vraiment humaine. L’artisanat, la teinture, le tissage, c’est vraiment du réel, cela doit encore se faire avec les mains… et cela ne s’improvise pas.

Cela vaut autant pour les enfants que pour ceux qui arrivent au bout de leur âge… qui comme moi continuent à se former en permanence. N’attendons pas l’après ci ou cela…

Un livre, au bout de mon âge

J’aime tant les livres, il est certainement temps d’écrire les miens.

Pour le moment, je pense plutôt à un e-book sur ma technique préférée actuelle, «anillado», elle sera la vedette d’un prochain article sur www.lanitando.com

Il paraît que c’est ce qu’on appelle des revenus passifs. Êtes-vous intéressés ?

Des créations à la demande ?

Une amie m’avait conseillée de m’acheter un rouet et de proposer de filer la laine de vos moutons… J’ai acheté un beau petit rouet électrique, léger, idéal pour voyager. Cet appareil a d’ailleurs déjà voyagé. Il file fin et en silence.

Il attend vos besoins de laines et autres fibres…

Justement, au bout de mon âge, je file du poil de chien
Justement, au bout de mon âge, je file du poil de chien

En attendant, je file un peu de poil de chien Akita. C’est très lent, car leur pelage est court.

Et voici le producteur de poils
Et voici le producteur de poils, il appartient à un artisan d’Angelmó, Pueerto Montt, Sud du Chili

Cela pourrait aussi être des tricots, des tapisseries ou des bijoux textiles… à la demande.

Au bout de mon âge, que devrais-je faire?

Je voyage toujours trop chargée, l’idéal serait de travailler sur commande, comme mon père qui était géomètre. Il se demandait pourquoi je tissais encore… Évidemment, il ne pouvait pas proposer des bornages à l’avance.

Il faut tout de même que j’ai quelques pièces à montrer…

Et des voyages… Pour bien rêver au bout de mon âge

Pour bien commencer, cela va faire un mois que j’ai débuté l’étude de l’indonésien. Cela fait rêver. En Indonésie, on pratique deux techniques de teintures avec réserves particulièrement remarquables : le batik et l’ikat. Ces deux noms sont d’ailleurs des mots indonésiens.

Batik

J’ai bien sûr quelques livres à ce sujet. Mais encore une fois, rien ne vaut la pratique.

Cet artiste peint laa réserve avec de la cire fondue, il pulvérisera d'autres couleurs autour de la réserve, puis il éliminera la cire, à Kuching, Malaisie, au bout de mon âge
Cet artiste peint laa réserve avec de la cire fondue, il pulvérisera d’autres couleurs autour de la réserve, puis il éliminera la cire, à Kuching, Malaisie

La toile sèche
La toile sèche

La technique traditionnelle utilise un petit récipient au bout d’une baguette. Mais, je n’ai pas de photo.

Nous avons fait un essai avec mon ami Hilaire, à Madagascar, sur une écharpe de soie de sa production.

Avec la cochenille, le batik, cela rend bien. Mais, nous avons eu de grosses difficultés pour enlever la cire au bout de mon âge
Avec la cochenille, le batik, cela rend bien. Mais, nous avons eu de grosses difficultés pour enlever la cire

Ikat

J’ai déjà été en contact avec cette technique, d’abord à Kuching, quand je suis allée au congrès de teintures naturelles WEFT, en 2010.

Préparation des zones de réserve, au bout de mon âge
Préparation des zones de réserve

La chaîne est tendue sur un cadre, les zones à protéger sont enveloppées de ficelles. Cettee chaîne sera teinte, les protections enlevées. Le processus est recommencé pour une autre couleur

Une fois,  la chaîne teinte et nettoyée de ces attaches, elle est montée sur le métier à tisser,, au bout de mon âge
Une fois, la chaîne teinte et nettoyée de ces attaches, elle est montée sur le métier à tisser

Cette toile a eu deux bains de teinture différents. Elle est donc passé deux fois par la première étape d’attache pour les réserves, certaines toiles ont parfois un troisième et un quatrième bain.

Puis, je l’ai revu à Madagascar, lors de l’IFPECO en 2017.

Ikat de soie et raphia, produits par une association de femmes à Majahunga, au Nord de Madagascar, présentés lors de l'IFPECO en 2017 à Antananarive, Madagascar
Ikat de soie et raphia, produits par une association de femmes à Majahunga, au Nord de Madagascar, présentés lors de l’IFPECO en 2017 à Antananarive, Madagascar

Puis, j’ai fait un test chez mon amie Solange à Andacollo. Là, la réserve a bien protégé la laine, mais cela a curieusement bougé. Pourtant, j’avais choisi de la laine qui avait déjà bouilli. Elle n’a pas rétréci, d’ailleurs je n’ai pas manqué de laine.

J'aurai du obtenir une "chacana", la croix du Sud, symbole très important dans les Andes
J’aurai du obtenir une “chacana”, la croix du Sud, symbole très important dans les Andes

Impression au bloc

Bloc en bois, pour impression
Toile avec impressions au bloc à Kuching
Toile avec impressions au bloc à Kuching

Vannerie

Il y a aussi beaucoup à voir en Indonésie et en Malaisie, en ce qui concerne la vannerie. Cette technique m’intéresse aussi beaucoup, il s’agit d’un précurseur du tissage et du tressage.

Photo prise de lors de l'ISEND à Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, ici une des artisane de Rumah Gari tisse un chapeau typique
Photo prise de lors de l’ISEND à Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, ici une des artisane de Rumah Gari tisse un chapeau typique

À Kuching, je me suis acheté un très beau livre sur la vannerie à Borné. Décidément, il y a beaucoup à voir là bas. Mais, que restera-t-il dans quelques années? Ils ont mis 20 ans pour rédiger ce livre. Lors de la publication, beaucoup de plantes utilisées avait disparu ou devait être protégées.

Livre acheté lors de l'ISEND à Kuching, Malaisie au bout de mon âge
Livre acheté lors de l’ISEND à Kuching, Malaisie

Aller voir sur place

Bien sûr, je connais la théorie de ces techniques, mais rien ne vaut la pratique par et avec les spécialistes, les créateurs. Moi, aussi, j’aime utiliser mes mains.

Il y a aussi des plantes à indigo, des plantes à rouge, des fibres végetales et de la soie.

Commencer un cercle vertueux

Le développement personnel, je ne suis pas très fan, mais il m’a fallu en lire. En outre, un schéma peut remplacer beaucoup de mots. Ce sont les métaphores d’aujourd’hui.

Je vais reprendre le schéma de mon ikigai.

Voici ce que devrait être mon ikigai au bout de mon âge
Voici ce que devrait être mon ikigai au bout de mon âge

Je l’adapte à l’état de mes méditations de ce jour.

État de mon ikigai au bout de mon âge actuel
État de mon ikigai au bout de mon âge actuel

J’en ai assez de regarder vers ce que j’ai fait dans le passé (il y a les Curriculum Vitae pour cela), c’est un peu comme se regarder dans un miroir, cela ne répare rien. Je préfère regarder vers l’avenir.

Remettons la roue en marche

Au bout de mon âge

Il suffit d’un petit coup de pouce.

Voici la roue à relancer au bout de mon âge
Voici la roue à relancer au bout de mon âge

Un simple contact suffit

Si vous n’aimez pas Whatsapp, j’ai aussi Signal et Telegram.

  1. Le voyage en Hollande, Louis Aragon, Éditions Seghers, 1964 ↩︎
  2. Douce France
    Cher pays de mon enfance
    Berceau de tant d’insouciance…
    ” Quelle ironie! ↩︎

Botanique et jardins

/// Botanique et jardins ///
Article créé le 20 mai 2023 et modifié le 10 juin 2023
Retour en Europe le 4 mai 2023, jusqu’au 14 novembre 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Prochain cours “a Pica et Codao – Chili en Novembre 2023
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Botanique, botanique! Pourquoi s’intéresser aux plantes?

N’est-ce pas normal de s’intéresser aux plantes quand on travaille avec des teintures et des fibres naturelles… Les jardins botaniques sont donc des passages obligés…

Lors de mes voyages textiles, je m’efforce avec plaisir d’inclure une visite à un jardin botanique.

Parfois, je le rencontre sans même le chercher. Quelle aubaine de rencontrer un jardin botanique. Cela donne beaucoup de renseignements sur le lieu…

L’ídéal, concernant les jardins botaniques, serait de les visiter à plusieurs reprises, suivant les saisons, pour pouvoir apprécier les différents stades de la végétation.

Madagascar botanique

À Madagascar, il y a peu de musées. Mais, il y a un jardin botanique et zoologique à Antananarivo où l’on peut découvrir toute l’exubérance et l’extravagance de la flore malgache.

On peut aussi y voir différents types de tombeaux traditionnels.

Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Jardin botanique Antananarivo, Madagascar, que d’exotisme!
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Variété de floraison, Jardin botanique Antananarivo, Madagascar
Jardin botanique Antananarivo, Madgascar
Je crois que je n’ai jamais vu autant de variétés de formes végétales que dans ce Jardin botanique à Antananarivo, Madagascar
Fruis, graines et plant de roucou, bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil
Fruis, graines et plants de roucou, Bixa orellana en botanique, épice, encre pour tatouages temporaires et teinture naturelle, ici à Madagascar, mais aussi en Équateur, Brésil

Stockholm (Suède)

Entre deux musées, on a la surprise de découvrir un petit jardin traditionnel suédois. Y figurent en bonne place le tabac et de nombreuses plantes médicinales.

Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède
Jardin botanique entre deux musées à Stockholm, Suède. Les moineaux se nourissaient des graines de lavande
Plants de tabac dans ce jardin botanique de Stockholm
Plants de tabac dans ce petit jardin botanique bien coloré de Stockholm
Lin, au jardin botanique de Stockholm
Le lin figure en bonne place dans ce jardin botanique de Stockholm

Il me semble qu’il y avait un autre jardin botanique plus grand, mais je n’ai pas eu le temps de le visiter.

Lausanne, Jardin Botanique (Suisse)

J’ai déjà visité deux fois le Jardin Botanique de Lausanne, et je pense y retourner encore une ou deux fois…

Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022
Visite au Jardin Botanique de Lausanne, Suisse, en novembre 2022

Je viens d’y retourner en mai 2023, presque tout est en fleurs. C’est si beau qu’il est difficile de choisir entre les photos.

Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, au jardin botanique, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange
Les immenses feuilles des pangue du Sud du Chili, sont encore très petites, les tiges appelées nalcas sont consommées en salade, les racines sont réputées teindre en orange

Les médicinales

Entre autres, il y a différentes sections, dont une avec des plantes médicinales, dont un certain nombres de plantes toxiques et des plantes textiles ou à fibres.

Vue générale d’une partie du jardin botanique où ont été regroup´´ees des plantes tinctoriales, Isatis tinctoria (pastel des teinturiers) y est en bonne place

Les tinctoriales

Il y a aussi des plantes tinctoriales: garance des teinturiers, aspérule, gaillets, pastel des teinturiers…

Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd'hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu'à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Garance des teinturiers, cette plante réduite aujourd’hui à une petite surface du jardin botanique était cultivée sur de très grandes surfaces jusqu’à la fin du XIXème siècle. Ses racines, après 5 ans de croissance donnait le rouge garance
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance - botanique
Aspérule des teintutiers, aussi utilisée en teinture pour des rouges en remplacement de la garance
Gaillet jaune, un cousin botanique de la garance des teinturiers
Gaillet jaune, un cousin de la garance des teinturiers
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes... Ce sont les feuilles du bas que l'on utillise pour les coques.
Pastel des teinturiers en fleurs, des graines seront bientôt prêtes… Ce sont les feuilles du bas que l’on utillise pour les coques.

À la sortie, il est flanqué d’une série de jardins privés très colorés…

pavots jardin botanique
À la sortie du Jardin botanique, on peut admirer ces pavots monstrueux

Musées spécialisés, sujet botanique

Couleur Garance à Lauris (France)

L’une de mes premières rencontres avec la botanique tinctoriale et à fibres, fut le Jardin des plantes tinctoriales de l’Association Couleur Garance, créé à l’initiative de Michel Garcia et Dominique Cardon à Lauris, dans le Vaucluse, Sud de la France.

Quelle beauté!

Ici, se réunissent toutes les couleurs du monde.

Une partie du conservatoire botanique des plantes tinctoriales de Lauris, vue d'en haut.
Une partie du conservatoire des plantes tinctoriales de Lauris, vue d’en haut, botanique utile à l’état pur
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales
Cosmos sulphureus au Jardin Botanique des Plantes Tinctoriales

Berlin botanique et chanvre (Allemagne)

Après avoir visité de nombreux musées sur l’antiquité, il me restait du temps pour aller visiter le musée du chanvre, une des plantes à fibres historiques.

Musée du chanvre à Berlin
Musée du chanvre à Berlin, à la limite de la botanique

Une plante, une histoire botanique

Cette plante à fibres, avant d’intéresser les générations hyppies pour une autre composante, le THC, pas toujours présente dans la plante, était très largement cultivée en Allemagne jusque dans les années 60, jusqu’à son interdiction en 1981.

Des fibres pour des textiles

De fait, la culture du chanvre en vue de la production de fibres textiles est incompatible avec la production de THC illégale. En effet, comme pour le lin, pour obtenir de bonnes fibres longues et le moins fourchues possible, il faut semer bien serré afin que les plantes développent des fibres longues et souples. Dans ces conditions, les plantes produisent moins de fleurs…

En ce qui concerne le lin que je connais mieux, la récolte idéale doit être faite avant la floraison. Alors, je suppose qu’il en est de même pour le chanvre textile.

Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme
Le chanvre est utilisé depuis la plus haute antiquité, comme en témoigne cette tablette en cunéiforme

Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n'était apparemment pas une activité genrée
Il est intéressant de voir que le filage du chanvre n’était apparemment pas une activité genrée au XVIème siècle

Voici un petit résumé historique de la filature de cette plante.

La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle
La filature du chanvre de la Renaissance au XXème siècle

Chaque type de fibres génère ses outils, la machine à teiller sert pour le chanvre, le lin, l’ortie et sa cousine la ramie.

Machine à teiller, s'utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin
Machine à teiller, s’utilise aussi bien pour le chanvre que pour le lin et l’ortie

J’ai été surprises par la finesse de certaines toiles. Cependant, elles étaient un peu raides à mon goût. Notre notion de confort a certainement beaucoup évolué depuis le temps où l’on s’habillait de lin, chanvre, ortie et laine…

Échantillons de toiles de chanvre
Échantillons de toiles de chanvre

Des fibres pour des cordes

Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Le chanvre est très adapté à la production de cordes
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution
Pour les cordes et les voiles, le chanvre était une bonne solution

Comme il n’est pas courant d’avoir accès à ces fibres, je me posais beaucoup de questions, et j’espérais les voir résolues dans ce musée.

Rouet prêt à filer
Rouet prêt à filer

Une plante, des usages divers

Autrefois, au Chili, les fibres servaient pour les cordes, les graines pour de l’huile d’éclairage, les feuilles pour protéger les haricots de certains insectes… En outre, cette plante a la réputation de limiter l’érosion des sols, ceux-ci sont souvent en pente au Chili, pays de montagnes…

Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide
Le chanvre est aussi une bonne fibre pour un papier solide, notamment les papiers monnaie
Voici quelques applications modernes du chanvre
Voici quelques applications modernes du chanvre

Dans ce musée, j’ai trouvé de nombreuses informations intéressantes.

Mais, je suis restée sur ma faim. Il y a beaucoup d’informations sur les problèmes légaux et sur les utilisations modernes possibles des fibres et de la chénevotte: entre autres, plastique pour imprimante 3D, ciment, isolation, litières pour chats…

La qualité de mes photos n’est malheureusement pas au rendez-vous, certaines sections de ce musée, fort intéressantes, étaient difficile à lire et encore plus à photographier. L’espace un peu exigü était utilisé jusqu’au plafond et les reflets sur les vitres sont un problème récurrent dans les musées. Celui-ci ne fait pas exception.

Mais, par exemple, j’aurai aimé savoir s’il vaut mieux le filer sec ou plutôt humide comme pour le lin. J’attends encore la réponse.

Turin, quelle surprise botanique (Italie)

Par hasard, j’ai découvert dans cette ville un surprenant musée du fruit.

Montage artistique mettant à l'honneur un minutieux travail de moulage
Montage artistique mettant à l’honneur un minutieux travail de moulage

Il a grandement surpris mon imagination. J’imaginais une série de variété botanique, d’arbres fruitiers, de greffes…

Différentes sortes de poires
Différentes sortes de poires

En r´ealité, un chercheur, Francesco Garnier Valletti, (Giaveno 1808 – Torino 1889), a consacré sa vie à la modélisation des fruits, en plâtre peint, toutes les pommes et poires y passent. Un certain nombre de maladie des fruits sont aussi représentées. Quelle passion botanique!

Représentations de maladies de fruits
Représentations de maladies de fruits

Des fruits en plâtre!

Moules en plâtre au service de l'étude botanique
Moules en plâtre au service de l’étude botanique

En effet, ces fruits sont vraiment très réalistes, y compris les raisins blancs qui semblent aussi translucides que dans la réalité.

Raisins
Raisins

En réalité, chaque fruit a été moulé dans du plâtre. Il y a bien longtemps, j’avais fait des bougies avec ce même système, mais sans les peindre pour leur donner un aspect réel. Quand on voit le réalisme et la quantité de fruits reproduits ainsi, cela donne le tournis.

Légumes racine
Légumes racine

Toutes sortes de végétaux ont ainsi été mod´elisés. Il y a même des tubercules. Il y a aussi des champignons.

Série de champignons
Série de champignons

Je suis curieuse de savoir combien des races de pommes représentées ici ont disparues. Quelle belle image de la biodiversité agricole qui régnait encore au XIXème siècle!

Turku, musée de la pharmacie (Finlande)

Ce musée montre une ancienne pharmacie et le logement d’un pharmacien et de sa famille au XIXème siècle. Dans la cour, il y a de nombreuses plantes médicinales locales.

Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique
Des plantes médicinales sèchent au plafond, des cartons nous indiquent leur nom botanique

Dans la cour, nous retrouvons les mêmes plantes, vivantes cette fois-ci.

Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin
Jolie indication du nom commun et botanique des plantes dans ce jardin

Autres musées

En outre, un certain nombre de musées ethnographiques ou préhistoriques présentent une section botanique.

Chateau de Falaise, Normandie, France

Mon amie Monique m’a invitée quelques jours chez elle. Elle adore faire des ballades à pied. Nous sommes allées voir ce magnifique chateau chargé d’histoire. Nous n’avons pas pu le visiter à cause d’un certain virus très préjudiciable à la culture.

Mais, le jardin botanique était, par chance encore accessible.

Normandie textile

Chateau de Falaise et son  petit jardin botanique
Chateau de Falaise et son petit jardin botanique

Nous avons visité à plusieurs reprises ce jardin botanique où figuraient les principales plantes tinctoriales: pastel des teinturiers, garance, gaude, et bien d’autres…

Lin au jardin botanique de Falaise
Lin au jardin botanique de Falaise

La Normandie était une zone textile importante. La ville de Falaise était une des villes de foires commerciales importantes au Moyen-Âge. L’élevage de moutons est encore courant et la culture du lin y était déjà très développée.

Balle de lin chez un fermier normand
Balle de lin chez un fermier normand

Chez un fermier, de la famille de Monique, j’ai pu admirer ces balles de lin, de la dernière récolte.

Ces mêmes fibres de lin vues de plus près
Ces mêmes fibres de lin vues de plus près

Voici, une autre plante liée au monde textile, les cardères. Bien avant de nourrir les chardonnerets de nos jardins, ils servaient à donner un aspect duveteux aux toiles… Ils étaient cultivés à cet effet.

Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Le jardin botanique nous montre les fameux chardons cardères, utilisés pour le cardage des toiles
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande
Cardères montés sur carde à main, objet traditionnel de Normandie, vue chez une ancienne tisserande

À Vienne, près de Lyon, j’ai pu voir une machine équipée de ces cardes.

Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne
Machine industrielle garnie de chardon, à Vienne

Petit test

J'ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que  j'ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l'indigo
J’ai ramassé une feuille de pastel des teinturiers, que j’ai testée en la martelant sur un vieux t-shirt. Au lavage, les taches vertes deviennent bleues et mettent en évidence l’indigo

Le pastel des teinturiers couvrait de larges superficies de culture pour teindre en bleu, avant l’arrivée de l’indigo d’Indigofera Suffructosa des pays tropicaux.

La garance pour le rouge et la gaude, très réputée pour son jaune, occupaient aussi de grandes surfaces, ces plantes avaient une grande importance économique ce qui explique leur présence dans ce jardin botanique.

Musée de Nemours (France)

Mon ami Gérard, de Chatenoy a eu la grande gentillesse de m’amener voir ce musée. Il s’agit d’un très beau musée de la Préhistoire locale de la Région Île-de-France.

Par chance, il représente le type de flore locale à l’époque préhistorique à laquelle correspondent les vitrines environnantes. Cela donne une bonne idée de l’évolution des conditions de vie des humains à l’époque donnée.

Cela permet de constater que cette végétation a beaucoup évolué entre les périodes de glaciations et de réchauffement.

Vitrine extérieure - botanique de l'époque
Vitrine extérieure – botanique de l’époque

Mucem, Marseille (France)

Le MUCEM, à Marseille est un très beau musée. Le bâtiment principal est entouré d’une très vaste section botanique, un peu dans le genre des Jardins en Mouvement de Gilles Clément. Ceci est un très beau concept, oú l’on laisse le jardin évoluer. Ainsi, les massifs de plantes se déplacent, par eux-mêmes, d’une année à l’autre.

Santolines et lavandes, la botanique des abeilles
Santolines et lavandes, la botanique des abeilles

Par chance, j’ai pu rencontrer le jardinier qui désherbait un peu une rocaille qui attirait beaucoup d’abeilles. Il m’a donné beaucoup d’informations.

Lavandes de Provence
Lavandes de Provence

C’est là que j’ai découvert le caprier, si beau, local, mais un peu envahissant. Je le retrouverai dans la suite de mon voyage en Italie et en Tunisie.

Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs
Fleur de caprier, les capres proviennent des boutons de ses fleurs

Cette année, le printemps avait été très sec, et le jardin en avait beaucoup souffert.

Zone aromatique de ce jardin botanique
Zone aromatique de ce jardin botanique

Musée Égyptien de Turin, section botanique (Italie)

Dans ce musée de premier ordre, il y a un petit jardin botanique des plantes d’usage courant dans l’Égypte des Pharaons. Cependant, il faut insister auprès du gardien qui vous renvoie vers la sortie.

Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens
Vu générale de ce jardin botanique des Égyptiens anciens

De bien jolies plantes, dont certaines sont tinctoriales.

Grenadier
Grenadier
Lotus, la racine peut teindre en noir, la tige donne une fibre précieuse encore utiliséee au Myanmar
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n'arrivera que plus tard
Lin en fleur, principale fibre textile en Égypte ancienne, le coton n’arrivera que plus tard
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune
Marguerite des teinturiers pour teindre en jaune

Les fleurs étaient très importantes pour les Égyptiens du temps des Pharaons. Ils en faisaient des guirlandes. J’ai entendu dire qu’il y en avaient de grandes quantité dans la tombe de Toutankhamon qui n’ont pas attiré l’attention des découvreurs. Quel dommage!

Collier

Dans ce musée de Turin, il y avait des statuettes représentant ces guirlandes de fleurs.

Statuette à guirlandes de fleurs
Collier floral égyptien
Collier floral égyptien
Récolte du papyrus
Récolte du papyrus

Il y avait un diaporama sur la récolte et la fabrication artisanale du papyrus.

Musée Romain et botanique, Lausanne, Suisse

Un petit musée bien sympathique qui s’adresse d’abord aux enfants, mais aussi aux plus grands.

Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique
Musée Romain de Lausanne et son jardin botanique

Une exposition invite à réfléchir à ce que pourraient trouver des archéologues dans quelques milliers d’années. Cela rappelle une nouvelle de Primo Levi.

Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu'un papyrus égyptien
Un disque dur dans cet état est certainement plus difficile à lire qu’un papyrus égyptien

Grande partie de notre production textuelle ne serait pas en mesure de résister au temps. Les interprétations de ce qu’ils pourraient retrouver risque fort d’être aléatoires et erronées à l’instar de certaines explications actuelles de notre passé.

Ce musée est flanqué d’un petit jardin botanique montrant les plantes qu’utilisaient les Romains.

Vue générale de ce petit jardin botanique
Vue générale de ce petit jardin botanique

Des pluies d’orage m’ont obligé prendre les photos en plusieurs épisodes.

Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l'orage n'ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Ce pauvre fenouil, fort prisé par les Romains, était fort assoiffé. Je crains que l’orage n’ait pas suffit à arroser ce jardin botanique
Dans ce jardin botanique, j'ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l'imaginais beaucoup plus grand
Dans ce jardin botanique, j’ai pu voir le genêt des teinturiers, je me l’imaginais beaucoup plus grand
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique
Ici, devait pousser le pastel des teinturiers, le jardinier a sans doute oublié cette zone du jardin botanique, la garance aussi manquait à l’appel

“Open air” et botanique

Généralement, les mus´ées dit “Open Air” présentent souvent des sections Botanique.

En général, ils montrent des fermes de différentes régions du pays, il y a une dimension architecturale, mais aussi ethnographique.

D’habitude, ces musées montrent aussi des économies locales et familiales, artisanats et petite agriculture… Un jardin indique ainsi l’alimentation de la population locale, mais aussi les remèdes disponibles et les fibres utilisées pour les vêtements, l’ameublement, les cordages…

Oslo (Norv`ege)

Fort déçue par le musée des navires d’Oseberg, ceux-ci sont bien sûr très beaux et impressionants. Mais, on ne peut pas voir les trésors, notamment textiles, qu’ils contenaient.

Jolie décoration de l'un des navires d'Oseberg
Jolie décoration de l’un des navires d’Oseberg

Alors que ces trésors sont surprenants par leurs qualités et leur état de conservation, on ne pourra pas les voir avant 2025, quand ils auront enfin un nouveau musée. Quel dommage.

Heureusement, on peut les retrouver dans un livre. Cependant, pouvoir les voir en réalité, malgré la barrière de la vitrine, peut apporter beaucoup d’informations.

Quel beau jardin, botanique familiale
Quel beau jardin, botanique familiale

À coté de ce musée quasi absent, il y avait le musée Norsk Folkemuseum.

De nombreuses constructions traditionnelles s’insèrent dans un cadre botanique.

Belle clôture originale
Belle clôture originale
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Jardin alimentaire, sa clôture et son épouvantail
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés
Grenier de 1754 de la région de Telemark, presque tous les toits sont végétalisés

Turku (Finlande)

Encore un rendez-vous manqué, le musée qui expose les bandes tissées aux tablettes n’était pas ouvert.

J’ai déjà parlé du Musée de la Pharmacie. Mais, il y a aussi un quartier populaire, celui de Luostarinmäki qui a résisté au grand incendie de 1827.

Musée de Luostarinmäki
Cours dans ce quartier populaire
Cours dans ce quartier populaire
Achillée millefeuille, m´edicinale et tinctoriale
Achillée millefeuille, m´edicinale, tinctoriale et anti-érosion

Turku Art Museum

Là, j’ai découvert une artiste qui s’inspire des plantes et peint avec des pigments qui proviennent de plantes: Katja Sirjä.

Petits flacons contenant des pigments naturels
Petits flacons contenant des pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels
Oeuvre utilisant ces pigments naturels

Helsinki (Finlande)

Le temps ´´etait court.

Dans une des nombreuses îles d’Helsinki, celle de Seurasaari Open-Air Museum, on peut visiter plus de 80 bâtiments de toutes sortes: des abris pour les bateaux, des églises, des manoirs, des greniers, des maisons pratiquement toutes meublées, suivant l’époque, le niveau économique… J’y ai vu de nombreux rouets pour filer. Malheureusement, ils n’étaient jamais en état de marche.

Je crois que je n'ai jamais vu autant d'oies
Je crois que je n’ai jamais vu autant d’oies
Entrée du musée
Entrée du musée
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Abri à bateaux. il y en avait de différents styles
Encore des clôtures
Encore des clôtures

Et des clôtures originales.

Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tronc de bouleau, cette écorce est une ressource botanique très intéressante en vannerie traditionnelle
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Tanaisie, plante médicinale, vermicide, insecticide et tinctoriale, encore une ressource botanique
Quelle écorce curieuse!
Quelle écorce curieuse!
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Grande variété de plantes, dans cette zone marécageuse
Série de greniers de différentes régions
Série de greniers de différentes régions
Sculpture en vannerie dans le jardin d'un manoir
Sculpture en vannerie dans le jardin d’un manoir

Il y avait aussi des jardins…

Jardins de plantes médicinales
Jardins de plantes médicinales
Jardin potager
Jardin potager
Maisons, moulin et église
Maisons, moulin et église
En partant, j'ai vu un écureuil
En partant, j’ai vu un écureuil

Il me semble qu’il faut consacrer plusieurs heures à ce musée très intéressant et agréable à parcourir.

Kaunas (Lithuanie)

Lors de mon retour de mon dernier voyage en Scandinavie, je suis passée rapidement par Tallin, Riga et Kaunas.

À 26 km de Kaunas, il y a un très beau Musée Ethnographique: Lietuvos Liaudies Buities muziejus. L’accès n’est pas facile quand on n’est pas motorisé. Je dois un grand merci à la dame qui m’a prise en stop et m’a ramenée si gentilement à Kaunas.

Entrée du musée
Entrée du musée
Plan du musée
Plan du musée

Comme dans les villes précédentes, la diversité de l’architecture est soulignée. Mais, ici, la superficie est largement supérieure à la moyenne. Les procédés agricoles sont bien expliqués, bien que je ne comprenne pas le lithuanien.

Petit village reconstitué autour de sa place
Petit village reconstitué autour de sa place
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Décor de fenêtre, chaque maison a ses motifs
Maison et clôture
Maison et clôture
Encore une clôture originale
Encore une clôture originale

On peut ainsi visiter un moulin à vent en suivant tout le parcours des céréales à moudre.

Vue d'un des moulins
Vue d’un des moulins
À l'intérieur du moulin
À l’intérieur du moulin
Il n'y avait pas d'indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche
Il n’y avait pas d’indication, mais cela ressemble beaucoup à une rûche

Notamment, il y a une grande grange avec des machines agricoles pour décortiquer les tiges de plantes à fibres, probablement lin ou chanvre.

Machine à teiller artisanale, apparemment, il s'agit de lin, surmonter d'un peigne à carder
Machine à teiller artisanale, apparemment, il s’agit de lin, surmonter d’un peigne à carder

Mais, là, une des fermes peut montrer tout un atelier de traitement quasi-industriel des fibres.

Système de teillage des fibres
Système de teillage des fibres
Il y a des fleurs autour de chaque maison
Il y a des fleurs autour de chaque maison

Il y a de nombreux jardins autour des fermes…

Bordure de maison fleurie
Bordure de maison fleurie
Ingénieux système de jardinières géantes
Ingénieux système de jardinières géantes
Pieds de houblon
Pieds de houblon

Il y a avait bien sûr un petit jardin médicinal… je n’ai retenu que 2 photos. Il était beau et bien renseigné.

Coreopsis, plante tinctoriale (jaune-orange)
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu'il s'agit d'Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale
Le panneau au pied de ces plantes nous indique qu’il s’agit d’Alcea Rosae L. et son utilisation médicinale

Il y a aussi des tisserands et d’autres artisans présents à qui l’on peut poser des questions.

Tisserand sur son m´etier à tisser
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Dans presque chaque maison, il y avait un rouet et divers divers instruments pour la production de textiles
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l'intérieur
Petite cabane pour sécher et fumer les champignons, vue de l’intérieur
Cette cabane vue de l'extérieur
Cette cabane vue de l’extérieur

J’y ai passé la journée complète et j’y retournerai volontiers.

Rostkilde (Danemark)

Entrée du musée
Entrée du musée

Outre le bâtiment qui abrite les bâteaux retrouvés au fonds de la mer, à l’entrée du port, il y a une grande partie extérieure.

Utilisation des différentes essences d'arbres pour chaque partie d'un navire
Utilisation des différentes essences d’arbres pour chaque partie d’un navire

À l’extérieur, on peut y voir les différentes essences d’arbres utilisés pour les différentes parties des bâteaux et leurs qualités.

Description botanique et utilitaire d'un arbre utilisé dans la construction d'un navire viking
Description botanique et utilitaire d’un arbre utilisé dans la construction d’un navire viking

Alors, des arbres dans des bacs sont mis en lien avec les diifférentes parties du bateau.

Différentes cordes, botanique exploitée
Différentes cordes, botanique exploitée

De même, les cordes ont aussi leur stand, avec indication de la matière qui les compose.

Gletterens (Suisse)

Ici, les haies jouent un rôle important. Une grande quantité d’arbustes y ont été plantés en fonction de leur possible utilisation à l’époque néolithique. Il y a de nombreux arbres dont les fruits ont été consommés.

D’autres plantes avaient leur utilité en teinture, mais aussi pour le tannage des peaux.

Haies de Gletterens
Haies de Gletterens

Par exemple, il y a aussi des arbustes de viorne. Cet arbuste à de très jolies fleurs au printemps. Mais, ce n’est pas pour raisons esthétiques qu’il figure en bonne place à Gletterens. Ce sont les branches qui ont la réputation d’être d’une grande droiture, ce qui les destinaient à la fabrication des flèches qui lui valent cette place de choix… Les fruits crus de cet arbre sont toxiques.

Haie de Gletterens, que de ressources botaniques
Haie de Gletterens, que de ressources botaniques

Le petit jardin de plantes anciennes, récemment domestiquées au néolithique.

Beau lin en fleurs et en graines
Beau lin en fleurs et en graines
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique
Épeautre, ancêtre botanique du blé domestiqué au néolithique

Albersdorf (Allemagne)

À 2 heures de train de Hambourg, il y a un petit musée intéressant et un parc de reconstitution d’un village de l’Âge de Fer.

D’abord, au musée, il y a une salle consacrée à l’ambre, produit courant sur toute la Baltique. Elle peut révéler la micro-faune et la flore d’il y a des millions d’années. Il y a là toute une botanique enrobée dans cette résine végétale.

Quel trésor botanique enfermé dans cette résine
Quel trésor botanique enfermé dans cette résine

Ici, la plupart des maisons sont entourées d’un jardin maraîcher et de petits champs de céréales.

Signalétique du Musée et du Village de l'Âge de Fer
Signalétique du Musée et du Village de l’Âge de Fer
Jardin de plantes aromatiques
Jardin de plantes aromatiques
Potager et céréales
Potager et céréales, on remarquera les toits végétalisées
Encore du lin
Encore du lin
Et quelques moutons
Et quelques moutons

Jardin médiéval de Villeneuve près d’Aigle (Suisse)

En me promenant à Villeneuve, je suis tombée sur un petit jardin public fort intéressant.

Entrée du jardin médiéval
Entrée du jardin médiéval
Vue générale de ce jardin
Vue générale de ce jardin

Botanique sauvage

La botanique, ce n’est pas que les plantes cultivées, d´´ejà domestiquées. Ce sont aussi les plantes sauvages, d’où proviennent les végétaux choisis par nos ancêtres pour nous alimenter, nous vêtir et nous soigner.

Aujourd’hui, ces plantes originelles sont devenues mauvaises herbes, adventices, voire invasives car nous ne les connaissons plus, leur raison d’être a été invisibilisée.

Par exemple, c’est le but des importants travaux de Gérard Ducerf sur les plantes bioindcatrices.

Jardin d’apicultrice – Codao (Suisse)

Après, la nature ordonnée et maîtrisée, voici un lieu où la nature reprend ses droits. C’est un point de rencontre de graines du monde. Celles qui survivent aux aléas de la vie y prospèrent joyeusement.

Tout un monde botanique
Tout un monde botanique

Comme Lucía est apicultrice à Codao, près de Santa Cruz, Région de O’Higgins, Centre du Chili, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de la visiter quand j’ai dû aller à Santiago.

Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l'entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir
Pata de vaca, médicinal et tinctorial, à l’entrée de ce jardin botanique en perpétuel devenir

Passionnée de botanique, elle collectionne les plantes pour ses abeilles et ses huiles essentielles qu’elle distille elle-même. Ses plantes entrent dans la composition de ses produits cosmétiques à base de miel, pollen, propolis, cire d’abeilles… Que de bienfaits!

J'espère que cette image laissera s'envoler votre imagination vers ce paradis botanique
J’espère que cette image laissera s’envoler votre imagination vers ce paradis botanique, les abeilles sont déjà passées par là…

Alors, nous allons organiser un cours de teintures naturelles chez elle en novembre/décembre 2023. Je donnerai plus d’informations dans un article en espagnol très prochainement.

botanique en détail

Blog Castellano

/// Blog Castellano ///
Artículo creado el 25 de mayo de 2023
En Europa desde el 4 de mayo 2023 – Vuelta a Chile el 15 de noviembre 2023 – Muchas novedades
2 cursos en Chile en noviembre-diciembre 2023 – Pica et Codao
Organicemos
talleres! Es fácil
+33 7 69 905 352 o +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram y signal) – publicobre2000@yahoo.es
Estoy escribiendo varios artículos nuevos y serán publicados dentro de poco.
Blog recién reorganizado
Por fin, nuevo blog en castellano disponible: www.lanitando.com

Por fin, para mis amigos que hablan castellano

Al fin, escribo en castellano. Tengo informaciones importantes para mis amigos hispanohablantes, y especialmente de Chile.

Esperando la próxima creación de un sitio complementario a este en castellano: www.lanitando.com. Ya se solucionó con la ayuda de un amigo, unos problemas informáticos.

Luego, tengo que ponerme a escribir y esto necesita tiempo. Así, les ruego que sean un poco pacientes. Ya está la página principal y un artículo. Los otros seguirán…

Lo primero que tengo que anunciar es un curso en Noviembre o Diciembre 2023.

Se desarrollará en la casa y el jardín de mi amiga Lucía Fuentes, en Coado, cerca de Santa Cruz, 6a Región O’Higgins, Chile.

Por fin, no olvidé visitar el sitio de amigo Angel, de ahí vendrán las buenas lanas que teñiremos.

¿De qué les hablaré en castello?

En castellano, estos artículos serán distintos de los que publiqué en francés. Así que no serán simples traducciones.

Primero, los cursos, por supuesto

Los estoy preparando desde hace varios meses.

Teñidos naturales al sol, lo podemos hacer en castellano

Las técnicas

Creo que lo están esperando.

Traigo de mis viajes bastante novedades y tengo muchas ganas de compartirselas. Pienso hacerlo con más detalles.

¿Acaso, conocen el anillado? ¿Le gustaría conocer esta técnica ancestral, desarrollada desde la prehistoria, un poco por todo el mundo?

Reflexiones

Nunca faltan y hay que desarrollarlas.

Viajes

Saco gran cantidad de fotos, visito museos, conozco gente nueva…

Teñidos naturales - castellano
Teñidos naturales, en Gletterens, Suiza

Festival Yelen

/// Festival Yelen ///
Article cr´éé le 8 décembre 2021, publié le 6 mai, non terminé
Retour en Europe le 10 mai 2022 – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp/signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.
N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….

Avant toute chose, je dois vous annoncer la prochaine formation Teintures Naturelles – Tissage artisanal, près de Domodossola, Nord de l’Italie. Pour plus d’informations… suivez le lien.

Teinture naturelle 10 – 15 juillet
Tissage artisanal 17 – 22 juillet

Rejoignez nous à Zonca!

Le Festival Yelen, j’y suis arrivée grâce à Camille. Elle est venue me visiter lors du Rassemblement Préhistorique, à Gletterens. Nous avons partagé nos pratiques lainières et elle m’a parlé de ce Festival. J’ai pensé que ce serait intéressant, un avant goût de mon tour du monde textile. Mais, cela a été beaucoup mieux que je ne le croyais. J’ai découvert une organisation admirable qui a créé un Festival exceptionnel.

Yelen, signifie Lumière en Bambara, une des langues parlées au Mali et ce festival était vraiment lumineux de beauté et de bonté. Cet article sera un Festival de photographies. Sans doute, parleront-elles mieux que mes mots de ce Festival.

Festival des enfants

En effet, les premiers arrivés au Festival furent les enfants. De nombreuses activités leur étaient dédiées.

Bien sûr, il y avait des classes entières accompagnées de leurs enseignants. Mais, il y avait aussi beaucoup d’enfants qui font l’école à la maison. C’est assez courant en Suisse. Il y a beaucoup de zones qui sont très enneigées en hiver, ce qui complique la circulation. Ce système permet aussi de lutter contre l’exode rurale et permet à de nombreux villages de rester vivants.

Les enfants se sont rués sur les activités dès 9h du matin.

Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen
Les enfants sont captivés par Innocent, le grand conteur du Festival Yelen

Festival textile

Mireille Keita et sa collection Festival Yelen

J’attends les photos, je n’ai pas réussi à voir le défilé, il y avait trop de spectateurs!

Un tisserand burkinabé

Il y avait 2 métiers à tisser impressionnant sous différents aspects.

Début du tissage, la chaîne est en boule.  Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Début du tissage, la chaîne est en boule. Une fois installée, les enfants essaieront de tisser
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Une nouvelle bande de tissage est déjà commencée
Petite video de tissage
Le soir tout est rangé
Le soir tout est rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé
Le matin au Festival Yelen, le métier à tisser attend sagement rangé

Une fois rangé ce métier ne prend que très peu de place. J’en ai acheté un à mon voisin. Il tient dans un petit sac dans ma valise. Nous remonterons le système de suspension au Chili.

Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien que très simple, ce métier permet tout de même de faire des dessins
Bien qu’il n’ait que 2 pédales, on peut faire des dessins avec ce métier.
Quand la bobine de trame est vide, il faut la remplir…
Gros plan sur le battant en lamelles de bambou
Le système de suspension des lisses
Ce métier n’a pas d’ensouple, la chaîne est enroulée en boule dans une caisse lestée avec des pierres, la caisse avance au fur et à mesure du tissage

Camille et ses laines

Camille a un petit troupeau de brebis, dans un alpage tout près de Baulmes.

Ce troupeau a l'air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival
Ce troupeau a l’air bien paisible, mais les brebis Ouessant qui sont plus petites et légères courent plus vite. Elles ne participeront pas au festival

Elle est venue avec ses fuseaux, son rouet… faire des démonstrations de filage de laine.

Mélange laine et soie, au Festival Yelen
Mélange laine et soie prêt à être cardé, au Festival Yelen
Cardage manuel, j'en profite pour ajouter un peu de soie
Cardage manuel, j’en profite pour ajouter un peu de soie
Le petit rouleau est prêt, je le file
Le petit rouleau est prêt, je le file
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux
Au Festival Yelen, laines filées, laines cardées, petits fuseaux

Festival teinturier

Le bogolan

Un vrai maître du bogolan donnait l’occasion aux enfant de personnaliser des t-shirts.

Les matières premières utilisées, le jus d’une écorce bouillie et de la boue ferrugineuse
Les stencils ont été découpés dans de vieilles radio

Voici les premières œuvres des enfants du Festival Yelen qui sèchent
La collection s’agrandit vite, ceux qui sont secs s’en vont, de nouvelles œuvres arrivent
Les enfants en pleine action au Festival Yelen

Trempage dans le bain de tanins d’écorces pour révéler les dessins
Et la magie chimique des tannins réagit
Et la magie chimique des tannins réagit
Dessin bicolor au Festival Yelen
Pièce en vente dans l’un des stands du Festival.

On voit, ici, que l’on peut faire varier les nuances.

La collection est belle.

Mes petites démonstrations

Pour moi, cela a été un grand honneur de participer à ce festival international.

Je suis partie un peu vite et encore une fois trop chargée de Gletterens et j’ai oublié les casseroles. Heureusement que Camille était là. Donc elle est allée faire une petite visite à la déchetterie du village. Les déchetteries suisses sont une source inépuisable, on y trouve des objets en parfait état… Grâce à la déchetterie locale, nous pourrons teindre au Festival Yelen.

Indigo, spécialité africaine

J’avais réservé 100 g de précieux indigo.

Festival de danse

Le faux lion

Le faux-lion est vraiment très impressionnant. Les enfants sont entrés dans son jeu avec une découverte participative active des danses et musiques africaines. Nous avons bénéficié d’un merveilleux spectacle de danse théâtrale…

Les marionnettes géantes

Dans leur exagération poétique, les marionnettes géantes créaient l’enthousiasme de tous par leur ingéniosité. Et dire qu’elles ont failli ne pas arriver à temps.

Il y avait aussi un atelier de fabrication de marionnettes recyclage.

Dans les stands aussi, il y avait des marionnette…

Festival d’amitié

Cuisine merveilleuse

La cuisine du Festival Yelen, assurée par des bénévoles est une invitation au voyage.

Quelles musiques

Admirable union des tambours africain et des corps suisses.

Il y avait un atelier de fabrication de tambours recyclage. J’ai encore oublié de photographier. Tout est arrivé trop vite.

Les enfants ont appris à transformer de grosses boîtes de conserve en tambours.

Les stands

Le tour d’horizon ne serait pas complet sans montrer les stands et autres animations

Le délicieux mouton rôtissait en musique…

Quelles émotions!

J’allais oublier de mentionner les décorations très créatives, depuis la signalétique extérieure en passant par les sièges.

Il ne faudrait surtout oublier les très beaux contes d’Innocent. J’aurai aimé les écouter tous, ils étaient plein de philosophie. Et, souvent, je n’en saisissais que des bribes au passage.

Même une navette était prévue pour revenir à la gare.

Il y avait un dortoir pour héberger ceux qui en avait besoin, décoré comme il se doit. Quelle attention!

J’espère n’avoir oublié personne et je fais appel à vos photographies pour compléter cet album…

Un surprenant espace zéro discrimination!

Fête de la Préhistoire

/// Fête de la Préhistoire /// 4ème article sur le Village Lacustre de Gletterens
Article cr´´eé le 24 novembre 2021, modifié le 1er décembre
J’aurais dû être de retour au Chili le 22 Novembre 2021, mais un formulaire lié au Covid en a décidé autrement – Retour en Europe probable printemps 2022 – Beaucoup de nouveautés
Orga
nisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 (whatsapp) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés. Je vous invite à suivre la suite du voyage…
N’oubliez pas de m’ajouter à vos favoris….

Fête de la Préhistoire, prochaine étape

Alors, c’est reparti pour 15 jours d’expériences…

Teintures et autres activités

Oui, la Fête de la Préhistoire arrive bientôt à Gletterens, peu après le Rassemblement Préhistorique. En attendant, je continue mes activités qui donnent un petit supplément de vie au lieu. Le feu pour les teintures réchauffe un peu l’atmosphère` fraîche de la maison.

Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire
Scène quotidienne de teintures naturelles en attendant la Fête de la Préhistoire

L’atmosphère un peu enfumée de la maison donne aussi une bonne idée de ce que pouvait être la vie dans une maison néolithique. La fumée participe aussi à la préservation de la toiture.

Les particules fines existaient déjà… Tania et Doris fendaient le bois en plus petits morceaux pour essayer d’éviter cet excès de fumée.

La toiture
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j'officiais avec mes teintures naturelles
Vue intérieure de la toiture de la maison longue, là ou j’officiais avec mes teintures naturelles

Celle-ci a plus de 20 ans et est encore apparemment en bon état. Cependant, elle doit être rénovée prochainement. En effet, c’est la première maison construite dans le village lacustre. Cela va être un très gros chantier. À suivre…

9 août

Je joue les prolongations. Martin m’a amenée voir deux boutiques de laines et autres fibres. Nous les avions déjà visitées l’an passé, dans l’Emmenthal. J’avais acheté beaucoup de types de matières premières (soie, lin, alpaga, chanvre, ramie…) et des livres que j’ai exploités pendant toute l’année, notamment pour les teintures cette année. Je suis très contente.

On devait voir aussi les prix pour les laines filées main. C’est très difficile pour moi d’établir un prix juste.

Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire
Toutes ces laines attendent un prix juste pour la Fête de la Préhistoire

Cette fois-ci, j’ai encore trouvé des livres intéressants, un petit métier à tisser les plaquettes, des paquets de plaquettes, des aiguilles spéciales, de nombreux petits outils… Tout faisait envie!

Le rouet

Évidemment, mon acquisition principale a été un tout petit rouet électrique, spécial pour artisan nomade. Il tient dans mon sac à dos. De plus, il est léger et très silencieux. Il voyagera avec moi en Scandinavie.

On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire
On dirait un jouet, mais il est très professionnel. Il me permettra de préparer plus de laines à teindre pour la Fête de la Préhistoire

Ces boutiques ont de très bonnes librairies, surtout en allemand et en anglais. Mais c’est très difficile de se retenir d’acheter. Bien sûr, toute cette documentation est vraiment très utile pour moi.

J’y ai également trouvé des fibres de chameau, je suis très curieuse de les filer.

J’en ai aussi profité pour acheter 1 kilo d’alun et j’ai bien fait. En effet, ce mordant a toujours la mauvaise idée de manquer au mauvais moment.

Cette visite est tombée au bon moment. J’aurai encore plus de choses à montrer pour la Fête de la Préhistoire.

Je vous parlerai de tous ces achats dans de prochains articles, quand je commencerai à les exploiter. J’ai complété ces achats en Scandinavie.

De retour à Gletterens, j’ai vu passer un hérisson près de la yourte. Je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est parti se cacher trop vite. On m’avait déjà commenté son existence.

10 août

Nous allons tenter de récupérer au maximum les bains restants. Car, nous pouvons en obtenir des pigments pour peindre. Il faut que je revoie les DVD de Michel Garcia, il y en a un qui traite de ce sujet. Je n’ai pas eu le temps aujourd’hui, j’espère que demain, je pourrai.

J’ai vidé tous les paquets de feuilles et écorces qui ont servi aux teintures sur le tas de compost. J’ai fait du rangement dans l’atelier provisoire de teinture.

Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens
Je vide les matières solides usées et je garde les bains pour les concentrer et éventuellement les concentrer. De nouveaux tests pour la Fête de la Préhistoire à Gletterens

Comme aujourd’hui il faisait beau, j’ai lavé presque toutes les laines teintes et je les ai mises à sécher dans l’arbre.

Chaque jour, je décorais l'arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire
Chaque jour, je décorais l’arbre à laine, cela annonçait la Fête de la Préhistoire

Du nouveau, teinture aux graines de cornouiller pas mûres, nombreux tests d’indigo avec les visiteurs.

Essai d’évaporation du gros bain mélangé. À la fin de la journée, il en reste beaucoup. Je croyais que la concentrations des vieux bains serait plus rapide.

Le coracle

Il s’agit du projet principal du Rassemblement Préhistorique. Il est presque prêt à l’usage, mais nous devons encore le soigner…

Nous avons remis le coracle sous son “fumoir”, je dois entretenir le feu pour qu’il fume assez longtemps. Ce sera la vedette de la Fête de la Préhistoire.

Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n'est pas tannée, il faut en éloigner la vermine...
Le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire est entrain de se faire fumer. En effet, cette peau n’est pas tannée, il faut en éloigner la vermine…

Alors, j’alimente le feu avec des branchages verts, ce qui fume plus.

Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Cette fumée est un traitement bénéfique pour le coracle qui entrera en scène lors de la Fête de la Préhistoire
Bogolan

Enfin, j’ai fini par me décider à sortir le drap teint aux tannins pour le test de bogolan, il s’agit d’une technique africaine très intéressante qui consiste à appliquer des boues ferrugineuses sur des toiles teintes avec des tannins légers. Dominique Cardon parle de cette technique, il y a longtemps que je voulais l’essayer.

Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
Cette activité supplémentaire pour la Fête de la Préhistoire plaît aux plus petits et aux plus grands
La technique

La technique est simple, mais donne de très belles possibilités. Elle est pratiquée au Mali, mais aussi en Amazonie péruvienne, notamment par les Shipibo. Elle est basée sur la réaction des tannins avec le fer.

J’avais teint le drap avec un bain de tannins, de différentes écorces récupérées de la fabrication de cadres pour le tannage, d’arcs et du métier à sprang. J’avais de l’argile que j’avais tamisée pour fabriquer un récipient, j’y ai ajouté de la soupe de clous.

Mais, on en s’improvise pas teinturier en bogolan.

Les enfants y laissent leurs traces

J’ai fait faire le test à des enfants sur un drap sec préparé à l’avance. Ne sachant pas où trouver une source dotée des caractéristiques recherchées, j’ai décidé d’utiliser l’argile que j’avais tamisée pour tenter de faire des récipients archaïques pour teindre, elle était encore très humide, j’y ai ajouté ma soupe de clous et dans un autre pot le reste d’oxalate de titane.

Là, une dame a enduit une feuille avec l'argile ferreuse et l'appliqué sur la toile
Là, une dame a enduit une feuille avec l’argile ferreuse et l’a appliquée sur la toile

La réaction se fait bien avec le fer, mais un peu pâle. J’ai aussi voulu tester avec le titane qui devait donner un bel orange, comme en ecoprint, mais cela semble sans effet. Je trouve que le liquide se diffuse un peu trop, laissant les formes peu reconnaissables.

Pour renforcer ma soupe de clous (acétate de fer), j’avais mis à tremper des aiguilles que j’utilise pour les métiers à clous qui avaient commencé à rouiller.

Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous
Mes aiguilles avant traitement/recyclage en soupe de clous

Je les ai sorties, nettoyées avec un peu au papier de verre, puis je les ai graissées.

J'ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles
J’ai rénové mes aiguilles en préparant de la soupe de clous, une petite fête pour elles

Bien que je ne soie pas totalement satisfaite de ce test de bogolan, l’effet sur les visiteurs est intéressant. Chacun apporte son petit grain de sel, sa technique d’application de la pâte.

Pot d'argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test
Pot d’argile ferrugineuse, réactif utilisé pour ce test, chimie verte
Sauvetage de hérisson

Nous allions faire de nouveaux ecoprint avec Doris, mais des visiteurs ont découvert un petit hérisson malade près de l’atelier provisoire de teinture. Il était sortit en plein soleil, ce qui n’était pas normal, il avait l’air très faible.

Doris a décidé de l’emmener chez le vétérinaire à Morat. Il a été recueilli par une association qui essaie de sauver les hérissons. S’il est guéri, il sera relâché près de son nid, là où on l’a trouvé.

Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire
Ce petit hérisson ne profitera pas des restes de la Fête de la Préhistoire

Le soir nous avons essayé de faire tourner le nouveau rouet, mais il faisait déjà presque nuit.

11 août

À 7h30, j’ai préparé le rouet et je me suis installée dans les toilettes, où il y a une prise de courant. Premier test positif, seulement il faut mieux nettoyer les pailles qui restent dans la laine.

Au premier test, j’ai déjà pu filer assez fin.

Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire
Premier test de filage avec mon petit rouet, avant la Fête de la Préhistoire

J’ai de nouveau sorti le drap et pot d’argile modifiée pour le bogolan.

Les graines de cornouiller sanguin ont donné un joli jaune, j’ai plongé la moitié de l’écheveau dans l’indigo, j’ai obtenu une laine bicolore, jaune et vert pâle.

Un peu de graines de cornouiller dans une petite casserole, encore un test pour la Fête de la Préhistoire

Encore quelques tests d’indigo avec les visiteurs.

Rinçage des laines teintes la veille
Rinçage des laines teintes la veille

Aujourd’hui pas de feu. Lavage des laines non lavées.

Nouvelle décoration du saule mort avec les laines teintes.

Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu'à la Fête de la Préhistoire
Cet arbre mort me rend un fier service, je le décore différemment chaque jour, jusqu’à la Fête de la Préhistoire

Préparation d’un petit bain avec les deux garances, de la cochenille, du tannin de galles du chêne et pour m’assurer un peu d’alun. Cuisson demain. Un peu de laine mérinos et de soie.

J'enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu'elles ne se répandent pas trop dans la casserole
J’enveloppe les poudres dans une petite serviette, pour qu’elles ne se répandent pas trop dans la casserole

J’ai presque fini les mitaines pour Martin, elles ont beaucoup plu à Doris qui m’en a demandé d’une autre couleur.

12 août

Je suis retournée filer avec mon rouet dans les toilettes, il semble que ma rallonge m’a lâchée. Il faut que je m’habitue à nettoyer mieux ma laine, car cela en pardonne pas. Contrairement au rouet à pédale, là la vitesse est régulière et on en peut pas ralentir sans lâcher la laine. Parfois, la laine se casse et s’enroule sur la bobine et le bout se cache dans la laine enroulée.

Depuis les premiers tests, j’ai filé 5 grammes de laine sale que j’ai retordue au fuseau pour bien voir les défauts et enlever les petites saletés restantes. Je viens de la laver au savon pour faire un test d’indigo avec demain.

J’ai redécoré le vieux saule avec les laines et redéployé le drap à bogolan.

Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Je ne me fatigue pas de photographier cet arbre à laines
Tissage

J’ai fini dans la soirée la petite pochette à rayures commandée par Tania, elle a choisi les couleurs dans l’arbre à laines, m’a indiqué son idée.

Petite pochette pour Tania
Petite pochette pour Tania

J’ai filé un peu de laine de mouton suisse teinte au henné.

Filage de laine suisse teinte au henné
Filage de laine suisse teinte au henné, avec un fuseau turc de ma fabrication
Teinture

La teinture à la garance additionnée de cochenille m’a donné un joli vieux rose après ajout d’un peu de crème de tartre. Ce soir, j’ai complété ce bain avec un peu de garance Rubia cordifolia et de tannin de gale de chêne. Il y aura cette fois un petit écheveau de mérinos, un peu de soie de Madagascar, un peu de soie en ruban et un peu de laine de mouton suisse bien lavé.

Bain de garance complété
Bain de garance complété

Je venais juste de finir les mitaines de Martin et je commençais celles de Doris, le ciel s’est obscurci et le vent s’est mis à souffler très fort. C’est le début d’un orage qui secoue l’auvent de l’abri et sa porte en toile.

Début des mitaines de Doris
Début des mitaines de Doris

Plus qu’une semaine pour la Fête de la Préhistoire

13 août

J’ai filé ce matin de l’alpaga, assez bien préparé, avec beaucoup plus de facilité.

Le bain de garance amélioré a donné quasiment la même teinte qu’hier, la laine de mouton bien dégraissée n’a donné qu’un ton saumon pâle, la soie décreusée bleu clair a donné un joli grenat.

Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire
Bains de différents rouges, un peu de couleur pour la Fête de la Préhistoire

Il faudra réessayer demain en mordançant avant.

Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l'arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire
Voici les fibres après rinçage, elles avaient séché auparavant sur l’arbre à laines. De nouvelles couleurs pour la Fête de la Préhistoire

J’ai presque fini les mitaines de Doris, il faut que je file la laine pour les coutures et tours de finition.

Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures
Pour terminer les mitaines de Doris, je dois filer un peu de laine pour les coutures et les bordures

Test d’indigo sur lin pour la chaîne du métier à sprang pour la fête de la Préhistoire, le 22 août.

Il va falloir refaire la cuve d’indigo. Ce sera fait dans quelques jours.

Le drap à bogolan se couvre peu à peu.

14 août

À 7 heures du matin, je m’installe à la porte des toilettes avec une rallonge que m’a prêtée Doris, pour filer. D’abord, je finis la petite quantité d’alpaga gris et teint marron qui me restait. Je change de bobine et démarre la laine pour finir les mitaines de Doris. À 10 heures, j’ai fini de filer les 65 g de laine multicolore.

Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre
Je vais faire une bobine à deux bouts avec la laine filée sur une baguette, pour la retordre

Je range le rouet et je décore de nouveau l’arbre à laine. Puis, je mets sur le feu le mordançage de lin, laine, soie et vue d’un bain de henné et d’un autre de cochenille.

Je retord l’alpaga et la laine multicolore et finis les mitaines. Il reste de la laine et je décide de faire une petite pochette avec cette laine, puis une autre.

Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire
Nouvelle petite pochette pour la Fête de la Préhistoire

Normalement le rouet peut retordre automatiquement, il en reste qu’à déplacer la petite bague qui détermine l’endroit où va s’enrouler la laine. Mais pour cela, il faut filer des fibres très propres qui en nécessitent pas de révision, du top, par exemple. Cela est rarement le cas pour moi.

D’autre part, il faut séparer la laine à filer sur 2 bobines égales.

J’aurai l’occasion d’en parler ultérieurement.

Heureusement que je retord à la main. Je dois d’abord préparer une bobine avec deux bouts sur un bâton.

Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération
Retords manuel, on voit sur mon pantalon quelques derniers déchets éliminés lors de cette opération

Lors de ce bobinage, j’élimine encore des morceaux de paille, je dois renouer parfois quand le fil est trop fragile.

15 août

Ce matin vers 7 heures, je m’installe de nouveau à côté des toilettes. C’est très agréable de filer au grand air. Le rouet est très silencieux, j’entends les oiseaux…

Cette fois-ci, j’ai choisi de filer un reste de Thones et Martod sale, mais sans pailles. En un peu plus d’une heure, j’ai filé presque une demie bobine. Les bobines font à peu près 100 grammes.

Après la décoration de l’arbre à laine, je finis une pochette et j’en fais une autre.

Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire
Deux petites pochettes, elles seront vendues lors de la Fête de la Préhistoire

Quand je tisse dehors, j’entends des commentaires assez sympathiques. Il y en a qui se demandent si le coracle sert d’urinoir. C’est vrai qu’il en sent pas très bon, mais il s’améliore avec le temps.

Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l'abri dès qu'il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire
Le coracle prend le soleil chaque jour, il faut le mettre à l’abri dès qu’il pleut. Ainsi il sera prêt pour son rôle lors de la Fête de la Préhistoire

J’ai préparé un nouveau bain de cochenille pour demain et j’ai à nouveau mordancé en prévision de cette teinture. En outre, j’ai fait un test de mordançage au lait.

Test de mordançage au lait
Test de post-modançage à la cendre
Test de post-modançage à la cendre

Puis, j’ai encore fais un bain avec du lin dans le reste de henné et de Cosmos sulfureus.

Dans l’après-midi, le village lacustre est très tranquille. Je décide de tester le filage d’un paquet de laine de mouton valais propre et cardée. En environ 2 heures, j’ai filé presque 100 grammes de laine. J’ai même osé accélérer la vitesse de filage.

Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire
Filage de laine de mouton valais cardée pour la Fête de la Préhistoire

Il faut que j’en fasse une deuxième bobine pour tester le retord qui doit être automatique.

 Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire
Laine retordue, écheveaux prêts à être teints pour la Fête de la Préhistoire

En rangeant le drap à bogolan, je m’aperçois que l’envers semble plus marqué que l’endroit.

De 19 h à 21h30, je suis retournée filer à côté des toilettes la laine des moutons valais que m’a donnée Doris, encore plus fine cette fois-ci et avec un peu de soie. La vitesse doit être un peu plus lente pour un fil plus fin.

16 août

Je rembobine ce que j’ai filé la veille au soir sur un bâton pour libérer la bobine du rouet et avoir une bobine à deux bouts pour la retordre au fuseau, elle est parfois un peu fragile, ce sont encore les premiers essais.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laine, cependant un peu plus tard que d’habitude à cause d’un risque de pluie. Petit bain de cochenille avec laines mordancées et nouveau mordançage.

Évidemment, je parle toujours de laines, mais j’ai aussi teint de nombreuses autres fibres.

Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Teintures naturelles sur soie, lin et autres fibres
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille
Vue détaillée de soie teinte à la cochenille

Ce bain de cochenille a très bien pris. Lorsque j’ai enlevé les laine du bain de mordançage j’ai eu la surprise de trouver de gros cristaux d’alun de plusieurs centimètres au fond de la casserole. La veille, j’avais récupérer de l’alun qui s’était échappé de son sachet trop fragile. Peut-être que les impuretés et l’excès ont favorisé la cristallisation.

Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant
Bogolan, le canal de la Broye vu par un enfant

Sur le drap à bogolan, un enfant de 4 ans me dessine un curieux serpent, son grand-père m’explique qu’il s’agit du canal de la Broye, sujet d’actualité du fait des inondations dues aux récentes pluies diluviennes dans la région.

Alors, je retords les 70 g de fil fin de la veille, mais pas dans le sens habituel. En effet, par erreur, le bouton sur la machine était passé en torsion Z. Mais, cela me facilite le retord manuel.

Aujourd’hui, ils ont fait les foins sur le terrain devant la caisse, avec plusieurs mois de retard. Du fait des inondations, le tracteur ne pouvait pas passer, les plantes auront eu le temps de fleurir et de se resemer. Cela sent bon.

Dommage que les odeurs ne passent pas internet
Dommage que les odeurs ne passent pas internet

Dans l’après-midi je file à nouveau un peu de fil fin.

17 août

Aujourd’hui, je devais aller à Neuchâtel pour visiter le Musée Ethnographique que Jacques Reinhard m’avait conseillé d’aller voir. En outre, je dois aussi faire réparer mes lunettes dont un verre s’échappe constamment. Mais, on me dit que les musées sont gratuits le mercredi. Donc, j’irai demain.

Comme d’habitude, décoration de l’arbre à laines, un peu teinture, lavage des dernières laines teintes, filage, retord.

Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre
Je passe beaucoup de temps à laver les fibres avant de les teindre, il s’agit de coton que l’on m’a donné

18 août

D’abord, je rencontre Jack qui avait reçu un petit appareil pour couper des lanières de cuir. Il a toujours de bonnes informations pour les matériels et petits outils pour l’artisanat. L’outil est arrivé très vite. La démonstration et vraiment impressionnante.

Puis, je pars à Neuchâtel en bateau. Les bateaux ont été rétabli, car ils avaient été supprimé pendant plusieurs mois à cause des inondations.

Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel
Vue de la navette entre Port Alban à quelques kilomètres de Gletterens et Neuchâtel

J’ai réussi à faire réparer mes lunettes qui paraît-il ont été très mal montées et le verre devrait à nouveau tomber très prochainement. Me voilà prévenue.

Que de magasins de chocolat! Cela fait très envie, mais les prix font peur.

Le musée

Aujourd’hui, je suis partie voir le musée d’Ethnographie, bien caché dans la verdure. Il y avait une exposition de photographie des années 1950 sur des Peuls du Sahel, intéressante.

Voici l'entrée sur la rue
Voici l’entrée sur la rue

Enfin, je finis par trouver l’entrée du musée qui n’était indiquée nulle part.

En réalité, l'entrée de la salle d'exposition est bien cachée au milieu d'un parc
En réalité, l’entrée de la salle d’exposition est bien cachée au milieu d’un parc

J’ai d’abord visité l’exposition permanente organisée par thèmes: plumes, ambassades, sandales, cordes, croix, contenants… J’avoue que j’aurai aimé avoir plus d’informations sur certains objets.

Une salle présente de merveilleuses coiffes...
Une salle présente de merveilleuses coiffes…

Je retiendrai tout particulièrement deux fuseaux très décorés et des bijoux en pailles tressées.

Deux magnifiques fuseaux
Deux magnifiques fuseaux
Les expositions

Puis j’ai visité deux expositions temporaires, l’une sur les missions suisses au Mozambique et l’autre sur le mal du voyage qui montre bien les déformations que peut provoquer le tourisme sur l’artisanat local.

Par exemple au Pérou, une casquette avec des motifs shipibo (d’indigènes d’Amazonie, Nord du Pérou), normalement dessinés en noir (de fer) sur une toile teinte avec des tannins où est écrit Cusco (Andes du Sud du Pérou). Quelle étude de marché a fait produire un objet aussi insensé? Sans compter le fait que ces dessins ont une signification importante pour ceux qui les ont créés. Découpés en petits morceaux, ils deviennent de vulgaires motifs qui pourront être remplacés par d’autres au gré des modes.

Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco
Toiles et casquette montrant des dessins shipibo, avec une étiquette qui dit Cusco

On peut aussi y voir une video très instructive sur un groupe de femmes qui présentent avec un certain humour, mais très organisées, la teinture à la cochenille, au village de Chinchero à 20 minutes de Cusco que j’ai vu lors mon voyage au Tinkuy.

Le show est intéressant mais si rapide (les touristes sont toujours pressés) que l’on en se rend pas compte de la complexité et de la lenteur du travail représenté.

Cependant, ces femmes qui doivent être des artisanes qualifiées paraissent plus être des actrices. Quand ont-elles le temps de produire de l’artisanat si les groupes défilent les uns après les autres gratuitement et leur salaire provient des ventes? Quand je les ai rencontrées, il y a plus de 10 ans déjà, leur principal intérêt était de me vendre leur chapeau ou leur gilet, quand je cherchais de la laine d’alpaga et des plantes pour teindre en bleu et en rouge.

Certes la partie de l’exposition sensée représenter un marché artisanal faisait la part belle au Pérou qui est spécialiste de l’artisanat industriel, mais il y avait aussi des stands sur les Esquimaux qui produisaient de petites reproductions de kayak en impression 3D ou les imitations d’objets en ivoire africains…

J’ai oublié de prendre une photo des kayaks en plastique fluo. C’est dommage.

19 août

Jack a fini le métier à sprang, alors nous pourrons monter la chaîne demain et commencer à le tisser. Maintenant, il tient droit et devra rester fixé à une poutre. Au passage, j’ai appris le système de nœuds utilisé à cet effet.

Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Métier à sprang en place pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Fils de lin pour le sprang pour la Fête de la Préhistoire
Recharge du bain d’indigo

Puis, avec Jack nous avons complété la cuve d’indigo. Je l’ai testée comme d’habitude avec des visiteurs.

Recharge du bain d'indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests
Recharge du bain d’indigo, pour la Fête de la Préhistoire, nous pourrons refaire plus de tests

Elle m’a donné un bleu plus soutenu, nous avions récupéré l’eau de rinçage qui contenait certainement assez de pigments. Bien sûr, nous avons utilisé la même cruche.

Le bleu le plus foncé vient d'un simple trempage dans notre bain renforcé
Le bleu le plus foncé vient d’un simple trempage dans notre bain renforcé
Soie en ruban, test d'indigo
Soie en ruban, test d’indigo

J’ai cuit une casserole de cochenille où j’avais mis un peu de soie en ruban, un peu de soie de Madagascar décreusée, un peu de laine propre et du lin pour le sprang. Le tout était mordancé à l’alun avec un peu de vinaigre.

Retord Navajo

Puis, j’ai terminé de filer une bobine de laine de Thones et Martod sale au rouet. Je voulais tester le retord dit navajo avec cette laine. Ce type de retord est à la mode actuellement. Une seule bobine suffit.

Pour cela, il s’agit de retordre en faisant d’énormes chaînettes avec les mains. Ainsi, on obtient une laine à 3 brins. Je l’ai pesée, elle faisait 126 g. puis d’abord rincée, et enfin lavée avec un peu de savon liquide. Elle sera teinte avec des écorces de saule.

Autres teintures

François a coupé des branches de saule pour faire le fonds du coracle, il m’a laissé les écorces pour teindre. J’ai déjà mis à tremper cette laine dans le mordant pour la teindre avec cette teinture, on ne peut plus locale.

Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre
Branches et écorces de saule, encore des déchets pour teindre

Comme prévu, j’ai commencé à préparer des étiquettes de prix pour la Fête de la Préhistoire qui approche à grands pas.

20 août

Bain de cochenille avec 70 g de laine de mouton valais filée au rouet, retordue au fuseau. Mordançage de la laine pour le saule.

Au matin, l’eau avait un peu jauni et montrait quelques petites bulles. Laine mise à tremper avec supplément d’écorces et de feuillage.

Bain de déchets de saules, démonstration prête pour la Fête de la Préhistoire

Maintenant, le sol du coracle est fini et est mis en place à sécher chargé de pierres pour qu’il prenne sa forme définitive, les tensions le font craquer le soir.

Maintenant, le coracle a son fond, il est prêt pour la Fête de la Préhistoire

J’ai fait des bobines avec les fils des rayures du sprang. Puis, j’ai commencé à monter la chaîne. Enfin, j’ai décidé de faire 4 petites tresses pour maintenir les débuts et fin de sprang, je ne sais pas si c’est nécessaire. C’est comme cela quand on expérimente en autodidacte. J’ai teint 2 des tresses en indigo.

Cordelettes pour les finitions du sprang
Cordelettes pour les finitions du sprang

Teinture en indigo d’un écheveau de laine de mouton et d’un autre en alpaga-soie beige, comme test. Pour le moment, c’est beau, nous verrons le résultat une fois rincé.

Plusieurs heures passées à faire des étiquettes en cuir avec l’adresse du site, le poids, le prix et le type de fibre, la teinture utilisée. Cela a été long. Maintenant, l’arbre à laines est doté de chiffres.

Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée...
Je découpe les étiquettes et les écris au feutre, avec wwww.tinctoriales,com, le téléphone, le prix et le type de matière première, la teinture utilisée…

Quand j’ai sorti les laines de la cochenille, j’ai ajouté un peu de crème de tartre dans le bain, elles ont donné un rose assez soutenu. J’ai complémenté avec de la garance pour le lendemain.

J’ai aussi préparé un petit bain avec des déchets variés: épluchures d’échalotes, d’avocat…

François a joué de la cornemuse ce soir, c’était beau.

Puis, sont arrivés les constructeurs du coracle. Ils se sont décidés à aller l’essayer tout de suite, essai concluant. Ils ont décidés où ils débarqueraient pour l’arrivée des marchands lors de la Fête de la Préhistoire.

Le test s’est passé dans une très bonne humeur, comme d’habitude à Gletterens.

Fardeau de laines avant de décorer l'arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire
Fardeau de laines avant de décorer l’arbre à laine, toutes prêtes pour la Fête de la Préhistoire

21 août – Demain, c’est la Fête de la Préhistoire

Nouvelles journée passée à doter de prix mes travaux, c’est difficile de faire ni trop cher, ni trop peu cher. Les visiteurs sont toujours trop pressés.

Colliers et  bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire
Colliers et bracelets étiquetés pour la Fête de la Préhistoire

Nouveau test du coracle, cette fois-ci avec les marchandises. Nouveau succès.

Journée très calme, Jack m’a imprimé des cartes de visite, car il ne m’en restait presque plus.

Nouveau bain de cochenille. Encore une expérience, reteinte d’un écheveau rose de cochenille en indigo. Un écheveau de bois de Campêche violet, le bain de déchets variés a donné un très beau jaune, il est resté à tremper.

Derniers préparatifs pour la Fête de la Préhistoire.

C’est la Fête de la Préhistoire

22 août

Il a beaucoup plu pendant la nuit, heureusement la journée a été assez belle.

Comme souvent, j’ai allumé les feux de bonne heure. Bain d’écorces et de feuilles de saules qui trempent depuis 2 jours, épuisement des bains de cochenille et déchets divers. Retord à la dernière minute de laine sale filée au rouet pour alimenter ces bains.

Je viens de retirer l'écheveau de l'aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture
Je vien de retirer l’écheveau de l’aspe, il devra être soigneusement lavé avant teinture

J’ai décoré l’arbre à laine avec les dernières teintures lavées le matin même, les nouvelles teintures de la veille et toujours les rubans et autres fibres non filées.

Les “marchands” débarquent les marchandises, il y a beaucoup de visiteurs. Je n’ai pas eu le temps de prendre beaucoup de photos.

Arrivée des "marchands" avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Arrivée des “marchands” avec le coracle, vedette de la Fête de la Préhistoire
Les "marchands" de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises
Les “marchands” de la Fête de la Préhistoire ont déballé leurs marchandises

Une dame m’a donné 4 grands cônes de coton. C’est un beau cadeau, je pense en teindre une partie pour mes premiers galons aux plaquettes. Il va falloir les passer en écheveaux, les faire bouillir avec du savon et les mordancer.

Mise en écheveaux d'un cône de coton, avant mordançage et teinture
Mise en écheveaux d’un cône de coton, avant mordançage et teinture

Une Mapuche chilienne m’a enseigné à faire une tresse à 5 fils doubles, le résultat est très joli.

Les “marchands” ont bien vendu, surtout des laines teintes.

En fait, la journée est passée si vite que je n’ai presque `pas pris de photos. Il y avait beaucoup de monde.

Après la Fête…

23 août

Vers 6 heures du matin, j’ai vu une grosse pleine lune entre les arbres, j’ai eu beaucoup de mal à la photographier car le ciel s’éclaircissait plus en photo qu’en réalité. Puis, j’ai vu passer un écureuil brun foncé dans les arbres.

Encore une fois, j’ai vidé sur le compost les restes de végétaux qui encombraient les bains de teinture à filtrer.

Préparations pour le départ

J’ai beaucoup à faire pour préparer mon départ. Je dois préparer un peu mon itinéraire.

Il faudrait aussi que je fasse les derniers ecoprint tant que j’ai des casseroles, que j’épuise les bains ou les transforme en teintures ou pigments.

En fait, j’ai passé presque toute la journée à transformer un cône de 850 g de coton en écheveaux. Comme, j’avais besoin de nouveaux récipients pour filtrer les vieux bains et laver le coton, j’ai accompagné Tania à la déchetterie pour se débarrasser des ordures de la Fête de la Préhistoire, j’en ai profité pour récupérer quelques pots utilisables.

J’ai donné une deuxième vie à une bonbonne de bière en plastique, après avoir enlevé l’étiquette, je découvrais une grosse bouteille en plastique que j’ai pu percer avec un couteau en silex, puis j’ai continué aux ciseaux.

Découpe de la bonbonne de bière, déchet de la Fête de la Préhistoire qui deviendra un utile récipient

J’ai aidé Tania à démonter une petite yourte et j’ai beaucoup appris sur le montage de celles-ci, il faudra que je modifie mon article sur la yourte de Chevrainvilliers.

Détail de montage d’une yourte

Aujourd’hui, j’ai pu parler avec Mireille qui organise le Festival Yelen à Baulme en Septembre. Elle m’a confirmé que je pouvais y participer, elle aussi pratique la teinture naturelle et notamment le bogolan. Il me semble que cela va être très intéressant.

Dans la soirée, Doris et Martin sont venu ramener le petit hérisson souffrant à son nid. Il semble avoir récupéré sa santé, il a eu aussi droit à deux jours de nourriture spéciale pour lui. Je suis bien contente.

Doris remet le petit hérisson dans son nid
Doris remet le petit hérisson dans son nid, il aura même droit à un supplément de nourriture spéciale pour lui

Lorsque je rangeais l’arbre à laine, il m’est venu à l’idée de tester l’indigo avec de la soie tussah, le résultat est très beau, je vais sans doute recommencer demain.

24 août

Enfin, vient la teinture des écheveaux de coton, 2 en indigo, mordançage de 2 autres au lait, le reste est réparti entre un bain de cochenille-alun-crème de tartre et mordançage à l’alun.

Épuisement des bains, réduction pour transformer les restes en encre après tamisage. Les filtres à café en servent pas, ils se percent les uns après les autres. Je finis par aller chercher la vieille passoire pour les cendres aux toilettes sèches je l’ai recouverte d’une toile comme tamis.

Malgré le fait que j’épuise les bains, je suis assez contente des couleurs obtenues en coton.

Une dame qui vit au Mali et connaît des artistes qui travaillent le bogolan m’a invité chez elle là-bas. Ce serait passionnant. Mais, ce voyage semble un peu compliqué. Maintenant, alors que j’écris cet article, je me débats avec les bureaucraties tant française que chilienne, tout bêtement pour pouvoir rentrer au Chili.

J’ai commencé le bonnet jaune et violet que l’on m’a commandé dimanche. Je le finirai en voyage.

Dernières teintures sur coton et un peu de soie.

Beaucoup de vent.

Je commence à concentrer les bains. Dernière promenade à la déchetterie pour compléter la panoplie de vieilles casseroles.

Mise au compost des restes solides des bains.

25 août carnet

Fin de concentration des bains accélérée.

Rangement un peu brusqué de tout mon bazar, pour mon départ le lendemain.

Tri organisé rapide des bagages qui m’attendront au Village Lacustre jusqu’au Festival Yelen.

J’ai encore récupéré un peu de fibre de houblon qui avait eu le temps de rouir. Curieusement, j’avais rêvé de ces tiges de houblon.

Demain départ pour la Scandinavie

Prochain article pour bientôt… Si mes démarches pour mon retour au Chili m’en laissent le temps.

Rassemblement Préhistorique 2021

/// Rassemblement Préhistorique 2021 ///
Article modifié le 2 novembre 2021
Je suis arrivée en France il y a longtemps et j’y serai jusqu’en novembre 2021
Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 – publicobre2000@yahoo.es

Dernier article publié: Gletterens, préparations
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Le Rassemblement Préhistorique a la particularité de favoriser des échanges entre des spécialistes et des amateurs de différents domaines autour des thèmes préhistoriques, différentes techniques sont mises en œuvre par des démonstrations, parfois spectaculaires, auxquelles tous peuvent participer… Lors du Rassemblement Préhistorique, on se peut de promener dans tous le Village Lacustre. Mais pendant, ces jours-là, on y découvre des activités multiples parfois surprenantes…

Quel est l’intérêt de cet événement?

Toutes ces tentatives de reconstitutions montrent que ce qu’ils faisaient à la préhistoire, nous pouvions tous le faire. Maintenant, il s’agit de voir les comment? et pourquoi?

C’est aussi comme une forme formation permanente pour toute l’équipe expérimentée du Village Lacustre. Elle doit travailler deux fois plus pendant ces jours pour assurer le déroulement de cet événement et des visites habituelles et en profite souvent pour faire des expériences en dehors de leurs horaires de travail. Pour eux, les animations spontanées, les travaux de ménage… continuaient. En outre, ils devaient nous approvisionner en bois pour les feux et résoudre de nombreux autres problèmes… Entre deux taches courantes, ils arrivaient à partager des activités qui les intéressaient.

Je tiens à remercier chaudement toute l’équipe (François, Jack, Tania, Carole, Doris et Martin) pour toute leur aide et leur gentillesse.

Rassemblement Préhistorique – 31 juillet

Mise en place de l’expo

Je fais une petite visite à la déchetterie pour récupérer plus de récipients – bonne récolte. Bien que cette récupération ne soit pas compatible néolithique, c’est un bon recyclage. Cela va permettre de multiplier les bains de teinture qui sont gourmands en récipients et autres contenants. Nous touchons ici du doigt un problème de l’humain durant la préhistoire. L’archéologue Jean Guilaine y fait référence dans son roman “Pourquoi j’ai construit une maison carrée“.

Petite exposition de mes textiles au Rassemblement Préhistorique
Petite exposition de mes textiles au Rassemblement Préhistorique. Au fonds, se découpe une jolie porte, reconstitution fidèle à un exemplaire trouvé dans le Lac de Neuchâtel

Le tannage

Découverte de la peau de bison, elle était déjà tendue sur le cadre qu’avait préparé Grégory. Dominique n’est plus seul à tanner c’est année. Il y a aussi une femme qui tente de rattraper des peaux de moutons mal préparées.

Je trouvais le cadre très grand, mais elle le remplit bien, c'est une première pour le Rassemblement Préhistorique, l'an dernier c'était moins considérable, une peau de daim…
Je trouvais le cadre très grand, mais elle le remplit bien, c’est une première pour le Rassemblement Préhistorique, l’an dernier c’était moins considérable, une peau de daim…

Tissage, teinture

Je fais une petite démonstration de filet à la demande d’un visiteur, je trouve le temps de tisser une nouvelle pochette.

te pochette qui met en valeur des laines teintes naturellement et un peu d'alpaga gris d'origine, tissée au Rassemblement Préhistorique
Nouvelle petite pochette qui met en valeur des laines teintes naturellement et un peu d’alpaga gris d’origine, tissée au Rassemblement Préhistorique

Le matin, je prépare deux bains de garance, un bain de tanaisie et un autre de bois de Campêche. Il faut toujours laisser tremper les bains à l’avance. Il est certain que la tanaisie et la garance font partie de l’univers tinctorial néolithique local. Le bois de Campêche a très probablement une utilisation très ancienne sur son lieu d’origine (Mexique et Caraïbes).

Dominique Cardon mentionne dans un de ses livres que des graines de plantes tinctoriales ont été retrouvées lors de fouilles archéologiques dans le lac de Neuchâtel.

Vannerie

Je découvre la préparation de la clématite sauvage, la vannerie en massettes (roseaux).

François est entrain de faire une reconstitution de hotte néolithique pour le Rassemblement Préhistorique. Il a besoin de beaucoup de matériel, il faut d'abord bouillir la clématite sauvage pour arracher son écorce. Si celle-ci est longue, elle pourra aussi être utilisée en vannerie
François est entrain de faire une reconstitution de hotte néolithique pour le Rassemblement Préhistorique. Il a besoin de beaucoup de matériel, il faut d’abord bouillir la clématite sauvage pour arracher son écorce. Si celle-ci est longue, elle pourra aussi être utilisée en vannerie
Bain de clématite sauvage, un petit écheveau de laine capture les tanins qu'elle libère.
Bain de clématite sauvage, un petit écheveau de laine capture les tanins qu’elle libère.

Je profite du bain de cuisson de la clématite pour mettre un petit écheveau à teindre. Un groupe de vannier est entrain d’en faire cuire pour en ôter plus facilement l’écorce.

Mieux vaut faire tremper les teintures et les fibres un jour à l'avance, il en sera ainsi au Rassemblement Préhistorique
Mieux vaut faire tremper les teintures et les fibres un jour à l’avance, il en sera ainsi au Rassemblement Préhistorique

Rassemblement Préhistorique – 1 août

Voyage dans le temps – Fête nationale Suisse

Tout au long de la saison, le Village Lacustre propose des événements et des animations particulières, celle-ci tombait par hasard le jour de la Fête Nationale, occasion de tourner son regard vers une évocation du passé local avec une mise en scène de l’architecture du Village et de l’activité de ses habitants.

Activités du jour

Allumage de deux feux dans la maison longue, où je suis installée. Cela me permet de faire plus de démonstrations à la fois. Maintenant, le nombre de récipients (bien qu’anachroniques) me le permet.

Au Rassemblement Préhistorique, Gregory vient d'allumer le feu, quand les flammes auront un peu baissé, nous mettrons les casseroles en place
Au Rassemblement Préhistorique, Gregory vient d’allumer le feu, quand les flammes auront un peu baissé, nous mettrons les casseroles en place. Puis, il ira faire des reconstitution de pièges

Teinture de lin et alpaga à la garance des teinturiers (Rubia tinctoria) et laine de mouton avec garance indienne (Rubia cordifolia). Cette dernière, appartient aux vieilles traditions tinctoriales de l’Inde.

L’usage de la garance (Rubia tinctoria) et son mordançage sont expliqués dans des tablettes sumériennes qui commentent comment l’utiliser conjointement avec l’indigo pour contrefaire la coûteuse teinture à `la pourpre de murex (voir les livres de Dominique Cardon).

Récupération du bain de clématite plus ajout d’écorces de noisetiers et de cornouillers sanguins provenant des arbres abattus pour le chassis pour le cuir de bison. Teinture aux tanins de deux vieux draps, pour ecoprint et essai de bogolan.

Je prépare un bain de cochenille (moulue), un bain de mordant pour fibres végétales. Quand, je parle de cochenille, ce n’est pas celle qui infeste vos arbres fruitiers. En fait, il s’agit de celle qui attaque les figuiers de Barbarie et est élevée au Mexique et au Pérou depuis des siècles. Notamment, au Mexique, où elle est élevée depuis des temps immémoriaux ce que prouve l’importance et la précision des termes la concernant en nahuatl.

Vu que je n’ai pas de grandes quantités de laines filées et que les récipients sont plutôt petits, je teints de petits écheveaux, de petits paquets de laines et autres fibres bien lavées. Cela me permet d’avoir une plus grande variété de couleurs, éventuellement en épuisant les bains.

Les teintures du jour au Rassemblement Préhistorique

Au Rassemblement Préhistorique, elle va teindre son costume néolithique à la garance
Au Rassemblement Préhistorique, elle va teindre son costume néolithique à la garance
En soirée, quand le bain a refroidi, elle vient récupérer son vêtement, elle le portera demain au Rassemblement Préhistorique
En soirée, quand le bain a refroidi, elle vient récupérer son vêtement, elle le portera demain au Rassemblement Préhistorique

Poils de bison

En ce qui concerne les poils de bison, nous avons une grande conversation avec Éric au sujet de la méthode de récolte. Il traite ses peaux à la chaux pour faire tomber les poils en vue du tannage. Cependant, la récupération des poils pour les filer l’intéresse aussi.

Comme les fibres organiques n’aiment pas les alcalis et que la chaux provoque une réaction qui produit du calcaire, Dominique le tanneur (qui est chimiste) me conseille d’en faire tremper dans du vinaigre. Espérons que l’acidité du vinaigre rattrapera cela et que la chaux n’aie pas attaqué les écailles des fibres. Ce que je crains fort.

Les poils de la peau qu’ils sont entrain de tanner sont nettement plus doux.

Essai de récupération avec du vinaigre des poils de bisons traités à la chaux au Rassemblement Préhistoriqu
Essai de récupération avec du vinaigre des poils de bisons traités à la chaux au Rassemblement Préhistorique

Je viens de découvrir à la Bibliothèque Publique d’Information de Beaubourg, le gros livre de Dominique Cardon “Les draperies au Moyen Âge“. Une bonne partie de ce livre parle des traitements de la laine.

Teintures d’os

Comme l’an passé Éric, d’archeoshop.com va teindre des os, notamment des flûtes, un peu de toutes les couleurs.

Au Rassemblement Préhistorique, Éric va teindre toute une collection de ses pièces en os
Au Rassemblement Préhistorique, Éric va teindre toute une collection de ses pièces en os
Il vient évaluer le résultat, flûte teinte à la garance
Il vient évaluer le résultat, flûte teinte à la garance

R´ésultats

Nous pouvons déjà admirer les résultats des premiers bains entrain de sécher.

Premières teintures au Rassemblement Préhistorique, de gauche à droite: clématite sauvage, garance des teinturiers, garance indienne, garance des teinturiers, tiges d'orties qui sèchent
Premières teintures au Rassemblement Préhistorique, de gauche à droite: clématite sauvage, garance des teinturiers, garance indienne, garance des teinturiers, tiges d’orties qui sèchent

Jacques Reinhard

Rencontre avec Jacques Reinhard, archéologue et grand spécialiste des textiles, j’attendais de pouvoir le rencontrer depuis l’an dernier.

Il m’a enseigné à faire des cordelettes de raphia et de liber de tilleul. Essai des orties récoltées pas assez séchées, pas rouies.

Il faut battre les orties pour en récupérer les fibres à filer
Il faut battre les orties pour en récupérer les fibres à filer

Vraiment, il est passionnant. Toutes ses informations me seront utiles. Il m’a beaucoup appris.

Il réparait des reconstitutions de chapeaux néolithiques en liber de tilleul, semblables à ceux retrouver lors de fouilles dans le lac de Neuchâtel
Il réparait des reconstitutions de chapeaux néolithiques en liber de tilleul, semblables à ceux retrouver lors de fouilles dans le lac de Neuchâtel

On pouvait voir sous toutes les coutures ce qui est exposé sous vitrine dans des musées comme le Latenium à Neuchâtel.

Un photographe est passé, il a photographié et il filmé longuement.

Cette journée a été si remplie que j’ai oublié de manger à déjeuner.

Rassemblement Préhistorique – 2 août

Il a encore plu cette nuit, cela permet de constater que le grenier est très efficace.

Le sol est bien détrempé, mais l'intérieur est bien sec
Le sol est bien détrempé, mais l’intérieur est bien sec

Teintures

Mordançage et teinture de raphia pour les bracelets et colliers que fabriquent les animateurs, dans un bain réunissant les deux garances, supplémenté en garance indienne. Le résultat me paraît un peu clair, je vais essayer de le foncer avec du sel.

Le raphia est une fibre végétale plus difficile à teindre, d’autant plus qu’elle est très lisse et absorbe moins les teintures.

Au Rassemblement Préhistorique, nouvelle série de mordançage et teintures
Au Rassemblement Préhistorique, nouvelle série de mordançage et teintures
Voici quelques flûtes d'Éric, pour le Rassemblement Préhistorique
Voici quelques flûtes d’Éric, pour le Rassemblement Préhistorique

Les draps teints aux tannins ont séché sur la pelouse, la face contre la pelouse est beaucoup plus claire.

Au Rassemblement Préhistorique, j'ai mis à sécher les draps sur la pelouse
Au Rassemblement Préhistorique, j’ai mis à sécher les draps sur la pelouse
Celui-ci est plus clair sur le côté en contact de l'herbe, est-ce le travail de l'oxygène libéré par l'herbe
Celui-ci est plus clair sur le côté en contact de l’herbe, est-ce le travail de l’oxygène libéré par l’herbe

Nous avons fait des ecoprint sur tee-shirt avec Doris et Martin, l’un est parti tout de suite dans le bain encore chaud de garance, l’autre cuira demain dans la tanaisie qu’avait amené François.

Première étape, mise en place des feuilles à imprimer
Première étape, mise en place des feuilles à imprimer
Une fois enroulée et bien ficeler, la pièce est mise à cuire au Rassemblement Préhistorique
Une fois enroulée et bien ficelée, la pièce est mise à cuire au Rassemblement Préhistorique

Je prépare un nouveau bain d’écorces d’érable dans une bassine zinguée un peu rouillée (laine, soie, os). Les écorces proviennent des bois récoltés par François pour le métier à Sprang que nous allons construire et essayer avec Tania.

Au Rassemblement Préhistorique, préparation d'un bain à base d'écorces d'érable, bain à base de tanins, déchets de fabrication du métier à sprang
Au Rassemblement Préhistorique, préparation d’un bain à base d’écorces d’érable, bain à base de tanins, déchets de fabrication du métier à sprang

Le bain de bois de Campêche agrémenté d’un peu de soupe de clous a donné un bleu très foncé sur laine, soie et os.

Voici les nouvelles couleurs du jour au Rassemblement Préhistorique
Voici les nouvelles couleurs du jour au Rassemblement Préhistorique
Encore des flûtes pour Éric
Encore des flûtes pour Éric

Voici un nouveau bain de cochenille très chargé, le lin naturel a bien pris, la soie moins bien. J’avais ajouté deux petits morceaux d’étain, je n’en vois pas l’effet pour le moment. Os teint très foncé. Sauf peut-être sur une flûte qui prend différentes tonalités.

Cette flûte avait pris de jolies tonalités, mais ces effets ont disparu quand son propriétaire l'a nettoyée
Cette flûte avait pris de jolies tonalités, mais ces effets ont disparu quand son propriétaire l’a nettoyée

Nous manquons d’alun et avons des difficultés à nous en procurer. Heureusement que Doris en avait chez elle.

Préparation d’un bain de Cosmos sulfureus et d’un bain de henné.

Comme tous les soirs au Rassemblement Préhistorique, les laines sèchent
Comme tous les soirs au Rassemblement Préhistorique, les laines sèchent

Camille, une amie de François qui a des moutons est venue. Nous nous sommes rencontrées l’an dernier au Rassemblement Préhistorique. Elle m’a donné de la laine et m’a invitée à un festival d’artisanat du 9 au 12 septembre. Il s’agit du Festival Yelen. J’y participerai, ce sera l’occasion d’un prochain article.

Rassemblement Préhistorique – 3 août

Il pleut encore ce matin, Dominique le tanneur, va à un supermarché pour s’acheter des bottes, je lui demande si je peux l’accompagner pour chercher de l’alun. Il connaît bien tous les usages de ce produit difficilement remplaçable. Nous n’en trouvons pas au supermarché. Mais nous trouvons une droguerie à Estavayer le Lac qui nous en vend 1 kg de sulfate d’aluminium. Cela nous d´épanne bien.

Le matin, je sors les bains de la veille: tanaisie avec laine, os et ecoprint sur coton. Ecoprint réussi, soie décevante.

Teinture au henné au Rassemblement Préhistorique
Teinture au henné au Rassemblement Préhistorique

Je file au fuseau un mélange alpaga blanc et beige et soie bleue de bois de Campêche.

Alpaga métissé de soie, filé au Rassemblement Préhistorique
Alpaga métissé de soie, filé au Rassemblement Préhistorique

François prépare le métier pour le sprang.

François fixe les parties de ce métier à sprang avec des cordelettes qu'il a tressées avec des matières végétales pour le Rassemblement Préhistorique
François fixe les parties de ce métier à sprang avec des cordelettes qu’il a tressées avec des matières végétales pour le Rassemblement Préhistorique

Test pour foncer les couleur des raphias provenant d’un même bain, une partie aura un ajout de sel de table, l’autre partie, un ajout de bicarbonate.

Obscurcissement des teintes obtenu sur raphia, par ajout en haut de sel de cuisine, en bas ajout de bicarbonate. les alcalis ou bases faibles ne sont pas préjudiciables aux fibres végétales
Obscurcissement des teintes obtenu sur raphia, par ajout en haut de sel de cuisine, en bas ajout de bicarbonate. les alcalis ou bases faibles ne sont pas préjudiciables aux fibres végétales

Bain de thym mordancé au titane.

Complémentation en garance indienne du bain de garance qui n’a donné qu’un roux. Division du raphia sorti le matin en 4 parties:

  • une non modifié pas de noeud,
  • une reteinte en cochenille 1 noeud,
  • une dans un bain de sel 2 nœuds,
  • une dans un bain avec bicarbonate 3 nœuds.
Les nouveaux raphia colorés du Village Lacustre sèchent
Les nouveaux raphia colorés du Village Lacustre sèchent

C’était le raphia du Village Lacustre, il n’en reste pas beaucoup. Alors, c’est pour cette raison que je préfère diviser en petites quantités et faire varier les couleurs. Le résultat a plu aux intéressées, ce qui est le plus important. Il s’en servent pour tresser des bracelets et des colliers qu’ils vendent aux visiteurs à la caisse.

Jacque Reinhard m’a enseigné comment filer avec un simple petit bâton, c’est intéressant. Il m’a fait des commentaires sur les fuseaux dits “maya” qui servent d’abord à tordre les carex et les pailles de céréales, notamment pour la fabrication de ponts, comme il y en a encore au Pérou.

Le tannage

Le travail sur la peau de bison progresse.

Au Rassemblement Préhistorique, les tanneurs estiment l'état d'avancement du travail de la peau de bison
Au Rassemblement Préhistorique, les tanneurs estiment l’état d’avancement du travail de la peau de bison
Au Rassemblement Préhistorique, Dominique a fait des émules, une autre peau est en cours de préparation, on peut voir une reconstitution de rasoir de l'Âge du Fer
Au Rassemblement Préhistorique, Dominique a fait des émules, une autre peau est en cours de préparation, on peut voir une reconstitution de rasoir de l’Âge du Fer

Éric a ´déjà mis en vente ses flûtes teintes. Elles ont l’air de plaire au public.

Les flûtes colorées d'Éric sur son étal au Rassemblement Préhistorique
Les flûtes colorées d’Éric sur son étal au Rassemblement Préhistorique

Test

Test pour arrondir des morceaux de verre de vitrail, je voudrai en faire des pendentifs. Chez Gérard, j’ai pu arrondir les arrêtes avec une lime. Mais, depuis longtemps, je voulais faire cette expérience. Je les ai placés dans une boîte de sardine avec du talc dans la braise du foyer, cela n’a pas été suffisant, je le laisserai au centre du foyer demain.

Doris et Martin m'ont prêté un peu de talc qu'ils utilisent habituellement pour leurs moulages en bronze. C'est un très bon isolant de même que le plâtre. Le Rassemblement Préhistorique est aussi un bon endroit pour faire ce genre de test
Doris et Martin m’ont prêté un peu de talc qu’ils utilisent habituellement pour leurs moulages en bronze. C’est un très bon isolant de même que le plâtre. Le Rassemblement Préhistorique est aussi un bon endroit pour faire ce genre de test

Les bronziers

Cette année, je n’ai pas pris de photographies, ou très peu, des bronziers au travail, j’en ai pris beaucoup l’an dernier, j’étais à côté d’eux et cette année je suis beaucoup plus occupée. Le passage pour la Maison du Bronze est devenu compliqué à cause des pluies si abondantes. Mais, ils ont continué leurs expériences. J’en parle plus dans l’article sur Gletterens l’an passé.

Début de l’épopée du coracle

La reconstitution d`’un coracle, embarcation, genre coquille de noix géante était prévue. Il s’agit d’une peau de vache nettoyée, mais brute (non tannée) tendue sur une vannerie en noisetiers. La peau est arrivée fraîche, copieusement salée dans un caisse en plastique.

Elle a été bien rincée pour enlever le sel. Puis, a commencé le travail de décharnage. Elle ne sentait déjà pas très bon et elle était aussi très gluante et épaisse. Elle va mettre à l’épreuve les perçoirs et couteaux préhistoriques. Le temps très pluvieux ne facilitait pas son séchage.

La peau de vache est ouverte et l'équipe du Rassemblement Préhistorique étudie comment la préparer pour le coracle
La peau de vache est ouverte et l’équipe du Rassemblement Préhistorique étudie comment la préparer pour le coracle

Une équipe de plusieurs personnes `a travaillé sur ce projet jusqu’à la fin du Rassemblement Préhistorique.

Ils sont allés chercher de nombreuses branches de noisetiers pour construire la nacelle.

Déroulement de l’ecoprint de Doris et Martin

Le moment de la découverte est venu. C’est toujours un moment chargé d’émotions.

Le rouleau d'ecoprint est sorti de son bain
Le rouleau d’ecoprint est sorti de son bain
Nous avons enlevées les ficelles, elles ont laissé des traces de réserve, là où elles serraient le tissu, la teinture extérieure n'est pas passée. C'est un effet shibori
Nous avons enlevées les ficelles, elles ont laissé des traces de réserve, là où elles serraient le tissu, la teinture extérieure n’est pas passée. C’est un effet shibori
Déroulement
Déroulement
On remarque l'impression des différentes feuilles
On remarque l’impression des différentes feuilles
Juste avant l'ouverture...
Juste avant l’ouverture…
Détail du tee-shirt ouvert
Détail du tee-shirt ouvert
Martin exhibe son tee-shirt, il faudra le faire sécher, puis le rincer. Les ecoprint de Doris et Martin seront exposés dans la maison longue jusqu'à la fin du Rassemblement Préhistorique
Martin exhibe son tee-shirt, il faudra le faire sécher, puis le rincer. Les ecoprint de Doris et Martin seront exposés dans la maison longue jusqu’à la fin du Rassemblement Préhistorique

Je ne vais pas tarder à mettre à jour, mon article sur l’ecoprint.

Rassemblement Préhistorique – 4 août

Le test de ramollissement de morceaux de verre de vitrail dans une boite de sardine est prolongé.

Épuisement du bain de garance, un peu renforcé, tunique en lin et laine d’alpaga.

Tests de teinture sur cuir

Après les essais de teintures d’os, nous allons faire des essais sur cuir avec Tania, car elle, ainsi que Doris et Carole fabriquent de très belles pochettes en cuir.

Avec Tania qui s’intéresse particulièrement à ce sujet, nous travaillerons à froid, car le cuir se désagrège quand il cuit et se transforme en une colle, anciennement appelée colle de gants.

Il y a longtemps, quand je vivais à Longotoma, près de La Ligua (zone centrale du Chili) j’avais imaginé de mettre des applications de cuir de lapin teintes en rose, à la cochenille sur un poncho. Quand, j’ai sorti la laine que j’avais teinte avec, il n’y avait plus de cuir, mais une multitude de poils roses.

Les essais

Ici, nous travaillons avec du cuir tanné végétal. Le trempage dans les différents bains colorés sera un peu décevant. Le cuir prend la couleur mais se durcit et devient parfois cassant. Le cuir a subi un certain nombre de traitement après le tannage, peut-être ceux-ci réagissent avec les bains de teinture. Pour la teinture, il faudrait sans doute intervenir avant la finition du cuir.

Chutes de cuir trempées dans différents bains, au Rassemblement Préhistorique
Chutes de cuir trempées dans différents bains, au Rassemblement Préhistorique

Mais, la technique d’application de feuilles et autres objets trempés dans la soupe de clous ou l’oxalate de titane sur du cuir, elle enthousiasmera Tania. Effet réussi, peut-être cela produira de nouvelles activités à proposer aux enfants.

Voilà ce que j'ai montré à Tania
Voilà ce que j’ai montré à Tania
Première ébauche de Tania
Première ébauche de Tania
Et, un peu plus tard
Et, un peu plus tard

En attendant, Tania et Carole démontrent leur créativité débordante en décorant leurs nouvelles pochettes en cuir avec cette technique.

Voici les nouvelles pochettes de Tania
Voici les nouvelles pochettes de Tania

Cela fait plaisir de voir des résultats concrets et utiles pour des essais qui ne semblaient avoir qu’un intérêt esthétique.

Teinture au Cosmos sulfureus

Enfin, le bain de Cosmos sulfureus a refroidi. Ces mignonnes fleurs si légères teignent joliment.

Bain de Cosmos sulfureus au Rassemblement Préhistorique
Bain de Cosmos sulfureus au Rassemblement Préhistorique

Ce bain de Cosmos sulfureus avec laine, soie, os et plumes m’a beaucoup plu. Je l’ai réutilisé pour une pièce en feutre, car il n’était pas encore épuisé.

L’écoprint de Doris

Déballage de l’ecoprint cuit dans la garance de Doris, préparation avec elle d’un nouveau tee-shirt.

Déballage de l'ecoprint de Doris
Déballage de l’ecoprint de Doris
Maintenant, il faut l'ouvrir
Maintenant, il faut l’ouvrir
Quel plaisir de voir se dévoiler les impressions des feuilles
Quel plaisir de voir se dévoiler les impressions des feuilles
Impression d'une haie en quelques feuilles
Impression d’une haie en quelques feuilles

Divers

Tests de plumes dans tous le bains.

Décidément, les limaces veulent aussi participer au Rassemblement Préhistorique, celle-ci est venue visiter la boite où je range la cochenille
Décidément, les limaces veulent aussi participer au Rassemblement Préhistorique, celle-ci est venue visiter la boite où je range la cochenille

J’ai commencé à tricoter les mitaines de Martin, le bronzier.

Tannage à la cervelle

Les peaux partent se faire fumer dans l’atelier. Il y a l`à une structure à cet effet. Dominique effectuera ce traitement sans doute de retour chez lui. Sa peau est plus épaisse et demandera plus de temps.

Pour que les peaux tannées à la cervelle se conservent bien, elles doivent être fumées
Pour que les peaux tannées à la cervelle se conservent bien, elles doivent être fumées

Rassemblement Préhistorique – 5 août

Test du verre

Je récupère les cendres du foyer. Je retrouve la boîte de sardines écrasée et seulement 1 des 4 quatre morceaux de verre. Les arrêtes ne se sont pas arrondies, les 3 autres apparaîtront peut-être au tamisage des cendres qui seront utilisées soit comme pigment, soit pour les toilettes sèches de la yourte.

Boite de sardines déformées, morceau de verre
Boite de sardines déformées, morceau de verre

Teinture

Je mordance la petite robe en lin de la fille de François. Puis, je la teints à la tanaisie. Je rajoute de l’oxalate de titane comme expérience sur la moitié de la casserole. La petite robe est sortie jaune, avec de grandes taches irrégulières orange.

Premier état de la teinture de la robe d'une des filles de François
Premier état de la teinture de la robe d’une des filles de François

Cela plaît à la petite fille, mais pas à son père. Je l’ai donc remis dans un bain de titane, elle est devenue toute orange.

Voici la version définitive qui sèche en plein air
Voici la version définitive qui sèche en plein air

Je continue les expériences avec le cuir, les os et les plumes.

Encore des os, os et soie, tests au Rassemblement Préhistorique
Encore des os, os et soie, tests au Rassemblement Préhistorique

Je sors tous les bains de la veille.

Je remet à chauffer la tanaisie (petite robe et ecoprint de Doris), un petit bain de bois de Campêche avec flûtes, un bain de cosmos, un bain de henné, un tout petit bain de cochenille…

Le bain de tanaisie est remis à contribution au Rassemblement Préhistorique
Le bain de tanaisie est remis à contribution au Rassemblement Préhistorique

Je prépare un bain de feuilles de noyer, un bain de lichens, mordançage de lin et de fibres de bambou, deux bains de cochenille pour tester le titane en comparaison du classique alun + crème de tartre.

Comme j’ai commencé de bonne heure, le feu se retrouve tôt sans casserole, je remets le reste de garance avec une chemise de coton préparée en shibori et dont j’ai trempé le bas dans la soupe de clous.

Les teintures sèchent au Rassemblement Préhistorique
Les teintures sèchent au Rassemblement Préhistorique

Doris et Martin m’ont aidé à mettre des prix convenant à la situation sur mes tissages, j’ai commencé à vendre.

Le silex

Je ne vous ai encore pas parlé du silex, mais il i y avait de nombreux amateurs de la taille du silex.

Une des nombreuses limaces présentes sur le site se promène sur ce silex
Une des nombreuses limaces présentes sur le site se promène sur ce silex

Je n’ai pas assez visité la maison du Bronze cette année. Mais, Éric a dû passer de nombreuses heures à tailler des silex.

Le coracle

Le travail sur la peau de vache du coracle continue. Elle a le don d’attirer les limaces.

La peau de vache passe la nuit étendue sur l'herbe
La peau de vache passe la nuit étendue sur l’herbe
Ce qui dépasse de la nacelle est récupérée pour faire des lanières. Celles-ci serviront pour les attaches de la nacelle. Ce travail a été difficile
Ce qui dépasse de la nacelle est récupérée pour faire des lanières. Celles-ci serviront pour les attaches de la nacelle. Ce travail a été difficile
Début de la construction de la nacelle du coracle en vannerie
Début de la construction de la nacelle du coracle en vannerie
La nacelle commence à prendre forme
La nacelle commence à prendre forme

Rassemblement Préhistorique – 6 août

Teinture au Rassemblement Préhistorique

Préparation d’un bain d’ortie, mélange des restes de garance cochenille, thym…

Récupération du tee-shirt ecoprint que j’avais utilisé comme sac pour le thym.

Nouveaux bains de cochenille. Celui que j’avais préparé dans la casserole d’aluminium est devenu mauve, il y avait sans doute des restes de fer d’un bain précédent. L’autre casserole est restée plus rouge, j’ai divisé le bain en 2, dans une petite casserole (avec la moitié de la soie) j’ai ajouté les classiques alun et crème de tartre qui ont bien rougi. Dans le bain principal avec laine et soie, j’ai ajouté de l’oxalate de titane.

La teinture du jour au Rassemblement Préhistorique
La teinture du jour au Rassemblement Préhistorique

Nouvel ecoprint sur une chemise en coton de Jacques Reinhard, cuit dans le bain de mélange garance et autres restes.

Teinture aux feuilles de noyer, aux lychens et pétales de coquelicots.

Les ventes

Je vends un grand carré de soie, ainsi qu’une écharpe.

Grandes réflexions sur le prix de vente de mes laines, c’est vraiment difficile à estimer, Martin m’invite à voir lundi les prix chez Spycher. Ce magasin est immense. Il y a de nombreux matériaux rares, des métiers à tisser, des rouets… Je me réjouis à l’avance de cette visite.

Doris a mis cette affiche devant la porte de la maison où j'ai l'atelier, cela a certainement aidé
Doris a mis cette affiche devant la porte de la maison où j’ai l’atelier, cela a certainement aidé

Animation – Atelier de dessin

Parmi les animations proposées par le Village Lacustre, il y a des atelier de dessin avec des pigments semblables à ceux utilisés aux temps préhistoriques: ocre jaune, ocre rouge, noir de charbon, craie, cendres…

Les pigments naturels et inoffensifs utilisés par l'équipe du Village Lacustre pour ces animations
Les pigments naturels et inoffensifs utilisés par l’équipe du Village Lacustre pour ces animations
En parallèle, il y a aussi des ateliers de fabrication de bourses en cuire et d'un couteau à moissonner
En parallèle, il y a aussi des ateliers de fabrication de bourses en cuire et d’un couteau à moissonner

Les enfants adorent ces animations, parfois ils reviennent plusieurs fois. Durant l’année scolaire, ces mêmes animations sont proposées aux enfants des écoles.

Céramique

Tania va cuire en plein air des pièces de la production du groupe. Elle va obtenir différents effets intéressants.

Tous ces objets en argile vont être cuits au Rassemblement Préhistorique
Tous ces objets en argile vont être cuits au Rassemblement Préhistorique
Les enfants sont très intéressés, le Rassemblement Préhistorique est un paradis pour eux aussi
Les enfants sont très intéressés, le Rassemblement Préhistorique est un paradis pour eux aussi

Elle va cuire aussi des perles et des fusaïoles que j’avais préparé depuis quelques semaines.

Tania prépare d'abord un feu
Tania prépare d’abord un feu
Quand il y a assez de braises, elle y rajoute les pièces à cuire
Quand il y a assez de braises, elle y rajoute les pièces à cuire
Puis, elle rajoute du bois pour que le feu reprenne
Puis, elle rajoute du bois pour que le feu reprenne
Elle rajoute du bois petit à petit pour ne pas l'étouffer
Elle rajoute du bois petit à petit pour ne pas l’étouffer
Les flammes ont repris, on entend parfois des craquements, ce sont des pièces qui éclatent

Les fusaïoles se sont cassées, elles était très fines et n’avaient peut-être pas bien séché dans la maison, l’atmosphère était très humide, il a beaucoup plu ces dernier temps.

Morceau de fusaïole
Morceau de fusaïole

D’autres pièces n’ont pas supporté la cuisson, notamment des hochets préhistoriques.

Ils sont très beaux, ce sont des reproductions de hochets retrouvés dans des tombes d’enfants du Néolithique. À l’intérieur, ils contiennent des petits cailloux qui font du bruit.

Certaines pièces ont subi un traitement privilégié pour les noircir.

Cette bassine est remplie de sciures, on y plongera les pièces à noircir pour qu'elles y terminent leur cuisson
Cette bassine est remplie de sciures, on y plongera les pièces à noircir pour qu’elles y terminent leur cuisson
Les autres iront directement se rafraîchir à la fontaine
Les autres iront directement se rafraîchir à la fontaine
Voici les perles qui viennent de sortir du bain
Voici les perles qui viennent de sortir du bain
Voici ci le résultat de la cuisson au Rassemblement Préhistorique
Voici ci le résultat de la cuisson au Rassemblement Préhistorique
Voici l'état dans lequel j'ai trouvé mon grand bol pour l'amener à cuire
Voici l’état dans lequel j’ai trouvé mon grand bol pour l’amener à cuire

Le grand bol dont je parle dans l’article précédent, s’est craquelé dans son moule, bien avant la cuisson.

Le coracle

L’équipe du coracle a presque atteint son but, la peau de vache a été nettoyée. Des lanières ont été préparées pour consolider la partie vannerie en bois de saule. Il leur faut fixer la peau et bien sûr le tester sur le lac encore en crue.

Voici les lanières de cuir de vache pour le coracle du Rassemblement Préhistorique
La peau de vache sèche en position sur sa nacelle, il faudra la retourner, le poil sera à l'extérieur
La peau de vache sèche en position sur sa nacelle, il faudra la retourner, le poil sera à l’extérieur

Rassemblement Préhistorique – 7 août

Résumé avec 2 jours de retard, il y avait tant à faire.

Épuisement des différents bains, recharge de celui de bois de Campêche pour une flûte en os et un peu de chanvre.

Cuisson du bain d’orties, il était temps, elles commençaient à moisir.

Le bain de feuilles de noyers a donné un beige un peu décevant. e bain était certainement trop chargé en fibres.

Celui de lichens a donné une laine bicolore, la casserole était allongée et j’ai vidé un reste d’oxalate de titane à un bout, le résultat es un joli jaune orangé. C’est Éric qui avait amené ce lichens.

Le vieux bain de garances mélangées à d’autres vieux bains de tanins a donné un joli roux.

Avec des visiteurs nous préparons un nouvel ecoprint sur toile à matelas.

Enfin, une cuve d’indigo au Rassemblement Préhistorique

On a, enfin, monté la cuve d’indigo avec Dominique le tanneur qui met à profit ses talents de de chimiste et Tania.

Nous faisons les premiers tests réussis malgré quelques doutes. Le pH était apparemment de 11 au lieu de 9-10. On en voyait pas la couche cuivrée à la surface. Mais la maison est un peu sombre et nous avons fait le bain d’indigo dans une grande cruche, ce qui limite la surface d’oxygénation.

Je n’ai pas pris de photographies de la préparation de cette cuve d’indigo. Mais, nous avons suivi les indications du bain 1-2-3 de Michel Garcia, 1 partie d’indigo, 2 parties de chaux, 3 partie de fructose, remplacé par du miel.

Mais, voici une photographie du premier essai.

L`'échantillon de laine est passé plusieurs fois dans la cuve ce qui explique qu'il soit aussi foncé.
L`’échantillon de laine est passé plusieurs fois dans la cuve ce qui explique qu’il soit aussi foncé.

Le coracle

Le coracle est bientôt fini, il a été mis à fumer, il sent encore très mauvais. Il vont faire un sol en vannerie à l’intérieur pour protéger un peu le cuir.

Le coracle attend son fond en branches de saule au Rassemblement Préhistorique
Le coracle attend son fond en branches de saule au Rassemblement Préhistorique
François a déjà commencé la grille de plancher du coracle
François a déjà commencé la grille de plancher du coracle

Musique

La musique est aussi un grand centre d’intérêt pour de nombreux participants au Rassemblement Préhistorique.

À 20 heures, concert du groupe Polyphoniques avec François. Il est aussi beau que celui de l’an dernier.

Rassemblement Préhistorique – 8 août

À 8h du matin nous tentons de faire un peu de bleu maya avec Tania, sur les braises, nous ne voyons pas la réaction se produire.

Il faut mélanger en le chauffant de l'argile blanche avec de l'indigo et cela doit devenir bleu turquoise
Il faut mélanger en le chauffant de l’argile blanche avec de l’indigo et cela doit devenir bleu turquoise

Il fait sombre dans la maison longue et encore il y a des jours ont été prévus dans les murs, pour qu’elle puisse être utilisée pour les animations. En effet, il n’y a pas d’électricité dans le Village Lacustre.

La maison du feu est encore plus sombre. L’atelier est conçu avec un mur absent pour une plus grande luminosité. Cela n’est pas conforme aux restes découverts dans les fouilles. Mais, le bâtiment devait être fonctionnel pour les activités de formation du Village Lacustre et l’équipe le signale aux visiteurs.

Là, nous avons vu s'échapper et une fumée rose fuchsia
Là, nous avons vu s’échapper et une fumée rose fuchsia

Nous poursuivons en plein jour sur le camping-gaz. L’argile blanche est devenue grise ciment et s’en échappe une vapeur rose fuchsia. Nous arrêtons l’expérience. Tania doit aller ouvrir la caisse.

Essai de récupération

J’essaye de diluer un peu de ce curieux mélange avec de l’eau, le mélange se fait mal, l’argile veut rester en suspension. On peut apercevoir une couche bleu indigo au fond du gobelet. Dominique pense que je me suis trompée d’argile. Il faudra réessayer.

Dominique examine la dilution du mélange d'argile dilué dans de l'eau
Dominique examine la dilution du mélange d’argile dilué dans de l’eau

Nombreux tests en indigo au Rassemblement Préhistorique

L’indigo est intéressant. Il permet de faire des démonstrations rapides de teinture. La teinture pénètre la fibre le temps que j’explique les particularités de ce type de teinture.

Voici notre cuve d'indigo, elle nous fournira de nombreux échantillons en démonstration
Voici notre cuve d’indigo, elle nous fournira de nombreux échantillons en démonstration
Quelques tests d'indigo qui sèchent dans l'arbre
Quelques tests d’indigo qui sèchent dans l’arbre

En outre, c’est une teinture magique. Les fibres sortent verdâtres et elles bleuissent avec l’oxygène de l’air.

Divers teinture

Je continue à épuiser les bains, car c’est le dernier jour.

Enfin un jour de soleil.

Nous ouvrons l’ecoprint sur toile à matelas, il est plutôt décevant. Cela est certainement dû au fait que j’y ai inclus des feuilles de tabac dont les nervures sont très grosses et détendaient la toile et pour l’ecoprint il faut qu’elle soit bien serrée pour faire contact avec les feuilles.

L'ecoprint sur toile de matelas enfin ouvert
L’ecoprint sur toile de matelas enfin ouvert

Petite recharge d’un bain de cochenille classique pour teindre deux os et encore un peu de laine.

Le bain d’ortie a donné un beige jaunâtre.

L’écharpe de feutre a bien pris la teinture au Cosmos sulfureus.

Je pense la broder avec un coton dans les mêmes tons et de la soie
Je pense la broder avec un coton dans les mêmes tons et de la soie

Le coracle du Rassemblement Préhistorique

Le coracle est remis à sécher dans la journée et à fumer le soir quand les visiteurs sont partis. Il ne sera testé sur le lac que pour la Fête de la Préhistoire, où il aura un rôle de vedette.

Le coracle entrain d'être fumé au Rassemblement Préhistorique
Le coracle entrain d’être fumé au Rassemblement Préhistorique

C’est le fruit du travail acharné de toute une équipe qui a su braver les mauvaises odeurs. Ce fut aussi un centre d’intérêt pour les visiteurs intrigués.

On a du mal à s’imaginer que des moines ont quitté l’Irlande dans de telles embarcations pour rejoindre l’Islande au IXème si`´ècle.

Fin du Rassemblement Préhistorique

Dernier jour, le village lacustre s’est vidé de presque tous ses occupants. Je commence à ranger l’atelier provisoire.

Cette expérience a été très intéressante, j’ai beaucoup appris et fais de très bon contacts. Le temps est passé trop vite.

Quelques jours d’expérimentation en liberté

Quelques conclusions du Rassemblement Préhistorique

Toutes ces expériences soulèvent un certain nombre de questions en ce qui concerne:

  • l’importance du temps consacré à certaines activités. Le temps n’avait certainement pas la même valeur
  • les difficultés de transport (par exemple, les silex étaient débités sur place, on ramenait des pièces déjà dégrossies)
  • les difficultés d’approvisionnement, on faisait avec ce qu’on avait et quand on avait
  • savoir attendre que la nature facilite le travail (je pense au rouissage des fibres végétales, notamment pour les orties)
  • la nécessité de travail en commun
  • la division ou non des taches

Gletterens, préparations

/// Gletterens, préparations/// —- Encore en cours de rédaction (de nouvelles photos vont arriver)
Nouvel article du 21 juin 2021 — Mis à jour le 8 octobre 2021 —
Prochain articleLaver la laine
Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352

Pour Gletterens 2021, il y a tant à faire que je ne sais plus par quoi commencer! En réalité, je m’y prépare depuis le Rassemblement Préhistorique de l’an dernier, au Village Lacustre. Depuis l’obtention de mon diplôme je mets les bouchées doubles… Je voudrais arriver à tout faire. Un prochain article fera le compte rendu de ces expériences.

Lectures et rencontres pour Gletterens

Comme de bien entendu toute nouveauté est précédée de rencontres et de lectures et bien sûr d’expérimentations.

Quelles lectures?

Les sources

Elles sont multiples et très variées, elles vont des bibliothèques des amis, les médiathèques municipales, ma propre collection personnelle que j’enrichis chaque fois que je le peux et sites aux internet, en passant par les inoubliables leçons de la nature.

Voici quelques précieuses sources internet:

  • hal.fr, thèses et articles en français
  • academia.edu, semblable, mais plus international, m’a beaucoup servi
  • libraryxyz, livres pdf ou epub, mais aussi beaucoup d’articles
  • bnf, multimédia, sur livres anciens, s’avère très intéressant parfois
  • archive.org, de nombreux documents anciens
  • wikipedia, n’est pas toujours sans intérêt, les articles sont parfois un peu légers, mais les liens tels que celui-ci, peuvent être intéressants
  • Pinterest, la recherche peut être longue, mais c’est très visuel et on peut y découvrir des pépites
  • video youtube
  • cours de Ver de Terre production
  • conférences du Collège de France, c’est agréable à écouter quand on file, tisse ou fait la cuisine et j’y ai beaucoup appris…

Quelle panoplie, je ne n’arrive pas à tout exploiter. J’ai de quoi faire pour les longues soirées d’hiver.

Le sujets

Comme vous le savez sans doute déjà, je ne me limite pas à la teinture et au travail des fibres.

Les video

Bien sûr, je continue à m’intéresser aux orties et aux autres plantes à fibres, j’ai donc vu de nombreux documentaires sur ces sujets, certaines sont listées dans cet article.

Les rencontres

Wwoofing

Comme Aline m’a amenée de nombreuses fois à la médiathèque d’Argentan, j’y ai puisé de nombreuses informations qui me seront utiles.

Elle m’a procuré une expérience prolongée de filage au rouet… Elle m’a aussi aidée à monter ma boutique Etsy. Cela m’a donné envie d’avoir un petit rouet de voyage qui me permettrait de filer un peu n’importe où.

Chez elle, j’ai rencontré Gregory, wwoofeur aussi, très doué en vannerie et construction végétale qui sera aussi présent à Gletterens en 2021…

Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021
Vannerie végétale, œuvre de Grégory qui sera présent à Gletterens en 2021

Avec Grégory, les surprises ne manquaient pas.

Vue intérieure d'une "petite" hutte kanak que Grégory est entrain de construire
Vue intérieure d’une “petite” hutte kanak que Grégory est entrain de construire, un peu trop long pour en construire une à Gletterens tout de suite, mais qui sait un jour…

Aline m’a aussi présenté une de ses amies tisserande et dentellière qui m’a beaucoup enseigné. J’ai vu chez elle de magnifiques outils anciens.

Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière
Magnifique rouet ancien, chez Michelle, la Dentellière

Chez Gilles, j’ai beaucoup appris sur les moutons, sur le cidre accessoirement et sur beaucoup d’autres choses passionnantes…

Je lui dois aussi une très bonne laine brute que j’ai répartie entre filature et feutrage. Toutes les laines que j’ai filées ont été tissées et teintes.

Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens
Écharpe pour Gilles, il me reste de la laine pour Gletterens

Amis

Monique, Gérard, Aline et beaucoup d’autres m’ont beaucoup aidée dans mes recherches et je ne les remercierai jamais assez.

Musées

Dès l’ouverture des musées, Monique m’a amenée au Musée des Civils pendant la Guerre à Falaise et Gérard m’a fait visiter le Musée de la Préhistoire à Nemours.

Fragments de textiles datant de l’âge du Bronze, Musée de Nemours

Nouveautés pour Gletterens

Nouvelles matières premières

Orties, nouvel essai

Chez Gérard, j’ai fait un nouvel essai pour récupérer des fibres d’orties, d’après des informations recueillies sur internet qui a raté encore une fois. J’attends le prochain Rassemblement Préhistorique et de faire la connaissance de Jacques Reinhard pour en savoir plus.

Test pour obtenir des fibres d'orties, mais aussi mauves et liber des baguettes que j'ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens
Test pour obtenir des fibres d’orties, mais aussi de mauves et de liber des baguettes que j’ai préparées pour les fuseaux pour Gletterens

À Falaise, j’ai eu l’occasion de briser des tiges de roses trémières qui avaient roui naturellement pendant l’automne et l’hiver, elles contenaient de fines fibres blanches, mais il faudrait en avoir de grandes quantités pour en tirer un écheveau ou une bobine…

Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Fibres de roses trémières qui pourraient être filées. Il y en avait pas assez pour Gleterrens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j'ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n'y avait plus de graines pour Gletterens
Dans le jardin botanique du Château de Falaise, j’ai aussi pu voir les vrais cardères utilisés dans le monde textile. Dommage, il n’y avait plus de graines pour Gletterens

Nouveaux tissages pour Gletterens

Les nouvelles matières, les limitations matérielles et le peu de temps disponibles m’ont obligé à essayer d’innover. De plus, je ne pouvais pas revenir à Gletterens qu’avec ce qui me restait de l’an passé. Il fallait du nouveau et de la variété.

Alors, j’ai fait quelques écharpes en laine, deux ponchos légers en coton et lin, des petites pochettes, des bracelets… Vous les verrez dans le prochain article sur Gletterens 2021.

Outils qui sortent du commun, spécial Gletterens

Comme je suis toujours à la recherche de nouveaux outils: fuseaux, métiers à tisser… je m’équipe de mieux en mieux. Vu que cela prend de la place, il faut aussi que j’essaie de faire petit et léger.

Fuseau maya, une nouveauté pour Gletterens

Petite découverte fascinante due à Pinterest. Les rares producteurs étant soit aux États-Unis, soit en Angleterre, je me suis décidée à en faire ma propre version bricolée.

Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne
Mon premier fuseau maya en cours de test, cela fonctionne, j’en ferai une version plus rustique pour Gletterens

C’est très facile à manier et j’ai même pu filer fin avec. En outre, il est démontable, léger et n’occupe que peu d’espace.

En outre, il est totalement archéocompatible. Il suffira de le refaire avec des matériaux moins élaborés que ceux-ci.

D’ailleurs, bien avant le néolithique, des tablettes assez proches servaient à tordre des cordons, ficelles et cordes.

Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d'usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil
Photo de mon écran alors que je regardais un cours de Jean-Jacques Hublin au Collège de France, la photographie du trou agrandie met en évidence les traces d’usure provoquées par le frottement des fibres des cordes produites avec cet outil

Fuseau turc léger

Le fuseau turc est très intéressant car il fournit directement une pelote prête à l’usage.

A la fin de mon séjour en Suisse, à Gletterens, l’an dernier, mes amis bronziers m’avaient amené voir une immense boutique de laines. Je m’en suis acheté un. Malheureusement, il est un peu trop lourd, à mon goût.

Ma version est beaucoup plus légère et économique. En effet, le plus léger pèse 7 grammes.

Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, nouveauté pour Gletterens
Fuseau turc acheté en Suisse et fuseau turc léger de ma production, autre nouveauté pour Gletterens

Fuseau basque

Je l’ai découvert très récemment sur Pinterest et Gérard m’en a fait un à sa façon. Ce fuseau aussi fournit une pelote prête à l’usage.

Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l'essai. Ben qu'assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens
Fuseau basque fabriqué par Gérard, déjà à l’essai. Ben qu’assez lourd, il est assez efficace. Un outil de plus à montrer à Gletterens

“Métier” à bracelets

Vu que je n’ai pas de grosses quantités de laine, le filage au fuseau est très long et qu’il ne me reste presque plus de grandes pièces tissées, je me suis mise à tisser des bracelets et des pochettes.

J’ai cherché un outil archéocompatible (mon métier à clous ne l’est pas).

Voici ce que j’ai trouvé.

Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens
Nouveau métier à tisser archéocompatible pour Gletterens

Lavage de laine

Pour ne pas partir avec autant de laines sales, avec des déchets, j’ai aussi fait des essais concernant le lavage de la laine.

Aussi, j’ai essayé d’éliminer de la paille qui rendait une laine d’alpaga difficile à filer. J’ai tenté une recette vu dans des livres pourtant sérieux décrivant une technique industrielle pour débarrasser les laines des déchets végétaux. Il s’agit de les faire tremper dans une solution à 5% d’acide sulfurique ou chlorhydrique. J’ai testé l’acide sulfurique disponible en bouteille au supermarché.

Alors, j’ai essayé à plusieurs concentrations, j’ai laissé agir pendant plus d’une semaine, mais apparemment pas d’effet, les pailles étaient toujours là.

Je m'attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu'elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d'une semaine.
Je m’attendais à ce que la paille soit carbonisée ou pour le moins fragilisée et qu’elle tomberait en poussières, ce ne fut pas le cas, malgré des trempages de plus d’une semaine.

Feutre

Mes tests de lavage m’ont incitée à feutrer certaines laines.

Préparation d’une écharpe en feutre, laine de brebis Thones et Marthod, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens
Feutre encore entrain de sécher, pour Gletterens

D’autres n’ont absolument pas voulu feutrer (shropshire), je les ai préparées pour le filage, certaines ont été teintes chez Gérard.

Ces laines n'ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens,
Ces laines n’ont pas voulu feutrer, malgré mon acharnement, je les tricoterai à Gletterens, elles ont juste eu le temps de sécher avant mon départ

Autres techniques

Suite à la rencontre de Grégory, le constructeur de huttes kanak, je me suis plus intéressée à la vannerie, technique probablement ancêtre des textiles.

Poursuite de Gletterens l’an dernier

Matières premières non touchées avant Gletterens l’an dernier

Soie, lin, chanvre…

Avant de venir en Suisse, je n’avais pas pu tester ces matières si renommées. Depuis, grâce à mes amis bronzier, j’ai pu essayer de les filer et j’ai même osé les travailler.

Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens
Laine teinte à la cochenille avec filaments de soie, une autre nouveauté pour Gletterens

Lapin angora

Il y a longtemps, j’avais un peu testé les fibres de mes lapins à Mamiña, mais j’en avais si peu que c’était comme si j’en avais pas eu. Avec Monique, nous sommes allées voir un producteur de fibres d’alpaga et de lapin angora.

Ce lapin angora est si poilu qu'on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Ce lapin angora est si poilu qu’on le devine à peine, de belles fibres pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens
Préparation de feutre, laine de Thones et Marhord, soie et angora, pour Gletterens

Ecoprint pour Gletterens

Test d’autres plantes en ecoprint pour Gletterens

Depuis, mon arrivée en France, j’ai d’abord accumulé des toiles à teindre (draps et vieux vêtements, mais aussi toiles de soie). Puis, chez Monique et chez Gérard, j’ai eu l’occasion de partager cette technique.

Nouveaux ecoprint pour Gletterens
Nouveaux ecoprint pour Gletterens

Autres supports

À Falaise, j’ai acheté et testé des écharpes en laine fine, une toile de matelas et une toile légère de soie.

Ecoprint sur écharpe en laine fine
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Ecoprint sur soie, je diviserai cette toile en 4 écharpes et un grand carré que je terminerai une fois arrivée à Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens
Je viens de découper la toile à matelas teinte en ecoprint chez Monique, de futurs sacs pour Gletterens

Filage pour Gletterens

J’ai filé au rouet pendant près de 4 mois, chez Aline. J’ai donc pu tester plusieurs variétés de laines et dans mes temps libres testés les soies, chanvre et autre lin que j’avais ramenés de Suisse.

Peu de temps avant mon départ pour Gletterens, j’ai reçu un paquet de fibres de bison, cadeau d’Éric d’Archeoshop, Je me suis dépêchée de tester ces fibres, d’abord seules, mais elles sont assez courtes, puis mélangées à de la laine de mouton sale. Là, cela se filait un peu plus facilement. Nouvelle expérience sympathique.

Essai de filage de la fibre de bison d’Éric, seule, pour Gletterens

Cette fibre n’est pas très facile à filer seule, comme c’est le cas pour beaucoup de fibres difficiles à travailler, je l’ai mélangée avec de la laine de mouton, cela améliore la cohésion du fil.

Début de filage, bison et laine pour Gletterens

Voici, les deux produits finaux après retors.

Voici deux échantillons pour Éric, je les lui donnerai quand il arrivera à Gletterens

Filets

Lors de ma visite au Latenium à Neuchatel, l’an dernier, j’ai vu un autre outil ancien pour les filets, à tester.

Je ne me suis pas encore fait cet outil, je pensais le faire à Gletterens, mais je n’en ai pas eu le temps
Après les Rencontres Préhistoriques à Gletterens, je suis allée visiter le Latenium, j'y ai découvert cet outil à tisser des filets
Après le Rassemblement Préhistorique à Gletterens, l’an dernier, je suis allée visiter le Latenium, j’y ai découvert cet outil à tisser des filets

Arrivée à Gletterens en avance

Arrivée le 14 juillet

Voyage sans encombre, un grand merci pour Gérard qui m’a accompagné jusqu’au train à la Gare de Lyon. Des Suisses inconnus m’ont beaucoup aidé avec les bagages au changement de train à Lausanne.

Seul mon petit charriot m’a lâchée juste en arrivant à Gletterens, mais c’est sans doute réparable.

Avec surprise, je découvre l’inondation. Par la suite, le petit supermarché fermera pendant 3 jours de crainte des coupures de courant dues au débordement du Lac de Neuchatel. Tous les lacs de la région ont largement débordés.

Je devais repartir en laissant l’essentiel des bagages pour revenir quelques jours avant le Rassemblement Préhistorique, mais on a eu pitié de moi, ma tente n’était pas adaptée à la météo du moment. On m’a dit de m’installer dans un des abris préhistoriques qui était parfaitement sec.

Du 15 au 19 juillet

Coutures des ourlets sur les écharpes en soie, j’ai tenu à le faire avec des files de soie, ma soie était très emmêlée et j’ai passé beaucoup de temps avec cela.

Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Préparation des ourlets des pièces de soie en ecoprint, à Gletterens
Finition au crochet des pìeces d’ecoprint, à Gletterens en préparation des Rencontres Préhistoriques

En outre, j’ai aussi raccommodé avec de la soie les petits trous des bouffettes sur les sacs en toile de matelas écoprintés. Pour les sacs, il me reste à faire les lanières que je tresserai avec du lin et du chanvre que j’ai filé au fuseau. Ce sera solide.

Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens
Une petite touche de kintsugi sur ces sacs en toile de matelas, du nouveau pour Gletterens

Préparation de nouveaux fuseaux compatibles néolithiques.

Reproduction d’un fuseau trouvé dans une tombe à La Ligua visible au Musée de La Ligua. Là-bas, on m’avait dit qu’il n’avait certainement pas du être utilisé, que ce devait être une miniature. En effet, il était constitué d’un simple bâtonnet et d’une petite huître percée au centre.

Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d'un fuseau traditionnel péruvien
Petit fuseau à coquillage semblables à ceux vus au Musée de La Ligua (Chili) à côté d’un fuseau traditionnel péruvien

Les amis de Gletterens m’ont aidé, ils m’ont fourni un petit coquillage, Tatiana l’a percé en frottant l’extérieur d’abord sur une pierre à polir, puis avec un poinçon en silex elle a préparé le trou à l’intérieur, puis elle l’a terminé à la vrille préhistorique.

J’ai trouvé une baguette, je l’ai tout de suite testé avec de la laine mouton. Cela fonctionne bien, il est très léger et peut filer très fin, seulement on ne peut pas produire de grosses bobine avec.

Fabrication d’un fuseau Maya à partir des matériaux du bord. Finition d’autres fuseaux Maya avec des perles ajustées avec une colle néolithique à base de brai de bouleau.

Fuseau dit “maya”, recontitution archéocompatible à Gletterens

20 juillet

Pour le Rassemblement Préhistorique, il faut dans la mesure du possible utiliser du matériel qui ne soit pas anachronique.

Et nous manquons de casseroles, il va falloir en faire en argile.

Préparation de l’argile

À Gletterens, il y a un tas d’argile qui sert pour le torchis des murs des maisons, elle doit être bonne, mais elle a été envahie par les racines des arbres et quelques ronces.

Tas d'argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n'ont pas encore disparu de Gletterens
Tas d’argile qui tend à se rapprocher des conditions préhistoriques, la pelle, les bâches et le sac en plastique sont anachroniques mais n’ont pas encore disparu de Gletterens

J’en ramasse un paquet dans un sac poubelle. D’abord, je l’égraine dans un seau d’eau.

Puis, je malaxe bien le résultat, il reste encore beaucoup de radicelles. Enfin, je vais essayer de la tamiser. Puis je la laisse décanter dans un bac en espérant qu’elle sèche. Heureusement, il fait beau et chaud avec un peu de vent. J’essaie d’éliminer les quelques centimètres d’eau qui surnage.

Tentative de préparation de l’argile à Gletter

Le matin, au petit déjeuner, j’ai la visite d’une petite mésange charbonnière très entreprenante. D’abord, elle me picore les mains, puis elle saute sur mes genoux, s’accroche à mon pull, grimpe sur mon épaule et enfin sur ma tête.

Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens
Lors de la visite du lendemain, elle se pose sur ma tasse de chocolat, puis va picorer ma tartine… Même les mésanges sont spéciales à Gletterens

21 juillet

Je vais chercher un nouveau seau d’argile le matin.

Cette fois-ci, je fais plus simple et rapide. Je rajoute l’eau dans le seau. Puis le soir, je malaxe, j’enlève à la main les grosses racines et je tamise deux fois.

Je laisse décanter la nuit.

22 juillet

D’abord, j’élimine l’eau qui surnage dans les deux récipients. Le premier est déjà plus consistant.

Bac d'argile qui s'assèche à Gletterens
Bac d’argile qui s’assèche à Gletterens

Normalement, j’aurai du aller chercher du sable fin pour amaigrir une partie de cette terre, mais elle est déjà très sablonneuse. Puis, dès que la terre aura une bonne consistance je la battrai pour éliminer les bulles d’air. Enfin, j’essaierai de faire quelques perles et fusaïoles, avant d’essayer de faire des casseroles. De toute manière, la quantité préparée est sans doute insuffisante. Et il faut laisser le temps à la terre de sécher avant de la cuire.

Fusaïoles et perles qui sèchent à Gletterens

Donc, aujourd’hui, la terre sèche tranquillement.

Je suis allée récolter des orties pour refaire des essais. Doris m’a gentiment indiqué ce qu’elle avait fait l’an dernier:

    • Récolte
    • Enlever les feuilles
    • Faire des bottes et les mettre à sécher
    • Une fois sèches, il faut les mettre à rouir
    • Une fois rouies, il faut les refaire sécher
    • Puis, il faudra les battre pour récupérer les fibres à filer

J’ai récupéré les feuilles pour la teinture.

Belles orties de Gletterens
Belles orties de Gletterens

D’autre part, j’ai commencé à récolter des graines de cornouiller sanguin et de bourdaine qui font partie des fameuses “Graines d’Avignon” que je n’ai pas encore testées.

De gauche à droite, plantain, feuilles d'orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour les Rencontres Préhistoriques
De gauche à droite, plantain, feuilles d’orties, graines provenant des haies du Village Lacustre de Gletterens. De quoi commencer à teindre pour ls Rassemblement Préhistorique, pour le moment cela donne un peu de vie à la Maison du Feu

Puis, j’ai avancé sur le poncho entouré de filet. J’avais déjà fait deux côtés, il m’en restait deux autres. J’en suis à la moitié du troisième côté.

Bordures au filet, avec une navette fine pour ce poncho spécial Gletterens

23 juillet

Nouvelle récolte d’orties, il y en a de très grandes. Préparation après quelques heures de séchage, elles piquent un peu moins. Je voudrais les photographier à la loupe. C’est vrai que cela pique, mais on finit par oublier et cela fait du bien aux articulations, je dors mieux la nuit…

Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens
Effeuillage des orties avant de les mettre à rouir, à Gletterens

J’avance sur le filet de bord du poncho, je viens d’attaquer le 4ème côté.

L’argile sèche petit à petit, premier essai de perle.

Gletterens, l'argile commence à prendre de la consistance
Gletterens, l’argile commence à prendre de la consistance, traces de gouttes de pluie

Tressage d’une lanière à 5 fils de lin et soie pour 1 sac ecoprint sur toile à matelas.

Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas
Gletterens, tresse à 5 brins de lin pour un sac en toile de matelas

24 juillet

Petite visite à la déchetterie pour chercher de la ferraille pour la soupe de clous et de vieilles marmites pour la teinture. En effet, ma marmite archéocompatible ne sera certainement pas prête à temps pour les Rencontres Préhistoriques, la semaine prochaine. Les déchetteries sont une source d’approvisionnement très riche en Suisse.

Disparition insolite de l’argile encore mouillée entre 6h30 et 9h00. Donc, préparation d’argile nouvelle.

Couture de la lanière sur le sac, elle était trop fine, je l’ai agrémentée de 2 rangs de crochet de chaque côté.

Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens
Couture des tresses sur les sacs ecoprint à Gletterens

Tressage d’une lanière à 8 fils de chanvre que j’ai du retordre auparavant. Pour la même longueur de fil, elle était plus courte et beaucoup plus longue à tresser. Elle est très douce au toucher.

25 juillet

J’ai tamisé et laisser reposer l’argile qui trempe depuis la veille.

Tressage d’une autre lanière, cette fois-ci combinaison de chanvre et lin-soie. Le résultat me plaît, mais c’est très long.

26 juillet

Tamisage de l’argile

Nouvelle tresse á 8 huit brins et une autre à 10 est presque finie.

J’avance sur le filet du bord du poncho, il ne me manque que 3 rangs.

Les mésanges viennent visiter l’abri préhistorique, elles sont vraiment très curieuses. Leur visite me met de bonne humeur le matin.

27 juillet

Je viens de m’installer dehors pour taper ce texte. Les mésanges viennent manger les miettes, se promènent sur le clavier, elles sont si légères qu’elles ne tapent pas de texte incongru. Puis, elles me picorent les pieds.

J’ai fini les tresses pour les sacs en ecoprint. Elles m’auront pris plusieurs jours.

Comme, j’ai fini le poncho entouré de filets., j’ai commencé la ceinture en filet.

Démarrage d'une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens
Démarrage d’une ceinture en filet pour le poncho, à Gletterens

Arrivée de Gregory, je suis contente qu’il ait pu venir, je pense que ce sera une bonne expérience.

28 juillet

Nouvelles visites des mésanges affamées par la pluie.

D’abord, j’ai cousu toutes les lanières des sacs ecoprint, Je suis contente, mais j’ai passé beaucoup de temps dessus.

Puis, j’ai rangé les bacs d’argile sous clef, car elle est presque assez sèche.

Enfin, j’ai récupéré les écorces de cornouillers et de noisetiers que Gregory a coupées pour faire le châssis pour le tannage de la peau de bison. Elles me serviront pour teindre. La texture du bois de cornouiller est très belle.

À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles
À Gletterens, je vais aussi teindre avec des déchets, ces écorces me seront très utiles

29 juillet

Poursuite de la ceinture en filet. J’en aurai pour un bon moment, elle n’est pas large, mais c’est très long.

Pour Gletterens, filet à mailles fines
Pour Gletterens, filet à mailles fines

Enfin, j’ai fini le dernier sac, je peux passer à d’autres taches.

Moulage d’un grand bol avec de l’argile que m’avait amenée Doris, j’espère qu’il se démoulera sans problème, pour le moment il sèche dans l’abri préhistorique.

Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement
Bol moulé en argile, il va partir sécher tranquillement

J’ai encore fait deux fusaïoles et quelques perles.

Fusaïoles et perles en argile
Fusaïoles et perles en argile

J’ai testé la terre que j’ai tamisée, car elle commence à sécher. Elle se fendille quand on la modèle. Il paraît qu’il faut battre cette terre.

Je ramasse tous les jours de nombreuses feuilles de peupliers attaquées par un insecte qui provoque une boursoufflure sur la tige. C’est intéressant en teinture, car ces boules dues à un parasite concentrent les tanins.

Feuilles de peuplier atteintes par un parasite
Feuilles de peuplier atteintes par un parasite

30 juillet

Récolte de petits pois sauvages, dans le jardin. Il fallait le faire car les gousses commençaient à s’ouvrir et les graines se perdaient.

Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens
Petits pois provenant de semences anciennes cultivés ici, à Gletterens

Ramassage d’une grosse botte d’orties

Le soir arrivée des premiers participants au Rassemblement Préhistorique: Andreas – tannage et pièges, il est chimiste, Dominique – tannage à la cervelle est aussi chimiste, Eric – silex, flûte, créateur d’archeoshop.com, puis François et trois amis. Grosse déception Pierre le Frondeur n’a pas pu venir.

Fin de soirée très agréable avec concert folk celtique… Filature de poils de lapin angora, fibre courte qui vole mais feutre aussi avec facilité.

Demain commencent le nouveau Rassemblement Préhistorique!!! Nous sommes prêts, la suite vient dans un prochain article.

Gletterens 2022

Nous espérons tous pouvoir nous revoir l’an prochain à Gletterens.

Filer comme au temps jadis?

/// Filer comme au temps jadis? ///
Article créé le 10 mai 2021 —- Mis à jour le 29 octobre 2024

Je suis rentrée au Chili le 15 novembre – Beaucoup de nouveautés
Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025
Je pense revenir en Europe en mars 2025

Organisons donc des ateliers! C’est facile – 07 69 905 352

Nouveau blog en espagnol: www.lanitando.com
Les dernières nouvelles apparaissent souvent sur ce site

Filer comme nos ancêtres, j’en suis encore loin. La finesse de leur travail m’impressionne toujours. Les vieilles habitudes de nos aïeux ont beaucoup à nous enseigner. Après plus de 15 ans de pratique, de patience et de nombreux voyages, il me semble que j’ai accumulé assez d’expériences pour pouvoir en partager. De nouveaux essais ne tarderont pas à arriver.

Pourquoi filer?

Quand on a des moutons, ce n’est pas encore mon cas, on doit les tondre au moins une fois l’an, parfois deux.

Montons dont j'ai filé la laine en normandie
Montons dont j’ai filé la laine en normandie

Les camélidés se tondent soit tous les ans ou mieux tous les deux ans pour un poil plus long.

Avoir appris à tondre les moutons m'a donné l'occasion de tondre des alpagas, le petit me regarde libérer sa mère de sa toison que je pourrai filer par la suite
Avoir appris à tondre les moutons m’a donné l’occasion de tondre des alpagas, le petit me regarde libérer sa mère de sa toison que je pourrai filer par la suite

En effet, ils ont trop chaud en été et la laine a tendance à se feutrer, se salir et se brûler au soleil. Cela la rend plus difficilement exploitable.

Contrairement à certaines légendes urbaines, les animaux ne meurent pas des suites de la tonte. Les moutons à laine ont été sélectionnés depuis des siècles pour qu’ils ne perdent plus leur laine à chaque printemps, puis selon différentes qualités de laine, en fonction du climat, de la finesse désirée, de leur brillance, de la façon dont elles absorbent la teinture… En effet, certaines laines se teignent mieux que d’autres.

J'ai  aussi eu l'occasion de filer la laine des parents de ces agneaux
J’ai aussi eu l’occasion de filer la laine des parents de ces agneaux

Il vaut mieux les tondre avant la montée en graine des plantes qu’ils pâturent. En effet, certaines graines s’incrustent dans les toisons, cela ralentit la filature. D’autres graines peuvent être très piquantes lors du nettoyage de la toison et peuvent même blesser les doigts lors de la filature. De plus, elles doivent irriter les moutons.

Il n’y a pas que la laine de mouton que l’on peut filer. Tous les poils longs et souples peuvent être exploités.

Certaines plantes de nos jardins telles que les orties, les mauves, les roses trémières peuvent fournir des fibres intéressantes.

V
Les tiges sèches de roses trémières, rouies naturellement par l’hiver, libèrent des fibres soyeuses qui pourraient être filées

Le liber de certains arbres étaient exploités de la Préhistoire au Moyen-Âge, tel celui du tilleul, du chêne, de l’aulne…

Liber de tilleul, fibre très utilisée dès la préhistoire, elle n’était généralement pas filée au fuseau, mais tordue manuellement.

La filature de la laine n’est bien sûr pas obligatoire, on peut la crocheter seulement cardée, on peut la feutrer…

Pour faire ce bonnet, je n'ai pas eu besoin de filer la laine, j'ai seulement préparé un cordon légèrement tordu
Pour faire ce bonnet, je n’ai pas eu besoin de filer la laine, j’ai seulement préparé un cordon légèrement tordu

Mais une laine filée, prête à l’emploi ouvre de plus vastes champs à l’imagination,

Comment commencer à filer?

Il ne faut pas avoir peur, ce n’est pas difficile, beaucoup de gens ont appris quand ils étaient enfants. Moi, j’ai commencé à l’âge de 45 ans. Il suffit d’en avoir envie.

Chacun à sa main, comme pour la cuisine, il suffit d’y prendre goût. A Puerto Montt, les fileuses qui travaillent pour mon ami de Rincón de Angel reconnaissent leur laine parmi des dizaines d’autres pourtant apparemment très semblables.

C’est tellement agréable de travailler avec son propre fil…

Quelles fibres choisir?

Il y a beaucoup à dire sur les différentes fibres bien connues, ou parfois oubliées. J’ai déjà consacré un article aux fibres. Je vais d’ailleurs le compléter prochainement.

Dans celui-ci, je vais me concentrer sur la laine. On pourrait y consacrer des centaines d’articles.

Laver la laine ou pas avant?

Dans cet article, je vais beaucoup commenter un documentaire de Youtube, du Museo Las Lilas de Areco, en Argentine qui donnent de précieuses informations. Pour ceux qui ne comprennent pas l’espagnol, je vais traduire l’essentiel des commentaires.

Cela ne vous dispense pas de le regarder, car vers la 30ème minute, il fait une démonstration surprenante de sa méthode de lavage de la laine qui doit être compréhensible même si on ne parle pas espagnol.

Carder ou peigner avant de filer

Peigner la laine

Pour cela, il faut des fibres longues. Le résultat doit être bien sûr meilleur. Je ne l’ai pas encore fait.

Il faudrait peut-être que j’aille faire un tour chez les spécialistes, en Angleterre.

Carder à la main

C’est le plus simple. Nous rêvons tous de voir tomber les poussières, brindilles et autres déchets partir comme par miracle. Mais, il est difficile de passer outre ce travail.

Nous avons deux options.

Ma pratique habituelle, sans outils

J’étire simplement la laine en arrachant ce qui gênerait à la filature. J’enroule cette mèche dite de carde assez grossière sur une main. Quand j’ai une assez grosse boule, je la reprends en l’étirant et en l’enroulant de nouveau jusqu’à obtenir une mèche de la grosseur souhaitée, la plus régulière et propre possible.

À chaque passage, des déchets tombent, la laine s’aligne mieux et se tord légèrement ce qui aide à la filature.

Quand on a obtenu la grosseur désirée de la mèche de carde, on l’enroule de nouveau, mais autour de la main ouverte, de façon à pouvoir passer le rouleau autour du poignet.

Cela peut être fait aussi bien avec de la laine propre que sale.

cardage pour filer
Début du cardage
laine cardée prête à filer
Laine cardée à la main, bonne à filer

Carder à la main ne veut pas dire que le résultat ne peut pas prétendre obtenir des fils de qualité, même en partant de laine brute.

filer alpaga
Je peux filer ces fibres d’alpaga á partir de la toison brute de tonte aprés un simple cardage á la main. Avec un peu plus de patience, on peut en faire autant avec la laine de brebis.

Avec planches à carder

Cela me semble plus fatigant, la laine doit être plutôt propre, sinon les planches à carder se salissent très vite, cela devient contre-productif.

On trouve sur le marché d’Otavalo (Équateur) ou sur internet des planches à carder, telles qu’on les voit sur les sites américains.

planches à carder
Chez mes amis Ivan et Narcisa à Machachi, Équateur, j’essaie les planches à carder que j’avais achetées à Otavalo, Équateur

C’est très fatigant, cela ne permet donc pas de préparer de grandes quantités de laine, encore moins de laine sale.

Si vous avez envie de faire l’essai à moindre coût, vous pouvez vous procurer au supermarché deux brosses à chiens, mieux vaut choisir le plus grand modèle.

brosse
Cet ensemble de peignes et brosse m’a coûté environ 3 euros.

Attention

On appelle aussi cardes des planches de ce style, ou avec des cardères. Mais ces planches servent à soulever le poil de toiles et leur donner une impresssion de velour…

Vue de détail de machine à cardères, Musée Textile de Vienne (69), France
Vue de détail de machine à cardères, Musée Textile de Vienne (69), France

Il y a eu aussi des machines industrielles dans le même but, équipées de fleurs de cardères. Ceux-ci étaient cultivés à cet effet.

Vue globale de la même machine
Vue globale de la même machine

Cardage à la machine

Cardeuse manuelle

J’ai eu l’occasion de tester des cardeuse manuelles. Elles sont certainement très pratiques pour carder des poils de camélidés qui ont très peu de graisse, de lanoline et dont les impuretés tombent facilement. Mais, cela se garde très bien à la main aussi.

À l’instar des machines à carder industrielles, machines à carder habituelles (qu’elles soient électriques ou manuelles) ont des picots métalliques très courts (environ 1 cm). D’après mon expérience, cela n’est pas suffisant pour démêler les laines de mouton lavées qui ont souvent un peu feutré.

Attention! Il ne faut pas passer de laine de mouton sale.

En fin de compte, ce sont des machines pour mélanger de couleurs d’alpaga ou des rubans de tops. Elles sont plutôt orientée pour une filature artistique.

Il ne faut pas oublier que ces machines sont manuelles et il faut tourner la manivelle, plus la machine est grande, plus c’est lourd. Les machines de 20 cm de large sont suffisantes.

cardeuse manuelle
Cette cardeuse manuelle transforme la laine en une nappe prête à filer ou feutrer.

Cardeuse de tapissier

J’ai eu l’occasion d’en essayer une, quand j’étais chez Biolab Maraîchage.

cardeuse de tapissier
Essai de cardage de laine d’alpaga pleine de paille avec une cardeuse de tapissier

Il en existe une variante moins encombrante et encore moins efficace. Je l’ai aussi testée à Calama, au Nord du Chili. C’est une fausse bonne idée.

Il s’agit d’une caisse en bois peu profonde dont le fond est tapissé de clous de 4 ou 5 cm de hauteur, séparés de 4 cm chacun. Un couvercle lui aussi hérissé de clous décalés par rapport à ceux du fond de la caisse coulisse en étirant les mèches de laine.

Ces appareils ont pour défaut de ne pas aligner les fibres et surtout de casser les plus fragiles. Ce n’est pas grave pour un matelas, mais c’est dommage pour la filature.

Cardeuse électrique

Chez “Rincón de Angel”, nous en avons eu une grande, de 60 cm de large.

Les limites sont les mêmes que pour les cardeuses à tambours décrites plus haut. Elles se bloquent très facilement.

L’intérêt est qu’on obtenait de grandes planches (60 cm x 60 cm) prêtes à feutrer

nappe de laine cardée
Cette nappe de laine cardée blanche a été teinte avec des teintures chimiques, on peut la feutrer ou la filer ce qui donnerait une laine aux couleurs changeantes.

Nous en avons eu une à la vente, de 20 cm de large, plus efficace, elle avait de plus grands picots, un peu plus espacés.

cardeuse rincon de angel
Cette machine à carder manuelle correspond mieux aux nécessités des clientes de Rincón de Angel. Elles veulent préparer leur laines plus vite pour pouvoir les filer ensuite. Il y en aussi des électriques qui ressemblent beaucoup à ce modèle.
cardeuse
Voici la version électrique.

Pour toutes ces machines à tambour, il faut faire attention avec ses doigts.

D’autre part, il faut éviter à tout prix que la laine aille s’enrouler autour des axes, sur les côtés des tambours. C’est difficile à enlever et cela bloque aussi la machine.

Je vous conseille, si possible, de travailler ces machines avec un masque. Ce n’est pas à cause d’un certain virus trop publicitaire, mais parce que ce travail génère beaucoup, énormément de poussières et de petites fibres qui vont irriter les poumons qui ne peuvent pas les éliminer. Évitons donc des maladies professionnelles non reconnues et dont on se préoccupe moins que de ce fameux virus.

Astuce “viking”

La cardeuse électrique ne donnant pas vraiment satisfaction. Nous avons fabriqué un appareil inspiré des peignes à carder viking.

Il s’agit en fait deux planches avec des clous de 4 cm tous les 3 cm.

La planche du bas était fixée à un pilier, l’autre munie d’une sorte de poignée glissait dessus en étirant les fibres.

C’était fatigant, mais efficace, beaucoup mieux que les planches équatoriennes ou nord américaines et plus économique.

cardeuse manuelle
Cet engin inspiré des Vikings m’a permis de récupérer beaucoup de laines qui ne passaient pas dans la cardeuse électrique, on pouvait ensuite les filer

Une fois ainsi préparée, la laine passait beaucoup mieux dans la cardeuse électrique qui alignait encore mieux les fibres.

Filer sec

Filer la laine sèche vous paraît sans doute logique.

Avec de la laine sale, il n’y a pas de difficulté, la lanoline la lubrifie.

Si vous filer du tops, il est aussi lubrifié industriellement, avec des huiles d’ensimage, qu’il faudra penser à éliminer par un bon lavage avant teinture.

Dans le cas oùla laine serait vraiment trop sale, on peut la rincer à l’eau froide, sans lessive. Cela peut faciliter le cardage. Je viens de le faire pour une laine de bonne qualité mais qui avait presque feutré sur le dos du mouton.

bélier
J’ai tout de suite eu envie de filer la laine de ce jeune bélier. Et Gilles à eu la grande gentillesse de bien vouloir le tondre pour moi.
bélier à filer
J’ai donc rincé à deux eaux froides cette toison brute. Après cette étape, j’ai pu carder et filer facilement cette belle laine.

Filer humide

Si vous voulez obtenir des fils plus fins, plus lisses et plus tordus avec moins d’effort, filer humide est une bonne solution.

Je l’ai découvert par hasard, lorsque je n’ai pas pu résister à l’idée d’essayer de filer de la laine que je venais de laver qui séchait.

laine humide
Je n’ai pas résisté à l’envie d’essayer de filer cette laine encore humide. C’était une bonne idée, elle se filait mieux.

C’est beaucoup plus facile.

J’en ai eu aussi la confirmation à lecture de livres sur les anciennes techniques de filature. Les laines prêtes à filer étaient gardées dans des pièces humides et fraîches. Souvent, elles étaient filées dans ces mêmes pièces. Cela entraînait souvent des problèmes de rhumatismes.

Quand j’ai parlé de cela à une amie Aymara, elle m’a aussi dit qu’il était recommandé de filer humide les laines de chaîne qui doivent être plus solides.

Je viens de passer 15 jours de Wwoofing chez Gilles Michaudel qui élève des moutons et produit du cidre à Cormes dans la Sarthe. Quand nous avons traversé le village ancien, il m’a expliqué que les vieilles maisons était construites avec un rez-de-chaussée semi enterré plus humide où étaient installés les métiers à tisser et tout le travail de laine et du lin. L’accès à la maison se faisait par un petit escalier sur la façade.

Filer humide peut aussi limiter les problèmes d’électricité statique avec certaines fibres qui volent facilement.

Que filaient nos ancêtres?

Ils filaient toutes sortes de poils d’animaux (chiens, chèvres, lapins et même vaches), des cheveux humains et de nombreux végétaux. La variété des plantes à fibres exploitées étaient beaucoup plus grande que maintenant.

Difficile à filer?

Si comme moi, vous avez commencé à filer avec des laines provenant de matelas, beaucoup de limites sont déjà repoussées.

Une de mes amies Aymara de Mamiña, m’a raconté qu’elle avait commencé vers l’âge de 6 ans avec les déchets de laines que sa mère éliminait quand elle filait. Rien ne se perdait.

La torsion

La torsion est ce qui donne la solidité à la laine et elle influe beaucoup sur la texture de la laine, je ne peux donc pas laisser de côté cet aspect de la filature.

J’ai lu un livre d’archéologie où ils avaient analysé la force de torsion, le sens de celle-ci, le nombre de fils par centimètres, le type de chaîne et de trame… des textiles de 3 cimetières précolombiens de la région de San Pedro de Atacama, près de Calama, Nord du Chili.

Dans le cimetière le plus ancien, les textiles étaient plus rustiques, moins soignés, essayaient d’imiter la fourrure (il fait très froid dans le désert la nuit).

Dans le cimetière intermédiaire, il y avait une très grande diversité de couleurs, naturelles des camélidés, mais aussi teintures végétales et animales (cochenille) avec des teintes très saturées. Même l’indigo était déjà présent.

Là, il y avait aussi une très grande diversité de systèmes de torsion et de combinaison de fils, allant jusqu’à 5 ou 6 fils parfois retordus par paires pour arriver à un fil final composite.

Au niveau du tissage et des dessins, aussi, tout était complexe et recherché.

Enfin, dans le cimetière le plus récent, de la période incaïque, tout s’était simplifié. La filature était beaucoup plus homogène. Les techniques de tissage variaient beaucoup moins. Bien que toujours maîtrisées, les couleurs n’apparaissaient plus que sur des bandes sur les cotés.

Les différents types de torsion influencent aussi bien la solidité du fil que l’aspect final de la toile.

Les fils de chaine qui nécessitent une plus grande solidité, doivent être plus tordus. Il souffrent plus lors du tissage en raison des frictions avec les peignes ou les lisses.

Jouer sur différentes torsions peut permettre des effets fantaisie intéressant, lorsque l’on retord la laine.

Filer S ou Z

A priori, le sens de filature, n’a pas d’importance. Mais, il faut toujours filer dans le même sens. Il n’y a donc pas de problème pour les gauchers.

Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia
Filer: torsion Z ou S. Source Wikipedia

Pour retordre, on tord deux fils dans le sens inverse de la filature.

Généralement, on tord vers la droite et retord vers la gauche. Cela semble plus simple. Mais, il y a des endroits où on pratique plutôt l’inverse.

Dans certaines traditions, on file à gauche pour des textiles sacrés ou de sorcellerie, pour des portes-bonheurs…

Pour certains textiles, la chaîne n’est pas filée dans le même sens que la trame, ce qui apportent certains effets.

Forte ou pas

Plus la torsion est forte, plus le fil est solide. Mais, si l’on tord de trop, le fil a tendance à s’enrouler sur lui-même.

fil trop tordu
Ce fil est trop tordu, j’ai deux solution, soit filer en tordant moins, soit retordre avec une autre laine. je préfère la deuxième solution.

C’est désagréable à travailler par la suite. Et, surtout, cela provoque que le textile terminé s’enroule sur lui-même. Il faut donc bien balancer le fil dès le départ, ou le retordre, ce qui le rééquilibre.

Doubler ou retordre la laine

Pour que le fil soit bien balancé et solide, il vaut souvent mieux le retordre deux fils en sens inverse. Cela empêche aussi que les tissages et tricots s’enroulent sur eux-mêmes. Il n’y a pas d’autres solutions, le fer à repasser n’y peut rien, ou pire risque de brûler les fibres.

Donc, si l’on ne sait pas filer balancé, c’est-à-dire sans que la laine s’enroule sur elle-même, il vaut mieux la doubler ou la tripler. Cela redresse le fil, l’assoupli et le rend plus agréable.

Bien sûr, ce allonge le temps passer à filer, car il faut filer le double pour la même longueur, et encore retordre. Cette opération est cependant plus rapide que la filature originale. En effet, les fils glissent sans que l’on doivent les contrôler autant et la force d’inertie des fils trop tordus aident au travail.

filer et retordre
Laine rééquilibrée par retorsion

Filer des laines fantaisie

Une fois que l’on sait filer, on peut créer ses propres laines fantaisie. Là, la créativité n’a plus de limite.

Dans ce cas là, parfois, le fuseau laisse plus de liberté, car des parties irrégulières de laine ne risquent pas de se bloquer dans le trou d’entrée du rouet ou de s’accrocher sur les petits crochets guides de la broche en U.

Quel outil choisir pour filer?

Le fuseau

Le fuseau est incontournable à mon avis. D’abord, pour son ancienneté. Les rouets les plus anciens en Europe datent du XIIIème siècle, et proviennent d’Orient, des Indes. Leur mise au point pour obtenir le type de rouet que l’on connaît actuellement datent du XVème siècle.

Grande variété de modèles

Il existe de nombreux types de fuseaux, suivant les régions, le genre de fibres à filer et la grosseur du fil final.

Plus le fil voulu est fin plus le fuseau doit être léger.

L’idéal est d’en avoir plusieurs, J’ai même vu un habitant de l’île Maillen (en face de Puerto Montt, sud du Chili) filer de la grosse laine avec un bâton de près de 2 cm d’épaisseur et 70 cm de long contre sa cuisse.

J’ai aussi vu une femme filer très fin, en face d’un marché à Cajamarca (nord du Pérou) avec un simple fil de fer de 30 cm appuyé sur le sol.

Facilité d’apprentissage

En un quart d’heure, on peut savoir manier un fuseau. Après, tout vient avec l’expérience et la qualité de la fibre. Cependant, il faut un certain temps de pratique pour obtenir des fils réguliers et solides.

En outre, on devrait enseigner à filer à tous les enfants à l’école, ce serait une excellente leçon de physique appliquée. En effet, l’usage d’un fuseau met en évidence de nombreuses lois de physique:

  • la résistance, plus une fibre est tordue, plus elle est solide,
  • l’inertie, si l’on ne maintient pas le fuseau en mouvement, il repart en arrière,
  • les forces centripètes et centrifuges.

Que de science résumée dans un outil aussi ancien!

Filer en marchant

Un autre intérêt de l’usage d’un fuseau pour filer est qu’on peut le faire debout et en marchant.

En effet, si le fuseau est assez léger et la fibre fine, comme c’est le cas de l’alpaga par exemple, c’est plus efficace et l’on peut ainsi profiter de temps de marche ou de files d’attente.

filer debout
Filer en marchant est agréable et efficace.

Filer au rouet

En cherchant plus d’informations sur les rouets, sur le site de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), je découvre un grand nombre d’oeuvres musicales dédiées aux rouets et de références littéraires. Cela indique son importance dans la vie quotidienne des siècles passés.

Lors des visites des musées Open Air de Scandinavie et des pays baltes, on peut voir des rouets dans presque toutes les maisons.

Le rouet à pédale

Il peut être plus difficile à manier, car il a parfois tendance à partir dans le sens opposé à celui désiré. Mais il suffit simplement de relancer la roue dans le bon sens et de maintenir un rythme régulier. On finit par s’y habituer.

Pendant longtemps, chez mon ami du “Rincón de Angel“, je devais faire la démonstration des rouets électriques, alors que les clientes essayaient naturellement les rouets à pédale.

Filer avec un rouet à pédales
Filer avec un rouet à pédales

En fin de compte, j’ai appris à filer avec ce type de rouet chez mes amis bronziers en Suisse. Maintenant, je le pratique aussi quotidiennement en wwoofing chez Aline, Les Fourrures d’Aline.

Avec un peu de patience, on s’y fait. C’est tout de même beaucoup plus rapide que de filer au fuseau.

Il est intéressant de noter que ce type de rouet permet de réguler la vitesse de filature à volonté en fonction de la qualité de la laine, ce qui est rarement le cas sur les rouets électriques qui peuvent paraître trop rapide au début et trop lent quand on a l’expérience.

Cette possibilité de réguler la vitesse permet d’obtenir une laine plus régulière ou de jouer sur certains effets.

Le fil disparaît donc moins souvent dans le trou quand la laine se coupe. On perd moins de temps à la rattraper.

Le rouet électrique

Il n’a pas besoin de pédale, donc il est moins encombrant. Il en existe des versions super compact. Pour les semi-nomades comme moi, cela peut être un atout.

Sa vitesse de rotation est généralement constante. Quand on a de l’expérience, cela peut parfois paraître lent.

On peut travailler debout et à une plus grande distance. Cela peut permettre d’obtenir un fil plus lisse et régulier, car la torsion se répartit sur une plus longue distance. En outre, la position assise toute la journée n’est pas bonne pour la santé.

Achat d’un rouet

Lors de l’achat d’un rouet, si l’on ne veut pas qu’il serve de simple décoration, il y a quelques détails d’importance à prendre en compte. En outre, il en existe qui ne sont pas du tout décoratifs, mais ils sont très efficaces.

Il est difficile de trouver le rouet parfait, ils sont souvent destinés à différents types de fibres.

Si on le fait faire à la mesure, il faut s’assurer que la personne qui le construit sait filer, sinon il risque de ne pas comprendre vos exigences.

Vérifier qu’il embobine ce qu’il tord

Il existe normalement un système de frein (caché) qui permet que la bobine enroule le fil tordu, ou un système à double courroie avec des roues de différentes tailles.

J’ai vu plus d’une fois de très beaux rouets qui tordaient très bien, mais n’embobinaient pas.

Taille du trou d’entrée

La taille de ce trou est très importante, car c’est une des limites à la grosseur de la laine.

En outre, il faut veiller à ce que la sortie de ce trou ne soit pas plus petite, car le problème serait le même que si le trou était petit à l’entrée, avec des risques de bourrage en plus. Ce genre de rouet existe aussi, malheureusement.

Un gros trou d’entrée permet de filer de grosses laines. Cela peut être intéressant pour valoriser des laines de moins bonne qualité, notamment celles de vieux béliers qui peuvent servir à faire des tapis ou des objets décoratifs…

Taille de la bobine

La taille de la bobine détermine la quantité de fil que l’on peut produire sans noeud. Quand le fil est fin, une petite bobine peut suffire. Mais, si l’on file gros, une petite bobine est vite pleine.

Taille des crochets sur la broche en U

La taille des crochets qui permettent de déplacer la zone d’enroulement sur la bobine, doit être proportionnelle à la grosseur du fil.

Les rouets Ashford ont une caractéristique intéressante, à ce niveau. Au lieu d’avoir une série de crochets, il y a une bague circulaire que l’on déplace à volonté sur la branche de la broche en U. Cela évite que la laine sorte des crochets et aillent s’enrouler sur l’axe. On peut choisir plus précisément l’endroit où va s’enrouler la laine. Cela doit permettre de filer des laines plus irrégulières.

Bon état de la broche en U

Cette pièce est une des plus fragile du rouet et elle constamment soumise à des forces importantes lors de la filature. Il est donc important de vérifier son bon état. Cette pièce est difficile à réparer.

Possibilités de réglages

Les possibilités de réglage ne sont pas toujours disponibles sur les vieux rouets. D’autres rouets, à l’inverse, disposent de tant d’options de réglage que même les manuels, qui ne sont souvent qu’en anglais ne sont pas d’une grande aide.

Tension de la courroie

La possibilité de réglage de la courroie est aussi importante. Pour pouvoir retordre, sur certains rouets, on met la courroie en 8, ce qui inverse le sens de torsion, il faut donc que celle-ci soit assez élastique.

Au Chili, on règle souvent le problème en utilisant une courroie en vieux bas de nylon. Cela peut paraître surprenant, mais, c’est très efficace.

Possiblité de retordre (marche inverse)

Lors d’une visite au célèbre marché du 16 de Julio, dans la banlieue de La Paz (Bolivie), appelé El Alto, je me suis renseignée sur les rouets.

On m’a posé une question qui m’a semblée curieuse. “Voulez-vous un rouet pour filer ou pour tordre?“. 10 ans après, j’ai commencé à comprendre.

J’ai rencontré un fabricant de machines textiles dans ce même quartier d’El Alto qui fabriquait des machines à retordre. En effet, les femmes boliviennes aiment les laines très tordues, car elles sont plus solides. Et, elles lui font retordre même des laines industrielles bien balancées.

D’autre part, certains rouets ne sont effectivement pas prévus pour fonctionner en marche inverse.

Il est à noter que certaines laines fantaisie s’obtiennent en retordant soit en S, soit en Z deux ou plusieurs fils tordus les uns en S et les autres en Z, ce qui donne une laine plus gonflante.

Position de travail pour filer

L’ergonomie est aussi un facteur important à prendre en compte. Il faut donc trouver la bonne position. Il faut arriver à ne pas devoir se rapprocher trop du rouet, cela permet d’avoir un peu d’avance si le fil se coupe, on peut rattraper le fil et arrêter s’il le faut avant que le fil aille s’enrouler sur la bobine.

Vitesse de filature

Certains rouets électriques sont mal réglés et sont si rapides que la bobine s’envole au bout de quelques minutes.

D’autres qui utilisent un moteur de machine à coudre munies d’une pédale, semblent intéressant car ils permettent de régler la vitesse. Malheureusement, ces moteurs ne sont pas assez puissants et ils chauffent trop vite. Donc, ils ne permettent pas un usage professionnel.

Possibilité de démontage

Pour voyager, il peut être intéressant de pouvoir démonter son rouet. Cependant, c’est rarement le cas. Jadis, on filait surtout à la maison et on ne voyageait pas beaucoup.

Cependant, cela peut éventuellement nuire à la solidité du rouet.

Ma recherche actuelle

Je suis donc à la recherche d’un rouet qui tienne compte de ces exigence. J’en suis arrivée à la conclusion que le mieux serait de faire appel à mon ami Juvenal de Bolivie.

Quelques chiffres

Essayons de chiffrer un peu les pertes et le temps à dédier à cette activité.

Je vais vous décrire pas à pas la filature de 455 g de laine brute.

Je n’ai pas travaillé, dans ce cas avec la meilleure partie de la toison.

toison brute solognote
Voici un morceau de toison brute de brebis de race solognote que je vais filer.

Nous sommes parties de la laine brute de brebis de race solognote. Il s’agit d’une race bouchère qui possède une toison de bonne qualité et relativement longue. Ces animaux sont élevés en plein champs, dans l’Orne, Normandie, où règne un climat assez humide.

brebis solognote à filer
Elles sont mignonnes ces brebis. Cela donne vraiment envie de filer leur laine.

Nettoyage et cardage manuel

Comme à mon habitude, je vais filer la laine avant de la laver.

Cette laine n’était pas de la meilleure qualité, leur propriétaire en avait gardé un peu pour de l’isolation. Mais, cela n’affectera pas le résultat final.

toison brute
Pour carder et filer cette laine, je commence par éliminer les laines trop courtes, les pointes collées et brûlées par le soleil, et bien sûr les brains d’herbes et autres saletés.

J’ai d’abord enlever l’essentiel des herbes et des pointes collées par de la boue.

cardage 1
Je tire sur la laine et obtient un gros ruban irrégulier, que j’affinerai à plusieurs reprise pour pouvoir le filer. À chaque fois, des saletés tombent, le ruban s’affine, plus le ruban est propre et fin, plus cela sera facile à filer.

Puis, j’ai préparé des boules de mèches de carde assez grossières.

Temps pour ces deux opérations: 2h 30 mn

La plus grosse partie des déchets est produite lors de cette étape.

déchets laine
Boules cardées et leurs déchets. Ces déchets peuvent être utilisés comme paillage au pied des plantes, cela les protège de la sécheresse.

Affinage des mèches de carde pour filer

Puis j’ai affiné ces boules de mèches de carde, à chaque enroulement les les fibres s’alignent dans le sens du fil et la torsion permet de les maintenir dans cet ordre.

Plus on répète cette opération, plus la laine sera propre et pourra être filée plus fine.

Temps pour cette opération: 1h 30 mn

cardée prête à filer
Voici nos boules prêtes à filer. On peut voir les derniers déchets.

Quand la mèche de carde semble bonne, la dernière étape consiste à l’enrouler encore une fois, très lâche de manière à pouvoir la passer au poignet comme un gros bracelet.

prêtes à filer
Boules prêtes à filer

Encore des déchets…

Temps pour cette opération: 1h

filer sans déchets
Éliminer les déchets est indispensable pour filer correctement, car ils seraient plus difficiles à éliminer après filage.

Filature au rouet

Enfin, on peut commencer à filer.

filer au rouet
Enfin, j’ai commencé à filer

Une fois la bobine pleine, je fais une pelote avec la laine filée. Les premières bobines, j’avais fait des bobines rondes. Cependant, il est plus facile de retordre à partir de pelotes donnant accès aux deux bouts. C’est pourquoi j’embobine la laine sur un fuseau.

filer bobine
Après filer, il faut libérer la bobine en faisant une pelote. Pour cela, il faut libérer la courroie qui freinerait la rotation de la bobine.

Encore des déchets, mais déjà moins.

Temps pour la filature: 6h 30 mn

filer bobines
Filer ne suffit pas, il faut maintenant retordre.

Doublage du fil

Pour avoir une laine plus solide et bien balancée, je retords ensemble deux fils dans le sens inverse. Il me semble que le rouet que j’utilise actuellement ne me permets de le faire. La taille de la bobine est insuffisante et le sens des petits crochets sur la broche en U n’est pas correct.

Je fais donc cette étape au fuseau, elle est d’ailleurs assez rapide, puisque la force d’inertie de la torsion du fil nous aide.

Temps pour retordre: 2h

Reorsion de la laine
Retorsion de la laine.

Mise en écheveaux

Une fois le fil retordu, je transforme la pelote en écheveau en utilisant une “aspa”.

Temps de mise en écheveaux: 30 mn

Poids des écheveaux avant lavage: 340 g

Je n’oublie pas de nouer comme il faut les deux bouts de façon à ce que l’écheveau ne s’emmêle pas au lavage et à la teinture.

Lavage

Nous faisons d’abord tremper 1/4 d’heure à l’eau froide pour enlever le suint qui donne la fameuse odeur de mouton. La laine blanchit déjà.

Il est important d’éviter les chocs thermiques pour éviter le feutrage. Pour la même raison, il faut éviter de frotter.

Il vaut mieux éviter les eaux calcaires, l’idéal est l’eau de pluie.

Trempage
On fait d’abord tremper à l’eau si possible froide.

Puis lavage au shampoing, sans frotter, dans ce cas.

On peut aussi utiliser du produit à vaisselle, de la lessive de lierre ou de laurier, de la lessive de cendres.

lavage de la laine
Aline a choisi un récipient transparent pour mettre en évidence l’effet du lavage.

Plusieurs rinçages.

Rinçage
Le rinçage doit être soigné,

L’idéal est d’utiliser de l’eau de pluie, surtout là où l’eau est très calcaire. Ajouter un peu de vinaigre blanc au dernier rinçage pour adoucir encore plus les fibres.

Lavage au lavoir

La dernière série d’écheveaux d’Aline comptait 12 pièces auxquels il fallait ajouter 5 écheveaux pour moi, de l’alpaga et de la laine de mouton Shropshire que j’avais profiter de filer tant que j’avais accès au rouet.

Cela faisait un peu beaucoup pour la petite bassine et nous avions épuisé la réserve d’eau de pluie de récupération des toits, il ne pleuvait plus depuis plusieurs semaines. Et l’eau du robinet est très calcaire.

La solution était le lavoir.

Pour l’occasion, j’ai tissé un filet pour mes écheveaux.

Filet pour la laine
Ce filet servira pour laver et rincer la laine au lavoir.

Nous avons donc décidé de le faire dans un lavoir. Aline a d’abord cherché au plus proche et a demandé à son voisin d’utiliser le bassin qu’alimente sa source.

Malheureusement, le bassin était envahi de petites algues.

algues
Quelle déception! Ces algues pourraient détruire tout notre travail.

Nous sommes donc allés au lavoir communal de Sérans. Nous y sommes allées deux fois. L’endroit est si tranquille que nous avons laissé la laine se rincer et Aline est passée la rechercher après avoir assisté à la messe.

Lavoir
Au lavoir, la laine s’est rincée tranquillement.

Je crois que c’était une bonne idée, il existe encore de nombreux lavoirs dans les campagnes de France, ce serait dommage de ne pas en profiter.

Séchage

Faire sécher à l’ombre sans essorer. Ne pas accrocher sur une partie métallique oxydée, car on pourrait avoir des surprises à la teinture. Les mordants sont souvent des oxydes de métaux.

séchage de la laine
Le vent a séché nos laines dans ce joli jardin. Certaines laines ont expérimenté les effets de la pleine lune.

Pesée après lavage et séchage: 225 g

Perte par rapport à la dernière pesée: approximativement 20 %

Perte par rapport aux 455 g de départ: 230 g

Nombre de mètres de laine: 193 m

Temps total: 14 heures

Ces chiffres sont indicatifs pour cette race ovine, avec d’autres races, ou des animaux élevés dans d’autres conditions, la perte pourrait être plus ou moins élevée.

Mise en pelotes

Avant de tricoter, je passe les écheveaux en pelotes.

Produit fini
Et voilà, c’est fini.

Autres laines travaillées

À la suite de la laine des Solognotes, Aline a reçu d’un de ses voisins un sac de laine de Bleues du Maine. Puis, chez Gilles Michaudel, j’ai testé la laine des Tonnet Morteau.

Bleues du Maine

Bleues du Maine
Voici les Bleues du Maine dont j’ai filé la laine.

Cette laine était de meilleure qualité, il y avait moins de déchets, ils n’avaient gardés que les meilleures parties. Le seul petit défaut est que cette laine avait séjourné sale dans son sac plus de 3 ans.

La lanoline et le suint (ce que l’on appelle le “beri” à Puerto Montt, il s’agit d’un mot Mapudungun) s’était oxydé et avait un peu durcit.

suint et lanoline
Dans cette photo, prise avec loupe, on voit les petites pelotes de lanolines solidifiées. On pourra tout de même filer.

Les fibres sont longues et cette laine se file très bien, elle colle un peu plus aux doigts. Le résultat final est bon. Seulement, cette laine blanchira un peu moins au lavage. Est-ce grave?

bleues du maine laine
Voici le résultat final du sac de laine de Bleues du Maine.

Nous avons fait les mêmes pesages avant et après lavage comme avec la laine des Solognotes. Les pertes de poids au lavage sont assez semblables.

Thones et Marthod

tonnet morteau
Sur cette photo, nous voyons bien les grandes mèches de laine assez peu frisées.

Depuis, j’ai testé d’autres laines, notamment de la Shropshire, agréable à travailler. Mais, je vous parlerai plus en détail de la laine des Thones et Marthod. Elle est très différente des laines que j’ai travaillées jusqu’ici.

C’est une laine très douce, longue et blanche. C’est un vrai plaisir à filer.

J'ai dû filer cette laine au fuseau
J’ai dû filer cette laine au fuseau

Petite remarque

Si on tient compte des données, ci-dessus, qui ne sont malheureusement pas exagérées, on doit comprendre que le prix de ce travail doit être juste, même si la laine peut être “gratuite“.

Dans un prochain article, je vous parlerai d’une autre race bouchère à bonne laine: la Tonnet Morteau.

Conclusion

Filer est une école de patience, on file centimètre par centimètre. La laine passe plus de dix fois entre les mains avant le fil final.

Beaucoup pourraient assimiler cette expérience à une forme de méditation, car les mouvements sont répétitifs, seules erreurs, coupure de la mèche de carde ou du fil viennent interrompre le fil des pensées.

D’autres, préfèrent le faire en groupe, c’était encore le cas, il y a peu dans la région de Puerto Montt, c’était l’occasion de réunions entre voisins.

Voulez-vous filer vos moutons?

Je suis à votre disposition pour cela. J’attends votre appel.

Je dispose maintenant de mon propre rouet électrique transportable qui me permet de filer fin
Je dispose maintenant de mon propre rouet électrique transportable qui me permet de filer fin, ici je file de la laine teinte naturellement

Pourquoi pas un atelier?

Il suffit de me contacter et nous pouvons entrer dans un monde éloigné du stress ambiant.

Post-Scriptum

Comme vous pouvez le voir, j’aimerai participer à et partager des projets de reconstitution et d’archéologie expérimentale de techniques préhistoriques, de l’Antiquité ou médiévales, de manière utile.

Pour finir j’ai trouv´´e un poème

La Fileuse

Assise, la fileuse au bleu de la croisée

Où le jardin mélodieux se dodeline ;

Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.

Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline

Chevelure, à ses doigts si faibles évasives,

Elle songe, et sa tête petite s’incline.

Un arbuste et l’air pur font une source vive

Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose

De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.

Une tige, où le vent vagabond se repose,

Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,

Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée ;

Mystérieusement l’ombre frêle se tresse

Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

Le songe se dévide avec une paresse

Angélique, et sans cesse, au doux fuseau crédule,

La chevelure ondule au gré de la caresse…

Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,

Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :

Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

Ta soeur, la grande rose où sourit une sainte,

Parfume ton front vague au vent de son haleine

Innocente, et tu crois languir… Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.

Paul Valery

Lacustre, le village, en Suisse

/// Lacustre, le village, en Suisse /// —- Encore en cours de rédaction — Cet article vaut pour deux! J’attendais la confirmation des amis de Gletterens pour publier cet article, n’ayant pas eu de réponse à ce jour, je me permets de le faire.
Nouvel article du 2 Septembre 2020 — Mis à jour le 19 janvier 2021 —
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Premiers contacts avec le Village Lacustre

Il y a presqu’un an, une des membres de l’Association La Mère Lison de Loches me parlait du Village Lacustre de Gletterens… où il y avait des spécialistes des textiles anciens… Je prenais contact, mais nous étions déjà en Octobre. Il commence à y faire froid et les activités se congèlent pour passer l’hiver et reprendre au printemps.

Tout commence par…

François m’a donné gentiment les dates des prochaines Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre et m’a beaucoup parlé du spécialiste des textiles, Jacques. Je prenais note.

Puis lors de recherches concernant les orties et mes essais de filature, j’appelais une dame qui faisait des reconstitutions historiques en tissage, elle aussi me renvoyait vers le Village Lacustre de Gletterens.

Alors, nous étions fin juin, j’ai donc rappelé au Village Lacustre pour savoir si les Rencontres Préhistoriques n’avaient pas été éliminées comme tant d’activités culturelles en France par ce vilain virus…

Par chance, en Suisse, la culture n’a pas subi autant de dégâts qu’en France. On m’a dit que je pouvait venir condition d’avoir un déguisement préhistorique.

Mon déguisement préhistorique

Cependant, il me restait peu de temps. Donc, après mes heures de wwoofing, je me dépêchais de me composer un costume…

Teinture

Depuis quelques mois, je filais de la laine que m’avait donnée Cécile, une amapienne, amie de Paul de Biolab Maraîchage.

On m’avait aussi donné quelques bassines à confitures, je les ai mises à contribution pour teindre, de même que celle en inox que j’avais achetée pour faire les savons.

Avec un petit groupe de wwoofers curieux de voire des teintures naturelles, nous avons teint les petits écheveaux que j’avais filés.

Lavage des laines

Je les ai d’abord lavés en testant la lessive de lierre que nous avions préparée. Le résultat a été plus que correct, bien que la laine était très grasse. En effet, je la file brute de tonte, c’est plus facile.

Lavage de la laine à la lessive de lierre pour aller au Village Lacustre
Lavage de la laine à la lessive de lierre pour aller au Village Lacustre

Teintures

Nous avons testés:

  • Les écorces et noyaux d’avocats que nous avions mangés
  • Les écorces de citrons et d’oranges
  • Le thym que j’avais taillé
  • La garance de chez Michel Garcia
  • Les feuilles du pauvre noyer qui avait eu la mauvaise idée de pousser dans la serre en verre et qui faisait trop d’ombre aux poivrons…

Comme je teints de petites quantités, exceptionnellement, je le fais sur la cuisinière.

Teinture dans une casserole en inox, pour le Village Lacustre
Teinture dans une casserole en inox, pour le Village Lacustre

Enfin, certains bains se sont répétés dans différentes casseroles donnant une grande variété de couleurs… Le cuivre modifie les couleurs.

Teinture dans une bassine en cuivre, pour le poncho que je porterai au Village Lacustre de Gletterens
Teinture dans une bassine en cuivre, pour le poncho que je porterai au Village Lacustre de Gletterens

Résultat final

Quand j’ai pesé toutes ces laines, je n’avais pas plus que 400 grammes. En effet, au lavage, la laine perd plus du tiers de son poids. C’était, la graisse (lanoline), le suint (le parfum ou la mauvaise odeur, selon les goûts) et les poussières.

Maintenant, je file plus fin et je retords mes laines pour obtenir un meilleur résultat, c’est donc plus long.

Laines teintes pour les Rencontres au Village Lacustre
Laines teintes pour mon déguisement pour les Rencontres Préhistoriques au Village Lacustre de Gletterens

Tissage

Le poncho

J’ai décidé d’aller au plus simple, un poncho, des guêtres, et une jupe…

Le poncho, je l’ai fait avec deux bandes sur mon métier Tissanova que j’ai réunies au crochet. Une des bandes avait des broderies incrustées lors du tissage avec les laines teintes naturellement. Ces dessins ressortaient sur un fond de trame blanche en laine de mouton et une chaîne d’alpaga beige. En outre, cela a été l’occasion de tester l’extension de mon métier Tissanova que m’a gentiment fait notre voisin à Loches. Cela a très bien fonctionné.

J’étais tellement pressée de terminer mon poncho que j’ai oublié de prendre des photographies de la première bande…

Montage de la chaîne sur mon métier Tissanova amélioré pour mon poncho au Village Lacustre
Montage de la chaîne sur mon métier Tissanova amélioré pour mon poncho au Village Lacustre

La deuxième bande, plus simple, alternait des rayures de différentes couleurs de laines plus ou moins épaisses.

Elle était un peu plus longue que la première. Pour cacher cette différence, j’ai décalé les deux bandes pendant le montage lors du voyage.

Voici les deux bandes finies du poncho pour le Village Lacustre
Voici les deux bandes finies du poncho pour le Village Lacustre

Les guêtres

Elles étaient constituées de deux rectangles crochetés avec la laine brute, non filée.

Crochetage de la laine brute pour mes guêtres pour le Village Lacustre
Crochetage de la laine brute pour mes guêtres pour le Village Lacustre

Puis, je les ai lavés et teints aux feuilles de noyer, ils ont été cousus au crochet pour faire des tubes avec une laine teinte à la garance.

Rectangles crochetés teints aux feuilles de noyer, deuxième bain, pour mes guêtres au Village Lacustre
Rectangles crochetés teints aux feuilles de noyer, deuxième bain, pour mes guêtres au Village Lacustre

En outre, les guêtres et les ponchos étaient effectivement utilisés en Amérique précolombienne, comme l’attestent les dessins de Guaman Poma de Ayala.

Imagen del Inka Yupanqui
(Guamán Poma de Ayala, 1980 [1616], T. I, pp.: 90).

Costume pas fini, mais suffisant

Enfin, je n’ai pas terminé la jupe qui était crochetée de la même manière, j’ai tout de même obtenu un grand rectangle que j’ai teint à la ronce au Village Lacustre.

Rectangle de laine teinte à la ronce, au Village Lacustre
Rectangle de laine teinte à la ronce, au Village Lacustre

Je n’ai pas eu besoin de la jupe, car il faisait très chaud. Alors, j’ai mis un pantalon en coton teint en ecoprint au Brésil.

Je n’ai pas eu le temps de me faire les chaussures en feutres que j’avais projetées. Mais le feutre n’est arrivé que très récemment en Amérique Latine.

Je n’avais pas non plus de cuir sous la main pour me faire des tongs comme les Incas ou mieux des mocassins. Ce sera pour une prochaine fois.

Le voyage vers le Village Lacustre de Gletterens

En France, quand on veut éviter de passer par Paris, tout se complique, bien que quand on insiste dans les recherches, c’est possible. Les recherches ont été longues mais fructueuse, en partant 2 jours à l’avance.

Détour par Loches

Avant de repartir au Chili en novembre 2019, j’avais laissé un gros sac de tricots et tissages chez mes amis de l’Atelier de Joëlle à Loches.

Mes amis n’étaient pas là l’après-midi. Je suis donc passé le chercher comme convenu chez La Mère Lison.

Le trajet décidé était: Nemours – Montargis – Orléans – Tours – Loches – Tours – Lyon – Genève…

Nemours – Montargis pas de problème, il y a des trains toutes les heures, j’arrive à la gare vers 9 heures, j’attends le suivant.

Maintenant, il y a tant de trains en retard, que l’on annonce ceux qui sont à l’heure…

Les déboires commencent

Montargis – Orléans, il n’y a plus de trains, mais un bus et plusieurs escaliers pour la sortie, pas d’ascenseurs, ni de rampe d’accès pour les handicapés. Ma grosse valise bleue se délabre. En essayant de lui faire passer les marches, la poignée s’est arrachée. J’arrive à l’arrêt de bus, il faut attendre 3 heures. Je m’installe à coudre mes guêtres, puis à lire.

Voici les guêtres finies en attendant le bus, début de mon périple pour le Village Lacustre
Voici les guêtres finies en attendant le bus, début de mon périple pour le Village Lacustre

Le bus arrive, pas d’aide pour mettre les bagages dans la soute. Le chauffeur ne dit pas bonjour, mais “Mettez votre masque“. Il n’est pas content, car il doit me rendre la monnaie qui pourrait le contaminer. La moitié des sièges ne peuvent pas être utilisés.

Arrivée à la Gare Routière d’Orléans, pas d’indications de la Gare SNCF, personne ne sait rien et je dois traîner mes deux valises et mon sac à dos.

Curieuse banalité à la gare d’Orléans

Une fois trouvée la gare, cachée dans un centre commercial, je veux acheter le billet Orléans – Tours. Les machines automatiques me disent que mes cartes bleues ne marchent pas. Quelle inquiétude! Je passe au bureau d’achat, heureusement cela a marché. Mais en sortant, le vigile ne voit pas que je dois tirer deux valises une par une et commence à me menacer.

Arrivée à Tours, il faut à nouveau sortir de la gare pour prendre un bus et il faut que j’arrive avant 19 heures, avant que la Mère Lison ne ferme.

Loches

Arrivée à Loches, je demande à l’employé de la gare s’il y a une consigne. Il dit que oui. J’arrive avec mes valises, il veut d’abord que je mette mon masque alors qu’il est bien protégé derrière une vitre. Puis, il me dit qu’il n’y a plus de consigne depuis les attentats. Je suis curieuse de savoir quand a eu lieu le dernier attentat à Loches, tranquille village de moins de 10.000 habitants?

Je dois donc traîner mes valises jusqu’à la Mère Lison pour ensuite revenir à la gare avec un gros sac en plus! Heureusement, arrivée sur la place du marché, je rencontre la police municipale qui ne peut pas m’aider, mais me dit de voir avec le restaurant. Le restaurant m’autorise à laisser mes valises sur leur terrasse pendant 10 petites minutes. Je file à la Mère Lison. Là-bas quelqu’un qui me connaît m’aide à ramener mon sac de tricots et mes valises jusqu’à la gare. Elle a vraiment été très gentille.

Drôle de tourisme

Retour à Tours en bus. Celui-ci passe par de nombreux petits villages aux gares abandonnées. Joli clocher en pierres à Courçay, je ne l’ai pas photographié, les photos prises depuis un bus ne rendent jamais bien…

Ce voyage est aussi la résistance à la soif. Je m’achète une petite bouteille d’eau au distributeur (il n’y en a pas de grandes). Paiement par carte sans contact pour éviter la contamination au virus…

Tours

De retour à la Gare SNCF de Tours, il est déjà plus de 20 heures. Le bureau de vente des tickets est déjà fermé. Les machines ne vendent que des tickets qui passent par Paris, alors que les trains qui vont à Lyon passent par Tours. Où est la logique? Jusqu’ici, j’avais évité Paris, je n’allais tout de même pas y retourner, et peut-être devoir changer de gare avec mes valises? C’était hors de question.

Bien sûr, je prends mon mal en patience, pensant y être en sécurité, je décide de passer la nuit dans la gare. Pas de toilettes, pas d’internet non plus, bien que j’étais assise dans la zone WIFI. Je voulais attendre le premier train pour Tours-Les Aubrais vers 6 heures.

Mauvaise idée, c’est devenu impossible en France. Plus de train de nuit, donc interdiction d’attendre. Un peu avant 23 heures arrivent 3 vigiles équipé d’un chien me réveille de mon état de somnolence et prétendent que je les retardent pour fermer la gare. Évidemment, ils n’ont pas autre chose à me proposer que de sortir, sans aide. Je crois qu’à leur place j’aurais eu honte. Mais, la honte semble aussi interdite aujourd’hui.

Nuit avec les SDF à Tours

Je traîne donc à nouveau, un à un, à moitié endormie, mes deux valises et mon sac de tricot, sans enlever mon sac à dos, vers la sortie de la gare. Je préfère rester dans le coin le mieux éclairé, c’est-à-dire juste devant la porte de la gare que les vigiles se sont empressés de fermer, à peine l’eus-je franchie.

Il y a bien des édifices qui ressemblent à des hôtels, ils sont sans doutes inabordables et semblent fermés, pas une fenêtre ne montre de lumière.

Un touriste me fait donner un billet de 5 euros par sa petite fille. Je me mets à écrire un premier jet de ce passage.

Un Africain passe à vélo, il écoute une chanson qui dit “Il faut réfléchir tout de suite“. C’est peut-être la chose la plus sensée que j’ai entendue aujourd’hui!

Que faire?

Maintenant, je ne pouvais plus me permettre de fermer l’oeil. Heureusement, je n’avais pas froid aux pieds avec mes guêtres. D’abord, j’étudiais un peu la situation. J’ai osé aller parler un peu avec un chauffeur de taxi. Il me dit que l’on pouvait utiliser le WIFI du MacDonald du coin, mais cela ne marchait pas à cet horaire. J’essaie de me renseigner s’il y a des bus pour Lyon, il me conseille d’attendre le matin.

Parfois, des SDF me demandaient des cigarettes, malheureusement pour eux, je ne fume pas. Ils repartaient déçus. Il y en a un qui trouvait chouettes mes vieilles crocs. Il y avait du monde qui passait…

Ne pas perdre de temps

Voyant que mon coin était tout de même assez tranquille, je me suis décidée à chercher mon gros sac vert qui était dans la petite valise noire et à répartir les tricots récupérés à Loches entre ce sac et la petite valise noire.

Puis, je cherchais les morceaux de mon poncho-déguisement, un crochet et de la laine pour faire les finitions, profitant de l’éclairage nocturne de la gare vide, peuplée de vigiles sans pitié pour les clients qui en fin de compte paient leurs salaires.

J’ai donc tricoté, assise sur ma valise, jusqu’à 5h30, heure à laquelle les vigiles daignent ouvrir les portes.

Nuit de SDF
Voici la photo la plus claire de cette sombre nuit

Que penser de cette nuit?

Tout cela donne l’impression d’une perte de qualité du service. La sécurité concerne le bâtiment, mais non les usagers et clients. Pourtant, tout cela est payé par nos achats et bien sûr nos impôts.

Signalétique hermétique

De curieux pictogrammes souvent liés au COVID 19 ont fait leur apparition un peu partout, même sur le sol. Ils sont si peu évidents que des affiches les expliquent. Cela a dû être rentable pour les designers qui les ont conçus.

Comment les archéologues du futur interprèteront-ils tout cela dans quelques milliers d’années?

Je pense à la nouvelle de Primo Levi, où il imagine des archéologues du futur qui redécouvre Pompéi à nouveau couvert de cendres après une répétition moderne de l’explosion du Vésuve, et ils analysent les différents appareils photographiques des touristes en se posant des questions insolubles…

Froids pictogrammes sur le sol de cette gare
Froids pictogrammes sur le sol de cette gare, mes bagages attendent que je les traîne jusqu’au prochain train

Tours Les Aubrais – Lyon – Genève

Après une nuit pleine d’inquiétude, je prends une des premières navettes pour Tours-Les Aubrais. J’en profite pour enfin pouvoir aller aux toilettes dans le train.

Par chance, là j’arrive à obtenir de l’aide auprès d’une employée qui sait comment faire sortir de la machine à tickets toute une série de billets pour aller jusqu’à Genève, sans passer par Paris.

On dirait que le système s’est un peu dégrippé! Elle a même la gentillesse de m’autoriser à laisser mes bagages au pied de l’escalier le temps d’aller m’acheter quelque chose à manger. J’avais terriblement faim, je n’avais rien mangé depuis la veille à 6 heures… D’autant plus que les dernières heures avaient été très sportives.

Car, il semble qu’il faille être en excellente santé pour voyager dans les transport en commun en France.

Cette fois, le train est bondé, il a récupéré les passagers d’un autre train en retard pour avoir croisé le passage malencontreux d’un chevreuil inattentif. Là encore, le personnel était débordé, mais très accommodant… Voyage assise sur ma valise, car je n’étais pas montée dans la bonne voiture…

Lyon

Changement de train à Lyon, mon pied glisse entre le quai et le train. Une de mes chaussures tombe sur la voie. Je n’en ai pas d’autres. Heureusement, un employé me la ramasse une fois le train partie. Je suis bonne pour une remarquable série de bleus sur la jambequi m’accompagneront pendant 15 jours.

Cela n’aurait pas eu lieu en Suisse où les trains ont de petites extensions devant les portes pour éviter les chûtes, même quand on est chargé.

Enfin, j’espère ne pas trop vous avoir ennuyé avec mon périple. Mais, vu le prix des transports, il me semblerait normal de recevoir un meilleur service. Ce service est-il encore public?

Arrivée en Suisse

Je suis tellement fatiguée par la nuit devant la porte de la Gare de Tours, que j’ai dormi une grande partie du voyage. Je n’ai pas pu profiter du paysage.

Passage de la douane à Genève sans problème. Recherche du prochain train pour Fribourg. Ici, les choses sont beaucoup plus faciles, malgré les indications en allemand. Il y a des rampes et aussi souvent des ascenseurs. Et les gens aident spontanément, ce qui est très appréciable.

Près du but

Je reprends contact avec François et Jacques, ce dernier me réponds par message qu’il a eu de gros soucis de santé et que je dois appeler au Village Lacustre. François a aussi eu un accident peu auparavant. J’arrivais un jour avant les Rencontres Préhistoriques, au Village Lacustre, comme me l’avais conseillé Jacques.

À Fribourg, j’ai pris un train pour Estavayer le Lac, car un autre ami wwoofer suisse m’en avait parlé, au lieu de me baser sur le plan du site. J’aurais plutôt dû descendre à Payerne ou avoir pris un bus pour Gletterens à Fribourg.

Plan d'accès au Village Lacustre de Gletterens
Plan d’accès au Village Lacustre de Gletterens

J’arrive à Estavayer le Lac vers 21 heures. Pour descendre du train une dame me dit “¿La puedo ayudar?”, c’était une Chilienne qui vit en Espagne. La gare est déserte et je ne sais pas où passer la nuit… Heureusement, elle me donne le numéro d’un taxi. Celui m’a aidé à trouver une chambre d’hôtel et m’y a amené.

Je me retrouve dans un hôtel sur une aire de repos d’autoroute. L’hôtel est un peu cher (130 Francs Suisses), mais quel repos après toutes ces heures de voyage mouvementé.

Arrivée au Village Lacustre de Gletterens

Le matin, depuis l’hôtel, j’appelle le Village Lacustre, car je ne savais pas comment faire pour y arriver. Jack, un des animateurs-médiateurs culturels, passera me chercher vers 14 heures.

À partir de 11 heures, je sors avec tous mes bagages et je m’installe pour terminer mon poncho, car je n’avais pas encore réuni les deux bandes. Je le fais par une couture au crochet.

Poncho presque fini pour le Village Lacustre
Poncho presque fini pour le Village Lacustre

Juste au moment où j’ai fini mon poncho, Jack du Village Lacustre apparaît. Il m’a tout de suite amenée à Gletterens et j’ai pu faire connaissance avec d’autres membres de cette sympathique équipe.

Le Village Lacustre de Gletterens

Les abris préhistoriques

Il y a un, un peu caché sous les arbres, à côté des autres habitations du village lacustre. Un peu trop caché, certains visiteurs ne le voient pas.

Il y en 3 autres à côtés des tipees qui sont habituellement loués à la nuit. J’ai dormi dans l’un d’eux pendant le temps des Rencontres Préhistoriques. J’ai trouvé cela si agréable que j’aimerai bien qu’on en construise un à Biolab Maraîchage.

La structure

En effet, la structure en bois est facile à monter avec des branches droites et souples attachées, maintenant avec des ficelles, durant la préhistoire avec des lanières en cuir, des nerfs d’animaux ou des cordes végétales.

Cela ressemble à un igloo couvert de peaux d’animaux. C’était sans doute un matériaux courant à l’époque. Les animateurs m’ont raconté qu’ils avaient acheté à bas prix des peaux invendables à une tannerie qui avait été inondée.

La structure est en bois et légère, dans cet abri du Village Lacustre
La structure est en bois et légère, dans cet abri du Village Lacustre

Il y au milieu du toit un carré d’un mètre environ, couvert par une bâche en plastique transparent que l’on peut ouvrir et refermer, laisse entrer la lumière.

Trou central, ici protégé par une bâche en plastique, au Village Lacustre
Trou central, ici protégé par une bâche en plastique, au Village Lacustre

Le sol

Le sol est recouvert de BRF (bois raméal fragmenté), ou pour le dire plus simplement de copeaux.

Ces petits morceaux de bois procurent un sol souple et bien isolé au Village Lacustre
Ces petits morceaux de bois procurent un sol souple et bien isolé au Village Lacustre

Surprenant, ces abris sont suffisamment grands pour que l’on tienne debout, on peut y dormir à plusieurs. Ils sont très étanches, même en cas d’orage…

Les différents types de maison du Village Lacustre de Gletterens

Ce sont des maisons en bois et terre/paille. Elles ont été construites suivant des modèles de bâtiments dont on a retrouvé les traces lors de fouilles.

Si les plans sont précis, grâce aux implantations des pilotis et poutres retrouvés dans les lacs des alentours. Les toits sont des suppositions fort probables, ils n’ont malheureusement pas été conservés.

Les maisons près de la fontaine

Dès le petit pont de l’entrée, on découvre une petite maison sur pilotis, décorée.

Le première petite maison du Village Lacustre
Le première petite maison du Village Lacustre

En outre, il y a trois autres maisons plus grandes et un petit bâtiment qui sert de réserve dans la zone centrale, près d’un point d’eau.

Deux autres maisons du Village Lacustre
Deux autres maisons du Village Lacustre

Ces bâtiments servent pour les animations et ateliers (feu, peinture, tissage…).

Quatrième maison du Village Lacustre
Quatrième maison du Village Lacustre

Pendant les quelques jours des Rencontres Préhistoriques, il y a eu aussi un tipee en cuir tanné àla cervelle et construit par l’un des participants, c’était un des centres d’activités du Village Lacustre, on y taillait des silex, faisait de la céramique et polissait des haches…

À l'arrière plan, on distingue un petit tipee, occupé par un jeune chimiste passionné de préhistoire
À l’arrière plan, on distingue un petit tipee, occupé par un jeune chimiste passionné de préhistoire

La maison du bronze

Derrière une haie, il y a dernière venue, la Maison du Bronze, avec le four à bronze et l’atelier de tissage. je ne sais pas pourquoi, j’ai oublié de la photographier. Sans doute est-ce parce que ce qui se passait à l’intérieur était plus important.

Doris, vient de m’envoyer deux photographies.

La Maison du Bronze, vue extérieure
La Maison du Bronze, vue extérieure
La maison du Bronze, vue de l'intérieur
La maison du Bronze, vue de l’intérieur

Voici un joli détail d’une porte.

Détail de la jointure des planches de la porte de la Maison du Bronze au Village Lacustre
Détail de la jointure des planches de la porte de la Maison du Bronze au Village Lacustre

En outre, des panneaux à l’entrée indiquent comment ont été construits les différents édifices et les dates auxquels ils correspondent. Ces panneaux sont bilingues français/allemand. Ils sont complétés par des brochures distribuées à l’entrée.

Une des pancartes à l'entrée du Village Lacustre qui donne des explicatons sur la reconstitution de ces bâtiments
Une des pancartes à l’entrée du Village Lacustre qui donne des explicatons sur la reconstitution de ces bâtiments

Le jardin néolithique du Village Lacustre

Il a une forme de mandala, c’est plus joli ainsi…

Son but est de réunir des plantes cultivées au néolithique. Car, les fouilles récentes ont mis à jour de nombreuses graines et des restes de plantes médicinales, à fibres et tinctoriales.

Joli bouillon blanc à l'entrée unit l'utile à l'agréable
Joli bouillon blanc à l’entrée unit l’utile à l’agréable

En effet, le bouillon blanc jolie plante médicinale ne pouvait pas manquer à l’entrée. Ses feuilles étaient utiles au moment d’aller au toilettes quand le papier hygiénique n’existait pas encore.

Voici le lin déjà en graines, il va falloir le récolter vite
Voici le lin déjà en graines, il va falloir le récolter vite

Donc, on y voit du lin, dont les fibres étaient déjà très utilisées pour les vêtements et les graines pour l’alimentation. Maintenant, on doit choisir soit la production de fibres ou celle de graines.

Céréales anciennes au jardin du Village Lacustre
Céréales anciennes au jardin du Village Lacustre

À côté, sont aussi présentes des céréales et des légumineuses anciennes, base de l’alimentation à l’époque. Les chaumes des céréales et d’autres graminées servaient certainement pour les toitures.

Légumineuses anciennes protégés des rongeurs par un filet moderne
Légumineuses anciennes protégés des rongeurs par un filet moderne

Une belle touffe de cardères (cabaret aux oiseaux) donne un peu de relief. Les boules de graines, servaient jusqu’il y a peu à carder la laine.

Les cardères avaient déjà leur utilisation au néolithique
Les cardères avaient déjà leur utilisation au néolithique

Lors de mon voyage en Équateur, à Otavalo, ville spécialisée dans l’activité textile, j’ai vu un outil équipé de boule de cardère. Frotter une toile en laine avec cet appareil, arrache de petites fibres et rend le textile légèrement poilu. Ce type de finition est très apprécié.

cardères à Otavalo, Équateur
Cardères à Otavalo, Équateur, prêts à être montés sur leur support, à des milliers de kilomètres du Village Lacustre de Gletterens, la technique est encore utilisée

Le beau n’exclut pas l’utilitaire

Ce jardin n’oublie pas les fleurs qui ont aussi leur rôle à jouer dans la protection des cultures.

Ces fleurs mellifères font aussi leur apport à l'économie néolithique où le miel, principale source de sucre, était fort apprécié
Ces fleurs mellifères font aussi leur apport à l’économie néolithique où le miel, principale source de sucre, était fort apprécié

Les graines de plantes anciennes proviennent de la fondation Pro Specie Rara, qui aide à la diffusion d’espèces agricoles. Elle fournit des semences au Village Lacustre de Gletterens et lors de la récolte, les animateurs renvoient à la Fondation une partie des graines.

Voici le contact pour les espèces rares
Voici le contact pour les espèces rares

Bien que ce jardin semble modeste, il demande beaucoup de travail et n’est malheureusement pas épargné par les rongeurs qui semblent l’apprécier un peu trop.

Grande variété de plantes dans cette haie qui abrite de nombreux animaux
Grande variété de plantes dans cette haie qui abrite de nombreux animaux

Les haies ont aussi été plantées d’arbustes spécialement choisis pour leur utilisation au néolithique, par exemple bois de flèches, manche d’outils… Elles sont vraiment très belles et j’ai eu du mal à choisir la photographie… Jack les entretient tout le long de l’année.

Les ateliers du Village Lacustre

Je n’ai malheureusement pas pris de photographies des ateliers. Il y en a destinés aux enfants, comme la peinture avec des ocres… Pour les plus grands, il y a le feu, le tir de sagaie, la taille de silex… Même les adultes apprécient ces initiations à des techniques mythiques.

Ces ateliers ont généralement lieu l’après-midi.

Enfin, le Village Lacustre de Gletterens fait aussi l’objet de nombreuses visites scolaires.

En outre, il y a des échanges avec d’autres musées.

Les tipees et abris préhistoriques

Il y a trois abris préhistoriques, tels que je les ai décrits antérieurement. M’y voici installée pour 15 jours merveilleux.

Mes babages ont trouvé un peu de repos dans cet abri du Village Lacustre
Mes bagages ont trouvé un peu de repos dans cet abri du Village Lacustre

En outre, il y a deux modèles de tipees, un petit et deux grands. Ils sont vraiment imposants.

Petit tipee et à l'arriere plan un abri préhistorique au Village Lacustre
Petit tipee et à l’arrière plan un abri préhistorique au Village Lacustre

Bien sûr, ils sont plus lumineux à l’intérieur, mais ils semblent moins étanches à la pluie. De même que les abris préhistoriques, le sol est garni de copeaux de bois.

Vue intérieure d'un grand tipee au Village Lacustre de Gletterens, l'effet d'ombres des branches des abres voisins m'a beaucoup plû.
Vue intérieure d’un grand tipee au Village Lacustre de Gletterens, l’effet d’ombres des branches des arbres voisins m’a beaucoup plû.

Ils sont démontés à la mauvaise saison et remontés au printemps.

Vue du camping néolithique au Village Lacustre, depuis la porte de mon abri préhistorique
Vue du camping néolithique au Village Lacustre, depuis la porte de mon abri préhistorique, boucanage d’une peau tannée à la cervelle

Normalement, ils sont loués à la nuit, mais exceptionnellement nous, les participants des Rencontres Préhistoriques, y avons été logés pendant ces jours.

Les Rencontres Préhistoriques

D’abord, elles permettent aux visiteurs d’en savoir un peu plus en voyant en direct des techniques que l’on voit habituellement seulement dans des documentaires, ou même parfois des techniques inconnues du grand public, telle que le tannage à la cervelle.

Ainsi, les visiteurs ont aussi la possibilité d’assouvir leur soif de connaissances en posant des questions. Par chance, ce n’étaient pas des touristes pressés comme au Chili, ils oubliaient de regarder le portable…

Les questions étaient nombreuses et indiquaient un réel intérêt
Les questions étaient nombreuses et indiquaient un réel intérêt

Ensuite, ces rencontres sont passionnantes pour les animateurs et les chercheurs qui peuvent prendre le temps de se perfectionner en partageant avec leurs pairs des détails techniques et des questions qui les font progresser dans leur pratique de tous les jours. C’était vraiment très enrichissant.

Les spécialistes font des découvertes notables chaque année et comparent leurs résultats.

Les techniques représentées au Village Lacustre

Le bronze

C’est certainement la technique la plus spectaculaire.

J’ai pris tant de photographies, que je crois que je vais devoir y consacrer un article entier. C’est vraiment trop beau pour n’y consacrer qu’un chapitre ici.

Doris est entrain de couler une pièce en bronze, quel travail!
Doris est entrain de couler une pièce en bronze, quel travail!
Résultat, reproduction de pièces historiques aussi bien d'objets d'apparât que d'outils de l'époque
Résultat, reproduction de pièces historiques aussi bien d’objets d’apparat que d’outils de l’époque

La taille de silex et le feu

Deux des techniques préhistoriques les plus anciennes étaient très bien représentées au Village Lacustre de Gletterens.

Éric enseignait à qui voulait le suivre tous les détails de la taille du silex. Il avait fait un admirable pendentif salamandre en silex.

Éric entrain de tailler des silex au Village Lacustre
Éric entrain de tailler des silex au Village Lacustre

Puis, il enseignait les différentes méthodes pour produire du feu.

Ici un visiteur apprend à faire du feu selon l'une des dix techniques proposées par Éric
Ici un visiteur apprend à faire du feu selon l’une des dix techniques proposées par Éric

Un peu de musique

Enfin, il faisait sonner toute une série de répliques d’instruments de musique préhistoriques. Les éventuels clients ne pouvaient pas les essayer à cause du COVID! Quelle ironie!

Vous pouvez le retrouver sur son site www.archeoshop.com.

Étal d'instruments de musique d'Éric
Étal d’instruments de musique d’Éric

Il a aussi fait une démonstration d’abattage d’arbre à la hache de pierre. Un aulne à été choisi.

Ici, Éric ébranche l'aulne abattu avec une hache, réplique fidèle jusque dans les techniques de fixations des outils archéologique
Ici, Éric ébranche l’aulne abattu avec une hache, réplique fidèle jusque dans les techniques de fixations des outils archéologique. Nous utiliserons ces branches bien droites pour enrouler les ecoprint, les feuilles s’imprimeront aussi

Le tannage à la cervelle

Dominique, le tanneur, est chimiste de formation. Je suis vraiment très contente d’avoir rencontré un chimiste. Car, beaucoup de mes problèmes d’artisanat, sont des problèmes de chimie. De plus, il s’intéressait aussi aux colorants.

Depuis longtemps, je cherchais des informations sur le tannage des peaux et je n’en ai trouvé que très peu d’utiles. Dominique a publié un petit livre très concret à ce sujet, disponible sur le site d’Éric.

Précis et concret, concernant un domaine où ne trouve pas beaucoup d'informations correctes
Précis et concret, concernant un domaine où ne trouve pas beaucoup d’informations correctes

La technique est simple, elle requiert surtout du temps, de la force et de la patience…

Ici, Franck forgeron et armurier, s'informe des détails du tannage auprès de Dominique
Ici, Franck forgeron et armurier, s’informe des détails du tannage auprès de Dominique

Il a aussi fait des démonstrations de tannage à la cervelle, telle que la pratique encore les Indiens d’Amérique du Nord. Il a tanné la fourrure d’un daim. Le résultat semble meilleur que le tannage à l’alun et ne présente pas la toxicité des sels de chrome qui sont le plus souvent utilisés en tannerie depuis le XIXème siècle.

Une fois la peau de daim bien grattée, Dominique commence à appliquer la cervelle
Une fois la peau de daim bien grattée, Dominique commence à appliquer la cervelle

Les frondes

Là, il y avait aussi Pierre, le spécialiste des frondes. Il faisait des démonstrations de tir à la fronde avec des modèles du monde entier.

Frondes au Village Lacustre
Frondes de Pierre au Village Lacustre

Pierre a aussi profité pour apprendre auprès d’Éric plusieurs technique de taille de silex. Il a appris à filer au fuseau et pourra ainsi filer les fibres qu’il utilise dans ses frondes.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à visiter son facebook.

Tissage aux tablettes

Carole, une des animatrices du Village Lacustre faisait des démonstrations de tissage aux tablettes.

Cette technique dite “primitive” est apparue un peu partout dans le monde, elle permet de tisser notamment des galons très complexes, grâce à des tablettes généralement percées de 4 trous. Cela permet de gérer de différentes manières des chaînes de différentes couleurs. En faisant tourner les tablettes, on obtient des dessins qui peuvent même être double face.

Ce type de métier est vraiment peu encombrant (il peut tenir dans une poche) et permet de tisser n’importe où à partir du moment que l’on trouve un point d’attache pour la chaîne. Il est l’idéal pour les nomades.

Carole tisse de très belles ceintures, dommage que l'on ne voit pas les détail du tissage
Carole tisse de très belles ceintures, dommage que l’on ne voit pas les détail du tissage

Je n’ai pas encore pu pratiquer ce type de tissage. Mais grâce à mes amis les bronziers, j’ai pu acheter des métiers à tablettes et des livres pour m’y former.

Documentation très complète et métier à tablettes en attente d'être monté
Documentation très complète et métier à tablettes en attente d’être monté

Fibres de liber de tilleuls

Les fibres de liber de végétaux ont fait partie des premières fibres utilisées par nos ancêtres.

Elles deviennent rares aujourd’hui, car elles exigent l’abattage de l’arbre. En effet, la circulation de la sève dans les végétaux passe par le cambium, c’est-à-dire, la partie interne de l’écorce. C’est justement cela qui est utilisé dans ce cas. Le tilleul est l’un des arbres les plus apprécié depuis des temps immémoriaux. C’était parfois un arbre sacré.

L’écorce est arrachée tout autour du tronc, par segment verticaux, normalement sur l’arbre avant d’être abattu, si possible en mai-juin. Cette écorce est mise à rouir dans de l’eau pendant un certain temps. Alors, les fibres du liber se sépare de l’écorce.

On m’a raconté au Village Lacustre que le tilleul n’est pas très apprécié des forestiers qui sont souvent contents de s’en débarrasser. Cela peut donner l’occasion de récupérer le liber.

Pour cela, on laisse tremper dans de l’eau les écorces. Des fils se séparent en plusieurs couches, on les sépare, les fait sécher. On peut les tresser, les travailler en vannerie et plus difficilement les filer.

Fibres de liber de tilleul entrain de sécher
Fibres de liber de tilleul entrain de sécher

J’en ai ramené un peu.

C’est l’une de mes découvertes au Village Lacustre. Cependant, c’est un produit assez rare et je n’ai pas tenté de le teindre. Mais, cela ne doit pas différer beaucoup du raphia.

Cela ressemble un peu à du raphia, mais c’est plus difficile à travailler.

Chapeau et manteau en liber de tilleul, vu au musée du Latenium à Neuchatel
Chapeau et manteau en liber de tilleul, vu au musée du Latenium à Neuchatel

Les liber d’autres plantes peuvent aussi être utilisés. Á titre indicatif, j’ai vu mentionnés les liber de cigüe et de chêne…

Je viens de découvrir le site du musée d’Albersdorf, au Nord de l’Allemagne qui donne des informations très intéressantes sur les techniques employées pour le tissage de ce type de vêtements.

Poterie et autres activités

Auprès du tipee en cuir, il y avait un groupe de jeunes qui pratiquaient aussi bien le tannage, la taille du bois, la poterie et fabriquait leur habillement.

Pauline avait fait ainsi en terre cuite de jolis verres à boire avec des éclats de mica qui brillaient.

Un autre s’est taillé au couteau une navette pour tisser un filet… ainsi que d’autres outils en bois.

La teinture

Bien sûr, je faisais moi aussi, mes démonstrations.

Nous avons teint de la laine et du raphia avec de la ronce, différentes plantes à tannins, de la cochenille, du bois de Campêche et un champignon que j’ai trouvé près de la fontaine.

Un mélange de plantes à tannins a ainsi permit de donner une patine ancienne à une reproduction de flûte en os d’Éric.

Flûte d'Éric mise à teindre
Flûte d’Éric mise à teindre
Éric essaie sa flûte une fois teinte
Éric essaie sa flûte une fois teinte

Bien sûr, la cochenille et le bois de Campêche sont exotiques. Mais ils faisaient partie de l’arsenal tinctorial des sociétés très anciennes des Amériques et notamment du Mexique d’où ils sont originaires.

En outre, il existait des parents de la cochenille en Europe, notamment les cochenilles dites de Pologne (mais présente un peu partout en Europe) et celles dites d’Arménie. Le Kermès, récolté sur certains chênes des régions méditerranéennes, avait sans doute éveillé l’intérêt des peuples anciens…

Ecoprint

S’il n’y a pas de traces d’ecoprint anciens que je sache, il est fort probable que des taches végétales aient mis les premiers humains sur la voie de la teinture.

Donc, cette technique nous a permet de découvrir les pouvoirs tinctoriaux des plantes locales et de personnaliser nos vêtements. Éric, le tailleur de pierres et Dominique le tanneur ont ainsi redonné vie à leurs vieux tee-shirts et pantalons en les personnalisant ainsi.

Ce vieux tee-shirt a repris vie
Ce vieux tee-shirt a repris vie

Ainsi, nous avons testé, le camerisier à balais, la viorne classique, la viorne lantane (idéale pour la fabrication de flèches), le cornouiller sanguin, le frêne, le charme, noisetiers, saule, bourdaine, chêne, noyer, champignons, ronces et aulnes.

Bon nombre de ces plantes ont été plantées spécialement au Village Lacustre et y sont protégées, car elles étaient fort utiles pendant la préhistoire. On en a retrouvé les traces lors des fouilles archéologiques dans les nombreux villages lacustres retrouvés dans la zone.

Cela a été l’occasion de parfaire mes connaissances en botanique. Enfin, j’ai pu voir en réalité des plantes que savais tinctoriales, mais que je n’avais jamais vues, ou j’étais passée devant sans les reconnaître. Par exemple, Dominique le tanneur, m’a présentée la bourdaine, un des arbustes qui donnent les graines d’Avignon.

La filature

Une amie de François m’a amenée un jour un drap plein de laine, déjà lavée. Elle provenait de moutons valais, une vieille race locale. Cette laine serait très intéressante pour faire des inclusion dans du feutre.

Elle savait filer au rouet, mais pas au fuseau, elle a vite appris et elle est repartie avec un fuseau que lui avait vendu Éric, le tailleur de silex.

J’ai aussi un peu filé pour faire des tests de teinture.

Crochet

Il semble que le crochet est une technique qui proviennent de l’Inde. Mais, je ne sais pas si elle remonte au néolithique. Mes guêtres ont beaucoup plu à mes amis bronziers. C’est vrai qu’elles tiennent chaud. Alors, ils m’en ont commandé deux paires… J’ai réussi à en faire une paire avec la laine que j’avais, la seconde je viens de l’envoyer.

Tissage de gaze

J’avais acheté un livre sur les techniques de gazes, lors de mon voyage au Pérou.

Voici le livre qui m'a enseigné les techniques de gaze
Voici le livre qui m’a enseigné les techniques de gaze

J’ai donc essayé de tisser un échantillon des techniques montrées dans ce livre, en me basant aussi sur les dessins de Raoult d’Harcourt et ce que m’avaient montré des amies Diaguitas qui faisaient des “peleros“, sortes de couvertures épaisses à mettre entre le dos du cheval et la selle.

Fin des teintures

Après les Rencontres Préhistoriques, je suis restée quelques jours encore au Village Lacustre. Je déménageais de l’abri préhistorique vers la yourte de mes amis bronziers.

J’ai terminé des essais de teintures en cours, notamment avec le champignon xylophage de la fontaine et la sciure de bois. Le champignon a donné un beige un peu décevant.

Champignon xylophage trouvé près de la fontaine
Champignon xylophage trouvé près de la fontaine

Dans la sciure, j’ai laisser teindre à froid un ecoprint que mes amis ont développé après une semaine.

Ecoprint à froid dans de la sciure
Ecoprint à froid dans de la sciure

Je recevrai quelques jours après mon retour une photographie du résultat.

Résultat de l'ecoprint à la sciure à la froid
Résultat de l’ecoprint à la sciure à la froid

Visite au Latenium

J’ai souvent entendu parler du Latenium, grand musée de Neuchatel. Il aurait été dommage de repartir sans aller le voir.

Je suis donc partie pour Neuchatel, j’ai traversé le lac en bateau, c’est très joli.

Puis, j’ai pris un tramway pour le Latenium. Ce musée est très grand. J’y ai vu beaucoup de choses intéressantes, notamment au niveau des textiles.

J’y ai découvert un autre outil pour faire des filets.

Outil néolithique à tisser des filets
Outil néolithique à tisser des filets

Enfin, la librairie de ce musée est vraiment très fournie et j’ai eu beaucoup de mal à me retenir d’acheter quelques libres.

Ensuite, je suis allée acheter un charriot pour pouvoir transporter plus facilement mon sac vert. J’avais beaucoup allégé mes bagages grâce aux ventes des tricots. Mais, je repartais avec de nouvelles laines, un peu de cuir et quelques livres, dont ceux de Françoise Rossel que je vous recommande chaudement.

Rencontre avec une possible cliente

Peu de temps avant mon départ pour le Village Lacustre de Gletterens, je reçois un mail d’une artiste suisse qui désirait découvrir l’ecoprint.

Alors, je lui ai aussi donné rendez-vous au Village Lacustre. Je lui est montré quelques un de mes ecoprint et elle m’a montré des photographies de quelques unes de ses œuvres qui m’ont beaucoup plu.

Nous avons aussi éclairci quelques difficultés pour la réalisation de son projet. Enfin, je pense que je vais bientôt faire des tests en grandes dimensions, car je viens de m’équiper pour cela.

Divers

Entre les différentes activités de nombreux participants s’exerçaient au tir de sagaies, à l’arc ou à la fronde.

Nous avons aussi eu le plaisir d’assister à un concert de polyphonie avec le groupe de François Rossel. Ce fut un surprenant voyage musical qui allait de l’Espagne à la Turquie avec de nombreuses étapes.

Suite du voyage

Départ du Village Lacustre

Lors de conversations sur les textiles, le nom de Hallstatt est revenu plusieurs fois. Doris m’a montré des photographies de textiles préhistoriques extrêmement bien conservés.

Cela m’a donné très envie d’y aller. C’est en Autriche, c’est plus proche de Gletterens que de Paris. Et, je ne sais pas quand j’aurais pu y aller par la suite.

J’ai étudié les plans et les solutions de transport proposés. J’ai trouvé un bus qui allait trois fois par semaine de Berne à Salzbourg, beaucoup plus économique que le train.

Je suis donc partie de bonne heure pour Berne avec mon sac à dos, seulement avec ma petite tente et mon sac de couchage et un des livres de François. J’ai laissé l’ordinateur sous la protection de Doris, car il était trop lourd. J’ai bien fait, je ne l’aurais pas utilisé.

Berne

Je suis arrivée à Berne vers midi.

Je suis arrivée à la gare routière vers 13 heures, j’avais quelques heures d’avance. Serait-ce l’effet du COVID, cette gare routière était complètement déserte. Tous les bureaux étaient fermés. Les horaires indiqués n’étaient pas à jour.

Une jeune fille est arrivée à vélo, je croyais qu’elle venait ouvrir le bureau d’une compagnie de bus. En réalité, elle était originaire de Chevroux, village voisin de Gletterens, connaissait Jacques des textiles anciens et venait chercher une amie qui devait arriver en bus.

Je n’avais pas fini d’attendre. Mais, enfin le bus arrive. Petit problème: les chauffeurs ne parlent que slovaque (le bus continuait vers Bratislava, après Salzbourg). Par chance, j’ai étudié le polonais, il y a plus de 30 ans, je les comprends. Mais, je n’avais pas acheté le ticket par internet et il fallait l’avoir imprimé. Il y avait peu de voyageurs, ils m’ont proposé payer 50 francs suisses. Je n’en croyait pas mes souvenirs linguistiques, c’était moins cher que si j’avais acheté le ticket par internet.

Le train m’aurait coûté 135 francs suisses, mais avec départ immédiat.

Je m’embarque donc pour Salzbourg. J’y arrive à 2 heures du matin, à un arrêt de bus.

Salzbourg

Alors, il faut que j’arrive à la gare ferroviaire. Heureusement, un taxi attend tout près. Il m’y emmène. La gare était assez loin, mais elle était ouverte, contrairement aux gares françaises. J’achète un billet pour Hallstatt. J’ai un premier train vers 4 heures du matin et je dois faire un changement. J’arrive à la station de Hallstatt vers 7 heures du matin.

Le deuxième train passe par de nombreux villages bordant des lacs. Le jour se lève à peine, le brouillard s’effiloche peu à peu sur les montagnes et les lacs. C’est vraiment très beau. Cela donne envie de descendre à presque chaque gare.

La gare d’Hallstatt est en fait située de l’autre côté du lac. Il fallait donc prendre un bateau. Il suffit de descendre un peu pour trouver le quai, mais c’est très mal indiqué.

Le bateau

Pour prendre le bateau, je patiente en prenant quelques photographie de la flore sauvage très abondante et du village que l’on aperçoit de l’autre côté du lac.

Vue du village d'Hallstatt depuis la gare, sur l'autre rive du lac
Vue du village d’Hallstatt depuis la gare, sur l’autre rive du lac

Enfin, j’arrive au village vers 9 h 30, c’est trop tôt pour prétendre prendre un petit déjeuner, il faut arriver presque au bout du village pour trouver un endroit où manger.

Il y a déjà beaucoup de touristes qui circulent dans les rues de ce village qui ressemble à un décor de conte de fées. Il me faut encore attendre pour visiter le musée.

Hallstatt

Le sel historique

Hallstatt est un village très (presque trop) touristique. Il est connu depuis la préhistoire pour ses mines de sel qui ont fait sa fortune.

En effet, le sel était jusqu’à il y a quelques siècles, un produit rare, longtemps contrebandé… Il explique l’éthymologie du mot “salaire“. Il a longtemps servi de monnaie. Tradition reprise par certaines monnaies locales alternatives.

D’une part, certains mineurs ont été enterrés accidentellement lors d’effondrements de galeries et le sel les ont conservés. D’autre part, les populations locales qui vivaient souvent dans les mines y enterraient aussi leurs morts.

Le sel est connu pour ses vertus de conservateur depuis la préhistoire. C’est bon pour les jambons, mais aussi pour les textiles.

Des découvertes inestimables

Des centaines de découvertes précieuses ont été faites en parfait état. Elles ont permis de faire de grands pas dans la connaissance de la vie courante au néolithique.

Non seulement des outils et des bijoux ont été découverts. Mais aussi, des vêtements, des chaussures, des paniers servant à transporter le sel… et, même des excréments qui ont permis de découvrir le régime alimentaire de ces gens.

Ces mines ont connues différentes vagues d’effondrement, d’inondations et d’éboulements qui ont attiré l’attention sur les découvertes dès la fin du XVIIIème siècle. Des directeurs éclairés des mines ont fait tout leur possible pour préserver ces découvertes.

Le musée

Certes, le musée est un peu petit, présente un peu de ces découvertes. J’aurai aimé en voir un peu plus. On m’a dit qu’il y en avait certainement plus à Vienne… Ce sera pour un autre voyage.

Reste textile archéologique retrouvé dans une mine de sel, sa qualité est vraiment admirable
Reste textile archéologique retrouvé dans une mine de sel, sa qualité est vraiment admirable

J’aurai peut-être dû aller visiter la mine, dans laquelle on monte par un téléphérique. La queue était longue, mais le prix (32 euros) un peu trop élevé à mon goût.

Il y avait bien sûr beaucoup de boutiques pour touristes avec des articles en bois et du sel sous toutes les formes et de toutes les couleurs… Les maisons ont gardé leur style anciens.

Je viens de recevoir un lien de www.academia.edu pour un article sur les textiles de Hallstatt. Ces textiles sont si beau que je dois partager ce lien.

Retour vers Murten

Vers 14 heures, je reprends le bateau pour retourner à la gare, c’est le meilleur chemin pour retourner à Salzbourg.

Je ferais tout le chemin de retour vers Murten, une petite ville proche du Village Lacustre, par des trains de nuit avec un changement à Innsbrück, où la gare est aussi ouverte la nuit.

Dans les temps d’attente, je savoure les livres de François. Vivement qu’il en publie un autre.

Voici les livres de François Rossel
Voici les livres de François Rossel

Murten

Mes amis les bronziers m’ont invité à passer chez eux, ils ont ramené mes bagages depuis le Village Lacustre. Cela m’a évité bien des efforts.

J’y passerai plusieurs jours, Martin avait un rouet à pédale. Je m’y suis entraînée et j’ai pu ainsi retordre plusieurs pelotes, beaucoup plus vite qu’au fuseau.

Filature au rouet chez Doris et Martin
Filature au rouet chez Doris et Martin

Il y avait aussi une cardeuse et d’autre accessoires. Ils avait aussi fait du feutre. Du très beau matériel.

La cardeuse de Martin, je l'ai utilisée pour préparer de l'alpaga avant de le filer
La cardeuse de Martin, je l’ai utilisée pour préparer de l’alpaga avant de le filer

Doris a appris à filer au fuseau. Cela lui a plu.

Des rouets, j’en ai vu beaucoup au Marché au Puces de Murten, mais je ne vois pas comment j’aurais pu en ramener un avec tous mes bagages.

Les boutiques de laines

Le dernier jour chez eux, ils m’ont invité à visiter deux boutiques de laines et fibres dans d’autres provinces. Les paysages étaient très beaux.

Les boutiques étaient vraiment très intéressantes. Il y avait un très grand choix de fibres de luxe, de nombreuses variétés de laine de mouton.

Première boutique

Ici, on peut découvrir la laine de nombreuses races ovines
Ici, on peut découvrir la laine de nombreuses races ovines

Dans la première, nous avons pu voir la salle de cardage.

Imposante machine entrain de carder de l'alpaga brun
Imposante machine entrain de carder de l’alpaga brun

Nous avons aussi visité la salle de lavage des laines. Le spécialiste nous a donné des informations intéressantes que j’appliquerai certainement lors du prochain lavage.

Ici, on lave les laines de petits producteurs locaux qui souhaitent récupérer leur laine une lavée, cardée, peut-être filée, tricotée ou tissée
Ici, on lave les laines de petits producteurs locaux qui souhaitent récupérer leur laine une lavée, cardée, peut-être filée, tricotée ou tissée

J’ai pu acheter de la soie, de la ramie, de l’angora en ruban prêt à filer. Assez peu, mais suffisamment pour les tester. J’y ai aussi trouvé des métiers à tablettes, des lucettes et un fuseau turc que je cherchais depuis longtemps.

Nouveaux fils et nouveaux accessoires... Dans peu de temps, des nouveautés...
Nouveaux fils et nouveaux accessoires… Dans peu de temps, des nouveautés…

Il y avait aussi une grande variété de métiers à tisser, de rouets et autres accessoires, nous avons bien dû y passer 2 heures, sans nous en rendre compte, tellement il y avait de choses intéressantes.

Deuxième boutique

Dans la deuxième boutique, j’ai acheté surtout des fils de soie et de lin prêt à tisser, que je pourrais teindre naturellement. J’y ai trouvé encore quelques accessoires de tissage et surtout des livres sur les techniques de tresse, la dentelle, la teinture et bien sûr les tablettes. J’ai de quoi approfondir mes connaissances à la fois en allemand et en textiles.

Ensuite, il m’a fallu aller chercher une nouvelle valise au Marché au Puces, j’avais déjà remplacé la bleue détraquée, et mes amis m’ont donné un nouveau sac à roulettes.

Retour en France

Bref, je vous épargne les déboires de mon retour à Chevrainvilliers, avec passage imprévu par Paris, dû à un déraillement de train de marchandises dangereuses dans la matinée…

Enfin, j’ai eu beaucoup de mal à abandonner la Suisse, le Village Lacustre de Gletterens et mes nouveaux amis Suisses. Tous mes remerciements à cette merveilleuse équipe très dévouée.

J’espère que ce lieu pourra se maintenir financièrement, car le fameux virus a provoqué de nombreuses annulations d’activités et par conséquent des pertes. Ce serait dommage qu’un lieu pareil vienne à disparaître…

Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu rencontrer Jacques, le spécialiste des textiles anciens. Je lui souhaite de tout cœur un bon rétablissement.

Ronces utiles


Comme les ronces abondent ici, j’en ai déjà parlé dans plusieurs articles, le moment est venu de leur consacrer quelques pages dédiées. Car, cette plante précurseur de la forêt mérite tout notre intérêt et peut s’avérer très utile à plus d’un titre.

Après 3 mois de Wwoofing chez Biolab Maraîchage, et 2 mois de confinement, l’équipe de wwoofeurs s’étoffe. Il y a maintenant beaucoup d’énergie concentrée. Un proverbe dit: “Seul, on avance plus vite. À plusieurs, on va plus loin…” Chacun a ses compétences propres, ses intérêts et participe à sa façon.

Suite à la visite de Coralie, une amie de Paul Thierry, des sessions de teintures, filatures et tissage vont s’organiser.

Coralie aimera les ronces

Coralie est venue, dans un drôle de fourgon jaune, nous proposer de participer à un projet d’écovillage, près de Limoges, à Monts Blonds…

Alors, je lui ai demandé si elle avait déjà quelqu’un pour les teintures naturelles… et nous avons vite convenu d’organiser ensemble un petit atelier expérimental. Coralie aime le jaune. Et, les ronces qui nous envahissent peuvent donner du jaune. Elle fait partie des anciens collaborateurs de Biolab Maraîchage et des initiateurs du mandala aromatique.

Les ronces ont donc naturellement été choisies pour le premier essai, selon les volontés de l’intéressée, comme toujours. En effet, les quantités à teindre sont assez importantes, car elle veut se faire un tapis de yoga jaune. Pour teindre beaucoup de fibres, il ne faut pas choisir une matière première rare. Par chance, les ronces produisent beaucoup de biomasse.

Autant en profiter…

Les ronces : la matière tinctoriale choisie

Une fois la matière tinctoriale choisie, nous nous devons de mieux la connaître. Quelle chance, elles sont vraiment très abondantes ici.

Un peu de botanique sur les ronces

Il en existe une très grande variété, ici, à Chevrainvilliers, elles ont de grosses épines qui transpercent les chaussures. À Gletterens, en Suisse, elles étaient très graciles et ne faisaient que s’accrocher un peu.

Ronces graciles de Gletterens
Ronces graciles de Gletterens

Pour la teinture c’est aussi plus agréable, car les épines ne s’amollissent pas en cuisant. Il est vrai qu’il en est de même pour les chardons.

Où trouver des ronces ?

En effet, les ronces se développent un peu partout, avec d’autres épineux, elles préparent le terrain pour les espèces arbustives et les arbres. On les trouve donc souvent en bordure de forêts et de haies.

Elles ont la réputation de faire avancer la forêt et de disparaître au fur et à mesure qu’elles avancent… en cédant la place aux arbres.

Le numéro 64 de la revue “La Hulotte” nous explique comment les ronces se multiplient en partenariat notamment avec le renard.

Quelle partie des ronces choisir ?

Normalement, ce sont les jeunes pousses qui sont choisies, car elles concentrent les tanins dans un minimum de volume. Mais, les tanins ne disparaissent pas avec le développement de la plante, car celle-ci est incapable de les éliminer de leurs tissus. Donc, elles les stockent dans leurs tissus.

Par conséquent, cette fois-ci, je ne ferai pas le tri.

La récolte des ronces

Simultanément au projet de teinture à la ronce, il a été décidé de nettoyer une des façades de la serre en verre envahie par les ronces.

Gérard, l’oncle de Paul, s’y était déjà attaqué, il y a quelques mois à l’aide d’un sécateur géant. Mais, nos amies les ronces avait repris de plus belle.

David, un wwoofer, attaque les ronces à la débroussailleuse
David, un wwoofeur, attaque les ronces à la débroussailleuse

Cette fois-ci, David, un des wwoofeurs, les ont attaquées à la débroussailleuse. Il fallait passer derrière et récupérer cette précieuse matière tinctoriale. Avec Gwendoline, nous avons continué au sécateur. Il fallait nettoyer les tuyaux de récupération d’eau de pluie qui alimentent la mare.

Ainsi, nous avons récupéré une caisse de près de 10 kg de pousses et de branches de ronces, coupées en petit morceaux. La récolte était déjà accompagnée d’une douce odeur de confiture de mûres. Malheureusement, les odeurs ne passent pas par internet. Il faudra organiser un cours pour en bénéficier.

Gros plan sur les ronces qui teindront la laine de Coralie
Gros plan sur les ronces qui teindront la laine de Coralie

Le matériel

Les récipients pour les ronces

Ce n’est pas la première fois que je teins avec des ronces, je l’ai fait plusieurs fois au Chili. J’utilisais de très grandes casseroles soit en aluminiun, soit en acier inoxidable, ce qui est meilleur. J’ai donc assez souvent parfumé la boutique de mon ami Angel, laissant croire que je cuisais de la confiture de mûres.

D’habitude, j’obtiens un beau jaune vif. Avec mordançage au fer, on obtient un très beau gris.

Lessiveuse

Vue que les ronces sont dures, elles occupent plus de place dans la casserole. Coralie a bien fait les choses, elle a acheté une vieille lessiveuse.

J’ai donc mis les ronces à tremper dans cette lessiveuse en attendant que la laine soit lavée. Je suis déjà habituée à faire tremper les plantes à l’avance.

Cette fois-ci, cela a été un peu long, environ 3 semaines.

Je pensais qu’elles avaient pourri. Mais, une fois la laine lavée et le trou pour le feu creusé, quand nous avons mis la laine à teindre, les tiges de ronces en profondeur, étaient encore vertes.

Le métal de cette lessiveuse a sans doute modifié la couleur. C’est souvent le cas.

La laine

La laine en toison, lavée

Coralie a lavé sa laine selon deux méthodes. La plus classique était à base de lessive de cendres, bien rincée.

Lavage de la laine á la lessive de cendre
Lavage de la laine á la lessive de cendre

La seconde méthode fait intervenir les enzymes présentes dans la saleté du mouton. C’est plus lent, il faut avoir de l’espace à l’extérieur et accès de l’eau de rivière ou de pluie.

Laine aprés trempage pendant au moins 3 semaines
Laine aprés trempage pendant au moins 3 semaines

Là, le principal défaut provient des mauvaises odeurs lors du rinçage. En effet, il s’agit de simplement laisser la laine tremper dans de l’eau si possible non chlorée pour favoriser le microbiote qui va se développer, pendant une quinzaine de jour.

Rin}age et séchage
Rin}age et séchage

Par la suite, il suffit de bien rincer et de laisser sécher à l’air libre. Lors de la teinture, les derniers restes de mauvaises odeurs s’en vont naturellement.

Laine filée

Je n’ai malheureusement pas eu le temps de filer de la laine pour faire un essai.

Autres matières

Lors des Rencontres Préhistoriques du Village Lacustre de Gletterens, nous avons teint avec des ronces:

  • De la laine de mouton valais, lavée, en toison
  • Du raphia
Raphia teint aux ronces à Gletterens
Raphia teint aux ronces à Gletterens

Aussi, j’ai profité du bain pour faire un test de shibori sur de la laine crochetée.

Pièce en laine attachée en vue d'obtenir un effet shibori
Pièce en laine attachée en vue d’obtenir un effet shibori
Mes attaches de shibori n'étaient certainement pas assez serrés et les colorants des ronces ont pénétré la laine
Mes attaches de shibori n’étaient certainement pas assez serrés et les colorants des ronces ont pénétré la laine

Le mordançage

Les ronces sont bourrées de tanins. Cependant, elles teignent en jaunes, verts et gris, selon les mordants.

En effet, le jaune n’apparaîtra que lors de l’ajout de mordant à l’aluminium, de pierre d’alun. L’alun participera aussi à la fixation des teintures.

Bain de teinture aux ronces avant que le mordançage à l'alun qui fera apparaître le jaune
Bain de teinture aux ronces avant que le mordançage à l’alun qui fera apparaître le jaune

Le foyer

Avec Julien, un des wwoofeurs, nous avons regardé des photographies des différents foyers que j’ai utilisés lors des cours de teinture que j’ai donnés et de mes expériences.

Ici, le foyer sera utilisé pour l’artisanat et notamment la teinture, mais aussi à l’occasion des prochaines soirées “grillade” que cette joyeuse bande organise avec plaisir…

Nous avons donc étudié diverses solutions avant de choisir.

Option 1 – le feu dans un trou

C’est la technique que j’utilise dès que je le peux, quand il y a de la place à l’extérieur. Donc, c’est celle que nous avons choisie.

Foyer dans un trou couvert par une grille pour cette teinture aux ronces
Foyer dans un trou couvert par une grille pour cette teinture aux ronces

Enfin, je me permets de vous présenter les autres options dont nous disposions.

Option 2 – le foyer péruvien

J’en ai acheté un en terre cuite au marché de Cusco lors de mon voyage pour assister au Tinkuy de tisserands en novembre 2013. Maintenant, ils en font en tôle. Je ne sais pas s’ils sont aussi efficaces.

Foyer traditionnel péruvien, dans son emballage d'origine
Foyer traditionnel péruvien, dans son emballage d’origine

Malheureusement, il s’est cassé lors de mon déménagement à Puerto Montt et ne pouvait pas être réparé.

Je voudrais en refaire un, il est très économe, je l’ai beaucoup utilisé à Mamiña. Il est aussi facile à allumer et à alimenter.

Je suis à la recherche d'argile pour essayer de refaire ce type de foyer
Je suis à la recherche d’argile pour essayer de refaire ce type de foyer

Il faut que je trouve de l’argile d’assez bonne qualité et que je fasse des tests.

Option 3 – Fetapera malgache

Fetapera malgaches, type "rocket stove", boîtes de conserve et ciment. Un peu lourd, mais efficace
Fetapera malgaches, type “rocket stove”, boîtes de conserve et ciment. Un peu lourd, mais efficace

Alors j’ai utilisé la fetapera malgache, à Madagascar bien sûr. Cela m’a plu. Il en existe différents modèles. Il y a les lourdes qui conservent mieux la chaleur, comme ci-dessus. Mais, il y a aussi les légères en tôle.

En effet, c’est léger et très économique, car elle peut être alimentée avec un peu de petit bois ou du charbon de bois. Ci-dessus, elles sont chauffées au charbon de bois de bambou de production locale.

La partie basse récolte les cendres et assure l’aération, le foyer avec son combustible est posé sur une grille dans la partie haute.

Alors, je m’en suis achetée une que j’ai utilisée pendant quelques mois à Concon, alimentée au petit bois que je glanais lors de mes promenades. Depuis longtemps, je m’intéressais à ce type de foyer.

Fetapera malgache légère en tôle recyclée
Fetapera malgache légère en tôle recyclée

Option 4 – Casserole spéciale

Cette fois-ci, j’aurais bien aimé répéter l’expérience de la casserole spéciale, tentée à Concon.

Teinture à l'eucalyptus avec la super casserole
Teinture à l’eucalyptus et aux ronces avec la super casserole, à Concon, Chili

Mais quand je suis allée voir Gérard, l’oncle de Paul, pour chercher une tôle, il m’a proposé une ancienne auge pour les chevaux.

Ancienne auge pour les chevaux qui reprend du service
Ancienne auge pour les chevaux qui reprend du service

Elle est très intéressante, mais un peu lourde et il faudrait boucher un trou d’évacuation. Pour le moment, la partie trouée est en hauteur et elle sert à la préparation de purins et aux essais de rouissage d’orties. En outre, elle récupère les eaux de pluie qui sont toujours préférables…

Test de rouissage des orties
Test de rouissage des orties

Elle est donc fort utile.

Option 5 – La cuisinière

Quand on a pas accès aux solutions présentées ci-dessus, on peut utiliser la cuisinière. Celle à bois est l’idéale, dans ce cas, car la chaleur est mieux répartie et moins violente.

Teinture à la cochenille, à Santa Fe, Argentine. La cochenille ne prend que très peu de place. Il s'agissait d'un atelier-formation et nous n'avions pas de très grandes quantités de fibres à teindre.
Teinture à la cochenille, à Santa Fe, Argentine. La cochenille ne prend que très peu de place. Il s’agissait d’un atelier-formation et nous n’avions pas de très grandes quantités de fibres à teindre.

La filature

Filer la laine

Ah, filer de la laine, c’est facile, il suffit d’avoir un fuseau… et de bien la préparer. J’ai donc rédig´é un article à ce sujet, car j’ai ramené de nouveaux matériaux de Suisse. Je prévois aussi un autre article sur le lavage de la laine qui est un sujet crucial.

Filer, c’est facile, mais c’est long. Je sais déjà depuis longtemps ce que l’on peut obtenir avec les ronces. Donc, je préfère teindre les petites quantités que je produis avec de nouvelles matières tinctoriales.

Enfin, la teinture

Notre bain de teinture aux ronces a déjà refroidi
Notre bain de teinture aux ronces a déjà refroidi
Nous avons sorti la laine du bain froid et l'avons mis à sécher sur des clayettes à cet effet
Nous avons sorti la laine du bain refroidi et l’avons mis à sécher sur des clayettes à cet effet

Je n’avais pas de pierre d’alun, cela explique la couleur verdâtre de la laine. L’alun est un mordant, mais aussi un modificateur, comme nous pouvons l’apprécier ici. Rien n’empêche de faire un bain de post-mordançage.

Pour les expériences suivantes, j’ai dû me procurer de l’alun, la seule forme que j’ai trouvée en supermarché, c’était de l’antifloculant pour piscine. Il faut bien lire les étiquettes et vérifier qu’ils contiennent bien du sulfate d’aluminium.

La petite pochette blanche au milieu du bain de teinture est l'antifloculant de piscine
La petite pochette blanche au milieu du bain de teinture est l’antifloculant de piscine

Filer les ronces

Il me semblait qu’il devait être possible de filer des fibres de ronces, mais je ne sais pas encore comment. Avis aux connaisseurs…

Les ronces décoratives?

Avec cette profusion de techniques, comment ne pas tirer profit des ronces, matériaux si abondant, très ou trop renouvelable?

Vannerie en ronces

Si les ronces sont un peu difficiles à utiliser en filature, il semblerait qu’elles soient encore utilisées de nos jours en vannerie, après une bonne préparation. Il faut savoir diviser les tiges et les faire tremper avant de les utiliser.

Tapisserie décorative

Bien que les épines ne glissent pas bien entre les fils de chaîne, rien n’empêche d’utiliser des branches de ronce dans des tableaux décoratifs tissés. II me semble qu’elles y trouveraient bien leur place.

Je viens de mettre à rouir quelques branches de ronce, dans l’espoir de pouvoir éliminer les épines.

Voici les baguettes de ronces que j'ai choisies pour les mettre à rouir pour les inclure dans panneau décoratif tissé
Voici les baguettes de ronces que j’ai choisies pour les mettre à rouir pour les inclure dans panneau décoratif tissé

Les ronces en permaculture

Comme nous n’allons pas exterminer cette matière première difficilement épuisable, nous allons aussi essayer d’en tirer parti du point de vue agricole et surtout permacole.

Permaculture

Création de haies grâce aux ronces

En effet, les ronces procurent de bonnes bases pour créer des haies. Il ne faut pas oublier de les tailler très régulièrement. Là, les chèvres ou des camélidés (lamas ou alpagas) peuvent nous aider.

Protection des jeunes arbres fruitiers

Ou bien, on peut les utiliser en les guidant, pour entourer de jeunes arbres fruitiers, par exemple.

Pour faciliter les boutures

Je viens d’apprendre que les racines des jeunes rejets permettent de produire des hormones de bouture d’excellente qualité.

Jeunes pousses de ronces
Jeunes pousses de ronces

Nous venons d’arracher de nombreuses ronces pour construire un poulailler.

Racines de rejetss de ronces
Racines de rejetss de ronces

J’ai donc récupéré les racines des rejets de ronces comme le conseille Gérard Ducerf. Déjà, je suis entrain de tester cette hormone de bouture maison.

Test de boutures, lavande, romarin et sauge dans hormone de bouture de ronces
Test de boutures, lavande, romarin et sauge dans hormone de bouture de ronces

Comme je suis entrain de tailler les plantes aromatiques du mandala, le pot se remplit chaque jour un peu plus.

Cuisine

Les anthocyanes

Les principaux colorants des mûres et de beaucoup de fruits noirs ou rouges sont appelés anthocyanes. On les trouve aussi dans les cassis, framboises, myrtilles, cerises, maqui, raisins… mais aussi dans les choux rouges et un certain nombres de fleurs.

Or, tous sont plutôt décevants en teinture.

Alors qu’ils sont excellents du point de vue nutritionnel, mais ils sont très instables du point de vue de la teinture.

En effet, leurs couleurs varient selon l’acidité ou l’alcalinité du milieu. Ils ont même servi pour faire des test d’acidité en chimie.

Petite fille peignant au choux rouge
Petite fille peignant au choux rouge, nous aurions pu en faire autant avec du jus de mûres

Donc, il vaut beaucoup mieux manger les mûres que de les utiliser pour teindre.

Quelques recettes où interviennent les ronces

Je viens d’apprendre que les bourgeons étaient comestibles… comme les asperges.

Jeunes pousses de ronces
Jeunes pousses de ronces

Confiture de mûres, fruits des ronces

La confiture de mûres est une des plus fameuses. Le sucre est un très bon conservateur. Il permettra de faire dure les plaisirs de l’été.

Je suis à la recherche de la meilleure recette. Dès que je la trouve, je vous la communique.

Ronces médicales

En outre, les ronces sont aussi utiles en médecine alternative.

En matière de médecine, je ne suis pas spécialiste, c’est pourquoi, je me permets ici de citer Wikipedia.

“La ronce est une plante médicinale « très appréciée dans l’Antiquité pour son action astringente, antidiarrhéique et antihémorragique »49 : Pline l’Ancien la vante pour ses vertus anti-inflammatoires de l’intestin et de la bouche, décrit un sirop à base de mûre de ronce (le panchrestos, littéralement « bon à tous maux »). Ses vertus sont également reconnues au Moyen Âge comme les mentionne l’école de médecine de Salerne, Hildegarde de Bingen au XIIe siècle qui la préconise contre les hémorragies du fondement50,51. Dans l’esprit de la pensée magique médiévale reposant sur la théorie des signatures (plaies sur la peau analogues à la piqûre des aiguillons), la ronce est réputée retirer les affections de peau en rampant sous ses arceaux et être le meilleur antidote des morsures de serpents52. Dans l’occident médiéval, elle a également une action ambivalente : les mûres sont accusées « de nuire à la santé, d’engendrer des maux de tête et de la fièvre », et cette mauvaise réputation se rencontre encore aujourd’hui dans son surnom de « ronce de renard », cet animal qui « cueille » les fruits et les souille facilement de ses déjections53. Les botanistes du XVIe siècle (Fuchs, Dodoens) reconnaissent également ses vertus médicinales49. Elle est dite à bon droit, au même titre que les roses et les épervières, « la croix des botanistes », les anciens voyant en elle une panacée pour guérir presque toutes les maladies54.

Grâce à leur richesse en tanins astringents, les feuilles séchées et les jeunes pousses fermentées sont utilisées en gargarismes détersifs, en tisanes, pour soigner les angines55. Elles apportent également de la vitamine C.”

Wikipedia

Boutons de ronces
Boutons de ronces

Papier de ronces

Nous allons essayer de récupérer la cellulose des ronces que nous avons utilisées pour teindre pour en faire du papier végétal artisanal. Ceci va être une première pour moi.

Le processus

Il s’agit de faire cuire les ronces longuement dans une solution fortement alcaline qui libérera les fibres de cellulose.

Le matériel

  • Une grande casserole,
  • Une grande bassine,
  • De la soude caustique,
  • Des gants,
  • Des cadres tendus d’une toile fine,
  • Le mélange de fibres bien cuites et bien mixé,
  • Des planches,
  • De vieilles couvertures,
  • Quelques briques ou mieux une presse…

Les résultats

Ils restent à venir, je réunis le matériel, j’espère que les expérimentateurs arriveront bientôt.

Alors, je n’oublierai pas de vous en parler

Conclusion sur les ronces

Ainsi, j’espère que vous ne regarderez plus les ronces comme une méchante mauvaise herbe, après la lecture de cet article. Comme nous l’avons vu, cette plante a vraiment beaucoup à nous donner.

Enfin, nous nous devons de l’apprécier à sa juste valeur.

Pourquoi pas un atelier?

Je pense revenir en Europe en mars 2025, cela pourrait être l’occasion de rencontrer mes lecteurs inconnus.

Printemps tant attendu

/// Printemps tant attendu ///
Nouvel article du 29 Mars 2020 — vu que le printemps ne fait que commencer, je mettrai à jour régulièrement cet article…
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Nous allons observer le printemps naissant… Regardons les teintures germer, grandir et fleurir… Beaucoup de photographies pour les amis qui en réclament… Comme des millions de gens, je me retrouve en confinement. Dans mon cas, c’est en Wwoofing dans une ferme maraîchère bio, Biolab à Chevrainvilliers. Il faut donc utiliser intelligemment son temps. J’en profite pour observer et apprendre. L’agriculture est déjà indispensable, elle le sera encore plus dans les mois à venir…

Chaque semaine, je prends donc des photographies des mêmes endroits, et j’obtiens une évolution. Ainsi, je voulais vous montrer comment d’une semaine à l’autre les champs passaient du marron au vert, certains de colza deviennent jaunes… Mais en regardant les photographies, on ne voit pas le fonds du paysage.

Paysage de printemps depuis la fenêtre de la cuisine, on devine fond Chatenoy, où Paul Thierry possède d'autres terres
Paysage de printemps depuis la fenêtre de la cuisine, on devine fond Chatenoy, où Paul Thierry possède d’autres terres

Printemps et teintures

Cependant, cela reste en lien avec mes activités artisanales de teintures naturelles et de tissage. En effet, les plantes cultivées et les autres aussi et surtout, sont des matières tinctoriales naturelles. En outre, les teintures naturelles doivent s’adapter au rythme des saisons.

Parfois, c’est un peu de la déformation professionnelle, mais je vois partout des teintures naturelles. À vrai dire, il me manque le temps pour les tester.

Souvent, je ne connais les plantes que par les livres. Maintenant, je peux les observer et poser des questions…

Le printemps arrive chaque année

Mais, on ne prend pas le temps de le voir, de l’écouter et de le sentir… Les odeurs ne passent pas par internet…

Voilà, il arrive en grands vents… C’est comme les chants d’oiseaux, cela ne passe pas dans les photographies… Je suis donc sortie photographier les vents de printemps. Il me semble ne jamais avoir vu autant de vents. Et pourtant, cela souffle aussi au Chili. Mais, on n’a pas le temps de le voir.

Photographie prise depuis la porte d'une serre, à gauche on voit le  vent de printemps courber les mauvaises herbes, à droite, elle sont toutes dressées, à l'abri
Photographie prise depuis la porte d’une serre, à gauche on voit le vent de printemps courber les mauvaises herbes, à droite, elle sont toutes dressées, à l’abri

J’ai perdu quelques printemps, en travaillant, en voyageant, d’autres en tissant, en filant au local… L’occasion a fait que cette année, je me suis arrêtée dans une exploitation agricole… Je suis en contact direct avec le printemps… Donc, cette année, je travaille dans et avec le printemps…

Voici donc, le printemps 2020. J’espère pouvoir commenter les printemps prochains.

Le printemps, une histoire de couleurs

Tous les tons de vert

Auparavant, il restait des verts sombres et tristes de l’hiver, maintenant arrivent ceux du printemps. J’aime leur variété et leur délicatesse.

Alors, chaque semaine, je prends quelques photographies depuis la fenêtre de la cuisine. Cela verdit…

Au Chili, la plupart des arbres sont le plus souvent à feuilles pérennes, et même l’hiver. ils restent vert.

N’oublions pas que le vert de la végétation vient de la chlorophylle, qui tache mais ne teint pas. Ce colorant ne tient pas. Le vert est assez difficile à obtenir en teinture naturelle. En général, on l’obtient en deux bains, un de jaune, suivi d’un bain d’indigo (ou l’inverse).

Mais, un feuillage vert peut cacher de nombreuses couleurs, le bleu ne provient généralement pas de fleurs, mais plutôt de feuille où l’indigo se cache.

Strobilanthes, plante à indigo cultivée à Taïwan
Strobilanthes, plante à indigo cultivée à Taïwan

Certaines plantes n’attendent pas le printemps et supportent les gelées…

Cette belle ortie, juste après un arrosage dans la serre, n'a pas attendu le printemps pour fleurir, elle est un peu en avance sur ses congénères de l'extérieur
Cette belle ortie, juste après un arrosage dans la serre, n’a pas attendu le printemps pour fleurir, elle est un peu en avance sur ses congénères de l’extérieur

Certaines à l’extérieur ont souffert des dernières gelées… Celles-ci étaient à l’ombre du hangar.

Ces orties ont gelé, mais elles se récupèrent déjà
Ces orties ont gelé, mais elles se récupèrent déjà

Les jaunes

Toujours et encore les pissenlits. Ils forment de jolies taches sur fonds vert et attirent les premières abeilles.

Les premières abeilles du printemps préfèrent curieusement les pissenlits au romarin en fleur
Les premières abeilles du printemps préfèrent curieusement les pissenlits au romarin en fleur

Les blancs

Avec un petit peu de jaune, les pâquerettes, les matricaires, les marguerites… mais aussi de fines “mauvaises herbes”…

Matricaire, camomille sauvage, belles couleurs du printemps
Matricaire, camomille sauvage, belles couleurs du printemps

Et les autres couleurs…

Enfin, deux tulipes rouges solitaires sont apparues… Dans les serres, il y a des légumes colorés… pourpres et violets…

Deux seules taches rouges qui disparaîtrons bientôt
Deux seules taches rouges qui disparaîtrons bientôt

Les autres couleurs semblent plus rares… parsemées par groupes de lamiers et de véroniques bleues… Parmi les herbes, les seules taches de rouge rouille, pour le moment, sont les vieilles feuilles de rumex…

Quelques taches de bleu clair et de mauve...
Quelques taches de bleu clair et de mauve…

Cependant, il faudra encore patienter pour voir plus de couleurs.

Les germinations

Un peu partout, et surtout dans les serres, cela germe, de frêles feuilles émergent du sol. Il faut attendre un peu pour les identifier…

Je viens de terminer de trier les plus de 3000 photographies que j’ai prises cette semaine. Pour illustrer tous les détails, mieux vaut en avoir un peu trop…

Au printemps, cela germe de partout...
Au printemps, cela germe de partout…

Bonnes herbes et mauvaises herbes

Au printemps, tout redémarre, il ne reste plus qu’à faire le tri avec patience entre les bonnes et les mauvaises herbes.

Les bourgeons du printemps

Le déploiement des nouvelles feuilles

Les feuilles nouvelles naissantes sont toujours très belles

Feuille géante d'Amazonie équatorienne, qui commence à se déployer
Feuille géante d’Amazonie équatorienne, qui commence à se déployer

Les feuilles de Chevrainvilliers ne sont pas aussi impressionnantes, mais tout de même très intéressantes…

Panais

Enfin, nous venons de récolter les derniers panais. Ils étaient entrain de produire de nouveaux feuillages avant la montée en graine. Le déploiement des feuilles ressemble à un origami.

Panais, feuilles nouvelles se déployant
Panais, feuilles nouvelles se déployant

Fenouil

Curieux légumes, les fenouils ont de très légères feuilles qu’apprécient beaucoup les lapins. Au Chili, ils poussent sauvages. Voyons comment elles naissent.

Petite feuille de fenouil émergente
Petite feuille de fenouil émergente

Bourgeon d’arbres

Les bourgeons se sont préparés lentement pendant tout l’hiver. Alors, ils éclosent très rapidement, il faut prendre le temps de les surprendre.

Parfois, les fleurs apparaissent avant les premières feuilles.

Les premières fleurs fanent déjà et apparaissent des feuilles...
Les premières fleurs fanent déjà et apparaissent des feuilles…

Les bourgeons sont difficile à surprendre en photographie, ils évoluent si vite…

Bourgeons en train d'éclore
Bourgeons en train d’éclore

En outre, les bourgeons des arbres et arbustes sont très importants pour les abeilles. Elles viennent y puiser des résines qui leur serviront pour produire le propolis avec lequel elles calfeutrent leur ruche. Ce calfeutrage est autant chimique que physique.

Fougères

Voici quelques pousses de fougères à Misahualli, en Équateur, région de Napo, Amazonie équatorienne. Les fougères ont pour spécialité dérouler leurs feuilles.

Fougère près de Misahualli, en Équateur, ici pas de printemps, mais quelle exubérance
Fougère près de Misahualli, en Équateur, ici pas de printemps, mais quelle exubérance!

Bourrache

Ohh! Elle est toute poilue! Cette semaine, elle vient de réapparaître de sa cachette d’hiver…

Et elle fleurit déjà
Et elle fleurit déjà

Les artichauts

Voilà, eux aussi sont pressés de fleurir, je vais les guetter de semaine en semaine. Je ne me lasse pas de les admirer.

Feuilles d'artichauts se déroulant autour d'un bouton de fleur
Feuilles d’artichauts se déroulant autour d’un bouton de fleur

Savez-vous que l’on peut teindre avec les feuilles, les tiges et les restes de ce qu’on mange de l’artichaut?

Une artiste qui a suivi l’atelier de la Redonda a Santa Fe en Argentine avait coupé un artichaut en deux pour faire des impressions…

Les tanins

Au printemps, la production de tanins démarre aussi. Car toute la vie sauvage a faim après l’hiver et les plantes doivent soit se protéger des herbivores, soit se multiplier se développer plus rapidement que la prédation. C’est ce qui explique que certaines plantes soient toxiques.

Comme l’explique Marc-André Selosse dans ses livres, les plantes produisent des tanins, et notamment des anthocyanes. C’est un investissement important en énergie de la part de la plante pour se protéger. Donc, cela concerne surtout les nouvelles pousses bien tendres qui attirent les herbivores et les zones à fort ensoleillement…

Cependant, les tanins ne pourrons pas sortir de la feuille, car ils sont enfermés à l’intérieur des cellules. Mais la feuille grandit. Souvent, elle n’augmente pas la quantité de tanins.

En outre, ces tanins sont bien sûr très intéressants en teinture naturelle. Ils nous offrent des possibilités très intéressantes…

Les pousses de printemps des ronces

Voici venir les premières pousses de ronces si utiles en teinture naturelle. Je leur dois un des plus beau gris que j’ai obtenu après mordançage au fer. Les épines restent piquantes après le bain de teinture.

Jeunes feuilles de ronces de printemps, légèrement teintées d'anthocyanes
Jeunes feuilles de ronces de printemps, légèrement teintées d’anthocyanes. On voit bien le contraste avec les feuilles de l’an passé

À quelques mètres de là, une autre ronce vit à l’ombre du hangar…

Cette ronce n'a pas besoin d'anti-UV
Cette ronce n’a pas besoin d’anti-UV

Celle-ci avait décidé de renaître sous une bâche…

Deux jours après, elle était déjà verte
Deux jours après, elle était déjà verte

Les rosiers

Les feuilles de rosiers sont très intéressantes en ecoprint. Cela ne peut pas rater. Les feuilles de framboisiers sont aussi intéressantes dans cette technique.

Ce printemps, les premières feuilles de ce rosier sont pourpres
Ce printemps, les premières feuilles de ce rosier sont pourpres

J’allais oublier de vous montrer ce que donne l’ecoprint…

La lavande

Les feuilles nouvelles de la lavande ont un autre ton de vert. On peut constater le même phénomène sur la sauge.

Ce pied de lavande sort ses premiéres feuilles de printemps
Ce pied de lavande sort ses premiéres feuilles de printemps

La lavande, comme la sauge et de nombreuses aromatiques servent aussi en teinture.

Les fleurs du printemps

Au printemps apparaissent toutes les fleurs, chacune à son tour. Je vais donc les épier…

Ce printemps, les légumes semblent très pressés de monter en graine. L’hiver a encore été plutôt doux.

Chou rouge pointu en bouton
Chou rouge pointu en bouton

La vie insiste toujours, les choux récoltés il y a 15 jours tentent de renaître…

Ce choux fait tout son possible pour pouvoir fleurir. Quelle persévérance! C'est le printemps.
Ce choux fait tout son possible pour pouvoir fleurir. Quelle persévérance!

Les arbres fruitiers commencent à fleurir. Quelques abeilles commencent à apparaître. Mais elles semblent préférer les pissenlits.

Arbres fruitiers en fleurs
Arbres fruitiers en fleurs

Le sureau

Un jeune sureau prépare déjà ses fleurs…

Le printemps des animaux

Les voisins à Chatenoy sortent leur brebis. Je suis curieuse de voir quand ils vont les tondre.

C'est le printemps, les brebis sortent de la bergerie
C’est le printemps, les brebis sortent de la bergerie

Les poules pondent un peu plus souvent, mais malheureusement pas toujours dans leur nid.

Les poules pondent plus au printemps
Heureusement, les poules pondent plus au printemps

Ici, c’est aussi le printemps pour les lézards de la serre.

Un beau jour de printemps, ce beau lézard était encore un peu endormi sous les feuilles de céleri
Un beau jour de printemps, ce beau lézard était encore un peu endormi sous les feuilles de céleri

Le printemps poétique

Bien sûr, il n’y a pas de doute, les plantes sont belles au printemps et cela inspire de nombreux poètes. Laissez-moi un peu de temps pour sélectionner pour vous quelques chansons et poèmes…

En avez-vous un à me proposer?

Conclusion

En fait, le printemps ne fait que commencer, je mettrais donc cet article au fur et à mesure des observations et des découvertes.

Mauvaises herbes utiles

/// Mauvaises herbes utiles ///
Nouvel article du 21 Mars 2020, complété le 5 Avril 2020
Nouvel ajout prochainement, en fonction des photographies et des découvertes…
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Les “mauvaises herbes“, un casse-tête pour tous ceux qui essaient de faire pousser des plantes, mais sont-elles toujours si mauvaises? Pendant mon activité actuellement, en confinement, le Wwoofing chez Biolab… J’ai très souvent affaire aux fameuses “mauvaises herbes“. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous écrire un petit article sur ces herbes que l’on dit mauvaises car on ne les connaît pas. Cet article reste encore en lien avec l’artisanat et la teinture naturelle.

Michel Pastoureau dit qu'”une couleur ne vient jamais seule“, c’est aussi le cas des plantes… Pour les “mauvaises herbes“, elles donnent l’impression de bien s’entendre. Et si on les arrache, immédiatement, une nouvelle génération apparaît, d’autres espèce, plus difficiles à arracher.

Arrachage de mauvaises herbes entre les plans de carottes; matricaires, pissenlits, chardons, véronique bleu... suite à cet arrachage massif, apparaîtront tout de suite de nouvelles espèces...
Arrachage de mauvaises herbes entre les plans de carottes; matricaires, pissenlits, chardons, véronique bleue… suite à cet arrachage massif, apparaîtront tout de suite de nouvelles espèces…

D’où viennent nos bonnes herbes? Des “mauvaises herbes” à succès…

Je n’aime pas le terme “mauvaises herbes“, c’est pourquoi, je l’écris entre guillemets. En fin de compte, ce que nous cultivons, ce sont des “mauvaises herbes” qui ont réussi. Elles ont été sélectionnées parmi toute l’offre végétale, et elles ont été protégées et développées des centaines de générations de cultivateurs. En conséquence, les autres sont presque méconnues.

Le maïs

Par exemple, l’ancêtre du maïs que consommaient déjà les Indigènes du désert d’Atacama n’était qu’une simple graminée, le téosinte, dont l’épi ne mesurait pas plus de 5 cm de longueur. Les sélections des paysans amérindiens ont donné une variétés de formes et de couleurs allant d’un grain blanc de la taille de l’ongle du pouce, à des grains plus courants mais noirs. Il existe de nombreuses variétés intermédiaires, parfois multicolores.

Ces derniers temps, cette sélection devient de plus en plus restreinte et de nombreuses variétés cultivées autrefois sont entrain de disparaître. Elles étaient pourtant adaptées aux conditions locales. Elles ont parfois beaucoup voyagé avant de s’adapter à notre voisinage.

Sans parler des variétés OGM, qui ont souvent fait appel à des qualité de résistance des “mauvaises herbes“, le catalogue des variétés a tendance à se restreindre, laissant se perdre des variétés anciennes plus rustiques.

Ont-elles toujours été des “mauvaises herbes“?

De nombreuses plantes considérées actuellement comme “mauvaises herbes” étaient encore cultivées, il y a à peine un siècle. Parfois, elles étaient très appréciées, sans pour autant être cultivées…

Arrêtons-nous sur quelques cas…

Le pissenlit

Je suis actuellement chez Biolab à Chevrainvilliers, près de Nemours (77 – France). Il y a beaucoup de pissenlit, il est très difficile de les expulser des serres.

Par exemple, Valentin qui travaille ici, me disait qu’autrefois dans cette zone, de grandes superficies étaient cultivées en pissenlit. Cette plante se mange en salade et est très intéressante du point de vue médicinal, notamment pour le foie. Il est riche en tanins et en vitamine C. Les vaches l’adorent.

"Mauvaises herbes" anciennement cultivées: le pissenlit
Mauvaises herbes” anciennement cultivées: le pissenlit

Le chénopode

Mauvaises herbes” courantes, les chénopodes, parents des épinards étaient très consommés autrefois, avant que Catherine de Médicis n’importe à la cour de France et mettent à la mode l’épinard fort apprécié en Italie.

Mauvaises herbes de seconde génération, les chénopodes
Mauvaises herbes de seconde génération, les chénopodes

L’ortie

Elle est le symbole d’une bonne terre. Un ancien proverbe basque disait que s’il y avait de l’ortie sur les terres de la future mariée, c’était bon signe.

Les orties sont indispensables pour une bonne immunité de la plupart des oiseaux. Elles sont très mellifères.

Des orties encore petites
Des orties encore petites, encore des “mauvaises herbes” utiles

Comme beaucoup de “mauvaises herbes”, elles sont bien sûr comestibles, en soupe ou comme des épinards et de biens d’autres manières. Elles teignent évidemment. Mais, les orties donnaient aussi des fibres qui se travaillaient un peu comme le lin.

N’oublions pas le fameux purin d’ortie, très utile en agriculture biologique. Tellement utile, qu’ils ont voulu l’interdire!

La réputation de l’ortie n’est plus à faire.

La grande consoude

Cette plante (Symphytum officinale) dont l’huile essentielle est très vantée, était aussi anciennement aussi utilisée en purin comme l’ortie pour protéger les cultures. Elle peut aussi être utilisée en mulch ou en compost dans le même but.

Elle est mellifère, donc intéressante pour les abeilles et doit faire participer au miel de ses qualités médicinales, notamment en ce qui concerne son pouvoir cicatrisant.

Mauvaises herbes” en association avec les cultures?

Certaines repoussent les insectes, d’autres les attirent et les mettent en évidences.

Les soucis

Les soucis qui on parfois mauvaise réputation, repoussent nombre d’insectes. Et comme les tagètes ou la tanaisie, ils peuvent être “cultivés” ou favorisé entre les rangs de cultures.

Les soucis peuvent être une aide précieuse
Les soucis peuvent être une aide précieuse

Les capucines, mauvaises herbes?

Cette jolie plante, sauvage et courante au Chili, a la particularité d’attirer les pucerons. Ceci fait que souvent, on la chasse des cultures au lieu de l’accueillir.

En outre, la magnifique fleur est comestible en salade. De même, la feuille est médicinale, son application sur les bleus aide à une résorption plus rapide de ceux-ci. Cela explique sans doute son appellation “espuela de galán” (éperon de galant), pour son utilisation pour soigner les yeux au beurre noir!

Certainement, il me faudra attendre mon retour au Chili pour mettre une photographie…

Et pourquoi pas la Bourse à Pasteur

En arrachant des “mauvaises herbes” entre les choux, j’ai découvert des bourses à pasteur dont la tige florale était couverte de petit pucerons noirs… Ne vaut-il pas mieux qu’ils sucent la sève de cette indésirable que celle de la culture.

Bourse à pasteur, non infectée de pucerons
Bourse à pasteur, non infestée de pucerons

Mauvaises herbes” médicinales

Le plantain

Ainsi, cette plante très courante, même en ville, est très intéressante. Elle soulage très rapidement les piqûres d’insectes et d’orties.

Comme beaucoup de plantes médicinales, elle est aussi tinctoriale. Je n’ai pas encore eu l’occasion de l’essayer. Car il ne faut pas oublier qu’il faut généralement 3 fois le poids des fibres à teindre en plantes. C’est long à cueillir.

Mauvaises herbes - plantain, ici le remède est à côté du mal
Mauvaises herbes – plantain, ici le remède est à côté du mal

La digitale

Cette belle plante sauvage (Digitalis purpurea) est aussi intéressante du point de vue médicinal qu’elle est toxique. Elle est utilisée pour fabriquer des médicaments pour des problèmes cardiaques. Elle est trop efficace pour l’essayer, il faut la laisser aux laboratoires pharmaceutiques.

Mauvaises herbes” bonnes à teindre

La Sorona ou brea

Voici, cette plante dont le nom scientifique est Tessaria absinthioides est très courante au Chili depuis la zone centrale jusqu’au nord. Elle peut devenir envahissante.

À Pica, ou j’ai donné une formation, les femmes luttaient continuellement contre ces plantes qui envahissaient leurs “chacras” (mot quechua désignant une petite parcelle cultivée).

Belle expérience de teinture

Nous l’avons utilisé en teinture naturelle, elle furent très agréablement surprises par le magnifique jaune que cette “mauvaise herbe” peut donner.

Sorona ou Brea, á Mamiña, matière tinctoriale de premier choix
Sorona ou Brea, à Mamiña, matière tinctoriale de premier choix

Je viens d’apprendre qu’elle est très intéressante du point de vue médicinal pour les articulations, en infusion. Elle est aussi répulsive pour de nombreux insectes.

Lors d'un atelier de teinture à Pica, Nord du Chili, ces femmes découvrent les possibilités des "mauvaises herbes"
Lors d’un atelier de teinture à Pica, Nord du Chili, ces femmes découvrent les possibilités des “mauvaises herbes

Voici une photographie très émotive. Cette femme qui a une vie très difficile, caresse la laine qu’elle a teinte avec la Sorona qu’elle arrachait par pleines brassées.

Les ronces

Oui, les ronces ne font pas que piquer, envahir et donner parfois des mûres à l’automne. Les jeunes rameaux sont bourrés de tanins et sont très intéressants en teintures.

J’aime les jolis jaunes et de merveilleux gris, éventuellement des verts olives qu’elles donnent. Le résultat dépend des mordants: alun, fer ou cuivre et en prime une odeur de confiture lors du bouillon de teinture.

Ces jeunes rameaux de ronces sont l'idéal en teinture naturelle
Ces jeunes rameaux de ronces sont l’idéal en teinture naturelle

En permaculture, une technique innovante, utilise le fait que cette plante est une précurseur de la forêt. On aménage des cercles dans le massif de ronces et on y plante au milieu de petits arbres, le plus souvent fruitiers qui pousseront protégés par les ronces.

Les fleurs des champs en ecoprint

Voici une autre utilisation maline des plantes sauvages en teinture naturelle, est la technique appelée “ecoprint“. J’ai déjà consacré un article à celle belle technique que je pratique dès que je peux avec plaisir.

"Mauvaises herbes" et bonnes herbes du jardin en ecoprint
Mauvaises herbes” et bonnes herbes du jardin en ecoprint

Mauvaises herbes” fourragères et engrais vert

De nombreuses fabacées ou légumineuses sauvages servent d’engrais vert, grâce à leurs nodules sur les racines qui concentrent l’azote.

“Arvejilla”

Notamment, je pense à la “arvejilla” (petit petit-pois), courante au Chili (zone centre et sud), que les brebis apprécient beaucoup.

Il faut cependant penser à les tondre avant que les graines mûrissent, car celles-ci sont munies d’une épine très pointue qui blessent souvent les doigts quand on file la laine.

Cette graine était consommé par les indigènes qui savaient profiter de leur environnement.

J’ai appelé au secours mon amie Lucia Fuentes près de Rancagua (Chili) qui est apicultrice et connais très bien la flore chilienne. Elle m’a gentiment renvoyé tant d’informations que je ne sais pas à quel nom latin vous renvoyer. Il y a beaucoup d’espèces qui se ressemblent. Je me suis retrouvé devant un cas d’infobésité. Et malheureusement, je n’ai pas de photographie.

Les rumex

Avec leur solide racine pivotante, ils sont un cauchemar pour les agriculteurs. Il en existe de nombreuses variétés, toutes bio-indicatrices, indiquant différents types de sols.

Certaines espèces sont comestibles en salades. Les vaches les apprécient beaucoup.

Joli pied de rumex, une des mauvaises herbes les plus difficiles à arracher
Joli pied de rumex, une des mauvaises herbes les plus difficiles à arracher

Elles sont utiles en teinture naturelle, car elles ont beaucoup de tanins, et notamment des tanins peu colorants. Ils donnent des tons rosés pâles. C’est très intéressant pour utiliser ces tanins comme des mordants naturels et éviter ainsi la pierre d’alun. En outre, Gérard Ducerf nous apprends qu’elles récupèrent aussi les formes toxiques d’aluminium dans les sols. En teinture, cet aluminium peut certainement remplacer l’alun, pas toujours facile à trouver.

Bidens – amores secos

Cette herbe gracile qui aime les zones humides paraît bien innocente. Elle appartient à la famille des Bidens, au Chili on l’appelle “amour sec”, car leurs graines munies de deux petites dents s’accroche volontiers au vêtements.

Bidens, à Mamiña, je l'ai testé en teinture
Bidens, à Mamiña, je l’ai testé en teinture

Du temps des Incas, les enfants étaient envoyés les récolter pour la teinture, elle donne un magnifique jaune-ocre.

Les abeilles aiment les “mauvaises herbes

La grande majorité des plantes cultivées ne sont pas intéressantes pour les abeilles.

  • Les céréales sont généralement pollinisées par le vent.
  • Les légumes sont souvent récoltés avant la floraison, leur goût se modifie pendant la montée en graine…
  • Les fleurs cultivées pour les fleuristes sont récoltées en bouton, donc trop tôt pour les abeilles qui ont besoin que le pollen soit déhiscent et se libère facilement. C’est-à-dire que c’est la fleur mûre, presque fanée qui intéressent les abeilles.
  • Certaines fabacées devraient être intéressantes, mais la taille et la forme de la fleur ne laissent pas les abeilles faire leur travail… C’est notamment le cas de la luzerne.

Certaines zones cultivées apparaissent donc comme des déserts verts pour les abeilles domestiquées et beaucoup d’autres pollinisateurs sauvages.

Mauvaises herbes des champs, les camomilles des teinturiers attirent de nombreux insectes, ces fleurs donnent un très joli jaune d'or
Mauvaises herbes des champs, les camomilles des teinturiers attirent de nombreux insectes, ces fleurs donnent un très joli jaune d’or

Les “mauvaises herbes” qui arrivent à fleurir sont donc plus attractives pour les abeilles, d’autant plus que leur variété est plus grande. Et les abeilles profitent aussi des qualités médicinales de ces plantes.

Elles offrent aussi une plus grande variété de pollens et de nectars. En outre, elles ne fleurissent pas toutes au même moment, ce qui assure une alimentation variée et étendue dans le temps au fur et à mesure des floraisons décalées.

Abeille entrain de butiner une fleur de pissenlit, les poches à pollen pleines de pollens jaunes...
Abeille entrain de butiner une fleur de pissenlit, les poches à pollen pleines de pollens jaunes…

Si les abeilles dépendent seulement des variétés cultivées, elles ont des excédents de nourritures à certains moments et crient famine entre les floraisons.

Le lierre

Aussi curieux que cela puisse paraître, le lierre est très intéressant pour les abeilles. Heureusement, il a la bonne idée de fleurir en automne-hiver, époque où les abeilles sortent encore aux beaux jours et ne trouvent que très peu de fleurs.

Souvent mal considéré, le lierre n'est pourtant pas dénué d'intèrêt
Souvent mal considéré, le lierre n’est pourtant pas dénué d’intèrêt

Les baies sont vénéneuses. Elles contiennent beaucoup de tannins et de saponines. Ces graines alimentent de nombreux oiseaux en hiver, ils ont adapté leur appareil digestif et propagent ainsi les graines. Les feuilles sont utilisées comme détergent naturel.

Les feuilles ont la particularité de changer de forme entre l’état juvénile et l’état adulte.

Loin, d’être un danger pour les arbres sur lesquels il pousse, il les protège contre certains champignons et insectes. Le lierre n’est pas un parasite car il se nourrit par ses racines en terre.

C’est une plante dépolluante. Il est aussi utilisé depuis des temps immémoriaux dans des préparations médicinales.

Les adventices

Il s’agit là de cultures agricoles des années ou saisons passées, ou de champs voisins qui ressurgissent au milieu d’une culture principale. Ainsi, même le blé, par exemple, peut être considéré comme une adventice. Ce terme est plus scientifique pour nommer une “bonne herbe” qui n’est pas à sa place et devient “mauvaise” car elle est sensée faire concurrence à la culture du moment, peut-être exagérément normée.

Adventices, ici pourpier ou clayton de Cuba de la culture précédente, repoussant entre le choux pointus
Adventices, ici pourpier ou clayton de Cuba de la culture précédente, repoussant entre le choux pointus

Il est remarquable que ce pourpier est beaucoup moins beau que celui de qui avait été récolté précédemment. Les plans utilisés sont des hybrides F1 bio. Leurs rejetons ne possèdent donc plus toutes les qualités de leurs parents.

Voici le même pourpier, après 3 récoltes, il commence à fleurir, pour produire de nouvelles adventices
Voici le même pourpier, 15 jours après 3 récoltes, il commence à fleurir, pour produire de nouvelles adventices

Les plantes bio-indicatrices

Gérard Ducerf est un grand botaniste qui s’est spécialisé dans les “mauvaises herbes“. Il a élaboré une théorie très intéressante sur le fait que la levée de dormance des “mauvaises herbes” n’est pas la même partout.

Selon lui, les graines sont présentes partout, mais il faut des circonstances spéciales pour qu’elles germent (ou qu’elles lèvent leur dormance). Ces circonstances proviennent le plus souvent de la chimie du sol. Donc les “mauvaises herbes” qui pousseront, indiqueront certains manques ou certains excès du sol.

Je viens de trouver cette émission de France Culture où Gérard Ducerf explique ses observations. Je vous invite à l’écouter.

Montrer les problèmes du sol, voici le travail des mauvaises herbes

Le plus intéressant de l’affaire est que ces “mauvaises herbes” vont aussi tenter de remédier à ces problèmes. Il explique, par exemple, que certains chardons indiquent un manque de phosphates. Mais en outre, ils vont les chercher dans les couches plus profondes de la terre. Une fois que la plante se fane et se décompose, elle rend ces minéraux disponibles aux autres plantes cultivées.

Il nous faut donc réapprendre à connaître les “mauvaises herbes” qui ont toute une utilité qui n’est plus connue. Elles ont même souvent perdu leur nom. Plus une plante est “gênante“, plus elle a de nombreux noms communs ou vulgaire. C’est là que devient intéressante l’appellation scientifique en latin (parfois de cuisine).

La pollution

Par ailleurs, d’autres “mauvaises herbes” vont indiquer la présence de pollution par des métaux lourds ou des pesticides. Elles les concentreront souvent dans leurs tissus.

Mauvaises herbes - Datura, plante bioindicatrice, très toxique et halucinogène
Mauvaises herbes – Datura, plante bioindicatrice, très toxique et hallucinogène

Quand les conditions de levée de dormance disparaissent, ce sont d’autres espèces qui apparaissent…

Il explique en détails ses théories dans ses videos et ses livres. C’est vraiment intéressant.

Et les symbioses avec les “mauvaises herbes”

Parfois des “mauvaises herbes” semblent aider directement les bonnes herbes…

Après, Viña del Mar, j’ai vécu à Limache (à 30 km de Valparaíso, Région Centrale du Chili), j’ai eu deux expériences bonnes à méditer.

Quand je suis arrivée à Limache, il y avait beaucoup de plantes médicinales, une amie qui les connaissait bien me montre la mélisse. Elle me dit qu’il faut bien s’en occuper pour la protéger.

La mélisse

J’ai donc commencé par arracher les “mauvaises herbes” autour des plantes de mélisse. On m’a volé la pompe à eau. Je n’ai pas pu continuer à irriguer mes plantes. Heureusement, je n’avais pas réussi à nettoyer tous les plantes de mélisse. Car celles que je n’avais pas nettoyées ont résisté à la sécheresse, alors que toutes les mélisses que j’avais nettoyées se sont séchées.

La mélisse est très mellifère. Au Chili, on frotte les ruches vides avec de la mélisse pour attirer les essaims.

Par ailleurs, la mélisse est un anti-dépressif en tisane, ou parsemer quelques feuilles déchiquetées sur une salade.

Le parqui

D’autre part, j’avais beaucoup de parqui, une solanacée arbustive puante et toxique… Il y en avait des pieds qui poussaient très haut, juste à côté d’un grand citronnier. Les branches de parqui se cassent très facilement, je l’ai donc réduit très facilement, je ne l’ai pas arraché… Très rapidement, le citronnier est mort.

J’ai aussi constaté cette union citronnier-parqui dans la propriété de mon ami Uldis à Concon. Les seuls citronniers que respectaient les chevaux affamés des voisins étaient protégés par un pied de parqui.

Certaines “mauvaises herbes” peuvent avoir un effet répulsifs sur les prédateurs, d’autres peuvent les attirer libérant ainsi les cultures de leurs actions néfastes.

Les “mauvaises herbes” comestibles

Une nouvelle tendance est la redécouverte des plantes sauvages comestibles. Georges Oxley parle beaucoup dans ses videos de ces plantes et d’un mouvement britannique “Incredible Edible”. De nombreux livres sont entrain de paraître à ce sujet.

La renouée du Japon

Cette plante bio-indicatrice et envahissante montre des lieux pollués. Cependant ses jeunes pousses sont comestibles et exemptes de polluants.

Mauvaises herbes des villes, Reynutria Japonica ou Fallopia Japonica
Mauvaises herbes des villes, Reynutria Japonica ou Fallopia Japonica

Enfin, j’ai utilisé cette plante en teinture naturelle à Puerto Montt (sud du Chili), elle m’a donné un très beau jaune.

Elle est aussi très mellifère et attire les abeilles en nombres.

L’ail des ours

Cette plante phare des comestibles sauvages est une parente de l’ail cultivée. Selon wikipedia, elle présente beaucoup des propriétés de l’ail habituelle.

Comme pour toutes les plantes sauvages, il faut bien faire attention à toujours en laisser suffisamment pour qu’elle puisse se régénérer l’année suivante.

D’autre part, il faut éviter de la confondre avec d’autres plantes toxiques qui lui ressemble et qui peuvent entraîner de graves intoxications. Une bonne base en botanique est donc nécessaire.

Le lamier pourpre

Cette modeste plante fait partie des plantes préférées des débutants en “comestibles sauvages”. Elle a un goût de champignon et s’utilise en salade.

Du point de vue médicinal, Wikipedia nous dit que: “Les feuilles et les sommités fleuries sont toniques, vulnéraires, astringentes, hémostatiques et expectorantes grâce à leur richesse en tanins, mucilages et glucosides. Les fleurs sont également utilisées pour préparer des tisanes contre la bronchite.

Lamier
Lamier

Chardons

Il existe au Chili une sorte de chardon, cousine de l’artichaut dont les cotes des feuilles sont comestibles en salades ou frits. J’en ai mangé plus d’une fois.

De plus, ce chardon, comme beaucoup d’autres, est aussi très intéressant pour les abeilles.

Chardon comestible, aliment de choix pour les chevaux
Chardon comestible, aliment de choix pour les chevaux

Aussi, je les ai essayés en teinture naturelle, à mes débuts. J’ai employé les feuilles complètes. Encore une fois, j’ai obtenu un jaune. Les épines étaient restées piquantes après avoir bouilli.

Jolie fleur de chardon, bizarre qu'il n'y ait d'abeilles
Jolie fleur de chardon, bizarre qu’il n’y ait d’abeilles
Teintures aux mauvaises herbes dans une casserole bien spéciale
Teintures aux mauvaises herbes dans une casserole bien spéciale

Souvent, j’aime bien utiliser des déchets, des rebuts pour teindre. C’est économique, et cela ne manque que rarement.

La Gunnera

Cette plante utilisée en décoration de jardin en France (Gilles Clément l’apprécie beaucoup) est un peu invasive. Elle pousse sauvage au Sud du Chili, sur les bords de routes et de forêts, j’en ai beaucoup vu entre Coyhaique et Puerto Aysen.

Au Chili, on l’appelle “pangue” ou “nalca“. Ses grandes tiges se mangent en salade, c’est plutôt amer. On les vend, quand c’est la saison sur les marchés, à Puerto Montt. Les feuilles peuvent mesurer plus d’un mètre de large. On les utilise pour la recette du “curanto al hoyo“, spécialité gastronomique de la région de Chiloe et dans de nombreuses préparations culinaires de la région, notamment pour envelopper des “pains” (masas) de pommes de terre râpées.

Les racines sont utilisées traditionnellement en teinture naturelle et pour tanner les peaux.

Gunnera chilensis, mauvaises herbes imposantes du Sud du Chili
Gunnera chilensis, mauvaises herbes imposantes du Sud du Chili

Sur ce lien, vous pourrez voir des photographies impressionnantes et avoir plus d’informations sur cette plante.

Les “Chahuales

"Chahuales" à Concon, Région Centre du Chili
Chahuales” à Concon, Région Centre du Chili

Voici une magnifique plante en voie d’extinction au Chili est aussi comestible et recherchée. Mais comme on mange la tige florale en bouton, qui est en outre difficilement accessible, au milieu des feuilles dures et piquante, la plante une fois récoltée est incapable de se reproduire.

Mauvaises herbes” des villes

D’autre part, les “mauvaises herbes” n’envahissent pas que la campagne et les jardins. Elles arrivent à pousser dans n’importe quel interstice en ville… La nature sait recoloniser la ville.

Érigeron du Canada

Cette plante courante en ville, est utile en teinture naturelle. Elle donne aussi du jaune.

Erigerons qui profitent de n'importe quelle anfractuosité
Érigerons qui profitent de n’importe quelle anfractuosité, photographie prise à Santa Fe, Argentine. On en trouve aussi en Europe

Phytolacque

Enfin, cette plante plutôt envahissante et toxique est apparue un peu partout.

Ces graines étaient curieusement utilisées autrefois pour falsifier la couleur de certains vins, notamment de Bordeaux. Il s’agit d’un colorant petit teint, donc très instable.

“Mauvaises herbes” résistantes

Certaines, résistent même au feu…

Cette jolie fleur a poussé juste après l'incendie d'un bois d'eucalyptus
Cette jolie fleur a poussé juste après l’incendie d’un bois d’eucalyptus

D’autres, tels ces chardons sont capable de se maintenir après un an à l’ombre sous une bâche tissé…

Ces chardons ont passé plus d'un an à l'ombre d'une bâche tissé
Ces chardons ont passé plus d’un an à l’ombre d’une bâche tissé

Certaines savent être mignonnes

Certaines plantes savent être très mignonnes et délicates pour échapper à l’arrachage. Ainsi semble être la douce véronique bleue, qui n’hésite pas à tisser d’inextricables toiles de racines en marcottant dans tous les sens. Elles couvrent très bien les sols, dont elles indiquent un bon équilibre.

Ces jolies "mauvaises herbes", les véroniques bleues peuvent devenir un peu envahissantes
Ces jolies “mauvaises herbes”, les véroniques bleues peuvent devenir un peu envahissantes

Vieille expérience

Quand je suis arrivée à La Ligua (zone centrale du Chili), je suis rapidement partie vivre dans un hameau appelé la Quebrada del Pobre (la Vallée du Pauvre).

J’avais quelques hectares de coteau de colline avec quelques bosquets, un petit ruisseau qui coulait seulement en hiver, bordé d’arbres natifs (boldo, molle, peumo, quillay…). Il s’agissait d’une prairie en pente, nette plus sèche vers le côté nord.

Je démarrais en apiculture. J’ai donc décidé de me débarrasser de mon ânesse et de mon ânon et d’empêcher les voisins de faire paître leurs troupeau sur le terrain. Je voulais réserver les fleurs à mes abeilles. Elles ne sont pas capables d’aller chercher leur nourriture dans les bouses des animaux qui mangent les fleurs avec grand plaisir.

Après deux ans de luttes contre les paysans du week-end, j’ai pu constater quelques améliorations. Les paysans du week-end travaille la semaine à la ville, larguent leur troupeaux au bord des routes ou éventuellement chez leurs voisins. Ils viennent compter le nombre de têtes le samedi ou le dimanche… Quand on le leur reproche, ils répondent qu’ils n’ont pas de bêtes mais des animaux ou bien qu’ils n’ont d’animaux, mais des bêtes, selon si on mentionne la présence de chevaux ou de vaches. Cela est très courant et cette prairie leur faisait défaut, car ils avaient surpatûré toutes les autres dans la zone.

Après deux ans de dure chasse au bétail intrus, je constatais:

  • l’absence d’érosion, bien que les pentes soient assez abruptes,
  • une multiplication de la faune sauvage, insectes, petits rongeurs, oiseaux…
  • même en saison sèche, les pailles de la végétation de l’année antérieure attrapaient le brouillard et la rosée et les conduisaient au sol qui était maintenu vert (petites graminées, liserons…).

Conclusion sur les mauvaises herbes

Il me semble difficile de n’avoir sur son terrain que des plantes dites “utiles“, comme le souhaitais mon ami Rodrigo au Brésil. En outre, il faudrait mieux connaître les “mauvaises herbes“, car elles ont certainement toutes quelque chose d’utile. À nous de le découvrir.

En outre, la botanique et l’observation des plantes sont là pour nous aider. Rien ne peut être complètement positif, ni totalement négatif. Donc, il faut donc chercher le bon côté.

Certaines “mauvaises herbes” sont tout simplement belles…

Certaines "mauvaises herbes" savent être très belles...
Certaines “mauvaises herbes” savent être très belles…

Si pour des raisons économiques, vous devez vous débarrasser des “mauvaises herbes“, je vous conseille le cours-video de Konrad Schreiber.

Betterave rouge, non merci!

/// Betterave rouge, non merci! ///
Nouvel article du 8 Mars 2020
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

J’aime beaucoup les marchés, celui-ci a lieu le samedi matin à Angelmó, Puerto Montt, sud du Chili. On y trouve, bien sûr, de la betterave rouge, parmi de nombreux produits typiques. La betterave rouge figure parmi les premiers végétaux tinctoriaux qui viennent à l’idée du public non initié aux teintures naturelles… La référence à la betterave est curieusement permanente. Alors que d’autres déchets de végétaux comestibles, tels que les épluchures d’oignons, plus efficaces, sont oubliées.

Mes premières expériences sont donc dues aux dits de voisins à La Ligua qui n’avaient certainement pas essayés par eux-mêmes…

Mes premières expériences

Pour mes premiers tests, je ne pouvais pas penser les faire avec des produits exotiques tels que l’indigo, la garance ou la cochenille.

J’ai donc eu recours à des plantes que j’avais sous la main et à des déchets. La démarche générale est sans doute bonne, mais la betterave rouge est une exception.

Avec les feuilles de betterave

J’étais pauvre, je souhaitais donc éviter d’utiliser ce qui se mange pour teindre. Cela sentais le gâchis.

J’ai donc commencé à tester avec les feuilles, dont je viens seulement maintenant d’apprendre qu’elles étaient comestibles. J’ai pris un écheveau de 100 grammes de coton. C’était plus économique que la laine naturelle à La Ligua.

Bien sûr, le jus était rose vif, mais en rinçant simplement, tout est parti. Je n’ai eu qu’un jaune très pâle.

J’ai recommencé en ajoutant un mordançage à l’alun. Même résultat. Heureusement, j’avais récupéré les feuilles de betterave sur le marché.

Avec la racine

Il me semblait curieux que tant de gens se trompent. Je décidais donc de recommencer avec la racine, cette fois-ci. Bien que la betterave n’apparaisse nulle part dans ma documentation du moment, le Guide de la Teinture Naturelle de Dominique Cardon.

Cependant, je n’avais pas d’électricité à l’époque, donc pas d’internet. Ce guide et tous les autres livres de Dominique Cardon font toujours partie de ma documentation de base.

Je pris donc la décision de sacrifier un peu d’alimentation pour un nouveau test. Le résultat ne fut pas meilleur. Je comprenais pourquoi la betterave ne figurait pas dans le Guide de Dominique Cardon.

Malheureusement, je n’ai pas de photographies de ces premiers essais. J’aurais bien aimé partager cela.

Dans les cours

À Pica (Nord du Chili)

Dans les cours que j’ai donné à Pica, nous n’avons pas fait le test de la betterave rouge, les femmes n’en produisaient certainement pas dans leurs “chakra” (mot d’origine quechua désignant un petit terrain cultivé). Il fallait faire efficace, nous avons donc travaillé essentiellement avec des produits connus par les femmes. Notamment, nous avons teints avec des herbes médicinales de l’Altiplano, ou des plantes locales que j’avais personnellement testé positivement. Ainsi, nous avons utilisé la Sorona, “mauvaise herbe” qui envahissait les “chakra” et donne un très beau jaune.

À Santa Fe (Argentine)

Lors des deux ateliers à Santa Fe (Argentine), nous avons testé la betterave, car des stagiaires en avaient amenée. Ces groupes étaient très enclins à faire des expériences nouvelles. Nous l’avons donc fait comme contre-exemple, toujours avec le même résultat.

Test de la betterave rouge à Santa Fe, Centre Culturel La Redonda, Argentine
Test de la betterave rouge à Santa Fe, Centre Culturel La Redonda, Argentine

Ici les feuilles de betteraves cuisent pendant que l’on mordance les fibres dans une autre casserole.

Casserole de mordançage, pour préparer les fibres avant la teinture
Casserole de mordançage, pour préparer les fibres avant la teinture

Les fibres mordancées seront ensuite ajoutées au bain de betterave.

Fibres ajoutées au bain de feuilles de betterave rouge, le bain à gauche est de la cochenille
Fibres ajoutées au bain de feuilles de betterave rouge, le bain à gauche est de la cochenille
Petit résumé non exhaustif des teintures de cet atelier, manquent les teintures à la cochenille et celles à l'indigo
Petit résumé non exhaustif des teintures de cet atelier, manquent les teintures à la cochenille et celles à l’indigo

Nous avions étiqueté toutes les teintures que nous avions faites. Je ne vois pas d’étiquettes indiquant la betterave, le résultat a été si décevant que les fibres ont été reteintes.

Une betterave, qu’est-ce que c’est?

C’est une chénopodiacée, Beta vulgaris, de même que les épinards, les blettes et quinoa. Elle produit une grosse racine pivotante que l’on consomme habituellement. Il en existe un grand nombre de variétés, pas toutes rouges.

La culture

Comment naît une petite betterave?

Dans la serre, petite pousse de betterave qui vient de germer, avec ses deux premières feuilles. Les "mauvaises herbes" ont déjà pris de l'avance.
Dans la serre, petite pousse de betterave qui vient de germer, avec ses deux premières feuilles. Les “mauvaises herbes” ont déjà pris de l’avance.

À ce stade le désherbage n’est évident. il doit être fait manuellement, bio oblige, et rapidement avant que la planche soit envahie…

Puis elle sort les premières feuilles classiques de betterave.

Jeune betterave à 4 feuilles
Jeune betterave à 4 feuilles

Différentes variétés de betterave cultivées par Biolab, ferme Agrobiologique, près de Nemours, où je fais actuellement du wwoofing.

Et le développement de la betterave se poursuit...
Et le développement de la betterave se poursuit…

La récolte

Dans les champs, peu avant la récolte, Valentin qui travaille chez Biolab, récolte des échantillons.

Échantillons de betterave, avant la récolte...
Échantillons de betterave, avant la récolte…

Elles sont un peu petites, car elles ont été semées trop serrées. Elles n’ont pas eu assez de place pour se développer et elles vont bientôt monter en graines. Il faut donc les récoltées. Les meilleures ont déjà été sélectionnées par les mulots…

Les mulots sont de grands amateurs de betterave... ils ont tout de suite repéré les plus grosses
Les mulots sont de grands amateurs de betterave… ils ont tout de suite repéré les plus grosses

La terre est très humide, il a beaucoup plu ces derniers jours. On dirait que la terre aspire les betteraves quand on veut les arracher. Valentin va donc faire un essai avec le tracteur de soulever la couche de terre ou se trouvent les betteraves.

Malheureusement, malgré différents réglages, la lame coupe trop de betteraves, celles qui échappent à la lame, sont très difficile à extraire des blocs de terre soulevés.
Malheureusement, malgré différents réglages, la lame coupe trop de betteraves, celles qui échappent à la lame, sont très difficile à extraire des blocs de terre soulevés.

La récolte a été plutôt maigre.

Récolte de betterave
Récolte de betterave

En partageant tout ce travail, il devient pour moi aussi inconcevable de négocier les prix sur les légumes que sur l’artisanat. L’agriculture est aussi grande consommatrice de temps et de connaissances que l’artisanat.

Quand on coupe une betterave et qu’on la fait cuire, elle libère un jus rouge très trompeur, qui laisse croire que l’on pourrait teindre avec…

Là, il s’agit d’une jolie variété à rayures blanches. Elles ont moins de colorant.

La bétalaïne

Cette famille de pigment est présent dans de nombreux végétaux.

Betterave rouge, source de betala¨ïne courante, petit panneau dans le Jardin des Plantes Tinctoriales de Couleur Garance, à Lauris, France
Betterave rouge, source de betala¨ïne courante, petit panneau dans le Jardin des Plantes Tinctoriales de Couleur Garance, à Lauris, France

Voilà ce qu’en dit l’Association Couleur Garance, experte dans le domaine de la teinture naturelle.

Mes expériences

A Mamiña, petit village d’eaux thermales dans la précordillère, à 120 km de d’Iquique (Nord du Chili), j’ai fait de nombreux essais. Notamment, j’avais trouvé des pailles de quinoa, qui provenaient de Cancosa, en plein Altiplano, tout près de la frontière bolivienne.

Ces pailles sont rouge foncé. C’était donc intéressant à tester. Le résultat a été plutôt décevant. La quinoa fait partie des chénopodiacées. Ce n’est donc pas surprenant.

Utilisations possibles de la betterave…

Alimentaire, bien sûr. Nombreuses sont les recettes faisant intervenir la betterave rouge.

J’ai eu l’occasion de me cuisiner quelques betteraves que j’ai récoltées. Elles étaient délicieuses. Et voici, une salade de betterave bio.

Salade de betteraves roses à rayures blanches
Salade de betteraves roses à rayures blanches

Vu, que ce ne sont pas des betteraves rouges habituelles, elles n’ont pas libéré de jus rouge, seulement une eau de cuisson beige…

Le colorant Bétanine, une des formes de bétalaïne est utilisé par l’industrie agro-alimentaire sous la dénomination E162.

Médicale, pourquoi pas? La betterave serait un excellent hypotenseur. Cela me semble intéressant, non? Elle améliorerait aussi l’oxygénation des cellules.

Et en teinture?

Il s’agit donc d’une teinture alimentaire par excellence. Je viens d’en parler assez longuement, mais il me reste une dernière expérience à vous raconter.

Betterave rouges et sels de bain

Là aussi, les photographies font défaut. À Limache, j’avais perdu 95 % de la clientèle de ma petite imprimerie artisanale de Viña del Mar. Je n’étais qu’à 30 km, mais c’était trop loin.

Il fallait que je trouve d’autres produits. En allant chercher du maïs pour mes poules, je me suis rendue compte que le gros sel était très économique. J’avais beaucoup de plantes aromatiques et médicinales sur la propriété que je louais.

Je décidais donc de préparer des sels de bains. Je n’avais aucune documentation sur les teintures naturelles et bien sûr pas d’internet.

Ce fut ma première tentative de teintures naturelles. C’est ainsi que je testais avec la betterave rouge, le choux rouge et le jus de cerises.

La recette

Je vous livre donc la recette de mes sels de bain.

  • Je faisais bouillir la plante choisie pour son parfum et ses propriétés médicinales avec la plante colorante. Par exemple, feuilles de betterave rouge avec romarin.
  • Je laisse bouillir jusqu’à obtenir un jus colorant et odorant.
  • Dans une poêle, je versais du gros sel et le jus obtenu auparavant.
  • Je faisais chauffer pour que le sel absorbe le jus et sèche.

Il est à noter, qu’il n’y a pas de problème de conservation car le sel est lui-même un excellent conservateur. Je n’ai pas mis de fixateur pour les parfums, c’est plus naturel ainsi.

J’avais fait trois essais : lavande-choux rouge et citron, romarin-betterave rouge, mélisse-cerises.

  • lavande-choux rouge et citron, très beau rose vif
  • romarin-betterave rouge, rose un peu terne
  • mélisse-cerises, rose-beige foncé

Dans la pratique, je retiendrai le choux rouge associé au citron.

Conclusion

La betterave rouge est certainement très intéressante du point de vue alimentaire, voir médical. Mais dans le domaine de la teinture, malheureusement, elle fait définitivement partie du petit teint et doit être réservée à la teinture alimentaire, bien que dans ce domaine aussi la cochenille E120 est une concurrente de poids.

PS – Petit truc pour consommateurs

Si l’on vous propose des laines d’un joli rose, et qu’on ajoute, c’est teint à la betterave rouge, fuyez. C’est une arnaque.

Végétaux voyageurs

/// Végétaux voyageurs ///
Nouvel article du 1er Mars 2020
Je suis bien revenue en France et j’y serai jusqu’au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Les végétaux n’ont pas de jambes, mais ils voyagent tout de même beaucoup. Comme tout ce qui est utile voyage, les plantes médicinales et tinctoriales sont donc de tout temps de grandes compagnes des voyageurs. Les végétaux traversent ainsi des continents et des océans…

Il y a tant à dire sur les végétaux voyageurs, je vais devoir me concentrer sur les plantes et insectes tinctoriaux voyageurs… Les végétaux et les animaux à fibres ont aussi beaucoup voyagé, sans doute mériteront-il un prochain article.

Un peu d’histoires de végétaux voyageurs

De tout temps les végétaux se sont ingéniés à développer des systèmes pour répandre leurs graines et donc à se multiplier sur des surfaces de plus en plus grandes. Ils ont souvent recours à l’aide des animaux, éventuellement de l’homme, parfois à son insu…

Les documentaires de Jean-Marie Pelt, par exemple, donne une idée de cette ingéniosité.

Certains végétaux ont ainsi fait le tour du monde, ils sont dotés d’une histoire précieuse qui les relient intimement aux textiles traditionnels.

Préhistoire

À Monteverde, près de Puerto Montt, au Sud du Chili, a été découvert un lieu habité depuis plus de 15.000 ans (traces les plus anciennes d’occupation humaine en Amérique Latine), avec de très nombreux restes organiques en très bon état de conservation. Il y avait notamment des restes de viande de mastodontes et de camélidés, des cordons de fibres végétales et des plantes notamment médicinales. Celles-ci ont été étudiées et proviennent de plus de 40 km du lieu où elles ont été trouvée.

Il ne s’agit pas encore de plantes tinctoriales. Mais, bien que les nomades ne transportent que l’indispensable, ils ont emmené avec eux ces végétaux médicinaux de même que d’autres comestibles (entre autres des pommes de terre).

Plus récemment, en Europe, au bord du Lac de Neuchatel, en Suisse, dans les restes d’un village lacustre néolithique, ont été trouvés des graines de sureaux hièbles toxiques. Ces végétaux sont utilisés en teinture, comme l’indique Dominique Cardon.

Antiquité et ses végétaux tinctoriaux

Normalement la gamme de couleur naturelles peut couvrir tout l’arc-en-ciel, comme je le commente dans un article récent. Cependant, des produits tinctoriaux exotiques avaient beaucoup de prestige et voyageaient en suivant les mêmes voies que la soie et les épices…

Mais en réalité, on se limitait souvent au jaune, au rouge et au bleu d’indigo.

Le rouge notamment, qui était la marque des élites, voyageait beaucoup. Cependant, il n’était pas seulement produit à partir de végétaux. On a eu recours à des insectes bien sûr, mais aussi à des coquillages, les murex…

Les coquillages

Ces coquillages étaient travaillés assez loin des villes, car leur pourriture produisaient des odeurs assez nauséabondes, les villages de teinturiers étaient donc mis à l’écart. Le terme latin pour désigner les teinturiers “infectores” est très significatif.

Je l’ai compris lorsque j’ai fait mon propre essai avec les “locos” et les “locates” de Taltal (Chili), après 15 jours de fermentation dans leur bouteille. Heureusement, j’ai fait l’essai à l’extérieur près d’une source.

Connaître des coquillage à teinture
Connaître des coquillage à teinture

Les insectes voyagent aussi

Le Kermes

Cet insecte parasite de certains chênes méditerranéens donne de très prestigieux rouges réservés aux familles royales et aux autorités ecclésiastiques. Vu la zone limitée de production, cela a dû voyager à travers toute la Mer Méditerranée et vers le Nord de l’Europe.

Les cochenilles polonaise et arménienne

Ces cochenilles donnaient des rouges carmins, elles étaient collectées dans les prairies et les marécages et voyageaient aussi à travers l’Europe.

Les végétaux

Les végétaux tinctoriaux plus voyageurs sont sans doute la garance pour le rouge, et l’indigo, pigment présent dans plusieurs plantes.

Cependant, les végétaux tinctoriaux qui donnent du jaune sont beaucoup plus courants. De nombreuses “mauvaises herbes” donnent des jaunes, mais la gaude a certainement voyagé, car elle se place au-dessus de toutes les autres sources de jaunes.

Il faut voir que de nombreux arbres fruitiers connus en Europe actuellement, par exemple, proviennent d’Asie Centrale ou de Chine. Il en est ainsi des pommiers, des poiriers, des cerisiers… J’en oublie beaucoup.

Parmi les végétaux voyageurs, l'amandier et le figuier du premier plan, les deux sont aussi utilisés en teinture
Parmi les végétaux voyageurs, l’amandier et le figuier du premier plan, les deux sont aussi utilisés en teinture

Tout ce que je viens de raconter ne concerne que l’axe Europe-Asie.

Nous n’avons malheureusement que peu de données concernant les Amériques, l’Afrique et l’Océanie où bien sûr, les teintures naturelles se sont développées très tôt.

En effet, le textile le plus ancien teint en indigo, provient du Pérou et date de de plus de 6000 ans.

L’histoire textile est très ancienne et très développée en variété et en qualité. Les colons espagnols ont été très surpris lors de leur arrivée au Mexique et au Pérou…

Textile précolombien dans un des musées de Puno, Pérou
Textile précolombien dans un des musées de Puno, Pérou

Je suppose qu’il y a des trésors semblables en Afrique et en Océanie. Comment les découvrir?

Les lichens

Les lichens à orseille qui donnent de jolis roses, malheureusement peu solides, voyageaient beaucoup depuis leurs lieux de récolte jusque chez les teinturiers. Combien d’étapes ?

Les minéraux aussi voyagent

Les minéraux voyagent depuis longtemps… L’alun, mordant incontournable en teinture, est produit généralement dans des régions volcaniques, parfois en plein désert. Il doit donc souvent être transporté jusqu’aux zones de teinture.

Dominique Cardon en parle assez longuement dans ses livres…

Moyen-Âge

On voit que Marco Polo, dans ses voyages, s’intéresse beaucoup aux teintures et aux textiles sans donner trop de détails.

Abandon du kermes

Avec l’effondrement de l’Empire Romain, les axes de commerce se modifient.

Puis, avec le développement du monde musulmans, le commerce méditerranéen devenait de plus en plus compliqué.

Le kermes tombera peu à peu dans l’oubli. Il sera remplacé par la garance des teinturiers (Rubia tinctorum) et d’autres rubiacées dont les racines donnent de magnifiques rouges.

Maintien des cochenilles du vieux monde

Les cochenilles du vieux monde se maintiendront, en baissant nettement après la “découverte” des Amériques par Cristophe Colomb. Car l’importation de la cochenille du Mexique et du Pérou va bouleverser le commerce des cochenilles et les techniques de teintures.

Disparition de la pourpre

Alors, la pourpre essentiellement produite sur les côtes orientales la Méditerranée et dans la zone de l’ancienne Carthage est délaissée. Elle devient difficilement disponible, d’autant plus que les coquillages surexploités deviennent rares.

Mais, cette couleur sera obtenue par la combinaison de bains de garance et d’indigo. Cette technique, des faussaires de l’antiquité la connaissent déjà, elle sera alors généralisée.

La garance

D’habitude, on pense à la merveilleuse garance des teinturiers (Rubia tinctorium). Mais, celle-ci a une cousine très intéressante, la garance voyageuse (Rubia peregrina). Elle voyage en s’accrochant aux vêtements, tout comme le font les gaillets, souvent tinctoriaux, eux aussi. On la trouve parfois près des anciens champs de culture de garance des teinturiers. Ses racines teignent aussi…

Garance voyageuse, végétal tinctorial sauvage, mais exploitée en teinture naturelle - Source Wikipedia
Garance voyageuse, végétal tinctorial sauvage, mais exploitée en teinture naturelle – Source Wikipedia

On a retrouvé une racine de garance dans la tombe d’une reine norvégienne dans les années 800 après JC. Il serait plutôt étonnant que cette plante aie poussé en Norvège. La zone de culture la plus septentrionale serait sans doute les Flandres.

L’indigo

Isatis tinctoria, le pastel ou guède, a été une des premières sources de bleu en Europe. Les autres continents possèdent une grande variété de plantes à indigo.

L’indigo du pastel était déjà exploité par les Celtes, entre autre pour des peintures corporelles, comme le note Jules César dans son récit sur la Guerre des Gaules.

Isatis tinctoria, Pastel ou Guède, fait partie des anciens végétaux voyageurs - Source Wikipedia
Isatis tinctoria, Pastel ou Guède, fait partie des anciens végétaux voyageurs – Source Wikipedia

Cet indigo fera la richesse d’une bonne partie du Sud de l’actuelle France, notamment de la région de Toulouse. L’expression “Pays de Cocagne“, fait d’ailleurs référence aux coques préparées à partir du pastel fermenté, mis en boule et séché.

Renaissance

Outre ces produits traditionnels, avec le développement des voyages en Asie et la conquête de l’Amérique, de nouveaux produits tinctoriaux vont faire leur apparition en Europe.

Bois rouges

D’Asie, puis des Amériques ont ramène des bois rouges, qui souvent ne sont pas considérés grand teint, mais participent de nombreuses recettes de teintures dans les gammes de rouge.

L’un des plus connu était traditionnellement rapporté des Indes sous le nom de brasil, bois de braise. Quand les Portugais parvinrent aux côtes du Brésil, ils découvrirent un arbre très semblable. Ils l’ont appelé Pau Brasil ou bois de Permanbouc (Caesalpinia echinata). C’était une des premières richesses exportées de ce nouveau territoire. De là, provient le nom du Brésil.

Ce bois est encore aussi utilisé pour fabriquer des archets de violons. Il s’agit d’une espèce protégée et rare du fait de sa surexploitation.

Pau Brasil, á l'Agroforestrerie de mon ami Rodrigo au Brésil, cet arbre fait partie des végétaux voyageurs à ses dépens, sa réputation lui a coûté cher
Pau Brasil, á l’Agroforestrerie de mon ami Rodrigo au Brésil, cet arbre fait partie des végétaux voyageurs à ses dépens, sa réputation lui a coûté cher

Il existe de nombreux autres bois rouges qui ont été importés en grandes quantités en Europe.

Bois jaunes

Outre les bois rouges, de nombreux bois jaunes tels que les fustets s’importaient en quantités impressionnantes aussi bien d’Asie que d’Amérique.

Tous ces bois devait être réduits en poudres ou en copeaux pour en tirer le maximum de colorants. C’était tout une industrie.

Cochenille d’Amérique

La cochenille d’Amérique, contrairement à la polonaise et l’arménienne est élevée. N’étant plus sauvage, elle n’a plus autant besoin de se protéger, Elle produit donc moins de cire protectrice, cette cire protectrice posait de nombreux problèmes aux teinturiers des temps anciens, elle provoquait des taches sur les textiles…

Végétaux, feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près de Carhuaz, Pérou. La cochenille a fait voyager le figuier de Barbarie, son support.
Végétaux, feuille de figuier de Barbarie attaquée par la cochenille, site archéologique de Tumshukaiko, près de Carhuaz, Pérou. La cochenille a fait voyager le figuier de Barbarie, son support.

Le colorant, l’acide carminique est donc plus concentré, d’autant plus que la récolte se fait au bon moment, et éventuellement deux fois par an si les conditions le permettent.

Cette arrivée brusque d’une grande quantité de matières tinctoriales de meilleure qualité a totalement bouleversé l’économie des régions de récolte du kermes et des anciennes sources de cochenille.

La découverte que le mordançage à l’étain permet d’obtenir des couleurs plus proche des écarlates de kermes, encouragera son usage.

Des règlements ont vite essayé d’interdire cette nouvelle cochenille, comme le décrit très bien Michel Pastoureau dans ses nombreux livres, entre autre dans “Rouge, histoire d’une couleur“. Mais, les règlements sont faits pour être contournés…

Indigofera

Les diverses espèces d’indigofera, provenant des régions chaudes. Celles-ci provoqueront un second bouleversement économique. Là, au lieu d’importer de la matière brute, on ramènera le pigment déjà extrait sur leur lieu de production. Il provient notamment d’Asie, d’Inde et du Bangladesh. Mais il y avait aussi des cultures et de l’extraction d’indigo à La Guadeloupe. Dans ces pays leur culture en lieu et place des cultures vivrières provoquera de nombreuses famines et révoltes.

Là aussi, des règlements tenteront de limiter l’invasion en France, mais ce fut en vain. Michel Pastoureau en parle longuement dans ses livres et notamment dans “Bleu, histoire d’une couleur” où il donne de nombreuses anecdotes sur le nouvel indigo diabolisé.

Temps modernes

À cette époque, la cochenille et l’indigo importés s’imposeront dans les ateliers de teintures, grâce à des améliorations des procédés de teintures. Les anciens règlements s’assouplissent devant les nécessités économiques.

C’est le moment d’un grand développement de recherches, tant de la part des teinturiers dans leurs pratiques que de la part des chimistes. Ces derniers s’intéressent beaucoup au sujet de la couleur et tentent d’améliorer les procédés.

L’industrie textile est en plein développement et le domaine de la teinture doit suivre le rythme. La concurrence est rude en Europe et de nombreux espions sont envoyés pour découvrir des secrets de teintures…

Bois de Campêche

Le grand nouvel arrivant, aussi accusé d’être petit teint, est le bois de Campêche, à l’origine provenant du Mexique.

Il donne de jolis violets et des bleus réputés peu solides. Il est vrai qu’il est difficile de faire mieux que l’indigo dans ce domaine.

Un nouveau procédé de mordançage au chrome permettra d’obtenir de très beaux noirs relativement solides. Ils étaient jusque là très difficiles à obtenir, en multipliant les bains de teinture.

L’industrialisation

L’industrialisation de plus en plus rapide du textile exige des quantités chaque fois plus importantes de végétaux et autre matériaux tinctoriaux.

L’indigo

La culture de l’indigo s’est beaucoup développée jusqu’à l’apparition du Bleu de Prusse et des autres couleurs de synthèse.

Apparition des colorants de synthèse

Les nouvelles couleurs de synthèse apparaissent, depuis la découverte de la mauvéine par Perkin en 1856. Elles concurrencent de plus en plus durement les végétaux tinctoriaux voyageurs. Leur transport et leur usage est beaucoup plus facile. Leurs défauts apparaîtront seulement plus tard. Peut-être trop tard, il devient difficile de se passer de ce à quoi on s’est habitué.

Par exemple, en une dizaine d’années, l’Allemagne qui était grosse importatrice de matériaux tinctoriaux est devenue exportatrice. Le bouleversement a été d’autant plus rapide que la demande était grande.

La production de végétaux tinctoriaux à donc dû décroître, jusqu’à jouer un rôle insignifiant.

Et maintenant, les végétaux voyagent encore

Ils voyagent encore un peu pour les amateurs comme moi. Mais, je vais devoir partir à leur rencontre, avant qu’ils ne disparaissent complètement. Il faudrait pouvoir les resemer au plus vite pour maintenir les traditions…

Teintes, quelles chimies?

/// Teintes, quelles chimies? /// Article en cours de rédaction
Nouvel article du 9 Février 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Histoire des gammes de teintes et des couleurs

Encore une fois, les teintes et les couleurs sont un des thèmes préférés de Michel Pastoureau. En effet, cet article lui doit beaucoup. Comme lui, je vais me centrer sur les palettes occidentales, celles que je connais le mieux pour le moment.

Cependant, je ferais tout de même une petite incursion dans les Andes et notamment au Pérou et au Nord du Chili que j’ai la chance de connaître un peu mieux.

Bien sûr, j’espère que mon prochain tour du monde textile et tinctoriale me permettra de combler les lacunes en ce qui concerne les autres continents. Prendre en compte leurs points de vue serait souhaitable, car ils ont certainement beaucoup à apporter dans ce domaine.

Donc, cet article est un complément des deux autres articles déjà publiés sur le thème de la couleur. Le sujet est suffisamment large pour permettre la rédaction de nombreux textes sans se répéter.

1 – Un peu d’histoire

A – Palette de couleurs de la préhistoire

Il ne reste malheureusement pas de traces de textiles de la préhistoire ancienne, tout laisse à supposer que la palette de base reprend les teintes des peintures des grottes de Lascaux, Chauvet, Altamira…

Certains détails dans les statuettes dites Vénus font penser à des représentations de textiles.

On a tout de même trouvé à Monte Verde, près de Puerto Montt des restes cordes de fibres végétales et un certain nombre de restes organiques très bien conservés de plus de 14.000 ans.

Il ne reste pas de traces des peintures corporelles. Cependant, elles ont dû apparaître très tôt. Elles sont souvent à base végétale, du genre roucou ou fruit immature de jenipap, comme le font encore aujourd’hui les Guaranis, au Brésil. C’est complètement biodégradable.

Teintes de bleus sur échantillons de toile de coton et fil de soie
Fruit de jenipap pas encore mûr, au Brésil, s'utilise comme tatouage non permanent
Teintes de bleus sur échantillons de toile de coton et fil de soie
Fruit de jenipap pas encore mûr, au Brésil, s’utilise comme tatouage non permanent
Fruits, feuilles et grains de roucou, 
autre teinture employé pour des tatouages non permanents, teintes de roux
Fruits, feuilles et grains de roucou,
autre teinture employé pour des tatouages non permanents, teintes de roux

Après ces teintures organiques, il nous reste donc les pigments des peintures rupestres.

Blancs

La craie et la chaux sont des pigments blancs faciles à trouver. Ils sont aussi mélangés à d’autres pigments…

Ocre jaune, ocre rouge, argiles

Généralement, les ocres et les argiles rouges sont faciles à trouver.

J’aurai du mal a faire mieux en paraphrasant Wikipedia, je préfère donc la citer:

Les ocres jaunes (PY43 dans le Colour Index) et rouges (PR102) sont des pigments importants de la palette des artistes de toutes les époques. Grâce à leur coût modique, elles sont les rares pigments naturels encore présents dans les nuanciers de peintures, même si les fabricants tendent à les remplacer par des oxydes de fer synthétiques (PY42 ou PR101), plus réguliers et couvrants.
Le chauffage des pigments permet également d’obtenir une grande variété de nuances. Ainsi, les
ocres jaunes après calcination à 700 °C se transforment en ocres rouges.
Comme le vin, les ocres possèdent leurs crus : les ocres jaunes peuvent être verdâtres ou orangées et donner des ocres rouges plus ou moins brunes et chaudes. Les qualités les plus claires sont aussi les plus transparentes.
La non-toxicité des ocres autorise leur emploi dans toutes sortes de techniques (
huile, aquarelle, acrylique, pastel, tempera, fresque). Elles sont compatibles avec tous les liants (graisses animales, huiles végétales, eau…) et les autres pigments.
Wikipedia

Ocre, près d'Okhra, ancienne usine de traitement de l'ocre, près d'Apt, sud de la France, les teintes d'ocre sont très variées
Ocre, près d’Okhra, ancienne usine de traitement de l’ocre, près d’Apt, sud de la France. Les teintes d’ocre sont très variées

Noir de charbon, suie

Ces produits sont bien sûr d’obtention facile et disponibles partout, comme déchets des activités domestiques. Ils jouissent d’une très grande stabilité dans le temps.

Couleur internationale des pétroglyphes

Ces couleurs sont donc celles de pratiquement tous les pétroglyphes.

Pétroglyphe à Mamiña, 120 km d'Iquique
Pétroglyphe à Mamiña, 120 km d’Iquique

Quand je vivais à Iquique, il y avait un peintre, professeur de peinture, qui peignait des toiles en coton en utilisant ces couleurs. Il peignait habituellement les pétroglyphes et les géoglyphes de la région.

Cet artiste emmenait ses élèves visiter les sites archéologiques tels que Cerro Pintado, Quipisca, Parca, Mamiña, Ariquilda, Tamentica, Huatacondo… Ils sont parfois difficiles d’accès.

Il s’appelait Gary, et quand je suis retournée à Iquique, je ne l’ai pas retrouvé, je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Teintes des premières céramiques

Cette palette est aussi celle des premières céramiques.

Céramique précolombienne, Museo MALI, Lima, Pérou
Céramique précolombienne, Museo MALI, Lima, Pérou

J’avoue que je ne connais pas très bien l’histoire de la céramique, mais il me semble que les premiers bleus et verts sont arrivés plus tardivement. Les vrais rouges et les orangés sont encore plus difficiles à obtenir et nécessite une très bonne régulation de la température. La gamme des teintes s’est développée avec le verre et les émaux céramiques.

En céramique, verrerie et émaillage, les sels minéraux font apparaître leurs couleurs lors de la cuisson et peuvent varier selon si celle-ci se déroule dans une atmosphère avec ou sans oxygène, il y a là aussi une réaction Redox.

Si je ne me trompe pas, cela démarre déjà du côté de Sumer.

Petites remarques

  • Les couleurs que je viens de citer ne sont pas des colorants textiles, mais des pigments dont la texture est trop grossière pour se fixer durablement sur les fibres. La différence entre pigments et colorants est importante.
  • En peinture, les deux peuvent être utilisés, en teinture non.
  • Cependant, la suie est utilisée dans certaines teintures naturelles sur textiles en Amérique Latine. On me l’a mentionnée plusieurs fois, mais jamais utilisée seule.
  • La chaux, tout comme la cendre, le sel de cuisine et le bicarbonate peut être utilisée comme modificateur, notamment pour renforcer les jaunes. J’en parle plus en détails dans l’article sur les mordants.

La palette préhistorique

J’ai donc dessiné une petite infographie représentant la palette préhistorique selon Michel Pastoureau.

Mon interprétation de la palette préhistorique

B – Les teintes de l’antiquité

Dès le néolithique, la palette s’est très vite étendue.

Des tablettes sumériennes donnent des recettes complètes de teinture à la garance (mordant compris) et d’indigo. Elles indiquent même des solutions pour falsifier la pourpre du murex, couleur des plus luxueuses.

Si dans la réalité la gamme des teintes est déjà très large, dans le domaine du vocabulaire c’est beaucoup plus flou.

Persée et Andromède – Fresque de la maison de Castor et Pollux montrant une grande variété de teintes – Pompéi – Source Wikipedia

En effet, Michel Pastoureau explique très bien dans ses nombreux livres comment la bible s’est remplie de couleurs au fur et à mesure des traductions et avec le temps. Aussi bien l’Hébreu ancien que le Grec ancien ou le Latin sont avares en termes de couleurs. Ainsi, les quelques termes existants couvrent des gammes très amples et correspondent plutôt à des notions de luminosité ou de saturation.

Dans ses textes, il analyse longuement l’évolution des termes de couleurs. Ainsi, dans de nombreuses langues, les termes qui désignent le “rouge” se confond souvent avec “beau” ou avec “couleur“.

Isidore de Séville, grand encyclopédiste (560-637), qui parle des teintures, colorants, pigments et peintures se contente encore de la palette Blanc-Rouge-Noir.

Les teintes et couleurs, un domaine infini de recherches
Les teintes et couleurs, un domaine infini de recherches

On ne peut pas regarder le passé avec notre point de vue imprégné par les apports de Newton, toutes les dernières découvertes scientifiques et la lumière d’aujourd’hui.

Les goûts ont beaucoup changés.

Henri III au bal, quelles teintes!
Henri III au bal, quelles teintes! Source Wikicommons

La palette chromatique d’Aristote

Comme illustration, je viens de créer une nouvelle infographie montrant la palette d’Aristote.

Reconstitution de la palette aristotélicienne

Cette palette a régné Europe jusqu’à la Renaissance.

C – Les teintes des Andes

Les premiers textiles

Évidemment, les premiers textiles étaient de couleurs naturelles. D’abord, les animaux, les camélidés en particulier: vigognes, guanaco, lama, alpaga, étaient d’abord beiges et blanc comme les deux premières espèces sauvages.

Le lama et l’alpaga sont des espèces domestiquées et la variété de couleurs (très grande) est due à la sélection des éleveurs. Les industries de la laine de camélidés font un tri des toisons sur une gamme de 24 teintes. Ce tri s’opère manuellement.

Tri de la laine d'Alpaga par teintes chez Michel, leader de l'alpaga au Pérou
Tri de la laine d’Alpaga par teintes chez Michel, leader de l’alpaga au Pérou

Le blanchissement des troupeaux d’alpagas est donc, semble-t-il, un phénomène assez récent. Les alpagas bancs, sont très blancs et leur laine n’a pas besoin d’être blanchie comme celle des brebis.

Gaze Chancay en coton beige natif - Museo Amano - Lima - Pérou
Gaze Chancay en coton beige natif – Museo Amano – Lima – Pérou
Différentes teintes de coton natif - Museo Amano - Lima - Pérou
Différentes teintes de coton natif – Museo Amano – Lima – Pérou

Dans les musées, les textiles les plus anciens sont généralement beige. D’abord, la créativité est centrée sur les techniques de filature très originales. Puis apparaissent de fines rayures d’ornement sur les bords ou au centre.

Unku  - Museo Amano - Lima - Pérou
Unku – Museo Amano – Lima – Pérou

Des teintes très variées

Les nombreux textiles trouvés dans les tombes aussi bien dans le Nord du Chili qu’au Pérou, d’une qualité qui sort de l’ordinaire, dans des conditions de conservations remarquables, en sont la preuve.

Textile précolombien - Museo Amano - Lima - Pérou
Textile précolombien – Museo Amano – Lima – Pérou

Des teintes très saturées, lisses

Dans les Andes, on recherche des couleurs très saturées et lisse. Assez curieusement, on voit peu de blancs, sauf les gazes Chancay. Pourtant, ils avaient déjà sélectionné des cotons blancs et il devait bien y avoir déjà des camélidés blancs.

Les poils de camélidés sont plus lisses que la laine de brebis. Donc, ils reflètent plus la lumière. Cela signifie qu’il faut plus de matières tinctoriales pour la même teinte. Les Anciens remédiaient à ce problème en teignant des laines naturellement beiges ou grises.

Fragment de textile Paracas, teintes très vives - Museo Amano - Lima - Pérou
Fragment de textile Paracas, teintes très vives – Museo Amano – Lima – Pérou

Lors d’un atelier de teintures naturelles, à Mamiña, à 120 km d’Iquique, avec des amies Aymara et Quechua, nous avions obtenu un joli vert. En réalité, le schinus molle aurait dû nous donner un jaune soutenu. Mais la casserole était en fer et avait rouillé.

Nous avons là l’explication du ton vert. Cependant, la laine ne touchait pas toujours la paroi rouillée de la casserole, il en résulta une laine qui variait du vert clair au vert foncé.

J’étais très contente, mais mes amies étaient très déçues. Elles voulaient une laine de couleur unie.

Laines teintes avec du Schinus Molle, atelier avec l'association Kespi Kala à Mamiña - Nord du Chili
Laines teintes avec du Schinus Molle, atelier avec l’association Kespi Kala à Mamiña – Nord du Chili

Des techniques originales

Shibori, ikat, techniques de dessins double face inversée, tapisseries, gases…

Détail de toile teinte en shibori – Museo Amano – Lima – Pérou

D – Palette du Moyen-Âge

Teintes très vives et saturées

Durant longtemps, si les couleurs n’étaient pas assez saturées, elles étaient dites “affamées”, notamment pour le rouge.

Là, il suffit de regarder un tableau de Brueghel, on voit une grande variété de couleurs.

 La Prédication de Saint Jean-Baptiste (1566)  Pieter Brueghel l'Ancien
La Prédication de Saint Jean-Baptiste (1566) Pieter Brueghel l’Ancien – Source Wikipedia

La montée du bleu

Michel Pastoureau l’a décrit très bien dans ce livre. Il reprend différentes variantes d’un évangile apocryphe, contant une anecdote concernant un apprentissage raté de Jésus adolescent chez un teinturier, le résultat étant bien sûr un miracle.

Puis, dans les versions les plus anciennes, Jésus teint tout en bleu, ce qui est catastrophique, car le bleu n’était pas bien valorisé… Dans les versions ultérieurs, les copistes ont changé de couleur car maintenant le bleu est apprécié. Jésus teint alors tout en jaune, couleur de la discrimination…

Dans ce livre, Michel Pastoureau décrit l'évolution de l'appréciation de certaines teintes au cours de l'histoire
Dans ce livre, Michel Pastoureau décrit l’évolution de l’appréciation de certaines teintes au cours de l’histoire

Problèmes avec le vert et le noir

La teinture est aussi un fait de culture, avec ses interdiction…

Il y a donc des problèmes culturels de teinture en Occident pour le vert… En effet, la Bible n’aime pas les mélanges. Elle insiste à plusieurs reprise sur le fait qu’il ne faut pas mélanger le lin et la laine… Le concept s’étend au mélange des couleurs.

Le jaune et le bleu se teignaient chez différents teinturiers. Cela interdisait donc les doubles bains, dans le genre un pied de bleu avant une teinture en jaune pour obtenir une teinte de vert.

Ce problème n’existe pas dans le monde musulman, ni dans le monde andin, où on n’hésite pas à mélanger poils d’alpaga et coton.

Obtenir du noir est véritablement un problème technique. Presque tous les noirs tirent sur le brun, le bleu, le bordeau, le vert… Anciennement, teindre en noir, signifiait un bain de rouge, puis un bain d’indigo, un bain de tanins… et un petit bain de mordant de fer.

E – Newton et Goethe

Avant Newton, divers théoriciens de la peinture proposaient déjà de nouvelles palettes. Aucune n’a réussi à s’imposer.

La révolution du prisme

N’étant personnellement pas physicienne de formation, je me permets de vous renvoyer à cette page de Wikipedia, très documentée.

Voici donc le spectre visible complet, avec les différentes longueurs d’ondes.

Le spectre visible avec les raies de Fraunhofer. – Source Wikipedia

La palette de Goethe

Goethe a élargi considérablement la recherche de Newton en étudiant l’opposition lumière/obscurité. En opposition à la science pure et limitée de Newton, dont la théorie découle d’un cas particulier.

Il considère la couleur d’un point de vue plus global et sans doute aussi plus émotionnel avec une nouvelle théorie des couleurs chaudes et froides.

Michel Pastoureau explique qu’au Moyen-Âge, on considérait comme chaud le bleu et froid le rouge… Ce qui n’est pas forcément faux, car le bleu absorbe plus la lumière que le rouge.

Cependant, il reste très scientifique.

Ainsi il fit apparaître un spectre complémentaire. En outre, il est à l’origine du cercle harmonique des couleurs.

Je vous invite vivement à voir ce documentaire qui résume très bien la théorie de Goethe.


Cercle harmonique des couleurs, cependant Goethe place les teintes vertes à la base – Source Wkipedia

Cela évoluera vers la gamme Pantone, outils de base des designers actuels.

Gamme des teintes Pantone – Source Wikipedia

Ce système s’oppose à la quadrichromie photographique, mais il la complète parfois en imprimerie.

Comment on obtient toutes les teintes en quadrichromie? en les superposant
Comment on obtient toutes les teintes en quadrichromie? en les superposant – Source Wikipedia

C’est le principe qu’utilisent la majorité des imprimantes actuelles.

À écouter aussi en podcast, sur France Musique, une série de 4 émissions.

F – L’arrivée des teintes pastel et des rayures peu avant la révolution

Revenons aux teintures

Souvent, ces deux techniques se combinent.

Les découvertes techniques donnant un meilleur blanchissage permet de teindre en ton pastels, aussi plus économiques en quantité de matières tinctoriales.

Les rayures

Longtemps, les rayures étaient auparavant mal vues, toujours en vertu de l’idée d’éviter les mélanges. Les rayures étant assimilées à un mélange bariolé, elles servaient à discriminer.

Michel Pastoureau leur a consacré un livre.

Comment les `points de vue évoluent!
Comment les `points de vue évoluent!

Du point de vue aussi bien technique qu’économique, les rayures permettent de réduire les matières tinctoriales et/ou d’utiliser des restes de fibres déjà teintes, les tons pastels permettent en outre d’épuiser les bains de teinture. Ce n’est pas négligeable.

L’impression

Puis on passera à l’impression, soit au tampon en sérigraphie. Il s’agit là encore d’une économie, car la teinture couvre les fibres seulement en surface. En outre, cela permet de faire varier les motifs, en produisant plus rapidement.

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2 – Un peu de chimie des teintes

A – Chimie ancienne des couleurs

Les nombreuses fresques égyptiennes donne une idée de l’étendue de la gamme de couleurs de l’époque. La plupart des pigments utilisés étaient d’origine minérale.

Sur certaines fresques de Pompéi, l’utilisation de la garance a été démontrée. Le bleu Maya est obtenu à partir de l’indigo comme l’explique Michel Garcia dans un de ses DVD.

* Les teintes minérales

Les ocres

Les ocres jaune et rouge font partie des premiers pigments utilisés par l’homme. Ils sont faciles à trouver et à utiliser.

Dans son dernier livre “Jaune, histoire d’une couleur“, Michel Pastoureau commente, page 21: “Comment les peintre du Paléolithique ont-ils appris à transformer un élément terreux naturel – le minerai – en un produit pouvant servir à peindre – le pigment? De même, comment ont-ils eu l’idée de chauffer de l’ocre jaune pour obtenir de l’ocre rouge, voire de l’ocre brun? peut-on déjà parler d’une chimie des matières colorantes? de fait, différentes trouvailles ont prouvé que certains ocres jaunes étaient chauffés dans des creusets en pierre pour perdre leur eau et changer de couleur; quelques un de ces creusets nous ont été conservés et présentent encore des traces de couleur: du jaune, du rouge, du brun…”

Rouge de mercure

Le réalgar, le très toxique sulfure de mercure, par sa belle couleur, fut utilisé par de nombreuses civilisations, notamment dans l’ancien Mexique qui recouvrait les corps de leurs grands chefs.

Antimoine

Cet élément, était fort utilisé par les Égyptiens, en peinture bien sûr. Mais, aussi en maquillage, dans le khol.

Sels de cuivre

Vert de gris, oxydes de cuivre, carbonate de cuivre… Voici des sources de bleus et de verts, malheureusement assez instables…

Sels de plomb

La céruse, oxyde de plomb, blanc très courant en peinture, jusqu’à il y a peu. La céruse a aussi longtemps été utilisée en cosmétique.

Le plomb intervient aussi comme liant, adhésif et siccatif en peinture. Sa toxicité a provoqué de nombreux drames. L’industrie des peintures a eu beaucoup de mal à s’en passer. Paradoxalement, en trouve encore dans des cosmétiques, notamment des rouges à lèvres…

Arsenic

L’orpiment, pigment jaune or toxique très utilisé traditionnellement en peinture. L’arsenic intervient aussi dans certains verts.

D’autres sels minéraux dangereux ont aussi été utilisés. Les peintres sont les champions de l’usage de produits toxiques.

* Les teintes animales

Depuis l’Antiquité, les animaux ont été mis à contribution surtout dans le domaine de la teinture textile. Ce sont généralement des produits de luxe.

Pourpre de murex

Cette teinture provient des glandes hypobrachiales jaune de certains coquillages, escargots de mer. Le liquide de cette glande jaune vire au violet, au pourpre ou au bleu lorsqu’il est exposé à la lumière du soleil.

Des millions de crustacés ont été sacrifié seulement pour teindre les vêtements des élites méditerranéennes.

Chimiquement, c’est très proche de l’indigo, avec des propriétés photochimiques en plus.

Différentes teintes obtenue avec des coquillages à pourpre, à Okhra
Différentes teintes obtenue avec des coquillages à pourpre, à Okhra

Vermillon de kermes

Il s’agit d’un petit parasite, kermes vermilio qui attaque des espèces de chênes des pourtours méditerranéens, dont notamment, le chêne kermès Quercus Coccifera.

Maintenant ces arbres sont en voie d’extinction et le kermès encore plus rare. La collecte de ces insectes alimentait de nombreuses familles. Comme les cochenilles, il donnait de très beau rouges.

Cochenilles polonaise et arménienne

Avant la découverte du Nouveau Monde et l’arrivée de la cochenille du Mexique, ont utilisait deux autres sortes de cochenille: la polonaise et l’arménienne.

Cochenille polonaise

Cette cochenille parasite les racines d’un certain nombre de plantes. On l’appelle polonaise, car elle était importée de Pologne, mais sa zone de diffusion va depuis la France jusqu’à la Mongolie. Cependant, “elle ne vit que dans des lieux incultes: steppes, marais, zones inondables“. Comme l’explique Dominique Cardon, dans “Le monde des teintures naturelles“.

Livre de référence, j'y reviens régulièrement
Livre de référence, j’y reviens régulièrement

En outre, elle mentionne que la récolte de cette cochenille permettait de payer ses impôts en Allemagne, ce qui révèle son importance économique.

Cochenille arménienne

La cochenille arménienne est un peu plus grosse que la polonaise, ne vit qu’au pieds de deux plantes, dans des zones marécages, ces mêmes zones sont entrain de disparaître.

La femelle adulte est récoltée au moment où elle émerge du sol pour s’accoupler, très tôt le matin.

Cette cochenille, plus grosse, contient moins de colorant que la polonaise. Donc, elle était moins appréciée.

Autres cochenilles du Vieux Monde

Ensuite, Dominique Cardon mentionne une cochenille chinoise dite du Sophora, utilisée notamment dans le Cachemire et une cochenille égyptienne qui vit sur des graminées de Haute Égypte employée localement de même que le kermès.

Laque d’Inde et Laque de Birmanie

Il s’agit de petits parasites de la famille de la cochenille qui attaque un certain nombre d’arbres. Ces insectes bourrés d’acide carminique (colorant rouge) s’entourent d’une résine naturelle pour se protéger.

Cette résine est utilisée en alimentation et en pharmaceutique sous le code E904. C’est un plastique naturel et il a beaucoup d’application dans le domaine des vernis, dans la fabrication de la cire à cacheter…

Le nettoyage de la gomme laque libère donc l’acide carminique tinctoriale.

* Les couleurs végétales

Les basiques grand teint

Garance (Rubia Tinctoria)

Rubiacée, dont on utilise les racines après 5 ans de culture, depuis l’antiquité pour teindre en rouge. Cette plante a été cultivée sur de très grandes surfaces en Europe pour la teinture en rouge écarlate. Il y a d’autres rubiacées qui teignent en rouge.

Rubia Tinctoria, ses racines nous donne de jolies teintes de rouges, orangés, saumon...
Rubia Tinctoria, ses racines nous donne de jolies teintes de rouges, orangés, saumon…

Pastel ou guède

Brassicassée, Isatis Tinctoria, on extrait de l’indigo de ses feuilles, récoltées à plusieurs reprises. Plante cultivée depuis l’Antiquité. Les feuilles sont mises à fermenter, ce qui libère l’indigo lors d’une réaction Redox.

Les Gaulois et les Celtes en général maîtrisaient très bien cette technique. Ils l’utilisaient comme peinture corporelle comme l’indique Jules César dans son livre sur la Guerre des Gaules.

Isatis Tinctoria – Plante à teintes de bleus – Soure Wikipedia

Gaude

Reseda Luteola, jolie plante à fleur jaune, préférée parmi tous les jaunes que nous offre la nature, et ils sont nombreux. Anciennement cultivée, maintenant elle est assez rare. En teinture, on emploie la plante entière.

Réséda jaunâtre
Réséda des teinturiers
Réséda jaunâtre
Réséda des teinturiers – Source Wikipedia

Tanins

Grande famille de colorants naturels présents dans une grande quantité de végétaux. Je leur ai déjà consacré un article.

Grand teint et petit teint

Ce sont les principales plantes grand teint autorisées par les strictes normes de Colbert qui régissent strictement les conditions de teintures pour une qualité maximale.

Les teintures de luxe de petit teint

Orseille

Il s’agit d’une série de lichens que l’on faisait fermenter dans de l’urine et qui donne des roses, des mauves, jolis mais peu solides. On peut remplacer l’urine par de l’ammoniaque.

Safran, carthame

La célèbre et très coûteuse épice aussi teint en jaune. En Chine, c’était la couleur de l’Empereur. Toute sa papeterie était teinte en jaune de safran.

Le carthame est une plante dont les graines donne une huile très intéressante. Les pétales donnent deux types de colorants, des jaunes que l’on élimine habituellement en les lavant en les malaxant vigoureusement. Ce qui reste est traité avec du jus de citron et l’on obtient une teinture rose vif, très belle mais peu solide à la lumière.

Plante qui donne des teintes  roses - Représentation du Carthame des teinturiers dans l'ouvrage  Deutschlands Flora in Abbildungen, 1796
Plante qui donne des teintes roses – Représentation du Carthame des teinturiers dans l’ouvrage Deutschlands Flora in Abbildungen, 1796. – Source Wikipedia

B – Les nouvelles matières tinctoriales

Avec le développement des voyages en Asie et la découverte du Nouveau Monde, apparaissent de nouvelles matières tinctoriales. Une première disruption dans le monde de la teinture et nous assistons aux premières délocalisations des cultures de plantes à teindre et à l’extension de la culture du coton, favorisées par le développement de l’esclavage.

Les bois jaunes, les bois rouges

On va importer des Indes et du Brésil de nombreux bois jaunes, tels que le fustet, le bois de Brasil, bois de Permambouc… Il ne seront pas admis en grand teint, mais pourront être employés en nuançage.

La cochenille du Nopal

Quand les Espagnol arrivent au Mexique et plus tard au Pérou, il sont surpris par la qualité et les couleurs des textiles des Indigènes.

Alors, ils découvrirent la cochenille que les Indigènes élevaient sur les figuiers de Barbarie. Elle est mieux concentrée en acide carminique.

Ils en importèrent des quantités phénoménales, bouleversant toute l’économie de l’Europe.

Indigofera

Les différents Indigofera qui poussent sous les Tropiques contiennent beaucoup plus d’indigo que le Pastel ou Guède qui avaient fait la fortune du Pays de Cocagne.

Cette culture provoquera même une guerre au Bengladesh.

Le bois de Campêche

Ce bois rouge, est broyé en équilles, il est capable de teindre en bleu, en violet en mordançant au fer et en noir. Un vrai noir quand on le mordance au bichromate de potassium… Il permettra la grande mode du noir.

Les mordants

Plus besoin d’aller faire des Croisades pour réouvrir l’accès aux mines d’alun. On découvre un gisement près de Naples, ce sera l’Alun du Pape.

C – Chimie moderne des couleurs

Juste au moment où les recherches aboutissaient sur de nouvelles technique, la chimie de synthèse provoque une nouvelle disruption…

Jusqu’à la découverte de la mauvéine par William Henry Perkin en 1856, toutes les teintures faisaient appel à la chimie verte (sauf quelques mordants toxiques).

La chimie grise se donne des couleurs

À partir de 1856, se développe toute une gamme de couleurs de synthèse qui remplaceront très rapidement les couleurs cultivées.

Voilà que cette disruption provoque des bouleversements un peu partout dans le monde dont l’importance augmente avec l’industrialisation.

  • Par exemple, dès 1900, l’Allemagne qui était grosse importatrice de teintures naturelles devient exportatrice avec ce qui deviendra Bayer.

Une gamme théoriquement complète

En théorie, la gamme est complète.

Mais les couleurs peaux, sont très difficiles à obtenir. Nos fournisseurs ne proposent pas de mélange tout fait. Au local d’Angel, on m’en demande très régulièrement, pour les visages des poupées en feutre. Évidemment, j’ai trouvé une solution, mais, j’ai dû avoir recours à une astuce pour obtenir ce genre de teinte.

C’est tout de même curieux, quand on va voir les immenses hangars pleins de cônes de laines industrielles à La Ligua, ou si l’on va directement chez des grands distributeurs comme Ukryl, à Santiago, il manque toujours des couleurs- Ce sont celles qui ne sont pas supposées être à la mode.

Une fois, je cherchais des tons saumons, abricots… C’était introuvable. La seule qui avait quelque chose d’approchant était une vieille qui gardait des stocks d’invendus…

Un peu de poudre et puis voilà

C’est devenu trop facile. Plus besoin de récolter des plantes, de les faire tremper, toute la casserole peut être remplie de laine.

Malheureusement, c’est tellement facile, que le travail est souvent mal fait. On ne lave pas avant de teindre… Résultat: les couleurs sont fragiles et partent polluer la nature au premier lavage.

Certaines couleurs, en particulier les jaunes se mélangent mal dans le bain. Elles ne se fixent donc pas bien sur les fibres et partent tout de suite à l’égoût.

Des teintes qui varient

Ces poudres miraculeuses permettent d’être très créatifs. On peut mélanger plusieurs couleurs dans une même casserole, obtenir des variations de teinte tout le long du fil… ou simplement de petites taches parsemées… J’avoue que j’ai pris beaucoup de plaisir à teindre ainsi pour Angel. Je m’efforce de faire varier les effets de teintes.

En effet, les possibilités sont infinies et ne dépendent que du temps à y consacrer et de la quantité de matières premières.

Au contraire, cela peut provoquer une certaine standardisation, quand on s’en tient aux teintes des gammes des fournisseurs et on retrouvent les mêmes couleurs tout au long du pays. Les femmes qui filent se spécialisent dans certaines couleurs qu’elles réussissent bien et se copient.

Et les fluos

En teinture textile, je n’en ai pas trouvé chez mes fournisseurs, rose un rose très vif.

En revanche, pour les industriels, de nombreuses fibres synthétiques, sont teintes dans la masse dans ces teintes fluos. Les étals des marchands de laines dans la banlieue haute de La Paz, appelée El Alto (Bolivie) sont impressionnants. Je n’ai malheureusement pas pris de photographie. Dans les alentours du célèbre marché de 16 de Julio, ils empilent les cônes en arc-en-ciel fluos, couleurs très appréciées dans le monde andin.

Mais en encre de sublimation et de sérigraphie, il y a une assez grande variété.

N’oublions pas la toxicité

  • Nous avons affaire à des poudres, on en respire souvent quand on les manipulent.
  • Elles ont été étudiées spécialement pour se fixer sur les protéines, et notre corps en contient beaucoup…
  • Les teintures chimiques contiennent souvent du chrome, du cadmium… ou d’autres éléments dangereux pour la santé.

Plus de pétrole, plus de couleurs

Enfin, toutes ces couleurs chimiques sont des dérivés du pétrole. La prochaine pénurie de pétrole nous obligera à un retour à la chimie verte.

D – Teintes d’avenir?

Le retour de la chimie verte

Un fait est certain, c’est que tous les poisons, même les plus violent que produisent les plantes, les champignons et les animaux sont tous biodégradables. Voilà la magie de la chimie verte.

Les séminaires internationaux tels que ISEN-WEFT, IFND, IFPECO, auxquels j’ai assisté tentent justement de promouvoir la recherche dans ce domaine. J’attends avec impatience le prochain.

Il est à noter que ces symposium n’intéressent pas que des artistes, des designers ou des archéologues… De très grosses entreprises gourmandes en matières tinctoriales s’intéressent depuis longtemps à un retour à une chimie verte, pour proposer des produits verts…

Teindre avec des déchets végétaux

N’oublions pas que nous pouvons teindre avec des déchets végétaux, des plantes invasives, puis encore les recycler après la teinture ou l’extraction des colorants en compost ou biogaz…

Nouveaux mordants

Dans le DVD 3 de Michel Garcia, il parle de mordancer avec de l’oxalate de titane. Avec les tanins, cela donne des oranges vifs.

Ecoprint avec un peu d'oxalate de titane, qui fait apparaître des teintes orangées
Ecoprint avec un peu d’oxalate de titane, qui fait apparaître des teintes orangées

Sans mordants

Les mordants peuvent être considérés comme une source de pollution et souvent comme un coût supplémentaire prohibitif dans beaucoup d’endroit. Leur élimination doit être une direction de recherche non négligeable.

Il faut apprendre à tirer profit des tanins et des plantes bio-accumulatrices.

Ces tendances nouvelles sont en fin de compte un retour à des pratiques ancestrales.

Ecoprint

Cette technique récente développée par India Flint, permet d’obtenir des empreintes de plantes qui révèlent ainsi leurs teintes cachées et font apparaître des textures insoupçonnées.

Économique et écologique, cette technique permet de recycler des vêtements usagés.

Ecoprint sur soie à Talata, Madagascar, pas encore tout dépouillé de ses feuilles

Les couleurs fongiques

Depuis quelques années, les teintures à base de champignons sont très à la mode, notamment aux États-Unis.

En français, Dominique Cardon en parle assez longuement dans ces livres et Marie Marquet vient de leur consacrer aussi un livre.

Teintes fongiques. Marie Marquet en présente dans ce livre tout l'arc-en-ciel
Teintes fongiques. Marie Marquet en présente dans ce livre tout l’arc-en-ciel

Souvent, ces champignons ne sont pas cultivés parce qu’ils appartiennent à la catégorie des toxiques.

Cependant, l’arc-en-ciel complet peut être obtenir à partir de champignons et lichens. Car, il ne faudrait pas abuser de la récolte de ces derniers, ils sont lents à pousser. En outre, ils souffrent beaucoup de la sécheresse, du changement climatique et de la pollution.

Les couleurs bactériennes

Très récemment, j’ai suivi un Mooc sur la mode circulaire, de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas (Edx). Il mentionnait une société qui avait développé des teintures bactériennes. Je suis allée voir leur site, on y voyait de nombreux textiles innovants, des gammes complètes de teintures naturelles, mais pratiquement rien à ce sujet précis.

Cependant, par hasard en visitant un groupe sur le nettoyage par fermentation des laines sur Facebook, j’ai vu une communication d’une Américaine qui était très choquée d’avoir vu sa toison de luxe qui avait viré au rose vif, une bactérie non désirée avait développé cette teinte surprenante.

Lorsque j’ai assisté à une conférence où les étudiants de l’Université Catholique de Santiago du Chili présentaient leurs travaux… une des étudiantes m’avait posé la question de teindre avec des bactéries. Il y a donc un intérêt pour la question.

C’est un sujet d’avenir à développer.

Conclusion

Cette chimie verte à un grand avenir dans différents domaines: peintures, teintures, cosmétiques, aliments…

Même dans la construction, il y a un regain d’intérêt pour les enduits et peintures naturelles.

Hélas, cet article touche à sa fin. Je vais certainement le compléter dans un futur proche. Parce que je n’ai pas encore épuisé le sujet, j’y reviendrai prochainement.

Je tiens à rappeler que je ne touche aucune commission sur les livres ou autres produits mentionnés ou conseillé. Ce site n’est pas monétarisé.

Video et Documentaires Textiles

/// Video et Documentaires Textiles ///
Article du 30 août 2019, modifi´é le 9 avril 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
Prochain départ fin octobre 2024 – Retour à Puerto Montt Janvier 2025
Je pense revenir en Europe en mars 2025
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

On peut apprendre beaucoup en regardant des video. Cet article sera donc alimenté régulièrement, dans la mesure du possible, parfois le temps s’échappe… Cet article est un concentré de liens, il est complé par un article sur les livres.

Je viens de m’apercevoir, avec surprise, que vous êtes nombreux à visiter cet article, cela m’encourage à le mettre à jour. Je me permets de vous encourager à visiter mes autres articles, vous y trouverez sans doute de nouveaux liens.

Après mes indications bibliographiques, je vais donc réunir dans cette page des liens de video et documentaires textiles et autres avec leur liens, au fur et à mesure de mes découvertes…

J’attends vos propositions de liens pour enrichir cet article.

En attendant que je crée mes propres video (il faut que j’apprenne encore cela…), je vous invite à visiter ce que j’ai découvert lors de mes recherches sur internet et pendant mes voyages…

Video sur les textiles

Le Musée d’Arts Précolombiens de Santiago du Chili présente de nombreuses voici le lien.

Je viens de découvrir une video sur les tissages de crins de cheval.

Aussi, j’ai eu l’occasion de dénicher une conférence gesticulée sur le textile. Je vous la conseille chaudement.

Dans la même veine, une émission récente sur l’économie et l’`écologie du textile de France Culture. Cela confirme certaines de mes réflexions dans quelques un mes articles, notamment sur l’artisanat et le juste prix.

Video sur les métiers à tisser

Video sur la filature

Il y a beaucoup de manières de filer et beaucoup de matières premières.

Je viens d’en découvrir une nouvelle bien originale.

Les orties

Voici deux videos en anglais sur la préparation et la filature des orties. Cela donne envie d’essayer. Sally Pointer est vraiment une grande spécialiste et mérite d’être suivie, elle propose de nombreux tutoriels de reconstitution de pièces archéologiques.

Video sur la couleur

Podcasts de France Culture, janvier 2013. Je suis avec beaucoup de plaisir de nombreuses émissions de cette radio, sur le site web.

Concernant la théorie de la couleur et Goethe, un autre reportage d’Arte: https://www.youtube.com/watch?v=ARkldz8Im2w

Cinq émissions sur les couleurs avec Michel Pastoureau.

Video sur la teinture

Dominique Cardon

Voici la dernière video que je viens de trouver et une autre plus ancienne, en français.

Michel Garcia

Michel Garcia a été un de mes premiers maîtres en teinture avec Dominique Cardon dont j’ai lu et relu tous les livres. Je vous invite à visiter son site.

Il a publié plusieurs DVD techniques très instructifs, disponibles sur son site ou chez Couleur Garance.

Voici une court film, ancien, où il présentent les plantes tinctoriales, à Lauris

Il y en avaient trois, et il vient de publier la quatrième video: “Natural Dye Workshop IV: Beyond Mordants Indigo and Direct Application of Dye”

Attendue avec impatience. Je viens de le recevoir, ce sont près de 4 heures de concentré d’informations.

Je viens de prendre le temps de le voir, il est vraiment passionnant. Rien que de la teinture sans mordants chimiques, et vraiment beaucoup d’informations et de réflexions. Ces video sont à voir et revoir sans modération. Leur seul défaut est qu’ils sont en anglais, mais il y a des sous-titres en français, italien, espagnol, chinois et japonais.

Couleur Garance

Une autre video, plus récente sur Couleur Garance.

Shibori

J’ai plusieurs video sur le shibori qui est une technique de teinture avec réserves, aussi appelée tye-dye, utilisant des amarres.

Yoshiko Iwamoto Wada

Il s’agit d’une grande spécialiste japonaise des textiles. Elle organise des ateliers et des voyages sur les thèmes textiles. Elle a écrit de nombreux livres et produit des DVD

shop.slowfiberstudios.com

Américaine

Beaucoup d’informations de qualité

Ikat

J’ai aussi une video sur la pratique rituelle de l’ikat à Rumah Gary à Borneo.

Video sur les voyages

Ady Gasy

Ady Gasy de Lova Nantenaina est le premier film que je vous recommanderai dans cette section. Je l’ai vu la première fois lors de l’IFPECO à Madagascar. C’est impressionnant et très instructif…

Vous pouvez vous le procurer chez Laterit Production.

Ady Gasy, une video à voir absoolument
Ady Gasy, une video à voir absolument

Video sur les moutons, la laine…

Cela faisait longtemps que je n’alimentais pas cet article. Je vous donne un lien vers une video sur une race ovine que je viens de découvrir en Wwoofing, la Thones et Marthod.

J’ai beaucoup aimé sa laine.

Et les plantes

Je pense d’abord à la série de Jean Marie Pelt sur la grande aventure des plantes. Jean Marie Pelt est aussi l’auteur de nombreux livres passionnants.

Je recommanderai aussi les conférences et video de:

  • Hervé Coves, il vous fait apprécier les ravageurs.
  • Georges Oxley, comestibles sauvages…
  • Francis Hallé, les arbres vus sous toutes leurs dimensions…
  • Jean-Marie Pelt, des documentaires et des livres passionnants…
  • Gérard Ducerf, ses livres sur les plantes bioindicatrices valent vraiment leur prix (voir chez Promonature qui diffuse aussi bien d’autres livres)
  • Claude et Lydia Bourguignon, les sols vivants ou l’on apprend comment Paris s’alimentait de sa propre production maraîchère au XIXème siècle, et bien d’autres informations surprenantes…
  • Olivier Husson qui parle de la “Santé des plantes par le RedOx
  • Gilles Clément, de nombreux livres très poétiques
  • Konrad Schreiber, de nombeuses video passionnantes et très didactiques,
  • Maurice Chaudière, sculpteur, greffeur, apiculteur et auteur du livre “Le goût du sauvage” avec Ruth Stegassy,
  • Marc André Selosse, j’ai lu son livre “Jamais seul“, on y apprend beaucoup de choses sur le microbiote… Je viens aussi de recevoir le second sur les tannins, vraiment très intéressant, et maintenant des conférences. De nouveaux livres viennent de paraître.
Livre de MMarc-André Selosse sur les tanins
Livre de Marc-André Selosse sur les tanins

Petite dernière découverte, video de Ernst Zürcher, à ne pas manquer.

Chacun a des points de vue différents, qui se complètent souvent…

Et encore des liens botaniques

Lors de recherches pour la rédaction d’un prochain article sur les “mauvaises herbes“, une amie m’a fait découvrir quelques sites d’informations botaniques.

À cela, il faudrait ajouter Telabotanica, en français, qui propose aussi des MOOC et une application de reconnaissance botanique.

Video d’archéologie

Je viens de découvrir deux video du Collège de France où Dominique Cardon donne des informations passionnantes sur des textiles d’époque romaine trouvés dans des anciens forts sur les routes vers les anciens ports de la Mer Rouge. 1 et 2.

Le Collège de France est à suivre dans un grand nombre d’autres domaines.

Et la philosophie

Bernard Stiegler

Il a su me donner le goût pour la philosophie.

Barbara Stiegler

Barbara Stiegler aussi mérite d’être écoutée avec attention.

Miguel Benasayag

Un séminaire mensuel à suivre sur Youtube ou le site du Collectif MalgréTout

Chaînes youtube

Thinkerview

Cette chaîne Youtube m’a permis de découvrir de nombreux auteurs et penseurs.

Passeurs d’histoire d’histoire de vie

Un site plein de surprises

Podcasts

France Culture

J’écoute souvent France Culture avec un peu de retard, en podcast, mais c’est généralement très intéressant.

Sur France Culture aussi,, un podcast sur William Morris

Autres video

Conférence gesticulée inclassable, Laurent Rigaud

Depuis quelques temps, je reçois des video du Corning Glass Museum, de New-York, c’est très beau de voir comment les artistes du verre confectionnent des pièces artistiques. Travail en équipe et beaucoup de matériel à disposition, très professionnel. Malheureusement en anglais.

Quelqu’un des Crapauds Fous m’a donné le lien suivant, mérite d’être vu et médité.

A la suite d’une remarquable conférence gesticulée de Bernard Friot, j’ai découvert les stages de langue de bois.

L’une de mes dernières découverte est Olivier Hamant.

Conclusion

A la fin de cette collection de liens, j’aimerais un partage plus concret, moins virtuel. Il y a beaucoup à faire, et ce n’est pas si difficile. Entrons dans la pratique réelle.

Matières premières, que choisir?

/// Matières premières /// Article mis à jour le 31 août 2019
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Matières premières: fibres végétales, animales, artificielles, synthétiques?

Tout bon livre de teinture naturelle (il en est de même pour les teintures chimiques) commence par une description des fibres. Cela est d’une très grande importance, de cela dépend le type de mordant et bien souvent le résultat.

Oui, je sais, je vous ai déjà parlé des matières premières. Je ne vais pas radoter, mais c’est un thème important et j’ai de nouvelles informations à vous apporter. Ainsi, je vous invite à relire le précédent article.

Les matières premières à la loupe

Ou mieux encore, au microscope. J’en rêvais depuis longtemps…

Une des meilleures méthodes pour déterminer à quel type de fibre on a affaire, est de l’étudier au microscope.

Et je vais sortir mon microscope

Un étudiant doctorant, Fernan, est venu avec des amis de Santiago au local Rincón de Angel et nous avons beaucoup parlé de teintures, eux les utilisaient pour leurs préparations au microscope.

Ils auraient préféré utiliser des teintures naturelles pour cela. Je leur ai donné un peu de cochenille pour qu’ils fassent des essais. Très peu leur suffisait…

Le retour de Fernan

Quelques mois plus tard, Fernan est revenu avec 20 étudiants de son laboratoire. Et ils m’avaient apporté un microscope qui se branche sur l’ordinateur.

Voici le fameux microscope
Voici le fameux microscope

C’est un bon outil pour analyser rapidement des matières premières. Les fibres se distinguent par leur forme, la présence d’écailles… Tout cela influe sur la teinture.

On peut aussi voir si la laine est propre ou contient encore de la graisse. C’est très important pour la solidité de la teinture qui préfère s’allier à la graisse qu’à la fibre et aura tendance à s’en aller avec la graisse au lavage.

Je vais donc le brancher pour continuer l’article

Depuis que je l’ai, il a voyagé avc moi, au Pérou, au Brésil, et maintenant en France, il va certainement m’accompagner lors de mon tour du monde pour analyser toutes les fibres que je rencontrerai sur mon chemin.

Le voici branché il faut bien installer l’éclairage et le régler…

Microscope installé, près à visionner différentes matières premières
Microscope installé, près à visionner différentes matières premières

Nous allons voir de belles matières premières

Je vais réunir les fibres que j’ai sous la main pour vous les montrer sous un autre jour.

Petit sac de restes de fibres, à vérifier au microscope
Petit sac de restes de fibres, à vérifier au microscope

Laines

Chez mon ami Angel, il y en a une grande variété.

Laine de mouton vue au microscope, on voit les petites écailles
Laine de mouton vue au microscope, on voit les petites écailles

Alpaga

Je vais vous montrer ce que j’ai tondu à Concon en 2017.

Fibres d'alpaga vues au microscope
Fibres d’alpaga vues au microscope

Vigogne

J’en ai trouvé en Bolivie. C’est rare et très cher.

Fibres de vigogne, c'est vraiment beaucoup plus fin...
Fibres de vigogne, c’est vraiment beaucoup plus fin…

Coton natif péruvien

Eh oui, le coton n’a pas toujours été blanc, et celui a bien failli disparaître. Heureusement, il y a des artisans qui le sèment encore, notamment dans la région de Chiclayo (Nord du Pérou).

Il est brut de récolte, ces fils semblent plats.

Fibres de coton natif péruvien
Fibres de coton natif péruvien

Soie de Madagascar

J’en ai ramené de chez mon ami Hilaire, quand je suis allée à l’IFPECO de Madagascar. Il m’en reste un peu.

Soie de Madagascar non décreusée
Soie de Madagascar non décreusée

J’ai aussi décreusé un peu de cette soie, nous allons aussi l’étudier.

Soie décreusée
Soie décreusée

Autres soies

Voici la soie du Laos qu’utilise mon amie à l’Atelier de Joëlle…

Soie du Laos, fiilée industriellement, teinture chimique
Soie du Laos, fiilée industriellement, teinture chimique

Paille à chapeau, d’Equateur

J’en ai ramené un peu de Ciudad Eten, près de Chiclayo, où ils ont la spécialité de tisser des chapeaux… Les femmes tressent leurs chapeaux, chez elles. On les voit depuis la porte ou la fenêtre ouverte…

Paille utilisée dans les chapeaux tissés au Nord du Pérou, elle  provient d'Equateur, tout proche
Paille utilisée dans les chapeaux tissés au Nord du Pérou, elle provient d’Equateur, tout proche

Cheveux humains

Je vais en profiter pour examiner mes cheveux, pourquoi pas. C’est très instructif.

Mes cheveux
Mes cheveux

Crin de queue de cheval (noir)

Quand je suis allée tondre les alpagas à Concon, on m’a donné une queue de cheval. Nous allons donc étudier ces crins.

Crin de cheval, c'est vraiment très gros au microscope
Crin de cheval, c’est vraiment très gros au microscope

Chanvre

Ma voisine récupère auprès du facteur les liens des paquets de courrier. Il paraît que c’est du chanvre.

Chanvre
Chanvre

Lin

Je n’ai pas retrouvé de fibre de lin. Quand j’en aurai je remettrai à jour cet article.

Orties et ramies

Les orties et la ramie (sous-espèce d’ortie non urticante) sont aussi des fibres intéressantes, mais je n’en ai malheureusement pas d’échantillon.

Fibres de bananier

J’ai ramené un peu de fibres de bananiers de Madagascar, cet échantillon a été teint à la cochenille.

Fibres de bananier
Fibres de bananier

Sisal

Celui-ci provient aussi de Madagascar, il a été légèrement teint à l’indigo.

Sisal de Madagascar
Sisal de Madagascar

Rafia

J’ai aussi ramené un peu de rafia de Madagascar, qui en produit beaucoup. Celui-ci a été teint à la cochenille. Naturel, il et moins blanc que la paille à chapeau équatorienne.

Rafia, teint à la cochenille
Rafia, teint à la cochenille

Plume

Je viens de trouver uune plume dans la toison d’alpaga que j’allais préparer pour la filer… Nous allons l’étudier.

Plume, duvet
Plume, duvet

Fibres de bambou

Je n’en ai pas. Il s’agit en fait d’une viscose de bambou, avec tout le brillant de la viscose et tous ces défauts. La viscose est une fibre très flateuse, qui se teint généralement très bien.

N’importe quelle cellulose convient pour la fabriquer. Pratiquement toute biomasse végétale doit pouvoir servir à sa fabrication. Il s’agit donc d’une fibre artificielle.

Le problème est que le mode de fabrication, en général à base d’acétone ou d’autres solvants organiques, produit beaucoup de COV (composés organiques volatiles) et autres déchets qui ne sont pas franchement aimables avec le milieu ambiant.

La viscose est aussi très inflammable. Les retardateurs de combustion sont par ailleurs très toxiques.

Les fibres qui me manquent…

Liber de tilleul et de bouleau, qui furent longtemps utilisés, notamment au moyen-âge.

Lapin et chèvre angora, yack…

Synthétiques et artificielles

Il faut bien voir ce qui nous envahit…

Laine fantaisie, fibres synthéques
Laine fantaisie, fibres synthéques

Visite à leur laboratoire

Quelques temps plus tard, avant de repartir en voyage, je passe quelques jours à Santiago. Et Fernan m’invite à une conférence de ses étudiants à leur campus Lo Contador, Faculté d’Architecture – Université Catholique à Santiago du Chili.

C’était très intéressant. Il y avait là un FabLab, je n’ai seulement pu le voir que par une grande baie vitrée, il y avait beaucoup de machines.

Nouveaux Projets avec Fernan

Voici des nouvelles fraîches. Je viens de reprendre contact avec Fernan qui me propose plusieurs projets concernant l’amélioration de ce microscope et sa diffusion en open source et low cost.

Il l’utilisait pour l’étude des levures et veut l’adapter mieux à l’étude des matières premières textiles.

C’est vraiment une bonne nouvelle!

Connaître 5 choses

/// Connaître 5 choses ///
J’ai mis à jour cet article le 29 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

5 choses à savoir pour teindre naturellement

Il y a beaucoup à connaître pour bien teindre avec les plantes, mais n’ayez pas peur, il y a seulement quelques règles à suivre. Ensuite, il faut tester, essayer, réfléchir sur les résultats.

Les anciens teinturiers élaboraient des nuanciers très précis, comme celui que commente Dominique Cardon dans son livre.

Livre de Dominique Cardon commentant un cahier d'échantillons d'un teinturier peu avant la Révolution Française
Livre de Dominique Cardon commentant un cahier d’échantillons d’un teinturier peu avant la Révolution Française

Au Moyen âge, en Europe, comme l’explique Michel Pastoureau, les teinturiers étaient très spécialisés en une ou au grand maximum deux couleurs.

1. Connaître les fibres

Premièrement, il faut se donner la peine de connaître les fibres, sous peine de gaspiller de l’énergie et de la matière tinctoriale inutilement. C’est anti-économique et anti-écologique. Encore une histoire de chimie…

En effet, toutes les fibres n’ont pas la même affinité pour les teintures et cela un problème ancien, les Européens ont longtemps espionné en Orient pour obtenir le rouge d’Andrinople sur coton…

Et maintenant, avec toutes les fibres et artificielles et synthétiques, le problème s’est complexifié, il est parfois difficile de savoir la composition d’une fibre et si celle-ci va pouvoir se teindre. Il ne reste plus qu’à faire des tests.

Le lavage

Il faut aussi se donner la peine de bien laver les fibres pour bien les dégraisser. En effet, pour la filature industrielle, on pratique ce qui s’appelle l’ensimage. Cette opération consiste à pulvériser des huiles sur les fibres, sinon elles s’accrocheraient dans les machines et les bloqueraient.

Ce traitement s’applique à tous les types de fibres.

Il faut donc éliminer ces huiles d’ensimage (pour certains laines bas de gamme, il s’agit de parafine, ce qui pas très sain), sinon on teindrait les huiles et la teinture s’en irait au lavage. C’est aussi ce qui arrive à ceux qui dégraissent mal leurs laine de mouton avant de teindre.

Cependant, pour la filature artisanale, il est beaucoup plus agréable de filer la laine sale (avec sa précieuse lanoline) et de la dégraisser une fois filée.

Que  faire?

Il faut faire bouillir les fibres, sans choc thermique, avec du savon neutre. Ne pas oublier de laisser refroidir avant rinçage. Puis, on peut mordancer et teindre.

Les différentes fibres ont leur texture particulière qui peut s’apprécier au microscope et explique les raisons pour lesquelles elles sont ou moins faciles à teindre. Ces structures microscopiques interviennent lors de la teinture en complément de la composition chimique de la fibre.

Tests de reconnaissance

Il existe de nombreux tests pour reconnaître les fibres, peut-être dans un prochain article sur ce site, ou sur le nouveau en espagnol, je publirais un article résumant les différents livres qui traitent du sujet.

Lors du premier atelier à Santa Fe, Argentine, une des stagiaires qui était pharmacienne, nous a fait un petit résumé. Nous avions testé les toiles supposées être en coton, pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Nous avons brûlé des échantillons pour constater leur odeur typique de papier brûlé et nous avons fait aussi un test de teinture au thé (une des teintures les plus solides).

Tests des toiles brûlées
Tests des toiles brûlées
Test de la teinture au thé
Test de la teinture au thé

Heureusement, nous n’avons pas eu de mauvaises surprises.

Fibres animales ou protéiques

C’est le meilleur des cas, il s’agit de la laine de mouton, des poils d’animaux divers (alpagas et autres camélidés, lapins et chèvres, angora, poils de chiens, cheveux humains… et bien sûr la soie).

Même dans cette catégorie, la teinture n’affectera pas de la même manière, même entre les différents poils… Certains sont plus lisses et ont plus de mal à se teindre ou plutôt nécessitent une plus grande quantité de matière tinctoriale.

La soie doit être traitée avec plus d’attention, car elle est plus fragile.

En général, les fibres animales supportent assez bien les acides dilués, mais plutôt mal les produits alcalins ou basiques.

Fibres végétales ou cellulosiques

Ici on retrouve: le lin, le coton, la ramie, le raphia, le sisal, le jute, le chanvre, fibres de bambou, de bananier, de bouleau, d’ortie, de liber de tilleul… nombreuses fibres végétales ont été oubliées et demandent à être redécouvertes… Pour certains textiles archéologiques, il n’a pas encore été possible de déterminer à quelle plante appartiennent les fibres.

Différentes fibres, de haut en bas, soie sauvage, soie domestique non décreusée, soie décreusées (fibres animales), puis sisal, fibre de bananier et raphia de Madagascar
Différentes fibres, de haut en bas, soie sauvage, soie domestique non décreusée, soie décreusées (fibres animales), puis sisal, fibre de bananier et raphia de Madagascar

Si l’on désire que la teinture se maintienne, surtout dans le cas des vêtements qui doivent pouvoir être lavés… sauf cas de teinture avec des plantes à tanins, il faudra mordancer d’une manière spéciale.

Contrairement aux fibres animales, les fibres végétales supporte bien les produits alcalins ou basiques et plutôt mal les acides.

Fibres artificielles, bien les connaître

En général, elles sont à base de cellulose végétale fondue et refilée, comme c’est le cas de la viscose (qui se teint très bien), mais les procédés d’obtention sont généralement très polluants (à base de solvants organiques volatiles tels que l’acétone) et en outre sont souvent très inflammables…

Mais il en existe aussi à base de protéines comme le lanital à base de lait, des fibres de soya… Il me semble cependant insensé d’élever des vaches pour ne récupérer que la caséine de leur lait pour faire des fibres, alors qu’on a que l’embarras du choix avec les plantes… et par ailleurs des gens meurent de faim!

Je n’ai donc pas testé ces fibres et je ne pense pas le faire.

Fibres synthétiques, à connaître aussi

Elles sont très nombreuses et changent de noms selon les pays, il en apparaît toujours de nouvelles et sont souvent mélangées entre elles ou avec des laines, du coton ou d’autres fibres…

Il faut donc tester, il me semble que les fibres naturelles sont toujours supérieures.

Fibres minérales

Il s’agit de:

  • fibres métalliques (or, argent, cuivre…)
  • amiante (interdit car cancérigène)
  • fibres de verre

Elles ne peuvent pas être teintes naturellement.

Autres matières

Plumes

Les plumes se teignent bien car elles sont d’origine protéique.

Il est à noter que selon une découverte récente, la couleur des plumes n’est pas due à des pigments ou colorants (sauf quelques cas de jaunes), mais à des trous microscopiques qui absorbent ou reflètent la lumière de manière différente selon leur forme…

Papier

Le papier se teint très bien, surtout s’il n’est pas blanchi au chlore. Comme il ne doit pas être lavé, cela donne plus de liberté.

Nous avons fait des tests lors des cours à la Redonda, Santa Fe (Argentine).

Echantillon de papier teint avec les fleurs de jacaranda, lors de l'atelier à Santa Fe, Argentine
Echantillon de papier teint avec les fleurs de jacaranda, lors de l’atelier à Santa Fe, Argentine

 J’ai aussi suivi un cours passionnant qu’avait donné une artiste du papier naturel (Aydée …) à Lauris, chez Couleur Garance. Elle avait teint des fibres de papier végétal avec de la garance, c’était très beau.

Papier végétal artisanal avec fibre teintes avec racines de garance moulues
Papier végétal artisanal avec fibre teintes avec racines de garance moulues

Le papier peut aussi être travaillé en ecoprint, c’est vraiment très beau.

Bois

Le bois peut être teint, mais vu que c’est un matériaux très absorbant, il vaut mieux faire des laques à base de pigments végétaux, ainsi que l’explique Michel Garcia.

Le rotin, ainsi que de nombreuses fibres utilisées en vannerie est souvent teint.

Pierres, coquilles, céramique, plâtre

Cela peut être possible dans certains cas, nous avons fait des essais à La Redonda à Santa Fe, Argentine, mais ce sont aussi des matériaux très absorbants.

Coquillages teints avec les peaux d'oignons lors de l'atelier à la Esquina Encendida, Santa fe, Argentina
Coquillages teints avec les peaux d’oignons lors de l’atelier à la Esquina Encendida, Santa fe, Argentina
Coquillages teints avec diffèrentes plantes et de la cochenille pour le mauve, parfois avec des échantillons de laines qui les ont accompagnés lors de la teinture
Coquillages teints avec différentes plantes et de la cochenille pour le mauve, parfois avec des échantillons de laines qui les ont accompagnés lors de la teinture
Perles en céramique sortant de leur bain de teinture, à La Redonda, Santa Fe
Perles en céramique sortant de leur bain de teinture, à La Redonda, Santa Fe

J’ai essayé de teindre des perles de rivière avec la cochenille, elles ont pris un ton rosé très pâle et ont perdu un peu de leur éclat.

J’aimerai bien pouvoir teindre de la cire, pour faire des crayons de cire et des bougies.

Récemment des étudiants de Santiago m’ont contactée pour teindre des préparations de laboratoire en biologie, pour les observer au microscope.

2. Connaître les plantes

C’est indispensable, car il faut s’attendre à des résultats similaires avec des plantes de la même famille. Mais, on peut parfois avoir des surprises, de plus, il vaut mieux éviter les plantes toxiques.

Palqui ou parqui, à Concón, plante toxique à connaître
Palqui ou parqui, à Concón, plante toxique à connaître

Il convient de savoir quelles parties utiliser dans la plante, les colorants se concentrent parfois dans certaines parties. Souvent la couleur est bien cachée.

Exemple

Palo Brasil, lors de mon voyage au Brésil, Rodrigo cultivait des arbustes de cette essence très connue pour sa teinture rouge qui a donné le nom au pays.

Sachant que cet arbre est rare, je n’ai utilisé que quelques feuilles et brindilles en ecoprint.

Malheureusement, il n’a été d’aucun effet. La partie de l’arbre utilisée habituellement est le bois de coeur.

Connaître Palo Brasil
Connaître Palo Brasil

Connaître les plantes à tanins

J’ai déjà rédigé deux articles sur le thèmes des plantes à tanins et sur les couleurs qu’ils nous permettent d’obtenir.

Grenadier en fleur, avec quelques fruits en formation, bonne plante à tanins, à mieux connaître
Grenadier en fleur, avec quelques fruits en formation, bonne plante à tanins, à mieux connaître

Connaître les plantes à flavonoïdes

Elles sont très nombreuses. Je parle aussi longuement des plantes à flavonoïdes et des autres plantes à jaunes dans un article, je me permets donc de vous y renvoyer pour ne pas me répéter inutilement.

Les feuilles de ronces avec les jeunes rameaux, excellente solution de taille, teignent d'un joli jaune, en dégageant une agréable odeur de confiture, présence de tanins, les épines piquent encore après cuisson
Les feuilles de ronces avec les jeunes rameaux, excellente solution de taille, teignent d’un joli jaune, en dégageant une agréable odeur de confiture, présence de tanins, les épines piquent encore après cuisson

Connaître les plantes à anthocyanes

Il s’agit de la plupart des baies et fruits rouge à noir, les plantes pourpres, la plupart des fleurs, ce ne sont généralement pas des colorants très stable ni chimiquement, ni à la lumière…

Ecoprint trés fleuri, connaître les plantes et les fibres
Ecoprint trés fleuri, connaître les plantes et les fibres

Connaître les plantes à anthraquinones

Elles donnent de jolis tons roux, rouge… beaucoup appartiennent à la famille des rubiacées, comme la garance, principal représentant en Europe, mais il existe des équivalents partout dans le monde.

Connaitre les plantes, test d'Ikat, garance
Connaitre les plantes, test d’Ikat, rouge de garance

Connaître les plantes à indigo

Les plantes à indigo nous donnent le bleu, couleur rare dans la nature. En combinaison avec une teinture avant ou après en jaune, on peut obtenir de jolis verts, ce qui est généralement difficile à obtenir avec une seule plante.

En combinaison avec les roses et rouges, on obtient des violets et pourpres, ces combinaisons étaient déjà utilisées dans l’antiquité pour imiter la pourpre des coquillages.

Dans toutes les régions du monde, il y a des plantes à indigo, on peut citer les différents indigotiers, le pastel, la renouée des teinturiers, le strobilanthes, les différents indigofera… Certaines autres ont été complètement oubliées ou n’ont pas été exploitées.

Connaître les champignons et les lichens

Un certain nombre  de champignons, généralement toxiques teignent et permettent d’obtenir tout l’arc-en-ciel. Malheureusement, j’ai bien lu plusieurs livres à ce sujet en plus des chapitres concernant les champignons dans les livres de Dominique Cardon et de Marie Marquet. Mais je n’ai guère eu l’occasion d’essayer, à part quelques lichens, appelés au Chili “barba de palo” qui donne des jaunes-roux intéressants… Les lichens poussent très lentement, il convient donc de ne pas abuser de leur cueillette.

Connaître les teintures animales

Cochenilles, kermès, lack et pourpre de murex ou autres coquillages sont depuis longtemps uilisés pour des teintures de grand luxe.

De tout cela, il ne reste à grande échelle, que la cochenille provenant du Mexique ou du Pérou et plus généralement d’Amérique Latine, parfois élevée ailleurs (îles Canaries, par exemple).

Le lack en Inde, set toujours produit, mais pour la résine et non plus pour le colorant, comme l’explique Dominique Cardon.

Connaître ecoprint dye lacq et garance
Connaître ecoprint dye lacq et garance

Quant à la pourpre de coquillages, elle est presque anecdotique malgré des recherches très intéressantes menées à Carthage (Tunisie)… Au Chili, les “locos” et “locates” très appréciés pour leur chaire, possèdent aussi une glande à pouvoir tinctoriale, mais elle est généralement rejetée à la mer lors du nettoyage des fruits de mer… Quel gâchis…

Connaître des coquillage à teinture
Connaître des coquillage à teinture

Connaître les mensonges

Tout ce qui tache ne teint pas!

La betterave rouge ne teint pas en rose, quelque que soit le mordant choisi. Lors des formations, je l’enseigne comme contre exemple.

3. Connaître les mordants

Connaître les mordants chimiques

Je parle longuement des mordants dans des premiers articles que j’ai écrits.

En principe, je travaille avec de la pierre d’alun (sulfate double d’aluminium et de potassium) ou du sulfate d’aluminium simple, de la soupe de clous (acétate de fer), du sulfate de fer, et assez rarement avec du sulfate de cuivre.

Connaître les mordants toxiques

Dans le passé, les industries textiles et papetières (de même que les tanneries) n’hésitaient pas à utiliser le plomb, l’arsenic et bien d’autres produits dangereux pour la santé, comme le cuivre, le chrome et l’étain…

J’étais assez surprise, il y quelques temps, de voir sur facebook, une femme aux Etats-Unis, faire des essais de teintures naturelles avec des eaux d’une source très chargée en lithium…

Il me semble que les mordants, vu qu’ils aident à fixer la teinture sur leur support doivent se maintenir présents sur celui-ci. Ce qui n’est pas le cas des catalyseurs qui facilitent une réaction, mais ne doivent pas rester dans le produit final. Donc, si on utilise un produit dangereux son contact lors de l’utilisation des vêtements peut causer divers problèmes de santé.

C’est ainsi que de nombreuses personnes ont été empoisonnées au XIXème siècle (entre autres, paraît-il même Napoléon Ier) par des papiers peints (verts) à l’arsenic qui avec le temps dégageaient des gaz nocifs (voir Michel Pastoureau).

Le chrome aussi utilisé en tannerie, qui intervient dans de nombreuses teintures kaki chimiques, serait mis en cause dans de nombreux cas d’allergies et de cancers de la peau, concernant en particulier les militaires…

Livre sur le vert de Michel Pastoureau, quelle patience pour nous donner à connaître autant informations!
Livre sur le vert de Michel Pastoureau, quelle patience pour nous donner à connaître autant informations!

Connaître les mordants naturels

Il y a beaucoup à faire pour redécouvrir les mordants naturels, les associations de plantes… Pour cela, il faut étudier de très près les techniques des teinturiers traditionnels, écouter avec patience, faire des essais, car ils connaissent mieux que nous les plantes bioaccumulatrices. Celles-ci accumulent dans leurs tissus certains métaux: aluminium, fer, cuivre… et savent les utiliser à bon escient.

L’idée de mordancer avec des plantes, est à la fois économique et plus sain. Ces pratiques ancestrales sont entrain de se perdre. Il conviendrait donc de les étudier en détails avant qu’elles ne disparaissent définitivement.

Les anciens teinturiers européens qui ont laissé des informations écrites n’utilisaient que les mordants chimiques. Il faut donc revisiter les traditions orales. Elles sont d’une valeur inestimable.

4. Connaître la patience

Teindre avec la nature suppose d’aller à son rythme, de bien la connaître. Il faut donc être patient et rentrer dans un monde “slow” qui prend son temps pour bien faire les choses comme il faut…

Parfois, il faut semer des plantes tinctoriales pour pouvoir teindre avec. Et dans certains cas, il faut attendre jusqu’à 5 ans pour qu’elle donne une bonne qualité de teinture, comme dans le cas de la garance…

Si on veut travailler par fermentation, la teinture elle-même peut prendre facilement un mois…

Il faut aussi prendre le temps de faire des recherches, d’étudier des recettes, de faire des tests, de laisser tremper et refroidir… L’urgence est mauvaise conseillère. Il faut laisser le temps à la nature pour qu’elle libère ses couleurs.

Connaître son eau

L’eau que l’on utilise pour teindre a aussi son importance. Son acidité ou sa dureté, ainsi que la présence de différents minéraux et métaux influencent les teintures.

À Mamiña, petit village d’eaux thermales au Nord du Chili, à 120 km à l’Est d’Iquique, il y avait différentes sources. Elles donnaient des résultats qui variaient considérablement.

Connaître son eau
Connaître son eau, source dite “des yeux”, à Mamiña, elle aurait redonné la vue à une princesse Inca

5. Connaître ses désirs

Il faut aussi savoir ce que l’on veut, certaines couleurs très chatoyantes (parfois très luxueuses, comme le safran ou le carthame) peuvent être très fugitives. Ne parlons pas de la fameuse betterave rouge qui n’est qu’un leurre.

Certaines teintures très économiques peuvent être très intéressantes. Par exemple, les épluchures d’oignons peuvent donner des résultats surprenants.

Connaître les oignons
Connaître les oignons, teinture aux épuchures, à Santa Fe, La Esquina Encendida, Argentine

Des règlements sont apparus très tôt dans l’histoire de la teinture concernant les grands et petits teints.

D’autre part, si on veut obtenir une couleur très précise, il faut s’attendre à devoir faire de nombreux essais. Parfois, on complète les bains. On ne doit pas hésiter à les répéter, prendre note de toutes les étapes, garder tous les échantillons en mentionnant comment ils ont été obtenus. Puis, on doit répéter des tests avec différents mordants à différentes dilutions… Cela a un coût en temps et en connaissance. Est-on disposé à le payer?

Les deux derniers livres de Dominique Cardon sur des nuanciers d’avant la Révolution Française peuvent être très utiles.

En ce qui concerne les gammes de dégradés, avec et sans mordants, les DVD de Michel Garcia, peuvent être d’une aide très précieuse. Je les visionne très régulièrement, et j’y découvre à chaque fois de nouvelles astuces.

Conclusion

Outre ces connaissances basiques, il est bon d’avoir de bonnes bases de chimie, les anciens teinturiers étaient souvent assimilés à des alchimistes (ancêtres des chimistes modernes)…

Une bonne formation en chimie aide à prévoir les résultats, à comprendre les bains ratés. La chimie me passionne bien que je ne sois qu’autodidacte en ce domaine, mais elle explique beaucoup de chose.

Cependant, les teinturiers traditionnels qui ne connaissent pas la chimie, ont une très bonne connaissance pratique des plantes, des fibres et autres mordants qu’ils utilisent. Souvent, ils ne travaillent qu’une gamme restreinte de couleurs. Ils ont un sens de l’observation et de l’expérimentation très développé. En outre, ils ont aussi l’habitude de travailler avec ce qu’ils ont à leur disposition.

Il est remaquable que des civilisations très anciennes aient su teindre avec l’indigo qui nécessite des réactions redox, dont les mécanismes ne sont connus que depuis peu.

J’essaie de réunir les deux types de connaissances. C’est l’une des raisons de vouloir organiser mon tour du monde textile et teinturier. Il s’agit de multiplier les échanges et découvertes partagées comme je l’ai fait lors de mes récents voyages au Pérou et au Brésil.

 

Graines pour teindre

/// Graines pour teindre ///
Article modifié le 27 septembre 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
J’aimerai repartir dès que possible, les projets sont nombreux
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

Graines et fruits peuvent aussi teindre

Pourquoi ne pas travailler avec les graines et fruits?

La nature est généralement très généreuse en ce qui concerne les graines et les fruits, les plantes ne pouvant pas se déplacer elles-mêmes, les graines sont une admirable solution. Le vent, l’eau, les animaux et même les êtres humains les transportent et les resèment (voir Francis Hallé).

Vu que les graines sont le plus souvent en surnombre, on peut en profiter pour en réutiliser un peu pour teindre…

Quel est l’intérêt des graines

Les enveloppes des graines contiennent généralement beaucoup de tanins pour les protéger contre les animaux qui pourraient les manger. En outre, la nature est généralement très généreuse.

Les glands, les marrons, les gousses de mimosa…

Je n’avais pas encore testé les glands, c’est plutôt rare au Chili, la plupart des chênes ont été remplacés par des eucalyptus et des pins… mais, par les livres (Dominique Cardon…), je sais qu’ils peuvent être utiles en teinture. Je viens de le faire cet été à Gletterens en Suisse. Un matin, jai ramassé les premiers glands tombés à la suite d’un bon coup de vent.

Les premiers glands de l'année vont bientôt commencer à tremper
Les premiers glands de l’année vont bientôt commencer à tremper. résultat un beige

J’ai testé les bogues de marrons d’Inde, et j’ai obtenu un beige.

Les gousses de mimosa, comme celle de tous les acacias sont bourrés de tanins et devraient être intéressantes à essayer, ces arbres en produisent vraiment beaucoup.

Graines d'espino (acacia) pas encore mûres
Graines d’espino (acacia) pas encore mûres
Mimosa en fleur à Longotoma
Mimosa en fleur à Longotoma

L’aulne et ses jolies graines

He aquí un nuevo experimento bien simple.

Aulne, d'où vienne les graines que j'ai utilisées
Aulne, d’où vienne les graines que j’ai utilisées, à Gletterens, Suisse

Graines d'aulnes
Graines d’aulnes

Ces graines ont libéré de la couleur très vite
Ces graines ont libéré de la couleur très vite, elles sont restées au soleil

Pour m’assurer un meilleur résultat, j’ai laissé tremper une semaine.

L’Eucalyptus

Je n’ai pas testé les réceptacles des graines d’eucalyptus (en effet, les minuscules graines s’échappent très vite des petits cônes), c’est beaucoup plus simple avec les feuilles et l’écorce.

Les pommes de pin, ainsi que les aiguilles et les écorces de ces arbres doivent contenir des tanins, mais je ne les ai pas essayés.

Les châtaignes, les pistaches, les amandes…

Vu que ces graines sont comestibles et très bonnes pour la santé, mieux vaut les manger et utiliser les déchets pour la teinture. Dans le cas des châtaignes, on peut aussi bien utiliser les bogues que les enveloppes dures que l’on ne consomme pas.

Les écorces des amandes m’ont donné une couleur rosée cuivrée qui m’a beaucoup plû.

Encore à Gletterens, des coques d'amandes vertes trempent en attendant la cuisson
Encore à Gletterens, des coques d’amandes vertes trempent en attendant la cuisson (casserole de droite), a côté de noix pas mûres et de noyaux d’avocat

En Equateur, j’ai testé l’écorce de noix de coco, le résultat était un peu décevant, mais je n’ai pas tenté de reteindre ensuite.

Des graines spéciales: les noix

Comme dans le cas des châtaignes, l’écorce dure des noix peut être utilisée. Mais la partie la plus intéressante est l’enveloppe qui est molle, d’abord verte puis marron foncé, c’est le brou de noix, bien connu en menuiserie.

L’idéal est de le laisser fermenter un maximum de temps, afin qu’il libère le plus possible de colorant. Cela donne de très jolis bruns très solides dont la réputation n’est plus à faire.

Marron au premier plan, teinture au brou de noix
Marron au premier plan, teinture au brou de noix

Les fruits non mûrs

Les fruits verts qui tombent des arbres après une tourmente ou des pluies trop violentes sont aussi bourrés de tanins, ils peuvent remplacer les mordançages classiques à l’alun.

Au Brésil, j’ai aussi découvert les fruits non mûrs de genipap. Ils servent notamment pour teindre des gâteaux ou des alcohols. On les utilise aussi pour des tatouages temporaires.

Ce fruit de genipap, à peine ouvert, commence à bleuir au contact de l'air
Ce fruit de genipap, à peine ouvert, commence à bleuir au contact de l’air

Et les noyaux

Les noyaux d’avocats servaient à marquer de manière indélibile les vêtements des enfants pour l’école, simplement avec une aiguille ou une épingle.

Cependant, j’ai testé les feuilles, au Chili qui sont intéressantes.

Noyaux d'avocats et noix tombées avant d'être mûres en train de tremper
Noyaux d’avocats et noix tombées avant d’être mûres en train de tremper

N’étant pas très friande de cet excellent fruit, je n’ai eu l’occasion de l’essayer que sur de petites quantités de fibres, cela donne un rosé intéressant, même sur coton.

Laine teinte avec des noyaux et é`pluchures d'avocat, dans la casserole, coton teint en deuxième bain avec les mêmes déchets d'avocats
Laine teinte avec des noyaux et é`pluchures d’avocat, dans la casserole, coton teint en deuxième bain avec les mêmes déchets d’avocats

Quand, je vivais à Mamiña, j’ai récupéré un sac de noyaux de mangue dans un café qui offrait des jus naturels sur le marché d’Iquique. J’ai obtenu un jaune rosé très intéressant.

D’autres noyaux peuvent êtres utilisés, je pense aux jolis noyaux de néflier, de lucuma, ils sont si beaux, je n’en ai pas encore eu l’occasion.

Je serai curieuse de tester les noyaux d’olives, de pêches, d’abricots, de prunes, de cerises, chirimoya… malheureusement je suis trop mauvaise consommatrice de fruits pour pouvoir en réunir une quantité suffisante pour teindre, et je préfère les resemer.

Le maïs noir

A Iquique, on trouve un maïs noir, produit au Pérou. Je l’ai laissé tremper quelques jours dans de l’eau, puis je l’ai filtré, j’ai donc teint dans le jus violet foncé qui m’a donné un gris. Je ne sais pas s’il s’agit d’une teinture grand teint.

Le roucou

Le roucou est une graine utilisée comme épice dans les régions où cette plante pousse (en Equateur, elle très utilisée en cuisine, teint en rouge tous plats). En Amazone, il est utilisé comme peinture corporelle, certainement très bénéfique car doté d’un taux très élevé de vitamine A. C’est donc aussi un colorant alimentaire sans danger.

A Madagascar, il est aussi très utilisé en teinture, bien qu’il ne soit pas grand teint vu sa plus grande affinité pour les graisses.

Graines de roucou, lors de l'exposition d'Andrée Etheve au Centre Culturel Français, lors de l'IFPECO à Antananarivo en mai 2017
Graines de roucou, lors de l’exposition d’Andrée Etheve au Centre Culturel Français, lors de l’IFPECO à Antananarivo en mai 2017

Les baies

Un certain nombres de baies peuvent teindre, dans ce cas, ce n’est pas la graine, mais ce qui l’entoure et plus souvent la peau noire: sureau, mûres, maqui, mirtilles, cassis, raisins…

Malheureusement, ces teintures ne sont pas très fiables, varient avec le pH, et sont peu solides.

En outre, certaines sont toxiques: sureau yèble, parqui… mieux vaut les laisser aux oiseaux qui s’en nourrissent…

Les gales

Les gales sur les chênes, mais aussi sur beaucoup d’autres arbres, ne sont pas des graines, elles sont le résultat de la piqure d’un insecte pour pondre ses oeufs et de la réaction de l’arbre qui produit des tanins pour se protéger.

L’intérêt des gales, c’est qu’elles donnent des tanins très clairs qui n’influencent que très peu la couleur définitive tout en la fixant.

Gales du chêne
Gales du chêne

Evitez certaines graines

Je vous conseille pas les graines de parqui (parqui cestrum), j’en parle dans un autre article.

Quand on teint avec des fleurs qui ont de petites graines, il faut faire attention à ce que celles-ci ne viennent pas se coller dans la laine, je pense notamment aux bidens qui ont le don de s’accrocher partout, au Chili, on les appellent “amores secos” (amours sèches). Cette plante appelée benoite en français, donne un très joli jaune (utilisé par les Incas), je l’ai utilisée à Mamiña.

Bidens à Mamiña
Bidens à Mamiña

Les fruits murs de la plante hémiparasite quintal du molle, sont très collants, et le restent même bouillis.

Quintral en fleur
Quintal en fleur, donne de très jooli brun roux tr`es lumineux

Comment utiliser les graines

L’idéal est d’utiliser essentiellement les enveloppes, gousses… et semer ou consommer ce qui peut l’être, comme dans le cas des noix, des châtaignes…

L’idée est d’utiliser avant tout, les déchets, comme par exemple, le marc de café, les épluchures (pommes, poires, châtaignes…).

Et si, le résultat était un mordançage

Il y a quelques jours, j’avais des graines de potiron et je me suis dit “pourquoi ne pas teindre avec?“. Alors, j’ai essayé, le résultat a été très décevant.

Laine teinte aux graines de potiron
Laine teinte aux graines de potiron

Puis deux jours plus tard, je lis sur internet, sur un document ancien sur les teintures domestiques en Angleterre, mentionnait les graines de potiron comme mordançage.

Je viens de mettre à tremper cette laine pour quelques jours avec une laine blanche sans traitement dans un vieux bain de garance et de cochenille, pour l’épuiser. Il va falloir attendre le résultat.

Laine teinte aux graines de potiron trempant dans un vieux bain de cochenille et garance, attandant quelques jours avant de bouillir
Laine teinte aux graines de potiron trempant dans un vieux bain de cochenille et garance, attendant quelques jours avant de bouillir

Et si, on veut semer les graines

C’est encore mieux et je vous y encourage vivement.

Lors du cours que j’ai donné à Pica, nous avons teint avec le tara (ceasalpina), avec ses graines, mais on a utilisé seulement les gousses, une des femmes qui assistait au cours, a emmené les graines chez elle, elle les a semées, elle a eu un grand nombre de petits arbres!

Graines de tara `Mamiña
Graines de tara à `Mamiña
Séparation des graines des gousses de tara lors du cours à Pica
Séparation des graines des gousses de tara lors du cours à Pica

L’idéal est d’ailleurs le plus souvent, de ne pas utiliser les graines, mais plutôt les enveloppes, dans les graines, il y a beaucoup d’amidon et celui-ci peut être gênant.

En effet, quand je vivais à Longotoma, j’ai essayé de teindre avec des graines de sorgho (curaguilla, utilisées au Chili pour que les poules aient envie de pondre). Je les ai fait fermenter pendant au moins un mois, avec la laine dedans, puis j’ai fait chauffer, cela a teint, un marron rose cuivré intéressant, mais le problème c’est que la laine en est ressortie très dure, malgré les rinçages, certainement à cause de l’amidon. Mais ma laine n’était pas seulement dure mais aussi cassante!

Conclusions

Les graines sont donc de bonnes ressources tinctoriales, il faut en profiter.

On reste souvent dans la gamme des beiges, brun rosé, mais on a souvent un mordant naturel qui peut être employé en combinaison avec d’autres plantes.

Ces tons s’harmonisent facilement avec les autres couleurs, ce qui est un avantage.

Chauffer le bain

Voici un petit retour sur un article ancien qui est toujours d’actualité. Il mérite bien une bonne mise à jour. Je le compl`ete donc avec mes nouvelles découvertes, faites lors de mes récents voyages en Tunisie et en Suisse. Voici quelques ajouts…

Faut-il chauffer le bain de teinture?

Chauffer le bain, cela semble évident, mais ce n’est pas toujours indispensable, cela peut même être gênant, pour l’indigo.

Teindre, c’est extraire les colorants des matières végétales ou éventuellement animales pour les transférer aux textiles. Chauffer nécessite de l’énergie, cependant ce n’est pas la seule solution.

La fermentation

Certaines techniques de teintures (en général, très anciennes) sont basées sur la fermentation et non sur la décoction et le bouillon… Ce seraient en quelque sorte des teintures vivantes, puisque de nombreuses bactéries et enzymes doivent intervenir.

Par ailleurs, les techniques à base de décoctions sont plus rapides et semblent plus hygiéniques, mais ne sont pas forcément plus solides.

De plus, la fermentation peut permettre d’éviter l’usage de mordants.

De toutes manières, pour la majorité des teintures naturelles, il convient de les laisser tremper au moins une nuit avant de chauffer.

Techniques d’Anne Rieger

Dominique Cardon mentionne dans ses livres des techniques anciennes basées sur la fermentation et des bains alternés acides et basiques sans autres mordants que de la lessive de cendres, ce qui rend ce type de teinture d’autant plus économique et écologique.

Ces techniques sont sensées permettre d’obtenir d’autres gammes de couleurs, souvent différentes de celles que donnent les décoctions classiques (généralement avec mordants). Selon Martha Herba qui a poursuivi les travaux d’Anne Rieger, ces teintures devraient être plus solides. D’après elle, la tapisserie de la Dame à la Licorne et la tapisserie de Bayeux auraient été teintes selon ces méthodes, ce qui explique qu’elles aient encore tout leur éclat.

Une des tapisseries de la Dame à La Licorne, exposée au Musée de Cluny à Paris. Est-ce que les bains de teintures ont du chauffer?
Une des tapisseries de la Dame à La Licorne, exposée au Musée de Cluny à Paris. Est-ce que les bains de teintures ont du chauffer?

Mes essais

J’ai fait quelques essais peu concluants. Peut-être n’ai-je pas choisi les bonnes plantes. Il faut avoir du temps et pouvoir travailler à l’extérieur pour profiter du soleil et à cause des mauvaises odeurs dues à la fermentation, difficile à réaliser dans un local commercial.

D’abord, j’ai fait quelques tests quand je vivais à Longotoma avec du quintral du molle. Puis, j’ai réessayé, plus récemment, à Concón, avec de l’etscholzia qui ne m’a donné qu’un jaune pâle. Ce n’était peut-être pas la plante idéale.

Préparation du bain fermenté dans un,seau en plastique courvert d'une vitre. Je n'ai pas fait chauffer
Préparation du bain fermenté dans un,seau en plastique couvert d’une vitre. Je n’ai pas fait chauffer
18 jours après, division du bain en deux, l'un avec ajout de vinaigre, l'autre supplémenté en lessive de cendres
18 jours après, division du bain en deux, l’un avec ajout de vinaigre, l’autre supplémenté en lessive de cendres
Les deux écheveaux entrain de sécher
Les deux écheveaux en train de sécher

Indigo

La plupart des cuves d’indigo se travaillent à froid ou plutôt à température ambiante. Même, certains bains d’indigo peuvent même utiliser des fruits pour remplacer le fructose. Quand, je ne trouvais pas de fructose, j’ai plusieurs fois utilisé du miel. Cela fonctionne très bien.

Bain d'indigo, à Gletterens, n'a pas eu besooin de chauffer
Bain d’indigo, à Gletterens, n’a pas eu besooin de chauffer

Pourpre “chilienne

Un jour, j’ai fait un petit essai de teinture à la pourpre de “loco” et “locate” (coquillages très appréciés en gastronomie au Chili, ils sont assez souvent interdits de récolte).

Lors d’un séjour de quelques jours à Taltal, petit village côtier entre Chañaral et Antofagasta (Nord du Chili), des pêcheurs m’avaient ramassé une petite quantité de ces coquillages. Le temps était mauvais, ils n’avaient pas pu aller plus au large pour en ramener plus.

Les pêcheurs de “locos” se reconnaissent à leurs mains rouges pourpre, teintes lors du nettoyage des fruits de mer pour les préparer à la vente. Ils jettent malheureusement toute cette précieuse matière tinctoriale à la mer.

Le test pratique

Ils ont mangé les fruits de mer et j’ai gardé dans deux petites bouteilles d’eau les glandes hypobrachiales qui contiennent les pigments.

Loco ouvert montrant sa glande hypobrachiale - chauffer?
Loco ouvert montrant sa glande hypobrachiale, et locates, plus petits

J’ai gardé ces bouteilles bien fermées et je me suis décidée à les ouvrir deux ou trois semaines après, lors de mon retour à Mamiña.

Teinture de locos et locates chauffer
Teinture de locos et locates

Heureusement que je vis avec le nez bouché et que j’ai ouvert la bouteille en plein air, la puanteur était insupportable. Je ne sais pas si ce n’était pas pire que la teinture aux baies de parqui.

J’ai mis quelques mèches de laine en toison à tremper dans les bouteilles, puis je les ai retirées, exposées au soleil, puis rincées. Elles étaient devenues mauves. Tout cela sans chauffer.

Ecahntillons de laine teints avec les locos et locates chauffer
Échantillons de laine teints avec les locos et locates

Je présente cette expérience dans ma présentation pour l’ISEND de Kuching, disponible sur internet (www.academia.edu, www.slideshare.net).

Il y a un groupe facebook spécialisé sur la pourpre. J’espère bien pouvoir en apprendre plus sur ce sujet lors de mon tour du monde tinctorial et textile.

Sur academia.edu, on trouve aussi beaucoup d’informations sur la pourpre, teinture très luxueuse de l’Antiquité.

La pourpre à Carthage, Tunisie

Je n’ai pas encore pu faire mon tour du monde tinctorial, mais je suis retournée en Europe. J’en ai profité pour aller en Tunisie en 2022 pour rencontrer le grand spécialiste qui m’a très gentillement reçue. Je vous invite à visiter son groupe facebook.

Quelle belle gamme de couleur, sans chauffer de bain!
Quelle belle gamme de couleur, sans chauffer de bain!

Orseilles et autres lichens

Dominique Cardon décrit en détail ces techniques, je ne les ai pas testées. Il s’agit de techniques de fermentation, en général avec ajout d’urine. On doit obtenir des tons de rose, malheureusement pas très solides. Mais, il faut d’abord trouver le bon lichen. Car tous les lichens ne servent pas pour des tons de rose. Il y a des groupes sur facebook spécialisés dans ce domaine qui montrent des résultats spectaculaires.

Fez, Maroc

On m’avait parlé des fosses à teindre de Fez. J’espérais trouver des teintures naturelles, mais il s’agit du travail du cuir. Je ne suis cependant pas convaincue de l’usage de teintures naturelles, malgré les informations données sur place, parfois un peu extravagantes. C’est tout de même très intéressant et pour le moins impressionnant.

Une des grandes tanneries de Fez chauffer
Une des grandes tanneries de Fez

Et le batik?

Quelqu’un m’a gentillement fait la remarque que j’avais oublié le batik. Et oui, le batik, quand on travaille à la cire d’abeilles, se teint à froid, vu que la cire fond à 62-63º C. Cependant, en général on doit faire bouillir, repasser avec du papier pour éliminer la cire.

Un essai

Nous avons fait un test avec mon ami Hilaire, à Madagascar, avec de la cire d’abeilles brute que nous avons achetée au marché d’Antsirabe et de la cochenille. Nous avons aspergé la soie avec des gouttes de cire fondue en essayant de faire un pochoir avec des feuilles de rosiers.

Puis, nous avons laissé tremper avec de la cochenille toute la nuit à froid. Le lendemain, nous avons fait bouillir l’écharpe dans de l’eau avec de l’alun pour fixer la teinture et éliminer la cire, la cochenille s’est bien fixée.

Mais la cire avait du mal à partir, j’étais déçue, car j’espèrais pouvoir la récupérer pour une autre fois. Nous avons du terminer avec le fer à repasser et du papier journal, puis des brouillons d’impression quand celui-ci vint à manquer, cela a dû utiliser beaucoup d’électricité.

Batik à la cochenille sur soie sans chauffer
Batik à la cochenille sur soie sans chauffer

Le résultat n’était pas tout à fait conforme à ce que l’on attendait. Les taches de cire sont restées un peu jaune. Ce n’était pas vilain. Mais, on ne voyait pas bien le pochoir. Mais la cochenille à très bien pris. Cette écharpe s’est vendu très rapidement, mais je ne crois pas qu’Hilaire recommencera cela. Il préfère l’ecoprint.

Détail du batik sans chauffer
Détail du batik sans chauffer
Une fois terminée sanas chauffer
Une fois terminée

Et si on fait chauffer, comment?

On a l’embarras du choix…

Chauffer au feu de bois

Trou dans le sol

J’ai beaucoup utilisé cette technique, depuis Longotoma jusqu’à Mamiña, en passant par Santa Fe, Argentine.

Pratique, simple, économique et permet de faire chauffer plusieurs grandes casseroles à la fois si l’on a une grille assez résistante.

Le bois doit être une ressource renouvelable… J’utilise habituellement du bois mort, à Mamiña c’était du bois de récupération de construction. Enfin, j’ai même fait du troc pour récupérer un camion de déchets de construction d’une route. J’ai dû ensuite remonté tout ce bois jusqu’à ma cabane à mi hauteur de la colline… Mais j’avais enfin de quoi travailler… Il en est même resté beaucoup pour mes amis qui me prêtaient la cabane. Une partie de ce bois a aussi servi pour construire les cages de mes lapins angoras.

Teinture à Mamiña, j'ai fait un trou de 30 à 40 cm de profondeur, que j'ai rempli de bois, j'ai posé une grille et différentes casserole, une tôle protégeait du vent
Teinture à Mamiña, j’ai fait un trou de 30 à 40 cm de profondeur, que j’ai rempli de bois, j’ai posé une grille et différentes casserole, une tôle protégeait du vent

Cela permet de faire chauffer plusieurs casseroles à la fois.

Feu de bois, à Gletterens, Suisse

Là, je ne pouvais pas faire un trou, j’utilisais le foyer prévu dans la reconstitution de maison du néolithique. Il était entouré de pierres, je les utilisées en rajoutant quelques une comme support pour mes casseroles.

Chauffer sur un feu de bois
Chauffer sur un feu de bois

Cette année, à Gletterens, j’avais une nouvelle casserole en terre, faite par mon amie Nora. C’est pas encore tout à fait néolithique, mais un peu moins anachronique que les casseroles récupérées à la déchetterie.

Cela faisait longtemps que je voulais tester les teintures dans une casserole en terre.

J’ai aussi adopté une nouvelle disposition des casseroles autour du foyer, que j’alimentais au centre.

La super casserole

Je lui ai dédié un article complet.

La super casserole à l'essai avec eucalyptus et ronces
La super casserole à l’essai avec eucalyptus et ronces

Cuisinìère à bois

A Rincón de Angel, nous avons acheté une cuisinière à bois, elles sont courantes dans la région, ici tout le monde se chauffe et cuisine avec.

Nous l’utilisions tous les jours pour cuisiner, j’en profitais pour mettre aussi une casserole de teinture naturelle. C’est très efficace car le bain se maintient chaud longtemps… J’ai donc beaucoup teint, tant que nous avions du bois…

Cela a deux inconvénients : cela brûle beaucoup de bois et cela fume quand c’est mal installé (ce qui était le cas). J’ai donc enfumé des tricots et des laines. J’ai eu beau les laver, la grisaille n’est pas partie.

Appareil acheté à Cuzco

A Cuzco, au marché, j’ai trouvé une petite structure en céramique très intéressante, elle était légère, pas chère, je n’étais pas très chargée pour une fois!

J’en ai profité, elle a fait le voyage entre mes jambes dans le bus, car elle était relativement fragile, par chance elle tenait dans mon sac, elle bien arrivée jusqu’à Mamiña où je l’ai beaucoup utilisée. Elle était très économique en bois, s’allumait facilement, je l’utilisais même pour préparer mon petit déjeûner…

Ma cuisinière péruvienne à l'épreuve, c'est boon pour chauffer
Ma cuisinière péruvienne à l’épreuve, c’est bon pour chauffer

Elle n’a malheureusement pas supporté le déménagement vers Puerto Montt et est arrivée en morceaux.

Lors de mon dernier voyage au Pérou, dans un marché, j’ai trouvé une version en tôle de cette “cuisinière“. J’étais très chargée lors de mon retour, je n’ai pas pu l’acheter. J’espère pouvoir en acheter une à la prochaine occasion.

Rocket stove, à Chinchero, Pérou

Avant d’acheter cet appareil en terre, je suis allée visiter le village de Chinchero, où de nombreux groupes de femmes teignent et tissent selon les traditions.

J’en ai profiter pour m’intéresser à leur méthode pour chauffer leurs bains de teintures, en voici une photo, elles en profitaient pour cuisiner aussi…

Cuisinière pour teindre et cuisiner à Chinchero, Pérou
Cuisinière pour teindre et cuisiner à Chinchero, Pérou

Au Brésil aussi, j’ai teint sur une “rocket stove“.

Fetapera malgache

Petite cuisinière très populaire à Madagascar, digne du film Ady Gasy de Lova Nantenaina (je vous le recommande vivement, disponible chez Latérite).

Lors de l’IFPECO à Antananarivo, nous avons fait presque toutes les démonstrations de teintures avec ces petites cuisinières, légères, économiques et économes, pur recyclage. Je les trouvé tellement sympathiques que je m’en suis achetée une que j’ai ramenée au Chili. Je l’ai utilisée à Concón où elle a fasciné mon ami Uldis.

Premier essai de la fetapera malgache
Premier essai de la fetapera malgache

Il y avait aussi de mini “rocket stoves“, intéressants mais trop lourds… pour mes bagages.

Démonstration de teinture sur rocket stove alimenté au charbon de bois de bambou
Démonstration de teinture sur rocket stove alimenté au charbon de bois de bambou

Chauffer au gaz

C’est plus courant, plus simple, mais pas forcément plus économique… Le gaz n’est pas une énergie renouvelable, sauf cas rare du biogaz.

Cuisinière industrielle

Pour le cours à Pica, les organisatrices avaient acheté deux cuisinières industrielles que nous appelons au Chili “fogón“. Elles sont basses et permettent de travailler facilement avec de très grandes casseroles.

Cela chauffe très vite, nous étions dehors, il y avait parfois du vent, j’ai trouvé cela assez dangereux. Et cela brûlait beaucoup de gaz, je n’ai pas compté combien de bidons…

Teinture lors du cours à Pica, Nord du Chili
Teinture lors du cours à Pica, Nord du Chili

Chez Rincón de Angel, nous utilisons aussi cela actuellement, il n’y a pas de vent dans le local, mais le feu ne peux presque pas se réguler et je préfère teindre avec une vieille cuisinière normale, le feu est plus petit donc moins violent avec la laine et c’est plus économique.

Cuisinière industrielle
Cuisinière industrielle

Cuisinière courante

Rien de plus banal.

Teinture à la cochenille
Teinture à la cochenille

Cuisine solaire

J’ai fait quelques essais à Longotoma…

Essai de teinture dans une cuisinière solaire improvisée
Essai de teinture dans une cuisinière solaire improvisée

A Concón, mon ami Uldis avait une cuisinière solaire parabolique, mais nous n’avons pas eu le temps de l’essayer. C’est vraiment dommage!

Teinture solaire à Gletterens

Teinture solaire, chauffer au soleil
Teinture solaire, chauffer au soleil, solution économique, 15 jours d’attente

Chauffer à l’électricité

Si l’on n’a pas d’autres solutions ou si l’on ne paye pas l’électricité… Ce n’est pas toujours une énergie renouvelable, sa production provoque souvent des dégats et de la pollution.

Plaque électrique

Chez Couleur Garance, ils utilisent des plaques électriques pour les cours, elles sont facilement régulables.

Pour les cours, on teint souvent seulement des échantillons, on n’utilise donc pas d’aussi grandes casseroles que pour l’artisanat et la vente de laines.

Casserole à riz

A Iquique, je ne payais pas l’électricité, elle était comprise dans le loyer, j’avais acheté un cuiseur de riz tout rayé au marché aux puces pour à peine plus d’1 Euro, et il fonctionnait!

C’était un peu petit, mais j’ai pu faire quelque tests avec. Feuilles d’artichauds récupérées au marché, feuillage et fleurs de Bougainvilliers… furent mis à profit grâce à cette casserole.

Cuiseur de riz dont l'usage à été détourné de sa vocation première
Cuiseur de riz dont l’usage à été détourné de sa vocation première

Chauffer au Four a micro-ondes

J’avais vu une video dans le CD édité à la suite de l’ISEND à La Rochelle (France) auquel je n’ai pas pu participer, où ils estampaient du feutre en sérigraphie avec des encres naturelles et les fixaient au micro-ondes, j’ai donc cherché à m’en procurer un…

Iquique est une ville surprenante, sans TVA, c’est une zone franche. envahie de tout un tas de choses qui ne tiennent pas dans les maisons en général très petites, car cette ville n’a pas d’espace pour se développer.

Juste quelques jours avant de partir pour Mamiña, je me suis achetée un four à micro-ondes d’occasion, je l’ai assez souvent utilisé pour des tests pendant les premiers mois dans le kiosque de mon amie Raquel. Les contenants étaient encore plus petits et les échantillons se sont donc encore réduits, surtout des morceaux de ruban cardés pour feutrer. Les résultats étaient cependant intéressants.

Micro-onde pour teindre
Micro-onde pour teindre

Conclusion

Nous avons donc beaucoup de solutions… Il faut voir laquelle est la plus adaptée à sa situation, la plus économique et surtout la plus écologique…

J’aimerai faire des essais avec des fours et cuisinières solaires, la plupart des teintures n’ont pas besoin de bouillir… L’artisanat se combine mal avec l’urgence…

Toxiques, les plantes?

Mis à jour le 26 SEPPTEMBRE 2019

Et les plantes toxiques?

Les plantes toxiques doivent représenter moins d’1 % des plantes en général. J’essaie de les éviter, c’est pourquoi je collectionne les livres de botanique, je m’informe. Dominique Cardon en signale certaines dans ses livres.

Les livres sur les plantes médicinales donnent aussi beaucoup d’informations.

Livre qui donne des informations très détaillées, le seul défaut est le nombre restreint de plantes
Livre qui donne des informations très détaillées, le seul défaut est le nombre restreint de plantes

Même des plantes qui servent habituellement de fourrage pour le bétail, ou d’aliments pour les humains peuvent être ou devenir toxiques dans certaines conditions. Certaines plantes doivent être cuites pour être consommées, comme par exemple la rhubarbe ou le tapioca.

Il y a un mouvement, parti d’Angleterre, “Incredible Edible” (quelque chose comme comestibles incroyables) qui tend à remanger les plantes sauvages. Il y avait lors de l’atelier d’ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin, une femme qui avait un restaurant à Chinon, où justement elle ne servait que des plantes sauvages. Une meilleure connaissance de la botanique peut nous amener à modifier profondément notre alimentation. George Oxley à écrit sur ce thème.

Ce mouvement est entrain de prendre de l’ampleur, récemment au Brésil, j’ai eu l’occasion de consulter un livre passionnant et très détaillée à ce sujet.

Livre sur les plantes et arbres comestibles au Brésil
Livre sur les plantes et arbres comestibles au Brésil

Dans la même collection, il existe un livre sur les plantes toxiques et un autre sur les plantes médicinales, ils sont très documentés.

Un peu d’histoire des teintures toxiques

La toxicité de certaines plantes n’a pas toujours fait peur aux teinturiers…

La daphnée ou trentanelle

Elle a été très longtemps utilisée par les ateliers de teinturiers, elle poussait sauvage et était récoltée pour teindre en jaune en remplacement de la gaude (reseda luteolens) surtout dans le midi de la France tout en sachant qu’elle provoquait la cécité des ouvriers teinturiers et certainement aussi des pauvres gens qui les ramassaient (cf. Dominique Cardon).

La jusquiame noire

Cette plante qui était utilisée au moyen-âge pour empoisonner les flèches des soldats est proposée comme source d’indigo par un manuel de teinturerie qui date de peu après la Révolution Française “L’art de la teinture des fils et des étoffes de coton” signé par Le Pileur d’Apligny, an VI, 1798 (ce document très intéressant est disponible gratuitement sur internet).

Apparemment, l’auteur n’a pas été suivi. Heureusement, parce qu’anciennement les tinturiers en indigo goûtaient leurs bains pour savoir s’ils étaient prêts.

Il y a aussi une sorte d’indigo dans la scabieuse et dans les cardères ou “cabarets des oiseaux” qui ne me semblent pas toxiques et en plus ils sont mellifères. Cela pourrait valoir la peine de développer ces plantes… en outre, les cardères servait à carder la laine…

Mordants toxiques

Outre, les plantes elles-mêmes, les teinturiers n’hésitaient pas utiliser des métaux aussi dangereux que l’arsenic et le plomb. Beaucoup de manuel de teintures végétales relativement récents parlent de mordançage au chrome et à l’étain, parfois sans indiquer leur dangerosité. Le cuivre et l’aluminium semblent ne pas être sans danger.

Comment connaître les plantes toxiques?

L’idéal est de prendre des précautions, India Flint raconte dans un de ses beaux livres sur l’ecoprint (que l’on m’a prêté très gentiment pour quelques jours à Santa Fe, Argentine) comment en arrivant en Inde, elle avait testé les feuilles d’un arbre très toxique sans le savoir.

Telabotanica et d’autres applications de ce style peuvent nous aider, il y en a plein de disponible sur mobile.

Différences de points de vue entre l’Europe et l’Amérique

La rue (ruta graveolens) réputée toxique en France, est couramment utilisée au Chili contre les douleurs abdominales, elle était utilisé dans les couvents et ardemment recommandées dans les écoles catholiques pour réduire les désirs sexuels. On la trouve en pots, dans presque tous les commerces, elle est sensée porter chance.

Le ricin que les Argentins appellent tártago
Le ricin que les Argentins appellent tártago

Le ricin dont les graines sont très toxiques, une amie argentine de Santa Fe, me racontait qu’elle jouait à la dinette avec les feuilles quand elle était petite. Lors du stage à La Redonda, elle a bien joué  du marteau avec ces feuilles. le résultat était intéressant, cette feuille a de grosses nervure qui rendent bien.

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Les baies et graines

Lierre, troëne, sureau yèble, phytolacque…

La plupart du temps les teintures obtenues à partir de baies ne sont pas solides au lavage, alors pourquoi se compliquer la vie avec des baies toxiques.

On peut souvent obtenir le même résultat avec des baies alimentaire (myrtille, cassis, mûres…), par exemple en utilisant les résidus de la fabrication de gelées.

Le ricin

On extrait l’huile de ricin (castor oil) sans danger, des graines très toxiques, cette huile est utilisée pour mordancer les fibres végétales, ainsi que l’explique Michel Garcia.

Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées
Livre de Michel Garcia, donne de nombreuses idées

Les plantes entières

Cigüe

Pas besoin de présenter la cigüe, connue pour avoir tué Socrate. J’ai vu indiqué dans un manuel de teintures naturelles que le liber de cette plante teignait. Je n’essaierai pas.

Et pourtant cette plante aurait des vertus mécidinale pour des maladies des articulations.

Le datura

Plante importante dans la médecine traditionnelle Mapuche, qui a de nombreux noms en espagnol (estramonio, miyaya, chuchampe, coco del diablo, toloache…) est en outre halucinogène. Toutes ses parties sont toxiques.

Une amie de mes parents qui savait que je teignais avec les plantes m’en a ramené une pleine cargaison un jour de son jardin, j’ai dû refuser le cadeau. Si même la fumée quand la plante brûle est dangereuse, que penser des vapeurs et de ce qui peut rester dans le fibres?

Datura, plante bioindicatrice, très toxique et halucinogène

Depuis, en écoutant les conférences de Gérard Ducerf sur Youtube, j’ai appris que c’était une plante bioindicatrice.

Le parqui

Le parqui ou palqui (parqui cestrum) est une solanacée très courante dans la région centre du Chili. Les habitants de La Ligua m’avaient dit que les anciens utilisaient les baies noires pour marquer les sacs de blé.

C’est une plante médicinale, mais elle peut être assez toxique pour tuer des vaches qui viennent d’une zone où cela ne pousse pas, elles ont vue du vert, elles ont mangé bien que cela sente très mauvais et en sont mortes.

Je ne connaissais pas encore l’histoire des vaches de Longotoma. Des paysans avaient achetés de grosses vaches du Sud et pensaient les alimenter avec de l’herbe rase et sèche à Los Romeros, où j’ai habité. Ces vaches ne connaissaient pas le parqui, sur 150 vaches, une cinquantaine en sont mortes. A Concón, chez mon ami Uldis, les vaches et les chevaux connaissaient le parqui et ne s’en approchaient pas, les seuls citroniers que ces animaux n’attaquaient pas étaient protégés par un pied de parqui!.

J’ai essayé de teindre avec les baies de parqui, j’en ai mis un peu dans une petite casserole avec de l’eau et 100 grammes de laine et un peu d’alun. Cela sentait si mauvais que j’ai eu du mal à aller éteindre le gaz, bien que la cabane était très ventilée…

J’ai obtenu un vert émeraude très clair qui m’a beaucoup plu, mais je n’ai jamais recommencé. C’était une de mes premières expériences quand je vivais à La Quebrada del Pobre, à 8 km de La Ligua.

Parqui
Parqui

Traditionnellement, on nettoie les braises dans les fours à pain avec des branches de parqui, il intervient dans un certain nombre de superstitions.

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Floripondio, dans une pépinière a Antananarivo, Madagascar
Floripondio, dans une pépinière a Antananarivo, Madagascar

Ce bel arbre que l’on rencontre dans certains jardins, et même dans les rues (à La Ligua – Chili, par exemple) est très toxique, curieusement ses fleurs attirent les abeilles.

digitales

Cette jolie plante, sert à fabriquer des médicaments pour le coeur. Je préfère m’abstenir d’y toucher.

Arnica, aconit, belladone, muguet, saut de salomon, Laurier cerise…

La liste est longue… et elles ont presque toutes des propriétés médicinales…

Il faut considérer que pratiquement toute la famille des euphorbes comme toxique et aussi grande partie des solanacées, ainsi même toute la plante de la pomme de terre est toxique, sauf le tubercule que l’on consomme et celui-ci peut aussi être toxique s’il verdit à la lumière.

Il y a un curieux jardin au Nord de l’Angleterre, à Alnwick, qui ne regroupe que des plantes toxiques… Ces plantes sont certainement très toxiques, mais elles sont biodégradables, ce qui n’est pas le cas des polluants chimiques…

Je viens de découvrir en cherchant la video sur le jardin anglais, qu’il avait un équivalent en France.

Les champignons

Beaucoup de champignons teignent, ils peuvent donner tout l’arc-en-ciel, comme en témoigne le livre de Marie Marquet et celui de Miriam Rice et Dorothy Beebee que l’on m’a donné à Kuching.

Manuel de teinture à l'aide de champignons, certains sont toxiques
Manuel de teinture à l’aide de champignons, certains sont toxiques
Livre de Marie Marquet, la plupart des champignons décrits sont toxiques, elle indique les précautions à prendre
Livre de Marie Marquet, la plupart des champignons décrits sont toxiques, elle indique les précautions à prendre

Malheureusement, la plupart de ceux qui teignent sont toxiques, comme les cortinaires, par exemple.

Le champignon de Paris n’est malheureusement pas mentionné comme tinctorial, c’est dommage. Il y a tout de même quelques cèpes dans la liste,,,

Je ne les pas testés. Mon ami Hilaire, à Antsirabé, Madagascar, teint avec un champignon qui pousse sur l’eucalyptus, mais il ne semble pas toxique.

J’ai seulement testé des lichens appelé “barba de palo” au Chili (barbe de bois) qui donne un joli marron roux, il est assez rare et pousse lentement, je ne pense pas qu’ils soient toxiques. Cette teinture est réputée solide et anti-mites.

Conclusion

Il y a tant de plantes non toxiques qui teignent, pourquoi allez essayer celles qui sont toxiques? Sauf par ignorance.

Quand on a des doutes, mieux vaut teindre à l’extérieur, ne pas respirer le vapeurs et travailler avec des gants imperméables…

La prudence est de mise, mieux vaut s’informer et développer des connaissances botaniques qui en outre peuvent nous aider à nous soigner naturellement.

J’ai certainement oublié de nombreuses plantes toxiques, alors étudions un peu la  botanique… Il est parfois difficile d’avoir des informations sur des plantes qui paraissent être des “mauvaises herbes” invasives.

Par exemple, j’aimerai en savoir plus sur cette plante, j’espère  qu’elle n’est pas toxique, elle m’a donné un très joli jaune sur la laine mordancée à l’alun, elle attire les abeilles, mais telabotanica ne me donne pas de réponse correcte, car ils sont plus centrés sur les plantes européennes…

Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, détail
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, fleurs
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, vue générale, cette plante disparaît à l'automne
Plante à jaune dont je ne connais pas le nom, courante à Puerto Montt, vue générale, cette plante disparaît à l’automne

 

Par hasard, je viens de retrouver cette plante derrière le FabLab de Loches (dont je parlerai dans un prochain article).

On vient de me dire qu’il s’agissait de renouée du Japon, ses jeunes pousses sont comestibles et c’est une plante bio-indicatrice pour les métaux lourds, mais n’en contient pas selon Gérard Ducerf. Elle est plutôt invasive. Il faut donc profiter des jolis jaunes qu’elle nous fournit, sans se priver.

Je viens de lire un livre qui doit être pratiquement introuvable, il date de 1968 et a été édité par Robert Morel, maison d’édition qui a malheureusement dû fermer depuis longtemps. C’est une traduction de l’anglais-américain et parle surtout des plantes toxiques d’Amérique du Nord, mais on en retrouve beaucoup en Europe…

C’est intéressant car il fait déjà des remarques concernant les agrochimiques et mentionne le livre de Rachel Carlson “Silent Spring”.

Photo à rajouter

Le citron aussi peut teindre

La teinture au citron

Le citron, on en mange, mais on peut récupérer les écorces pour teindre.

De retour à Puerto Montt, chez Rincón Angel, pour quelques jours, j’ai amené des citrons bio de la parcelle de Concón. Les salades étaient très bonnes, nous avons gardé les épluchures pour teindre. Les déchets d’à peu près 6 kg de citrons ont donc servi de bain de teinture. J’avais déjà fait l’essai avec les citrons lors du premier cours à la Esquina Encendida, en Santa Fe, Argentina.

Nous avons commencé dans une grande casserole en aluminium, sur un réchaud puissant, avec seulement 2 écheveaux de laine de mouton filée industriellement, lavées, puis 2 autres et encore 2, puis 4 et encore quelques-une de plus.

Préparation de la teinture au citron
Préparation de la teinture au citron

D’abord seulement avec de l’alun comme mordant, puis en ajoutant aussi un peu de bicarbonate. Cela fait peu de différence. Les écheveaux ont été lavé après teinture, la perte de couleur me semble insifignifiante.

teinture au citron
teinture au citron

La couleur est assez claire, mais jolie et différente des autres jaunes naturels.

Nouvel essai, de retour à Concón

De retour à Concón, vu que je dispose d’une très grande quantité de citron qui ont trop muri… j’ai donc réessayé avec de la laine artisanale et avec de la laine de mouton filée industriellement comme à Puerto Montt…

Je n’ai malheureusement pas trouvé de pierre d’alun ni de sulfate d’aluminium à Viña del mar. Le résultat était plutôt pâle.

Résultats
Résultats

De retour à Puerto Montt, j’ai donc mis ces laines dans une casserole pour les mordancer après teinture avec du sulfate d’aluminium.

post mordancage à l'alun
Post mordancage à l’alun

Quand on travaille avec des couleurs aussi délicates, la qualité de la laine (certaines sont déjà  un peu jaune) et celle de la casserole sont aussi des facteurs importants.

Résultats
Résultats

Autres usages du citron en teinture

Le jus de citron peut être aussi utilisé comme mordant/modificateur, par son action acide,  notamment pour la teinture avec la cochenille, qu’il peut éclaircir, voir éliminer ou rendre plus orange selon les cas.

Il est aussi utilisé dans la teinture au carthame pour révéler le fameux rose de carthame.

Et les oranges ? me dit-on

Nous avons essayé pendant le cours à Pica, c’est une oasis spécialisée dans les fruits tropicaux près d’Iquique (Nord du Chili), il y avait une dame qui avait un petit verger et faisait des jus de fruits, elle nous a donc ramené un plein sac de déchets d’oranges, de quoi remplir une casserole de plus de 20 litres. Nous avons donc testé.

Le  résultat a été un joli abricot pâle.

Je n’ai pas encore testé les autres citriques.


Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!

Je vous invite à laisser vos commentaires.

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Cochenille, cochenille, cochenille…

/// Cochenille, cochenille, cochenille… ///
Article du 12 août 2017, modifi´é le 27 avril 2024
Je suis revenue au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est très facile, il suffit d’appeler au +33 7 69 905 352 ou au +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

La cochenille est une de mes teintures naturelles préférées, la force de sa couleur peut donner l’impression qu’elle est artificielle. Cet article est un des premiers de ce blog et j’y reviens pour la seconde fois. Je viens d’avoir une conversation très intéressante avec un Tunisien qui était très préoccupé par le sort des figuiers de Barbarie de Tunisie. Cela m’a poussée à chambouler l’ordre des mises à jour de mes articles.

J’ai beaucoup d’expériences et d’informations nouvelles sur la cochenille, il était temps de les partager.

Cochenille, surprises assurées

Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Teinture à la cochenille, à Mamiña, nord du Chili
Cochenille sous influence du fer
La cochenille sous influence du fer

Cochenille qui teint,
cochenille qui ne teint pas ?

Le terme cochenille désigne un certain nombre de parasites dont seule une infime minorité sert en teinture. Les petits insectes que vous pouvez trouver aux pieds de vos arbres fruitiers ne teignent généralement pas. Rien n’empêche de les tester, cependant.

Nous ne intéressons donc pas à la cochenille farineuse.

J’ai été très surprise de voir récemment sur internet des photos de coléoptères associées aux teintures-additif E120 utilisés en alimentation. Il y a certainement une erreur qui prête à confusion.

Ce ne sont pas des doriphores! Il est à noter que la cochenille n’attaque que les palettes (feuilles) et non les fruits du figuier de barbarie. Cependant, les fruits deviennent très amers.

Voici la vraie cochenille

Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou
Cochenille sauvage sur le site archéologique de Tumshukaiko, près de Huaraz au Pérou

Le colorant de base, l’acide carminique, des cochenilles sèches, entières ou moulues. Si vous voulez teindre avec de la cochenille fraîche, il faudra en utiliser plus.

Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille sèche prête à être moulue
Cochenille moulue, prête à l'emploi
Cochenille moulue, prête à l’emploi

Un peu d’histoire

Anciennement, il existait différentes espèces de cochenille servant en teinture, mais elles sont pratiquement toutes disparues ou sont en voie d’extinction :

  • Dans le sud de la France on élevait les vers de kermes, sur les chênes kermes, qui donnait un rouge très luxueux. Quand la cochenille mexicaine est arrivée en Europe, ce marché a été bousculé et a fini par disparaître. Donc, le vers de kermes n’a plus été multiplié et son support, une espèce de chêne, est aussi devenu très rare…
  • il existait aussi une cochenille polonaise et une cochenille d’Arménie, celle-ci vivait dans les racines de certaines plantes des marécages, elle sont aussi en voie de disparition, les marais étant asséchés pour l’agriculture…
  • on mentionne aussi parfois une espèce égyptienne utilisée dans l’Antiquité, mais les spécialistes en doutent encore…
  • en outre, il existe une autre sorte de parasites cultivés sur des arbres en Inde. Il donnent à la fois un colorant rouge (maintenant peu exploité, vue la concurrence des teintures chimiques) et un vernis le lacq qui est encore utilisé… je reprends de mémoire des informations beaucoup plus détaillées dans les livres de Dominique Cardon, mais que je n’ai pas sous la main.
Test d'Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune
Test d’Ikat teint à la laque dye, avec mon amie Solange, sur une laine jaune

Toutes ces teintures ont eu une très grande importance, le rouge et particulièrement ces rouges nobles étaient l’apanage des élytes, qui se protégeaient par des lois somptuaires, dès l’Antiquité.

Que reste-t-il ?

La teinture avec le tissage et les tanneries furent les premières industries à se développer et eurent une importance considérable dans l’histoire.

Il ne reste donc plus que la cochenille du nopal (nom mexicain du figuier de Barbarie, au Pérou et au Chili, on parle de Tuna) qui ait encore une certaine importance, mais plus dans le textile, essentiellement dans l’alimentation et les cosmétiques. Les colorants artificiels sont interdits dans l’alimentation en Europe. La garance n’a pas d’autorisation pour d’éventuels effets sur le coeur.

La cochenille seule, se maintient et son marché vient de subir récemment un regain d’intérêt qui a provoqué une flambée des prix.

D’où vient la cochenille ?

La cochenille (dactylo coccus) provient d’un petit insecte parasite du figuier de barbarie (opuntia) et de quelques autres cactus. On exploite la femelle quand elle est prête à pondre ses oeufs. Elle ne mesure pas plus de 3 mm. Celle-ci n’a pas d’ailes, et ne bouge pratiquement pas de l’endroit où elle est née.

Quand la larve naît elle s’accroche au nopal et commence à sucer sa sève. Quand elle est au stade adulte, c’est le mâle qui est beaucoup plus petit et qui a des ailes qui vient la féconder.

Elle vit cachée sous une couche d’une espèce de cire qu’elle produit pour se protéger. Dans la nature, c’est le vent qui les répandent en arrachant parfois des larves de leur feuille.

La cochenille d’élevage est de meilleure qualité, contient plus d’acide carminique, car leurs éleveurs les protègent au maximum et elles produisent moins de cire protectrice. Cette cire pose de petits problèmes lors de la teinture. Donc, moins il y en a, mieux c’est…

Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l'atelier d'un groupe d'artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou
Palette de Nopal infectée de cochenille, photo prise à Chinchero près de Cuzco dans l’atelier d’un groupe d’artisanes qui travaillent selon les traditions anciennes du Pérou

D’où vient la cochenille

Elle était à l’origine élevée au Mexique sur les figuiers de barbarie appelés Nopal localement. Le Nopal est une plante très importante au Mexique, non seulement pour la cochenille, mais il sert aussi d’aliment courant sous différentes formes et il est aussi médicinal. Un paysan de La Ligua (Chili) me disait que les vaches aiment bien brouter les Figuiers de Barbarie.

La cochenille est aussi médicinale dans le Nord de l’Argentine, où elle existe encore, mais est très rare. On l’utilise pour des affections respiratoires.

Les peuples originaires du Mexique ont très tôt vu des atouts dans ce petit parasite, qu’il se sont mis à élever pour la jolie teinture rouge carmin qui en est tirée.

Il y a un vocabulaire très ample en Nahuatl et dans les différentes langues indigènes d’Amérique Centrale concernant les variétés de ces insectes sauvages ou élevés, les peintures, les teintures obtenues…

Au Pérou et au Chili

Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile
Textiles precolombinos del Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

Par la suite les Incas et certainement d’autres peuples précolombiens avant eux, ont collecté, puis élevé la cochenille, que l’on retrouve utilisée dans de nombreux et magnifiques textiles précolombiens.

Pagne précolombien, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La qualité des couleurs des textiles des Indigènes surprirent les Espagnols quand ils arrivèrent en Amérique. Outre les richesses métalliques (or, argent, étain…), de nombreuses matières tinctoriales furent l’objet d’une exploitation à outrance provoquent des désastres économiques à leur arrivée en Europe (voir Dominique Cardon et Michel Pastoureau). La cochenille en faisait partie, mais aussi le Campeche, le Pau Brasil, le Quebracho…

Métier à tisser qui s’attache à la ceinture, avec sa chaîne montée, Museo San Miguel de Azapa, Arica, Chile

La cochenille aujourd’hui

J’aurais certainement l’occasion de vous donner plus de détails, quand je pourrais voyager au Mexique prochainement.

Lors de l’IFPECO de Madagascar, j’ai eu l’occasion de rencontrer un spécialiste de la cochenille. J’irai le visiter dès que possible.

Il y a quelques années, j’avais fait spécialement quelques jours à Moquegua, au Sud du Pérou, pour en acheter. Dans cette zone, la plupart des figuiers de Barbarie sont infestés. Cela se voit depuis le bus.

J’étais passée dans un bureau du Ministère de l’Agriculture, pour savoir où je pourrai en trouver. On m’a demandé combien de tonnes j’en voulais. On m’avait donné quelques adresses pour en acheter au détail.

La foto est un peu floue, je l'ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature
La photo est un peu floue, je l’ai prise à partir du bus en mouvement, mais voici la cochenille dans la nature

Lors de ce voyage, en passant en bus à travers un petit village qui s’appelle La Joya (le bijou), j’ai vu des grands tas au bord de la route. Ce n’était pas des tas de sable, mais des tas de cochenille.

Pendant mon dernier voyage au Pérou, fin 2018-début 2019, j’ai voulu en racheter. J’avais  plusieurs adresses où en acheter, cette fois-ci, il n’en restait qu’une à Moquegua. À Arequipa, zone de production, je n’ai pas réussi à en acheter.

À La Joya, les tas avaient disparu.

Les prix avait beaucoup augmenté. Maintenant, ils exportent les figues de Barbarie, et pour cela, on ne peut plus laisser se développer les cochenilles, car elles rendent les fruits amers.

Belle couleur et problème écologique

En Europe, la cochenille a été introduite dans les Iles Canaries. Je viens de découvrir qu’elle était entrain de s’étendre maintenant à l’Andalousie et à grand partie du Maghreb où elle pose de sérieux problèmes. Mais, je ne sais pas s’il s’agit d’une espèce tinctoriale qui fait des ravages.

Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne
Pied de Nopal ataqué, semble-t-il, par la cochenille au Jardin Botanique de Málaga, Espagne

Par curiosité, j’ai gratté un peu,, pour mieux observer.

Je n'ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées
Je n’ai pas eu de grandes taches rouges, mais sans doute, ce sont des cochenilles qui ne sont pas encore mûres pour être récoltées

Dans ce très beau jardin botanique, il y avait toute une série de pieds de nopal de variétés différentes, seul ce pied-là était attaqué.

Je viens d’avoir la confirmation, lors de cette conversation téléphonique, du fait que ces parasites se développaient en Tunisie.

Ce ne serait pas la première fois, à Madagascar, une amie me racontait qu’en 1825 les Français, pendant la colonisation l’avait déjà introduite. Ils ont ainsi gravement accéléré ainsi la désertification, puis elle semble avoir disparue.

Je lisais aussi récemment la relation d’un problème semblable en Australie sur des surfaces encore plus importantes, où les figuiers de Barbarie s’était follement développées.

Comment utiliser la cochenille ?

Elle est généralement vendue sèche. Au Pérou, on peut la trouver fraîche. Mais, je ne l’ai pas testée ainsi.

Je les toujours achetées sèches, au Pérou, pour pouvoir leur faire passer la douane pour rentrer au Chili, et ce non sans difficultés. Bien que cela soit expressement autorisé par un texte du SAG, organisme qui prétendait se les approprier.

Au Chili, il y a eu quelques tentatives avortées d’élevage, notamment dans la région de la Serena, près d’Ovalle et près d’Iquique, dans le Grand Nord chilien, à La Huayca.

Là, on raconté l’histoire de quelqu’un qui avait planté 5000 pieds de Nopal, ou plutôt de Tuna comme on dit au Chili. Pour qu’ils prennent bien, on les avait accompagnés de crottes de chèvres et de mouton comme engrais. Peu de temps après, il avaient 5000 pieds de Tamarugo, sorte d’acacia local, dont les troupeaux avaient mangé les graines. La région s’appelle la Pampa del Tamarugal, le Tamarugo comme tous les acacias a une racine pivotante qui peut plonger sous terre à plus de 40 mètres de profondeur.

Préparation

La plupart du temps, on la broie finement pour qu’elle donne plus de couleur. J’utilise habituellement un moulin à café électrique), on peut aussi utiliser un mortier. En cas d’absence de ces outils, on peut aussi faire comme mon ami M. Hilaire sur cette photo. Cela a très bien fonctionné. C’est minimaliste et efficace.

Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar
Préparation de la cochenille avec M. Hilaire à Madagascar

On peut aussi l’utiliser entière, on perd peut-être un peu de colorant. Mais la laine est plus facile à laver ensuite. En effet, les particules de cochenilles broyées ont tendance à s’accrocher aux poils de la laine et il faut beaucoup de rinçage pour les éliminer.

Pour éviter la perte de colorant, je laisse maintenant ma cochenille tremper à froid avec la laine, pendant plusieurs jours, avant de chauffer le bain.

Les couleurs

La cochenille peut donner une grande variété de couleurs allant du rose au gris, en passant par le violet, le rouge et l’orange, suivant la qualité de l’eau et le (ou les) mordant(s), plus ou moins foncé selon la proportion utilisée.

T-shirt teint la cochenille lors d'un cours près de Santa Fe, Argentine
T-shirt teint la cochenille lors d’un cours près de Santa Fe, Argentine, les irrégularités étaient voulues

La teinture à la cochenille est très sensible aux différentes traces de minéraux dans l’eau et au pH (acidité ou basicité de l’eau du bain).

Donc, il faut tout d’abord faire très attention l’eau et à la casserole que l’on va employer:

  • Si la casserole est en aluminium, elle participera au mordançage (mais attention, l’acide du bain finira par l’attaquer et la percer, cela m’est arrivé plusieurs fois, même sur de grandes casseroles). Il vaut donc mieux utiliser une casserole émaillée (sans défaut, sinon le fer entre en contact avec le bain et le modifie) ou une casserole en acier inoxidable, les casseroles en grès contiennent du fer, puisque l’argile est colorée par le fer. Les casseroles en cuivre modifient aussi la couleur.
  • L’idéal serait donc d’utiliser de l’eau déminéralisée, l’eau de puits, de rivière, de pluie et du robinet contiennent souvent du fer, de l’aluminium et beaucoup d’autres minéraux.
  • Quand j’étais à Mamiña, petit village thermal à 120 km à l’est d’Iquique (nord du Chili), j’ai essayé différentes sources avec la cochenille et j’ai ainsi obtenu des résultats différents. J’obtenais des couleurs beaucoup plus vives qu’à Puerto Montt.
  • Ne pas oublier le mordançage soit à l’alun ou mieux aux tanins, ce qui garantit la solidité de la couleur.
  • Comme pour toute teinture, il ne faut pas oublier de bien laver les fibres qui arrivent souvent de chez le fabricant avec toutes sortes d’apprêts, de graisses et autres empesages pour la présentation, mais aussi, souvent pour faciliter la filature. Ces produits peuvent nuire à la bonne teinture ou à sa solidité.
Sélection de teinture à la cochenille que j'ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d'alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre
Sélection de teinture à la cochenille que j’ai obtenues lors de mes exp´´eriences à Gletterens, Suisse. Le rouge au milieu a été obtenu par teinture solaire, fibres d’alpaga filées au fuseau, avec un peu de vinaigre

Processus

  • Faire tremper la veille, la cochenille dans le bain (de 5% à 20% du poids des fibres), éventuellement avec les fibres sèches mordancées, pour qu’elle dégage plus de teinture et qu’elle pénêtre mieux dans la fibre (surtout pour la laine).
  • Mettre à chauffer à feu doux pendant une ou deux heures.
  • Laisser refroidir, si possible jusqu’au lendemain (très important pour la laine).
  • Sortir du bain, faire sécher à l’ombre, puis rincer et laver. Ne pas s’étonner s’il sort du jus rose, il faut bien nettoyer les fibres des débris d’insectes qui peuvent s’être accrochés aux fibres. Faire sécher de nouveau à l’ombre.

Les modificateurs doivent donner :

  • Fer : violet
  • crème de tartre + rouge, + clair
  • cuivre : gris
  • vinaigre : orange
  • citron : orange ou élimine la teinture
  • j’ai fait des tests avec beaucoup d’autres modificateurs, à Santa Fe, en Argentine, et nous avons fait des fiches récapitulatives, curieusement, ils n’ont pas eu beaucoup d’effet. Nous n’avions pas travaillé avec de l’eau déminéralisée.
Tableau d'échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l'ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012
Tableau d’échantillons de teinture à la cochenille, avec différents mordants et modificateurs, présenté par Luciana Marrone à l’ISEND de Kuching, Sarawak, Bornéo, Malaisie, en 2012

Que faire avec le reste du bain ?

Il peut rester de la couleur dans le bain. On peut l’utiliser de nouveau pour obtenir des couleurs de plus en plus claires, on peut avoir ainsi de très jolis roses et mauves pastel en dégradé.

On peut aussi en faire de la gouache ou de l’aquarelle. Je viens de suivre un cours à ce sujet en Argentine. Ce type de procédé peut servir avec pratiquement n’importe quel reste de teinture.

Malgré son coût, la cochenille peut être bien rentabilisée par les bains successifs pour épuiser le colorant.

Teinture solaire

À Gletterens, en Suisse, j’ai fait des tests de teinture solaire. J’ai donc essayé la cochenille.

Teinture solaire à Gletterens
Teinture solaire à Gletterens
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille
Une semaine après, le rouge le plus foncé est dû à la cochenille

Ecoprint

La cochenille est aussi intéressante en ecoprint, elle peut donner des résultats originaux.

Ecoprint à la cochenille d'une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé
Ecoprint à la cochenille d’une des élèves du cours précédent de Luciana Marrone, tout juste déroulé

Cochenille avec les enfants

On peut tenter une activité très ludique.

Il faut s’armer:

  • d’un marteau en caoutchouc, de ceux qu’utilisent les carreleurs
  • d’une toile de fibres naturelles (coton, lin, soie ou laine) mordancée préalablement à l’alun
  • fleurs, pétales, feuilles
  • cochenilles entières détrempées quelques jours à l’avance
  • 1 litre de vinaigre ou trempent des clous ou de la ferraille (soupe de clous)

Il faut étaler la toile sur une table. On dispose les feuilles et les pétales de fleurs sur une moitié de la toile, on sème des cochenilles entre les feuilles et les pétales. On plie la toile de manière à recouvrir les pétales et les feuilles.

Puis on martèle la toile avec le marteau.

Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent
Au premier plan, le marteau frappe et frappe, les feuilles apparaissent

Après avoir bien martelé, on ouvre la toile. On enlève les feuilles, les pétales et les cochenilles. Si les empreintes vous semblent un peu pâles, trempez la toile dans la soupe de clous. Les couleurs vont s’assombrirent, les taches laissées par les cochenilles deviendront violettes.

Résultat après le passage dans la soupe de clous
Résultat après le passage dans la soupe de clous

Peinture, aquarelle

Avec la cochenille, comme avec n’importe quelle teinture naturelle, on peut extraire les pigments pour en faire des peintures.

J’avais déjà vu et revu les DVD que Michel Garcia a filmé à ce sujet. Il se trouvait que Luciana Marrone, une autre spécialiste des teintures naturelles et notamment de la cochenille proposait un cours dans son atelier à Necochea.

Nous avons extrait les pigments d’un vieux bain de cochenille.

Pigment de cochenille en pâte et en poudre
Pigment de cochenille en pâte et en poudre

Pigments entrain de filtrer, l'eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l'opération
Pigments entrain de filtrer, l’eau ne doit plus contenir de colorants à la fin de l’opération

Une fois les pâtes de pigments prêtes, nous les avons testés.

Nous avons sérigraphié des t-shirts, fait des tests avec des tampons. J’ai aussi essayé de peindre sur un morceau de cuir.

Voyage au Mexique

Nous avons déjà vu que le Mexique a été le premier à élever, ou plutôt, éduquer la cochenille, comme on dit au Mexique, bien avant le Pérou. Il existe une plus grande variété au niveau génétique des cochenilles au Mexique qu’au Pérou.

Il n’y a apparemment pas de continuité dans l’éducation au niveau géographique. Cela supposerait une exportation mexicaine précolombienne.

Musée de la Cochenille à Oaxaca, Nocheztlicalli

Oaxaca est la principale région de production de la cochenille. Ce sera e but principal de mon voyage. Je nourris beaucoup d’espoir concernant la visite de ce musée.

J’espère pouvoir y voir ce que je n’ai pas vu encore, la culture et la récolte.

Au Mexique, il y a aussi de l’indigo

L’indigo est une teinture avec un procédé bien spécial pour obtenir du bleu. On l’extrait d’un certain nombre de plantes, selon les lieux.

Le climat du Mexique permet la culture de l’Indigo suffructosa, une plante tropicale dont les feuilles possède une grande proportion d’indigo.

Je pense que j’ai beaucoup à apprendre au Mexique sur cette teinture qui me passionne.


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Ecoprint, kesako? et pourquoi?

Ecoprint – Article mis à jour le 14 octobre 2022
À partir du 11 novembre 2022 au Chili, retour prévu en Europe au printemps 2023
Organisons donc des ateliers! C’est facile
Voulez-vous ecoprinter votre jardin? Nous le faisons…

Ecoprint sur lin, impression de feuilles et fleurs
Ecoprint sur lin, impression de feuilles et fleurs

Ecoprint, kezako? Je reviens sur cet article que j’ai publié au tout début de la création de ce blog. C’est un sujet important, et vous avez donc droit à une toute nouvelle version qui va se compléter au fur et à mesure de mes nouvelles expériences.

Pourquoi ecoprint

L’ecoprint n’est pas un “machin” ou “nouveau truc” pour “reverdir” la teinture. Le “greenwashing“, ce n’est pas mon genre.

C’est une technique très économe en matières tinctoriales, quelques feuilles bien choisies suffisent. Alors que normalement, il faut 3 kg de plantes pour 1 kg de fibres, et une très grande casserole et donc plus de combustible.

C’est une teinture locale, qui varie selon les saisons, un instantané du lieu.

D’autre part, cela permet de changer l’allure d’une manière unique de n’importe quel vêtement usagé, de fibres naturelles, bien sûr. Une nouvelle forme de recyclage.

Depuis mon retour de Madagascar et mon voyage au Brésil, j’ai eu de nouvelles expériences d’ecoprint et je tiens à vous les présenter maintenant.

L’ecoprint, quelle magie!

Un peu de théorie sur cette technique

L’ecoprint est une technique développée par un groupe de designers australiennes à la tête desquelles se trouvent India Flint, Susan Fell McLean et le groupe Gondwana textiles… J’espère bien pouvoir aller visiter leurs ateliers lors de mon tour du monde…

C’est plutôt une impression qu’une teinture… Le végétal s’imprime essentiellement en surface.

Selon les méthodes et l’épaisseur du support, les empreintes végétales apparaîtront sur une ou deux face, ou éventuellement se répéteront en s’affaiblissant. Les deux faces des feuilles donnent des résultats différents.

Ecoprint sur coton, à Talata, Madagascar

Cette technique n’utilise que peu de matériaux végétaux, étalés sur la toile, ou éventuellement sur papier ou carton (c’est aussi possible), enroulés serrés, se mettent à tremper pendant quelques jours, avec ou sans mordants, puis éventuellement chauffés et enfin déballés, laissent différentes empreintes.

On peut obtenir des dessins naturels d’une très grande finesse.

Ecoprint à Talata, Madagascar, les traits fins sont des aiguilles de pins australiens
Ecoprint à Talata, Madagascar, les traits fins sont des aiguilles de pins australiens

Premiers essais à Santa Fe – Argentina

Nous avons avons fait les premiers essais d’ecoprint, sans grand succès, lors d’une formation que j’avais donnée au Centre Culturel “La Esquina Encendida“. Sans doute le rouleau n’avait pas été assez serré et qu’il n’a pas trempé assez longtemps.

Les tutoriels sur internet ne donnent pas toujours tous les détails, et ceux-ci peuvent être très importants.

Premier test d'ecoprint sur feutre au Centre Culturel "La esquina Encendida" Santa Fe - Argentine
Premier test d’ecoprint sur feutre au Centre Culturel “La esquina Encendida” Santa Fe – Argentine

Lors d’une seconde formation donnée à Santa Fe, à La Redonda, cette fois, il y avait deux participantes qui pratiquaient déjà couramment cette technique.

Tee-shirt teint en ecoprint par cette dame de Santa Fe - Argentine
Tee-shirt teint en ecoprint par cette dame de Santa Fe – Argentine

Mais ce qui a retenu le plus l’attention du groupe a été une technique assez proche, qui se travaille à froid, avec un marteau à carreler.

Technique au marteau qui a eu beaucoup de succès
Technique au marteau qui a eu beaucoup de succès

Les feuilles fraîches sont glissées entre deux toiles de fibres naturelles, on martèle, puis on enlève les feuilles, on fait tremper les toiles dans un bain de soupe de clous” (vieux clous + vinaigre = acétate de fer) qui révèle les tanins. Puis, on lave et on rince.

Et voici le résultat
Et voici le résultat

Ecoprint à Madagascar

L’effet est très délicat. Nous avons pratiqué l’ecoprint avec Monsieur Hilaire à Talata, Madagascar. Cette technique nécessite de la patience mais peu de moyens.

India Flint, la précurseur de cette méthode de teinture, raconte dans un de ses livres, qu’elle voyage partout avec sa casserole électrique et des échantillons de textiles naturels, qu’elle teste juste après sa récolte en se promenant dans les rues.

Malgré sa petite taille, la "fetapera" permet de chauffer des casseroles relativement grandes avec très peu de combustible, ici du charbon de bambou...
Malgré sa petite taille, la “fetapera” permet de chauffer des casseroles relativement grandes avec très peu de combustible, ici du charbon de bambou à Antananarivo (Madagascar)…

A Talata, nous n’avons utilisé qu’une grande casserole et un petit réchaud traditionnel malgache (fatapera), avec du charbon de bois. Ce petit réchaud est très économique à l’usage et est très léger, fait en tôle recyclée. Je n’ai pas pu résister, je m’en suis achetée un. Chaque pièce teinte est unique, comme chaque feuille l’est dans la nature. C’est la magie de l’ecoprint. Tout doit être testé. Que de surprises!

Premières écharpes de soie teinte en ecoprint à Talata
Premières écharpes de soie teinte en ecoprint à Talata

Certaines feuilles donnent des résultats plus intéressants que les pétales de fleurs. Mais on peut retenir les fleurs d’oeillets d’Inde et de Cosmos Sulfureus (orange), nous avons testés les autres cosmos roses qui infestent les champs, sans résultat. J’ai beaucoup aimé la finesse des aiguilles de pin australiens et les fougères. Les feuilles de rosier et d’eucalyptus ont beaucoup plus à M. Hilaire.

À la suite de cette expérience à Talata Madagascar, j’ai préparé une présentation détaillant tout ce que nous avons fait en presque 15 jours. Cette présentation sera bientôt disponible en téléchargement quand je trouverai la solution informatique.

Atelier Ecoprint à La Chapelle Blanche Saint Martin – France

Après mon retour de Madagascar, j’ai rencontré à Loches, une tisserande qui a organisé une petite formation sur le thème de l’ecoprint avec 6 autres personnes à La Chapelle Blanche Saint Martin (Indre et Loire – France) à l’élevage de Chèvres Mohair et Atelier de Brigitte, le dimanche 27 août 2017. J’ai d’ailleurs préparé une autre présentation sur cette journée qui a été très intéressante.

Très joli effet obtenu avec de petites racines de garance
Très joli effet obtenu avec de petites racines de garance

Ecoprint à Andacollo – Chili

Puis en février 2018, je suis allée donner un cours privé à un couple, près de La Serena, à 400 km au Nord de Santiago du Chili, ou après avoir teint de nombreuses laines et rubans de laine cardées avec les plantes de la propriété, nous avons estampé une écharpe de soie malgache (de Monsieur Hilaire) en ecoprint. Le résultat a beaucoup plu.

Solange avec sa première écharpe de soie en ecoprint
Solange avec sa première écharpe de soie en ecoprint

J’attends des nouvelles de mon amie qui doit lancer prochainement sa marque de vêtements et accessoires en fibres naturelles…

Au Chili, j’ai tissé un chemin de table avec le métier Tissanova et préparé quelques écharpes en laine feutré que je vais teindre en ecoprint, prochainement.

ecoprint sur laine
Déroulage de l’ecoprint sur laine, à Gletterens, Suisse

Récemment, en novembre 2019, nous avons faits de nouveaux tests, sans mordants (l’alun avait disparu de la maison), nous avons utilisés les tanins des écorces de grenades comme mordant.

Ecoprint à Andacollo, bain d'écorces de grenades, un peu de cochenille, feuilles d'eucalyptus, de noyer, et d'avocats, sur soie de Monsieur Hilaire
Ecoprint à Andacollo, bain d’écorces de grenades, un peu de cochenille, feuilles d’eucalyptus, de noyer, d’avocats, un peu de lacq dye, sur soie de Monsieur Hilaire

Ecoprint à Cajamarca, Pérou

Lors de mon dernier voyage au Pérou, j’ai rencontré un couple d’artisans à Cajamarca et nous avons fait un petit essai, sur coton.

Segundo est tisserand sur métier à pédales, il perpétue les points traditionnels péruviens et il est aussi professeur de tissage et de teinture.

Qu’avons nous fait ?

J’ai acheté un morceau de toile de coton léger, nous l’avons découpé en bandes. Nous les avons fait bouillir avec de la lessive, pour enlever l’apprêt, vu qu’il s’agissait d’une toile neuve.

Toutes les toiles neuves sont impregnées de nombreuses substances, d’abord pour faciliter la filature et le tissage, puis pour une meilleure tenue du tissu et éventuellement pour imperméabiliser ou apporter d’autres propriétés… Ces apprêts chimiques rendent plus difficile la teinture. Le débouillissage est donc absolument nécessaire.

Puis, nous avons présenté les plantes (schinus molle, sauge, et une plante de couleur pourpre qui avait attiré l’attention de mon ami…). Ces plantes sont disponibles en pleine ville. Nous avons trempé certaines plantes dans un bain de sulfate de cuivre et d’autres dans un bain de pierre d’alun. Nous n’avions pas de sulfate de fer, ni de “soupe de clous“.

Essai d'ecoprint sur coton avec Segundo à Cajamarca - Pérou
Essai d’ecoprint sur coton avec Segundo à Cajamarca – Pérou

Nous avons fait les petits rouleaux d’ecoprint et les avons laissé tremper jusqu’au lendemain.

Alors, nous les avons fait bouillir dans une casserole en aluminium que mes amis utilisent pour teindre. Le lendemain, nous avons défait les rouleaux, enlevé les plantes et rincé les toiles.

On déroule les rouleaux
On déroule les rouleaux

Résultat

Le résultat n’a pas été merveilleux, mais on voyait tout de même les feuilles de schinus molle imprimées en jaune. Peut-être aurions-nous dû faire sécher les toiles avant de préparer les rouleaux? Ou bien laisser tremper une nuit avant de faire chauffer.

Je préfère, en général, utiliser les vieilles feuilles, parfois blessées, trouées, dévorées par les insectes ou les limaces. Elles auront certainement plus de tanins et manqueront moins à la plantes que les jeunes pousses gorgées de sève.

Comme toujours. la saison de récolte influence le résultat.

Le coton est toujours plus difficile à teindre que la soie ou la laine. Peut-être que la toile n’était pas 100% naturelle. Les toiles de fibres naturelles pures deviennent rares.

Ecoprint au Brésil

Je suis partie pour le Brésil à l’aventure, je n’ai donc pris que peu de bagages.

J’ai alors acheté des vêtements d’occasion en coton qui m’ont servis de matière première pour mes essais.

Préparation d'ecoprint très fleurie de mon amie Iafa au Brésil
Préparation d’ecoprint très fleurie de mon amie Iafa au Brésil

Mon amie Iafa était très tentée par les fleurs multicolores, il y en a de vraiment très belles et partout. Je l’ai laissée faire. Le résultat était un peu pâle et s’est malheureusement décoloré au bout d’à peine quelques jours, bien que le vêtement avait séché à l’ombre.

Ecoprint fleuri de Iafa, pratiquement tout a disparu lors du séchage, pourtant à l'ombre
Ecoprint fleuri de Iafa, pratiquement tout a disparu lors du séchage, pourtant à l’ombre

Nous avons testé l’eau de mer, l’eau de la rivière, enterré des rouleaux sous le sable humide, d’autres dans une serre improvisés qui attiraient l’attention d’Ureba, le vautour apprivoisé très joueur… Beaucoup d’expériences…

Nous avons travaillé avec des fibres végétales, vêtements de seconde main, en coton généralement. On pouvait donc considérer que les apprêts avaient dû avoir été éliminés lors des lavages précédents. Cela explique peut-être les résultats un peu décevants à côté des expériences sur soie.

Ce qui a donné les meilleurs résultats ont été les feuilles de goyavier, de framboisiers, de fougères…

Et les ecoprint sèchent...
Et les ecoprint sèchent…

Les grosses taches rosées proviennent de tranches d’une patate douce non comestible, mais médicinale, utilisée comme antifongique.

Ecoprint en Suisse

J’ai recommencé en Suisse au Village Lacustre de Gletterens. Dans mon article consacré à cette expérience, vous pourrez voir des ecoprint pour personnaliser de vieux vêtements.

Ce vieux tee-shirt a repris vie
Ce vieux tee-shirt a repris vie

Dernières expériences

Lors des derniers mois, j’ai accumulé les vieux draps, vêtements d’occasion en coton et lin, vieille toile de matelas et même quelques coupons de soie.

Drap 2 places teint en ecoprint
J’ai appris à travailler sur de grandes dimensions; voici un drap 2 places, qui sera bientôt un rideau

Même la toile d’un matelas y est passé

ecoprint sur toile à matelas
Monique m’aide pour cette toile de matelas en ecoprint

Ils seront bientôt convertit en sacs…

découpe des ecoprint pour faire des sacs
Découpe des ecoprint pour faire des sacs

J’ai testé de nouvelles techniques de pliage.

nouveau pliage ecoprint
Ce coupon de soie recevra un nouveau type de pliage

Résultat sur un coupon de soie

ecoprint sur soie
L’ecoprint sur soie est entrain de sécher

Quand je suis allée passer mon diplôme en VAE, à Paris, je n’ai pas pu visiter de musées pour cause de virus. Quel dommage! Alors, je me suis acheté deux coupons de soie.

Si vous cherchez des toiles bio, voici un contact pour commander par internet.

Ecoprint sur os

De retour à Gletterens, cet ´eté, j’ai découvert un livre de teintures naturelles, en allemand, qui proposait de faire de l’écoprint sur ciment.

J’ai testé sur du bois et sur des galets avec un résultat plutôt mitigé.

Mais, comme l’os était une matière première très appréciée dans les temps anciens, j’ai eu l’idée de faire quelques tests sur de l’os.

La feuille avait un peu glissé lors de l'emballage, mais l'ecoprint est bien là
La feuille avait un peu glissé lors de l’emballage, mais l’ecoprint est bien là

Puis, j’ai demandé à Éric d’Archeoshop qui venait au Rassemblement Préhistorique de me ramener quelques gros os pour faire des tests.

Belle caisse d'os attendant des ecoprint
Belle caisse d’os attendant des ecoprint
Préparation d'un ecoprint sur tibia de bovin
Préparation d’un ecoprint sur tibia de bovin
Déballage de cet ecoprint après cuisson
Déballage de cet ecoprint après cuisson
Ecoprint sur os
Ecoprint sur os

Je suis repassée au Village Lacustre de Glettterens quelques mois après, un ´echantillon de ces écoprint sur os était resté à l’intempérie et ne montrait pas de marques de détérioration.

Tour du monde des teintures

Lors de mes prochains voyages, j’espère bien pouvoir avoir de nouvelles expériences avec cette technique. Je ne manquerai pas l’occasion de vous en parler. Cet article devrait donc être suivi régulièrement pour être au courant des nouveautés.

Elle reflète parfaitement la végétation locale dont elle révèle toute la richesse parfois cachée et s’adapte facilement, car elle ne nécessite que peu de matériel.

Chaque pièce est unique, comme chaque feuille, écorce, racine… ces végétaux ne peux pas être réutilisés, sauf en compost.

Comme, vous avez pu le voir, cette technique ne nécessite que très peu de matériel. On peut la combiner avec des techniques de shibori. Elle est très versatile et permet de découvrir les couleurs que peut donner n’importe quelle plante.

Voici, un vrai plaisir, un élément à développer dans mon Ikigai et peut-être dans le vôtre aussi.

Les mordants, cela ne mord pas!

/// Les mordants, cela ne mord pas ///
Article créé le 22 juillet 2017, mis à jour le 31 mars 2024
Retour au Chili le 15 novembre 2024
Organisons donc des ateliers! C’est facile
+33 7 69 905 352 ou +56 9 764 449 78 (whatsapp, telegram et signal) – publicobre2000@yahoo.es
Plusieurs nouveaux articles sont en cours de rédaction et seront bientôt publiés.

Nouveau site complémentaire en espagnol, pour découvrir de nouvelles expériences: www.lanitando.com

Préparation du mordançage à l’alun lors du premier atelier à La Redonda, Santa Fe, Argentina

Que sont les mordants?

Les mordants sont des produits que l’on ajoute à la teinture, soit avant de teindre (prémordançage), pendant la teinture, ou après (postmordançage) pour assurer la solidité de la teinture.

Cette gamme de couleur doit  beaucoup aux mordants. Village Lacustre de Gletterens, Suisse
Cette gamme de couleur doit beaucoup aux mordants. Village Lacustre de Gletterens, Suisse

En général, ce processus modifie la couleur. Cependant, il est souvent indispensable pour fixer la couleur en provocant des réactions chimiques qui unissent les colorants à la fibre.

L’emploi des mordants n’est cependant pas systématique.

Certaines plantes peuvent colorer sans teindre définitivement (betterave rouge, plantes à anthocyane…). Dans ce cas, les mordants ne sont d’aucun secours. Ces teintures peuvent servir en alimentaire ou en cosmétiques, mais certainement pas pour les textiles.

Un peu d’histoire des mordants

Des tablettes sumériennes, écrite en cunéiforme, mentionne déjà des recettes de teinture avec notamment l’emploi d’alun.

En outre, déjà au XIIIème siècle, à Gênes et à Venise, en Italie des règlements classifiaient les plantes tinctoriales et faisaient la distinction entre plantes grand teint et plantes petit teint.

Au XVIIIème siècle, de nombreux chercheurs teinturiers et chimistes de renom ont fait des recherches pour améliorer la solidité des teintures et innover en ce qui concerne les mordants. Ils ont préparé des nuanciers très détaillés avec des échantillons. Domique Cardon en parle dans ses livres. Elle vient d’en publier un nouveau.

Voici le dernier livre de Dominique Cardon, j'attends avec impatience de pouvoir le lire, les mordants y joueront certainement un rôle important
Voici le dernier livre de Dominique Cardon, j’attends avec impatience de pouvoir le lire, les mordants y joueront certainement un rôle important

Prémordançage

Le prémordançage consiste à faire bouillir quelques heures les fibres avec le mordant, avant de les mettre dans le bain de teinture, si possible encore humides. Cette pratique permet d’attirer les fines particules de colorants naturels vers l’intérieur de la fibre où elles se fixent solidement.

Cette étape est donc cruciale. Donc, elle ne doit pas être prise à la légère pour une bonne formation et un bon résultat. C’est un temps de travail que l’on ne peut pas éliminer pour faire un cours en 3 heures1, le rêve de beaucoup. Tout n’est heureusement pas instagramable!

Il ne faut pas oublier d’éviter les chocs thermiques pour les laines. En effet, si l’eau vient à manquer dans la casserole lors du mordançage ou de la teinture, il faut rajouter de l’eau bouillante.

Découvrons les différents mordants

Les mordants sont des sels minéraux qui modifient le pH du bain de teinture:

  • alun de potassium
  • sulfate de fer
  • sulfate de cuivre
  • crème de tartre
  • oxalate de titane

D’abord l’alun

L’alun est un sulfate double d’aluminium et de potassium. Cela ressemble vaguement à  des cristaux de sel. Ce produit est très largement utilisé comme antifloculant dans la potabilisation de l’eau.

Il est connu comme désodorant, cependant je ne le conseillerai pas pour cet usage, vu que l’aluminium semble être impliqué dans de nombreuses maladies. Il était anciennement utilisé au Chili par les militaires pour faire baisser l’ardeur sexuelle de leurs recrues.

Préparation d'un bain de mordant d'alun à Gletterens, Suisse
Préparation d’un bain de mordant d’alun à Gletterens, Suisse

Pourquoi mordancer?

Le mordançage à l’alun est incontournable car il fait apparaître beaucoup de tons jaunes qui sinon resteraient cachés ou très pâles. Il est indispensable pour la cochenille qui ne se maintiendrait pas sans cela.

Si la couleur obtenue n’est pas à notre goût, il est toujours temps de faire un post-mordançage, en ajoutant un peu de mordant ou un modificateur à la fin de la teinture. En teinture naturelle, rien n’est définitif.

Michel Garcia fait de nombreuses démonstrations des gammes de couleurs que l’on peut obtenir grâce aux mordants, en faisant varier leurs proportions, en les mélangeant. Ses DVD sont passionnants. Je ne touche pas de commissions, mais ils méritent vraiment que je les recommande.

Nous avons appliqué ces techniques lors d’un atelier que j’ai dirigé à La Redonda, Santa Fe, Argentine.

Préparation des mordants dilués pour peindre
Préparation des mordants dilués pour peindre

Si la laine, la soie et les fibres protéiques ne donnent souvent pas l’impression que le mordançage soit nécessaire (au détriment de la solidité – c’est souvent très trompeur). Cependant, il devient absolument indispensable dans le cas des fibres cellulosiques (végétales) qui attrapent beaucoup moins facilement les couleurs. Sauf cas des tanins qui agissent comme des mordants.

Précautions

J’insiste sur le fait qu’il ne faut surtout pas oublier de laver soigneusement les fibres avant le mordançage. En outre, il faut aussi débouillir les fibres végétales, en les faisant bouillir assez longuement avec du savon. Puis bien rincer.

Il s’agit d’éliminer les graisses d’ensimage utilisées lors de la filature et aussi les différents apprêts et charges appliqués lors du tissage et de la mise en forme industriels de la toile. Lors de ces étapes sont souvent appliqués des huiles, sucres, amidons, plâtres, craie, azurants… soit pour faciliter le tissage, soit pour donner la tenue à la toile, ou pour la blanchir. Si ces ajoûts ne sont pas éliminés, ils attireront les mordants et les teintures et ces derniers partiront au fur et à mesure des lavages (parfois, même d`es le premier lavage) en emportant les colorants.

Éliminer cette étape nuirait gravement à la qualité et à la solidité de la teinture.

Un peu d’histoire

L’alun naturel a été exploité depuis la très haute antiquité, notamment en Egypte où des gisements naturel de minerai d’alun étaient exploités en plein désert (Voir Dominique Cardon). Il semblerait que la recherche du maintien de l’accès aux sources de l’alun (situées à l’époque en Orient) ait été une des raisons économiques des grandes croisades. Par la suite, on a découvert des gisements dans une zone volcanique près de Naples, en Italie. Cet alun s’appelait « l’alun du Pape« .

Le fer

Nous avons trois solutions: une rapide, une plus économique et une plus difficile d’accès pour ceux qui connaissent leur terroir.

Certaines eaux sont riches en fer, comme d’autres peuvent l’être en calcaire. Cela explique que certaines couleurs sortent plus vives à certains endroits. On trouve ici une des raisons de la recommandation d’utiliser, si possible, des eaux de pluie pour teindre.

Sulfate de fer

Le sulfate de fer s’achète en quincaillerie ou en jardinerie. On l’utilise notamment contre les limaces et les mousses. Ce sont des cristaux vert clair.

On doit en utiliser très peu, en principe moins de 3% du poids des fibres.

Il s’utilise le plus souvent en post-mordançage. Il obscurcit très rapidement les couleurs en les faisant virer généralement vers les gris et les verts bronze ou olive. La cochenille passe du rose-rouge au violet, elle est très sensible au fer.

Le changement de couleur est irréversible. Si l’on a des doutes, mieux vaut faire le test sur un échantillon.

Si l’on travaille avec un récipient en fer, le mordançage se fera automatiquement, mais peut-être irrégulièrement.

Cependant, il faut rincer abondamment les fibres après mordançage au fer, car le fer rend les fibres rêches et les fragilise. De nombreux textiles historiques mordancés au fer posent des casse-têtes aux archéologues et aux restaurateurs.

Dans les recettes anciennes, on l’appelle « couperose verte » ou « vitriol vert« . C’était très utilisé dans les encres pour les manuscrits.

Soupe de clous

La Soupe de Clous est une alternative un peu plus douce. Il s’agit en fait d’acétate de fer.

C’est très simple, on fait tremper de la ferraille, de vieux clous, dans du vinaigre (acide acétique) dans un récipient non fermé. La reáction dégage des petites bulles d’hydrogène. Après quelques jours, on récupère le jus pour mordancer.

Seau de soupe de clous. lors d'un atelier à Santa Fe, Argentine
Seau de soupe de clous. lors d’un atelier à Santa Fe, Argentine

Je l’utilise souvent en ecoprint.

Ecoprint sur laine, à Falaise, Normandie, France - Les mordants font ressortir les formes et contours des feuilles
Ecoprint sur laine, à Falaise, Normandie, France – Les mordants font ressortir les formes et contours des feuilles
Une autre application de la réaction des tanins avec le fer, ici sur du cuir tanné avec des végétaux
Une autre application de la réaction des tanins avec le fer, ici sur du cuir tanné avec des végétaux

Boues ferrugineuses

Autre solution, plus douce, mais sans doute plus difficile à trouver, utiliser des boues de sources en forêt qui combinent des sels de fer et des tanins provenant des déchets des arbres.

Ici, au Festival Yelen, les enfants découvrent le bogolan africain
Ici, au Festival Yelen, les enfants découvrent le bogolan africain

Ces boues sont encore couramment utilisées par les femmes qui filent la laine dans le sud du Chili. En Afrique, elles sont indispensables aux bogolans.

Certaines eaux naturellement chargées en fer modifieront aussi les teintes obtenues.

Activité

Cet enfant pratique cette technique en peignant avec de l'argile additionnée de soupe de clous sur une toile qui est passée dans un bain d'écorces d'arbres riches en tanins qui jouent le rôle de mordant
Cet enfant pratique cette technique en peignant avec de l’argile additionnée de soupe de clous sur une toile qui est passée dans un bain d’écorces d’arbres riches en tanins qui jouent le rôle de mordant

Le cuivre

Encore un sulfate, celui-ci est encore toléré en agriculture, même bio. C’est l’un des composants de la fameuse bouillie bordelaise.

Le sulfate de cuivre s’utilise aussi comme anti-algue pour les piscines et pour des traitement du bois.

On peut donc l’acheter en quincaillerie ou en jardinerie.

Ce sont de très jolis cristaux bleu, qui perdent leur couleur quand on les dilue dans l’eau.

Comme tous les dérivés du cuivre, ce produit est toxique et de nombreux teinturiers ne veulent plus l’utiliser. D’ailleurs, selon mes expériences, il ne fonctionne pas toujours.

Si l’on travaille avec un récipient en cuivre, le mordançage se fera automatiquement comme pour le fer.

C’est plutôt un modificateur, car il verdit les jaunes, les beiges et grise la cochenille.

Dans les vieilles recettes, il est appelé « couperose bleue » ou « vitriol bleu« .

L’oxalate de titane

C’est la grande nouveauté!

Je l’ai découvert en regardant le troisième DVD de Michel Garcia. Il permet d’obtenir de très beaux orangés avec les tanins.

J’ai récemment eu l’occasion de le tester, c’est vraiment très beau. J’en suis très contente. Je vous le recommande chaudement.

Mordants oxalate
Application d’oxalate de titane sur un écheveau de laine
Les feuilles orangées mettent en évidence l'oxalate de titane
Les feuilles orangées mettent en évidence l’oxalate de titane
Illustration de la variété des mordants
Illustration de la variété des mordants

La crème de tartre

La crème de tartre s’utilise en très petites quantités pour rectifier l’eau du bain qui peut être très calcaire (ce qui nuit à la teinture) et elle permet aussi d’empêcher l’alun de précipiter au fonds de la casserole et de cristaliser sur les fibres, ce qui les détériore.

En outre, la crème de tartre est inoffensive, elle était extraite des fonds de tonneaux de vin. Elle est actuellement utilisée en pâtisserie. Unie au bicarbonate, c’est l’un des composants de la levure chimique. Je l’achète dans les boutiques de produits pour pâtissiers.

S’utilise en très petites quantités, en particulier pour la cochenille.

Mordants - Ajout de crème de tartre
Mordants – Ajout de crème de tartre dans un bain de cochenille
Mordants - Ajout de crème de tartre dans un  bain de cochenille - Résultat
Mordants – Ajout de crème de tartre dans un bain de cochenille – Résultat; le bain rouge crème de tartre – le bain violet sulfate de fer

Les autres mordants chimiques

Anciennement étaient abondamment utilisés aussi:

  • le bichromate de potassium pour le noir de bois de Campêche, notamment. C’est un produit photosensible, utilisé pour les résines jaunes pour préparer les cadres de sérigraphie. Il faut donc garder les fibres mordanc´ees au chrome à l’abris de la lumière. Il rend les fibres rèches et cassantes. Le chrome est cancérigène.
  • le chlorure d’étain pour les rouges orangés de cochenille, il est très onéreux. Il servait anciennement pour la fabrication des miroirs. Primo Levi en parle dans l’une de ses nouvelles.
  • des sels d’arsenic, de plomb…

Tous ces produits sont bien sûr à bannir pour leur toxicité. D’ailleurs l’aluminium (de l’alun) et le cuivre ne sont pas sans danger. Le fer est à employer avec parcimonie car il rend les fibres rêches et elles se dégradent avec le temps.

Mordants naturels, mordant d’avenir

Les tanins

Ces mordants ne sont pas nécessaires avec les plantes qui contiennent des tanins, beaucoup de feuilles, d’écorces d’arbre, les fruits pas mûrs, les rumex, l’écorce de grenade, le brou de noix, les noix de galles, les pelures d’oignons…

Noix de galles, un concentré de tanins
Noix de galles, un concentré de tanins, elles sont très légères

Récemment, j’ai fait un test chez une amie, l’alun avait mystérieusement disparu, nous avons ramassé les écorces de grenades sous ses arbres et nous les avons utilisées comme source de tanins.

Mordants naturels tanins de grenades
Mordants naturels, tanins de grenades

Certains parlent des épluchures de bananes. C’est assez économique, encore qu’il vaut mieux chercher des bananes bio quand on sait la quantité de pesticides utilisés dans la culture de ce fruit. Je n’ai pas de photo à vous montrer car je n’ai pas encore testé.

Plantes bioaccumulatrices

Il existe aussi des plantes à mordants, en général des plantes bioaccumulatrices qui récupèrent l’aluminium des sols: lycopodes (rare en Europe, lycopodium clavata, miconia argentea, qui poussent sur des sols acides), simplocos (feuilles), camélia (même le thé), le vinaigre de pommes est connu pour être plus chargé en aluminum…

À Puerto Montt, j’ai souvent teint au vinaigre de pommes, résultat de « chicha« , cidre qui avait viré… J’avais ramené plusieurs bonbonnes de 5 litres d’une visite chez une amie à l’île Maillen.

Coucher de soleil à l'île Maillen
Coucher de soleil à l’île Maillen

Il faut bien sûr utiliser une plus grande proportion de ces plantes (en général parties égales) pour obtenir l’équivalent d’un mordançage à l’alun. Mais, la solidité de la teinture est bien meilleure.

Celestina Stramigioli mentionne dans ses livres l’utilisation des cendres de certaines plantes notamment des cactus. Elle décrit les techniques anciennes encore utilisées par des femmes de zones très rurales d’Argentine où l’alun est rare et cher. Il est à noter que l’opération a une importance telle, que ces femmes ont inventé un terme spécifique pour cette opération.

Essai de post-mordançage avec les cendres

Dans de nombreux endroits, notamment dans le sud du Chili, beaucoup de teinturières utilisent encore régulièrement des sources de boues qui contiennent sans doute du fer et d’autres minéraux (c’est une zone volcanique et les volcans relachent de grandes quantités de minéraux, des plus nobles aux plus dangereux).

Les modificateurs

Outre les cendres, de nombreuses traditions populaires utilisent le vinaigre, le jus de citron (qui peuvent renforcer l’action des tanins ou éclaircir les couleurs), l’amoniac, le bicarbonate, la soude, mais aussi l’urine, à mon avis ce sont plutôt des modificateurs  et nous les avons testés, lors des deux ateliers à Santa Fe, Argentine, puis plus en détail, lors de la formation à Pica (Chili) où j’ai préparé une série de fiches qui m’ont été très utiles par la suite.

Fiche de modificateurs et mordants
Fiche de modificateurs et mordants

Les plantes qui ne nécessitent pas de mordants

Dans beaucoup d’endroit où l’alun n’est pas disponible ou trop cher, on a recours à des mélanges de plantes qui apportent soit des tanins, soit des sels d’aluminium. Ces méthodes me paraissent plus écologiques. Elles nécessitent une bonne connaissance des plantes.

Un certain nombre de plantes (en général à tanins) ne nécessitent pas de mordants :

  • noyer (feuilles, brou, écorces…)
  • écorces d’arbre en général
  • sciures de bois
  • feuilles gallées ou attaquées par des insectes
  • peaux d’oignons, épluchures et noyaux d’avocats
  • glands, fruits d’aulnes
  • noyaux de fruits (pêches, mangues,  abricots, avocats…), coquilles de noix, noisettes, amandes, bogues de châtaignes et de marrons…
  • rumex
  • feuilles de chênes, chataigniers, marroniers, avocatiers…

Plantes à teinture substantive

Il existe quelques teintures dites “substantives” qui ne contiennent pas de tanins mais ne nécessitent pas de mordants.

Par exemple: le curcuma. Il n’est malheureusement pas stable à la lumière, ni aux acides et aux produits alcalins. C’est un cas typique de “petit teint“.

Indigo

La teinture à l’indigo est un procédé bien spécial et ne necessite pas de mordants.

Si l’on veut combiner un bain d’indigo avec un bain de jaune, pour obtenir un vert franc, on doit cependant mordancer le bain de jaune pour qu’il se fixe correctement. Il en est de même pour les combinaison avec des bains de rouge de garance ou de cochenille.

Solidité

Pour vérifier la solidité d’une teinture à la lumière:

  • Enrouler un morceau de fil teint (en faisant plusieurs tours) sur un carton,
  • En protéger la moitié avec un morceau de carton noir, bien fixé,
  • Exposer au soleil plusieurs jours, si possible un mois, ou à une lumière à rayons ultraviolets pendant quelques heures,
  • A la fin de l’expérience, défaire la protection et comparer les résultats

Conclusion

Le mordançage est donc un processus très important dans la teinture, bien qu’il ne semble pas toujours visible. Tous les bons livres de teintures naturelles y consacrent de nombreuses pages avant de présenter les recettes, il ne faut donc surtout pas négliger cette étape.

Il ne faut donc pas oublier que toute bonne formation en teintures naturelles doit donner une grande importance à cette étape indispensable bien que peu visible.

  1. Je ne donne pas ce genre de cours, trop superficiel et trompeur. Mes cours doivent comprendre au moins 5 jours pour bien explorer tous les détails qui permettent d’obtenir de bonnes teintures. ↩︎

Teindre avec des plantes?

Teindre avec des plantes – Article mis à jour le 24 janvier 2020
Prochain retour en France du 25 février au 12 novembre
Organisons donc des ateliers! C’est facile

Cet article est un des premiers de ce blog, c’est comme un apéritif, comme chaque étape doit être commentée assez longuement. Ces techniques sont commentées en détails dans différents articles. Il s’agit là du tronc de l’arbre. Je vous invite à en connaître aussi les racines, les branches, les fleurs et les fruits… Et à côté de cet arbre, il peut y avoir une forêt…

Casseroles de teintures, quand je faisais mes premiers pas en teinture avec des plantes, à Longotoma, près de La Ligua, centre du Chili.
Casseroles de teintures, quand je faisais mes premiers pas en teinture avec des plantes, à Longotoma, près de La Ligua, centre du Chili.

Comment obtenir les plantes ?

Les plantes, cela peut paraître rare quand on vit en ville, cela peut sembler un peu compliqué, mais il y a toujours des solutions. En regardant bien, on finit par en trouver partout. Il suffit de chercher un peu. Nous pouvons trouver des plantes à teindre, même dans des régions désertiques. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller dans des zones polaires, mais même dans ces conditions difficiles, les hommes ont trouvé des teintures…

Selon le type de plantes on va plutôt utiliser une partie qu’une autre. Pour certaines plantes la partie la plus intéressante sera la racine (par exemple la garance et les rubiacées). Dans ce cas-là, il est impératif de ne pas choisir une plante rare, car sans racines la plante risque de mourir.

Il ne s’agit pas d’exterminer des plantes pour teindre naturellement, ce serait absurde!

La culture des tinctoriales

C’est la raison pour laquelle la garance était cultivée en très grandes quantités jusqu’à l’apparition de l’alizarine artificielle. D’autant plus que celle-ci ne donne le maximum de pigments qu’à partir de la cinquième année.

Plante de garance
Plante de garance

La gaude couvrait des milliers d’hectares pour la teinture en jaune, bien que de nombreuses plantes sauvages en donnent aussi. Le pastel, plante à indigo européenne, a permis la création de très nombreuses fortunes.

Les plantes sauvages

Pas toujours besoin d’aller à la campagne pour trouver des plantes tinctoriales, de nombreuses “mauvaise herbes“, souvent méconnues, parfois invasives, peuvent nous être utiles…

Ainsi, en ville, la renouée du Japon, le buddleia, le plantin, l’érigeron du Canada… peuvent nous servir. Il suffit parfois de tester pour faire de grandes découvertes…

Plante de fougère
Plante de fougère

En forêt, la fougère peut être très intéressante, surtout en ecoprint.

Les écorces sont souvent intéressantes car elles contiennent en général des tanins qui sont toujours utiles. Cependant, il ne faut pas oublier qu’arracher l’écorce à un arbre le fait souffrir, l’affaiblit et peut le mettre en danger. Mieux vaut profiter des écorces déjà tombées, ou celles qui se détachent toutes seules, comme celles de l’eucalyptus qui donnent de très bons résultats.

Des déchets

Pour beaucoup de plantes, on peut utiliser les feuilles (même et surtout mortes), pour d’autres les fleurs ou éventuellement seulement les pétales (tournesol, par exemple, récolter les pétales au fur et à mesure qu’ils sèchent n’empêche pas qu’il produise des graines). Mais les fleurs sont longues à récolter, il en faut beaucoup (3 fois le poids des fibres) et le résultat peut être parfois décevant, même en ecoprint.

On peut aussi utiliser de la sciure, en général, les bois contiennent des tanins et on peut obtenir de très agréables surprises.

L’idéal est donc d’utiliser la biomasse due aux tailles, élagages et arrachages. Les déchets des jardiniers qui ne compostent pas sont très utiles. Nous avons travaillé avec beaucoup de ces déchets, trouvés souvent dans la rue en pleine ville à La Redonda, à Santa Fe, Argentine. En plein centre d’Iquique (ville en plein désert), j’avais ainsi essayé le Bougainvillier qu’avait taillé un voisin, cela m’a donné du jaune.

Il faut aussi voir les déchets de légumes, on peut en obtenir de grandes quantités à la fin des marchés, chez les marchands de légumes ou même auprès des restaurant. On peut ainsi récupérer les restes de thé, le marc de café, les fanes de carottes, les peaux d’oignons, les restes d’artichauts…

C’est comme cela que j’ai pu obtenir du jaune avec des bouquets de coriandre fanés chez mon ami Angel à Puerto Montt. Là-bas j’ai aussi obtenu de pleins sacs de peaux d’oignons qui teignent si joliement.

A Iquique, j’avais aussi récupéré les noyaux de mangues dans un bar à jus de fruits et j’ai obtenu un très joli jaune-saumon.

Les fleuristes jettent aussi souvent des fleurs fanées, des déchets de feuilles… Tout cela doit être exploité, il n’y a pas de honte à cela. C’est du recyclage.

Que doit-on faire avec les plantes?

Maintenant que l’on a les plantes, l’idéal est de les faire tremper pendant au moins une nuit (plusieurs, si possible) avec de l’eau froide à température ambiante dans un grand seau ou la casserole que l’on va utiliser pour teindre (elle ne servira plus pour la cuisine!).

Plus la casserole est grande, mieux c’est. Et plus cela trempe longtemps, plus les plantes libèreront de pigments.

Il ne faut pas oublier la proportion : 3 parties de plantes pour 1 partie de fibres.  Cette proportion peut varier selon les plantes, si elles sont sèches, on peut en mettre moins… Car il faut en tenir compte pour le choix de la casserole.

Enfin, plus les plantes sont réduites en petits fragments, plus elles donneront de la couleur.

Le mordançage et la préparation

Si on doit mordancer,  ce qui est souvent indispensable (voir l’article sur les mordants), il vaut mieux le faire la veille aussi et garder les fibres humides.

Laisser les fibres à tremper dans le bain de teinture avec les plantes (parfois il convient de mettre les plantes à tremper à l’intérieur d’un sac en toile fine, prévu à cet effet, pour éviter qu’elles s’emmêlent avec les fibres).

Chauffer et laisser refroidir

Mettre à chauffer pendant quelques heures. Si le bain s’épuise, il convient de rajouter de l’eau à la même température, pour éviter les chocs thermiques qui feutrent les laines.

Une fois la teinture obtenue, le mieux est de laisser refroidir tranquillement dans son bain, moi je laisse en général refroidir toute la nuit. La teinture pénêtre ainsi plus profondément dans les fibres et sera donc plus saturée et plus solide, plus stable.

Maintenant que le bain a refroidi, on sort les fibres. L’idéal de mettre à sècher avant de rincer, à l’ombre. Certaines réactions chimiques interviennent au contact de l’oxigène de l’air.

Puis laver. Si on a utiliser du mordant au fer dans le bain, il est alors indispensable de très bien rincer avant de sécher.

Quand les fibres auront été lavées et séchées, toujours à l’ombre. Elles sont prêtes à l’emploi.

Vous avez fini! Ce n’est pas difficile, c’est magique…

Résultat des teintures aux plantes à Santa Fé, Argentine
Résultat des teintures aux plantes et à la cochenille, à Santa Fé, Argentine

Je tiens à vous préciser que je n’ai pas de formation en marketing et que bien sûr, je ne pense pas revendre les données ainsi collectées!

Je vous invite à laisser vos commentaires.

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